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L'exposition permanente

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Academic year: 2021

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JLA TSaBCTRIlS ©K «JKfclÈVK O U rt celle de l’acier, et, qui p o u rrait être

facilem ent augm entée. L'épaisseur de cet engin peut varier.de 10 à 18 centi­ m ètres.

Ce qui est certain, ajoute le Figaro, c’est que l’état-m ajor allem and a fait u n e com m ande d ’essai d ’un type de boucliers portatifs dû au capitaine da­ nois Holstein et expérim enté récem ­ m en t avec succès, paraît-il.

On se dem ande s’il ne serait pas plus sim ple de supprim er les fu sils. La bouclier deviendrait in u tile.

L e c le r g é d e M . F a v a . — La Semaine religieuse du diocèse de Gre­ noble publie • une conférence de M. Fava au clergé de son diocèse. A la suite de ces com m unications, tous les arcbiprêtres (curés de canton) p ré ­ sents aux deux retraites ecclésiasti­ ques ont rem is à l’évèque, au nom du clergé diocésain et de concert avec les vicaires généraux, une adresse dont voici la conclusion :

« Fidèles aux enseignem ents du Siège apostolique, nous appelons de tous nos vœ ux l ’union des catholi­ ques su r la base des principes émis p a r LL. EE. le cardinal R am polla et le cardinal-archevêque de P aris, dont vous nous rappelez la doctrine. Cette union p ro d u ira la force d ’action dont nous avons besoin pour réagir contre les lois persécutrices qu i nous oppri­ m ent.

Les principes du S ain t-S iè g e, tels q u ’ils résu lten t des docum ents divers ém anés de la cour rom aine, nous sem blent pouvoir être form ulés en ces quelques propositions :

1. Acceptation de fait de la forme do gouvernem ent que la France s’est donnée ;

2. Union des catholiques pour a r r i­ ver p a r la voie des élections à se faire représenter avec efficacité dans les Chambres et dans la direction d u gou­ vernem ent ;

Union des forces catholiques pour am ener le re tra it des lois de persécu­ tion telles quo la loi scolaire, la loi m ilitaire, la loi fiscale d ’accroisse­ m ent, le décret d’expulsion des con­ grégations religieuses.

I T A L I E

C o n g r è s d e s a lp in is t e s it a ­ lie n s . — Le congrès a tenu m ardi à In tra sa seconde séance sous la p ré ­ sidence de l’avocat Grober qui a pro­ noncé un discours de rem erciem ents

tour la section d’In tra qui a o rgan n é e congrès.

Il a ensuite donné lecture d’une le t­ tre de M. Lem ercier, p résident du Club alpin français, lettre affectueuse, contenant de vives sym pathies p o ur l ’Italie. Elle a été très applaudie.

M. di Lorenzi, syndic d’In tra, a adressé des félicitations aux congres­ sistes, puis les trav au x ont com­ m encé.

M. Modoni a proposé la fondation d’un m usée histo rique des choses al­ pines.

M. Vigoni et le délégué anglais Bud- den ont p arlé de la conservation des plantes alpines, q u ’il faut so ustraire à la spéculation.

Le com te Da Schio a prononcé un long discours su r la nécessité de de­ m ander au gouvernem ent l’applica­ tion sévère de la loi contre la des­ tru ctio n des bois et forêts.

Après les discours de MM. Fan- ehioiti, Guglielmazzi, B rentari, le congrès a voté u n ord re d u jo u r en ce sens.

Il a été décidé que le p rochain con­ grès se ré u n ira à Palerm e.

E T A T S - U N I S

U n e m e r v e ille n a u tiq u e . — On vient de lancer à P hiladelphie un p etit bateau à vapeur qu i dépasse en vitesse to u t ce q u ’on a vu ju sq u ’ici; il fait u n m ille en deux m inutes, on d irait une flèche. Le « Norwood », c’est le nom de cette m erveille, a soixante-trois pieds de long et sept de « ban ». En d ’au tres term es, ses pro­ portions sont de la longueur au «ban» comme de 7 à 1. Il est légèrem ent co nstruit en acajou,et ne tire que dix- h u it pouces. Il a u n propu lseu r de tren te-six pouces de diam ètre, qui est m is en action par u ne m achine à t r i ­ ple expansion de la force de 400 che­ vaux. Les chaudières sont du systèm e Thorneycroft avec de légères m odifi­ cations. Il y a, su r le Norwood plus de place p our passagers q u ’il n ’y en a su r tou t au tre vapeur de sa taille. Ses m achines n ’occupent q u ’u n espace de six pieds su r deux. Il a vaincu à la course le Montmouth reconnu comme u n des plus rapides m archeurs du monde.

£

CHRONIQUE LOCALE

E n t r e p ô t d e C o rn a vin . — M. le conseiller d ’E tat Boissonnas a visité h ier les travaux qui se font ac­ tuellem ent à la Voie-Creuse po u r l ’a-Feuilleton de la Tribune de Genève

L E S

MILLIONS

DE 10

MONSIEUR JORAMIE

PAU E M IL E R IC H E B O U R G

Le notaire resta u n in stan t silen­ cieux, réfléchissaut.

— Connaissez-vous le notaire de M. Joram ie? deinanda-t-il.

— De nom seulem ent. — Quel est ce nom ? — M aître Sim éon.

— Je le connais; c’est un homme dont l ’honorabilité est parfaite et le savoir profond. L’étude de m aître Si­ méon est peut-être la m eilleure dePa- ri3. Eh bien, mon cher client, je vous conseille da voir d ’abord, et avant toute a u tre dém arche, m aître S i­ méon.

En so rtan t de chez son notaire, Ra­ biot se re n d it chez celui de M. Jo ra­ m ie, q u ’il tro u v a dan s son cabinet.

chèvem ent de l’entrepôt de Cornavin. C’est une petite ville que cette agglo­ m ération d ’im m enses bâtim ents, re n ­ ferm ant des locaux pouvant recevoir des centaines de m ille kilogram m es de m archandises.

On term ine en ce m om ent les tra ­ vaux dits de la dernière période, con­ sistan t en la construction d ’un vaste bâtim ent en fer à cheval, avec v in gt-hu it caves et vingt-huit m agasins locatifs; en outre, on a réservé deux caves et deux m agasins publics et une salle de déballage, accessible à tous les lo­ cataires. Tous ces m agasins et caves sont loués et sont occupés au fu r et à m esure de leu r achèvem ent.

P lusieurs innovations intéressantes ont été in tro du ites dans ces con stru c­ tions.

Les toitures sont en cim ent de bois; on les a confiées à M. Zim m erm ann.

Les portes des m agasins et caves se ferm ent au moyen du nouveau systè­ me à « chem in de fer », encore per­ fectionné. Il n ’y a pas de gonds ; les deux parties des portes glissent dans des rain u res de fer ; à la p artie su p é­ rieure sont placées des roues mobiles, ce qui provoque un glissem ent au to ­ m atique. Avec une sim ple pression du p etit doigt, on peu t faire m ouvoir ces lourdes portes, dont quelques- unes, entièrem ent en fer, ont u n poids de plusieu rs centaines de kilogram ­ m es.

Les caves sont m unies d ’u n p etit puits carré, d ’environ u n m ètre de profondeur ; au fond, une ouverture pour l ’écoul6m ent des eaux provenant du nettoyage. Le soir, au moyen d ’une clef à branche, cette ouverture se fer­ me et s’il survient u n accident — écoulem ent du vin, etc., — le p u its se rem p lira et le liquide p o u rra être pom pé.

Ces trav aux , com m encés le 10 ju il­ let p a r M. F ontana, en trep ren eu r, sont déjà près de le u r achèv em ent; les toits seront tous couverts dans peu de jours.

Quant à l’exploitation p roprem ent dite, elle est des plus satisfaisantes. La m oyenne du m agasinage quotidien qui était de 34,000 q u in tau x m étri­ ques p end an t le p rem ier sem estre de 1890, s’est élevée p endant la m êm e pé­ riode de cette année à 86,000 q u in ­ taux.

A ctuellem ent, les m agasins ren fer­ m ent 90 m ille q u in tau x de m arch an ­ dises, dont 80 m ille en céréales ; 30 m ille q u in tau x so nt en route. Ces chif­ fres font prévoir que les m agasins se­ ro n t bientôt tro p petits.

D’ailleurs, to u t est organisé d’ad m i­ rable façon p o u r faciliter l’arrivage et le déchargem ent: voies ferrées devant tous les m agasins ; plaques tou rn antes à tous les croisem ents; ascenseurs du dern ier systèm e Fæ sch-Picard, etc.

Ce grandiose entrepôt vau t v rai­ m ent une visite.

B â tim e n t d e s tu r b in e s . — Hier, la façade principale d u b âtim en t des tu rb in es était décorée de d ra­ peaux, et d ’un sap in en ru ban né à l’oc­ casion de l’achèvem ent des travaux de gros œuvre.

In c id e n t d e M o n t r c u x . — Un am i de M. R am bert, l’avocalt de Mme B urke, qui a fait h ier m atin avec lu i le voyage de L ausanne à Genève, veut bien nous donner u n résum é de sa conversation avec l’honorable avo­ cat, aù su jet de l ’inciden t de Mon- treux.

Disons d ’abord que M. R am bert e^t u n hom m e da qu aran te-cin q ans en ­ viron, à l ’abord très aim able, q u ’il est u n des m eilleurs avocats du b arreau de Lausanne et d’un esprit très con­ ciliant. On peut être convaincu que chargé de cette affaire assez délicate, il fera to u t p ou r la résoudre am iàble- m ent.

Selon lu i, l’affaire de M ontreux a été énorm ém ent grossie, il s’agit d ’un fait fréq uen t dans tous les pays du m onde. La presse a exagéré les cho­ ses en donnant à ce vulgaire incident le caractère d’une grosse affaire in te r­ nationale. Des erreu rs de police de ce genre arriv en t journellem ent et nul ne s’en occupe. Les au teu rs d ’une a r­ restation arb itra ire reconnaissent q u ’ils se sont trom pés, que la person­ ne arrêtée est très honorable et tout est dit. C’est ce qui va se p roduire p o u r l’incident relatif à Mme Burke. Dans quelques instants les choses se­ ro n t rem ises en place.

A 10 heures, au ra lieu au consulat anglais de Genève une conférence de toutes les personnes intéressées ; con­ sul, autorités du Châtelard et avocat de Mme B urke. On tâchera de clore cette affaire.

Un com m uniqué sera rem is à la presse pour constater que Mme Burke est une personne des plus honorables et que les au to rités du Châtelard sont les prem ières à le reconnaître, et tout sera dit.

Mme B urke est une petite femme, vive, énergique, énorm ém ent n er­ veuse. P ar son allu re décidée, elle a pu p rêter à la confusion. Elle a le sang d’une personne du Midi ;

lors-M aîlre Siméon inv ita le cousin à s’asseoir et le laissa p arler aussi long­ tem ps qu ’il le voulut, sans l ’in te rro m ­ pre, l’écoutant avec la plus grande a t­ tention.

Quand Rabiot fut arrivé au bout de son rouleau, m aître Siméon lui d it :

— Mon cher m onsieur, c’est au jo u r­ d ’hu i vendredi, vingt-six m ars ; lu n d i prochain, vingt-neuf, aura lieu la le­ vée des scellés, dans la m atinée, entre neuf et dix heures; im m édiatem ent après, il sera procédé à l’inventaire, q u i durera probablem ent toute la se­ m aine ; j’ajoute que je suis le notaire désigné à cet effet. Je n ’ai pas autre chose à vous répondre. A lu n d i, m on cher m onsieur, à lu n d i !

Et avec une politesse exquise, m a î­ tre Siméon congédia Joseph Rabiot.

Le soir même, celui-ci inform a ses cousins et cousines que la levée des scellés serait faite le lundi suivant.

Des exclam ations joyeuses accueil­ liren t la bonne nouvelle.

In u tile d ’ajouter que le groupe des h éritiers atten d it le lu n d i avec une vive im patience.

VI

L e m a n u scrit.

Il était sept heures du soir lorsque le comte de Soleure a p p rit la m ort de M. Joram ie p a r la dépêche de Clément

q u ’elle a vu que son honorabilité était suspectée, elle n ’a pas été m aî­ tresse d ’elle-même. Une Suissesse au ­ ra it conservé son calm e et dém ontré l’e rreu r et le scandale eû t été invité, m ais avec sa nervosité, Mme B urke n ’a pas eu cette patience. La scène de l’Hôtel de la Gare s’est déroulée en dix m inutes environ.

Le récit du tém oin genevois est une fable. Il est vrai q u ’une qu arantaine de Genevois dînaient à l’hôtel de la Gare lorsque le fait s ’est p rod uit,m ais ils n ’ont assisté qu ’à la fin et rêvé le reste. Le fait de la présence de Mme B urke dans une au tre cham bre que celle de M. Beyts est inexact, c’est une infam ie, dit-elle, contre laquelle elle proteste énergiquem ent.

Seul le précédent récit du Journal de Genève est exact. C’est l’expression entière de la vérité.

Mme B urke habite l’hiver à Alger avec son m ari. Elle vient t us les étés à Genève où elle séjourne. Ses enfants sont en pension à Ouchy.

Il est faux que Mme B urke réclam e 100,000 francs de dom m ages-intérêts, elle ne veut aucune indem nité pécu­ niaire, m ais la satisfaction m orale à laquelle elle a droit.

— La conférence qui a eu lieu au consulat anglais au sujet de l’incident de M ontreux est restée sans résultat Les autorités fédérales désirent pro céder à une enquête approfondie en raison des renseignem ents contradic toires qui lu i sont parvenus.

La m unicipalité du C hâtelard, ainsi que le prop riétaire de l ’Hôtel d e là Gare opposent un dém enti absolu à la version de la plaignante, notam m ent en ce q u i concerne les m auvais traite m ents dont elle prétend avoir été l ’ob­ jet.

V e s s i e ou la n te r n e . — On écrit des Em ibois (Jura bernois)au Dé- w stra te :

Un correspondant genevois croit pouvoir donner comme su it, au x lec teu rs de votre honorable jo urnal, l’ex­ plication du phénom ène météorologi que observé aux Em ibois dans la soi­ rée du 10 aoû t:

« Je ne suis moi-même q u ’un pro fane, m ais j ’ai to u t lieu de croire que le m étéore d ’Em ibois ap p a rtien t à une espèce non baptiséè p ar les astrono mes, et s’appelle, en langage vulgaire, u n cerf-volant avec une lantern e véni­ tienne au bout de la queue (stc).

J ’ai moi-même, dans mon enfance, souvent observé et m êm e p ro d u it des phénom ènes de ce genre.»

Et il conclut :

« L’explication ci-dessus me p araît rendrem ieu x co m p ted es p articularités signalées dans la m arche du m étéore que l’au tre explication, égalem ent plausible, qui consisterait à le classer dans la catégorie des aérostats en pa pier. »

Décidément, M onsieur le correspon­ d an t genevois Voudrait faire croire q u ’on prend, aux Em ibois, non seule­ m ent des vessies po u r des lanternes, m ais des vessies p o u r des m étéores. Ce m onsieur sa trom pe, et gravem ent. Nous n ’étions pas m oins de cinq pour observer le phenom ène céleste signa­ lé. Lorsque nous aperçûm es cette sor­ te d ’étoile au m ilieu de la voûte cé leste, elle avait certainem ent déjà p a r­ couru u n certain espace. A ce m om ent, le ciel n ’avait q u ’une bande nuageuse à l’horizon et nous avons parfaitem ent constaté que ce m étéore passait à une distance à laquelle une «lanterne v é­ nitien ne » p as plus q u ’un « aérostat en papier » n 'a u raien t pu se faire voir, su rto u t aussi distinctem ent. De plus, l’horizon, du point que nous occu­ pions étan t assez étendu, l’étoile ap­ parente a dû faire, pour y arriv er, un traje t que j’évalue à plus de quarante kilom ètres. Qu’on se figure donc un « cerf-volant avec une lantern e véni­ tienne à sa queue, tèn ü p ar un p ro ­ p riétaire» qqi parcou rt q uaran te k ilo ­ m ètres en deux m inutes, ou « un aé­ rostat en papier » o pérant cette course en si çeu de tem ps, et on verra que m onsieur le correspondant tom be dans le ridicule. Quant à moi, « j’ai tout lieu de croire » que m onsieur le p ro ­ fane, mo'n collègue, est plutôt„uu as­ tronom e qui, n ’ayant pu trouver d ’au ­ tre explication, a voulu tran c h er le nœ ud gordien d ’u n coup d ’épée.

Dans le doute abstiens-toi.»

T h é â tr e . — Le public commence à se préoccuper de la saison prç- chaîne. Nous sommes h eureu x d ’a n ­ noncer à ce sujet que M. D auphin, n otre directeur, ne reste pas inactif. Sa trou pe est aujo u rd ’hui com plète ou peu s’en faut et son program m e prêt. Voici à ce sujet quelques rensei­ gnem ents som m aires, recueillis de droite et de gauche et que nous d on ­ nons s. g. d. g.

La téno r sera M. Im b art de la Tour qui fit l’an dern ier une apparition heureuse à l’un des concerts classiques. C'est u n jeune hom m e à la voix f r a î­ che et agréable, u n véritable ténor dem i-caractère qui, croyons-nous, se­ ra le bienvenu du public. Le baryton de grand-opéra, M. Labis, sera suppléé Baudoin. Des larm es lui v in ren t aux yeux. C’est un am i qu ’il perdait.

— Pauvre Joram ie 1 m u rm u ra-t-il, secouant tristem en t la tête, la même femme nous a cruellem ent frappés, lui d ’une façon peut-être encore plus terrible et il en est m ort.

Ayant du monde à dîner, le comte renvoya au lendem ain l’ouverture du pli cacheté de cire blanche que lui avait rem is M. Joram ie, en le p ria n t de ne prendre connaissance de l’écrit qu ’après sa m ort.

Les am is du comte de Soleure le v iren t triste et s’inquiétèrent. Alors, n ’ayant pas à leur cacher la cause de sa peine, le comte leu r a p p rit la m ort du célèbre financier, dont il ve­ n a it d ’être inform é.

On dîna, m ais peu après, p a r con­ venance, les convives se retirè ren t.

Avant de re n tre r dans sa cham bre, le comte d it à Ambroise M ourillon, qui avait passé l’hiver à l’hôtel de So­ leure et n ’était pas encore retourné à sa villa de Villeneuve-Saint-Georges :

— Mon cher M ourillon, je vous prie de ne pas sortir dem ain m atin, je vous dem ande votre m atinée.

— Je suis entièrem ent à la disp o ­ sition de m onsieur le comte.

— Merci ! En me rem ettant ce m a­ n u scrit dont je vous ai parlé, M. Jo ­ ram ie m ’a fait com prendre qu’il s’a­

p ar u n second baryton, M. Azaïs, qui chantera l ’opérette. Comme liasse

Î

>rofonde, on parle de M. Fabre, su r equel nous avons les m eilleurs re n ­ seignem ents. Inutile de dire que, lorsqu’u n opéra exigera u n second rôle de basse im po rtan t, M. D auphin sera là pour com pléter heureusem ent la d istrib u tio n . Notre com patriote, M. F ioratti, qui vient de faire deux saisons successives à La Haye, chan­ tera les seconds ténors, et l’excellent com ique Georges continuera à se faire ap plau d ir dans l’opérette.

Du côté fém inin on parle de Mme Lafond, falcon, d’une contralto dont le nom nous échappe, de Mlle Lemei- gnan, comme chanteuse légère — c’est nous d it on, une débutante du plus grand avenir, — de Mme Bouland, comme prem ière dugazon d ’opéra co­ m ique et deuxièm e chanteuse d ’opé­ rette, enfin de Mlle R euthal, comme prem ière chanteuse d’opérette.

A ces renseignem ents plus ou m oins com plets su r la troupe de M. D auphin, nous sommes heureux d’ajouter quel­ ques notions puisées à bonne source su r les projets de notre directeur.

En dehors du répertoire habituel, M. D auphin a l ’in tention de m onter Samson et Dalila de St-Saëns, une belle œ uvre qui est en train de faire le to u r du m onde, Winkelried, opéra in édit en 4 actes et 5 tableaux de Gai let, m usique de Louis Lacombe. La prem ière de cette œ uvre sera u n évé­ nem ent m usical, la presse parisienne ayant prom is de venir y assister. Les costum es et décors seront entièrem ent neufs.

Comme reprises principales, M. D auphin com pte don ner la Reine de Chypre d ’Halévy, Norma de Bellini et Aida de Verdi.

Du côté de l ’opérette, la direction espère rep ren dre Boccace, la Périchole, Giroflé-Girofla, Madame Favart, la Jolie Parfumeuse et Serment d’amour, et donner comme nouveautés Surcouf, Miss Helyett, les Poupées de l’infante et l’Oncle Célestin.

Le program m e de M. D auphin nous présage une saison brillante. Espérons que la réalité sera à la h au teu r des prom esses.

C a u s e r ie . — Sous ce titre Mme B erthe Vadier raconte dans le Journal des dames de la Suisse romande la petite anecdote suivante :

Je recevais h ier la visite d’une jeu­ ne fille* qui revenait de Vienne où elle avait passé deux ans comme gouver­ nante, dans une très bonne fam ille, et qui doit prochainem ent p a rtir pour Athènes où elle occupera une place analogue. Eile a suivi l’école prim aire dont elle a été une des bonnes élèves ; elle a une jolie écritu re, elle m et l’o r­ thographe, elle sait la gram m aire et peut en ex pliquer les règles, elle écrit même passablem ent une lettre ; mais comme elle n ’a pas de connaissances littéraires, q u ’elle ne sait ni l ’anglais, ni le dessin, ni la m usique, elle ne pourra jam ais être q u ’auprès de très jeunes enfants qu ’on in stru it dans une langue en la leu r parlan t. Or cette jeune fille sait-elle parler le français q u ’elle a dû enseigner à ses petits Au­ trich iens, qu ’elle va enseigner à ses petits Grecs ?

Elle me racontait ses déceptions dans le passé, ses espérances dans l’avenir, deux chapitres toujours très longs. En l’écoutant, je notais, non point toutes ses fautes de langage, il m ’a u rait fallu un cahier, m ais seule­ m ent les plus choquantes. En m oins d ’un q u art d ’heure je rem plis trois pages.

Ainsi elle me disait q u ’à Vienne elle était chez des gens assez « fortunés », que m onsieur était très bon, m ais que « sa dam e » et « sa dem oiselle » n ’é­ taient pas aim ables du to u t ; que son p etit élève était très « brave », et très intelligent m ais ausi bien « sot » et q u ’il no lu i obéissait jam ais. Elle s’é­ tait « en allée » sans regret de cette m aison et elle pensait « d’être » m ieux dans sa place d’Athènes. La famille était nom breuse m ais les aînés « fré­ quentaient » le collège ; elle n ’au rait à s’occuper que d ’un « jeune garçon » de qu atre ans et d ’une « jeune fille » de trois, et encore il y avait une bon ­ ne très « ordrée » p our « restouper » leu r linge et le « rédu ire ».

Ce qui l’ennuyait, c’est q u ’elle était obligée de p a rtir to ut de suite, avant la noce de sa cousine « qui m arie» un régent, et qui devra faire une si belle « épouse ! » elle regrette d ’au tan t plus qu ’elle a u rait été « am ie de noce », etc., etc., le to u t entrem êlé de « oh alors », de «quelle h o rreu r !» de « pas plus », et au tres élégances du même genre. Je ne parle point des fautes d ’accents,elles étaient comme les étoi­ les du ciel, innom brables.

Comme l’intérêt que je porte à cette jeune fille et à ses parents me donne quelques droits de la rep rendre, je lui oxpliquai q u ’en bon français on ne d it pas « am ie de noce, am i de noce », m ais demoiselle d ’h on neu r et garçon d ’honneur.

gissait de certaines recherches à faire et quelque chose me d it que je vais avoir besoin de vous en cette circo ns­ tance.

— Ma vie est à vous, m onsieur le comte ; ce serait un grand bonheur pour moi si je pouvais encore faire quelque chose qu i vous fû t agréa­ ble.

— Eh bien, mon cher M ourillon, dem ain m atin nous lirons ensemble le m anuscrit de M. Joram ie. Nous saurons alors ce qui m ’est dem andé, de quelle im portante m ission je vais être chargé. Quelles q u ’elles soient, je me conform erai aux dernières vo­ lontés de mon pauvre am i. On ne fait pas défaut à la confiance d ’un m ort.

Le lendem ain, à neuf heures, Mou­ rillon en trait dans le cabinet du com­ te, qui l ’avait fait appeler.

M. de Soleure était assis à son b u ­ reau, il avait retiré d ’un tiro ir le pli m ystérieux, qui était devant lui, m ontrant son large cachet intact.

Le comte fit signe à M ourillon de prendre place dans u n fauteuil, puis il d it :

— Le m anuscrit est dans cette en­ veloppe; comme vous le voyez, je n ’ai pas voulu rom pre ce cachet avant que vous fussiez près de moi. M ainte­ nant, nous allons lire.

Qu’on ne dit pas « l'époux » et « l ’é ­ pouse » p our le m arié et la m ariée, vu que ce titre d ’époux et d ’épouse ne se donne qu ’aux gens dont le m ariage est un fait accom pli ; que du reste ces m ots ne s’em ploient plus dans l’usage o rdinaire, q u ’on ne d it pas « mon époux, m on épouse», m ais toutbonne- m ent m on m ari, m a femme.

Qu’on peu t dire du m aire et du prêtre q u ’ils m arient les gens, des pa­ rents qu ’ils m arien t leurs enfants, m ais non point d ’un jeune hom m e, q u ’il « m arie sa fiancée », d ’une jeune fille qu ’elle « m arie son p réten du », à m oins q u ’ils ne les m arien t en effet à d ’autres personnes, ce qui serait une bien grande générosité ; il faut dire qu’ils épousent P ierre o u P au l, M arthe ou Jeanne, où q u ’ils se m arient à, ou encore se m arient « avec », en rem ar­ q uant toutefois que cette dernière ex­ pression est la m oins élégante.

L’entretien se poursuivit su r ce ton; Mme Berthe Vadier engagea sa jeune interlocutrice à prend re la charm ante brochure de M. P lu d ’h un , à étudier avec soin ces quelques pages, avec la­ quelle on en saura assez poursuivre le précepte qui fait le titre de cet ex­ cellent petit ouvrage, je veux dire p o u r p arler français ; et elle ajoutait : «Ce que je disais à cette gouvernante, je le répète à toutes celles des jeunes filles de la Suisse rom ande qui sont dans le même cas, et vont à l’étranger pour y enseigner le français à de jeu ­ nes enfants. Qu’elles fassent taire leur am our-propre, q u ’elles aient la cou rage de s'avouer que si le fond de la langue q u ’elles p arlen t est bien le français, les habitudes locales ont cousu su r ce fond élégant qu an tité de m ots, d ’expressions q u i ne sont pas des paillettes d ’or, et q u ’il s’agit de s’en défaire.»

H is to ir e s u is s e . — Quelques jours avant le centenaire, nous avons signalé à nos lecteurs l ’apparition d’une brochure éditée p ar M. C.-E Alioth sous ce titre : La Confédération suisse, sa fondation et son histoire. — Nous sommes heureu x de constater que cette brochure a obtenu dans la Suisse rom ande tou t le succès que nous lui prédisions. Dédiée au peuple et à la jeunesse suisses, elle a attein t son b u t, et il serait à désirer q u ’elle fû t répandue plus abondam m ent en core dans nos écoles. Cette brochure, d ’un p rix m odique, est ornée de 40 gravures.

L ’E xposition perm anente a reçu les peintures de : MM. Mégard, Gos, Via- n e lli, V uargniaux, Hodler, Castan, Bo- cion et R ollanday et de Mmes Darier- G uigon, R oy, de N iederhausern, Larpin, Dépraz, B. Gay.

E s p r it d e s a u tr e s . — Du Figaro :

Après une exécution capitale, un m édecin se présente au cim etière pour réclam er le corps du supplicié.

Et comme on lu i fait tim idem ent rem arq uer :

— Mais vous avez tous ceux de vos hospices :

— C’est que, objecte le m édecin, il nous faut aussi des cadavres bien portants !

A p r o p o s d e la g r è v e d e s c h a r p e n tie r s

In nomine domini amen ! (Au nom de Dieu, am en !)

Déjà, je vois d ’ici nos braves c h a r­ pentiers se récrier et se dire : En voilà de la » m ôm erie », q u ’est-ca que le bon Dieu peu t bien avoir à faire avec notre grève ?

Et cependant, c’est comme cela. Il p araît que les charpentiers ont toujours été des gens à p art : énergi­ ques, résolus, indépendants.

Et cela peut leu r p araître étonnant, m ais il y a 576 ans q u ’ils se sont mis en g rère pour la prem ière fois à Ge­ nève. Ni plus ni m oins, 576 ans : il y a bien près de six siècles de cela,

Nos archives ont fort heureusem ent conservé les traces de ce rem arquable événem ent, et le docum ent y relatif commence précisém ent p ar l’invoca­ tion que nous avons mise en tête : In nomine domini, amen I

Mais que les charpentiers se rassu ­ ren t : ce n ’était pas là une form ule qui leu r ap p a rtîa t ; elle ouvrait tous les actes publics de l ’époque.

En 1315, le sam edi après la T rinité — on n ’em ployait pas encore les dates précises è cette époque — le vidom ne, représentant de l’évêque de Genève, P ierre de Faucigny, avait été nanti d ’une plainte contre la corporation des charpentiers — carpentatores. Les répréaentants de ces honorables ou­ vriers se nom m aient M ermet et P e r­ ret.

La corporation avait été accusée d ’avoir élaboré des statu ts contraires aux habitudes de la ville et de ses h a­ bitants et ceux-ci avaient été cités d e ­ vant le vidom ne pour faire cesser ces «maléfices ». On reprochait aux ch ar­ pentiers d ’avoir décidé :

ï . Qu’aucun charpentier ne po u r­ ra it être employé à des travaux com­ Le comte déchira l’enveloppe et dé­ plia le m anuscrit qui, com m ençant par ces mots : « M onsieur le comte », se présentait sous la forme d ’une let­ tre.

M. de Soleure lu t : « Monsieur le comte,

« C’est à l’am i et plus encore à l’hom m e de cœ ur bienfaisant p ar ex ­ cellence et qui a beaucoupsouffertque je m ’adresse.

« Je me hâte, car je sens qua bien­ tôt je ne serai plus. La m ort est près de moi et c’est elle qui me crie : Dé­ pêche-toi 1 Ne me laisse pas te p ren ­ dre sans avoir entièrem ent tra n q u il­ lisé ta conscience, sans avoir accom­ pli ton dern ier devoir.

« Vous avez souffert, m onsieur le comte, pendant des années vous avez pleuré un enfant que vous aviez p er­ du, q u ’on vous avait p ris ; m ais vous avez retrouvé votre enfant ; Dieu a sé­ ché vos larm es.

« Moi aussi j’ai u n enfant, m on­ sieur le comte, un enfant perd u sur la terre ; je l’ai cherché, cherché long­ tem ps, cherché parto u t ; m ais, hélas ! m oins heureux que vous, je ne l’ai pas retrouvé.

« C’est une histoire triste que je vais vous raconter, m onsieur le com ­ te, c’est une confession que vous allez entendre.

m encés par l’un de ses collègues, sans l’autorisation expresse de ce­ lui-ci.

II. Qua l’hab itan t qui a u ra it em ­ ployé u n ouvrier ch arpen tier pendant la sem aine, serait obligé de lui donner un repas le dim anche.

Si cette règle n ’était pas observée p ar l ’hab itan t, la charpentier devrait im m édiatem ent cesser le travail.

Nous voici donc bien en présence d ’une grève, — la prem ière, sans au ­ cun doute.

Que fit le vidom ne ?

Il convoqua les plaignants et les accusés en sa présence, le lun di après la St Jean de l ’année 1315.

Le p ro cu reu r req u it une peine sé­ vère.

M ermet et P erret, les charpentiers incrim inés, n ièren t avoir commis des maléfices’, tra ita n t les plaignants de calom niateurs.

Le vidom ne ren d it le jugem ent su i­ vant :

« Nous, vidom ne siégeant p our le trib u n al, ayant Dieu seul devant les yeux, et les évangiles ; ayant entendu les p arties, avons absous les dits Mer­ m et et P erret de la dite accusation et n ’avons condam né personne aux frais. *

Ce jugem ent, en vidimus (copie) est suivi d ’une ordonnance, p a r laquelle « il est enjoint aux charpentiers de suivre les bonnes coutum es du pays».

Tous les docum ents de cette date sont rédigés dans le latin de l’époque, en une écriture presque indéchiffra­ ble aux profanes.

M. L. Dufour, notre excellent a r­ chiviste, a bien voulu nous en trad u ire les principau x passages, ce dont nous lui savons beaucoup de gré.

En 1382, nos archives m entionnent « l’acte des charpentiers », sorte de charte professionnelle.

Nos registres sont vierges de toute m ention concernant cette intéressante corporation ju sq u ’en 1628.

Ju sq u ’à cette époque, le gouverne­ m ent avait un atelier de charpentiers — la chapoterie — qui se trouvait rue des Granges. Cette institutio n fut pro­ visoirem ent supprim ée par l’arrêté du Conseil des Deux Cents, du 16 janvier 1628, où nous lisons en tre autres :

«Lecture faite de l’avis des seigneurs commis en la cham bre des Expédions d ’abattre l ’usage ordinaire et accou­ tum é de la chapoterie sous les condi­ tions suivantes : Qu’il sera requis que toute réparation publique et entre­ prise de batim ens soient baillées à tâche et p rix fait au m oins disant. Que toutes provisions de m arrain , de tuiles ou au tres pièces d ’im portance qui sera entièrem ent nécessaire et utile au public d ’acheter, seront néan­ moins achetées en tem s propres et resserrées dans la chapoterie et mises par inventaire pour en ren dre comp te p ar le controlleur de six en six mois. Inventaire sera pris de toute la fuste des outils et instrum ens fer- rande et autres choses ap parten an t au public, qui sont dans la chapoterie.

Les ouvriers ordinaires et paye m orte de la chapoterie dem eureront cassés. La chose une fois établie, se trouveront des particuliers m assons et charpentiers en ville, lesquels pour les mêmes réparations les prendront assès aisém ent en tâche et y fou rn i­ ro n t les m atériaux.»

Le 3 juin 1653, le Conseil a rrê te : «Que l’on casse les m aistres ch arpen­ tie r et maçon et de pourvoir à la v i­ site des bâtim ens publics p ar une p er­ sonne avec 100 florins de gages.»

Nous trouvons d ’autres renseigne m ents intéressants dans les « O rdonnan­ ces et règlem ents su r la m aistrise et po­ lice de l’estat de charpenterie », du 25 janvier 1667.

« Prem ièrem ent, il sera in terd it à tous ceux qui n ’ont point fait d ’ap ­ prentissage et qui sont incapables d ’estres m aistres, de pouvoir trav ail­ ler po u r m aistres.

« A l’advenir aucun ne p ourra estre receu dans la m aistrise, n i estre receu m aistre, q u ’il n ’ait fait apprentissage de trois années et travaillé deux an nées en qualité de com pagnon. Quand il sera question d ’en recevoir quel­ q u ’un, il devra faire chef-d’œuvre. Et pour ce qui concerne l’ordre du tra ­ vail et la besogne, nul ne devra bastir contre l’ordre de l’architecture; de­ vront au contraire se conform er aux règles de l’art, qui est de donner aux colonnes, som m iers, arcs boutans, m ontants, gistes, corniches, la gros­ seur et l’espaisseur à proportion du bastim ent. Qu’ils n ’em ployeront a u ­ cun bois qui ne soit bien dressé et dégauchi selon l’art. Que tous les as semblages et brasselages se font avec des m ortaises. Que toutes les sabliè res, soubassem ents et corniches se poseront juste au niveau, et les m on­ tants et colonnes au plom b, suivant l ’art. Et d ’au tan t q u ’il y a de la néces­ sité d ’avoir quelque petit fonds pour subvenir à plusieurs pauvres, ta n t de la ville q u ’estrangers, et passans, com­ me aussi à ceux qui p ar accident tom“ ben t en souffrance et indigence, cha

« Je suis né à Beaugency, où mon père, employé aux contributions in ­ directes, s’était m arié. Je n ’avais pas encore h u it ans lorsque ma mère m ourut. Mon père était alors en rési­ dence à Nevers. Grâce à l’appui de quelques hauts fonctionnaires dont m on père était bien vu, et peut-être un peu aussi à mon intelligence et à mes aptitudes, j ’entrai dem i-boursier au lycée de Nevers, où je fis des étu­ des suffisantes pour obtenir le diplô­ me de bachelier ès-lettres.

« Depuis deux ans, mon père, nom ­ mé receveur, habitait la petite ville do Bourgneuf, dans la Charente-Infé- rieure. Il me fit venir prés de lu i ; mais, comme il ne ma plaisait guère de faire partie de cette catégorie d ’employés qu ’on a m alicieusem ent surnom m és « rats de cave », mon père, ne pouvant me garder long­ tem ps à ne rien faire, me plaça chez l’unique notaire de la ville en qualité de petit saute-ruisseau.

» Avec le tem ps — cinq années — j’arrivai à gagner à peu près assez pour me suffire à moi-mêm e : m ille francs par an. Il est vrai que m ille francs, à cette époque, pouvaient bien com pter pour le double aujourd’hui. Aussi, ma position était elle assez belle, relativem ent.

» Il était tem ps que je fusse m is en

que m aistre qui sera receu sera obligé de m ettre dans la boiste de la mais­ trise le p rix de sa réception dix flo­ rin s, derechef chaque m aistre devra m ettre dans laditte boiste annuelle­ m ent trois florins au prem ier jour de janvier, chaque com pagnon un florin et chaque apprentif six sols, lesquels apprentifs devront en outre m ettre dans laditte boiste le jou r de leur ré­ ception en apprentissage trois flo­ rins. »

On voit que c’est là l ’origine de l’as­ surance obligatoire et que nos * hom ­ mes de progrès » n ’ont rien inven­ té.

Continuons nos recherches dans les registres du Conseil :

Du 9 février 1670 : « Il a été propo­ sé que les charpentiers et m assons ne soyent plus du nom bre des canon- niers, vu q u ’en cas de feu et d ’incen­ die il est du to ut nécessaire q u ’ils s’y rencontrent, ce q u ’ils ne peuvent faire estant c a n o n n ie rsce q u i les obligeàse rendre à leu r batterie. S u r ce, opiné, arrêté q u ’ils ne sero n tpluscanonniers afin q u ’ils se p ortent et rendent plus prom ptem ent au lieu où l ’on criera au feu. »

Du 25 avril 1673 : a Les nobles N.N. commis su r l’estat des charpentiers et m assons nouvellem ent jurés désirent savoir s ’ils auron t le pouvoir d ’im po­ ser des am endes aux m aistres qui au ­ ro n t contrevenu aux ordonnances sans appel ; su r ce, a été d it q u ’on laisse à la prudence des dits seigneurs commis du condam ner ceux qui se trouveront en faute, à telles am endes q u ’ils trouveront justes et raiso n n a­ bles. »

Du 24 janvier 1682 : « M. le prem ier syndic propose de laisser la liberté aux particu liers de pren d re quels ou­ v riers dé Testât de m asson et ch ar­ pentier que bon leu r sem blera, pour- veu q u ’ils soyent de la Religion R éfor­ mée, sans déroger au su rp lu s des or­ donnances, et de faire visiter p ar les jurés la besogne qu ’ils auro n t fait, si elles sont deuem ent parachevées, ca qui a esté aussi approuvé p ar le con­ seil. »

En 1682, on sent le besoin de m odi­ fier l’ordonnance de 1667. Nous lisons à la date du 8 m ars de cette année:

« Les seigneurs com m is s u r l’estat des ch arp en tiers s’estant assem blés, le 8e du mois de m ars 1682 pour su i­ vre à leu r com m ission, et les ordon­ nances su r l ’a rt de charpenteries, leues en présence des m aistres jurés, ont trouvé:

Qu’on laisse à la liberté de ceux qui voudront donner des m arques de leu r capacité dans cette profession, de fai­ re chef d ’œ uvre si bon leu r sem ble.

Chaque m aistre, ou tra v a i'la n t pour m aistre, sera obligé de porter une rei- gle m arquée au x deux bouts de la m arque de la seigneurie, à laquelle les pieds devront être m arqués, et les pouces tracés à l ’u n des dits pieds. — Aucun m aistre, com pagnon ny a p ­ p rentif ne p o urra travailler en ville qu ’il ne soit de la religion réformée.

Que chaque m aistre, ou travaillant pour tel, ait un livre, dans lequel s e ­ ro n t escrits les tasches ou besogneî qui luy seront baillées à faire, et le jo ur quelles devront estre parachevées et au cas q u ’elles ne soyent parache­ vées trois jou rs après le term e conve­ nu, il sera condam né en l’amende et à l’esgard de ceux qui seront couslu- m iers à faillir à leu r parole en m an­ q u an t au tem s convenu, ils seront in­ terdits de plu s exercer leu r profes­ sion. »

Du 2 juin 1684 : Veue la requesie des m aistres jurés charpentiers ten ­ dan t à les déclarer deschargés et irre- ch6rchables des accidens qui peuvent arriv er en ru e cependant qu ’ils tra ­ vaillent à des bastim ens et recouvre­ m ent des toicts ; pourveu qu ’il n ’y ait de leu r faute en posant des barrières au devant selon la coustum e, et les responses du ssigneur pro cu reu r gé­ néral, arresté q u ’on leu r accorde les conclusions prises en laditte reques- té, à condition q u ’ils m ettro n t des barrières et des barricades suffi­ santes.

Du 15 février 1689 : Veue la requesia des m aistres charpen tiers ten d an t à leu r confirm er la perm ission q u ’ils disent leu r avoir esté ottroyée il y a 15 ans su r la difficulté q u ’ils avoyent avec les m aistres m enuisiers, savoir de trav ailler de toutes sortes d ’ouvra­ ges et de toutes sortes de bois, à la réserve du noyer, laditte perm ission leu r a esté ottroyée.

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situation de ne plus com pter s u r mon père, car peu de tem ps après il m ou­ ru t, pauvre com m e il avait toujours vécu.

» Mon patron avait eu à cœ ur de récom penser m on travail et les servi- ces que je rendais à l ’étude, car j ’a­ vais acquis assez rapidem ent les con­ naissances nécessaires pour suppléer

e p rem ier clerc et, au besoin, répon­ dre à la place du notaire.

» J ’avais rencontré un jo u r, d?ns une des rues de la ville,une jeu n e filla dont la beauté, l’air modeste et le re­ gard d ’une douceur exquise avaient p ro d u it en moi une im pression très vive.

» Ne la connaissant p o in t, car je venais de la voir pour la prem ière fois, je voulus savoir qui elle était. Je- m ’inform ai et j ’appris que m a belle jeune fille se nom m ait Claire Guérin, dem eurait chez ses p aren ts au petit village de Bourgvoisin, à deux kilo­ m ètres de la ville où elle venait tra­ vailler tous les jours chez une coutu­ rière.

» Dès lors, je ne pensais plus qu’à m adem oiselle Claire et je cherchai le moyen de la revoir, ce qui était facile,, puisque je n ’avais qu ’à me trouver s u r son chem in, le m atin quand ellff arriv ait à la ville, le soir quand elle re to u rn ait au village. (A suivre.)

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