HAL Id: jpa-00206716
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00206716
Submitted on 1 Jan 1968
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Résonance et relaxation des fluors dans des fluorures complexes d’uranium VI pulvérulents
A.J. Dianoux, P. Rigny
To cite this version:
A.J. Dianoux, P. Rigny. Résonance et relaxation des fluors dans des fluorures complexes d’uranium VI pulvérulents. Journal de Physique, 1968, 29 (8-9), pp.791-798. �10.1051/jphys:01968002908-9079100�.
�jpa-00206716�
RÉSONANCE
ETRELAXATION
DES FLUORSDANS
DES
FLUORURESCOMPLEXES D’URANIUM
VIPULVÉRULENTS (1)
Par A.
J.
DIANOUX et P.RIGNY,
Département de Physico-Chimie, Centre d’Études Nucléaires de Saclay
(2).
(Reçu
le 14 mars1968.)
Résumé. 2014 Nous
présentons
une étude del’absorption
de résonancemagnétique
et de larelaxation des fluors des
complexes NaUF7
etNa2UF8 pulvérulents.
Lesphénomènes
sontdominés par la
présence
dedéplacements chimiques anisotropes importants,
et leur étudepermet
de proposer un modèle structural. Ainsi dansNaUF7,
l’uranium serait lié par covalence à six fluors formant un octaèdrequi
subit un mouvement de rotation dontl’énergie
d’activation est de 0,46 eV.Dans
Na2UF8,
nous n’avons pu établir de modèle structuralprécis ;
la structure trèssymétrique proposée
par Malm et al.paraît
toutefois exclue.Abstract. 2014 A F19
magnetic
resonanceabsorption
and relaxationstudy
in thecomplex
fluo-rides
NaUF7
andNa2UF8
ispresented.
The results show the existence oflarge
andanisotropic
chemical shift tensors, and a structural model is
proposed.
Thus inNaUF7,
six fluorine atoms would be bondedby
covalence to the uranium, and this octahedron wouldundergo
rotationshaving
0.46 eV activation energy.In
Na2UF8,
no definite structural model could beput
forward ; however the very symme- trical structureproposed by
Malm et al. seems to be ruled out.I. Introduction. - Dans les
solides,
les effets desd6placements chimiques
sur les spectres de resonancemagnetique
nucl6aire sontg6n6ralement masques
par lesélargissements dipolaires [1]. Toutefois,
il peut arriver que ces effets soient tellementimportants qu’ils
deviennent observables dans les
champs magn6tiques
obtenus avec des aimants conventionnels. C’est le cas
pour la resonance des fluors dans certains fluorures min6raux
[2, 3], malgr6
lesgrandes
valeurs desinteractions
dipolaires.
Nous
pr6sentons
ici une etude structurale depoudres
de fluorures
complexes
d’uranium VI et desodium,
de formule
NaUF7
etNa2UFs [4],
par la resonancemagnetique
des noyaux defluor, qui
a ete renduepossible
par l’observation desd6placements chimiques.
L’uranium a la valence VI ne
comporte
pas de mo- mentmagnetique 6lectronique
permanent, mais leterme de Van Vleck de sa
susceptibilite magnetique
a une valeur 6lev6e
(par exemple
pourUF 6’
Ámol2- 110 X 10-6
cgs) ;
unimportant paramagnetisme
de Van Vleck va de
pair
avec degrandes
valeurs desd6placements chimiques.
Malm et al.
[4]
ont obtenu despetits
monocristaux(1)
Ce travail est extrait d’une these que M. Dianoux doitpresenter
a l’Universit6 de Lyon dans le courant de l’ann6e 1968(num6ro d’enregistrement
au C.N.R.S. :A.O. 2047).
(2)
Boite Postale no 2, 91-Gif-sur-Yvette.de
Na2UF8
et en ont effectuel’analyse cristallogra- phique.
Le cristal estquadratique
centre et ses para-m6tres sont a =
5,27 A
et c =11,20 A;
lespositions
des fluors dans la maille n’ont pu etre
d6termin6es,
mais Malm propose d’entourer 1’atome d’uranium de huit
fluors,
les distances U-F 6tant toutesequivalentes.
Les
diagrammes
depoudres
deNaUF7
montrent que le reseau est de bassesym6trie,
mais la structurecristallographique
n’a pas ete d6termin6e.II. Mdthodes
expérimentales.
- 1. PREPARATIONDES COMPLEXES. -
NaUF7
estprepare
par reactionsolide-gaz
entre NaF etUFs
a latemperature
ambiante.NaF, soigneusement d6shydrat6,
est mis dans un reci-pient
de Kel-F etUF6
est introduit en exces parpi6geage.
On laisse la reaction sepoursuivre pendant plusieurs semaines,
le solide etantperiodiquement broye
sous boite a gants. Diff6rentespreparations
ontete faites et les
produits
ont ete caractérisés par desanalyses chimiques
etcristallographiques.
Lapresence
de traces de
Na2UF8
ne peut etre6vit6e,
mais il nereste ni fluorure de sodium ni hexafluorure d’uranium
non
r6agis.
Lasusceptibilite magnetique
estind6pen-
dante de la
temperature (xmol
=120 +
30 X 10-s cgsapr6s
correction dediamagnétisme),
cequi
montre1’absence
d’impuretes magn6tiques.
Na2UF8
estprepare
pardecomposition
de1’hepta-
fluorure d’uranium VI et de sodium sous vide a 95 °C.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01968002908-9079100
792
L’analyse cristallographique
montre I’absenced’impu-
retes cristallisées. La
susceptibilite
molaire est69ale-
ment constante, et
apres
la correction dediamagn6- tisme,
on obtient Xmol =(150 ± 40)
10-s cgs.2. SPECTRES D’ABSORPTION. - Les
spectres
sontenregistr6s
sur unspectrometre
Varian DP60, 6quip6
d’une unite a la
frequence
fixe de56,4
MHz ou d’uneunite a la
frequence ajustable
entre 2 et 16MHz,
parla
technique
des bandeslarges
ou l’onenregistre
lad6riv6e du
signal d’absorption.
Laposition
des raiesest
reperee
parrapport
ausignal
des ions F- d’unesolution aqueuse de fluorure de
potassium.
Les echantillons sont des
poudres
contenues dans des tubes de pyrex scelles sous vide. Les deuxcomplexes NaUF7
etNa2UF8 n’attaquent
pas le pyrex en dessous de 65 OC et 155 °Crespectivement; au-dela,
une16g6re decomposition
descomplexes,
avecrejet
deUF 6’
intervient. On peut faire varier la
temperature
de1’echantillon entre - 160 OC et + 200 OC en utilisant
un debit d’azote gazeux.
3. MESURES DES TEMPS DE RELAXATION. - Le
temps
de relaxationlongitudinal Tl
a 6t6 mesure a diff6rentesfrequences
ettemperatures.
Trois m6thdoes ont 6t6utilisees :
a)
Mithoded’impulsion.
- On aemploy6
une s6-quence de deux
impulsions
de 900 a lafrequence
de
9,3 MHz;
l’intensit6 duchamp radiofréquence
tournant est de 20 gauss
quand
le volume de 1’echan- tillon est1/2
cm3.b)
Saturation dusignal
dedispersion.
- On a d6termin6les
Ti
auxfrequences
de 16MHz,
8 MHz et 4 MHzen 6tudiant la saturation du
signal
dedispersion.
Goldman
[5]
a montre que pour lessolides,
etudiespar la
technique
des bandeslarges,
1’6tude de la saturation dusignal d’absorption
estcompl6tement inadapt6e
a la mesure deTl.
Lesignal
dedispersion, lui,
se saturenormalement;
a la resonance il est ’1
proportionnel
aHl 1 + 2 1 y 2H 2 I g (0) T, H,
est lagrandeur
duchamp
tournant, y est lerapport
gyro-magnetique
des noyaux etg(0)
est reli6 ausignal d’absorption v(A)
a faible niveau dechamp
radio-frequence
par :ou A est la distance du
champ magnetique
ext6rieura la resonance
(exprim6e
ens-1) .
c)
Mithode a56,4
MHz. - L’échantillon est irradi6 par unchamp radiofréquence
constant. Lechamp ext6rieur,
initialement a laresonance,
estdépIacé
autemps zero d’une
quantite grande
devant lalargeur
de la raie. Au
temps
0 du retour a laresonance,
onobserve sur
1’oscilloscope
unsignal d’absorption,
dontl’amplitude
étudiée en fonction de 6 donne letemps
de relaxationT1 (voir appendice).
III.
2tude
desspectres d’absorption
deNaUF7
pulvdrulent.
- Lespectre d’absorption
des fluors a56,4
MHzdepend
fortement de latemp6ra-
FIG. 1.
a) Signal
de resonance(absorption)
des fluors obtenu dansNaUF7 pulverulent
a -160 OC et 56,4 MHz.b) Signal
de resonance obtenu a 25 °C et 56,4 MHz.ture. On
distingue
trois domaines detemperatures (fig. 1) :
- pour T > 20
OC,
lespectre
comporte deuxraies,
l’une tres faible centree sur la
position
dusignal
de
F-, I’autre
intense etd6plac6e
vers leschamps
faibles de la reference de
12 ± 0,2
gauss. Les fluorsqui
donnent la raie laplus
intense ont un fortdeplacement chimique;
ils sont doncengages
dansdes liaisons de
covalence ;
- pour T
- 30 OC,
lespectre
a une formecomplexe qui
nechange plus lorsque
l’on abaisseencore la
temperature ;
- pour - 30 OC T
20 OC,
lespectre
6volue de la formecomplexe
vers la forme a deux raiesbien
s6par6es.
Au cours de cetteevolution,
lecentre de
gravite
de la raie intense nechange
pas. 11 est
deplace
de 850 ppm vers les baschamps
du
signal
de F-.1.
ETUDE
DE L’ABSORPTION A BASSE TEMPERATURE.- On a
represente
sur lafigure
2l’int6grale
de lacourbe
exp6rimentale
obtenue a - 160 °C. Le secondFIG. 2. -
Intégrale
de la courbeexp6rimentale
obtenuea -160 OC et 56,4 MHz. Le
signal
estinterprete
conune la
juxtaposition
de deux raies d’intensitésin6gales.
On a trace enpointfll6s
la formetheorique
des raies en l’absence
d’elargtssements spins-spins (voir fig. 3).
moment mesure est de
27,7 gauss2.
Cette valeur est tropgrande
pourcorrespondre
aux interactionsdipo- laires,
et nepeut s’expliquer
que par lapresence
d’ani-sotropie
dudeplacement chimique.
A vrai
dire,
onpeut pr6voir
queI’anisotropie
dudeplacement chimique
estimportante chaque
fois que ledeplacement chimique
moyen est lui-m6meimpor-
tant. Une faible
anisotropie
du tenseur dedeplacement chimique
semble etre lar6gle
dans lescomposes
fluores
[2, 6].
Ici nous verrons que1’anisotropie
estaussi
importante
que dansUFs [2],
c’est-a-dire environ dix foisplus
6lev6e que celle des fluors des liaisons C-F.a)
Forme de la raied’absorption
enprésence d’ anisotropie.
- En I’absence d’interactions
spins-spins,
1’existence d’uneanisotropie
axiale dudeplacement chimique
donne a la raie de resonance la forme
[6] :
h est la distance du
champ
exterieur au centre de laraie; v est
lafrequence
deresonance ;
on apose :
parametre d’anisotropie.
Les interactionsspins-spins
caract6ris6es par un second
moment m2 61argissent
laFIG. 3. - Fonction de forme d’une raie de
poudre
resultant d’une
anisotropie
axiale du tenseur ded6pla-
cement
chimique.
a// et ai sont les
d6placements chimiques quand
lechamp
exterieur estrespectivement parall6le
et per-pendiculaire
a 1’axe desym6trie. Ho
est la valeurdu
champ
de resonance en l’absence dedeplacement chimique.
On a trace en
pointfll6s
la forme de la raie avec61argissement spins-spins,
pour uneanisotropie 6gale
a 6 fois environ la
largeur dipolaire.
raie ainsi obtenue
(fig. 3),
et lui donnent un secondmoment
M2
2 2 = m+ 4
a2. L’existence d’une fonction 5de forme rend donc bien
compte
des seconds moments tresimportants
observes.La forme de la raie
exp6rimentale
obtenue a bassetemperature pourrait
recevoir essentiellement deuxexplications.
Onpourrait
tout d’abord avoir affaire a une seule raie due a des fluors tousequivalents
maisdont les
d6placements chimiques
sontanisotropes.
Lavaleur mesuree du second moment conduit dans ce cas a une
anisotropie
d’environ 1 250 ppm. Cette valeur6norme, sup6rieure
a celle du fluormol6culaire,
ainsi que la forme de la raie
d’absorption sugg6rent
que celle-ci doit
plutot
etreregardee
comme la super-position
de deux raiesd6cal6es,
et c’est dans cettehypoth6se
que nous allons1’analyser.
b)
Ditermination desanisotropies
et desparamètres
de laliaison
chimique.
- La raiecomplexe
obtenuepeut
sedecomposer
en deux raiesqui
sont chacune une fonc-tion de forme du
type f(h), 61argie
par une raie indi-794
TABLEAU I
PARAMETRES DES TENSEURS DE DISPLACEMENTS CHIMIQUES
DES FLUORS LIES PAR COVALENCE A L’URANIUM DEDUITS DES FORMES DES RAIES D’ABSORPTION
OBTENUES A BASSE TEMPERATURE
viduelle
approximativement gaussienne.
On aindique
sur la
figure
2 ladecomposition
laplus vraisemblable,
et pour chacune des raies la fonction de forme resul-
tant de
1’anisotropie.
Le rapport des surfaces des deuxraies,
voisin de2,
nouspermet
d’avancerI’hypoth6se
que l’uranium est entoure d’un octa6dre de
fluors, qui
comporte deux axes
egaux
et un troisi6me axe diffé-rent, comme dans 1’hexafluorure d’uranium solide
[2].
A
1’appui
de cettehypothèse,
il fautrappeler
que lesignal
obtenu a hautetemperature,
et surlequel
nousreviendrons, comporte
une raie faible et nond6plac6e
par
rapport
ausignal
d’un ionfluor, qui pourrait correspondre
ausepti6me
fluor ducomplexe NaUF7;
les
deplacements
des raiescorrespondant
aux deuxsites de l’octa6dre sont de
13,9
gauss pour les fluorsequatoriaux
et4,9
gauss pour les fluors axiaux. Les fluors axiaux sont ainsiplus ioniques
et doncplus 6loign6s
de 1’atome central que les fluors6quatoriaux.
Les valeurs des
param6tres
des fonctions de formefigurent
dans le tableau I. Ladecomposition graphique
de la raie
complexe
donne desanisotropies
a peupr6s 6gales
sur les deuxsites,
a, - a// =600 Jr
70 ppm.Les seconds moments mesures pour les deux raies obtenues par la
decomposition propos6e
sont deS,5 rL
1gauss2
et8,8::t:
1gauss2 respectivement
pour lagrande
raie et pour lapetite.
Cecidonne, compte
tenu de la valeur de
I’anisotropie,
une valeurgrossière
du second moment
dipolaire
m2 de 1’ordre de 3gauss2.
La distance 8 entre la raie des fluors axiaux et celle des fluors
6quatoriaux
est9 ±
1 gauss a56,4 MHz,
soit
640 ih
70 ppm. Ces valeurs rendent biencompte
du second moment total observe :Les
composantes
du tenseur dedeplacement
chi-mique
d’un noyau de fluors’expriment
en fonction desparam6tres
de la liaisonchimique
ou 1’atome de fluorconsid6r6 est
engage [7].
Dans le cas d’uneanisotropie axiale,
on a ainsi :so est une constante
qui
peuts’exprimer th6orique-
ment, mais
qu’il
vaut mieuxprendre semi-empiri- quement 6gale
a 863 ppm[7],
1 est le caractereionique
de la liaison et p son caract6re de doubleliaison;
onneglige
ledegr6 d’hybridation
sp de l’orbi- tale liante du fluor(qui
est environ0,05
pour des liaisonsC-F).
Lesd6placements
sontcompt6s
apartir
de l’ion F-
(I
=1,
p =0)
pourlequel
on v6rifieque T// = 61 = 0.
Les valeurs des
anisotropies,
d6termin6es sur la courbed’absorption
a bassetemperature,
nousconduisent aux
param6tres
tresapproximatifs
desliaisons
chimiques proposes
dans le tableau II.TABLEAU II
CARACTHRES DES LIAISONS U-F DANS
NaUF7
DEDUITS DES PARAMETRES DES TENSEURS DE DEPLACEMENT CHIMIQUE
Ces valeurs sont en accord raisonnable entre elles
et
qualitativement compatibles
avec les distances rela- tives des 6 atomes de fluor a l’uraniumcentral;
lesatomes de fluor les
plus 6loign6s
ont unimportant
caractere
ionique,
lesplus proches
un certain caract6rede liaison re. 11 faut remarquer que les fluors
6quato-
riaux ont un
16ger
caractereionique (I
=0,1),
alorsque dans
UFs [2]
celui-ci a ete trouve strictement nul.Ceci semble
indiquer
que les distances U-F sont16g6-
rement
plus grandes
dansNaUF7
que dansUF6’
D’un autre
cote,
ces caract6resioniques
peuventexpliquer pourquoi
le fluorure de sodium forme uncomplexe
avec 1’hexafluorured’uranium,
bien que celui-ci ne semble pasperdre
son identite. Les liaisonsentre
I’UF 6
et son environnement ne sont pas seule-ment du
type
Van derWaals;
elles sont6galement ioniques
pour une bonne part.2.
ETUDE
DE L’ABSORPTION A HAUTE TEMPERATURE.- Comme nous I’avons
dit,
le spectre obtenu a 25 °Cse compose de deux raies d’intensite tres differentes.
La raie
intense, d6plac6e
par rapport ausignal
d’unfluor
ionique
d’une distance6gale
a12 ± 0,2
gauss, est presquesym6trique.
Son second moment estde
3,2 gauss2.
La raie faible et nond6plac6e peut
etre étudiée a des intensites deradiofréquence qui
saturentla
grande
raie. Salargeur
est de2,6
gauss; cettepetite
raie nepeut
etre attribuée a du fluorure de sodium nonr6agi puisque
celui-ci donne une raie de 5 gauss delarge [8].
Nous avonspropose plus
hautde 1’attribuer au
septi6me
fluor del’heptafluorure
d’uranium VI et de sodium.
a)
Existence d’un mouvementdes fluors.
- L’évolution duspectre
avec latemperature
est d6crite par lafigure
4qui
montre la variation de laposition
desFIG. 4. - Variation avec la
temperature
despositions
des centres des deux raies
qui composent
lesignal
obtenu a basse
temperature
dansNAUF, pulverulent.
centres des raies. Dans la zone interm6diaire
(entre
- 30 °C et + 20
OC),
les deux raiesqui composent
lesignal
obtenu a bassetemperature
serapprochent jusqu’a
etre confondues.La transition observee sur le
spectre d’absorption
est due a un mouvement des atomes de fluors entre les deux sites non
equivalents,
L’existence d’une transitionallotropique
est exclue tant par le fait que lasuscepti-
bilit6
magnetique
ne subit pas de discontinuite que parce que la transition observee a lieu atemperature plus
bassequand
lafrequence
estplus
basse. La vitessedu mouvement
depend
de latemperature ; lorsqu’elle
est suffisamment
elevee,
les noyaux de fluors ne ressen- tentplus qu’un champ
moyen, et ne donnent doncqu’une
seule raie. A latemperature
de la coalescence des différentes raies duspectre,
letemps
T caract6ris-tique
du mouvement est tel que y 3,r -- 1. A - 20OC,
on a ainsi i N 4 ys.
b)
Modèle du mouvement. - Le mouvement des atomes de fluorauquel
nous avons affaire esttrop
lentpour affecter la valeur instantan6e des
anisotropies
des
d6placements chimiques.
Celles-ci demeurent doncun des elements
qui
determinent la forme de la raie desfluors,
meme a hautetemperature,
et ceci vapermettre de
pr6ciser
le mecanisme du mouvement.Dans le cadre du mod6le structural que nous avons
propose
dans la sectionpr6c6dente,
nous savonsd’abord que le mouvement doit faire passer
chaque
atome de fluor alternativement d’un axe
long
a unaxe court de l’octa6dre
UF 6’
Si ceci se faisaitgrace
ades vibrations suffisamment
amples
des liaisonsU-F,
la forme de la raie a haute
temperature
consisteraiten une raie
unique
mais dont la forme serait celle de lafigure
3. On voitqu’il
n’en est rien. Aucontraire,
la raie obtenue est
sym6trique
et les effets de 1’aniso-tropie
dudépIacement chimique
sontapparemment
absents. I1 faut en conclure quechaque
direction U-F occupe au cours du mouvementplusieurs
orientationsdifferentes,
de sorte que ledépIacement chimique
dufluor soit en moyenne
isotrope.
Les octa6dres
UFs
doivent donc effectuer des rota-tions autour de leur atome central. La consideration d6taill6e des
champs
de resonance des fluors dans lecas voisin de
I’UF 6
solide[9]
a montre que de telles rotations sont le seul mouvementcapable d’expliquer
la forme de la raie obtenue a haute
temperature.
D’un autre
cote,
la valeur de 3gauss2
du secondmoment est
incompatible
avec 1’existence de mouve- ments de translation desfluors,
etemp6che meme, semble-t-il,
de consid6rer la rotation du groupe cova-lent
auquel appartiennent
les fluors commecompl6-
tement libre.
Il faut
souligner
ici que 1’existence et le mod6le dece mouvement
apportent
des arguments tres forts en faveur deI’hypoth6se
structurale que nous avons pro-pos6e.
Les rotations nepeuvent
d’abord secomprendre
que si les atomes de fluor font
partie
d’un edificecovalent.
Ensuite,
d’un cote ledépIacement chimique
d’un fluor doit etre
isotrope
en moyenne, et de 1’autreles rotations semblent
proc6der
par sauts discontinusplutot
que librement. Tout ceci n’estcompatible
que si 1’edifice covalent a lui-m6me une structuresym6- trique
et les intensites des raiessugg6rent
que cette structure est bien un octa6dre.Waugh
et F6din[10]
ont 6tabli la relation appro-796
chee
Vo (cal/mole) N 37To qui
permet de calculer la hauteur de la barriere depotentiel Vo qui s’oppose
a la reorientation des molecules dans les
solides,
apartir
de latemperature T,
ou la raie commencea s’affiner. Dans
NaUF7.
on trouve ainsi que le mou-vement est decrit par une
energie
d’activation d’envi-ron
9,2 kcal/mole.
D’un autrecote,
la zone de transi-tion entre les deux formes de
spectres
est assezlarge (au
moins500)
et la raie intense s’affine encore16g6-
rement au-dessus de 20 °C. Look et Lowe
[11]
ontsignal6 qu’on
obtient uncomportement analogue quand
lesenergies
des differentespositions
du groupeen mouvement ne sont pas
6gales,
cequi
peut etre bien le cas dans un cristal a bassesym6trie
commeNaUF7.
IV.
Etude
de la relaxation dansNaUF7’
- Si larelaxation des fluors est influenc6e par le mouvement
que nous venons de mettre en
evidence,
son etude permettra depr6ciser
ladynamique
de ce mouvement.Il nous faut tout d’abord un critere
capable
d’etablirque tel est bien le cas.
1. THEORIE. - Le mouvement des fluors determine le
temps
de relaxationspin-reseau T,
de deux ma-ni6res : par la modulation de
1’energie
Zeeman desspins
nucl6aires et par la modulation des interactionsdipolaires.
Le temps de relaxation estapproximati-
vement donne par
[1] :
oc est un coefficient et
(i)D/Y
unchamp dipolaire, qui dependent
de la nature du mouvement; (i)D est de 1’ordre de la reduction du second moment de la raied’absorption, apport6e
par le mouvement dont T estle
temps caractéristique.
Si T est tel que wr >>
1,
cequi
sera le cas dansNaUF7,
la formule sesimplifie
en :La validite de cette formule est
susceptible
d’unebonne verification
exp6rimentale qui
fournit donc le critere d’une relaxation due au mouvement etudie : les isothermes sont des droitesqui
convergent sur 1’axe desabscisses,
du coten6gatif
Dans cesconditions, un diagramme 1/ T 1 == f(l /(i)2)
donne les valeurs deret de
1’anisotropie
a.L - al/, pourvu que (X etw2D
soientconnus
theoriquement.
2. RESULTATS. - On a
6tudi6,
par les trois m6thodes d6crites dans lapartie experimentale,
letemps
de relaxationspin-reseau Tl
des fluors dansNaUF7.
Les resultats sont
port6s
sur lafigure
5. On obtientun reseau de droites
parall6les,
dont lapente
d6finit1’6nergie
d’activation du mecanisme derelaxation,
E =
0,46
eV(10,6 kcal/mole).
On retrouve, dans la gamme d’erreur de 10%
annoncee par les auteurs, la valeur de1’energie
d’activation du mouvementFIG. 5. -
Temps
de relaxationlongitudinal
des fluors,en fonction de l’inverse de la
temperature
absolue,dans
NAUF, pulverulent.
donnee par la relation de
Waugh
et F6din[10].
Ceci
suggere
que, entre + 25 °C et 70OC,
la relaxation desspins
des fluors est effectivement due au mouve- ment des fluors.Aux
plus
bassestemperatures
lespoints experi-
mentaux
s’61oignent
desdroites,
et la relaxation estdue a un autre mecanisme dont
1’energie
d’activationest
plus
faible.3.
ETUDE
EN FONCTION DE LAFREQUENCE.
- Letemps
de relaxation croitquand
lafrequence
deFIG. 6. - Vitesse de relaxation dans
NaUF7 pulverulent
en fonction de l’inverse du carr6 de la
f requence
deresonance. Les isothermes convergent sur l’axe des abscisses, du cote
negatif .
resonance
croit,
latemperature
restant constante.Ceci montre que le mecanisme de relaxation efficace
aux hautes
temperatures
a untemps
de correlation tel que mz » 1. Sur lafigure 6,
on aport6
les valeurs de1/7B
en fonction de l’inverse du carre de la fr6- quence de resonance pour différentestemperatures.
Les isothermes sont bien des droites
qui
convergenten un
point
de 1’axe desabscisses,
du coten6gatif,
enaccord avec le critere
propose plus
haut. Ceci prouve que la relaxation des fluors a hautetemperature
estbien due a la modulation des
energies
Zeeman etdipolaire
desspins,
par le mouvement des atomes de fluor. On peut donc d6duire lesparam6tres dyna- miques
de ce mouvement, des mesures des temps de relaxation. Lafigure
5 montre tout d’abordqu’il
estpossible
de d6crire le tempscaractéristique
du mou-vement, T par une loi
d’Arrh6nius,
T = expElk T.
L’energie
d’activation(0,46 eV)
donne la hauteur de la barri6re depotentiel qui s’oppose
au mouvement.L’existence d’une
anisotropie
dudépIacement
chi-mique permet
meme de trouver la valeur de r. Lafigure
6 donne en effet :On peut calculer
th6oriquement
lesquantites
oc etW2 "
si le modele du mouvement est connu. Les calculs ont
ete faits dans le cas voisin de 1’hexafluorure d’uranium solide
[12]
ou 1’0ctaèdreUFs
subit des rotations discretes autour de son atomecentral, chaque
atomede fluor 6voluant entre les six
positions d’6quilibre permises;
les resultats sont :ro est la distance
qui s6pare
deux fluors voisins du meme octaedre(ro
=2,9 A
dansUF6).
Avecqui
sembleappropri6e
aNaUF7,
on obtient :n
Dans ces
conditions,
on obtient t =0,07 ± 0,02
us a 33OC,
et pour le facteurpréexponentiel
de la loid’Arrhenius "t’oo ===-
(2 ± 0,7)
10-15 s. A - 20oC,
ona ainsi r = 3 us, en bon accord avec les conclusions de 1’etude des formes de raies du
paragraphe
II. Cetteetude donne
6galement
une nouvelle determination deFaniso tropic
des tenseurs dedeplacement chimique:
on trouve 6 - a« =
640 ±
80 ppm, en bon accordavec la valeur d6duite
graphiquement
des spectresd’absorption.
V.
gtude
deNa2UF8.
- L’6volution du spectre de resonancemagnetique
des fluors de l’octafluorure d’uranium VI et de sodium avec latemperature
estsemblable a celle de
NaUF7,
maisd6plac6e
vers lestemperatures sup6rieures :
- pour T 0
OC,
le spectre a une formecomplexe qui
nechange plus lorsque
l’on abaisse encore latemperature ;
- pour 0 °C T 70
oC,
le spectre 6volue versune forme
plus simple;
- pour T > 70
OC,
le spectre se compose d’une raie intensed6plac6e
de 9 gauss environ vers les baschamps
par rapport ausignal
de F- et, semble-t-il,
de deux raiesfaibles,
l’une centr6e sur lesignal
deF-,
1’autred6plac6e
vers les baschamps
d’environ
3,5
gauss.Comme dans
NaUF7
la raie intense s’affine encorelorsque
l’on augmente latemperature ;
le faitqu’elle
soit fortement
d6plac6e
dusignal
d’un ion fluor montre que, la encore, les fluorscorrespondants
sontengages
dans des liaisons covalentes avec les atomes d’uranium.
L’evolution du spectre avec la
temperature
montreque nous sommes, ici encore, en
presence
d’un mou-vement des fluors. Nous avons trouve pour ce mouve- ment une
energie
d’activation de0,35
eV en mesurantle
temps
de relaxationspin-r6seau
a9,3 MHz,
a destemperatures comprises
entre 102 °C et 155 °C.La forme tres
complexe
du spectre obtenu a bassetemperature
n’a pas eteelucidee; n6anmoins,
il sembleque les fluors ne
puissent
pas occuper despositions
aussi
sym6triques
autour de l’uranium que le pro- posent Malm et al.[4].
VI. Conclusion. - Grace a 1’existence
d’importants d6placements chimiques
desfluors, l’étude
depoudres d’heptafluorure
d’uranium VI et de sodium par la resonancemagnetique
nucl6aire a donne des rensei- gnements structuraux assezprecis.
Le modele quenous proposons pour
interpreter
les resultats est le suivant : dansNaUF7,
six fluors restent lies a l’uranium par covalence formant un octa6dreUF 6’
leseptième
fluor restant
ionique.
Pourcomprendre
comment untel
complexe, qui
ressemble a une insertion stoechio-m6trique d’UF6
dansNaF,
peut etrestable,
il fautremarquer que les liaisons uranium-fluor ont un fort
degr6
d’ionicit6. Les arguments en faveur de ce mo- d6le sont essentiellement :- 1’existence
d’importants d6placements chimiques
tres
anisotropes
de presque tous les atomes desfluors, qui
montre que ceux-ci ne sont pasioniques;
- 1’existence d’un mouvement des fluors non ioni- ques. Au cours de ce mouvement, les
d6placements chimiques moyennes
dans le temps sontisotropes.
Ceci ne peut etre
compatible
avec1’anisotropie
instantan6e que si les
positions occupees
par lesfluors au cours du temps sont
sym6triques
autourde
1’uranium,
comme dans le cas d’un octa6dretri-rectangle ;
798
-
1’analogie
avec le spectre des fluors deI’UF6
dontl’allure est
identique
et lesparam6tres diff6rents,
mais du meme ordre de
grandeur.
D’un autre
cote,
1’etude de la relaxationspin-
reseau nous a donne
1’energie
d’activation du mou- vementqui
est de0,46
eV. L’existence dedeplace-
ments
chimiques anisotropes
nous a memepermis
ded6duire de cette etude la valeur du temps caract6-
ristique
de ce mouvement(4
ys a - 20OC)
et nous adonne une valeur de
I’anisotropie
des tenseurs dedeplacement chimique
des fluors de640 +
80 ppm.Dans
Na2UFg,
le spectre de resonancemagnetique
nucleaire met
6galement
en evidence 1’existence d’atomes de fluorengages
dans des liaisons covalentes.Une deuxi6me raie faible
qui,
a fortepuissance,
masque le spectre a
emp6ch6
une etudecomplete
dela relaxation. On a toutefois mis en evidence 1’existence d’atomes de fluor
engages
dans des liaisons de cova-lence et subissant un mouvement dont
1’energie
d’acti-vation est de
0,35
eV.11 est int6ressant de
rapprocher
notre modelestructural d’une etude
d’adsorption
de 1’hexafluorure d’uranium sur le fluorure desodium,
effectu6e par S. Katz[15]. L’adsorption
est meilleure si le fluorure de sodiumemploy6
estprepare
pardecomposition
d’un
complexe
avec 1’hexafluorured’uranium, plutot
que par les recettes conventionnelles. L’auteur re-
marque que tout se passe comme si ce fluorure de sodium conservait sous forme de lacunes des
positions pr6alablement occupees
par des molecules d’hexafluo-rure d’uranium. Cette observation est en
parfait
accord avec le mod6le structural que nous avons
propose
et, croyons-nous, fortementétayé
pour1’hepta-
fluorure d’uranium VI et de sodium.
Remerciements. - Nous sommes heureux de remercier Mme P.
Charpin,
M. P. Plurien etM. H.
Nguyen-Nghi
pour les stimulantes discussions dont nous avons b6n6fici6 au cours de ce travail.APPENDICE
Mesure de
T1
parpulsations
duchamp
directeur SuivantTorrey [13],
nous ecrivons lesequations
deBloch en coordonn6es r6duites. A la
resonance,
onobtient :
u et v ont leur
signification
usuelle et m =Mz jMo.
MZ
est la composantelongitudinale
de 1’aimantation nucl6aire etMo
est sa valeurd’equilibre;
on apose
T =
yH, t, (yH, T,) x = (yH, T2)
= 1.H,
est l’in-tensite du
champ
tournant.Apres
une irradiationprolongee
a lar6sonance,
m
prend
la valeur mo =(xp(l
+ap)-l.
Si lechamp
est ensuite maintenu hors resonance
pendant
untemps
0,
mprend
lavaleur mi
= 1-( 1- mo) e-el T l.
.On obtient le mouvement de
1’aimantation,
au mo-ment du retour a la resonance en resolvant le sys- t6me I. Avec les
approximations a « p et p oc >> 2, adaptees
a notreetude,
on obtient :Pour les solides ou
T2
est tres court, lapremiere exponentielle
estpratiquement negligeable,
et on peut ecrire :Pour mesurer
Tl,
on peut alors mesurer la constante detemps
aveclaquelle v(t)
atteint sa valeurd’6qui-
libre
[14].
Mais il faut auprealable
connaitre lavaleur de
Hl.
On peut aussiextrapoler
lesignal
al’origine
et mesurer :En variant
0,
on obtient letemps
de relaxationTl.
BIBLIOGRAPHIE
[1]
ABRAGAM(A.),
Theprinciples
of nuclearmagnetism,
The Clarendon Press, Oxford, 1961.
[2]
RIGNY(P.),
Thèse de 3ecycle, Rapport
CEA, R 2827, 1965.[3]
BLINC(R.),
PIRKMAJER(E.),
ZUPANCIC(I.)
et SLIVNIK(J.), J.
Chem. Phys., 1966, 45, 1488.[4]
MALM(J. G.),
SELIG(H.)
et SIEGEL(S.), Inorg.
Chem., 1966, 5, 130.
[5]
GOLDMAN(M.), J. Physique,
1964, 25, 843.[6]
ANDREW(E. R.)
et TUNSTALL(D. P.),
Proc. Phys.Soc., 1963, 81, 986.
[7]
KARPLUS(M.)
et DAS(T. P.), J.
Chem.Phys.,
1961, 34, 1683.[8]
GUTOWSKY(H. S.),
Phys. Rev., 1951, 81, 635.[9]
RIGNY(P.),
dans «Exchange
Reactions », AIEA, Vienne, 1965, p. 399.[10]
WAUGH(J. S.)
et FEDIN(E. I.),
SovietPhysics
Solid State, 1963, 4, 1633.