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Travailler dans la musique

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Academic year: 2022

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Appel à communications Colloque international UNIL

Travailler dans la musique Working in Music - 2018

Lausanne 11, 12 et 13 Janvier 2018

C

omme toutes les productions artistiques, la musique est aussi et peut-être d’abord un travail. Cette idée prend à rebours la mythologie romantique héritée du XIXème siècle qui fait de l’activité artistique le fruit d’une inspiration transcendante, inaccessible à la rationalisation, et de l’artiste un être d’exception dont le

« talent » serait irréductible à l’analyse sociologique. C’est peut-être l’un des apports fondamentaux des travaux fondateurs de Howard S. Becker aux Etats-Unis dans les années 1950, que d’avoir montré combien il était important de s’intéresser à ce qui fait le quotidien du travail musical. Loin des représentations éthérées du créateur inspiré, il a pratiqué l’observation ethnographique du travail exercé par des individus ni riches ni célèbres, les « musiciens de danse ».

Soixante ans plus tard, le corpus de la sociologie du travail musical s’est considérablement enrichi.

Pour ne citer que quelques exemples de recherches marquantes de part et d’autre de l’Atlantique, on mentionnera les travaux de Robert Faulkner sur les musiciens de studio à Hollywood ou ceux de David Grazian sur les clubs de blues à Chicago, en Grande-Bretagne les travaux de Martin Cloonan et John Williamson sur les syndicats de musiciens ou bien sûr ceux de Simon Frith sur l’histoire culturelle des musiques actuelles. Dans l’espace francophone, on peut citer parmi d’autres les enquêtes de Bernard Lehmann sur le travail dans les orchestres symphoniques, de Philippe Coulangeon sur les musiciens interprètes, de Marie Buscatto sur les « femmes du jazz », de Hyacinthe Ravet sur les musiciennes ou sur les rapports entre interprètes et chef.fe.s d’orchestre, ou enfin les travaux de Marc Perrenoud sur les

« musiciens ordinaires ». On pourrait ainsi mentionner encore bien d’autres noms dans de nombreux pays, tant est aujourd’hui vivace ce domaine de recherche.

De fait, en 2016, une centaine de chercheurs et chercheuses venu.e.s de tous les continents se sont retrouvé.e.s à Glasgow pour le premier colloque Working in Music. Le succès de cette première édition a entraîné la création d’un réseau international de recherche sur le travail musical1 et fait naître le désir de renouveler l’expérience d’une rencontre. Deux ans après, c’est donc à Lausanne que se tiendra le deuxième colloque international consacré au travail dans la musique tel qu’il peut être saisi par les sciences sociales.

Afin d’orienter plus précisément les contributions au colloque, plusieurs axes thématiques sont proposés :

1. Inégalités et discriminations : « sexe, race, classe » et carrières musicales

Il s’agit ici d’étudier les inégalités liées au genre ou à l’origine géographique et sociale. Comme tout marché du travail, l’espace de la musique est le théâtre d’expression, de production et de reproduction d’inégalités sociales. Mais ces inégalités sont souvent d’autant plus difficiles à aborder que l’on se rapproche des mondes de l’art où la consécration est censée dépendre du « talent », notion dont la principale fonction est d’opérer une naturalisation et une individualisation des inégalités.

2. Action collective : syndicats et lutte sociales

Aujourd’hui réputés individualistes et incapables de se coordonner, les musicien.ne.s ont longtemps été bien organisé.e.s dans de puissants syndicats. La précarité qui semble frapper la plupart des musicien.ne.s (hors salarié.e.s permanent.e.s d’orchestres) est-elle une fatalité ? Comment la situation a-t-elle évolué depuis l’époque où, dans la plupart des pays occidentaux, les syndicats avaient un réel pouvoir sur le marché du travail et l’industrie musicale ? Quels sont les enjeux actuels des luttes sociales dans la musique

1 http://www.muhistory.com/working-in-music-network/

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à l’heure de la dérégulation des marchés du travail nationaux et de la digitalisation de la production musicale ?

3. Savant et populaire : la légitimité culturelle en question

La séparation traditionnelle entre musique savante et musique populaire a longtemps constitué une grille de lecture imposée dans l’étude du fait musical. Jusqu’à quel point cette dichotomie est-elle encore tenable ? Trouve-t-on de manière systématique des homologies entre les propriétés sociales des musicien.ne.s et celles de leur public ? Jusqu’où s’étend la polyvalence des interprètes – ou autrement dit, peut-on vraiment « tout jouer » et passer aisément d’un registre à l’autre au cours d’une carrière ?

4. Enseignement et transmission : apprendre la musique

Apprendre à jouer d’un instrument et apprendre le métier sont deux choses différentes. On interrogera ici les logiques de formation professionnelle (comment sont formés les musicien.ne.s ?), notamment dans le mouvement d’institutionnalisation des musiques actuelles. Mais on s’intéressera aussi à la place de l’enseignement dans le métier : comment se construisent et se développent les carrières pour les enseignant.e.s-interprètes ?

5. Identité professionnelle : être musicien.ne

Comment se forme et se maintient l’identité professionnelle des musicien.ne.s ? Quelles ressources cognitives et discursives sont mobilisées pour se construire comme musicien.ne ? Le « nouvel esprit du capitalisme » produit des injonctions à l’entrepreneuriat auxquelles semblent s’ajuster certains

« musicpreneurs » qui se font à la fois musicien.nes, webdesigners, community managers et se passent très bien d’agents. Face à ce nouveau modèle, qu’en est-il de l’artisanat des musicien.ne.s ordinaires ?

6. Santé au travail : TMS, audition, addictions, souffrance au travail

La santé au travail est un enjeu important pour les musicien.ne.s. Les troubles musculo-squelettiques sont fréquents et extrêmement handicapants, de même que les atteintes acoustiques (en particulier dans les musiques actuelles). Par ailleurs le travail musical est souvent le lieu d’un important investissement subjectif, parfois en lien avec une culture professionnelle intégrant le recours aux psychotropes (« sex drugs and rock n roll »), comme cela peut être le cas dans d’autres espaces du travail (du sport professionnel jusqu’à l’hotellerie-restauration par exemple).

7. Comparaison internationale : statuts d’emploi et faisceaux de tâches

La comparaison internationale du travail et de l’emploi musicaux constitue une piste féconde pour l’approche par les sciences sociales du fait musical. Quels sont les différents statuts d’emploi possibles pour les musicien.ne.s d’un pays à l’autre ? Existe-t-il des mesures de protection sociale spécifiques pour les travailleurs et travailleuses du spectacle vivant ? Quels sont les effets de ces dispositions légales, mais aussi du contexte socio-économique national sur le contenu du travail musical ?

Les propositions de communications en anglais ou en français sont attendues avant le 15 mai 2017 au plus tard. D’une longueur de 500 mots environ, elles seront adressées à marc.perrenoud@unil.ch et pierre.bataille@ulb.ac.be.

Par égard pour nos collègues non francophones, la langue de travail privilégiée pour le colloque est l’anglais. Si vous proposez une communication en français, prévoyez un support visuel (type Powerpoint) en anglais.

Lancement : Le réseau de recherche international Working in Music sera officiellement lancé lors du colloque.

Comité scientifique : Pierre Bataille, Howard S. Becker, Marie Buscatto, Martin Cloonan, Marc Perrenoud, Hyacinthe Ravet, Jérémy Sinigaglia, John Williamson.

Comité d’organisation : Pierre Bataille, Fabiana Carrer-Joliat, Camila Moyano, Nuné Nikogosyan, Marc Perrenoud, Loïc Riom

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