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Le colloque avec les psys du vendredi

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Academic year: 2022

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REVUE MÉDICALE SUISSE

WWW.REVMED.CH 20 octobre 2021

1808

Le colloque avec les psys du vendredi

Il y a plus de vingt-cinq ans, une réunion hebdomadaire entre internistes et psy- chiatres a été instituée par nos prédéces- seurs dans le service afin de discuter des consultations en cours et d’offrir un espace de supervision aux internistes. Depuis lors, notre hôpital a poursuivi ses trans- formations. Le profil des médecins et des patients du service a évolué. Les modes de collaboration ont été bouleversés. Au fil des ans, cette réunion a cependant été sauvegardée. L’horaire et le déroulement se sont adaptés tout comme les qualifications des participants – des infirmiers et des psychologues sont désormais parties prenantes – mais l’objectif de dépasser les clivages habituels entre les corps réels et imaginaires est resté vivace.

Dans un service soma- tique pourtant coutumier à d’étroites collaborations avec les consultants psy, constater les différences de vue entre les uns et les autres est facile.

En particulier, la dichotomie entre le somatique et le psy-

chique subsiste en tant que référence dans les systèmes de pensée : la logique médi- cale vise à soulager la plainte en agissant sur les causes physiques, l’approche des psys vise à apprécier les risques, à mieux comprendre la souffrance et ses sens latents afin de soulager. Ceci jusqu’à aboutir parfois à l’affirmation que le symptôme est nécessaire à l’identité du sujet et qu’il vaut donc mieux ne pas l’en priver.

Les internistes et les infirmiers en soins somatiques touchent leurs malades.

Ils les examinent et ils ordonnent des examens. Ils sont d’abord dans le corps à corps. Lorsqu’ils identifient le besoin d’appuis psychiques pour les malades, ils sont typiquement plus enclins à envoyer le psy directement auprès du patient plutôt qu’à accompagner ce dernier vers l’intérêt

d’une consultation spécialisée (la majorité des malades de notre service ne demande rien d’autre que d’être guéri avec un minimum d’investissement psychique).

Une fois la prise en charge spécialisée engagée et afin d’éviter les entretiens à risque de s’éterniser, les somaticiens délèguent également typiquement les aspects psys aux psys. Le rationnel de cette pratique reposant selon eux sur le fait que chacun doit (re)connaître ses limites, et qu’ils n’ont d’ailleurs que trop peu de retours des psys pour être pertinents.

Pour leur part, les psys savent bien que la vie psychique constitue un élément étiologique, diagnostique et pronostique des individus dont ils partagent la charge

avec l’équipe somatique.

Pourtant, ils appliquent aussi la règle qui veut que le biolo- gique reste l’élément premier ! Dans l’environnement hospi- talier somatique, pas facile de renoncer à des demandes d’explorations organiques lors- que le moindre symptôme résiste. Pas facile de passer d’une clinique de la maladie à une clinique du sujet où le somaticien et le psy doivent chacun être garant de la partie qui leur revient et de la partie de l’autre. Nous précisons qu’être garant de la globalité ne revient ni à être tout ni à être garant de tout puisque ce serait là de l’omnipotence médicale.

Notre colloque avec les psys de plus de vingt-cinq ans d’âge constitue donc à la fois le constat des résistances collabora- tives toujours à l’œuvre, et une issue aux frustrations éprouvées par les soignants qui s’interrogent sur le poids de la souf- france des malades hospitalisés. Mais bien d’autres aspects peuvent aussi être abordés : les limites du soignant face à la conviction somatique, les limites des psys dans le champ somatique, les stratégies à mettre

en place afin de mieux définir un cadre thérapeutique et rendre les malades hospitalisés plus actifs. Nos personnels apprennent la relation transférentielle et se prémunissent face aux relations projec- tives. Ils apprennent à devenir des parte- naires qui ont le droit de se signifier des exigences pour les malades et pour eux- mêmes. Ils apprennent à aller plus loin dans leurs pratiques, que les corps en souffrance doivent être touchés, soignés par des mains qui palpent, et que ces mains font un bien meilleur travail grâce aux apprentissages précieusement re- cueillis auprès des psys tous les vendredis.

DÉPASSER LES CLIVAGES HABITUELS ENTRE LES CORPS

RÉELS ET IMAGINAIRES

PR CHRISTOPHE LUTHY DR VASILEIOS CHYTAS DRE ELIANA HANNA

Service de médecine interne et de réadaptation Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise

HUG, 1211 Genève 14 christophe.luthy@hcuge.ch

vasileios.chytas@hcuge.ch I eliana.hanna@hcuge.ch

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