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Evolution actuelle des phénomènes karstiques dans la Cordillera de la Sal (Atacama, Nord Chili)

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Evolution actuelle des phénomènes karstiques dans la Cordillera de la Sal (Atacama, Nord Chili)

SESIANO, Jean

Abstract

Des phénomènes karstiques ont été observés sur un massif de sel gemme (halite) dans la Cordillera de la Sal, Atacama, Chili. Au vu de l'aridité des lieux, il semble que ce soit un héritage de périodes plus humides, car ce ne sont plus que des retouches qui affectent actuellement le massif.

SESIANO, Jean. Evolution actuelle des phénomènes karstiques dans la Cordillera de la Sal (Atacama, Nord Chili). Karstologia , 2006, vol. 47, p. 49-54

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:41180

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1 / 1

(2)

Evolution actuelle des

phénomènes karstiques

dans la Cordillera de la Sal

(Atacam a, Nord Chili)

nÉsuwÉ : Une seconde campagne

d'observations a été menée à fin 2005 sur le

diapir de sel de la Cordillera de la 5al, sur la bordure ouest du Salar de Atacama, au nord du Chili. Elle faisait suite à une première visite en 1996. Cela nous a permis de constater la lenteur des processus d'érosion dans cette région, l'une des plus arides du globe. Un deuxième réseau de drainage partiellement souterrain a été topographié.

Quelques pertes, partiellement obstruées par des dépôts éoliens, ont été relevées.

Le devenir des eaux qui s'y écoulent occasionnellement peut se poser, le poljé où elles se situent étant à une altitude un peu plus élevée que le Salar de Atacama.

La f racturation importante de la Cordillera de la 5al, orientée N 140", nous fait penser qu'elles peuvent être l'une des recharges possibles de l'aquifère alluvionnaire situé sous le Salar, l'autre provenance étant les eaux issues des Andes. Des observations sur une base de temps plus longue que la décennie nous permettront sans doute de discerner une évolution.

Mors clÉs : diapir de sel, karst, Atacama, chili.

Jean

SESIANO

Jean. Sesiano@terre. unige.ch

Abstract: Ntw ossrnvanoNs ABour rHE zERY SLOW PRESENT-DAY EVOLUTION OF KARSTIC zHENIMENA w rut ConotLLERA DE tn Snt (Aracnua, Cntr). A second visit to the salt diapir in the Cordillera de la Sal, on the western margin of the Salar de Atacama was conducted 9 years after the first one. We noticed practically no change in the landscape morphology in that very arid region. A stainless steel piton driven at the base of a small cliff of rock salt was used to measure the salt dissolution rate. lt did not show any extra thickness /oss. A new passage

system, partly underground, was discovered and mapped. Several swallow holes were observed, most of them half-filled with eolian sand. lJndoubtedly they become active as soon as enough rain is collected at the surface. The underground water flows probably in the direction of the Salar in order to feed the water-table in the post evaporitic

sediments, following the prominently N 140o

oriented f racture system of the Cordillera de la Sal. tJnder the present climatic conditions, which are hyper-arid, observations on a time

scale longer than the decade are essential to see changes in morphology.

Krv-wonos: salt diapir, karst, Atacama, Chile.

RESUMEN : Nutvas oBsERVActoNEs sognt LA DEBTL EVoLUCtoN ACTLJAL DE Los rmôuguos cARsrtcos DE

ta CoaottttnA DE LA Sat (Aracaua, N. Cuttt).

Finalizando el 2005 una segunda misiôn de observaciones ha sido organizada para estudiar el diapir de sa/ de la Cordillera de la sal (regiôn de Salar de Atacama, norte de Chile. La mision precedente data de 1996. Ello nos ha permitido de comprobar la lentitud de los procesos de erosiôn de esta regiôn, una de las mas éridas del mundo. Durante la ûltima misiôn, una red de drenaje parcialmente subterrânea ha sido topografiada ; ciertas pérdidas conectadas a esta red estén parcialmente colmatadas por depôsitos éolicos y cuestionan el porvenir de la alimentaciôn subterrénea de esta red de drenaje. El estudio de Ia fracturaciôn de la cordillera (orientada N 140") hace pensar que

esta red puede ser una de las recargas potenciales del acuifero aluvial desarrollado debajo del Salar ; otra puede ser /as aguas bajando de los Andes. Las observaciones sobre un periodo de tiempo supeilor a 10 afros nos

permitirân de responder a estas preguntas y subrayar la debilidad de los fenômenos

cârsticos de esta regiôn.

Pntnenas cLAVEs: diapir de la sal, carst, Atacama, Chile.

lntroduction

Cadre géographique, climatique et géologique

Le

Chili

connaît un certain nombre de régions affectées par des phénomènes karstiques, aux développements du reste très variables. Elles

ont

été passées en

revue par Cecioni en I9B), mais

sans mentionner spécifiquement la région de San Pedro de Atacama. Les formes les

plus spectaculaires sont celles

de l'extrême sud [Hoblêa et a\.,2001 ; Maire et

al.,

19991.

A la suite d'un article

de R.

Maire

et deJ.-N. Salomon [Maire et

al.,19941,

puis

de

celui

de

J.-N.

Salomon I'année

suivante ISalomon, 1995], nous

nous

étions rendus

en

juillet 1996

dans la

région du

Salar de

I'Atacama,

dans la partie

nord du Chili. Il

s'agit d'un vaste bassin endoréique, à 2300 m

d'altitude,

bordé à I'est par Ia

cordillère

des Andes et ses hauts volcans (5000 et 6000

m),

et à I'ouest par des chaînons secondaires d'altitudes plus faibles (3000 à 4000

m), souvent non volcaniques, comme

ia

Sierra Limon Verde, la Cordillera

de

Domeyko, etc. Parmi

ces

derniers,

la

Cordillera

de

la

Sal en

particulier, qui

domine le Salar de I'Atacama

(figure l).

Les précipitations y sont faibles, car cette

région

est traversée

par le tropique

du Capricorne . elle se caractérise donc par une subsidence des masses d'air menant à leur assèchement. Le beau temps y est presque

permanent, seul de

très rares

fronts (fréquence de 5 a 40 ans)

en provenance du sud-ouest étant capables d'atteindre ce secteur très septentrional

du Chili.

C'est

pourquoi

les

plus

hauts sommets des Andes sont

ici

dépourvus de neige la plus grande partie du temps,

jusqu'à 5500 m, voire plus haut

lSchrôder

et

al.,

L9961.

Le courant

de

Humboldt

et ses remontées d'eau froide

(3)

N

It

I

-7{K-

V

o

g -'v

o o

'''' rnrsliii

r 2555 ^-

2659 r A

tt

VALLE DE LA LUNA

Tableau 1 : Les précipitations à San Pedro.

Precipitation at San Pedro.

Figure 2 : Coupe de la région decrite. Section of the region.

Figure 1 : Carte de la région décrite.

Map of the region.

profonde

(upw

elling) favori-

sent encore la dessiccation de I'air, même si

l'humidité

rela- tive sur la côte peut êffe élevée

(brouillards). Le tableau

2

démontre ces conditions particulières : il s'agit

de la

quantité annuelle

de

pluies pour

le grand

port voisin

d'Antofagasta, pôle de

la

sécheresse

sur

cette

côte,

avec

Arica,

600

km

au

nord,

à la

frontière

avec le Pérou

lAbele,

19891.

Quant à la cuvette de I'Atacama, elle est de

plus

en

position d'abri

entre deux hautes chaînes comme on le constate sur la figure 2, ce

qui

exacerbe encore son aridité. C'est ainsi que dans la petite

ville

de San Pedro, à I'extré-

mité nord du

Salar, on a des valeurs

insigni-

fiantes des

précipitations.

On les trouvera au tableau

l.

La

situation

anticyclonique n'exclut pas

cependant I'apparition

de

pluies d'origine

convective sur le relief. C'est ainsi qu'en début d'été austral (donc en décembre), nous avons observé de gros

cumulo-nimbus

déposant

un blanc

manteau

sur

les Andes. Ephémère,

il

ne tardera pas à disparaître

par sublimation

ou fonte, puis

infiltration.

Ces eaux de surface et soutenaines, très minéralisées,

finiront

par se retrouver dans le Salar ISchrôder, loc. cit. ] .

15 à

20 cm

de

précipitations peuvent

ainsi tomber annuellement sur la

cordillère

(com.

orale Prof. J. Ramirez, U. Antofagasta).

l. Observations de 1996

Lors d'une

visite

dans la

partie nord

de la

Cordillera

de la Sal en 1996, plus

particu-

lièrement sur le

diapir

de sel

d'environ I

km2

qui

en occupe

le cæur, nous

avions

fait un certain nombre

d'observations géomorpho-

logiques et

levé

la topographie

d'une petite

rivière

à éclipses, c'est-à-dire

dont

de courts

tronçons sont souterrains

ISesiano, 1997].

Ce

diapir elliptique

mesure

environ

1,7

km

sur 0,8

km.

Son grand axe est orienté NNE.

Il

domine la zone plane qui I'entoure, sauf au SW, d'une septantaine de mètres. De

part

et

d'autre

de cette

plaine alluviale

endoréique

(polje),

la

structure

sédimentaire est formée

principalement

de bancs

d'argile rouge,

de gypse

et de sel, d'arène grise et rouge,

de conglomérats et de marnes à ciment salin ou gypseux, de grès

mal

cimentés

ainsi

que de

rares et minces bancs de

calcaire

;

cette

structure

est déjetée vers I'est, en

direction du

Salar

et

des

Andes. La figure 3

est une

photo

aérienne

du

secteur.

On peut

relever que ces dépôts détritiques sont du même type

oso

ENE

Volcan Jurioues

5704 Volcan

Licancâbur 591

Dépôts d'érosion

Cerro Quimal

4278 Cordillère de la Sal ANTOFAGASTA

Cerro Vicuôa Mackenna

3114

I L

Atacamasatar de

Péninsule de Mejillones

|-PLATE_FORME--,1 l-

DESERT D,ATACAMA

-{

l-

DEPRESSTON

-{

LITTOMLE

F-

CORDTLLERE

-l

l--

CORDTLLERE

-l

ANDINE

l.--

CORDILLERE ANDINE

--{

COSTALE

DE DOMEYKO

50

J. SESIANO, Evolution actuelle des phénomènes karstiques dans la Cordillera de la Sal (Atacama, Nord Chili)

(4)

Iableoru 2 : Precipitations a Anto{aqasta Prer ipitation "tt Arlfofaqasta

Sourcc : stati0r-r n]étéo UCN ('*) : orages exceptionne ls.

An tofagasta.

que ce

qui

s'accumule dans le Salar actuelle- ment. L'âge de ces formations va du Miocène

inférieur

à l'Oligocène.

Nous

avons

fait un

essai de

dissolution

sur

un échantillon d'un cmr

de ces marnes.

Plongé dans de I'eau douce sans brassage,

il

se désagège complètement en moins de

vingt

secondes, laissant un

petit monticule

d'argile et de cristaux de gypse. C'est dire la faiblesse mécanique de ces

roches;

elles

font

cepen-

dant illusion par la constitution

de falaises de

plusieurs

mètres de hauteur.

Les

cours

d'eau, car

il y

en a même si nous ne les avons jamais

vus couler,

traver- sent ces couches très redressées par des cluses, gorges de

30 à'10 m

de puissance,

là ou

les cuvettes ne sont pas fermées

(photo 1).

Sur

le diapir, le

réseau

hydrographique

est très désorganisé. A

un

drainage de surface, établi à

l'origine

sur les argiles, s'est substituée une circulation partiellement souterraine. En effet, cet enfoncement a

fini

par atteindre les marnes salées,

voire I'halite,

avec percee des affleu-

rements, Ie tout accompagné de gouffres (impénétrables

après quelque s

mètres),

de grottes et de captures. Des tronÇons de vallées sèches

et

des terrasses

sont abandonnés

à

plusieurs

mètres au-dessus de

la circulation

actuelle, mais

I'ampleur

de ces phénomènes n'est pas très

importante

si

l'on

considère les faibles et rares débits

qui

semblent s'écouler et les modestes dénivellations.

Pour essayer de quantifier la vitesse d'éro- sion par dissolution, en plus de Ia topographie d'un des deux réseaux drainant le diapir, nous avions en

I996

scellé une cheviile métallique dans la paroi (halite) du

lit

d'un torrent. Nous avions alors décidé de faire une nouvelle visite

environ l0

ans plus tard, rendue encore plus intéressante par le fait

qu'un

assez

important

événement

El Niao

s'était

produit en

1997 -

98. Il avait

grandement affecté les côtes du Pérou et de l'Equateur, contrairement à

l'épi-

sode de f9B3-84 qui avait causé de gros dégâts à Antofagasta; cet événement a êté cette fois des plus discrets à cet endroit comme on peut le constater dans

le

tableau 2.

ll. Observations de décembre

2OO5

A notre grande surprise, aPrès

une

absence de 9 ans et demi, nous avons retrouvé les

lieux

comme nous les avions laissés. Les

traces de pneus sur les marnes

salées et croûtées étaient les nôtres, les repères placés au campement au

bord du torrent

n'avaient

pas changé. Les seuls

endroits

ou nos traces

rùw

,li v

*.'{

:1

.

r

. .t.',\.

ù,*\

Figure 3:La phofo ai:rienne du secteur.

Aeriai pholo af the area.

5km

(5)

Photo 1 :

Canyon creusé dans les évaporites.

Canyon cutting the evaporites.

Photo 2 : Micro-lapiès développé

dans I'halite.

Microkarren in halite.

avaient êté

effacées

étaient ceux ou

elles franchissaient le

lit

du torrent. C'était la preuve que de I'eau avait coulé, mais

qu'il

n'avait pas assez

plu pour

effacer les marques laissées ailleurs. Compte tenu de la pente, de la largeur

du lit du torrent et

de

la hauteur

d'efface- ment, on a pu estimer à environ B0 Vs le débit

maximum du

cours d'eau.

En

ce

qui concerne la cheville

métal-

lique,

on

peut

évaluer au

maximum

à

I mm la dénudation

sur

I'halite

en

situation verti-

cale. Cette dissolution serait le fait de I'averse

qui a dû

se

produire en

ce

lieu. Dans

les tronÇons

souteffains

de

la rivière

à éclipses ISesiano,

1997;

et

ici figure 4],

seul un bloc de sel dans

le lit du torrent,

signalé

sur

la

topographie,

a

disparu par dissolution.

En décembre 2005, nous avons remarqué aussi

I'apparition

de nouveaux blocs. Ils découlent sans

doute

des alternances

de

température (chocs

thermiques)

: I'amplitude

journalière peut atteindre 30"

en

hiver

(de

-10"

à +20",

par ex.), un peu moins en

été

(+5'

à +30o,

par ex.). En

effet, dès

I'apparition du

soleil,

la

roche bruisse et craque de

toute part,

les chutes de blocs restant cependant occasion- nelles.

Nous

avions

du

reste

fait

les mêmes constatations

sur

les

diapirs du

SE de

l'Iran

lSesiano, 2004].

L'halite constituant le diapir est de pureté très

variable.

Dans certaines zones,

elle

est

cristallisée et

a

fait autrefois I'objet

d'une exploitation. Un modelé de surface semblable à

celui d'un karst

calcaire

y

est alors obser- vable, avec banquettes, lapiaz, etc.

(photo

2

et p. IV de couverture).

Son analyse nous

indique

une

halite

très

pure

(97 o/o de NaCl) à laquelle sont associés un peu de quartz, de gypse, ainsi que d'autres éléments en quanti- tés

infimes (Al,

K,

Mg,

Fe, Pb, Co, etc.).

Mais,le plus souvent,

il

s'agit d'une halite argileuse,

la dissolution d'un échantillon

au laboratoire nous ayantdonné une

proportion

de 4\o/o d'arglIe. Cependant,

on

a aussi des

N

+

Réseau de I'Election Atacama, N Chili

POINTS GPS A. 22'58.329'S

68'19.908'W 2490 m B. 22" 58.403'S

68" 19.824'W 2478 m

c. 22' 58.444'S 68'19.789',W 2478 m

Figure 4 : Plan du réseau de l'Election et de la petite percée hydrogéolog ique (en haut à droite).

Map of the Election System and of the little

hyd rog eolog i ca I crossi ng.

52

J. SESIANO, Evolution actuelle des phénomènes karstiques dans la Cordillera de la Sal (Atacama, Nord Chili)

(6)

marnes salées dans lesquelles la

propor- tion

de sel est peu élevée. Dans ce cas, la dissolution du sel mène à

I'apparition d'une couche d'argile grossièrement pulvérulente pouvant atteindre l0

à

20 cm d'épaisseur (photo 3). Lors

de

précipitations,

celle-ci va d'abord

jouer le rôle

d'éponge

puis, lorsqu'elle

sera

gorgée d'eau,

on

aura

solifluxion.

Plus tard, des fentes de dessiccation apparaî-

tront

dans ce

qui

est resté en place, et le processus pourra alors recommencer.

C'est ainsi que la charge solide est impor- tante lors de chaque, mais rare, épisode

pluvieux

d'une certaine importance.

Ou va cette

eau

? Nous

avons observé plusieurs pertes et tenté de nous y insinuer. Sans succès d'ailleurs, vu leur exiguité. Certaines se présentent comme celles que

l'on

a en

terrain

calcaire, par soutirage au travers d'un dépÔt de surface

meuble

(emposieu),

ou bien

elles sont situées sous un surplomb rocheux, mais sans

point d'absorption défini; enfin,

comme celle indiquée indirectement sur la figure

4,40

m au sud du

point

C . une

ouverture de 20 cm sur 40

dans une

halite argileuse. Nous I'avons

élargie pour prendre pied dans une cavité circu-

laire de

1,5

m

de diamètre et de 2,5 m

de hauteur. Le sol êtait formé

de sédiments apportés par l'eau

qui y

était tombée en cascade avant de disparaître au

point

bas de la cavité par

un conduit de 30 cm de diamètre devenant vite

impénétrable.

Disons que nous n'avons pu

en aucun cas descendre à

plus

de 2

à3

m sous le niveau de la

plaine entourant

le

diapir. Il

est cependant

clair

que, lors

d'une

averse aussi

brève

que

violente,

ces pertes

refoulent

et que

la plaine

se

transforme en

un

vaste lac salé, en

fait un

lac de

poljé.

Mais, l'existence même d'une perte

qui

n'est comblée

ni

par les

alluvions, ni

par le sable transporté par le

vent, prouve

sa

fonctionnalité,

lente sans doute. La plaine se trouve à la même altitude que San Pedro, environ 2450 m, la cuvette du Salar étant 150 m plus bas.

Réceptacle à sédiments, c'est probable- ment un bon aquifère. Le

rio

San Pedro alimente la bourgade, mais on tire égale-

ment

de l'eau

du

sous-sol. La recharge se faisant

plutôt du

côté des Andes. Le

devenir

des

eaux infiltrées autour

du

diapir reste donc problématique,

le drainage

pouvant

s'effectuer

vers

I'est ou vers I'ouest

(Llano

de la Paciencia),

au gré

des

fractures

transversales à la

structure. Si I'eau infiltrée n'est

pas

._&

,v-: .trÎ1i;'ii:

;4-

Photo 3:Compresse d'argile (residu de dissolution) recouvrant un lapiès de sel.

lJndissolved clay "compress" covering a salt karren.

q!.t'.l

1r.

l.,it

saturée, elle peut

poursuivre

son

travail

de

dissolution

en

profondeur jusqu'au

niveau

de saturation. Le volume

laissé

vacant par I'exporta- tion

du sel

expliquerait

alors le devenir de la charge solide

insoluble transportée

par

I'eau. Quant au sel, il irait

cimenter par précipitation les sédiments

profonds

déposés dans

le

Salar,

formant

ainsi

des terrains semblables

à

ceux observés en

surface

aujourd'hui.

Lors

de

notre visite

de décembre 2005, arpentant la surface tourmentée du diapir,

nous avons trouvé

dans sa

partie sud un réseau plus important

que celui décrit en

1996. C'est le réseau

de

I'Election, probablement

le plus long du diapir. Son plan

est donnê à la figure 4. Il comprend 130 m de trajet souterrain sur une

topogra-

phie

de

483 m, le tout

dans

une stratification subhorizontale.

On remarque que

l'orientation

générale de

l'écoulement est N I40'. Si I'on

se penche sur la photo aérienne du secteur, donnée à la figure 3, on constate que le

diapir

est haché de fractures ayant cette

orientation. La fracturation au

travers des marnes salées et de

I'halite,

malgré sa plasticité légendaire lors d'une défor-

mation lente, guide donc le

réseau

hydrographique,

comme on le constate dans

le calcaire ou les autres

roches.

Photo 4 : Une des entrées du réseau de l'Electton.

One of the entrances of the Election System.

Cette

orientation

est

du

reste

l'une

des

deux directions

affectant

la

tectonique locale.

A nouveau, I'apparente

immobilité

dans

l'évolution

du paysage, à l'échelle

humaine,

est

toute relative.

L'exacer- bation de la di.ssoiution latérale dans

un méandre de la rivière souterraine,

a

conduit

à I'effondrement de ia cavité et à

la formation d'un

barrage

(figure

4).

Un depôt éolien de

sable s'est

formé

juste

en aval, l'eau ayant cessé momen-

(7)

tanément de couler. Le lac s'étendait sur une

longueur

de 130

m

(jusqu'à R 0.5), avec une profondeur maximale de 1,7 m, comme I'indiquait la laisse rouge d'oxyde de fer sur les rives. A l'emplacement du barrage,

I'argile était

encore plastique

lors de notre visite. Le lac

restera fonctionnel jusqu'à dissolution des blocs

faisant obstacle, c'est-à-dire jusqu'au prochain

épisode

pluvieux

conséquent.

Les dimensions des galeries du

réseau restent assez faibles, en moyenne

I à 2m de hauteur et 1,5 à 3 m

de

largeur (photo 4). Certaines

strates moins solubles restent en proéminence

sur

les

parois.

Dans les méandres, les

surplombs

s'accentuent peu à peu

tout

en

migrant

vers l'aval, en abandonnant

des banquettes de corrosion.

La

poursuite du phénomène conduira,

comme on

vient

de le

voir,

à l'écroule-

ment du tunnel.

Le réseau se

poursuit

en amont de ce

qui

est décrit à la figure 4 :

il

se divise en deux branches, mais avec la

diminu- tion

du débit,les cavités deviennent très

courtes et

exiguës,

et la morphologie

présente moins

d'intérêt.

En

remontant

encore plus vers

l'amont,

on

parvient

à la surface des marnes, environ 30 m plus haut qu'au débouché du

torrent

dans la

plaine. Pour une extension du

réseau de 500 m à vol d'oiseau, cela nous donne

une pente moyenne de

6 o/o.

Mais

la

valeur réelle

est

bien plus faible, vu

la sinuosité du réseau, 2 o/o rlous semblant

plus

proches de

la rêalité.

A

quelques dizaines de mètres en aval de

i'arrivée de

cette

petite rivière dans la plaine, on note la

présence

d'autres cours d'eau. Lorsqu'on

les

remonte, on constate que leur lit

est

situé au fond de vallées

presque rectilignes, aux flancs doucement

incli-

nés.

Ii n'y

a

plus ni

gorges,

ni

parcours souterrains. Dans chaque cas,

le

cours

d'eau présente une pente faible

et

régulière, puis il

se

ramifie en

amont.

On atteint alors un col peu marqué et

un drainage semblable apparaît, mais

en sens inverse.

Il

ne fait pas de doute que c'est

l'évolution vers laquelle tendent

les cours d'eau topographiés en 1996 et

2005. Le diapir

est

ainsi découpé

en tranches orientées

N 140'. On

observe

du

reste

une évolution

semblable dans les parties

nord

et sud

du diapir.

Elle a été plus rapide car le

diapir y

était plus

étroit (400 à 600 m) er moins

élevé.

En effet, les deux réseaux subsistant, et surtout celui de 2005, remontent vers la

partie

centrale,

la plus

élevée,

là ou

la dissection de ia couverture du

diapir

est la moins avancée. Enfin, on peut relever la présence de ressauts le long du cours d'eau topographié en 2005,I'un de 0,5

m

et I'autre de 3,5 m.

Il

s'agit de brusques ruptures de pente (nich-points) dus sans

doute

à

un

changement

du niveau

de base dans la plaine et qui remontent par érosion régressive.

En direction de I'est, à I100 m

du centre du diapir, nous

avons

noté la présence d'une petite

percée hydrogéologique au travers des couches redressées

formant le pourtour de

la

cuvette. Elle

est

portée

à

la figure

4.

Elle draine un

espace de

0,2

km2 clos

par deux couches plus

résistantes.

Une

grande

dune

de sable

le

recouvre en

partie.

Le ruisseau tombe dans une gorge d'une

profondeur

totale

de2,5

rn.

Elle est en partie comblée par des depOts éoliens. Une vingtaine de mètres au-delà, le parcours devient souterrain (photo 5), ia galerie ne tardant pas à devenir étroite

et

basse

de plafond. De rares débris

végétaux, mais de nombreux morceaux de plastique (une plaie dans une région

ou les décharges sont à ciel ouvert

et le vent souvent présent) sont

accrochés aux aspérités du sel marneux.

Elle débouche à I'extérieur par un

ressaut

de

1

m s'ouvrant

à I'apex

d'un vaste dépôt de sable (eollen) venant mourir

sur la

plaine. Elle

est rarement

fonctionnelle, sinon le sable serait

dêblayê.

Conclusions

Les phénomènes

qui

affectent les

roches carbonatées sont

également

observables dans cet environnement diapirique

de sel. Cependant, ils n'attei-

gnent

pas

I'envergure

observée dans d'autres roches, d'abord

par le fait

que

l'halite

et les marnes salées ont une bien

plus faible

résistance

mécanique

que, disons, le calcaire; mais aussi parce que

la quantité de précipitations est

très

faible, et donc les débits minimaux.

D'autre part,

l'évolution

est si lente que la

situation

semble figée. Pourtant, nos observations

montrent

que sur

un

laps

de temps pas trop long, une dizaine

d'années,

il

est quand même possible de

relever

de

petites différences

dans la

morphologie. Mais,

c'est sans

doute

à I'échelle du siècle

qu'il

faut monter

pour voir une évolution significative.

Avec

l'allongement de I'espérance de vie

annoncée, rendez-vous en 2105 !

Photo 5 : A l'intérieur Ia petite percée hydrogeologique. lnside the little hydrogeologir al < rossing

Remerciements

Je remercie Miguel Martinez Argandona, de l'Escuela E-26 à San Pedro de Atacama, pour les hauteurs de précipitations relevées à la station météorologique de cette localité, ainsi que le professeur Jorge Ramirez Fernandez, à

l'Université d'Antofagasta, pour les données de précipitations de cette ville et ses nombreuses autres informations. Merci également à Jacques Metzger, géologue-dessinateur, pour la prépa-

ration

des figures de ce texte, ainsi qu'à M.-F. Capponi, pour I'analyse de I'halite aux rayons X, tous deux de la Section des Sciences de la Terre, à I'Université de Genève.

Ma reconnaissance va enfin à mon épouse Cheng-Mei qui a bien voulu me seconder durant les levés de terrain, dans des conditions pas toujours faciles.

Bibliographie

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l.

144, 139-144.

54

J. SESIANO, Evolution actuelle des phénomènes karstiques dans la Cordillera de la Sal (Atacama, Nord Chili)

(8)

rtl_'i r I'irt.

:',,'N**'s

Sommaire Co ntents

Andrzej TyC et Jean NTCOD 1 Laurent BRUXELLES, 21 Stéphane HÉRlflf R 33

Hommages à Marian

pulina David

COLONGE

et

Phénomènes karstiques et tourisme

(1936-2005) Thierry SALGUES

dans les parcs nationaux de I'Ouest T1bute to Marian

pulina

Morphologie et

remplissage

canadien : la mise en valeur

des dolines du Causse de

Martel

progressive d'un patrimoine naturel

Anne-sophie PERROUX 7

d'après les observations

réalisées

The karst phenomenon and tourism lntérêt des sédiments

détritiques

au cours du diagnostic

archéologique

in western canadian national parks endokarstiques en tant

qu'archive

de l'aérodrome de Brive-Souillac

naturelle? Discussion

autour

(Corrèze et

Lot)

Jean

SESIANO 49

des dépôts lacustres

souterrains

Doline morphotogy and

filling

Evolution actuelle des phénomènes (Grottes de Choranche -

Vercors) in

the Causse of

Martelbased

karstiques dans la Cordillera

lnterest

of

endokarstic

cletritic

on the observations realized

during

de la Sal (Atacama, Nord Chili) sediments as

a

natural

archive?

the archaeological

diagnosis

Actual evolution

of

karstic

Discussion on underground

lacustrine of

the Brive-souillac

airfield

phenomena in the Cordillera deposits (Choranche Caves

- Vercors)

(Corrèze and Lot,

France)

de la Sal (Atacama, Chile)

lssN

0751-7688 00047

Références

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