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Modulation et intégration des céphalées au sein du système nerveux central

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Academic year: 2022

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230 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 29 janvier 2014 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 29 janvier 2014 0 Habituellement, les céphalées primai­

res s’associent à des phénomènes neu­

rovégétatifs, comportementaux ainsi qu’à de nombreux symptômes asso­

ciés tels que photophobie, sonophobie, nausées et vomissements. Les migraines sont modulées par des changements de rythmes, les céphalées tensionnelles par des abaissements «de seuils de sensibilité»

et certaines algies faciales sont influencées par les stades du sommeil.

physiopathogénie

Même si les mécanismes de base de ces entités sont différents, ces dernières ac­

tivent secondairement toutes les mêmes structures cérébrales permettant ainsi l’in­

tégration de ces informations douloureuses en fonction de l’homéostasie interne de l’organisme. Ces événements seront con­

frontés à nos expériences personnelles antérieures, nos émotions, à notre état de stress et de l’interaction de ceux­ci avec le milieu extérieur. Ceci sera à la base de ré­

ponses individuelles et de la prédominance de tel ou tel comportement.

voies d

entrée

L’entrée dans ce réseau se fait par une activation des fibres sensitives véhiculant la

douleur depuis les récepteurs cutanés, en passant par le ganglion dorsal puis en re­

montant le long des voies médullaires jus­

qu’à la substance grise périaqueducale et au thalamus. Il est probable que les migrai­

nes débutent par une activation des petites fibres C des plexus veineux de la dure­mère puis du système trigémino­vasculaire ; pour les céphalées tensionnelles, il s’agirait d’une excitation des afférences sensitives muscu­

laires et, pour les algies faciales, de la mise en action de la région de l’hypothalamus postérieur.

régions impliquéesdans l

expérience douloureuse (figure 1)

Ces influx seront par la suite intégrés dans la substance grise périaqueducale et le thalamus pour être ensuite transmis vers le cortex somatosensoriel qui en analysera les différentes composantes (localisation, intensité, qualité par exemple s’il s’agit d’un toucher fin, de mouvements, de brûlures, de paresthésies, etc.). Ces informations seront alors confrontées aux expériences antérieures, dans les circuits de la mémoire, notamment de l’hippocampe, permettant ainsi de déterminer le caractère connu ou non de l’événement. Le potentiel dange­

reux et l’anxiété générés seront modulés au niveau de l’amygdale. Il en résultera des ré­

actions neurovégétatives et de peur. On y rattachera l’élévation de la pression arté­

rielle, l’accélération de la fréquence cardia­

que, une polyurie, un besoin de défécation, des réponses de sursaut, de «freezing com­

portemental» notamment. L’hypothalamus modulera certaines réponses endocrinolo­

giques en produisant des hormones telles que l’ocytocine et la vasopressine. Cela sera aussi à la base de perturbations des cycles du sommeil par la modulation de la production d’orexine.

L’ensemble de ces structures enverra des informations au cortex préfrontal qui assu­

rera une prise de décision, une attitude glo­

bale face à cette douleur. Il existe enfin une dernière interconnexion entre ces struc­

tures et le cortex cingulaire, qui engendrera des réactions motrices, dysautonomiques et de douleur via des projections vers la substance grise périaqueducale et les cor­

tex d’intégration visuo­spatiaux.

Il convient de souligner que ces diffé­

rentes connexions ne sont pas unidirec­

tionnelles et qu’il existe de nombreux mé­

canismes de feedback entre ces différents centres, permettant ainsi une modulation supplémentaire des réponses.

Ainsi, lors d’une stimulation douloureuse simple, le système nerveux central permet d’évaluer la dangerosité du stimulus pour l’organisme et d’engendrer une réaction de fuite, de souffrance ou d’attaque.

étatsde stress chronique Dans le contexte d’états de stress chroni­

que, il existe une mise en jeu persistante de ces voies, engendrant ainsi un état de vul­

nérabilité auquel il convient de rattacher une diminution des seuils de sensibilité à la douleur, aux phénomènes neurovégétatifs et aux émotions, des troubles du sommeil, une asthénie et des difficultés de concen­

tration notamment. Il existe alors une souf­

france surajoutée. Cet état peut induire des changements structuraux, quantifiés par des mesures de volume cérébral. Il engendre aussi des modifications d’expression généti­

que de neurotransmetteurs et de différents peptides, permettant ainsi des réponses plus rapides, stéréotypées, voire même être le substrat de la «mémoire biologique de la douleur». Ainsi, ces circuits sont aussi im­

pliqués dans de nombreuses autres patho­

Modulation et intégration des céphalées au sein du système nerveux central

Quadrimed 2014

Rev Med Suisse 2014 ; 10 : 230-1

P. Myers

Dr Peter Myers Neurologue FMH 7, ruelle du Couchant 1207 Genève myers@myle.ch

Figure 1. Régions impliquées dans l’expérience douloureuse

Cortex préfrontal

Substance grise périaqueducale

Cortex cingulaire

antérieur Cortex somatosensoriel

Cortex insulaire

Thalamus Amygdale

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0 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 29 janvier 2014 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 29 janvier 2014 231

Bibliographie

• Belzung C. Biologie des émotions. Neuroscience et cognition. Bruxelles : Ed. De Boeck Université, 2010.

• Armony J, Vuilleumier P. Human affective neuro- science. The Cambridge handbook. Ed. Cambridge University Press, 2013.

logies chroniques telles que la fibromyalgie, les états anxio­dépressifs, les états de stress post­traumatique et la prise abusive de cer­

tains médicaments notamment.

approche thérapeutique Ce réseau n’est habituellement que peu sensible aux approches pharmacologiques.

De ce fait, des attitudes comportementales, multimodales, doivent être développées.

Celles­ci comprennent notamment la physio­

thérapie, l’acupuncture, la méditation, les approches cognitivo­comportementales, les activités sportives ou toute autre technique procurant une sensation de sérénité et de bien­être. La pratique régulière de ces acti­

vités peut avoir un impact fonctionnel et structurel sur cette matrice. Par ailleurs, des stimulateurs électriques ou magnétiques ex­

ternes peuvent aussi permettre de moduler cette circuiterie. L’ensemble de ces tech­

niques amèneront une meilleure gestion de l’aspect «émotionnel de la douleur» et notamment de la souffrance.

conclusion

La connaissance des voies de la douleur permet ainsi de développer des approches

«à la carte» et d’offrir aux patients une com­

préhension de leur corps et par conséquent une capacité de le contrôler. Pour l’entou­

rage, elles engendreront des attitu des em­

pathiques qui auront aussi un impact sur ces structures, notamment au niveau du cor­

tex cingulaire antérieur. Ces approches sont donc complémentaires aux traitements de fond médicamenteux. Elles doivent évidem­

ment être dissociées des traitements de la crise, qui seront dirigés contre la pathologie de base.

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