HAL Id: jpa-00231248
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Submitted on 1 Jan 1976
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Influence de la nature du solvant sur la relaxation ultrasonore de molécules simples et d’oligomères
D. Rogez, R. Cerf
To cite this version:
D. Rogez, R. Cerf. Influence de la nature du solvant sur la relaxation ultrasonore de molécules simples et d’oligomères. Journal de Physique Lettres, Edp sciences, 1976, 37 (5), pp.105-109.
�10.1051/jphyslet:01976003705010500�. �jpa-00231248�
INFLUENCE DE LA NATURE DU SOLVANT SUR LA RELAXATION
ULTRASONORE DE MOLÉCULES SIMPLES ET D’OLIGOMÈRES
D. ROGEZ et R. CERF Laboratoire
d’Acoustique
Moléculaire(*)
Université
Louis-Pasteur, 4,
rueBlaise-Pascal, Strasbourg,
France(Re~u
le6 fevrier 1976, accepte
le24 fevrier 1976)
Résumé. 2014 On a mesuré
l’absorption
ultrasonore du 1, 1, 2-trichloroéthane, de la crotonaldéhyde,du 1, 2-dibromobutane et du 2-bromohexane dans des solvants de polarités et de viscosités ~0 diffé- rentes, entre 15 MHz et 175 MHz. Les fréquences de relaxation obtenues en solution sont du même ordre de grandeur que celles des produits purs. L’isomérie de rotation est ralentie par les interactions
dipolaires, mais elle est peu sensible à la valeur de ~0. Dans le domaine de fréquence exploré, le
processus d’isomérie de rotation est donc non-diffusionnel. Des spectres fournis par un oligostyrène
de masse M = 600 en solution dans la décaline et l’éthylbenzène ont été analysés en une relaxation simple. La variation de la fréquence de relaxation avec ~0 montre que le processus est également
non-diffusionnel dans ce cas.
Abstract. 2014 The ultrasonic absorptions of 1, 1, 2-trichloroethane, crotonaldehyde, 1, 2-dibro- mobutane and 2-bromohexane have been measured in solvents of various polarities and viscosities
(~0)
between 15 MHz and 175 MHz. The relaxation frequencies obtained in the solutions are of thesame order as those of the pure samples. The process of rotational isomerism is slowed down by dipolar interactions, but shows little sensitivity to the value
of ~0.
Thus, in the frequency range which has beenexplored,
the process of rotational isomerism is non-diffusional. Spectra obtained for anoligostyrene of molecular weight M = 600 in decalin and ethylbenzene have been analysed as single
relaxations. The
dependence
of the relaxation frequency on ~0 shows that in this case the process is also non-diffusional.Classification Physics Abstracts
7.250 - 7.270
Nous etudions ici l’influence du
solvant,
notam-ment de sa viscosite 110’ sur la relaxation ultrasonore due a l’isomérie de rotation d’un solute. Cette etude
est motivee par les faits suivants :
i)
Les modes collectifs de deformation des macro-molecules en chaines resultent de la
superposition
de
reorganisations
locales par isomerie de rota-tion
[1].
ii)
11 a etesuggere [2, 3]
que deux types de mouve-ments
locaux,
diffusionnels etnon-diffusionnels,
sonten
competition,
et que les seconds se manifestent dans la relaxation ultrasonore despolymeres.
(*) E.R.A. au C.N.R.S.
Les termes
diffusionnel
etnon-diffusionnel
s’enten-dent au sens que leur donne Kramers
[4]
dans 1’etude du franchissement d’une barriere depotentiel
par uneparticule
brownienneimmergee
dans un fluide vis- queux.Lorsque
lephenomene
est controle par la viscosite ilo du solvant il estdiffusionnel ;
dans ce casla
probabilite
de passage P est telle que :ou a,est
un coefficient. Lephenomene
est au contrairenon-diffusionnel
lorsque
la barriere se manifeste dans1’expression
deP -1
comme dans la theorie des vitesses de reaction par un terme bindependant
de 110’c’est-a-dire
lorsque :
’Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphyslet:01976003705010500
L-106 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
11 est connu par ailleurs que pour un
systeme simple
a deux etats
(1
et2)
le temps de relaxation ultrasonoreest donne par
1’expression T - 1 ~-- P 12
+P21,
ouPI2 et P2, désignent
lesprobabilites
des transitions 1 ~ 2. En mesurant T dans des solvants de differentes viscosites il est doncpossible
depreciser
le carac-tere diffusionnel ou non-diffusionnel de
changements
de conformation deceles au moyen des ultrasons.
Dans les chaines
polymeriques
cesexperiences
seheurtent a deux difficult6s : la
premiere
est liee a laquestion
de savoir si enchangeant
de solvant onmodifie la
dynamique
locale autrement que par la variation de 110. La seconde est liee a1’analyse
duspectre
ultrasonore d’une macromolecule en relaxa- tionssimples.
Pour
repondre
a lapremiere question,
et savoir enmeme temps si l’isomérie de rotation des molecules
simples
detectee aquelques
dizaines de MHz est diffusionnelle ou non, nous avons etudie quatre molecules dans des solvants de différentes viscosites.Nous avons
egalement
etudie desoligostyrenes,
et nous donnons les resultats concernant un
produit
de masse moleculaire M = 600. Pour un
oligomere
similaire il a été
signale [5]
que le spectre dans le toluene resulteapproximativement
d’une relaxationsimple.
Nous avons obtenu un resultatanalogue,
du moins
lorsque
le momentdipolaire J.1
du solvantest
petit.
Leprobleme
de1’analyse
des spectres peut donc etre evite ici dans unelarge
mesure.Les solvants que nous avons utilises ne
presentent
pas de relaxation dans le domaine de
frequence explore.
1. Molecules
simples.
- Les mesuresd’absorption
des ultrasons dans des molecules
simples
ont cteeffectuées entre 15 et 175 MHz avec
1’appareil
aimpulsions
realise par M. Lemarechal.La
figure
1represente
les spectres ultrasonores du1, 1,
2-trichloroethane a 35 OC en solution de concen-tration c =
0,1
fraction molaire dans dix solvants.On a
porte (a - a~) ~, Vo/Vx 103
en fonction de lafrequence
enrepresentation
doublementlogarith- mique ;
cxdesigne 1’absorption
de la solution a lafrequence N ;
CXoo est dcfini parA
designe
lalongueur
d’onde desultrasons; V designe
la vitesse de
propagation
des ultrasons dans le solvant etVo
une constanteegale
a 105cm/s.
On a introduitle facteur
multiplicatif Vol V
afin deseparer
les courbes les unes des autres. Les courbesrepresentent
unerelaxation
simple.
La
figure
2represente
les spectres du1, 2-dibro-
mobutane a 35 °C en solution c =0,1
fraction molaire dans neuf solvants.FIG. 1. - Increment d’absorption ultrasonore par longueur d’onde porte en fonction de la frequence en representation doublement logarithmique pour le 1,1 ,2-trichloroéthane dans le n-hexane (0), le n-heptane (-0), la decaline
(6), Ie
xylene (02013), l’aniline(~),
le dibutylphtalate (A), 1’acetone
(~),
le nitrobenzene -{>), la N,N-dimethylformamide (~2013) et la N-methylacetamide (D).FIG. 2. - Increment d’absorption ultrasonore par longueur d’onde porte en fonction de la frequence en representation doublement logarithmique pour le 1,2-dibromobutane dans le n-hexane (0), le n-heptane (20130), la decaline
(6),
le xylene (0-), le dibutyl- phtalate (A), l’acétone(~),
Ie nitrobenzene la N,N-dimé-thylformamide (1- ) et la N-methylacetamide (D).
La
figure
3 fournit les valeurs de lafrequence
de relaxationNr
pour le1,
2-dibromobutane en fonction de la concentration dans deux solvants dont les mo- mentsdipolaires (~
= 0D, a
=4,03 D)
sont respec-FIG. 3. - Frequence de relaxation Nr du 1,2-dibromobutane a diverses concentrations dans deux solvants de polarites diff6rentes
n-heptane (0) et nitrobenzene (V).
tivement inferieur et
superieur
a celui du solute(~ ~
2D).
Les variations deNr
en fonction de csont en accord avec celles obtenues par d’autres auteurs dans des cas similaires
[6, 7].
Ces variationsresultent des interactions solute-solute et solute- solvant. Les resultats de la
figure
3 montrentqu’aux
concentrations choisies ici
Nr
differe peu de sa valeurextrapolee
a c =0;
dans ces conditions 1’effet des interactions entre molecules de solute estnegligeable.
Le tableau I resume les resultats obtenus pour les quatre
molecules,
et conduit aux constatations sui- vantes :i)
Lafrequence
de relaxationNr
mesuree en solutionest
toujours
de l’ordre degrandeur
de celleNr*
duproduit
pur.ii)
Les ecarts a la valeurNr* dependent
essentielle- ment de lapolarite
du solvant. Pour un solutepolaire
et un solvant
non-polaire Nr
>Nr*. Lorsque
lesolvant a une
polarite plus
elevee que celle du soluteNr ~V*.
Onpeut
resumer ces observations endisant que les interactions
dipolaires
ralentissent les processus d’isomerie de rotation.Cet effet est toutefois faible pour la
crotonaldehyde
et le
2-bromohexane,
tandis que les variations deNr
n’excedent
pas 3
de leur valeur en milieu de faiblepolarite
pour les deux autres molecules.iii)
Dans les solvants les moinspolaires
on noteun effet du terme a~o dans
1’expression
deP -’,
mais la variation de
Nr
avec yyo reste faible. Aucune influence de 170n’apparait
dans les solvants depolarite
elevee. ’
Pour les
produits
etudies l’isomérie de rotation est donc non-diffusionnelle auxfrequences envisagees,
avec
predominance
du terme b dansFeq. (2).
TABLEAU I
Absorption
ultrasonore par isomerie de rotation :frequences
de relaxation en MHz.(Les parametres relatifs
aux isomeres purs sont
indiques
par unasterisque.
Les solutions sont a c =0,1
enfraction
molairesauf
pour lacrotonaldehyde qui
est a c =0,2)
L-108 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
2.
Oligostyrene.
-L’oligostyrene
de Pressure Che-micals de masse moleculaire nominale M = 600
et d’indice de
polydispersite MplMn 1,06
a eteetudie a la concentration
c = 5 x 10 - 2 g/cm3
dans ladecaline aux
temperatures
T = 0 °C et 22~C,
ainsique dans
1’ethylbenzene
et 1’aniline a T = 0 ~C.Les mesures ont ete effectuées avec
l’appareil
aimpulsions deja cite ;
elles ont etecompletees
par desmesures realisees a basse
frequence
avec un resonateurde type
Eggers [8]
mis aupoint
par M. Michels.Les quatre
spectres
sontrepresentes
sur lafigure
4dans une
representation analogue
a celle desfigures
1et 2.
FIG. 4. - Increment d’absorption ultrasonore par longueur d’onde porte en fonction de la frequence en representation doublement logarithmique pour un oligostyrene de masse moleculaire M = 600 dans l’ethylbenzene (D) et l’aniline (A) a T = O°C, et dans la decaline a T = 0 °C (0 ) et T = 22 °C (· ). °
i)
Sauf dans le cas du solvant leplus polaire (aniline, ~
=1,51 D),
les spectres resultent enpremiere approximation
d’une relaxationsimple, representee
par une courbe en trait
plein
sur lafigure
4. Aucunecart a une relaxation
simple
n’est visible dans notre domaine defrequence
dans la decaline a T = 0 °C et dans1’ethylbenzene
a T = 0 °C. Dans la decaline a T = 22 °C des ecartsdepassant
les erreurs de mesureapparaissent;
ils traduisent unelargissement
duspectre vers les hautes
frequences.
Le spectre obtenu dans 1’aniline ne peut pas etreanalyse
en une relaxation(les points
obtenus a bassefrequence
ne seplacent
pas sur la courbe tracee en
pointille
sur lafigure 4).
ii)
Dans la decaline lafrequence
de relaxationvarie de - 18 MHz a - 25 MHz entre T = 0 °C et T = 22 °C. Pour les isomeres
simples
lafrequence
de relaxation varie d’un facteur 2 a 3 sur le meme intervalle de
temperature [9].
Nous attribuons la variationcomparativement
faible deNr
observeepour
l’oligostyrène
au fait que la molecule comporte environ 6 chainons dont les mouvements ne sont pasindependants.
iii)
Le tableau II rassemble les valeurs des fre- quences de relaxation obtenues dans la decaline et dans1’ethylbenzene
ainsi que les viscosites de ces solvants.En considerant
plus particulierement
les spectres obtenus a T = 0 OC(donc
dans des conditions ouI’analyse
en une seule relaxation estsatisfaisante),
on voit que 110 a été
multiplie
par un facteur voisin de4,
tandis queNr
a etemultiplie
par1,4
environ. Nous en concluons que le processus etudie est non-diffusionnel.Nous
comptons
mettre aprofit
lapossibilite
d’obser-ver des relaxations
simples
dans lesoligomeres
pour etudier les conditions danslesquelles
ces spectress’elargissent.
Remerciements. - Nous
exprimons
nosplus
vifsremerciements a MM. les Docteurs Lemarechal et
Michels pour 1’aide
apportee
dans les mesures d’ab-sorption
des ultrasons. ’r
TABLEAU II
Frequences
de relaxation pourl’oligostyrene
M = 600 en solution dans la decaline et1’,&thylbenzene
Bibliographie
[1] ORWOLL, R. A. et STOCKMAYER, W. H., Stochastic models forchain dynamics, Adv. Chem. Phys., ed. Prigogine et Rice (Interscience, New York), 1969, Vol. XV, p. 305.
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ed. W. P. Mason (Academic Press, New York), 1965, Vol. II, A, p. 203.