• Aucun résultat trouvé

Mécanisation et pratiques paysannes en région cotonnière au Burkina Faso

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Mécanisation et pratiques paysannes en région cotonnière au Burkina Faso"

Copied!
12
0
0

Texte intégral

(1)

Mécanisation

et pratiques paysannes

en région coto

au Burkina F

Dans le cadre du

projet « motorisation

intermédiaire » de

la SOFITEX (Société

burkinabé des fibres

textiles), l'institut d'études

et de recherches agricoles

du Burkina Faso (INERA)

et le Centre de

coopération internationale

en recherche agronomique

pour le développement

(CIRAD) ont mené une

enquête sur l'équipement

des exploitations agricoles

de la région cotonnière

du Burkina Faso.

G. FAURE CIRAD-CA/INERA, BP 208, Bobo-Diou lasso, Burkina Faso

C

ette synthèse en présente les principaux résultats. La com­ paraison avec d'autres tra­ vaux des années 80 sur la culture attelée et l'élevage offre ainsi une réflexion concrète quant à l'avenir de la m é c a n is a tio n a g r ic o le en Afrique de l'Ouest.

Les exploitations de trois villages, Bala, Daboura et Koumoura, ont été suivies pendant les campagnes de 1 9 9 0 -1 9 9 1 et 1 9 9 1 - 1 9 9 2 . Dans chaque village, douze d'entre elles, c h o is ie s en f o n c t io n du ty p e de mécanisation, ont fait l'objet d'ana­ lyses plus précises.

L'essor de

Séchage du maïs.

, . . Cliché C. Fovet-Rabot

la mécanisation

La culture attelée a connu des débuts modestes. En 1972, 3 900 bœufs de trait étaient recensés dans les Centres régionaux de promotion agro-pasto- rale des H a u ts-B a ssin s et de la Boucle du M o u h o u n (BARRIER et JAFFREZIC, 1 9 8 4 ). En 1 9 8 2 , ce chiffre est de 42 000, ce qui corres­ pond à peu près à un taux d'équipe­ ment des exploitations de 1 7 %. En 1989, SCHWARTZ (1991) observe que 33 % d'entre elles possèdent un

attelage. Si la progression est rapide, elle n 'a tte in t pas celle de la zone cotonnière du Mali, où l'équipement est d'environ 70 %. Toutefois, la dif­ fusion du matériel de culture attelée semble s'accélérer (FAURE, 1991 ; SANOGO, 1992).

A partir de 1977, les actions du pro­ jet « m otorisation intermédiaire », lié à la SOFITEX, o n t d é b u té par

(2)

M é c a n is a tio n au Burkina Faso Zone cotonmère ft* --- Limite de région - - - Limite de CRPA I --- Frontière O Village enquêté M A L I " " “s r B U R K I N A FAS O 10' MAURITANIE

Figure 1. L'O uest du Burkina Faso et la zon e cotonnière.

La région cotonnière

du Burkina Faso

La région c oto nnière du Burkina Faso (figure 1 ), localisée à l'ouest du pays, couvre environ 57 000 kilom ètres carrés. Elle c o n n a ît une p lu v io m é trie assez élevée po u r un pays sahélien (700 à 9 0 0 m illim ètres) et une densité de p o p u la ­ tion encore modérée (15 à 35 habitants au k ilom ètre carré en 19 85 ). A ussi, e lle a to u jo u rs été c o n s id é ré e c o m m e favorable à l'ag ric u ltu re , bien que la grande m ajo rité des sols ait une a p titu d e a g ric o le m o y e n n e . Elle c o m p re n d q u e lq u e s 120 0 0 0 e x p lo ita tio n s a g ricoles. Le c o to n n ie r o ccu pe 150 0 0 0 hectares et le maïs 200 0 0 0 hectares.

Cette région est en pleine m utation. L'augm entation natu­ r e lle d e la p o p u la t io n (a c c e n tu é e p a r un fo r t c o u r a n t m igratoire en provenance du centre et du nord du pays) et l'o u v e rtu re croissante du m on de rural sur l'é c o n o m ie de marché, transform ent les systèmes de pro d u c tio n et m o d i­ fie n t la gestion de l'espace des com m unautés paysannes.

Certains facteurs laissent a u g u rer d 'u n e é v o lu tio n fa v o ­ rable vers une agricultu re plus perform ante. En particulier, l'élévatio n des revenus monétaires, essentiellem ent grâce à l'essor de la cultu re cotonnière, a favorisé la mécanisa­ tion agricole et la c o n som m a tion d'intrants. Cependant, la crise que traverse a c tu e lle m e n t la filiè re c o to n n iè re peut rem ettre en qu es tio n un d é v e lo p p e m e n t fo n d é sur cette s p é c ulation . N o m b re d'ob serva te urs s o u lig n e n t que cer­ tains équilibres, notam m en t écologiques, o n t été rompus. La mise en place d 'u n e agricultu re durable, conservatrice de la fe rtilité des terres et soucieuse d 'u n e gestion raison- née des ressources naturelles (bois, pâturages...) n'est pas encore assurée.

l'i n s t a ll a t i o n de six tra c te u rs en e x p lo ita tio n a g ric o le , puis 46 en 1982, 156 en 1985 et 257 en 1987. A partir de cette date, les installa­ tions ont ralenti à cause du fléchis­ sement de l'a c t iv it é é c o n o m iq u e nationale. En 1992, dernière année d 'i n t e r v e n t i o n du p r o je t, 300 tracteurs (type TE 28 chevaux) étaient en service grâce à ces actions. Cependant, en marge du projet, des agriculteurs et des entrepreneurs ont acheté des tracteurs de plus forte puissance. Pour c e la , ils se sont adressés à des circuits privés. Ainsi, 2 0 0 e n g in s de ce ty p e e x is te n t actuellement. Le nombre d'exploita­ tions motorisées est com pris entre

0,2 et 0,5 % de l'e n s e m b le de la ré g io n c o t o n n iè r e , ce q u i reste modeste. Cela prouve en to u t cas que la m o to r is a tio n a la rg e m e n t dépassé le cadre expérimental.

La mécanisation

dans les grandes

exploitations

La com paraison des e x p lo ita tio n s dans les tro is v illa g e s e n q u ê té s montre que le niveau de mécanisa­ tio n dépend de la p o p u la tio n de l'e x p lo ita tio n (tableau 1). Les

(3)

Tableau 1. Les données de la m écanisation dans les trois villages enquêtés, par exploitation. Un tracteur > 2 paires de bœufs Une paire de bœufs C ulture m anuelle % du total des exploitations 2 14 35 49

N om bre de cas suivis 25 15 15 17

P opulation totale (habitants) 31,2 15,3 9,9 7,9 Surface totale (hectares) 34,8 15,9 9,2 3,8 Surface/personne (hectare) 1,12 1,04 0,93 0,48 Revenu agricole annuel net (1) 1 018 436 312 71

(1 ) en m illio n s de francs CFA, avant dé valuatio n 100 francs CFA é q u ivala ien t à 2 francs français. g 100 0 03 1 80 Q_ £ 60 <S) eu "O >5 40 20 C harrue Semoir 1 00r Charrette

Type d'exploitation Type d'exploitation Type d'exploitation

£100 o Sarcleur 80 CL £ 60 <S) eu "O ^ 40 20 0 Type d'exploitation 1 00r Billonneur Type d'exploitation exploitation avec ™ un tracteur

■ ■ exploitation avec au moins 2 paires de bœufs

g * exploitation avec 1 paire de bœufs h exploitation manuelle

Figure 2. Taux d 'é q u ip e m e n t pour la traction anim ale, selon le niveau de m écanisation des e x p lo itation s (données : recensement de toutes les exp lo itation s des trois villages, cam pagne 1990-1991).

faces totales s'accroissent fortement avec le degré d'équipement, dans la mesure où la terre reste un capital relativement abondant. En revanche, les superficies cultivées par personne progressent moins vite. BIGOT et R A Y M O N D (1 9 9 1 ), en C ô te - d'Ivoire, au Mali et au Burkina Faso, i d e n t i f i e n t la m êm e te n d a n c e : 0,5 hectare par personne en culture

manuelle, 0,6 en culture attelée et 0,9 en culture motorisée.

Les exploitations mécanisées sem­ blent valoriser leur équipement pour p ro lo n g e r les stratégies q u 'e lle s développaient en culture manuelle. Les moyens supplém entaires sont employés pour étendre les superfi­ cies cultivées et non pas pour inten­ sifier le système de production, dans le sens d 'u n e a u g m e n ta t io n de la q u a n t it é de tr a v a il et de la consommation en intrants par unité de surface.

Malgré tout, la mécanisation favori­ se-t-elle d'autres formes d'intensifi­ cation ? La culture attelée, corollaire de l'élevage, permet-elle l'utilisation de fumure organique ? Pour éclaircir le d é b a t, nous essaierons de répondre aux questions suivantes : - Quel est le raisonnement paysan dans l'utilisation du matériel ? - Les itinéraires techniques sont-ils mieux maîtrisés ?

- La gestion de la fertilité des terres e s t-e lle a m é lio r é e grâce à une meilleure intégration de l'élevage à l'agriculture ?

L'utilisation

du matériel

Les exploitations motorisées ne pos­ sèdent pas toutes une chaîne c o m ­ plète de matériel : charrue, herse, s e m o ir, b a rre p o r t e - o u t il et remorque. En 1990, 42 % d'entre elles en sont pourvues. Les configu­ rations les plus fréquentes sont la charrue seule (16 % des e x p lo ita ­ tions), l'e n se m b le charrue-herse- barre-remorque (15 %) et la com bi­ naison charrue-herse-semoir (10 %). En culture attelée, on retrouve cette tendance à acquérir seulement une p a rtie du m a té rie l sur le m arché (figure 2). L'équipement reste incom­ plet surtout pour les exploitations n 'a y a n t q u 'u n e p a ire de bœ ufs. Autre fait important, celles disposant d 'u n tracteur gardent leur é q u ip e ­ ment de traction animale.

(4)

M é ca n isa tio n au Burkina Faso

Surface préparée Surface sarclée

180 % -i

Un équipement

inégalement utilisé

Les producteurs ne souhaitent pas mécaniser intégralement les travaux d'entretien des cultures. Ils c o m b i­ nent les moyens dont ils disposent pour réduire leurs coûts de fonction­ nement.

Il est préférable de sarcler les par­ c e lle s m a n u e lle m e n t ta n t que la m a in -d 'œ u v re fa m ilia le n'est pas totalement occupée par les semis, les épandages d'engrais et les d é m a ­ riages. Le coût d'opportunité de cet­ te m a in -d 'œ u v re est presque nul dans ce cas. P a r a llè le m e n t, les bœufs peuvent réaliser une grande partie des sarclages dans les inter­ lignes et les buttages, qui ne sont jamais faits à la main. Le tracteur, quand ¡I existe, complète les opéra­ tions d'entretien, à condition que les préparations des terres et les semis soient achevés.

Type d'exploitation Type d'exploitation

Travail tracteur | j Travail bœuf ¡ ¡ ¡ j Travail manuel Sans travail Motor : exploitation avec un tracteur Gdatt : exploitation avec au moins 2 paires de bœufs Manuel : exploitation manuelle Ptatt : exploitation avec une paire de bœufs

Figure 3. Caractéristiques des travaux de préparation des terres avant semis et des sarclages, selon le niveau de m écanisation des e x p lo itation s (données : 12 e x p lo itation s par village, campagnes 1990-1991 et 1991 -1992).

La combinaison

des modes de travail

Ce r e l a t i f s o u s - é q u ip e m e n t s'explique par les travaux effectués par les paysans. La mécanisation, et encore plus la motorisation, permet­ tent surtout d'a ccro ître la part des terres préparées avant le semis (figu­ re 3). Les surfaces semées sans pré­ paration sont significatives unique­ m e n t p o u r les e x p lo it a t io n s non équipées (environ 40 % de leurs sur­ faces cultivées). Ces dernières louent aussi du matériel, puisque plus de 40 % de leurs terres cultivées sont préparées à l'aide de bœufs.

Les semis sont effectués mécanique­ ment quand le matériel est disp o ­ nible : c'est le cas des exploitations motorisées et de quelques exploita­ tions en culture attelée. Les agricul­ teurs o n t en e ffe t c o n s c ie n c e de l'inté rê t de semer le plus vite pos­ sible, objectif difficilement réalisable en culture manuelle.

Mais des raisons techniques préva­ lent également : au début de la cam­ pagne agricole, les bœufs, souvent faibles (sous-alimentés et en mauvais éta t s a n ita ir e ) , ne p e u v e n t pas concurrencer valablement le tracteur ; pendant les périodes les plus p lu ­ vieuses, de la mi-juillet à la fin août, il est d i f f i c i l e d 'e n t r e r dans les champs avec un tracteur.

B IG O T et R A Y M O N D (1 9 9 1 ) constatent les mêmes processus dans d'autres régions d'Afrique de l'Ouest : « l'acquisition de nouveaux moyens, non seulement n'entraîne pas la dis­ p a r i t i o n des a n c ie n s , m ais au contraire en augmente l'utilisation, voire en accroît l'efficacité ».

Une bonne maîtrise

des techniques

La plupart des agriculteurs qui tra­ vaillent avec du matériel mécanisé m aîtrisent c o rre cte m e n t les itin é ­ raires te c h n iq u e s . Ce c o n sta t ne conforte guère la thèse de l'extensifi- cation par la mécanisation. Certaines données, autres que celles relatives

(5)

Cotonnier 1 r 13 14 1 I J J 30 I I I I I I- I I I I I I I I <§> Maïs 30 1 14 21 23 26 1 1 1 I I ' 1...I l 1 1 1 1 I I 1 1 © I I I 1 1 1 1

* x r

T " " T ..t....

\ r

Juin1 Mil et sorgho 1 10 ï - ï \ r 19 22 - H ' 1 J J V 30 M i l l <§>

exploitation avec un tracteur \ f exploitation avec 1 paire de bœufs

exploitation avec au moins ^ exploitation en culture manuelle 2 paires de bœufs

Figure 4. Dates m oyennes de semis (pondérées par les surfaces) selon le niveau de m écanisation des e x p lo itation s (données : 12 exp lo itation s par village, campagnes 1990-1991 et 1991 -1992).

Le projet

« motorisation

intermédiaire »

Dès l'o r ig in e du p r o je t « m o to ris a tio n in te rm é d ia ire », un acce nt p a rtic u lie r a été m is sur le d é v e lo p p e m e n t d u ra b le des systèmes de p ro d u c tio n m otorisés, fo rte m e n t c o n s o m m a te u rs de c a p ita l : itin é r a ir e s t e c h n iq u e s a d a p té s et sys­ tèm es de c u ltu re intensifs et re p ro d u c ­ tibles perm ettant une m e ille u re intégra­ tion agricultu re-é leva ge. Pour répondre à c es o b j e c t i f s , u n p r o g r a m m e de rech erch e-dé velo pp em en t a été fina ncé pa r la Caisse fra n ç a is e de d é v e lo p p e ­ ment. Il a été c o n fié d 'a b o rd au C IR A D puis à l'IN E R A lo rque cette in stitu tion a vu le jo u r. T rois phases se sont suc c é ­ dées entre 1982 et 1992, p riv ilé g ia n t la mise au p o in t des itinéraires techniques, puis la gestion de la fe rtilité des sols et enfin le conseil de gestion in d iv id u a lis é aux exploitations.

aux surfaces labourées, vont dans le sens de cette observation.

Semis plus précoces

Pour les exploitations motorisées et celles disposant de plusieurs paires de bœufs, les dates de semis sont légèrement plus précoces pour les cultures jugées prioritaires, en parti­ culier le cotonnier et le maïs (figure 4). Ailleurs, selon les besoins d'auto- c o n s o m m a tio n , les a g r ic u lte u r s sèmeront plus tôt d'autres cultures, comme le sorgho ou le mil.

Finalement, les écarts observés entre les dates de semis en fo n c tio n du niveau de mécanisation sont réels mais faibles. Ceci est d'autant plus vrai que de nombreux paysans alter­

nent les dates des semis du cotonnier et des plantes vivrières, pour atté­ nuer les risques d 'irré g u la rité des pluies sur la production. Cette straté­ gie désorganise quelque peu l'ordre de priorité accordé aux différentes cultures.

Davantage d 'intrants

Les e x p lo ita tio n s mécanisées ont te n d a n c e à c o n s o m m e r plus d 'in tra n ts . C'est le cas des h e rb i­ cides, encore très peu utilisés car commercialisés seulement récem­ ment au Burkina Faso. En 1991, une enquête menée auprès de 3 379 pro­ ducteurs de coton a montré que les produits herbicides ont été employés sur le cotonnier par 77 % des exploi­ tations motorisées, 16 % des exploi­ tations en culture attelée et 7 % des exploitations manuelles (LENDRES, 1992). L'étude conduite dans les v il­ lages de Bala, Daboura et Kourouma confirme ce fait (FAURE, 1992). En outre, l'he rb icid e est épandu aussi bien sur le cotonnier que sur le maïs, mais plus rarement sur le sorgho. Il en va de même pour les insecti­ cides de p ro te c tio n de la c u ltu re cotonnière (tableau 2). Toutefois, si le nombre de traitements est proche des recommandations des services de la recherche, les doses appliquées en sont loin.

Des interventions

plus performantes

Le nombre de passages pour l'entre­ tien des cultures (sarclages et but­ tages) dépend en partie du niveau de m é c a n is a tio n des e x p lo it a t io n s

Tableau 2. Les traitem ents insecticides du c o to n n ie r (p ro du it c h im iq u e épandu en ultra bas volum e, à raison de 3 litres par hectare par traitem ent). Données moyennes établies à partir de 3 379 e x p lo itation s (LENDRES, 1992).

E xploitation motorisée E xploitation attelée E xploitation m anuelle Recom m andations de la recherche N o m bre de traitements 6,3 5,5 5,1 4 ou 5 Dose totale (m oyenne, l/ha) 11,3 10,4 8,9 1 2 ou 1 5

(6)

M é ca n isa tio n au Burkina Faso

Tableau 3. N o m bre de passages par parcelle pour l'en tre tien des cultures dans les trois villages (sarclages et buttages confondus).

E xploitation m otorisée 2,1 > deux paires de bœufs 2,2

Un attelage 1,7

E xploitation m anuelle 1,8

(tableau 3). En revanche, pour la cul­ ture du cotonnier, les interventions (entretien et engrais) sont d'autant plus soignées que l'exploitation est bien équipée (tableau 4).

Légère hausse

des rendements

En maïs et cotonnier, les rendements sont d'autant plus élevés que l'équi­ pement de l'exploitation est impor­ tant ; les interventions culturales sont plus fréquentes, les semis un peu plus précoces, les sarclages exécutés plus tôt et les engrais mieux utilisés. Pour le mil et le sorgho, les conclu­ sions sont inverses, car les priorités des a g ric u lte u rs sont d iffé re n te s (tableau 5).

Tableau 4. Caractéristiques des façons culturales c o to nnière (445 parcelles suivies dans les trois vi

sur des parcelles en liages). c ultu re Exploitation motorisée Exploitation attelée Exploitation m anuelle Nom bre de jours après semis

- prem ier sarclage 26 24 30

- épandage de l'engrais

c o m p le t NPK 24 25 28

% des parcelles bénéficiant

- apport fractionné d'engrais 67 34 0

- enfouissem ent de l'engrais

c o m p le t 61 38 18

- enfouissem ent de l'urée 80 53 12

Tableau 5. Rendements des cultures (kilogram m es par hectare) selon niveau de m écanisation des exploitations, dans les trois villages.

E xploitation m otorisée E xploitation attelée E xploitation m anuelle Données 1990-1991 C o to nn ier 1 350 1 100 -Maïs 3 030 2 680 1 950 Sorgho 1 210 1 050 1 400 M il 1 260 940 -Données 1991 -199 2 C o to nn ier 1 350 1 270 1 000

Les rendements correspondent à des m oyennes de 10 à 300 observations, m ultipliés par un co e ffic ie n t 0,85 qu i tient c o m p te de la surestim ation systématique liée à la m éthode de mesure.

Dans le cas des cultures de rente, ces résultats montrent que la mécanisa­ tion est bien une forme d'intensifica­ tion agricole : elle ne sert pas seule­ ment à étendre les surfaces cultivées. Cela d it, les écarts de rendem ent restent encore modestes.

Le Centre régional de p ro m o tio n agro-pastorale des Hauts-Bassins a o b te n u des ré su lta ts s im ila ir e s quelques années auparavant, entre 1983 et 1985 (CHATELIN, 1988). Par rapport aux exploitations en cul­ ture manuelle, les exploitations en culture attelée avaient une produc­ tion supérieure de 200 kilogrammes par hectare en coton et 100 à 150 kilogrammes par hectare en maïs et en sorgho, mais leurs rendements en mil étaient inférieurs de 100 à 200 k ilo g ra m m e s par hectare. TERSI- GUEL (1992), dans un village de la zone cotonnière, montre également une augmentation sensible des ren­ dements du maïs et du coton quand l'e x p lo ita tio n passe de la c u ltu re manuelle à la traction animale puis de cette dernière à la culture moto­ risée.

L'avenir

des systèmes

de production

A priori, la meilleure maîtrise des iti­ néraires techniques indiquerait que la fertilité des terres est mieux gérée par les e x p lo ita tio n s mécanisées. Pourtant, cela n'est pas vraiment le cas.

La lutte contre l'érosion

L'aménagement de l'espace rural, q u i est au c œ u r du d é b a t sur la sédentarisation de l'agriculture, doit, entre autres, répondre au problème i m p o r t a n t de l'é r o s io n . A c t u e l ­ lement, les parcelles les plus fragiles subissent une érosion très forte qui peut aboutir rapidement (3 à 5 ans) à une chute drastique de la fertilité. Or, le besoin en terres arables des populations rurales s'accroissant, ces

(7)

sols sont de plus en plus exploités. En revanche, les terres profondes, situées en bas de toposéquence, sans pente marquée, peuvent être c u lti­ vées p e n d a n t 10 ou 20 ans sans q u 'a u c u n e trace de ruissellem ent n'apparaisse, même si l'érosion en nappe provoque parfois une baisse p ro g re s s iv e de la p r o d u c t io n (BISHOP et ALLEN, 1989). En fait, la plupart de ces bonnes terres sont la propriété des exploitations m otori­ sées et d 'u n e b o n n e p a rtie des e x p lo it a t io n s en c u ltu r e atte lé e . Dans ces c o n d it io n s , les chefs d'exploitation ne perçoivent pas for­ cément l'in té rê t d'aménager leurs parcelles.

Toutefois, les communautés rurales pressentent aujourd'hui que l'espace qu'elles exploitent n'est pas exten­ sible. Certes, Immigration, alternati­ ve provisoire à l'inte nsification de l'agriculture, est toujours possible. M ais e lle est jug é e a c tu e lle m e n t moins attrayante et ne pourra pas se prolonger longtemps.

Sous l'impulsion de projets d'origine diverse (organisations non gouverne­ mentales, coopération et aide inter­ nationales), des collectivités ou des

Récolte de maïs et de coton. Cliché M. Berger

in d ivid u s aménagent leur espace. Par ailleurs, des initiatives purement individuelles voient le jour. Si ces travaux restent encore ponctuels, on peut raisonnablement penser qu'ils s'étendront dans le futur.

Par exemple, le Projet national de gestion des terroirs, dans quelques villages de l'ouest burkinabé, favori­ se les intiatives locales et collectives qui débouchent sur une m eilleure gestion des ressources renouvelables : délimitation et zonage des terroirs en fo n c tio n des potentialités, pla n ta ­ tions villageoises, mise en défens de zones dégradée s, c o n f e c t io n de diguettes en terre dans les blocs de culture. D'autres actions menées sur un plan plus individuel, concernent l'am én agem ent des exploitations. Elles se traduisent par l'installation de v é g é ta u x sur les c o u rb e s de niveau (Andropogon sp., Jatropha sp., Euphorbia sp., etc J ou encore par la plantation de haies vives impéné­ trables pour empêcher la divagation du bétail (Acacia sp., Bauhinia sp., Zizyphus sp.. J.

Pour ré a lis e r ces c h a n tie rs , les e x p lo ita tio n s mécanisées o n t des avantages qui ne sont pas liés à leur é q u ip e m e n t , mais à le u r m a in - d'œ uvre abondante et à leurs res­ sources financières plus importantes. De ce fait, ce sont elles qui sont le plus souvent favorables aux actions d'am énagem ent a n ti-érosif quand elles sont nécessaires.

Le rôle controversé

du labour

En m atière de fe r t ilit é des terres, quelles sont les conséquences des pratiques culturales, en particulier du labour, sur la conservation des sols ?

En région s o u d a n ie n n e , dans les conditions expérimentales des sta­ tions de recherche, l'effet favorable du labour sur le rendement paraît démontré (CHARREAU et N IC O U , 1971). Cependant certains auteurs contestent ces résultats dans le cas où les essais sont réalisés dans les exploitations agricoles.

(8)

M é c a n is a tio n au Burkina Faso

E xploitation avec tracteur

12% / c 9 % j Sorgho 33% Exploitation avec 1 paire de bœufs 6% 18% 11% E xploitation avec 2 paires de bœufs ■ Coton ■ Maïs ■ Sorgho ■ M il Cultures associées Autres cultures 27 % C ulture m anuelle 15%

Figure 5. Assolem ent en fo n c tio n du niveau de m écanisation.

Or, dans la région cotonnière burki­ nabé, dès que les agriculteurs en ont les moyens, ils étendent leurs par­ celles labourées au détrim e n t des s u p e rfic ie s s c a rifié e s ou semées directement. Ils y trouvent donc un intérêt certain en p a rtic u lie r pour lutter contre les adventices.

Les conséquences d'un labour sur la fertilité d'un sol sont plus difficiles à a p p ré h e n d e r. C H A R R E A U et NICOU (1971) soulignent que, dans certaines conditions, le labour a un effet positif sur la structure et la poro­ sité du sol et d im inue les effets de l'érosion. En revanche, CHARPEN­ TIER (1991) indique que les phéno­ mènes d'érosion sont plus marqués quand un sol est travaillé avant le semis. Là encore, la question reste

posée. Mais, dans les trois villages e n q u ê té s , on a o b s e rv é que le labour, même pratiqué perpendicu­ lairement à la pente, n'est pas une technique suffisante pour supprimer les risques d'érosion. De même, des phénomènes de battance (formation d 'u n e n croûtem ent superficiel) se développent sur de nombreux sols de la région, qu'ils soient labourés ou non.

Le bilan minéral

Les exploitations mécanisées aban­ donnent les cultures de sorgho et de mil, dont la réponse aux engrais est faible, au profit du cotonnier et du maïs, qui deviennent les principales sources de revenu (figure 5). Cette spécialisation des systèmes de cultu­ re est accélérée par la mécanisation, ca r e lle p e rm e t aux paysans d'atteindre leurs objectifs d'autosuf- fisance alimentaire et de se consa­ crer plus exclusivement aux cultures de rente. Toutefois, il ne semble pas qu'elle en soit la cause : bien avant le développement des équipements mécanisés, les assolements avaient c o m m e n c é à é v o lu e r (B E N O IT , 1982).

Paradoxalement, les exploitations correctement équipées (tracteur ou plusieurs paires de bœufs) utilisent moins d'engrais à l'hectare que les autres (tableau 6).

En revanche, le Centre régional de promotion agro-pastorale des Hauts- Bassins (C H A T E L IN , 1 9 8 8 ), lors d 'enquêtes menées entre 1983 et 1985, obtie n t des résultats légère­ ment différents. Les parcelles des e x p lo ita tio n s en tra c tio n anim ale sont plus fréquemment fertilisées, en particulier pour le maïs, par rapport à celles des exploitations en culture manuelle. Mais les doses d'engrais apportées sont équivalentes. TERSI- GUEL (1992), dans un village de la z o n e c o to n n iè re , in d iq u e que le nombre d'unités fertilisantes par hec­ tare apportées sur c o io n n ie r reste stable quel que soit le niveau de mécanisation de l'e x p lo ita tio n . En revanche, le nombre d'unités fertili­ santes par hectare apportées sur maïs

(9)

Tableau 6. Les surfaces fertilisées et les doses d'engrais, selon le type de m écanisation des exp loitations, dans les trois villages enquêtés.

U n tracteur > 2 paires de bœufs U ne paire de bœufs C ulture m anuelle % de surfaces avec engrais

Dose d'engrais (kg/ha) :

76 66 67 66

- c o to nnier 152 137 188 186

- maïs 149 125 188 176

M oye nn e toutes cultures 112 88 122 100

est stable pour les exploitations en culture manuelle et en traction ani­ male alors qu'il croît fortement pour les exploitations motorisées.

Finalement, la fertilisation minérale est une pratique courante dans cette région, largement favorisée par les cultures de maïs et de c o to n n ie r. Pourtant, dans tous les cas, à l'échel­ le du système de culture, le bilan m in é r a l est d é f i c i t a i r e (INERA, 1987).

La matière organique

Q u ant à l'e m p lo i de fum ure orga­ nique, il reste marginal, voire inexis­ tant, même pour les exploitations qui ont des bœufs de trait. Dans les trois villages suivis, 4 à 5 % des superfi­ cies des exp lo ita tio n s mécanisées reçoivent de la matière organique. BERGER et al. (1987) indiquent que, dans la zone cotonnière du Burkina Faso, la réponse aux e ngrais est f a ib le ou n u lle q u a n d le taux de matière organique du sol est infé­ rieur à 0,6 %. Les auteurs soulignent q u ' i l est nécessaire d 'a p p o r t e r

2 tonnes de matière sèche de fumier par hectare et par an pour maintenir un ta u x m in im u m de m a tiè re o rg a n iq u e de 1 % dans l'h o riz o n supérieur pour compenser sa miné­ ralisation naturelle.

Si les paysans ne produisent pas de fumier, ce n'est pas parce qu'ils n'en connaissent pas les propriétés. En effet, certains auteurs (SAVONNET, 1976 ; BENO IT, 1982) s ig n a le n t qu'autrefois, en pays bwa et bobo, les cultivateurs amendaient de cette manière les champs localisés autour des v illa g e s . D e p u is , de vastes champs ont été ouverts sur des terres de meilleure qualité plus éloignées des habitations et cette pratique est tombée en désuétude.

L'élevage dans la

région cotonnière

Le cheptel de chaque exploitation est-il suffisant pour produire assez de fumier, en considérant de façon o p t im is t e qu e c h a q u e a n im a l y contribue ?

Les statistiques

En 1989, SCHWARTZ (1991) relève que chaque exploitation possède en moyenne 3,9 bovins, à partir d'une enquête auprès de 12 000 exploita­ tio n s de la z o n e c o t o n n iè r e . En 1 9 91, dans les v illa g e s de Bala, Daboura et Kourouma, ce ratio s'élè­ ve à 5,0. Les recensements de 1975, puis de 1985 (tableau 7) donnent un ordre de grandeur similaire.

Le la bour : une opération culturóle généralisée lorsque l'agriculteur possède un tracteur. Cliché G. Faure

Tableau 7. E volution du no m bre des e x p lo itation s et du nom bre de bovins dans les deux p rin c ip a u x centres régionaux de p ro m o tio n agro-pastorale (Boucle du M o u h o u n et Hauts-Bassins) de la région c oto nnière (G OUET, 1975 cité par GUIBERT, 1988 ; CLANET et MEYER, 1985 ; TYC et GERGELY, 1989 ; SCH W AR TZ, 1991).

1974-1975 1984-1985 19 89 -199 0

Exploitations 78 000 109 0 0 0 129 000

Bovins 4 5 0 000 620 000 710 000

Bovins par exp lo ita tio n 5,8 5,7 5,5

Une ex p lo ita tio n com p orte en m oyenne 9,9 personnes (SCHWARTZ, 1991).

(10)

M é c a n is a tio n au Burkina Faso

A m énagem ent anti-érosif villageois : chicane po ur le passage des vélos.

Cliché C. Fovet-Rabot

Ces données, même si leur fiabilité est inégale, montrent que le cheptel régional s'a ccro ît nettem ent mais que le nombre de bovins par exploi­ ta tio n reste stable, v o ire régresse dans certains cas. En fait, les tro u ­ peaux sont in é g a le m e n t répartis entre les exploitations. SCHWARTZ (1991) signale que 52 % du cheptel appartiennent aux Peul, qui repré­ sentent environ 6 % de la population rurale. Par ailleurs, seules les exploi­ tations les plus prospères possèdent des bœufs : 39 % des exploitations. Le niveau de mécanisation est à ce tit r e une v a r ia b le d is c r im in a n t e (tableau 8).

BERGER et al. (1987) ont proposé une méthode qui permet de c o m ­ penser les pertes en matière orga­ nique. Grosso modo, il faut apporter 2 tonnes de matière sèche de fumier par hectare et par an. Pour fabriquer cette quantité, l'exploitant doit pos­ séder 1,6 bovin et prévoir un assole­ ment comportant 20 % des surfaces en céréales afin de pouvoir utiliser la paille. En réalité, très peu d'exploita­ tions correspondent à ce modèle fau­ te d'un troupeau suffisant. La plupart des exploitations manuelles en sont exclues, tandis qu'une minorité des explo itations en culture attelée ou motorisée dispose des moyens suffi­ sants pour garantir le maintien de la f e r tilité de leurs terres, selon ces recommandations. Des travaux de l'INERA (1987) montrent que 23 % des exploitations motorisées ont un cheptel suffisant po u r développe r cette te c h n iq u e de fa b ric a tio n du fumier.

Tableau 8. Im portance du cheptel selon l'é q u ip e m e n t de l'e x p lo ita tio n

(données : recensement de toutes les exp lo ita tio n s des trois villages en 1990-1991, suivi de 12 e x p lo itation s par villa g e en 1990-1991 et 1991-1992).

U n tracteur > 2 paires de bœufs U ne paire de bœufs C ulture m anuelle Surface par e x p lo ita tio n

(hectares) 34,8 15,9 9,2 3,8

N o m bre bœufs de trait 3,3 4,6 2,2 0

N o m bre bovins

non attelés 17,4 8,6 3,0 1,7

Total des bovins

par hectare 0,6 0,8 0,6 0,4

La sédentarisation

des troupeaux

Une bonne moitié des bovins de la région appartient à des troupeaux peul effectuant des transhumances plus ou moins longues. Les transferts de fe rtilité sont alors réduits et se résument à des contrats de fumure, dont l'usage va en d im inuant dans de nombreux villages depuis que les conflits entre agriculteurs et éleveurs sont devenus plus fréquents. Ainsi, une grande p artie des d é je c tio n s n'est pas réincorporée aux sols culti­ vés.

Pourtant, la sédentarisation des trou­ peaux progresse : c'est une étape indispensable pour intégrer l'élevage à l 'a g r i c u l t u r e . Dans c e t o rd re d'idées, le nombre de bœufs de trait semble croître. GUIBERT (1988) esti­ me qu'en 1986, ces derniers repré­ s e ntaient 12 à 13 % des effe ctifs totaux. En 1989, SCHWARTZ (1991) note que cette proportion s'élève à 21 %. Dans les villages de Daboura, Kourouma et Bala, plus fortem ent équipés que la moyenne, la propor­ tion de bœufs de trait varie entre 21 et 89 % du cheptel (la moyenne des trois villages égale 30 %). Il est diffi­ c ile de tire r des conclu sio n s d é fi­ n itiv e s de ces v a le u rs , mais une te n d a n c e ré e lle se dessine. Si la pratique de la fumure organique se d é v e lo p p e , les bœufs de c u ltu r e attelée y joueront certainement un grand rôle.

La garde des troupeaux est le plus souvent sous la responsabilité des éleveurs peul. Mais progressivement, certains d'entre eux se sédentarisent. D'autres laissent la conduite des ani­ maux aux agriculteurs. Ces derniers restent ainsi maîtres de la gestion du troupeau, condition nécessaire pour augmenter la production de fumier au sein de l'exploitation.

Cela d it, la s é d e n ta risa tio n reste encore un phénom èn e m ineur. A D a b o u ra , s e u le m e n t 10 % des exploitations non peul gèrent elles- mêmes leur cheptel bovin (TRAORE, 1991).

(11)

Conclusion

La mécanisation permet une aug­ mentation des surfaces cultivées par e x p lo ita tio n et par personne. Elle favorise aussi le développement de systèmes de culture nouveaux, sus­ c e p tib le s de m ie u x r é p o n d re à l'intensification.

Toutefois la fixation de l'agriculture reste p r o b lé m a tiq u e . Certes, les exploitations mécanisées ont aug­ m enté le u r c o n s o m m a tio n en engrais, mais le b ila n m in é r a l à l'échelle du système de culture est toujours déficitaire. Malgré une éro­ sion importante des sols, les aména­ gements de l'espace demeurent très peu fréquents. Le maintien du taux de matière organique dans le sol, gage d'un niveau de fertilité accep­ table, n'est pas garanti. La jachère longue, qui remplissait traditionnel­ lement ce rôle, est en rapide régres­ sion.

Les communautés rurales ont la pos­ sibilité de réagir par des innovations te c h n iq u e s ou en re m e tta n t en vigueur des pratiques anciennes de

fe rtilis a tio n o rg a n iq u e et de lutte contre l'érosion. La question est de savoir si elles a u ro n t le temps de s'adapter. Les évolutions en milieu rural sont toujours lentes, à l'échelle d'une génération, alors qu'actuelle­ ment l'e n v iro n n e m e n t se m o d ifie très vite. Le taux d'accroissem ent annuel de la population atteint 3,3 % dans l'ensemble de la zone coto n ­ nière et dépasse 5 % lo calem ent. CLEAVER et SCHREIBER (1992) affir­ ment qu'une agriculture durable ne peut se développer qu'à certaines conditions : un accroissement faible de la population, une productivité acceptable de l'a g ric u ltu re et une p o litiq u e agricole cohérente (prix, débouchés, infrastructure, droit fon­ cier).

Aussi, la m é c a n is a tio n , selon le contexte é c onom ique dans lequel elle évolue, peut favoriser l'installa­ t io n de systèmes de p r o d u c t io n durables ou au contraire contribuer à une d é g r a d a tio n a c c é lé ré e du milieu. En fin de compte, elle est un moyen parmi d'autres, au service de multiples stratégies paysannes.

Le semis mécanisé, un gain de temps appréciable. Cliché G. Faure

Bibliographie

BARRIER C., JAFFREZIC, Y., 1984. La cu l­ ture attelée en Haute-Volta. Bilan et perspec­ tives. Paris, France, Caisse française de déve- lopement, 70 p. + annexes.

BENOIT M ., 1982. O is eaux de M il, les mossi du Bwamu, Haute-Volta. Paris, France, ORSTOM, collection Mémoires n° 95, 116 p.

BERGER M., BELEM P.C., D A K U O U D., HIEN V., 1987. Le maintien de la fertilité des sols dans l'Ouest du Burkina Faso et la néces­ sité de l'a s s o c ia tio n a g r ic u ltu r e -é le v a g e . Coton et fibres tropicales, 42 (3) : 201 -210.

B IG O T Y., R A Y M O N D G ., 1 9 9 1 . T ra c tio n a n im a le et m o to ris a tio n en z o n e cotonnière d'Afrique de l'Ouest. Montpellier, France, CIRAD-SAR, collection Documents et

systèmes agraires, n° 14, 95 p.

BISHOP J., ALLEN J., 1989. The on-site costs o f soil erosion in M a li. W a s h in g to n , USA , T h e W o r l d B a n k , E n v ir o n m e n t Department, working paper n° 21.

CHARPENTIER H., 1991. Rapport analy­ tique campagne 1990, expérimentation sur le te rro ir villageois de Tcholelevogo. Bouaké, Côte-d'Ivoire, IDESSA, 54 p. + annexes.

(12)

M é ca n isa tio n au Burkina Faso

CHARREAU C., NICO U R., 1971. L'amé­ l i o r a t i o n d u p r o f i l c u l t u r a l dans les sols sableux et sablo-argileux de la zone tropicale sèche ouest-africaine et ses incidences agro­ nomiques. Montpellie r, France, CIRAD-IRAT, Bulletin agronomique n° 23, 254 p.

CHATELIN E., 1988. Enquêtes de suivi, résultats des campagnes agricoles 1983-1984, 1984-1985 et 19 8 5-1 9 8 6. Bobo-Dio ula sso, Burkina Faso, projet « Développement agrico­ le des Elauts-Bassins », tome I, 99 p. ; tome II, 99 p. ; tome III, 76 p.

C L A N E T J.-C ., MEYER j. - F . , 1 9 8 5 . M o u v e m e n ts p a s to ra u x au B u r k in a Faso. S y n th è s e des e n q u ê te s 1 9 8 4 - 1 9 8 5 . O u a g a d o u g o u , B urkina Faso, m in is tère de l'Agriculture et de l'Elevage, 55 p.

CLEAVER K., SCHREIBER, G., 1992. The p o p u la t io n , a g r ic u lt u r e and e n v ir o n m e n t nexus in Sub-Sahara A fr ic a . W a s h in g to n , USA, The W o rld Bank, 206 p.

FAURE C., 1991. Systèmes de production et petite motorisation. Rapport annuel 1990- 1991. Bobo-Dioulasso, Burkina Faso, INERA ; Montpellier, France, CIRAD-CA, 53 p.

FAURE G., 1992. Intensification et séden­ ta r is a t io n des e x p l o it a t i o n s m é c a n is é e s . Rapport annuel 1991-1992. Bobo-Dioulasso, Burkina Faso, INERA ; M o n tp e llie r, France, CIRAD-CA, 52 p.

GUIBERT B., 1 988. Etude de l'é le vag e dans le d é v e lo p p e m e n t des zones c o to n - m è re s , le B u r k in a Faso. M é m o i r e de fin d 'é t u d e s . M o n t p e l l i e r , F ra n c e , C IR A D , CNEARC, 90 p. + annexes.

INERA, 1987. Synthèse de la recherche d 'a c c o m p a g n e m e n t réalisée p o u r le p ro je t « motorisation intermédiaire ». Ouagadougou, Burkin a Faso, INERA ; M o n tp e llie r, France, CIRAD, 79 p. + annexes.

LENDRES P., 1992. Pratiques paysannes et utilisation des intrants en culture cotonnière au Burkin a Faso. CIRAD, INERA, SOFITEX. Mém oire de fin d'études. Montpellier, France, CNEARC, 82 p. + annexes.

SAVONNET G., 1976. Inégalités de déve­ loppement et organisation sociale, exemples empruntés au sud-ouest de la H aute-V olta. C a h ie rs de l'O R S T O M , sé rie S c ie n c e s humaines, 13 (3) : 23-40.

SA NO G O S., 1992. Dynamique paysanne et d if f u s io n de la c u lt u r e a tte lé e en z o n e cotonniè re au Burkina Faso. M ém o ire de fin d'études. Montpellier, France, CNEARC, 76 p.

SCHWARTZ A., 1991. L'exploitation agri­ cole de l'aire cotonnière burkinabé : caracté­ ristiques sociologiques, démographiques, éco­ nomiques. Paris, France, ORSTOM, 88 p.

TERSIGUEL P., 1992. Boho-Kari, villa ge bwa : les effets de la mécanisation dans l'aire cotonnière du Burkina Faso. Thèse d'universi­ té, g é o g r a p h ie , U n i v e r s i t é d e Paris X, Nanterre, France, 592 p.

TRAORE L. V., 1991. Etude des systèmes d'élevage intensifs à Daboura. Mém oire de fin d'études. Burkina Faso, Ouagadougou, EIER, 53 p. + annexes.

TYC )., GERGELY N., 1989. Etude de l'éle­ vage et de la commercialisation du bétail dans l'ouest du Burkina Faso. Paris, France, Caisse française de développement ; Ouagadougou, Burkina Faso, ministère de l'Agriculture et de l'Elevage, 136 p. + annexes.

G. FAURE - Mécanisation et pratiques paysannes

^ dans la région cotonnière du Burkina Faso.

£ Dans la rég io n cotonnière du B urkin a Faso, la culture 3 attelée s'est rap id em e nt développée et la motorisation a „0) dépassé le stade e x p é rim e n tal. Alors que le n o m b re de O É bœufs de trait était négligeable en 1 9 7 2 , le ta u x d 'é qu i­

pe m en t des exploitations cotonnière atteign ait 3 3 % en 1 9 8 9 . Dans le cadre du projet « m otorisation in t e r m é ­ d iaire » lié à la SOFITEX, le nom bre de tracteurs en acti­ vité est passé de 6 en 1 9 7 7 à 3 0 0 en 1 9 9 2 . Il f a u t y ajo u ter 2 0 0 tracteurs achetés par d 'a utres agriculteurs et entrepreneurs grâce à des circuits privés. La m écani­ sation conduit à l'a u g m e n ta tio n des surfaces cultivées p a r e x p lo ita tio n et p a r h a b ita n t. M ê m e si le m a té rie l n'est pas tou jo urs p le in e m e n t utilisé, les exploitation s équipées a m élio ren t leurs techniques culturales, contri­ bu an t ainsi à une lég ère hausse des rendem ents. Cette technicité accrue ne correspond pas encore à l'établisse­ m e nt de systèmes de production durables. La fertilité des terres n'est pas v é r ita b le m e n t e n tre te n u e : a m é n a g e ­ m e n ts a n ti-é ro s ifs ponctuels, b ilan s m in é r a u x dé fic i­ t a i r e s , r e s t i t u t i o n s o r g a n i q u e s q u a s i a b s e n t e s . A c tu e lle m e n t, quel qu e soit le ty p e d 'e x p lo ita tio n , le n o m b re de bovins présents ne p e rm et pas de produire assez de f u m ie r pour m a in te n ir un ta u x acceptable de m a tière org an iq ue dans le sol. Des changem ents positifs sont q u a n d m ê m e observés, qui v o n t dans le sens de l'in tégratio n de l'éleva ge à l'agriculture.

Mots-clés : traction a n im a le , m o to risation , systèm e de p r o d u c t i o n , i n t é g r a t i o n a g r i c u l t u r e - é l e v a g e , cu ltu res v iv riè re s , m aïs, c o to n n ie r, é le v a g e , B u rk in a Faso.

G. FAURE - Mechanization and farming practices

in the cotton-growing region of Burkina Faso.

g In t h e c o t t o n - g r o w i n g r e g i o n o f B u r k i n a F a so , £ cultivation w ith draug ht anim als developed rapidly and

m o to riz a tio n is now b e yo nd th e e x p e r im e n ta l stage. ^ There w e re almost no draug ht oxen in 1 9 7 2 , but 3 3 %

of fa r m had cotton cultivating eq u ip m en t in 1 9 8 9 . The n u m b er of tractors in use has increased fro m 6 in 1 9 7 7 to 3 0 0 in 1 9 9 2 as a r e s u lt o f t h e " i n t e r m e d i a t e m o to r iz a t io n " p ro je c t in a s so ciatio n w ith S O FITE X. Another 2 0 0 tractors w ere bought by oth er farm e rs and contractors th ro u g h p riv a te channels. M e c h a n iza tio n has led to an increase in the surface are a cropped per fa r m ond per inh abitan t. Even though the eq uipm ent is not alw ays fully utilized, the cultivation techniques on equipped fa r m h ave been im proved, with a consequent slight increase in yields. A sustainable cropping system has not yet been established despite this high technical level. Soil fertility is not actually being m a in ta in ed due to lim ited erosion control, deficient m ine ral balance and lack o f organic fertilization . Presently, regardless o f the typ e of fa r m , th e re a re not enough cattle to produce the am o u n t o f m a n u re required to ad eq uate ly fertilize th e f a r m soil. T h e r e h a v e still b e e n s o m e p o sitive ch an ges in v o lvin g a c o m b in a tio n o f a g ric u ltu re an d an im al husbandry.

K ey w ords: d r a u g h t a n im a ls , m o to r iz a tio n , fa r m in g system, com bined ag ric u ltu re -a n im al hu sbandry, food crops, m a ize , cotton plant, an im al husbandry, Burkina Faso.

G. FAURE - Mecanización y prácticas campesinas

£ en la región algodonera de Burkina Faso.

(1) En la región a lg odo ne ra de Burkina Faso, el cultivo de

E

tiro se ha desarrollado ráp id a m e n te y la motorización 5 { ha s u p e ra d o la fas e e x p e r im e n t a l. M ie n tr a s q u e en « 1 9 7 2 era insignificante el n ú m ero de bueyes de tiro, la dotación de las explotaciones alg o d o n e ras alca n za b a u n 3 3 % e n 1 9 8 9 . En e l m a r c o d e l p r o y e c t o " m o t o r iz a c ió n i n t e r m e d i a " v in c u la d o a SO FITEX, el n ú m e r o de tracto res en ac tiv id a d a u m e n t ó de 6 en 1 9 7 7 a 3 0 0 en 1 9 9 2 . H ay qu e a ñ a d ir 2 0 0 tractores adquiridos por otros agricultores y em presarios merced a c irc u ito s p r i v a d o s . La m e c a n iz a c i ó n c o n d u c e a l au m en to de las superficies cultivadas por explotación y por h a b ita n te . Incluso si el m a te r ia l no se le utiliza siem pre p le n am e n te, las explotaciones equipadas van m e jo rand o las técnicas de cultivo, contribuyendo así a un ligero a u m e n to de los rendimientos. Esta tecnicidad inc re m en tada no corresponde aú n al establecim iento de sistemas duraderos de producción. La fertilidad de las t ie r r a s no es tá v e r d a d e r a m e n t e f o m e n t a d a : o b ras antierosivas puntuales, chequeos m inerales deficitarios, restituciones orgánicas casi ausentes. En la actualidad, cualquiera que sea el tipo de explotación, el nú m ero de v a c u n o s p r e s e n t e s n o p e r m i t e p r o d u c i r b a s t a n t e estiércol para m a n te n e r una tasa aceptable de m ateria orgánica en el suelo. No obstante, se observan cambios p o sitiv o s , q u e v a n en el s e n tid o d e la in te g r a c ió n ag ropecuaria.

Palabras clave : tracción an im al, motorización, sistema de producción, in teg ració n a g ro p e c u a ria , cultivos de p la n ta s co m es tib le s, m a íz , a lg o d o n e r o , g a n a d e r ía , Burkina Faso.

Références

Documents relatifs

Parce qu’ils ont généralement des exploitations plus grandes et que, condui- sant leur propre bétail, ils ont du fumier, les allochtones des plateaux pratiquent plus souvent

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des

Plus le pH est proche de 0, plus la solution est (fortement/faiblement) acide.. Plus le pH est proche de 14, plus la solution est (fortement/faiblement)

Par contre l’augmentation du temps de mise en culture des parcelles engendre une aug- mentation du temps et du nombre de sar- clages incite à une plus forte

plant cotton is most affo,;ted by price variations. Tlle existence of fallovv· land is a possibility for future incn::ases in the areas planted with cotton. provided

2018 Perception paysanne des principales contraintes et pratiques culturales en production de patate douce au Burkina Faso.. Journal of Applied Biosciences

Objectif : cette étude a été menée dans le but de caractériser les pratiques paysannes en matière de conservation post récolte et identifier les insectes

Objectif : cette étude a été menée dans le but de caractériser les pratiques paysannes en matière de conservation post récolte et identifier les insectes ravageurs inféodés