Proposition d’un volet biologique à l’issue d’une enquête téléphonique : retour
d’expérience du BaroTest
Arnaud Gautier, Delphine Rahib, Brouard Cécile, Leïla Saboni, Valérie Blineau, Farah El Malti, Christophe David, Stéphane Chevaliez, Francis Barin, Christine Larsen, Florence Lot, Nathalie Lydié
9ème colloque francophone sur les sondages, Gatineau, octobre 2016.
CONTEXTE
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LES BAROMÈTRES SANTÉ
Dispositif d’enquêtes périodiques visant à mieux connaître les comportements,
attitudes, connaissances et opinions des Français en matière de santé et à suivre ces indicateurs dans le temps.
Créé en 1992 afin de pouvoir…
Contribuer au pilotage de programmes nationaux de prévention et « orienter » les campagnes de communication,
participer à l’évaluation des politiques publiques.
Des enquêtes qui reposent sur …
Des échantillons constitués par sondage aléatoire Des interviews réalisés par téléphone
LE BAROMÈTRE SANTÉ 2016
• 8ème édition du Baromètre Santé en population générale
• Double échantillonnage (fixe et mobile) avec chevauchement
• 15 000 interviews initialement prévues (15 216 au final) auprès de 15 à 75 ans résidant en France métropolitaine
• Terrain d’enquête mené par l’institut Ipsos
• Thèmes prioritaires :
• Maladies infectieuses (maladie à transmission vectorielle, infection de l’hiver, vaccination…)
• Santé sexuelle (comportements sexuels, contraception, grossesses non prévues…)
• Dépistage (VIH et Hépatites virales B et C)
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DES DONNÉES DE PRÉVALENCE À ACTUALISER
Selon une étude datant de 2004, la France est un pays de faible endémicité pour l’hépatite B (0,65 %) et l’hépatite C (0,53 %) .
La prévalence du VIH est quant à elle estimée à 0,35 % en population générale.
La part des personnes non diagnostiquées parmi l’ensemble des personnes infectées est importante :
VIH : 20 % VHB : 55 % VHC : 41 %
Ces estimations (prévalence et part de personnes non diagnostiquées) sont
anciennes et nécessitent d’être actualisées
UN DÉPISTAGE DU VIH ET DES HÉPATITES B ET C INSUFFISANT
Une activité de dépistage élevée en France, mais qui peut donc être améliorée.
Une proposition de dépistage des hépatites B et C associé à celui du VIH a été recommandée en 2014 (rapport Dhumeaux). Cette stratégie n’a pas encore été appliquée à l’échelle de la population.
Les modalités de dépistage en France sont multiples et présentent des avantages et des inconvénients : - Par un professionnel de santé : prélèvement sanguin sur prescription
- Dans une structure de dépistage dédiées (Cegidd)
- Par un test rapide d’orientation diagnostique (TROD) pour le VIH et VHC - Par auto-test (VIH) en vente en pharmacie depuis 2015
Une modalité de dépistage complémentaire au dispositif pourrait être imaginée :
sans contact direct avec le monde médical pour le prélèvement,
sur l’ensemble du territoire
tout en assurant une lecture du résultat par un professionnel
PRINCIPE ET OBJECTIFS
UN VOLET BIOLOGIQUE EN COMPLÉMENT DU BAROMÈTRE SANTÉ : PRINCIPE GÉNÉRAL
• Proposition d’un « kit » de dépistage à la personne ayant répondu au questionnaire du Baromètre santé 2016.
• Le participant réalise lui–même le prélèvement sanguin et le renvoie gratuitement au laboratoire.
• Le laboratoire analyse le prélèvement sanguin et les résultats lui sont
transmis à lui ou à son médecin par courrier
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UN VOLET BIOLOGIQUE EN COMPLÉMENT DU BAROMÈTRE SANTÉ : LES OBJECTIFS
Evaluer l’acceptabilité et la faisabilité d’une nouvelle offre de dépistage VIH, VHB, VHC à domicile avec rendu de résultats
Estimer la prévalence des Ac anti-VHC, de l’Ag HBs et des Ac anti- VIH en population générale adulte et estimer la proportion de personnes qui
méconnaissent leur séropositivité 1
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POURQUOI S’APPUYER SUR LE BAROMÈTRE SANTÉ ?
• Bénéficier d’un échantillon représentatif de taille importante (n=15 000), intégrant des populations difficiles à joindre (taux d’insistance élevé).
• S’appuyer sur la logistique de recrutement déjà mise en place pour le Baromètre santé pour réduire les coûts d’une enquête de prévalence.
• Croiser l’acceptation d’un test à domicile avec les données sociodémographiques et les connaissances.
• Croiser un résultat biologique et les données comportementales.
MISE EN ŒUVRE
PROPOSITION D’ENVOI D’UN KIT D’AUTO-PRÉLÈVEMENT À LA FIN DU QUESTIONNAIRE TÉLÉPHONIQUE
Le volet BaroTest était proposé une fois le questionnaire Baromètre santé 2016 finalisé.
Critère d’inclusion : uniquement les18-75 ans non protégées par la loi, affiliées ou bénéficiaires d’un régime de sécurité sociale (cadre d’une recherche biomédicale).
En cas d’hésitation, un argumentaire avait été préparé.
En cas d’acceptation, le nom, prénom, adresse postale et courriel (facultatif) devaient être
renseignés pour l’envoi du kit. Il était envoyé sous 3 jours avec un numéro identifiant spécifique.
En cas de refus, la raison de refus était renseignée.
Acceptez-vous de participer à ce volet biologique et donc de recevoir la trousse d’auto-prélèvement ?
Si non> Pour quelles raisons ne souhaitez-vous pas effectuer ce test ? Souhaitez-vous que je vous donne plus de précisions ? - Peur du sang
- Peur des résultats
- Préfère le faire avec un médecin - Pas confiance en la technique
- Pas confiance dans la confidentialité des données - Pas le temps
- Je connais déjà mon statut
- …
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Réalisation de l’auto-prélèvement sur buvard
• La trousse d’auto-prélèvement (créée de toute pièce) contenait :
• une lettre annonce,
• un consentement (2 feuillets),
• un mode d’emploi,
• une enveloppe retour,
• une boite cartonnée avec deux auto-piqueurs,
• une lingette désinfectante,
• un pansement,
• un buvard,
• un sachet de protection avec desséchant,
• un sachet à bulles.
• Réception des prélèvements par les CNR.
• Elimination des auto-piqueurs.
• Les CNR analysaient les prélèvements .
• Les résultats étaient rendu au participant.
ANALYSE ET ENVOI DES RÉSULTATS
+
-
Médecin Résultat négatifMédecin
Participant
Résultat positif
=
CNR VIH
CNR hépatites
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• Le CNR transmettait régulièrement à Ipsos les numéros BaroTest pour lesquels un prélèvement était reçu (complet ou incomplet) afin de pouvoir gérer les relances aux participants.
• 8 jours après l’envoi de la trousse : envoi automatique d’un courriel aux personnes ayant renseigné une adresse mail
• 15 jours après l’envoi de la trousse : rappels par téléphone si le buvard n’avait pas été réceptionné par le laboratoire
• 10 jours après le premier rappel téléphonique, un second rappel si le buvard n’avait toujours pas été reçu
Mise en place d’une « cellule » spécifique chez Ipsos dédiée aux relances
PROCÉDURE DE RELANCE
CONTRAINTES ET INTERROGATIONS
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La mise en place du volet Biologique « BaroTest » a nécessité un temps de préparation important
• Réflexion sur tous les aspects du protocole (options de rendu des résultats, faisabilité d’un dépistage sur buvard, envoi par la poste d’un matériel biologique…),
• Recherche biomédicale avec une levée d’anonymat : un circuit règlementaire strict (CPP, CCTIRS et Cnil),
• Constitution de la trousse d’auto-prélèvement (recherche buvard, auto-piqueurs, boite, création du mode d’emploi…), et « assemblage » de tous les éléments la composant,
• Partenariat avec Hépatites Info Service et Sida Info Service en plus d’une hotline Ipsos dédiée pour toute question sur l’enquête et le prélèvement.
Décalage du terrain d’enquête initialement prévu en octobre 2015, à janvier 2016 (3 mois)
(finalement assez rapide puisque l’idée du BaroTest a émergé au début du mois de juin 2015)
UNE PRÉPARATION QUI A NÉCESSITÉ DU TEMPS…
– Décalage du début du terrain d’enquête
– Nécessité de raccourcir la durée du questionnaire afin de rester dans un temps d’entretien raisonnable (de l’ordre de 35 minutes)
– Une formation des enquêteurs très dense nécessitant 2 à 2,5 jours de formation (sensibilisation renforcée sur les thématiques et sur l’intérêt d’une telle enquête, argumentaires spécifiques pour améliorer les acceptations, description du processus du volet pour pouvoir répondre aux éventuelles questions)
– Une augmentation de la durée totale du terrain d’enquête (7 mois au lieu de 5 prévus initialement)
– Un nombre d’enquêteurs à former plus important (lié et la mise en place d’une équipe dédiée aux relances et à l’allongement du terrain d’enquête)
IMPACT SUR L’ENQUÊTE BAROMÈTRE SANTÉ
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La mise en place du BaroTest a soulevé de nombreuses questions
– L’acceptation du volet biologique (avec la levée de l’anonymat) : estimé à 50 %
– Le retour des prélèvements au laboratoire : estimé à 60 % des personnes ayant accepté
7 000 trousses d’auto-prélèvement ont été élaborées
– La qualité des prélèvements pour que les résultats soient exploitables
AVEC DE NOMBREUSES INCONNUES …
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Parmi lesquels…
– Une présentation initiale du Barotest beaucoup trop longue et des argumentaires mal adaptés,
– Un lot de trousses dans lequel le sac plastique était trop petit pour contenir le buvard.
– Un nombre de trousses créé très insuffisant (acceptation du volet bien au-delà des 50 % attendus + sur-échantillons régionaux qui sont venus « gonfler » le nombre d’interviews à réaliser)
Création de 7 000 kits supplémentaires (14 000 au total)
– Des auto-piqueurs difficiles à manier et souvent défectueux
– Un délai de retour des résultats beaucoup plus long que celui prévu initialement…
ET QUELQUES SOUCIS EN COURS DE TERRAIN…
LES RÉSULTATS
DES RÉSULTATS INATTENDUS…
14 820
Proposition du Barotest10 980
Acceptation Barotest10 800
5 840*
Acceptation de la levée d’anonymat
Retour prélèvement au laboratoire
72,9 % 74,1 %
39,4 %
Soit 54,1 % des acceptations
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DES DIFFÉRENCES OBSERVÉES
Acceptation
(%) Participation
(%) Sexe
Hommes
Femmes 72,5
73,2 38,0
40,6
Age
18-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65-75 ans
70,6 76,6 76,5 74,5 72,6 65,0
32,7 35,8 39,3 39,9 43,3 41,3
Echantillon
Fixe
Mobile 73,8
72,1 41,9
37,3
– Aucun spot remplis pour moins d’1 % des buvards reçus par le CNR
– 5 spots correctement ou trop remplis : 78,4 %
– 3 spots correctement ou trop remplis (permettant de faire l’ensemble des analyses) : 89 %
Assez éloigné de nos craintes initiales