HAL Id: jpa-00209305
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Submitted on 1 Jan 1980
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Etude par R.M.N. du mouvement des fluors dans la solution solide Pb0,9Sn0,1F2
M. Durand, J. Pannetier, G. Denes
To cite this version:
M. Durand, J. Pannetier, G. Denes. Etude par R.M.N. du mouvement des fluors dans la solution solide Pb0,9Sn0,1F2. Journal de Physique, 1980, 41 (8), pp.831-836. �10.1051/jphys:01980004108083100�.
�jpa-00209305�
Etude par R.M.N. du mouvement des fluors dans la solution solide
Pb0,9Sn0,1F2
M. Durand, J. Pannetier (*) et G. Denes
Laboratoire de Chimie Minérale D (**), Université de Rennes I,
avenue du Général-Leclerc, 35042 Rennes Cedex, France
(Reçu le 18 février 1980, accepté le 11 avril 1980)
Résumé.
2014En substituant dans 03B2PbF2 le plomb par l’étain, dans des proportions 1 Sn pour 9 Pb, nous créons deux types de fluor que nous appelons I et S, et qui présentent des comportements différents entre 200 K et 320 K.
Un échange direct a lieu entre fluors n’appartenant pas à la même famille; nous montrons également l’existence d’une relaxation croisée entre les composantes Iz et Sz de l’aimantation parallèles à H0, et nous proposons une estimation des proportions relatives des deux types d’atomes de fluor.
Abstract.
2014By substituting Pb++ by Sn++ in 03B2PbF2 to obtain a ratio Pb/Sn
=9, one creates two kinds of fluorine atoms : I and S. These I and S fluorine atoms exhibit unlike behaviours between 200 K and 320 K. A direct exchange takes place between the two kinds of fluorine atoms. We observe a cross relaxation between the Iz and Sz components of the magnetization parallel to H0, and propose an estimation of the ratio NI/NS of
the populations of spins I and S.
Classification Physics Abstracts
76.60
1. Introduction.
-La technique de résonance
magnétique nucléaire est un moyen puissant d’étude
des mouvements atomiques dans les conducteurs
ioniques, aussi est-elle largement utilisée depuis quelques années [1, 2].
Les études de conductivité électrique des solutions solides Pbl 1-xSnxF 2 (1) [3] montrent que ces composés possèdent, dans leur domaine d’existence, une conduc- tivité supérieure à celle de PPbF 2 aux mêmes tempé-
ratures. De nombreux travaux de R.M.N. et de conductivité ont été effectués sur PPbF2 qui est un
conducteur ionique bien connu. Nous en citons quelques-uns dans les références [4] à [9].
Nous présentons ici un travail de R.M.N., et prin- cipalement de relaxation nucléaire magnétique, relatif
à la composition Pbo,gSno,,F2. Nos résultats montrent qu’à basse température le comportement de la solu- tion solide Pb0,9 Sn0,1F 2 est très différent de celui de PPbF 2,
L’étude aux rayons X et aux neutrons (G. Dénes
et J. Pannetier, non publié) [3] des solutions solides
(*) Institut Laüe-Langevin, 156 X, 38042 Grenoble Cedex,
France.
(**) Laboratoire Associé au C.N.R.S. n° 254.
(1) D. Ansel, 1978, Communication privée, Laboratoire de
Métallurgie, I.N.S.A. Rennes.
Pb1-xSnxF 2, avec 0 x 0,3, a montré que ces
composés ont une structure dérivée de la fluorine.
L’analyse R.M.N. de Pbo,gSno,lF2 a mis en évi-
dence deux types d’atomes de fluor 1 et S (fiPbF2 ne possède qu’uri seul type d’atomes de fluor). Les
.
fluors appelés S sont en réseau rigide, jusqu’à une température qui se situe aux alentours de 320 K.
A partir de 203 K, les fluors 1 sont mobiles du point
de vue de la R.M.N. qui est sensible aussi bien aux
mouvements locaux qu’aux mouvements diffusifs à
longue distance (alors que la conductivité électrique
ne permet d’avoir accès qu’à la seconde catégorie de mouvements).
A basse température, en dessous de 320 K, les
mouvements restent localisés, et nous observons un phénomène de relaxation croisée entre les deux familles de spins, dû aux opérateurs 1 + S - + I- S + de leurs interactions dipolaires. Nous mettons éga-
lement en évidence un échange direct entre les deux types d’atomes de fluor, visible à la fois sur le T2
et sur le temps de relaxation croisée Tm. Les résultats
obtenus à haute température à partir du T2 et du T, peuvent s’interpréter par un mouvement diffusif à
longue distance et conduisent à une énergie d’acti-
vation comparable à celle que donne la conductivité.
2. Méthodes expérimentales.
-Les échantillons de poudre utilisés ont été préparés dans des tubes
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01980004108083100
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en cuivre. Le mélange sous atmosphère d’argon est porté à 250 °C pendant 15 min., puis à 500,°C pen- dant une heure, avant de subir une trempe.
Les mesures de R.M.N. ont été faites sur un spec- tromètre Bruker de type SXP. Le T2 a été obtenu à
partir de l’enveloppe des échos de la séquence Carr- Purcell-Meiboom-Gill, et le Tl par la séquence
La gamme des températures étudiées s’étend de 173 K à 573 K.
3. Résultats et discussion.
-3.1 SIGNAUX DE
PRÉCESSION LIBRE ET SPECTRES D’ABSORPTION.
-Nous observons directement le signal de précession libre
avec le spectromètre à impulsions dont nous dispo-
sons. A partir de ce signal, qui représente la réponse
en fonction du temps, du système de spins, à une impulsion de 90°, nous calculons le spectre d’ab-
sorption qui est la transformée de Fourier de la
précession libre.
Nous avons pu définir trois types de signaux de précession libre, et donc trois types de spectres en fonction de la température :
-
En dessous de 203 K, la précession libre décroît très rapidement en quelques dizaines de micro-
secondes, et possède une allure tout à fait compa- rable au signal de précession libre de CaF2 obtenu
quand la direction (100) est parallèle à Ho [10] ; le spectre est formé d’une raie unique, très légèrement asymétrique, de largeur constante et égale à 27 kHz
à mi-hauteur.
-
Dans la région qui s’étend de 203 K à envi-
ron 320 K, le signal de précession libre possède une
forme composée. Au signal déjà présent en dessous
de 203 K, et qui dure environ 50 gs quelle que soit la température, se superpose un signal qui décroît exponentiellement en fonction du temps, et dont la durée et la hauteur initiale varient avec la tempéra-
ture. Dans cette zone de température, une partie
des fluors reste en réseau rigide alors que l’autre est
en mouvement. Le spectre d’absorption qui se pré-
sente so4s la forme d’une raie large, de largeur à
mi-hauteur constante, surmontée d’une raie fine, ne permet pas d’observer de décalage en fréquence
d’une raie par rapport à l’autre, bien que nous tra- vaillions à 84,68 MHz ; il n’y a donc pas de variation de déplacement chimique notable entre les deux types de fluor.
-
Dans la troisième région, située au-dessus de 320 K, le signal de précession libre est une expo- nentielle unique, et la raie d’absorption est de forme
lorentzienne : les deux types de fluor sont devenus indiscernables.
3.2 TEMPS DE RELAXATION SPIN-SPIN T2.
-La figure 1 montre la variation de T2-1 1 avec la tempé-
rature. Dans la région où les fluors rapides 1 et les
Fig. 1.
-Dépendance en température de la vitesse de relaxation
spin-spin : T2-1 pour les spins I( x, 0) et de la vitesse de relaxation croisée Tm’(1). Les mesures de T2-1 à haute température ont été
effectuées sur deux échantillons différents.
[Temperature dependence of spin-spin relaxation rate T2-1 for spin I( x, 0) and cross relaxation rate Tm-1(2022). High temperature data
were taken from two samples.]
fluors très lents S sont discernables, c’est-à-dire
entre 200 et 320 K, c’est le T2 des fluors rapides qui
est mesuré. Nous extrapolons la partie exponentielle
de l’enveloppe des échos jusqu’au temps t
=0, et le T2 est le temps au bout duquel l’exponentielle a
décru jusqu’à la valeur lie de sa hauteur initiale.
Les deux types de fluors ayant la même fréquence
de résonance, il existe une relaxation croisée entre Ix
et Sx dans le référentiel tournant [11], mais étant
donné que la partie exponentielle du signal est beau-
coup plus longue que l’autre, nous négligeons en première approximation l’effet des spins S sur le T2
des spins I.
Au-dessus de 323 K, l’enveloppe des échos est une exponentielle unique.
Sur la figure 1, nous observons trois régimes dis-
tincts de relaxation. T2- 1 commence par décroître
quand la température augmente, croît ensuite entre 293 et 323 K, et finalement décroît à nouveau au-dessus de 323 K.
1
Dans la région de plus basse température, entre 200 et 293 K, les spins I ne sont plus en réseau rigide,
mais les variations du T2 sont trop faibles pour que l’on puisse parler d’énergie d’activation. De plus,
les mouvements qui affectent ces spins 1 sont proba-
blement des mouvements locaux ; en effet, ceux-ci
se font encore sentir jusqu’à 323 K, comme nous le
verrons au paragraphe suivant, et s’il s’agissait d’un
mouvement diffusif à longue distance, Lucat et al. [3]
devraient l’observer dans leur étude de conductivité,
au moins jusqu’à 323 K, or il n’en est rien. Parallè-
lement, les facteurs Debye-Waller du fluor obtenus
par affinement du diagramme de diffraction des neutrons, ne sont pas très élevés : B(F) = 2,9 + 0,2
à 288 K ; il faut noter, d’ailleurs, que ces facteurs B(F)
sont constitués de deux termes : un facteur d’agita-
tion thermique propre et une contribution due au
désordre statique (distorsion locale du réseau fluo-
rine). Les variations du T2 dans cette région pour- raient alors être attribuées à des variations thermiques d’amplitudes de vibration de phonons.
Entre 293 K et 323 K, la courbe T2-1 change de
sens; ce comportement peut s’expliquer par un
échange direct à une fréquence -c2 ’ 1 entre fluors n’appartenant pas à la même famille. Jusqu’à 323 K,
le signal de précession libre reste composé, les spins S
sont toujours en réseau rigide, ce qui implique un échange lent : T2 > 1/ LBw, où Aco est la largeur de
raie en réseau rigide, et si on appelle r, 1 le temps de corrélation des fluors I, T2-1 1 est de la forme :
Nous avons dû tenir compte de cette vitesse d’échange T2’ dans la séquence Carr-Purcell-Meiboom-Gill;
nous nous sommes limités à l’intervalle 2 t le plus
court possible entre deux échos [12, 13]. Nous avons
choisi 2 t
=20 ps, car pour des valeurs supérieures,
le T2 mesuré est notablement plus faible. En fait, dans la’ région croissante de T2-t 1 où ’r2 >1 10-5 s,
nous limitons l’effet de l’échange sur le T2 expéri- mental, en choisissant un intervalle court
entre deux échos successifs de la séquence [14]. Ce phénomène pourrait expliquer l’allure aplatie du
maximum de T2-l.
Au-dessus de 323 K, T2-l 1 décroît à nouveau quand
la température augmente et le temps de relaxation
spin-spin mesuré est celui de l’ensemble des fluors
car le signal n’est plus composé et possède une forme
à peu près exponentielle. La décroissance de T2-1
est beaucoup plus rapide dans cette région qu’au-
dessous de la température ambiante, et nous pou-
vons mesurer une énergie d’activation
en assez bon accord avec la valeur corrigée de Lucat
et al. : en effet, pour Pb0,9Sn0,1F 2, E 0,43 eV et
non 0,38 eV comme indiqué [3], car dans le cas d’un
processus activé thermiquement, on a
Notre valeur est également tout à fait compatible
avec les résultats de conductivité d’autres auteurs (2) qui obtiennent énergies d’activation suivantes :
Nous pensons que la contribution dominante
au T2; dans la région haute température, est due à
la modulation par le mouvement des interactions
dipolaires entre les spins S plus fortement liés.
3. 3 « RELAXATION CROISÉE ».
-Un phénomène de
relaxation croisée a été observé entre les spins rapides 7
et les spins lents S dans le référentiel du laboratoire, c’est-à-dire entre les composantes Iz et Sz de l’aiman- tation, parallèles à Ho. Nous avons pu mesurer un temps de relaxation croisée TM entre 273 K et 323 K.
Au-dessus de 323 K, la relaxation croisée n’est plus observable, et en dessous de 273 K, la partie expo- nentielle du signal est trop faible pour permettre une
mesure précise.
Dans tout ce chapitre, nous suivons le raisonne-
ment de Goldman et Shen [11], dont nous redonnons
ci-dessous les grandes lignes.
Nous faisons l’hypothèse que la région où nous
observons une relaxation croisée entre I, et Sz se
situe dans la zone adiabatique, c’est-à-dire : wo i > 1, où il est à nouveau défini comme le temps de corré- lation des fluors I. Nous avons, en plus, la condi-
tion AWT2 > 1. Nous pouvons donc n’utiliser que la
partie séculaire des interactions dipolaires entre les spins.
Soient NI le nombre de spins 1 et Ns le nombre de spins S. La contribution de ces interactions à l’évolu- tion de 1, est donnée par [15, 11] :
soit
Mais, comme dans le cas de T2, il faut tenir compte de l’échange entre les deux types de spins à la fréquence T2-1,
d’où
(2) D. Ansel, communication privée.
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Mais, à chaque instant, Iz > + Sz >
=Io + So, Io et So sont les aimantations longitudinales à l’équi- libre, et le temps de relaxation mesuré dans l’expé-
rience de relaxation croisée où l’on suit l’évolution de I,, est en fait un temps de mélange :
Nous avons repris la séquence utilisée par Goldman et Shen qui comporte trois impulsions de n/2 :
Après la première impulsion, nous attendons un
temps to pour que la composante Sx ait complète- ment disparu, et la seconde impulsion de n/2 en opposition de phase avec la première crée la situation initiale suivante : Sz
=0, Iz 0. Nous avons fixé to à 60 ps pour avoir un signal exponentiel après l’im- pulsion de lecture pour les faibles valeurs de T (c’est-à-
dire i rr 10 lis). Nous faisons ensuite varier T, et pour chacune de ses valeurs nous extrapolons la partie exponentielle du signal jusqu’au temps t = 0 après la troisième impulsion, ce qui nous donne la
hauteur à l’origine de l’exponentielle : h (référence [11],
page 324, Fig. 4). h décroît d’abord exponentiellement
en fonction de T, avec une constante de temps T.
que nous avons déterminée pour plusieurs tempé-
ratures entre 273 K et 323 K.
La figure 2 montre l’allure des signaux obtenus à
296 K pour différentes valeurs de z; quelle que soit la température, la hauteur initiale du signal complet
ne varie pas jusqu’à
=4 ms, cependant la partie exponentielle décroît au profit de l’autre quand i augmente. A partir de r
=4 ms, la réponse, après la
troisième impulsion, a la même allure qu’un signal
de précession libre normal. Pour i > 4 ms, le signal
- -