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Quand la sexualité (humaine) se paie de mots

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Revue Médicale Suisse

www.revmed.ch

10 août 2011

actualité, info

Baisse du nombre de caisses-maladie : une tendance de fond

La tendance s’accentue : le nombre de caisses-maladie proposant l’assu- rance obligatoire des soins ne cesse de diminuer. En 1996, lors de l’intro- duction de la loi sur l’assurance mala- die (LAMal), la Suisse en comptait 145. En 2011, ce chiffre est tombé à 64 entreprises juridiquement indépen- dantes, confirme l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Un phé no- mène qui n’est pas anodin : en 2009 encore, l’OFSP comptabilisait près de vingt caisses-maladie de plus, soit plus de quatre-vingts entités…

Parmi les fusions les plus importan- tes intervenues ces derniers mois, l’OFSP souligne la réduction de 16 à 4 du nombre de caisses au sein du Groupe Mutuel. On peut citer le ra- chat de Xundheit par Sympany, ou encore la fusion, dès 2012, d’Auxilia avec Intras (Groupe CSS). Enfin, si

l’on considère que les grands grou- pes détiennent plusieurs filiales, la concentration paraît plus évidente en- core : ainsi, les cinq plus grands as- sureurs du pays – Helsana, CSS, le Groupe Mutuel, Sanitas et Visana – détiennent près de 50% du marché.

Et les sept plus grands groupes as- surent près de cinq millions de per- sonnes…

Les prédictions de l’ex-conseiller fé- déral Pascal Couchepin, ou de l’ex- patron de la Santé, Thomas Zeltner, qui imaginaient, à terme, compter avec «cinq ou six grandes caisses en concurrence les unes avec les autres», vont-elles se réaliser ? De toute évidence, le nombre des ac- teurs de l’assurance maladie tend, de manière générale, à diminuer, re- lèvent les spécialistes de la branche.

Qui avancent plusieurs explications.

Aux yeux de certains observateurs, il devient de moins en moins avantageux pour les grands groupes de créer des caisses bon marché, autrement dit des caisses qui proposent des pri mes basses pour attirer les bons risques.

Dès 2012, la compensation des ris-

ques, qui prévoit une redistribution des coûts entre les assureurs, selon l’état de santé de leurs assurés, sera affinée. Il ne sera plus tenu compte uniquement de l’âge et du sexe des assurés, mais aussi du «risque élevé de maladie» de ces derniers, réalisé en cas de séjour de plus de trois jours dans un hôpital ou un EMS au cours de l’année précédente.

Dès 2014, un critère supplémentaire pourrait être introduit, mesuré sur la base de la consommation de médi- caments des assurés. Une évolution soutenue par la faîtière des caisses Santésuisse, ce qui a d’ailleurs sus- cité l’ire de certains de ses membres.

Les grands groupes ont-ils pris les devants en réduisant le nombre de leurs filiales, histoire de ne pas voir leur facture gonfler à l’avenir ? (…)

Valentine Zubler Le Temps du 8 juillet 2011

Alain Pécoud : la passion de la médecine générale

(…) Au tournant du siècle, constate le directeur de la PMU, l’innovation tou- che à ses limites. Notamment en rai- son de la progression «fantasti que»

des coûts. Le marché devient «un par- tenaire envahissant», ses relations avec les médecins sont «équi vo ques».

Les «twin engines» ont accéléré le progrès mais perturbent la transpa- rence des liens thérapeutiques.

D’où ce dilemme contemporain : mon médecin est-il sous l’influence du mar- ché ? Qu’il me donne ce médicament, qu’il propose cette opération, est-ce bien nécessaire ? «L’incertitude et la méfiance appellent davantage de trans parence», résume Pécoud. C’est, annonce-t-il, la troisième révolution de la médecine : le patient a besoin d’un médiateur.

Pourquoi miser sur le généraliste ? Parce qu’il est le professionnel «le plus éloigné de l’industrie et le plus pro- che de la population». Et de citer les travaux pionniers de Barbara Starfield, fameuse épidémiologiste de Baltimore, en marge

L’affaire commence par (l’)absti- nence et se clôt avec zone (éro- gène). Elle est résumée en cent mots par treize auteurs ne parta- geant qu’une seule référence com- mune : la psychanalyse. Et elle vient d’être publiée1 dans une dé- cidément increvable collection ency clopédique francophone fon- dée il y a précisément 70 ans par Paul Angoulvant.

Sexualité et psychanalyse, donc.

Une déjà bien vieille histoire. «La psychanalyse ne s’est pas conten- tée d’étendre à l’enfant ce que le commun réserve à l’adulte, car sa découverte est moins celle de la sexualité de l’enfant que de la sexualité infantile, nous rappelle l’avant-propos. Cette dernière n’a pas d’âge, elle est hors du temps, et surtout elle se mêle de ce qui ne la regarde pas, secrètement présente comme dès qu’une acti- vité humaine, quelle qu’elle soit, porte la marque du désir, du plai- sir/déplaisir, de l’amour ou de la haine. Ce déplacement a contri- bué à complexifier notre repré- sentation du sexuel, à rompre l’équation trop simple entre sexuel et génital et dès lors à en brouiller

les frontières et la définition.»

L’apport de la psychanalyse à l’in- telligence de la sexualité n’est plus à établir et personne ne peut, du moins dans les sociétés dites occi- dentales, soutenir qu’il ne s’agit pas d’un acquis culturel. Les au- teurs de cet opuscule nous le redi- sent. Ils précisent aussi qu’on ne trouvera rien sous leur plume

«sur la vascularisation du pénis, l’innervation du clitoris, l’ovocyte ou sur le spermatozoïde… rien sur la biologie ou la médecine de la sexualité». Est-ce si sûr ? On peut raisonnablement en douter quand on découvre certaines des entrées de ce petit dictionnaire thématique : crime passionnel, éja- culation précoce, excision, exhibition- nisme/voyeurisme, frigidité, frustré (mal-baisé), harcèlement sexuel, inces te, jalousie, migraine, nympho- mane, sadomasochisme ou sexuelle- ment transmissible (sida…), pour ne citer que celles-ci.

Et il en est d’autres qui imposent de rappeler le rôle qu’a pu jouer la médecine s’intéressant – pour les condamner – à certaines de ces activités humaines comme la mas- turbation.2 «Manus strupatio…

l’étymologie conjugue la main et la souillure, l’histoire du mot

"masturbation" est une histoire de la pollution. Curieusement, c’est à l’heure des Lumières, entre les XVIIIe et XIXe siècles que la pas- sion haineuse pour la masturba- tion atteindra les sommets de l’obscurantisme, souligne Jacques André qui a coordonné la rédac- tion de l’ouvrage. Le crime, le pé- ché le cède à la maladie et le

confesseur au médecin. La condamnation de l’"abus de soi"

était religieuse, morale, elle de- vient "scientifique". Le masturba- teur est un suicidaire qui s’ignore, dépensant sans compter son

"liqui de vital". C’est à y perdre le souffle, la tuberculose menace.

Mais de tous les risques, c’est ce- lui de l’idiotie ou de la folie qui est le plus encouru.»

Et l’auteur de faire un parallèle entre nos temps modernes et l’œuvre célèbre signée (depuis Lausanne) par le Dr Samuel- Augus te Tissot (1728-1797). «Les temps ont changé, l’éloge n’est

pas loin de s’être substituée à la condamnation, écrit encore Jacques André. La liberté y a ma- nifestement gagné – l’industrie aussi, la pornographie doit à peu près tout à la masturbation – si ce n’est que "Tu jouiras !" est devenu aussi oppressant que "Tu n’y tou- cheras pas !".» «Ne pas dépenser sans compter» (est-ce pourquoi le plus célèbre traité antimasturba- toire a vu le jour dans la patrie de

Rousseau, lui-même plu- tôt opposé à la chose y préférant, dès l’âge de huit ans, la fessée ?) semble un point commun assez répandu quand il s’agit de cerner le patho- logique de la vie sexuelle.

Avec, en point d’orgue contemporain, ce que l’on préfère (peut-être) conjurer en le baptisant d’un terme anglo- phone. «Le sex addict démultiplie le temps consacré à la recherche de situations sexuelles diverses», nous explique Vincent Estellon qui nous guide par ail leurs à la rencontre de back-room et de fist fucking. Une addiction au sexe qui, depuis plusieurs mois (et pour plusieurs mois enco re sans doute), semble être au centre d’un célèbre autant que désespérant feuilleton franco-américain.3 «Re- cherches» menées via le cyber sex, le multipartenariat, la consomma- tion compulsive de pornographie,

Quand la sexualité (humaine) se paie de mots

CC BY, dgbury

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Revue Médicale Suisse

www.revmed.ch

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1 André J (sous la direction de). Les 100 mots de la sexualité. Paris : Presses Uni- versitaires de France, 2011, ISBN : 978- 2-13-058286-1.

2 Humbert P, Palazzolo J. Petite histoire de la masturbation. Préface de Brigitte Lahaie. Paris : Ed. Odile Jacob, 2009, ISBN 978-2-7381-2173-8. (Rev Med Suisse 2009;5:1155).

3 Nau JY. Qui sont ceux qui «se vautrent dans le sexe» ? Rev Med Suisse 2011;

7:1226-7.

qui inspirent l’administration Obama pour corriger le système de santé américain. Elle a montré que dans une population donnée, si le nombre de généralistes augmente, la morta- lité globale diminue, ce qui n’est pas observé si on augmente le nombre de spécialistes. «L’efficacité du géné- raliste réside dans son rôle majeur de prévention, de dépistage et de déli- vrance de soins chroniques», sou- ligne Alain Pécoud.

Sous son règne, la PMU a logique- ment mis un fort accent à renforcer la formation des généralistes. Le démé- nagement de l’institution, en 2003, dans un écrin tout neuf, adapté à ses besoins et adossé au CHUV, fut à la fois une condition et une aubaine. Le professeur se souvient de la longue bataille politique pour obtenir le cré- dit pour la construction du bâtiment.

Un investissement que personne ne regrette aujourd’hui.

L’hostilité des médecins de ville à cette permanence d’Etat hier vue comme une concurrence a quasiment disparu.

Mieux reconnue dans ses missions de soins, de tri des patients et surtout

de formation des médecins généra- listes, la PMU travaille en bonne en- tente avec les praticiens en cabinet.

L’ouverture récente d’une antenne au Flon repose sur cette alliance public/

privé. La policlinique est aussi parte- naire de la Société vaudoise de mé- decine pour identifier et colmater les

«trous sanitaires», ces zones du ter- ritoire cantonal où l’accès aux soins généraux est lacunaire. La création d’un réseau de soins de proximité pour les migrants, qui place en première ligne des infirmiers et infirmières, ap- porte des réponses originales.

Inquiet par les blocages qui caracté- risent la politique de la santé au ni- veau fédéral, Alain Pécoud se réjouit des expériences prometteuses me- nées dans le canton de Vaud : «Nous prouvons que la pénurie de soignants compétents, de médecins généralis- tes en particulier, n’est pas une fata- lité.» S’il rend hommage au volontaris- me des autorités sanitaires vaudoises, lui-même tient à souligner qu’il part

«fier d’avoir servi l’Etat».

François Modoux Le Temps du 27 juillet 2011 la fréquentation de prostituées

etc. ; autant de possibilités qui n’excluent nullement le harcèle- ment sexuel que l’opuscule fait étrangement suivre de harem.

«La logique est simple : premier feu rouge, regard complice échan- gé, "on baise" écrit M. Estellon. Tel un toxicomane dans l’attente du prochain shoot, le sex addict est obsé dé par la trouvaille d’un objet ou d’une situation sexuelle. Au siècle dernier, on aurait parlé de

"monomanie" ou de "perversion", cette conduite addictive est aujour d’hui largement portée et banalisée par la société de consommation dans laquelle il faut pouvoir jouir sans entraves et pour laquelle le sexe peut être consommé au même titre que n’importe quelle autre marchan- dise.» Sommes-nous ici dans la pathologie ? Sans doute s’il s’agit plus de souffrances que de plai- sirs. «On trouve souvent à la base de ces pratiques compulsives deux types d’angoisses relationnelles : l’angoisse d’intrusion couplée à l’angoisse d’abandon, nous ex- plique l’auteur. Dans une telle configuration, mieux vaut la certi- tude de la rupture que les affres de son incertitude ! Et pour ne pas

"se prendre la tête", on pourra

"zapper" d’un corps à l’autre. Voilà le paradoxe : même s’il couche avec plusieurs partenaires par jour, le sex addict se sent isolé. En voulant

éviter les sentiments, vient le mo- ment où il crève de solitude.»

Le feuilleton que nous évoquions plus haut fait beaucoup écrire dans les gazettes. Certains, comme l’écrivain Benoît Duteurtre voit dans «l’affaire DSK» la démonstration selon la- quelle «le crime sexuel est devenu l’incarnation du mal» (Libération, 19 juillet). D’autres, comme l’écri- vaine Christine Brusson (Le Monde, 20 juillet) perçoit ici l’im- portance qu’il peut y avoir à par- venir «à maîtriser ses désirs».

Mme Brusson rappelle en préala- ble qu’à travers sa monumentale Histoire de la sexualité, Michel Foucault tentait de répondre à cette question à la fois simple et générale : pourquoi le comporte- ment sexuel fait-il l’objet d’une préoccupation morale ? Pourquoi ce souci éthique ?

«Il existe des continuités très étroites, nous dit Foucault, entre les doctrines chrétiennes primi- tives et la philosophie morale de l’Antiquité, écrit-elle. Le christia- nisme n’a pas inventé la méfiance à l’égard du sexe, les Grecs la connaissaient déjà. Une théma- tique s’élabore, celle d’un rapport entre l’abstinence sexuelle et l’ac- cès à la vérité. Intéressés surtout par la dynamique unissant désir, acte et plaisir, les philosophes de l’Antiquité (…) voyaient dans la renonciation au plaisir une voie

spirituelle d’accès à la vérité et à l’amour, cette renonciation met- tant directement en contact avec quelque élément supérieur à la nature humaine que l’activité sexuelle exclurait (…). Il y a, selon les Grecs, une pathologie de l’ex- cès qui rend l’intempérance blâ- mable, et si la sexualité doit être surveillée, c’est parce qu’elle relè ve d’une force, d’une énergie qui est par elle-même portée à l’excès. Le danger, qu’il s’agisse de sexe, de boisson ou de nourri- ture, c’est ce trop qui va au-delà du besoin.»

On peut le dire autrement.

Comme Foucault, qui voit dans la morale antique un «art du mo-

ment» : domination parfaite de soi chez les Grecs, renoncement à soi chez les chrétiens. Ou comme Sénè que, pour qui «la sobriété est une pauvreté volontaire».

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

Perte osseuse : à la découverte du pouvoir des produits biologiques

Jeudi 25 août 2011, de 14 h 00 à 18 h 15

Chavannes-de-Bogis, Hôtel Best Western

14 h 00 Bienvenue

14 h 30 Introduction, R. Rizzoli 14 h 40 Diagnostic et traitement de l’ostéoporose : état des lieux et nouvelles perspectives, R. Rizzoli 15 h 00 Ateliers à partir d’un cas (première série ou deuxième série à 16 h 20)

• Atelier 1 : Inhibiteurs des aroma- tases, hypogodanisme induit et ostéo porose, O. Lamy et D. Lefèvre

• Atelier 2 : Prise en charge après fracture, M.-A. Krieg et G. Abetel

• Atelier 3 : Ostéoporose post- ménopausique, B. Uebelhart et C. Matrai

17 h 10 Efficacité antifractuaire du Dénosumab, C. Roux

17 h 40 Table ronde et discussion générale

Renseignements et inscriptions : C. Cochinaire

AMGEN

Tél. 078 750 16 50

cecile.cochinaire-rebourg@amgen.

com agenda

38_39.indd 2 08.08.11 12:05

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