F ERRIOT
Géométrie. Application de la doctrine des projections à la recherche des principales propriétés de l’ellipse
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 2 (1811-1812), p. 240-248
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240
GÉOMÉTRIE.
Application de la doctrine des projections à la recherche
des principales propriétes de l’ellipse ;
Par M. F E R R I O T , Licencie ès sciences , professeur cle,
mathématiques
aulycée de Besançon.
PROPRIÉTÉS
I.
J’APPELLE Ellipse
laprojection orthogonale
d’un cercle sur unplan qui
n’est pasparallèle
ausien. J’appellc
Centre due cette el-lipse
laprojection
du centre du cercle sur sonplan. J’appelle
en-fin Diamètre de
l’ellipse
toute droitequi ,
tracée sur sonplan ,
passe par son centre, et se termine depart
et d’autre à la courbe. Tout diamètre del’ellipse
est donc laprojection
d’un diamètre du cercle.Toutes les
projections
d’une mêmefigure
sur desplans parallèles
entre eux étant
égales, je supposerai p a l’avenir ,
pour fixer lesidées ,
que le
plan
del’ellipse
passe par le centre ducercle ,
de manièreque
l’ellipse
et le cercle auront le même centre. Jedésignerai
para le rayon du
cercle , par o
l’inclinaison de sonplan
à celui del’ellipse ,
etje ferai ,
pourabréger ,
aCos.03B8=b.2. On voit par là que
l’ellipse
a avec le cercle un diamètre communégala
2a, et que le diamètre del’ellipse perpendiculaire
à celui-là est2aCos.03B8=2b. Il est de
plus
facile de démontrer que lepremier
de cesdiamètres est le
plus grand,
et que le dernier est leplus petit
detous les diamètres de
l’ellipse.
Je lesappellerai
à l’avcnir legrand
axe et le
petit
axe.3. Soient
pris
legrand
axe pour axe des x et lepetit
axe pour axe desY de
manière que le centre de la courbe soitl’origine
des coordonnées.x
et y
étant les coordonnées d’unpoint quelconque
del’ellipse ,
lescoordonnée
D E L’ELLIPSE. 24I
coordonnées du
point correspondant
du cercle seront x ety Cos.03B8;
onaura
donc ,
par lapropriété
ducercle,
ou , en
multipliant par a2 ,
ou enfin
équations
connues del’ellipse
d’où on déduira que lesquarrés
desordonnées,
soit augrand
axe, soit aupetit
axe, sont auxproduits
des abscisses
correspondantes
dans unrapport
constantqui
est celuides
quarrés
de ces deux axes.4.
Soient menées dansl’ellipse,
sous une inclinaisonquelconque,
tant de cordes
parallèles qu’on voudra ;
les cordes du cercle dont elles seront lesprojections
seront aussiparallèles ;
ces dernières aurontdonc leurs milieux sur un même diamètre
qui
seraperpendiculaire
à leurdirection commune, et les
tangentes
aux extrémités de ce diamètre serontparallèles
à ces cordes.Les
projections,
tant du diamètre que destangentes,
seront un diamètreet des
tangentes
àl’ellipse ;
ce diamètre del’ellipse
passera donc par les milieux des cordesparallèles,
et lestangentes
à ses extrémités serontparallèles
à ces cordes.Ainsi,
Dansl’ellipse ,
des cordesparallèles
onttoujours
leursmilieux sur un même
diamètre,
et lestangentes
aux extrémitésde ce diamètre sont
parallèles à
ces cordes. De cettepropriété
résulte le moyen de déterminer le centre d’une
ellipse
donnée.De même
qu’une
suite de cordesparallèles
onttoujours
leursmilieux sur un même diamètre de
l’ellipse , réciproquement
toutdiamètre de
l’ellipse
coupe en deuxparties égales
unsystème
decordes
parallèles.
En effet ce diamètre étant laprojection
d’un diamètreTom. II.
34
242
du
cercle,
et ce derniercoupant
en deuxparties égales
toutes lescordes de ce cercle
qui
lui sontperpendiculaires ,
saprojection
cou-pera aussi en deux
parties égales
lesprojections
de ces cordes.5.
Parmi
toutes les cordesqu’un
même diamètre del’ellipse
par-tage
en deuxparties égales ,
il en est unequi, passant
par le centre, est elle-même un diamètre. Les diamètres du cercle dont cesdeux-là sont les
projections
étantperpendiculaires
entre eux , lestangen-
tes aux
extrémités de chacun d eux sontparallèles à l’autre ;
il en est doncde même des
projections
de cestangentes
a1 égard
desprojections
des dia-mètres.
Ainsi,
Dansl’ellipse ,
un diamètre étant menéarbitrairement ,
on en
peut toujours
mener un second de manière que lestrangentes
aux extrémités de chacun cl’eux soient
parallèles
àl’autre ;
Alorsaussi chacun de ces diamètres
partagera
en deuxparties égales
lescordes
parallèles
à l’autre.Deux diamètres ainsi
disposés
sont ce que nousappellerons à
l’avenir des Diamètres
conjugués
del’ellipse.
Ces diamètresconju- gués
sont donc lesprojections
de deux diamètresrectangulaires
dansle cercle..
6. Il est aisé
de voir , d’après cela,
que, dansl’ellipse,
il nepeut
y avoir
qu’un
seulsystème
de diamètresconjugués rectangulaires,
et que ces diamètres sont les deux axes de
J’ellipse.
7- Pour que deux diamètres
conjugués
del’ellipse
soientégaux
entre eux , il faut que les deux diamètres
rectangulaires
du cercledont ils sont les
projections
soientégalement
inclinés auplan
decette
ellipse ;
ils doivent donc aussi êtreégalement
Inclinés a ]acommune section des
puans
des deux courbes. De la ils est aisé de conclure que les deux diamètres du cercle dent lesprojections
sont des
diamètresconjugués égaux de l’ellipse,
doiventêtre dirigés suivant
les
diagonales
duquarré
circonscrit dont deux côtes opposes sontparalleles
et les deux autresperpendiculaires
augrand
axe de 1 el-lipse.
De là résulte laproposition
suivante :Dans
l’ellipse,
-les diamètresconjugués égaux
sontdirigés
suivantDE
L’ELLIPSE. 243
les
diagonales du rectangle
circonscrit dont les côtés sontparalleles
aux deux axes.
8. Soit circonscrit à
l’ellipse
unparallelogramme
dont les cotes soientparallèles
à deux diamètresconjugués;
cerarallelogramme
sera(5)
la
projection
d’unquarré
circonserit au cercte. L’aire de cequarié
étant
4a2 ,
celle duparallelogramme
sera4a2Cos.03B8=4ab=2a.2b.
Ainsi , Tous les parallelogrammrs
circonscrits àl’ellipse, de ma-
nièré que leurs côtés soient
parallèles à
deux diamètresconjugués,
sont
équivalens
entre eux et aurectagle
construit surses’
deuxaxes.
(*)
9. Soit 2a’ un diamètre
quelconque
del’ellipse, projection
d’undiamètre du cercle faisait un
angle
avec le diamètre de ce cercleperpendiculaire au grand
axc; scit x l’abseisse commune au cercleet à
l’ellipse répondant
à l’extremite du diamètre2a’,
et soient enfin y l’ordonnée del’ellipse
ety’ l’ordonnee du
cerclerépondant
à cettemême
extremité,
on auradonc
c’est-à-dire ,
Si , ayant
ensuite mené dans le cercle un diamètreperpendiculaire
au
premier,
ondésigne par 2b’
saprojection
surl’e’llipse , laquelle
sera le
conjugué
du diamètre2a’,
on trouvera, par des considéra- tionssembiables ,
(*) IL faut bien se
garder
de dire , comme on le trouve dan,quelques
traités élé-mentaires , que tous les
parallélogrammes
circonscrits à une mêmeellipse
soi2téquivalens.
Loin que cetteproposition
soit vraie , on peut toujours se proposc de circonscrire à uneellipse
donnée unparallélogramme
dont l’aire et lesangles
soientdonner.
P R O P R I É T É S
donc
ou
c’est-à-dire:
Dans
l’ellipse,
la somme desquarrés
de deuxdiamètres conju- gués quelconques
est unequantité
constante etégale
à la sommedes
quarrés
des deux axes.i o.
Désignons
par 03B1 et 03B2 lesangles
que font les diamètres con-jugués
2a’ et 2b’ avec les diamètres du cercle dont ils sont lesprojections.
Soientxl
,y’
les coordonnées d’unpoint
del’ellipse rapporté
à ces deuxdiamètres,
et x, y les coordonnéescorrespon-
dantes ducercle,
on auramais on a
substituant donc,
il viendramais ..on a aussi
substituant
donc,
il viendraAinsi ; L’équation
del’ellipse rapportée
à deuxdiamètres conju- gués quelconques , est de même forme
quel’équation
aux axes.ji. On sait que l’aire de la
projection
de toutefigu’re plane
surun
plan
incliné ausien,
est leproduit
de l’aire de cettefigure
par le cosinus de 1 inclinaison des deuxplans.
Enremarquant
doncque
l’aire du cercle est03C9a2 ,
etdésignant par E
l’aire del’ellipse,
on aura
DE L’ELLIPSE. 245
c’est-à-dire :
L’aire de
l’ellipse
estégale
à celle d’un cercle dont lediamètre
serait moyenproportionnel
entre ses deux axes.I2. On
appelle
cordessupplémentaires
d’uneellipse ,
deux cordesqui partant
d’un mêmepoint
se terminent aux deux extrémités d’un même axe ou d’un même diamètre. Il est aisé de voir que deuxpareilles
cordes sont lesprojections
de deux cordessupplémentaires
du
cercle, lesquelles
étant essentiellementperpendiculaires
-entre ellessont
conséquemment parallèles
à deux diamètresrectangulaires
dontles
projections
sont des diamètresconjugués
del’ellipse.
Ainsi., Dans l’ellipse ,
deux cordessupplémentaires
sonttoujourt parallèles
à deux diamètresconjugués.
De ce
principe
résultent i.° le moyen de mener unetangente
àl’ellipse
par unpoint pris
sur Jacourbe ;
2.° le moyen de déter- miner deux diamètresconjugués qui
fassent entre eux unangle
donné.
13. Soient p, y les
angles
formésrespectivement
d’un mêmecôté ,
avec l’axe des x, par les deux diamètresconjugués
2al et2b’;
et soient
p’, q’
lesangles
formés avec le même axe par les deux diamètresrectangulaires
du cercle dont ceux-là sont lesprojections:
on aura, -comme l’on sait
mais on a aussi
d’où
ce
qui
donneil viendra donc en
substituant,
246 PROPRIETES
relation connue et dont la combinaison avec les
théorèmes
énoncés(8)
et(9)
fournit la solution de tous lcsproblèmes
relatifs au rap-port
degrandeur
et de situation des diamètresconjugués
et desaxes.
I4.
Par lepetit
axe de15ellipse
soit conduit unplan
faisant avecle sien un
atigle
dont le cosinus scitb a,
et soitprojetée l’cllipse orthogonalement
sur ceplan
soient x r les coerdennées d’unpoint quelconque
del’ellipse,
etx’, y’
celles dupoint correspondant
desa
projection,
on auramais,
on a d’ailleurssubstituant donc,
ilviendra
en divisant par a2,ainsi la
projection
del’ellipse
est un cercle dont le rayon est b.I5. Par les deux extrémités du
grand
axe del’ellipse
et par l’unedes
extrémités
dupetite
soitfait
passer un arc decercle ;
ces troispoints
serontles
seulspoints
communs aux deuxcourbes, puisqu’elles
ne
peuvent
se couper enplus
dequatre points
, et que, si elles avaientquatre points
communs, à cause cle lasymétrie
cle lafigure,
elles en auraient au moins
ciqu. H
est en outre aisé devoir
quele centre du cercle étant sur le
petit
axe del’ellipse
au-delà ducentre de cette
courbe,
lestangentes
menées à ce cercle par les extrémités dugrand
axecouperent l’ellipse , puisqu’elles
formerontdes
angles aigus
avec cegrand
axe.Ainsi , L’arc de
cerclequi
passe par los deux extrémitès dugrand
axe et par l’une des extrémitésdu petit
est intérieur àl’ellipse.
On
démontrera,
par de semblablesconsidérations ,
que L’arc de cerclequi
passe par les deux extremités dupetit
axe et par l’une des extrémités dugrand
est extérieur àl’ellipse.
DE L’ELLIPSE. 247
De lÀ il est facile de
conclure ,
I.°Que
de tons lesangles ins-
crits
qui s’appuyent
sur legrand
axe , leplus grand
est celuiqui
a son sommet à l’extrémité du
petit ;
2.°Que
de tous lesangles
inscrits
qui s’appuyent
sur lepetit
axe, leplus petit
est celuiqui
a son sommet à l’extrémité du
grand.
De l’une et de l’autre de ces
proposions
et de cequi
a étédit, (7) ,
résulte quel’angle
obtusformé
par les diamètresconjugués égaux
del’ellipse
est leplus grand
quepuissent former
deux dia-mètres
conjugués.
J 6. Soient une suite de cercles
égaux
situés dans desplans différens ,
se
coupant
tous suivant un diamètre commun. Si on lesprojette
sur unplan quelconque passant
parcediamètre,
leursprojections
seront une suited’ellipses ayant
Jemôme grand axe.
Soitpris
cet axepour axe des abcisses ; si ,
pour une abcissequelconque,
on mène les ordonnéescorrespondantes
de tous les
cercles ,
lesprojections
de ces ordonnées sc confondront enune seule droite
qui
sera une ordonnée commune à toutes leselpses. Que
par les extrémités des ordonnées aux différens cercles on mène destangentes
à cescercles ,
cestangentes
iront toutes seterminer au même
point
duprolongement
de leur diamètre commun ,c’est-à-dire ,
dugrand
axe desellipses ;
et lesprojections
de cestangentes , lesquelles
seront destangentes
auxellipses ,
concourront aussi en cepoint.
Ainsi ,
Si une suited’ellipses
ont le mêmegrand
axe , lestangentes
menées à cesellipses
par lespoints
où elles sont cou-pées
par uneperpendiculaire qualconque à
cegrand
axe, concourront toutes en un mêmepoint
de sonprolongement.
On déinontreraitfacilement,
à l’aide de cequi
a été observé(14),
que la même pro-priété
a lieu parrapport
à une suited’ellipses qui
auraient toutesle même
petit
axe.Ce
qui précède
suffitpour montrer
combien la doctrine des pro-jertions
est propre àsimplifier
la démonstration’ d2.ungrand
nombrede
propositions
detrie.
Nous terminerons par observerqu’on
se
procurerait plus
de ressources encore en recourant auxprinc
esQUESTIONS
de la
perspective ,
commequelques géomètres
en ontdéjà
faitl’essai. En
particulier ,
il serait très-facile de déduire de cesprin- cipes
les methodes connues pour mener, avec larègle,
unetangente
àune section conique,
soit par unpoint extérieur,
soit par unpoint pris
sur la courbe(*).
QUESTIONS RÉSOLUES.
Solution du problème d’hydrodynamique proposé à la
page I64 de
cevolume ;
Par M. G E R G O N N E. (**)
I.ON
a deux vases V etV’,
en forme deprismes
ou decylindres
droits. Leurs bases sont horizontales et ont des aires
respectivement égales
à b et b’. Ces vases étantremplis
d’eaujusqu’à
des hauteursh et
h’ ,
onpratique
à la fois à l’un et à l’autre et latéralementune fente verticale d’une
largeur
uniforme parlaquelle
l’eau s’écoule.L’eau du vase V est reçue dans le vase VI et celle de celui-ci est évacuée au dehors. On suppose d’ailleurs que la
quantité
d’eauqui
s’écoule des deux vases est
indépendante
de lapression
duliquide supérieur,
queconséquemment ,
pourchaque
vase, elle est constantedans toute l’étendue de la fente
qui répond
auliquide.
On suppose enfin que le volume d’eau écoulépendant
l’unité detemps ,
par une unité delongueur
de lafente ,
est pour le vase V et v’ pour levase V’.
Cela
posé,
on propose dedéterminer ,
I.°quelle
sera la hauteurdu
liquide
dans les deux vases à uneépoque
donnéequelconque ;
(*) Voy. la note de la page 338, du I.er volume des Annales.
(**) Ce
problème
a étéproposé
par M. Bret,professeur
à la faculté des sciencede l’académie de Grenoble.
2.°