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Experimentation and the Lyric in
Contemporary French Poetry
Gaëlle Théval
Jeff Barda, Experimentation and the Lyric in Contemporary French Poetry Palgrave Macmillan, 2019.
ISBN : 978-3-030-15293-2
Les « Monstres » contre les « Couillons1 » (Nathalie Quintane), la « guerre des étoiles entre la littéralité et
le lyrisme2 » (Olivier Cadiot), la « querelle3 » entre lyriques et littéralistes aura structuré le champ poétique
contemporain de ces dernières décennies, au point de laisser croire à une opposition du type guerre de tranchées entre deux « camps », caricaturalement et ironiquement désignés par deux acteurs majeurs du « côté obscur . Si le l mi e n n a man , e c n in en d anime le cham de fa n l moins régulière, la partition est-elle si nette ? Jeff Ba da n e a le emie ab de la e i n de manière systématique, les travaux de Jean-Marie Gleize au sein du séminaire « Lyrisme et littéralité », i i l ENS de L n a d b de ann e 2000, dan la lign e de el Barda se situe, ayant défriché et mis à jour le questionnement ici posé. Cependant le présent a ail, i d n PhD, c n i e n a im an l de de la ie c n em aine, en ce il e d en i age la bl ma i e sous un angle moins immédiatement polémique, et plus nettement historique, en examinant min ie emen ce e de ien le l i me l il e a aill a la li ali .
A c de de ni e d cennie , de i c mme celle d Y e B nnef , Jac e D in, And D Bouchet, end e e l e e i n de l ineffable, e d fend e a e em le a Jean-Michel Maulpoix, proposent un lyrisme entendu comme « mouvement escaladant de la parole par lequel le sujet se fraie un a age e l id al4 , fai an m n e d ne c nfiance dans les pouvoirs du langage, et faisant du lyrisme
el e ch e de c n b an iel la ie. La ci a i n d Emman el H c a d lac e en e e e d embl e le e me d d ba , i la i e d e a j d h i n e a d c i e mai d in en e des modes de captures, de recyclage de matériaux trouvés, et de refuser au sujet la possibilité de parler pour lui-même dans un lyrisme narcissique pour lui opposer un effacement de soi, et une conception du langage
1 Nathalie Quintane, « Monstres et Couillons, la partition du champ poétique contemporain », Sitaudis, 19 octobre 2004, URL : https://www.sitaudis.fr/Incitations/monstres-et-couillons-la-partition-du-champ-poetique-contemporain.php.
2 Olivier Cadiot, « Réenchanter les formes », interview par Marie Gil et Patrice Maniglier, Les Temps Modernes, 5, n°676 (2013) : 9, cité par Jeff Barda p. 1.
3 Jean-François Puff, « Le sujet littéral : réflexions sur la querelle lyrisme vs littéralité », in Camille Saint-Jacques, Eric Suchère,
Une rose est une rose est une rose, FRAC Auvergne/Galerie Jean Fournier, 2015, p. 141.
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comme surface. À l de lyriques » ainsi définis, de nombreux poètes qualifiés de « littéralistes » n an e eje la cen ali de la bjec i i , e l id e d n langage i e a ch i i de matériaux tout faits, héritiers tout à la fois des avant-gardes historiques françaises et de courants objectivistes, beat ou néo-conceptualiste anglo-américains, travaillant sciemment contre le lyrisme.
Le e en a i n ch ma i e , a i e elle ien en histoire littéraire, ne sont pourtant jamais entièrement pertinentes : comme Jean-Ma ie Glei e a le m n e , c mme j ai le i e dans mon étude sur les poésies ready-made5, il ne agi a de fai e
tout à fait sans. Pl ci men , Jeff Ba da e d embl e, a e il de n age, l in ffi ance d ne elle dich mie, n n e lemen a ce e de n mb e e ne ec nnai en a , mai
dan la me e a c n c n en n e i e an la na e essentielle du lyrisme. Dans une indispensable mi e a in e l n aurait souhaité moin n h i e, Ba da m n e a c ne d fini i n an hi i e n e a i fai an e, le e me a an d ign n genre, celui de la lyrique médiévale, puis une qualité et enfin une ca g ie, l a XIXe i cle il e fi e dan l imaginai e c mmun
pour désigner une forme expressive associée à la passion, à la bjec i i , l e e i n la emi e e nne de en a i ns, d m i n , a an d e an ed fini de i le d b d XXe siècle par Apollinaire ou Pound.
Convoquant les théoricien , l a e in e galemen la f en e c nf i n en e l i me c mme gen e e comme organisation discursive. Enfin, et surtout, il souligne que la résistance au lyrisme ou sa déconstruction ne se fait pas sans le lyrisme : ce dernier reste, dans tous le ca , n cad e de f ence il c n ien de end e en c n id a i n. Le ie e le che che e e d en i age d i en ain i e l e ce e en e, mai a i, e , a an , en ela i n a ec de adi i n elle ne ce en de ci e , de d ne , i e de d n nce . Pl e d affi me e ce ie iennen d l i me, e nen en en en ne n elle f me, il agi ain i Ba da de d c i e la mani e d n de a gie n mi e en e a le e c n em ain e imen e a ec le l i me, l in e ge , le al e . À l in a d Emman el H c a d, i, l il in i le Élégies n ec eil fai d e ai d G ide Michelin de R me, e i e dan ne c n in i a ec la adi i n l i e en a an sur un matériau a priori exclu de ce e de ni e, le e d n Ba da e amine l e en de echni e di e e imen ale , de e ai emen de ma ia fai , me e l e e ce il n mme de fa n e inen e le « répertoire » lyri e. La bl ma i e e ain i clai emen e a e il de l age :
What techniques do these poets employ to overcome the subjective mode of the lyric that would limit poetry to an individual endeavor ? How do they deepen our understanding of what constitues the « poetic » ? What theoretical models inform their poetic investigations ? How do they work against, deconstruct and reevaluate the foundations of the lyric ? (p. 23)
Le c a le che che a ic le a ec ne ema able e inence a de i e maje du champ contemporain, dont le choix est intelligemment justifié de façon historique et critique : évitant le panorama simplificateur comme la monogra hie ill e , l a e de ine ne ligne allan d d b années 1970 au contemporain le plus immédiat, grâce à laquelle il explicite une généalogie fine des pratiques. Réunis par un commun travail avec des matériaux préexistants, les auteurs cités ont aussi pour
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in c mm n d ad e e ne c i i e a l i me i e c i alli e dan la i i n chienne, affi man avec force avant de la quitter que « la ie e inadmi ible. D aille elle n e i e a », formule souvent citée par ces poètes comme référence importante dans leur pratique. Partant de cette figure devenue lai e, Ba da e amine en i e le e d Emman el H c a d, Anne P gal, Oli ie Cadi , Pie e Alfe i, e F anck Leib ici, il c mmence a i e dan le cham i e i leur est contemporain. Il propose ainsi de distinguer plusieurs « phases » : une première phase de bataille opposant Roche aux poètes de Éphémère, ld e a la d e i n chienne en 1971. Le le maje d Emman el H c a d e de la « modernité négative , l infl ence de la m h de bjec i i e de Re nik ff, e en i e lign , marquant les années 1970-1980 d ne c i i e de la ie a elle-même, et du statut du vers. La décade suivante entre pour Jeff Barda dans une phase « performative », l Anne P gal, Oli ie Cadi e Pierre Alféri rencontrent Hocquard à la fin des années 1980, traduisent avec lui les objectivistes, mais réagissent à leur tour contre la « poésie blanche », et la pensée en termes négatifs qui réactive une transcendance, et finit par produire une « vulgate du manque » critiquée par Cadiot et Alféri dans la Revue
de Littérature Générale. Cette revue devient le pilier de la génération des années 1990. Tous publiés chez
P.O.L, le a e ci n aband nnen a le e , mais expérimentent, hybrident les médias et les formes, pour créer des Objets Verbaux Non Identifiés (OVNIS). Enfin, la RLG crée un lien direct avec une nouvelle génération, incluant Olivier Quintyn, Christophe Hanna, Franck Leibovici, active à partir des années 2000, publiée par Al Dante et Questions théoriques, née dans le sillon des séminaires de Jean-Marie Glei e l ENS de L n, i ma e le che che le a age ne ha e pragmatique ».
Après avoir posé sa thèse selon laquelle il convient de considérer la contestation du lyrisme comme partie m me de l hi i e de la ie l i e, le che che d nne, e -être là encore un peu vite faute de discussions approfondies avec les théories du lyrisme existantes, la clé du paradoxe, posant la possibilité de di cie l i me e e e i n d je , e d en i age le l i me c mme m cani e d langage. P enan a m le de e l ini ia i e de la Revue de Littérature Générale l il d c i en e d m n en le age d ne mécanique lyrique6 », vocabulaire également utilisé par Jean-Michel Espitallier dans
son essai Boîte à outils e l an h l gie a ci e Pièces détachées, Jeff Ba da em a e d n a adigme m cani e l e de i le a an -ga de hi i e , n n an l a i a alable examiné dans son historicité, pour arpenter son corpus selon trois perspectives. La première partie, intitulée « A Poetic Tool B e c ncen e le e de ma ia ili , le il e le a i n l e. Le echni e d a emblage sont à leur tour décortiquées dans une deuxième partie, où sont distinguées cinq techniques (« Cut-up », « Pick-up », « Braiding », « Literality », « Redescription »), configurant un lyrisme fait de voix multiples. Enfin une dernière partie, organisée en chapitres monographiques, « Mechanics of the Lyric , en e de m n e l aide de mic lec e c mmen le l i me e ec nfig e a e l ac e de lec e, en end c mme e f mance, fai an d me n nemen da an age ne e en a i n, activé a le lec e , e engagean ne n elle c n mie de l a en i n.
Si certaines discussions théoriques concernant le lyrisme auraient mérité un approfondissement, les microlectures auraient parfois quant à elles gagné à être synthétisées dans la publication, en particulier dans la de ni e a ie la d m n a i n end e d lie . F e d il h i e a i (em n la linguistique, aux théories de la réception, ou encore à la philosophie du langage), l anal e e en c n aincan e, e l en emble c n i e n a in e an l de de la ie c n em aine, en a ic lie dan n e an e imen al j ici e ab d dan le de acad mi e , de fa n a ielle. Se ai i an d une problématique longtemps sujette à tensions y compris dans le champ ni e i ai e, l de de Jeff Ba da ff e ne e ec i e l mban e n ce ai e fai e n bilan de
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l l i n de ela i n en e l i me e li ali , m n an el in la compréhension du champ poétique contemporain des quarante dernières années nécessite une approche globale et non exclusive. La perspective aurait été encore plus complète si des domaines pourtant pratiqués par la plupart des auteurs di n a aien mi de c an elle j ifica i n a e n ch i n e a bi ai e, cel i de a i e n e , i elle , e de e f mance, lai e de c a fi d de e cl i emen textuelles : si la lecture est une performance de signification dépendante du contexte, que se produit-il l e l e i e le li e ? lorsque cette performance a lieu sous une forme qui implique une ed fini i n de l ac e m me de lec e, i e n aband n de ce ac e a fi de l c e de la i i n, ad ien -il du lyrisme ? A an de e i n i ne n a e dan l age, mai e l de de la ie c n em aine dan l en emble de e manife a i n n l de a , la elle Experimentation and
the Lyric c n ib e d ne mani e i e e ignifica i e.
Gaëlle Théval est P fe e e ag g e de Le e M de ne l IUT de R en e che che e en ie contemporaine. Carnet de recherches : https://poesieexp.hypotheses.org.
