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Glyphosate, comment limiter les impacts ? Enjeu, transfert, agronomie

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Academic year: 2022

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Glyphosate et AMPA : un enjeu Qualité de l’eau

U

n réseau de suivi de la concentration de différentes substances actives et de molécules de dégradation des produits phytosanitaires dans les eaux superficielles est en place dans les Pays de la Loire depuis 2002 (CREPEPP - Ecophyto).

38 points de suivi, plus de 600 mesures par an Analyse des eaux superficielles

(figure 1)

L’AMPA (acide amino-méthyl-phosphonique), molécule de dégradation de plusieurs phosphonates et notamment du glyphosate, est la molécule la plus souvent quan- tifiée. Sur 5 ans, en moyenne, les ¾ des prélèvements en contiennent et le seuil de 0,1 µg/l* est souvent dépassé.

Le glyphosate figure également parmis les dix molécules les plus souvent quanti- fiées (env. 30 % des cas entre 2008 et 2012). Près d’1 prélèvement sur 4 dépasse 0,1 µg/l*.

Analyse des eaux souterraines :

Au contraire, dans les eaux souterraines de la région, ces deux molécules sont bien moins quantifiées.

Concernant le glyphosate, ces résultats sont cohérents avec les analyses du dispo- sitif d’Arvalis – Institut du végétal « Pratiques Culturales et Qualité des Eaux » de la Jaillière (44), en conditions de limons hydromorphes, où le glyphosate arrive au 5ème rang des molécules quantifiées fréquemment sur 18 années de suivi.

enjeu, transfert, agronomie

Parce qu’il contribue fortement au rendement et à la qualité des productions, le désherbage des cultures est un élément clef de l’itinéraire technique. La maîtrise des adventices repose sur la combinaison d’interven- tions mécaniques et l’emploi d’herbicides de synthèse avant l’implantation des cultures et en végétation. Certaines subs- tances actives, telles le glypho- sate, sont fréquemment utilisées en désherbage d’interculture.

Des problèmes de pollutions dif- fuses et ponctuelles surviennent régulièrement dans la région. Les situations présentant des risques de transfert vers les eaux sont aujourd’hui connues. Des leviers dits «agronomiques» peuvent alors être actionnés pour dimi- nuer le recours au glyphosate. Il est du devoir des agriculteurs de mettre en œuvre une gestion res- ponsable de cette molécule pour garantir la production tout en préservant l’environnement.

Ce document récapitule ces le- viers pour vous aider à réduire les doses et le nombre d’appli- cations de glyphosate dans votre assolement et optimiser son effi- cacité lorsque son utilisation est nécessaire.

Bernard BELOUARD,

Président de la Commission Régionale Arvalis

des Pays de la Loire

Glyphosate, comment limiter les impacts ?

En moyenne, 3 prélèvements sur 4 dépassent 0,1 µg/l*

100 % 80 % 60 % 40 % 20 % 00 %

AMPA GLYPHOSATE

Près d’un prélèvement sur 4 dépasse 0,1 µg/l*

Moyenne pluriannuelle Maximum

Minimum Figure 1 : Fréquence de quantification de l'AMPA et du glyphosate de 2008 à 2012, dans les Pays de la Loire

Source : réseau « contamination des eaux superficielles par les pesticides en Pays de la Loire – CREPEPP – Ecophyto »

* au dessus du seuil de 0,1 µg/l pour une molécule, le traitement de l'eau est obligatoire pour sa potabilité

En partenariat avec :

PAYS DE LA LOIRE

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ARVALIS - Institut du végétal - Octobre 2014

Les leviers agronomiques en priorité

Pour réduire les risques de transfert, des techniques permettent de limiter le recours au glyphosate :

Détruire couvert, adventices ou repousses avant le semis

Avant une culture d’automne

Profiter des conditions séchantes pour effectuer un à deux passages, si possible croisés, avec un outil à disques ou à dents pour déraciner les plantes présentes, puis reprendre le sol avant le semis. L'efficacité sera meilleure en cas de passage sur plantes jeunes avec un système racinaire peu développé. A l’interculture, un déchaumage superficiel avec rappuyage permettra de faire lever les adventices par effet « faux semis ».

En système de semis direct ou en situations non séchantes, réa- liser une application de glyphosate à une dose adaptée à la flore présente sur la parcelle (espèces et état de développement).

Préparer un semis de printemps

Détruire le couvert deux mois avant l’implantation de la culture suivante

Le roulage. Le roulage permet de casser les tiges et de fragiliser le couvert (rouleau Faca, Cambridge ou Croskills). Cela permettra d’augmenter sensiblement l'action du gel ou l’efficacité d’une application de glyphosate sur une flore dicotylédone difficile à détruire (trèfle, navette…). Le roulage aura en revanche peu d’effet sur des graminées au stade herbacées : le travail du sol avant le semis permettra leur destruction et enfouissement.

Le gel. Implanter des couverts gélifs qui seront détruits par le gel durant l’hiver : moutarde, phacélie, … Plus le couvert est développé, plus il est sensible au gel.

Le travail du sol. Lorsque le sol est suffisamment ressuyé pour être travaillé, un déchaumage ou un labour permettront d’en- fouir couvert et adventices. Dans notre région, la portance des parcelles n’est pas toujours garantie en sortie d’hiver. Lorsque le couvert est peu développé, un labour avant semis suffira pour détruire le couvert.

La destruction chimique. Si les sols ne sont pas portants en sortie d’hiver ou en présence de vivaces, on aura recours au glyphosate. La dose appliquée pourra être réduite si l’application est précédée d’un roulage.

Adapter les doses au type et au stade de la flore adventice présente sur la parcelle.

La récupération des menues pailles est une pratique à l’étude dans la région qui permettrait d’exporter les graines de certaines adventices et limiter les repousses de céréales.

En présence de vivaces, associer mécanique et chimique Pour réduire le recours au glyphosate : prévenir le dévelop- pement des vivaces en amont et « user » les vivaces par des interventions répétées associant chimie et mécanique dans la culture et à l’interculture.

Lutte agronomique :

• Labour : plutôt défavorable aux vivaces ;

• Déchaumage : opter pour un outil à dents afin d’éviter de découper et multiplier les rhizomes.

Lutte chimique :

• Après la moisson, laisser redémarrer les adventices vivaces afin d’avoir suffisamment de surface foliaire ;

• En culture, intervenir avant la floraison de la vivace ;

• Utiliser un produit herbicide systémique en respectant les conditions d'utilisation mentionnées sur l'étiquette.

Désherbage avant la moisson

Liserons, gaillets… comment gérer les adventices gênantes et préjudiciables à la récolte ?

Il est important de gérer ces adventices en amont pour limiter leur propagation. Toutefois, en cas de forte infestation, le recours au glyphosate avant la récolte permet de gérer les adventices qui pénalisent la qualité et ralentissent les chantiers de récolte.

NB : à ce stade, la dose maximale de glyphosate autorisée est de 2160 g/ha. Attention, tous les produits à base de glyphosate ne sont pas homologués pour cet usage et les DAR peuvent varier.

Photo 1 • Le roulage fragilise les plantes et les expose au gel.

Cela facilite leur destruction.

Photo 2 • Adapter les techniques de destruction aux espèces et aux stades.

Arvalis Arvalis

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ARVALIS - Institut du végétal - Octobre 2014

Des solutions concrètes pour limiter les transferts

Le glyphosate est une molécule particulièrement sensible aux transferts par ruissellement.

Intervenir avant ou après la période de drainage

En parcelle hydromorphe non drainée, l’eau excédentaire s’évacue par ruissellement. Cette eau est chargée de matières en suspension et de particules sur lesquelles se fixent les résidus de glyphosate.

En parcelle drainée, bien que le glyphosate ruisselle plus qu’il ne percole, le risque de transfert par drainage augmente lors de l’application en période d’écoulement des drains – de décembre à mars en général dans la région (figure 2).

En limons hydromorphes, un traitement d’automne sur sol non saturé en eau entraine moins de transfert qu‘un traitement en février, en pleine saison de drainage.

Avant d’intervenir, vérifier que les drains ne coulent pas et regardez les prévisions météo !

Figure 2 : Transfert de glyphosate par drainage

Application de fin d’hiver, durant la saison de drainage

Application d’automne, début de la saison de drainage

Application au printemps, après la

saison de drainage Risque de tr

ansf ert

-

+

Limiter le ruissellement

En cas de battance, ne pas trop affiner le sol avant semis, adop- ter des techniques de non labour dans les sols sensibles pour localiser la matière organique en surface afin d'augmenter la stabilité structurale, implanter des couverts pour protéger la surface du sol... En sortie d’hiver, selon les jours disponibles et si nécessaire, travailler le sol pour rétablir la porosité et assurer l’infiltration.

Attention aux passages de roues : utiliser des pneus basse pression pour diminuer le tassement à l’origine du ruissellement.

Rangs de semis : revoir le travail du sol, cultiver la parcelle dans le sens inverse à la pente si la topographie et la forme de la parcelle s’y prêtent.

Ravines et sédimentation en bas de parcelle : revoir la méthode de travail du sol, mettre en place une zone tampon pour pro- téger les eaux de surface, réduire la taille de la parcelle et/ou cultiver un damier de cultures.

La longueur de pente augmente les risques : lorsque cela est possible, installer une zone tampon à mi-pente.

Mettre en place une bande enherbée

Pour réduire les risques de transfert, il convient de tout mettre en oeuvre pour limiter le ruissellement. En cas de ruissellement par refus d’infiltration (battance, tassement en surface, pente forte…), une zone tampon permet de capter et épurer les écoulements à la surface du sol.

Selon sa largeur et l’intensité du ruissellement, la bande enherbée capte de 60 à 99 %

des volumes d’eau ruisselés

(Efficacités de bandes enherbées de 6 à 18 m, essais Arvalis-Institut du Végétal)

En retenant les matières en suspension, elle réduit les concen- trations et les flux de produits phytosanitaires de la parcelle vers le cours d’eau. Les produits sont dégradés par l’activité biologique et ne s’y accumulent pas.

Limiter le ruissellement pour réduire de manière significative les transferts de glyphosate.

Arvalis

Eviter les applications de glyphosate pendant la période de drainage.

Arvalis

D'après les résultats acquis sur le site Pratiques culturales et qualité des eaux de la Jaillière (44), Arvalis – Institut du végétal.

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ARVALIS - Institut du végétal - Octobre 2014

Optimiser l’efficacité des applications

Bonnes conditions d’application

Le glyphosate est une molécule à action systémique : elle pénètre dans la feuille et est véhiculée par la sève dans l’ensemble de la plante. Les conditions au moment et après l’application ont une grande influence sur son efficacité :

• Traiter sur des plantes poussantes et non stressées ;

• Températures comprises entre 10 et 20 °C ;

• Hygrométrie supérieure à 60 % ;

• Absence de vent.

Le respect des bonnes conditions d'application permet d'opti- miser l'efficacité et de limiter les impacts du glyphosate sur l'environnement.

Attention à la dérive !

De par sa formulation, le glyphosate est une molécule très sen- sible à la dérive. Prendre les dispositions pour éviter les impacts sur l’environnement de la parcelle (buses limitant la dérive à injection d’air, absence de vent).

Une molécule sensible à la dureté de l’eau

Contrairement aux autres molécules, le glyphosate est une molécule très sensible à la présence de certains cations (Calcium Ca2+ ; Magnésium Mg2+) dans l’eau de la bouillie. En s’associant au glyphosate, ils limitent la pénétration de la molécule dans les plantes.

La dureté dépend de la concentration en Calcium et Magnésium dans l'eau.

Des adjuvants pour corriger la dureté de l’eau

Corriger la dureté de l’eau permet d’augmenter l’efficacité du glyphosate de façon significative. Ajouter un adjuvant correc- teur de dureté est indispensable surtout en eau très chargée en Ca2+ et Mg2+.

Si la dureté est supérieure à 20 °F (teneur en cations supérieure à 200 ppm) : ajouter un adjuvant homologué à base de sulfate d’ammonium à raison de 100 g pour 100 l d’eau chargée à 100 ppm de calcium.

Pas d’impact du type de buse mais fort effet du volume de bouillie.

Avec le glyphosate, l’efficacité est d’autant plus grande que le volume de bouillie est réduit.

Pourquoi ?

• Plus le volume de bouillie est faible, moins les molécules de glyphosate s’unissent avec les cations Ca2+ et Mg2+.

• Plus il est concentré dans les gouttelettes de pulvérisation, plus il pénètre en quantité et rapidement dans les feuilles.

Utilisation du glyphosate : plusieurs règles à respecter

Utiliser des produits homologués pour l’usage envisagé : chaque produit a ses spécificités !

Par exemple, pour les abords et les cours des exploitations, seuls les produits ayant un usage PJT (Parcs Jardins Trottoirs) peuvent être utilisés.

Bien lire l’étiquette !

Lire systématiquement l’étiquette du bidon où figurent les informations propres à chaque produit, voire à chaque utili- sation :

• Nombre maximum d’applications par an, quantité maximale applicable ;

• Zone de Non Traitement (ZNT) : variable suivant les produits (entre 5 et 50 mètres !)

Diminuer la ZNT, c’est possible !

La mise en place simultanée de dispositifs permettant de réduire ce risque de dérive permet de réduire à 5 m la ZNT :

• Utilisation de buses à dérive limitée homologuées ;

• Présence d’un dispositif végétalisé permanent d’au moins 5 m le long des cours d’eau ou points d’eau ;

• Enregistrement de toutes les applications durant la campagne.

Connaissance de la réglementation en vigueur

Avant toute utilisation, prendre connaissance de la règlemen- tation en vigueur, y compris locale. En cas de doute, contactez votre distributeur !

• Arrêtés « fossés »

Dans chaque département de la région Pays de la Loire un arrêté préfectoral interdit de traiter les fossés et les surfaces imperméables.

• Directive Nitrates

Elle dicte les règles de destruction des couverts végétaux. En Pays de la Loire, la destruction chimique des cultures intermé- diaires piège à nitrate doit s’effectuer après le 15 janvier et n'est possible que sur les îlots en TCS. Se référer au nouveau Programme d’Actions Régional (PAR du 24 juin 2014).

MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE, DE L'ALIMENTATION DE LA PÊCHE ET DE LA RURALITÉ

Document réalisé dans le cadre du plan Ecophyto.

Action pilotée par le ministère chargé de l’Agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollu- tions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto.

Membre de

Ref : 14I22 - Réalisation Service Communication Chambre d'agriculture des Côtes d'Armor

Avec la participation financière du compte d’Affectation Spéciale pour le Déve- loppement Agricole et Rural (CASDAR), géré par le Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt.

La coordination et l’écriture ont été réalisées par F. SCHLAGETER, ARVALIS-Institut du végétal. Ont contribué à la rédaction et relecture :

- Les Chambres d’Agriculture des Pays de la Loire ; - Coop de France Ouest ;

- Négoce Ouest

PAYS DE LA LOIRE

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