A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
E. V ESSIOT
Sur les systèmes d’équations différentielles du premier ordre qui ont des systèmes fondamentaux d’intégrales
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 8, no3 (1894), p. H1-H33
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H.I
SUR LES SYSTÈMES
D’ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE
QUI ONT DES
SYSTÈMES
FONDAMENTAUXD’INTÉGRALES,
PAR M. E.
VESSIOT,
Chargé de Cours à la Faculté des Sciences de Toulouse.
Dans un
précédent
travail(’ ),
nous avons étudié leséquations
du pre-mier ordre
qui
ont dessystèmes
fondamentauxd’intégrales;
ils’agit
icides
systèmes d’équations différentielles
dupremier
ordrepossédant
lamême
propriété,
c’est-à-dire dessystèmes
dont
l’intégrale générale peut
se mettre sous la formeoù ~,~~ w’~ ..., X pi’ ... X pn
sont p intégrales particulières quelconques
formant ce que l’on
peut appeler
unsystème fondamental,
où c" , ..., ensont les constantes
d’intégration,
et où la forme des fonctionsOi
est indé-pendante
dusystème
fondamentald’intégrales qui
yfigure.
Ilpeut
arriverdu reste, comme l’a fait remarquer M. Lie
(2), qu’à
unsystème (i)
cor-responde
une infinité desystèmes
de formules(2),
leplus général
dé-pendant
de fonctions arbitraires.Se bornant au cas où il
n’y
aqu’un
seulsystème
de formules(2),
M.
Guldberg ( 3 )
a montréqu’on peut appliquer
auxsystèmes (i)
consi-dérés la
méthode qui
m’avait servi pour une seuleéquation,
etqu’alors
lenombre p ne
peut dépasser
n + 2. J’enconclus,
peuaprès ( 4 ),
que ces sys- (i) .Annales de l’École Nornaale, 18g3.(2)
Comptes rendus, t. CXVI, p, x233,(3) Ibid., p, 964.
et) Ibid., t. CXVI, p. ii
ternes
appartenaient
à une classe trèsremarquable
introduite dans la Science parLie,
et que nous proposonsd’appeler systèmes
de Lie. Ce sont lessystèmes
de la formeoù les fonctions sont les coefficients de r transformations infinitési- nlales définissant un
groupe
fini continu de transformationsNous
appellerons
aussiéq~uation
de ~icl’équation
linéaire aux dérivéespartielles qui équivaut
ausystème
de LieDans la Note
déjà citée,
NI. Lieannonçait
enfin que, dans le cas leplus général,
la classe dessystèmes (1), possédant
dessystèmes
fondamentauxd’intégrales,
se confond avec celle dessystèmes
de la forme(3).
NI. Lierappelait
en mêmetemps
que, dans son célèbre Mémoire du tome XXV des Mathematische Annalen1 ),
il avaitesquissé
une théorie del’intégra-
tion du
système (3),
etindiqué
cettepropriété
fondamentalequ’on peut
en obtenir
l’intégrale générale
dèsqu’on
en connaît un nombre suffisantd’intégrales particulières.
Dans les pages
qui suivent, après
avoir établi l’identité des deux classesprécédentes
desystèmes d’équations différentielles,
nousdéveloppons
unethéorie de
l’intégration
dessystèmes
deLie,
fondée sur la considération du groupe desparamètres;
l’idée fondamentale en étaitindiquée
dansnotre dernière Note
(déjà citée).
On trouvera dans leChapitre
IV des ré-sultats
équivalents
à ceux de M.Lie;
mais la méthodeemployée
dans len° 2 de ce
Chapitre
nousappartient.
Nous démontrons dans leChapitre
IIque, dans tous les cas,
l’intégration
d’unsystème
de Lie se ramène à celle (1) Et déjà dans les Comptes rendus de la Société des Sciences de Christiania et déc. 1882).d’équations linéaires,
dèsqu’on
connaît leséquations
finies du groupe(4) qui
yfigure,
résultat que M. Lie n’avait annoncéqu’avec
une restric-tion (’ ).
LeChapitre
V contient l’extension auxsystèmes
de Lie de la célèbre théorie de Galois sur leséquations algébriques (2);
nous y com-plétons
en mêmetemps
notre théorie del’intégration
deséquations
diffé-rentielles linéaires
( 3 ).
Dans leChapitre III,
nous avonsappliqué
notreméthode à deux
exemples.
Lepremier
est leproblème classique
du mouve-ment d’un solide
qui
a unpoint fixe, quand
on connaît en fonction dutemps
la rotation
instantanée;
on verra comment la belle solution donnée par M. Darboux dans sesLeçons
de Géométrie seprésente
ici naturellement., L’autre exemple, la recherche des
trajectoires orthogonales
d’unefamille
de
sphères,
nous avait été autrefoisindiqué
par M. Lie comme uneappli-
cation de ses idées
générales
surl’intégration
deséquations
différentielles.Nous nous faisons un
plaisir
de reconnaître que ces idées nous ont con- stammentguidé.
Enfin,
leChapitre
VI est consacré à certainssystèmes d’équations
diffé-rentielles dont
l’intégration
se ramène à celle desystèmes
de Lie. On y re-trouvera, obtenus par une méthode
plus simple
etexposés, nous l’espérons,
avec une entière
rigueur,
les résultats que nous avions donnés dans uneNote
présentée
à l’Académie des Sciences( ~ ).
’
Nous avons
supposé
connus lesprincipes
de la théorie des groupes detransformations,
ycompris
la notion des deux groupes desparamètres
etdu groupe
adjoint,
mais nous renvoyonschaque
fois auxChapitres
à con-sulter dans le
grand Ouvrage
de MM. Lie etEngel ( 5 ).
Nous serions heu-reux si notre travail
pouvait
montrer, une fois deplus, l’importance capi-
tale de la théorie des groupes de transformations pour
l’étude
deséquations
différentielles.
( 1 ) Voir la Note des Comptes rendus déjà citée.
(2) Nous avions annoncé déjà cette extension dans une Note présentée à l’Académie des Sciences en I89I.
(3) ) Annales de l’École Normale, 18g2.
(~) Comptes rendus, t. CXVI, p. 42~.
(S) Theorie der
Transformationsgruppen,
unter Mitwirkung von Dr Fr. Engel, bear-beitet von Sophus Lie. (Pour renvoyer à cet Ouvrage, nous emploierons l’abréviation : i
Transf. Gruppen.)
I. -
Généralités.
~ . Soit
un
système d’équations différentielles
dupremier ordre,
dontl’intégrale générale s’exprime
au moins d’une manière par des formulesou ..., x,,l, ... , ..., xpn
son t p système; quelconques d’intégrales particulières.
Ces formulespeuvent
se résoudre en c, , ..., cn et s’écrireOn a
donc, entre p
+ 1systèmes quelconques d’intégrales particulières,
les relations
d’où l’on
conclut,
pardifférentiation,
que chacune des n fonctionsWk satis-
fait
identiquement
àl’équation
linéaireOr les
Wk
sontindépendants
de t; ceci aura donc lieu pourchaque
valeurde t,
et, parsuite,
leséquations
déduites de(4)
en y donnant à t des va-leurs
particulières,
maisarbitraires,
en nombresuffisant,
ne sauraient êtrelinéairement
indépendantes.
On aura donc des identités de la formeoù t"
...,tq sont q
valeursparticulières
de t. Ces identitésayant
lieu pourtoutes les valeurs de
j,
les coefficients8h
nepeuvent dépendre
quede t,
etl’on
peut
écrireSi l’on pose alors
on
voit,
ensupposant
lesah
linéairementindépendants,
c’est-à-dire que q a laplus petite
valeurpossible,
que chacun desWk
satisfera aux qéquations
linéaires
On
peut
donc déduire de ceséquations
unsystème complet, qui
con-tiendra,
parexemple, r équations
de la même formeCela
étant,
on aura des identitésoù,
à cause de l’indicej,
les ciks sont des constantes.Donc,
en introduisant dans lesidentités (5),
si r>
q, r - q~ fonctionsidcntiquement nulles,
y ...,
9r,
on voit que lesystème proposé
est de la formeles r transformations infinitésimales
étant r transformations infinitésimales
indépendantes
d’un groupe à ~ pa-ramètres,
c’est-à-dire que c’est unsystème
de Lie.Remarque.
- La démonstrationprécédente
fournit en mêmetemps
la marche à suivre pour reconnaître si unsystème proposé
est unsystème
de Lie.
2.
Réciproquement (’ ),
soit donné unsystème
de Lie(6),
et détermi-nons n
intégrales indépendantes
dusystème complet
où --
n ~
n. Soientces
intégrales ;
onpeut
supposerqu’elles
sontindépendantes
comme fonc-tions de ... , par
exemple.
Leséquations
définissent alors
l’intégrale générale
de( 6 ) , si
x 1 I 7 ... , ... , ... , xpnsont p systèmes d’intégrales particulières;
car on a, en difl’érentiant parrapport
à t dans cettehypothèse,
’
de sorte que chacune des fonctions
où les Xji sont
remplacés
par leurs valeurs en fonctionde t,
estintégrale
de
l’équation
linéaireéquivalente
ausystème (6),
Nous sommes donc arrivé au résultat annoncé par M.
Sophus
Lie : :Les
systèmes d’équations différentielles
dupremier ordre possédant
des
systèmes f ondamentaux d’intégrales
sont lessystèmes
de Lie.3. Ces
systèmes
ont cettepropriété remarquable qu’on peut
dire com-ment
figurent
les constantes arbitraires dansl’intégrale générale. Repre-
(1) Le principe de la démonstration de cette réciproque est dû à M. Lie. Nous y employons
les invariants de p + I points, pris par rapport au groupe (7).
nons, en
effet,
lesystème (6),
et soientles
équations
finies du groupe( ~ ),
que nousappellerons
le groupe G coi-respondant
ausystème.
Je disqu’elles représentent l’intégrale générale
dusystème (6) ,
en y considérantx°,
...,xi
comme des constantes arbitraireset a, , ..., ar comme des fonctions de t convenablement choisies. Résolvons- les en effet par
rapport
àXi’
...,XIl’
cequi
donneet cherchons à déterminer a, , , ..., ar comme des fonctions
de t,
de manièreque les seconds membres soient n
intégrales
del’équation (8) :
celadonne
ce
qui s’écrit,
enappliquant
les identités fondamentales dans la théorie desgroupes(’),
où les transformations infinitésimales
définissent le groupe des
paramètres
deG,
et ces identités seront évidemment vérifiées si les ak sont
intégrales
du sys- tèmeElles ne le seront du reste
qu’à
cettecondition,
car les rparamètres
( 1 ) Transf. Gruppen, t. I, Ch. 9.
a,, ..., ar sont essentiels dans les
équations (lo),
et, parsuite,
les n fonc-tions
Fi
nepeuvent
vérifier uneéquation
linéaire telle que(1 2)
sans queles coefficients y soient tous nuls. Nous avons donc le résultat suivant : : Les
équations (g) représentent l’intégrale générale
dusystème (G)
àla condition
(nécessaire
etsuffisante)
que a" , ..., ar y soient unsystème d’intégrales
dusystème ( 13 ).
4.
Appliquons
ce résultat ausystème ( 13 ),
enremarquant
que le groupe(II)
est à lui-même son groupe desparamètres (’ ).
Soientses
équations
finies. Elles définirontl’intégrale générale
dès queh,
,...,br
sera une
intégrale particulière
dusystème (13)
lui-même. C’est là unepropriété
bienremarquable
dessystèmes
de Lie dont le groupe corres-pondant
estsimplement
transitif[on sait,
eneffet,
que leséquations
finiesd’un tel groupe
peuvent toujours
s’écrire sous la forme d’un groupe desparamètres ( 2 )~ . Actuellement,
nous en pouvonsconclure,
ensupposant
connues les
équations
finies du groupeG, qu’au
lieud’intégrer
lesystème (6),
onpeut intégrer
lesystème (13).
Mais l’inverse est vrai
aussi,
carsi,
dans l’unequelconque
des fonctionsFi,
on met à laplace des Xi
unsystème d’intégrales
dusystème (6),
on auraet, par
suite, toujours
à cause des mêmes identités que tout àl’heure,
c’est-à-dire que
Fi
est alors uneintégrale
del’équation
linéaire(1) ) Transf. Gruppen, t. I, Ch. ~1.
(2) Ch. 20, p. 3g+.
équivalente
ausystème (i 3). Comme, de plus,
a" ..., ar sont desparamètres
essentiels dans les n fonctions
Fi,
enemployant
un nombre suffisantd’in- tégrales particulières
dusystème (6),
on arrivera à avoir rintégrales
indé-pendantes
del’équation (J5),
et dès lors lesystème (~3)
seraintégré.
Nous arrivons donc à cette
conséquence :
:Si les
équations finies
du groupe G sont connues,l’intégration
dusystème (6)
estéquivalente
à celle dusystème ( 1 3 ) .
5.
L’application
duprincipe précédent,
fondamental pour lasuite,
sup- pose connues leséquations
finies du groupe G. Cettehypothèse
est dans lanature des
choses,
carl’intégration
dusystème (6) fournit
leséquations finies de
G. Eneffet,
le théorème du n° 3signifie
que leséquations (6) définissent
unefamille
detransformations finies
du groupe G. La ré-ciproque
est à peuprès évidente,
car toute telle famille(à
unparamètre t)
est
représentée
par leséquations (g)
où a,, ..., ar sont fonctions du para-mètre,
de sortequ’on
a, en vertu dupremier
théorème fondamental de la théorie des groupes,c’est-à-dire
que les r; satisfont à unsystème
de Lie. Onpeut,
dèslors,
supposer, en revenant au
système
donné(6),
que les transformationsqu’il
définit ne sont contenues dans aucun sous-groupe de
G,
sansquoi
c’est cesous-groupe à
qui
on feraitjouer
le rôle deG;
de sortequ’en
effectuantsuccessivement 1 des transformations définies par
l’intégrale générale
de(6),
on obtiendra une transformation du groupe G avec rparamètres essentiels,
c’est-à-dire leséquations
finies de G.Il est donc naturel de
décomposer
en deuxparties l’intégration
du sys- tème(6),
lapremière
consistant dans la recherche deséquations
finies dugroupe G. Nous ne nous occuperons que de la
seconde, c’est-à-dire
que, dans lasuite,
leséquations finies
de G sonttoujours supposées
connues.II. -
Systèmes isomorphes.
Réduction auxsystèmes
linéaires.1. Considérons deux
systèmes
de Lie formés avec les mêmes fonctions6h(t),
, > ,~ ,nous dirons
qu’ils
sontisomorphes
si les groupescorrespondants
sont
isomorphes holoédriquement,
et setrouvent,
sous la formeprécédente, rapportés isomorphiquement
l’un à l’autre(’ ).
Onpeut
alors supposer leurséquations
finies écrites sous une forme tellequ’ils
aient même groupedes paramètres.
C’est là un théorème de M. Lie( ~ ),
que nous retrouveronsdu reste bientôt. A ces deux
systèmes correspond
alors le mêmesystème ( 13),
et, parsuite,
chacun dessystèmes fournit,
par sonintégration,
cellede l’autre. Nous pouvons donc dire que deux
systèmes isomorphes
sontéquivalents, quel
que soit le nombre des variables dont ilsdépendent.
De
là,
cetteconséquence
fondamentale quel’intégration
d’unsystème
de Lie
dépend uniquement
de la nature des fonctions8h ( t)
et de la st~~uc-[Zusammensetzung (3)]
du groupecorrespondant,
tous lessystèmes isomorphes
formant uneclasse,
dont onpeut prendre
unreprésentant
par- ticulier pourtype canonique,
parexemple
unsystème dépendant
dumoindre nombre de variables
possible,
c’est-à-diredépendant
d’uneéqua-
tion
différentielle
d’ordre minimum. C’est ainsi quel’intégration
de toutsystème
de Lie dont le groupe a la structure du groupeprojectif
à une va-riable se ramènera à
l’intégration
d’uneéquation
de Riccati. Nous endonnons un
exemple
dans leChapitre
suivant.2.
Reprenons
lesystème
( 1 ) Transf. Gruppen, t. I, Ch. 17.
(2 ) Ibid., t. III, Ch. ~6, et t. I, Ch. 17.
(3) Ibid., t. I, Ch. 17.
dont le groupe
correspondant
estLe groupe
ad joint (’ )
de ce groupedont les transformations infinitésimales sont
est
isomorphe
auproposé
et, sous la forme(3),
il a même groupe des pa- ramètres.L’isomorphisme
est deplus holoédrique,
si le groupe(2)
ne con-tient pas de transformation infinitésimale
distinguée [aus gezeichnet (2)~.
Supposons-nous
dans ce cas : il résulte alors du numéroprécédent
que lesystème (i)
estéquivalent
ausystème
linéaireisomorphe
Si le groupe
( 2)
contient r’ transformations infinitésimalesdistinguées,
les
équations (3)
nedépendent plus
que de r - r’ = r"paramètres
essen-tiels,
le groupe(4)
n’étantplus qu’à r" paramètres.
Si donc nous voulonsétudier de
quelle
utilité sera, pourl’intégration
dusystème proposé,
celledu
système
linéaire(5),
nous sommes conduit àreprendre
les considéra- tions duChapitre précédent
3 et4),
ensupposant
que leséquations (g)
définissent un groupe, mais que a,, ..., arn’y
sont pas desparamètres
essentiels. On voit alors que les ...,
xn 1 ai,
...,ar)
sont encore desintégrales
del’équation (I 5 ),
mais on n’en pourraplus
déduire que r" inté-grales distinctes,
si r" est le nombre desparamètres
essentiels du groupe G.Donc ici
l’intégration
dusystème (5)
fournira r"intégrales
del’équa-
(l ) Transf. Gruppen, t. I, Ch, 16.
( ~ )
On voit de
plus
facilement que ce sont cellesqui
sont en mêmetemps
inté-grales
deséquations
en
supposant
queA, f,
.. ,, sont les transformations infinitésimalesdistinguées
du groupe desparamètres
de(2).
Les autres s’obtiennent par des
quadratures ;
l’une d’elles en effet s’ob-tient,
parexemple,
enintégrant
lesystème complet
qui
seramène,
enappliquant
la méthode de M.Mayer,
à uneéquation unique
dupremier
ordre à deux variablesséparées.
En faisant ensuitejouer
àA2 f,
...,A,., f
successivement le rôleque joue
ici on obtiendrabien ainsi r’
intégrales
nouvellesindépendantes
despremières.
.Donc,
dans le cas leplus défavorable, l’intégration
dusystème
pro-posé n’exige,
outrel’intégration
dusystème
linéaireadjoint (5),
que desquadratures.
3.
Appliquons
le théorèmeprécédent
au cas où lesfonctions
seréduisent à des constantes
L’intégration
dusystème (I)
donne alors leséquations
finies du groupe(2)
sous leur formecanonique.
D’autrepart,
lesystème (5)
étant alors unsystème
linéaire à coefficients constants, sonintégration peut toujours
s’effectuer. D’où ce théorème de Lie(f) :
:Lorsqu’on
connaît leséquations finies
d’un groupe, onpeut toujours
les mettre sous
f orme canonique; l’opération exige
auplus
desquadra-
tures.
M. Lie en a déduit des
conséquences importantes. Supposons
d’aborddeux groupes
isomorphes holoédriquement.
On pourratoujours ( c’est
unproblème d’Algèbre)
écrire leurs transformations infinitésimales de manière( 1 ) Tiansf. Gruppen, t. III, Ch. 26.
que la
correspondance isomorphique
y soit enévidence ;
soientSi l’on
intègre
alors les deuxsystèmes
on obtiendra les
équations
finies des deux groupes sous une forme tellequ’ils
auront même groupe desparamètres.
Or celaexige
auplus, d’après
ce
qu’on
vient devoir,
desquadratures,
si l’on connaîtdéjà,
sous une formequelconque,
leséquations
finies des deux groupes. Nous retrouvons donc le résultatinvoqué plus
haut.Une autre
conséquence,
àlaquelle
on arrive d’une manièreanalogue,
etqui
nous serautile,
est que, dèsqu’on
connaît leséquations
finies d’un groupe, onpeut
considérer comme connues celles de tous ses sous-groupes et, par
suite,
les invariants de tous ces sous-groupes.III. -
Applications.
1. Mouvement d’un solide
qui
aun point fixe.
- Un suppose connues,en fonction du
temps,
lescomposantes
de la rotation instantanée par rap-port
aux axesfixes,
parexemple.
Leproblème
revient alors àl’intégration
du
système
. -où p,
q, n sont trois fonctions données de t. C’est unsystème
deLie,
legroupe
correspondant
étant le groupe des rotationsIl est
isomorphe
au groupeprojectif
à une variablece
qu’on
met en évidence en l’écrivantde sorte que le
système (t)
estéquivalent
àl’équation isomorphe
de RiccatiL’équation
finie du groupe(3)
estPour écrire sous forme
isomorphique
leséquations
du groupe(2),
ilsuffit de remarquer
qu’il
transformeprojectivement
lespoints
du cercleimaginaire
del’infini,
et, parsuite,
lesgénératrices rectilignes
dechaque système
d’unesphère quelconque ayant
son centre àl’origine.
On poseradonc
c’est-à-dire
et l’on aura, pour les
équations cherchées,
La solution est donc la suivante. On
intègre l’équation (4),
et l’on metl’intégrale générale
sous la forme(5),
uo étant la constanted’intégration,
pour
en
tirer a,b,
c en fonctionde t,
et onporte
ces valeurs dans leséqua-
tions
(7). Si uo
est la valeur de upour t = to,
les valeurs(7)
se réduisentrespectivement pour t
= to à ro ,On
peut
enfin remarquer que leséquations (6), où ~ _ ~/xô + yô + ,~â,
et où u et v ont les valeurs
~~’),
fournissentdéjà l’intégrale générale
cherchée. .2.
Trajectoires orthogonales
d’unefamille
desphères.
- Soitl’équation
dessphères
de la familleconsidérée,
auparamètre
t.Prenant pour inconnues
et
posant
on voit que tout revient à
intégrer
lesystème
avec la condition
dont on voit
qu’il
suffitqu’elle
soitremplie pour l
=to.
Les trois
transformations infinitésimales
en évidencene forment pas un groupe, mais leurs crochets donnent les trois nouvelles
transformations
qui
constituent avec elles le groupeprojectif
de lasphère (2).
Ce groupese com.pose, comme l’on sait
(’ ),
de deux sous-groupes invariantset est
isomorphe
au groupecomme on le voit en écrivant ce dernier
de sorte
que
lesystème (I)
estisomorphe
ausystème
des deuxéquations
deRiccati
Les
équations
finies du groupe(4)
sontet, pour mettre sous forme
isomorphique
celles du groupe(3),
on voit faci- . lementqu’il
suffit de poserc’est-à-dire
(1) Transf. Gruppen, t. TII, Ch. 10.
Elles deviennent alors,
par un calculanalogue
à celui duproblème pré- cédent,
On
intégrera
donc leséquations (5)
et l’on mettral’intég.rale générale
sous la forme
(6),
M. et p. étant lesvaleurs
de u et vpour ~
= ~.. On entirera a,
b,
c,a’, b’,
c’ enfonction de t,
et l’onportera
dans leséqua-
tions
(8),
où l’on devra supposer -r.+~
+zf =
i.Elles fourniront l’inté-
grale cherchée.
Onpeut remarquer qu’au
fond lesformules (7) répondent déjà
à laquestion.
Remarquons
enfin que, si l’on se borne au cas desquantités réelles,
ilsuffit
d’intégrer
une seule deséquations (5) ;
sonintégrale générale
étantcelle de l’autre est
et les
équations (7)
seréduisent à
On
peut
encore se servir deséquations (8),
en yposant
elles
deviennent
IV. - Réduction à des
systèmes simples.
~t. Nous dirons
qu’un système
de Lie estsimple,
si le groupe correspon- dant estsimple. L’application
de la théorie de M. Lie pourl’intégration
des
systèmes complets (’ ) qui
admettent un groupe va nous montrer quel’intégration
de toutsystème
de Liepeut
se ramener à celle d’une suite desystèmes simples.
Considérons à cet effet
l’équation équivalente
ausystème proposé ( 2 )
elle admet évidemment le second groupe des
paramètres ( q )
dugroupe
Gpuisque
les deux groupes desparamètres
sontréciproques,
c’est-à-dire que l’on aNous pouvons donc lui
appliquer
la théorie de M.Lie,
comme nous allonsl’indiquer rapidement.
Le groupe
(16)
estisomorphe
au groupe donné G.Supposons-les
nonsimples,
et soitun sous-groupe invariant maximum de
(16).
Comme on connaît leséqua-
tions finies du groupe
(16),
on connaît aussi celles de( r ~ )
et par suite sesinvariants,
et soient parexemple
r - r’ invariants
indépendants
de ce sous-groupe. Introduisons-les comme( 1 ) Mathematische Annalen, t. XXV.
( 2 ) Nous reprenons les notations et numéros du Chap. 1.
(3 ) Tiansf. Gruppen, t. III, Ch. 27.
nouveaux
paramètres,
à laplace
de ..., ar parexemple.
Il vientet des formules
analogues
pour lesB’ f
et lesB f .
On voit alors que l’onpeut intégrer
d’abordl’équation en a’1
...a;._,.,
et tqui
admet le groupeszmple
Cette
intégration effectuée,
nous prenons pour nouvellesvariables,
au lieude
ai
...r 2014 r’ intégrales indépendantes de
cetteéquation;
...,~.-~ (~’ ~ ~ t),
cequi
donnera àl’équation (I5)
la formeet aux transformations du groupe
(18)
une formeanalogue
On pourra dès lors traiter les
a"
comme des constantes, et, comme on connaît encore leséquations
finies du groupe(20),
onopérera
surl’équa-
tion
(ig)
comme on vient de le faire surl’équation (i5),
et ainsi de suite.Il
importe
de remarquer que les A"f
ne définissentplus
engénéral
ungroupe, mais cela
n’importe
en rien pour les transformationsindiquées.
Ajoutons
enfinqu’une légère
modification à la méthodeprécédente permettrait
de se passer deséquations
finies des groupes(16), (20),
etc.2. On sera donc ramené à une suite de
problèmes
dutype suivant, qui
est le
~problème fondamental auquel
M. Lieramène,
endéfinitive,
le casgénéral
d’unsystème complet
admettant un certain nombre de transforma- tions infinitésimales : :Intégrer l’équation
connaissant les
transformations in finitésimales
du groupesimple
etsimplement transitif qu’elle
admet :Nous allons montrer que ce
problème
revient àl’intégration
d’unsystème
de Lie
sinzple.
Par là seraprouvé,
enparticulier,
le résultat annoncé entête de ce
Chapitre.
Prenons un groupe
quelconque isomorphe
augroupe (22),
et dont onconnaisse les
équations
finies(son
groupeadjoint
pourra parexemple
tou-jours servir),
soitNous pouvons supposer que, sous la forme
( 22)
et~23 ),
les deux groupessont
rapportés isomorphiquement
l’un à l’autre. Alors leséquations
forment un
système complet.
Déterminons ses nintégrales
enemployant
la méthode de M.
Mayer :
à ceteffet,
nous résolvons leséquations (2~)
enaf , af
, ... ) ,df
et posons .d t d x,. p
On est ramené alors à une
équation unique
de la formeoù les u doivent être traités comme des constantes. C’est donc une
équation/
de Lie
simple.
Reste à montrer
qu’elle
fournitl’intégration complète
del’équation ( 2 i ~.
Remarquons,
eneffet,
queintégrer
lesystème (2,!~)
revient à former leséquations
finies du groupe(23 )
enprenant
pourparamètres 1 intégrales indépendantes
del’équation (21),
de sorte que nintégrales indépendantes
de ce
système,
en y considérant les ,~" ..., Zn comme des constantes arbi-traires, dépendent
essentiellement de r fonctions de x" ..., tindépen- dantes,
que l’on obtiendra parconséquent toujours,
en donnant aux z, dansces
intégrales,
un nombre suffisant desystèmes
de valeurs constantes.V. - La théorie de Galois
(’ ).
1. Considérons un
système
de Lieoù le groupe
est un groupe
simplement transitif,
dont on connaît leséquations
finies.On
peut toujours
supposer que c’est un groupe desparamètres (voir I, n°4),
de sorte que, ses
équations
étantl’intégrale générale
de(i) peut
s’écrire(1) Pour les théorèmes de la théorie des groupes employés dans ce Chapitre, on peut consulter la première Partie de notre travail : Sur l’Intégration des équations différen-
tielles linéaires (Annales de l’Ecole Normale,
où Xi, ..., xn est une
intégrale particulière quelconque,
constituant donc à elle seule unsystème fondamental. Remarquons
toutefois que ceci n’est vrai que si l’onpeut
résoudre leséquations (4) par rapport
aux constantes.La condition s’écrit
simplement,
si l’on remarque que leséquations (4), interprétées
comme transformation des x" ..., xn en ..., xn, sont celles du groupesimplement
transitifréciproque (’ )
du groupe( 2),
et dont nousécrirons les transformations infinitésimales
On a donc des identités de la forme
d’où l’on conclut
[en remarquant
que leséquations ( 4 )
résolues parrapport
aux Xi’ ..., xn forment encore une transformation du
groupe]
que la con- dition pour que lesystème
considéré soitfondamental
estqu’il
n’annulepas le déterminant des fonctions
~k~.
C’est du reste ce groupe
(5) qui
vajouer,
dans cettethéorie,
le mêmerôle fondamental que
joue
le groupe des substitutions de n lettres dans la théorie de Galois. Nous le supposeronsprolongé chaque
fois autantqu’il
sera
nécessaire,
les r; y étant considérés comme des fonctions indétermi- nées de lavariable t,
non transformée par le groupe.Une fonction
quelconque
de x" ..., Xn et de leursdérivées, jusque
unordre
quelconque,
admet un certain nombre(qui peut
êtrezéro)
de trans-f ormations infinitésimales du groupe
( 5 ), qui
définissent un sous-groupe dece groupe. Ce sous-groupe est le groupe de la
fonction.
On voit facilementqu’une
fonction et ses dérivées ont le même groupe.2. Le groupe
(5)
n’a pas d’invariant d’ordre zéro. Il a n invariants différentiels(au
sensqu’on
vientd’indiquer )
dupremier ordre,
et n seule-ment, indépendants
les uns des autres. On les obtient enrésolvant,
par ( 1 ) ) Transf. Gruppen, t. I, Gh. 20. ,rapport
aux leséquations
où les accents
désignent,
pourabréger,
lesdérivées;
c’est-à-dire que ce sont les coefficients dusystème
considéré. Il est évidentqu’on
obtient ainsi desfonctions
indépendantes, puisque
les formules(6) permettent
d’en tirer..., Montrons
qu’ils
admettent unequelconque
des transformations infinitésimales du groupe(5).
A ceteffet,
nousappliquons
aux deux mem-bres de
chaque
identité(6) l’opération Zkf, prolongée jusqu’au premier ordre ;
il vientOr les transformations infinitésimales
Xi
etZk
sontéchangeables,
et l’on ade sorte que les identités
précédentes
deviennentLe
premier
membre estidentiquement
nul : on a doncet, par
suite,
comme le déterminant des1 j;
n’est pas nulce
qui
démontre le théorème.3. Considérons alors une fonction
quelconque
des x et de leursdérivées,
que nous
écrivons,
pourabréger,
On
peut
en fairedisparaître
toutes les dérivées en se servant deséqua-
tiens (6)
et de cellesqu’on
en déduit par différentiations successives. Il vient ainsi une identitéet si nous
appliquons
aux deux membresl’opération Zk f,
comme on aon voit que le résultat dans le
premier
membre est le même que celuiqu’on
. obtient dans le second en considérant les
~, a‘,
... comme des constantes.Donc la fonction V admet le même groupe que la fonction U
qu’on
en déduiten en faisant
disparaître
les dérivées.On en
conclut,
enparticulier,
que, si V est un invariant du groupe( 5 ),
U ne contiendra pas les x
explicitement,
d’où cethéorème, analogue
authéorème des fonctions
symétriques
dans la théorie deséquations algé- briques :
:Tout invariant du groupe
( 5 ) s’exprime,
un calcul de substitu-lions,
au moyen des0394j
et de leurs dérivées successives.Plus
généralement,
supposons que le groupe de V se compose de n - v transformations infinitésimales’
Il est inutile de les supposer
prolongées,
à conditionqu’on
fassedispa-
raître dans
V,
et dans toutes les autres fonctions desintégrales
que l’on aura àconsidérer,
les dérivées des x; ce que nous supposerons. Le groupe(7)
av invariants
indépendants ;
or V et ses dérivées sont desinvariants,
donc ilexiste entre V et ses v
premières dérivées,
une relationidentique
parrapport
aux x,x’, x",
.... Deplus,
aucune relation de même forme nepeut
exister entre V et ses v - 1premières dérivées,
car elleserait vérifiée par la valeur
générale qu’on
déduit de V par la transforma- tiongénérale ( 4 )
du groupe(5),
valeurgénérale qui dépend
de v para- mètres essentiels1 ’ )
et nepeut
parconséquent
satisfaire à aucuneéquation
différentielle
( 8 )
d’ordre inférieur à v.(1) ) Voir notre travail des Annales de l’École Normale, Ire Partie, Ch. II; I892.