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Mauvaises herbes des cultures pluviales au Nord-Est du Bénin

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Academic year: 2021

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Mauvaises herbes

des cultures pluviales

au nord-est du Bénin

Un certain nombre d'adventices majeures

sont méconnues, alors que des espèces,

telles que Striga spp., Chromolaena odorata

et Imperata cylindrica, sont largement étudiées

sur le plan international. La maîtrise des

problèmes d'enherbement constitue un moyen

important pour accroître la production agricole,

en particulier des cultures de cotonnier au

Bénin, où comme dans d'autres pays africains,

les rendements en cotonniers sont actuellement

stationnaires et la production agricole augmente

seulement grâce à l'accroissement des surfaces.

D

ans ce but, une enquête sur la flore a d v e n t i c e a é té c o n d u i t e sur le c o t o n n ie r , le s o rg h o et l'ig n a m e , dans différents secteurs agricoles du Borgou au nord-est du Bénin.

Un inventaire régional

précis

L'inventaire a été réalisé dans le département du Borgou. Sur les 53 parcelles de cotonnier, de s o rg h o et d 'ig n a m e , r e p ré s e n ta n t 181 points de comptage (tableaux 1 et 2), ont été re c e n s é e s 24 f a m i l l e s b o t a n i q u e s : 53 espèces co m plètem ent identifiées et une d iz a in e d'espèces d o n t on a pu déte rm ine r le g e n re . Les p o a c é e s r e g r o u p e n t 25 % des e s p è c e s ; les a s té r a c é e s , 1 1 ,6 % ; les fa b a c é e s , les c o m m e l i n a c é e s et les euphorblacées, 6,7 %.

A. AHANCHEDE

Faculté des sciences agronom iques, BP 5 2 6 , C otonou, Bénin

J. GASQUEZ

Institut national de la recherche agronom ique, BV 1 5 4 0 , 2 1 0 3 4 Dijon, France

Agriculture et développement ■ n° 7 - Septembre 1 995

[C liché C . Eger

Tridax procumbens.

(2)

M êm e si le nom bre d'espèces répertoriées par fam ille reste faible, l'im portance relative des familles concorde avec les études anté­ rieures en région tropicale (MERLIER, 1972 ; VECCHIO et al., 1984 ; TRAORE et MAILLET, 1992 ; LE BOURGEOIS, 1993).

Les résultats p a rc e lla ire s m o n tr e n t que le n o m b re d'e spèces ide n tifié e s par p arc e lle varie de 3 à 19, avec une moyenne globale de 10,9 ± 3,5 (figure 1). Dans les différents secteurs, les moyennes s'établissent à 8,8 ± 2,7 pour Tchaourou, 12,9 ± 2,9 pour Bimbéréké, 10,9 ± 3,0 pour Kandi. Ces moyennes ne sont pas statistiquement différentes entre elles. Sans être tr o p écartés de c e ux obte nu s au Bénin par GABOREL (1985) ou par d'autres auteurs sous clim a t tropical, ces résultats sont cependant caractérisés par des valeurs moins éle vées en n o m b r e m o y e n d 'e s p è c e s par p a r c e lle , en p a r t i c u l i e r p o u r les ra is o n s suivantes :

- le nom bre de relevés est faible et ils sont effectués sur une période courte, au début du cycle cultural, certaines espèces n'ayant pro­ bablement pas levé. C'est le cas d'Agératum

conyzoides dans le secteur soudano-sahélien

de Kandi. C'est ce qui explique aussi l'absence de Striga dans cet inventaire ;

- pour les espèces, Cassia spp. ou Sida spp. par e x e m p le , la d é s ig n a t io n est g lo b a le , ramenée à une seule espèce pour effectuer les c a lc u ls de fré q u e n c e et d 'a b o n d a n c e . Des d iffic u lté s de reconnaissance au stade plantule sont apparues.

O n peut signaler par exemple que D aniellia

O l i v e r i est a bs e nt des re le v é s au sud du

Bo rg o u (où il a b o n d e g é n é r a le m e n t) . En revanche, l'observation est juste concernant les deux autres régions, car il est plus présent dans le moyen que dans le nord Borgou.

Dactylotenium aegyptium.

C liché CIRAD-AMATROP

Tableau 1. N o m bre de parcelles enquêtées par secteur et par culture. Secteur agricole Cultures prospectées

C o to nn ier Sorgho Igname TOTAL

Kandi 10 6 4 20

Bim béréké 8 3 6 17

Tchaourou 6 4 6 16

TOTAL 24 13 16 53

Nombre d'espèces par parcelle

Figure 1. Richesse floristique parcellaire.

Les prospections réalisées

Les relevés floristiques

Les conseillers agricoles ont été mis à con trib u tio n po ur le c h o ix des parcelles ( r é p a r titio n et d iv e r s if ic a tio n des c u ltu re s ). L 'a ire d 'id e n t i f i c a t io n et de com ptage est déterm inée par un carré d 'u n mètre de côté.

D eux à quatre com ptages sont réalisés par station, en fo n c tio n de l'h o m o ­ généité de la parcelle. Un to u r de ch a m p est effectué en fin d 'ob serva tion pour s'assurer que des espèces n 'o n t pas été omises. La superficie m oyenne d 'u n e parcelle dans le Borgou est de 0,2 hectare.

Cette enquête con du ite avec une seule campagne d'observation, a eu lieu en début de cycle pour le coto nnier et le sorgho (3 à 6 semaines après les semis), en fin de c y c le végétatif po u r l'ignam e. Faute de temps, plusieurs passages n'étaient pas possibles.

Les données analysées

La fréquence relative d 'u n e espèce correspond au pourcentage de parcelles dans lesquelles l'espèce est présente.

Dans cette étude, l'ab on dan ce m oyenne est calculé e de la façon suivante : p o u r une espèce, le n o m b re to ta l de p ie d s au m ètre c a rré est égal à la somme des valeurs moyennes des comptages sur la parcelle (n), X = XI + X2 + X3 + ...+ Xn, (Xn = valeur m oyenne des comptages sur la parcelle n). L'abondance m oyenne d'un e espèce est égale au rapport de X sur le nom bre total de parcelles où l'espèce est présente. Calculée de cette manière, l'a b o n ­ dance est to u jo u rs associée à la fréquence dans les com m e ntaire s de cette étude po ur apprécier l'im p o rta n c e d 'u n e espèce.

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La région du Borgou au Bénin

Le départem ent du Borgou couvre 51 0 0 0 kilom ètres carrés soit un peu m oins de la m o itié du te rrito ire nation al. Le m ilie u naturel est caractérisé par des p la te a u x à sols f e r r u g in e u x t r o p ic a u x sur f o r m a t io n m e u b le , un c li m a t s oudanien avec une saison des pluies en m oye nn e de mai à septembre. La p lu v io m é tr ie m o y e n n e a n n u e lle v a rie entre 9 0 0 et 1 100 m illim è tre s . Les m oyennes therm iques journalières sont constam m ent élevées, entre 26 °C et 28 °C. Le nord-est du Bénin a un c lim a t tropical de type soudanien, avec des régions extrêmes subissant d'autres influences : sahélienne au nord du Borgou et hum ide de type guinéen au sud de ce département (figure 2). L'enquête s'est déroulée dans ces trois secteurs clim atiques : Tchaourou, Bim béréké et Kandi.

1

Figure 2. Situation du département du Borgou et son gradient pluviométrique.

M alanville

D é p a rte m e n t d u Borgou

Bimbéréké Parakou Station météorologique étudiée Isohyète principale en millimètres par an Limite d'Etat Limite de département Tchaourou

Une production agricole diversifiée

La v é g é t a t io n d e la r é g io n est c o n s t it u é e des espèces ty piq ue s des savanes : Parkia biglobosa, A dansonia d ig ita ta , V itte lla ria paradoxa, A n dropogon gayanus et Pennisetum s p p . La p r o d u c t i o n a g r i c o l e d u B o r g o u c o m p r e n d essentiellement le cotonnier, le sorgho et l'ignam e. En 1992, le sorgho o c c u p a it le p re m ie r rang des superficies cultivées avec près de 80 000 hectares ; le coto n n ie r c o u v ra it 75 0 0 0 hectares et l'ignam e, 43 0 0 0 hectares (D A P S -M D R , 1993). Depuis, la s itu a tio n s'est inversée au p r o fit des c ultu res de c o to n n ie r . Selon une é tu d e ré c e n te m enée par C O LN A R D (1995), un exploitant agricole du village de S ik k i-G o u ro u dans l'o u e s t du Borgou c u ltiv e 5 hectares en m oyenne avec 49,4 % de cotonnier, 14,9 % de sorgho (3e rang) et 13,4 % d 'ig n a m e (4e rang). A Sakabansi dans l'est du Borgou, un exploitant cultive 3,4 hectares en m oyenne répartis en 2 6 ,6 % en c o t o n n i e r ( 2 e ra n g ), 1 6 ,9 % en sorgho (3e rang) et 15,3 % en igname (4e rang).

Le calendrier cultural

L'igname, cultu re venant en tête de rotation après d é fric h e des ja chères de longue durée (8 ans ou plus), est p la n té e de ja n v ie r à m ars. Sa ré c o lte in tervient à partir d 'a o û t po ur les variétés précoces ou de d é c e m b r e p o u r les v a rié té s ta rd iv e s . Le c o to n n ie r est in tro d u it dans la rotation dès la 3e ou 4 e année. Il est parfois installé en tête de rotation après défriche de jachère de courte durée (3 ans). Le semis du co to n n ie r a lieu en ju in et la récolte en octo bre-n ovem b re. Le c o to n n ie r peut être cultivé q u a t r e a n n é e s d e s u ite (o u p lu s ) g r â c e à la f e r t i l i s a t i o n m in é r a le . Le s o rg h o est sem é fin m a i- d é b u t ju i n et il est r é c o lté en n o v e m b re - décembre.

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Famille Genre et espèce M onocotylédones Araceae Commelinaceae Cyperaceae D icotylédones Aizoaceae Amaranthaceae Annonaceae Asteraceae Caesalpinaceae Capparidaceae Convolvulaceae Euphorbiaceae Lamiaceae Loganiaceae Malvaceae Pedaliaceae Rubiaceae Scrofulariaceae Solanaceae Sterculiaceae Tiliaceae

Stylochiton lancifolius Kotschy et Peyr. Aneilema beniniensis (P.Beauv.) Kunth. Commelina benghalensis L. Commelina bracteosa Hassk. Commelina sp. Cyperus spp. Mariscus alternifolius Vahl. Acroceras zizanioides (Kunth) Dandy

Andropogon gayanus Kunth var. bisquamulatus (Hochst.) Hack Brachiaria deflexa (Schum.) C.E.Hubb. ex Robyns Brachiaria jubata (Fig. et De Not.) Stapf Brachiaria lata (Schum.) C.E.Hubb. Dactyloctenium aegyptium (L.) P.Beauv. Digitaria horizontalis W illd. Digitaria sp. Eleusine indica (L.) Gaertn. Imperata cylindrica (L.) P.Beauv. Paspalum scrobiculatum L. Pennisetum pedicellatum Trin. Pennisetum polystachion (L.) Schult. Rottboellia cochinchinensis (Lour.) W.Clayton Setaria pallide-fusca (Schum.) Stapf et C.E. Hubb.

M ol lugo nudi caul is Lam. Amaranthus spp. Celosía trigyna L. Annona senegalensis Pers. Acanthospermum hispidum DC. Agératum conyzoides L. Aspilia bussei O.Hoffm. et Muschl. Bidens pilosa L.

Blumea aurita (L.f) DC. Tridax procumbens L. Vernonia cinerea (L.) Juss. Cassia spp.

Daniellia oliveri (Rolf.) Hutch et Dalz. Cleome viscosa L.

Ipomoea eriocarpa R.Br. Euphorbia heterophylla L. Euphorbia hirta L.

Phyllanthus amarus Schum.& Thonn. Securinega virosa (Roxb. ex W illd.) Baill. Indigofera secundiflora Poir. Sesbania pachycarpa DC. Tephrosia spp.

Zornia glochidiata Reichb. ex D.C. Leucas martinicensis (Jacq.) R.Br. Spigelia anthelmia L. Hibiscus asper Hook.f. Sida spp. Boerhavia coccinea M ill. Boerhavia diffusa L. Boerhavia erecta L.

Sesamum radiatum Schum et Thonn. Mitracarpus villosus (Sw.) DC. Spermacoce stachydea DC. Striga hermonthica (Del.) Benth. Physalis angulata L. Waltheria indica L. Corchorus tridens L.

La fréquence

des espèces majeures

et leur répartition

régionale

Les d ifférents gro upes d'espèces sont repré­ s e n té s p a r le u r f r é q u e n c e d ' a p p a r i t i o n (tableau 3). Seules les espèces d o n t les fré ­ q u e n c e s a tt e ig n e n t au m o in s 2 5 % s o n t m e n tio n n é e s dans les résultats. O n co m p te a in s i 13 e s p è c e s d o m in a n te s d a n s le su d B o r g o u ( s e c te u r d e T c h a o u r o u ) , 19 espèces dans le m oyen Borgou (secteur de B im b é r é k é ) e t 17 e s p è c e s d a n s le n o r d Borgou (secteur de Kandi).

D a ns t o u t le d é p a r te m e n t, so n t re censées

D ig ita ria h orizo n ta lis et C o m m e lin a bengha­ lensis. Dans une m o in d r e mesure, on p eu t

c i t e r d a n s c e tt e c a té g o r ie le s e s p è c e s suivantes : S perm acoce stachydea avec une présence plus marquée vers le nord ; Leucas

m a r t in ic e n s is a v e c u n e p r é s e n c e p lu s

marquée vers le sud.

Dans le dom ain e soudano-sahélien de Kandi, o n r e tr o u v e D a c t y lo c t e n iu m a e g y p tiu m ,

R o ttb o e llia c o c h in c h in e n s is . Dans la zo n e

Enherbement d'une culture de maïs : principalement Commelina benghalensis.

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Tableau 3. Flore adventice (fréquence et abondance) des cultures de cotonnier, de sorgho et d'ig n a m e dans les différentes régions du Borgou, pour les mauvaises herbes d o nt la fréquence est supérieure à 25 %.

Sud Borgou

Nom s des espèces M oye n Borgou

fréquence

%

Digitaria horizontalis Tridax procumbens Leucas martinicensis Agératum conyzoides Pennisetum pedicellatum Commelina benghalensis Phyllanthus amarus Boerhavia diffusa Vernonia cinerea Spermacoce stachydea Imperata cylindrica Celosia trigyna Ipomoea eriocarpa Rottboellia cochinchinensis Pennisetum polystachion Brachiaria lata Commelina sp. Aspilia bussei Cyperus spp. Stylochiton lancifolius Corchorus tridens Amaranthus spp. Mitracarpus villosus Mollugo nudicaulis Daniellia oliveri Dactyloctenium aegyptium Setaria pallide-fusca Sida spp. Commelina bracteosa 94.0 75 62.5 62.5 56.2 50.0 43,7 37.5 37.5 31.2 25.0 25.0 25.0 abondance pieds/m 2 11,5 18.7 19,1 16.8 7.4 14,3 1,1 7.5 4.3 1.4 7,8 7.2 5.3 fréquence

%

70,6 76,5 58,8 70,6 41,2 76,5 58,8 64.7 58.8 58.8 4 7.0 4 7.0 47.0 47.0 35.3 35.3 29.4 29.4 29.4 abondance pieds/m 2 3,5 3,7 4,2 14,6 1,1 2,4 4,4 3 1,6 0,9 1.7 1,1 1,1 1, 1 3.0 1.8 3,2 1.1 0,7 Nord Borgou fréquence O//o 95 40 70 25 60 75 40 35 35 30 75 35 45 85 45 45 30 abondance pieds/m 2 4,2 1.4 14,9 2,9 2.4 5,8 0,4 1 3,3 1,6 1,0 4,5 2,0 4.0 5,3 0,6 2.0 fSk, Début d'implantation en culture cotonnière par

Commelina benghalensis et Z f ë Brachiaria lata. Clichés A. Ahanchede Enherbement important en culture cotonnière, I P e n n is e t u m p e d i c e l l a t u m et A g é r a t u m c o n y z o i d e s s o n t r e c e n s é e s d a n s le sud

Borgou au c lim a t soudano-guinéen. Tridax

p ro c u m b e n s est c o m m u n e aux secteurs du

sud et du moyen Borgou, il en est de même p o u r P e n n is e t u m p o l y s t a c h i o n d an s les secteurs du moyen et du nord Borgou. Etant d o n n é le f a i b l e n o m b r e de re le v é s dans c h a c u n e des zones, le c o m p o r te m e n t des espèces ne peut être analysé que pour celles qui ont une fréquence élevée dans au moins une des zones.

Les fréquences décroissantes du nord au sud de D a c t y l o c t e n i u m a e g y p t iu m (85 % au n o rd , 1 7,6 % au ce n tre , 6,2 % au sud) et d ' Ipomoea eriocarpa (75 % au nord, 58,8 % au centre, 25 % au sud) co n firm e n t l'adap­ ta tion p lu tô t sahélienne de ces adventices, c o m m e l 'o n t p ro u v é d 'a u tre s tra v a u x (LE BOURGEOIS, 1993). Com m elina bracteosa d'u ne fréquence assez moyenne (30 %) reste strictement soudano-sahélienne.

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Les résultats d'abondance

des mauvaises herbes

par parcelle

Les infestations en C om m elina benghalensis restent les plus stables dans to u t le d é p a r­ tement (14 pieds par mètre carré).

Pour les espèces d o m in a n te s , les c h iffre s d'abondance apparaissent élevés, entre 7 et 19 pieds par m ètre ca rré, dans le secteur soudano-guinéen de Tchaourou. La situation est to u t autre dans les secteurs de Kandi et B im b é r é k é en z o n e s n o r d et c e n t r e , où l'a b o n d a n c e m o y e n n e ne dépasse g u è re 5 pieds par mètre carré.

D'après la c o rrélation entre les données de fréquence et d 'a b o n d a n c e , les espèces très fréquentes sont aussi celles qui p ro voq ue nt les infestations les plus importantes. Les coef­ fic ie n ts de c o rr é la tio n obte nu s (tableau 4) traduisent tous, une liaison significative. La fr é q u e n c e et l'a b o n d a n c e des m au vaises herbes évoluent dans le même sens. Dans des situations c lim a tiq u e s très contrastées, des r e m a r q u e s s i m i l a i r e s o n t é té fa ite s p a r TRAORE et MAILLET (1992) en c lim a t tr o ­ pical de type sahélien et par MAILLET (1992) en région tempérée dans les vignobles fran­ çais. En revanche, LE BO UR G EOIS (1993) fait cas de l'absence de corrélation et attribue ce constat aux conditions écologiques hété­ rogènes du Nord Cameroun.

Les mauvaises herbes

majeures en fonction

de la place des cultures

dans la rotation

D ix espèces d 'i m p o r t a n c e a g r o n o m iq u e — dont la fréquence est supérieure ou égale à 25 % — sont co m m un es aux cultures de co ton nie r, de sorgho et d 'ign am e. Dans les parcelles de cotonnier et de sorgho, on relève 16 espèces communes. Au total, 22 espèces sont rencontrées dans les parcelles de c oton­ nier : 6 graminées, 1 cypéracée et 15 espèces à feuilles larges.

Les espèces les plus importantes sont : - D igitaria h orizo ntalis avec une fréquence d'environ 70 % dans l'igname et 92 % dans

Tableau 4. C oefficient de corrélation entre la fréquence et l'abondance des mauvaises herbes rencontrées dans les trois secteurs du Borgou. Secteur prospecté C oefficient Probabilité

de corrélation

T chaourou 0,61 95 %

Bim béréké 0,44 99 %

Kandi 0,44 95 %

le sorgho et le c o to n n ie r. Son a b o n d a n c e varie entre 5 et 7 plantes par mètre carré ; - C o m m e lin a b e n g h a le n s is très fré q u e n te dans le cotonnier (75 %) et le sorgho (84 %), mais plus rare dans l'igname (31 %) ;

- Ip om oea eriocarpa très fréquente dans le c o t o n n i e r et le s o r g h o (75 % et 69 % respectivement), mais absente des parcelles d'igname.

Les différences de flore répertoriées — pour les espèces peu fréquentes — p ro v ie n n e n t peut être de la faiblesse de l'échantillonnage. T r o is a d v e n t i c e s , B r a c h i a r i a j u b a t a , D i g i t a r i a sp. et D a n i e l l i a o l i v e r i s o n t

rencontrées exclusivem ent dans les champs d'igname. L'igname est cultivée parfois dans les bas-fonds ou sur défriches p o rta n t une v é g é ta tio n d 'a rb re s et d 'a rb u s te s , ce q u i e x p liq u e ra it la présence dans cette cu lture d 'u n e adventice co m m e Brachiaria jubata à affinité pour les m ilie u x humides. D an iellia

o l i v e r i , m a is aussi V i t t e l l a r i a p a r a d o x a , A n n o n a senegalensis, et Securinega virosa

sont des ligneux. Leurs rejets apparaissent sur des p a r c e lle s n o u v e l l e m e n t d é f r ic h é e s . Il n'est donc pas étonnant de rencontrer ces espèces dans les champs d 'ign am e, culture venant en tête des rotations après une longue jachère.

La différence de flore la plus notable entre les cultures d 'ign am e et celles de co ton nie r ou de sorgho provient essentiellement de la place de chaque culture dans la rotation plu tôt que des différences d'itinéraires techniques. Les a b o n d a n c e s co n s ta té e s p o u r c h a q u e espèce ne sont généralement pas différentes d ' u n e c u l t u r e à l 'a u t r e . C o m m e l i n a

b e n g h a le n s is fa it e x c e p tio n , p u is q u e l'o n

dénom bre 16 pieds par mètre carré dans les cultures de co ton nie r et de sorgho et seule­ ment 4 pieds par mètre carré dans les cultures d 'i g n a m e . Ce c o m p o r t e m e n t p a r t i c u l i e r p ro vie nd rait du d éveloppem ent m oind re de

C om m elina benghalensis dans les parcelles

(7)

Les similitudes floristiques dans les cultures de c o to n n ie r et de sorgho peu ven t s 'e x p li­ quer par le fait que la céréale bénéficie de la f e r t il i s a t io n a n t é r ie u r e m e n t a p p o r té e au c o t o n n ie r , et par la p o s it io n de ces d e u x c u ltu r e s dans la r o t a tio n (dès la 3 e ou la 4e année). Il est généralement admis qu'en ce q u i c o n c e r n e les m a u v a is e s h erbe s, une parcelle de culture est d'autant plus infestée q u ' e l l e est v i e i l l e . D e p lu s , les sem is de sorgho et de c o to n n ie r o n t lieu presqu'à la même époque dans l'année. En outre, la ferti- lis a tio n m in é r a le du c o t o n n ie r p e rm e t de répéter ces cultures sur une même parcelle pendant plusieurs années successives.

Il ressort de l'analyse de ces résultats que la d ig ita ire (D ig ita ria h o riz o n ta lis ), su iv ie de près par C o m m e lin a benghalensis sont les adventices les plus fréquentes. Cependant, cette dernière est la plus abondante dans tout le département.

Bien que la d ig ita ire soit plus fréq ue nte et d'abondance non négligeable, les paysans ne la considèrent pas com m e une espèce posant des problèmes malherbologiques. Selon eux, elle est plus facile d'entretien par le sarclage. En outre, à to rt ou à raison, ils considèrent q u'elle est moins nuisible.

Conclusion

Les v a ria t io n s c lim a tiq u e s des rég io ns du Borgou e x p liq u e n t en partie les différences flo ris tiq u e s dégagées dans cet in v e n ta ire . Certaines espèces sont m ieux adaptées à la r é g io n s a h é li e n n e , d 'a u t r e s à la r é g io n s o u d a n ie n n e h u m id e . Par e x e m p l e ,

D a c t y lo c t e n iu m a e g y p tiu m et C o m m e lin a b ra c te o s a so nt re n c o n tré e s fr é q u e m m e n t

dans la région soudano-sahélienne du nord,

Agératum conyzoides et Pennisetum p e d ic e l­ l a t u m s o n t r e n c o n t r é e s s u r t o u t d a n s le

dom aine soudanien hum ide du sud. La flore adventice est m oins riche dans le dom aine s o u d a n o - g u i n é e n , m a is l 'a b o n d a n c e moyenne des espèces y est plus élevée. D ' u n e m a n iè r e g é n é r a le , le n o m b r e d'espèces inventoriées par parcelle est faible. Hormis les arguments de m éthodologie évo­ qués (temps d 'inve ntaire court, d iffic u lté de d is tin c tio n des espèces au stade p la ntule), certaines espèces c om m unes aux jachères, com m e A ndropogon gayanus, sont rarissimes dans des p a rc e lle s c u ltiv é e s . En te rm e de f r é q u e n c e et d 'a b o n d a n c e , C o m m e l in a

benghalensis est la première espèce d 'im p o r ­

tance a g ro n o m iq u e au nord. Cette p ré p o n ­ d é r a n c e d a n s u n e r é g io n à c l i m a t sec, confirm e la capacité de résistance à la séche­ resse de cette espèce, c o m m e l'o n t signalé H O L M et al. (1977).

Dans cette étude, la nature du sol joue pro­ b ab le m e nt peu et la situation des parcelles dans la toposéquence n'est pas déterminante sauf dans certains cas pour l'igname.

En re v a n c h e , l 'a n c i e n n e t é de la m ise en culture est un facteur primordial, ce que met bie n en é v id e n c e la s p é c ific ité de la flo re adventice dans les cultures d'ignam e. L'âge des parcelles app araît c o m m e le p rin c ip a l fa c te u r a g r o n o m iq u e d 'i n f e s t a t i o n d 'u n e culture par les mauvaises herbes ; les champs les plus infestés sont ceux cultivés plusieurs années de suite et la m a îtris e de l'e n h e r - b e m e n t d e v ie n t p lu s d i f f i c i l e , lo rs q u e la m êm e c u lt u r e est rép été e d 'u n e a n n é e à l'autre.

B ib lio g ra p h ie

A D A M K.S. et BOKO M., 1983. Le Bénin. EDICEF, Paris, France, 98 p.

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Digitaria horizontalis.

C liché C . Bouméd¡ié

Résumé... Abstract... Resumen

A. AHANCHEDE, J. GASQUEZ — Mauvaises herbes des cultures pluviales au nord-est du Bénin. Une enquête est menée dans trois localités du départe­ ment du Borgou au Bénin, pour évaluer l'im portance agronom ique des mauvaises herbes des principales cultures : cotonnier, sorgho et igname. Les paramètres utilisés sont la fréquence et l'obondance. Les espèces identifiées représentent 24 familles botaniques avec les poacées 25 % des espèces, les astéracées 11,6 % ; les fabacées, les commelinacées et les euphorbiacées, 6,7 %. Parmi les mauvaises herbes les plus fréquentes dans tout le déportement, on trouve : D igitaria horizontalis avec une fréquence d'environ 70 % dans l'igname, 92 % dans le sorgho et le cotonnier, son abondance varie entre 5 et 7 plantes par mètre carré ; Commelina benghalensis très fréquente dans les cultures de cotonnier (75 %) et de sorgho (84 %), mais rare dans les cultures d'igname (31 %), avec une abondance stable de 14 plantes par mètre carré ; Ipomoea eriocarpa avec une abondance va ria nt entre 4 et 6 plantes par mètre carré est très fréquente dans le cotonnier et le sorgho (75 et 69 % respectivement), mais absente des parcelles d'igname. Cette espèce est surtout dom inante dans le domaine soudano-sahélien. Dans cette étude, l'ancienneté de la mise en cu ltu re et la place de la cultu re dans la rotation déterminent en grande partie la flore identifiée dans les cultures de cotonnier, d'igname et de sorgho. Mots-clés : enquête, mauvaise herbe, cotonnier, igname, sorgho, fréquence, abondance, Bénin.

A. AHANCHEDE, J. GASQUEZ — Weeds in rainfed crop fields of northeastern Benin.

A survey was conducted at three locations in Bourgou Department (Benin) to determine the agricultural impact of weeds on the main crops, i.e. cotton, sorghum and ya m . P la nt incidence and cover a bu ndance were assessed. The id e n tifie d weed species belonged to 24 different plant families, with 25% Poaceae, 11.6% Asteraceae, and 6.7% Fabaceae, Commelinaceae and Euphorbiaceae species. Some of the most common weeds in the Department are: Digitaria horizontalis, with about 70% incidence with yam, 92% with sorghum and cotton, at an abundance rate o f 5-7 p la n ts /m 2; Commelina

benghalensis is very common with cotton crops (75%)

and sorghum (84%), but less with yam (31%), with a stable abundance rate o f 14 p la n ts /m 2; Ipom oea

eriocarpa has an abundance rale of 4-6 plants/m 2 and is

very common with cotton and sorghum (75% and 69%, respectively), but absent in yam fields. This latter species is especially dominant in the Sudano-Sahelian zone. In this study, the length of time the plot has been cropped and the status of the crop in the rotation generally determined the flora identified according to the cotton, yam and sorghum crops.

K eyw ords: s u rv e y , weed, c o tto n , ya m , so rg hu m , incidence, abundance, Benin.

A. AHANCHEDE, J. GASQUEZ — Malezas de los cultivos de secano en el Noreste de Benin. Se está realizando una encuesta en tres localidades del departamento de Borgau, en Benin, para evaluar la importancia orgánica de las malezas en los principales cu ltivo s: a lgodón, sorgo y ñam e. Los p arám etro s utilizados son la frecuencia y la abundancia. Las especies identificadas representan 24 familias botánicas, siendo las páceos el 25% de las especies, las asteráceas el 11,6% y las fabáceas, commelináceas y euforbiáceas el 6,7% . Entre las malezas más frecuentes en lodo el departamento, se encuentran: Digitorio horizontalis, con uno frecuencia de un 70% en el ñame, el 92% en el sorgo y el algodón y su abundancia varía entre 5 y 7 plantas por metro cuadrado; Commelina benghalensis, muy frecuente en los cultivos de algodón (75%) y de sorgo (84%), pero rara en los cultivos de ñame (31%) con una abundancia estable de 14 plantas por metro cuadrado; Ipomoea eriocarpa, con una abundancia que varía entre 4 y 6 plantas por metro cuadrado y muy fre c u e n te en el a lg o d ó n y el sorgo (7 5 y 69% respectivamente), pero ausente de las parcelas de ñame. Esta especie es dom inante sobre todo en el campo sudano-saheliano. En este estudio, la antigüedad de la puesta en cultivo (y por consiguiente del lugar del cultivo en la ro ta c ió n ) d e te rm in a en gran parte la flo ra identificada según los cultivos de algodón, ñame y sorgo. Palabras clave: encuesta, maleza, algodón, ñame, frecuencia, abundancia, Benin.

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