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Jeune, belle, riche, libre

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Academic year: 2022

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Jeune, belle, riche, libre

ROMAN D'AMOUR INEDIT par AUGUSTE MARIO

Sont réservés tous droits de traduction, d'adaptation, de mise au théâtre et au cinématographe. R. A. n° 158

Maryse Dalbert, la vie s'ouvrait.

Elle avait vingt-trois ans, et elle était veuve.

Après une jeunesse terne, comprimée dans une vie de famille austère et froide, elle avait été, de par les impérieuses objurgations de parents rigides, vouée à un de ces mornes mariages de raison, où l'amour est considéré comme une chose superflue, voire inconvenante.

Or, la destinée venait de lui ouvrir les portes d'un nouvel avenir, où, dans quelque coin, qui sait? pou- vait peut-être se trouver le joli bonheur. en elle toutes les sèves de la vie, s'éveiller toutes les Veuve, jeune, belle, riche, libre, elle sentait sourdre aspirations vers l'idéal et, surtout, vers l'amour. Et c'est à l'amour qu'elle comptait vouer sa vie, à

« un » amour, bien entendu, un bel amour, un grand amour, un grand beau rêve qui emplirait toute son âme de son lumineux rayonnement. Cet amour, elle l'attendait.

Après un deuil décent, Maryse avait commencé,

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pour mettre de l'ordre dans ses idées et mieux s'éva- der des grisailles du passé, par voyager, seule, cela va sans dire. Elle avait bouclé ses malles, consulté, le guide en main, l'attirance des divers horizons, puis, un beau matin, elle avait pris le sud-européen et était partie pour l'Hipérie. Trois mois déjà, elle avait promené ses rêves dans cet immense jardin fleuri, sous ce beau climat enso- leillé, et s'apprêtait non sans regret à rentrer à Paris, où l'attendaient ses relations mondaines, ses vagues amies et — elle s'y attendait aussi — nombre de sou- . pirants, que sa situation de veuve aisée allait rendre plus insupportablement entreprenants. Ce jour-là, Maryse faisait sa dernière promenade sous le radieux soleil de cette jolie capitale qu'elle allait bientôt quitter, quand le hasard de ses pas songeurs la conduisit devant un beau parc planté de palmiers et de sycomores, où un jet d'eau chantait dans un grand bassin de marbre. La grille, une grande grille dorée, était ouverte.

Quelque parc public sans doute, qu'elle ne connais- sait pas. Elle entra.

Elle se dirigea le long d'une allée qui contournait ce grand bassin, admirant les grands parterres soi- gnés, où s'épanouissaient en éclatantes nappes les plus superbes fleurs, quand elle s'entendit interpeller. — Madame!... Madame!...

Elle se retourna.

Un personnage, vêtu d'une livrée galonnée qui tenait un peu de l'uniforme, venait vivement vers elle.

— Vous êtes sans doute étrangère? Ça se voit.

— En effet.

— Je comprends alors que vous ignoriez que ce lieu est tout à fait privé. Il est interdit au public. Le factionnaire qui est à cette grille aurait dû vous en aviser...

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En ce même moment, un jeune homme en veston de sport débouchait d'une allée, en compagnie de deux grands et fins lévriers blancs. A une dizaine de pas derrière lui, suivait un officier en tenue de ser- vice.

Le jeune homme aux lévriers s'arrêta, considéra quelques secondes Maryse, et intervint galamment. — Laissez, laissez, dit-il en souriant au gardien qui venait de se figer à son approche dans une attitude de déférence. Madame est étrangère, ai-je entendu?

Double raison alors pour se montrer hospitalier et courtois.

Et tournant vers la jeune femme des prunelles de chatoyant velours sombre :

— Ce parc a eu le bonheur de vous séduire et d'at- tirer vos pas, madame? J'en suis heureux. Daignez m'accorder la grâce de vous en faire les honneurs. — Mais, monsieur...

Cette appellation, inaccoutumée sans doute, fit sou- rire le jeune homme. — Excusez-moi, exprima Maryse, devant le sourire du jeune homme et celui de l'officier à quelques pas, ainsi que du haussement de sourcils scandalisé et sévèrement désapprobateur du personnage en livrée, j'use involontairement à votre égard...

— Du terme que j'aime à entendre dans votre bouche.

— On ne vous appelle peut-être pas ainsi? — Si, mon père et ma mère, quelquefois. — Ah?... fit Maryse saisie.

— Vous êtes parisienne, sans doute?

— Parisienne, oui.

— Ah! Paris!... fit avec un soupir le jeune person- nage aux lévriers. Habiter Paris, et pouvoir y vivre libre !

— Mon Dieu, sourit Maryse, je vous avouerai que je bénéficie de tout cela, sans trop savoir qu'en faire.

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Comme elle contournait le grand bassin au jet d'eau et traversait les parterres aux magnifiques fleurs, une foule de gens, pressée derrière la grille, venait là pour regarder la jeune reine faire sa pro- menade matinale dans le parc. En l'apercevant, un long hurlement jaillit de tou- tes les poitrines. — Vive la Reine!... Vive notre Reine!...

Maryse salua d'un sourire nacré qui redoubla les acclamations.

Elle passa, se demandant si elle ne faisait pas un rêve... un rêve fou!

FIN

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Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

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