A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
D ANIEL F LIPO
Comparaison des disciplines de service des files d’attente G/G/1
Annales de l’I. H. P., section B, tome 17, n
o2 (1981), p. 191-212
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPB_1981__17_2_191_0>
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Comparaison des disciplines de service
des files d’attente G/G/1
Daniel FLIPO
Membre du laboratoire associé au C. N. R. S., n° 224,
« Processus Stochastiques et Applications »
Laboratoire de Probabilités. Université, Paris VI, 4, place Jussieu, 75230 Paris Cedex 05 Ann. Inst. Henri Poincaré,
’
Vol. XVII, n° 2-1981, p. 191-212.
Section B : Calcul des Probabilités et Statistique.
RÉSUMÉ.
- L’objet
de cet article est lacomparaison
enrégime
station-naire des différentes
disciplines
de service d’une fileG/G/1.
SUMMARY. - In this article we compare several
queueing disciplines
for a
stationary G/G/1
queue.INTRODUCTION
Dans la
première partie
nousprécisons
la notion dediscipline
de serviceet nous donnons une construction d’un vecteur d’état S de la file station-
naire,
utilisant des méthodes de processusponctuels marqués analogues
à celles de U. Kalahne
[4 et
P. Franken[3 ].
Notreprésentation,
donnantdes formules
explicites
de transformation du vecteur S entre deux arrivées consécutives permet lacomparaison
desdisciplines
entre elles.La seconde
partie
étudie le cas desdisciplines
où lapréemption,
c’est-à-dire
l’interruption
du service en cours auprofit
d’un nouvelarrivant,
est autorisée. Dans cette classe la
discipline
SRPT estoptimale
en un senstrès fort.
La troisième
partie, qui
contient les résultats lesplus
nouveaux, est consacrée auxdisciplines
sanspréemption.
On y donne deuxpropriétés
. Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section B-Vol. XVII, 0020-2347/1981/191/$ 5,00/
cg Gauthier-Villars
(faibles) d’optimalité
de ladiscipline SPT,
et on montre par des contre-exemples
que ces résultats ne peuvent pas être améliorés même dans le casindépendant.
La
quatrième partie
expose brièvement comment les résultatsprécédents
peuvent être étendus aux files à
priorités.
1 CONSTRUCTION DE LA FILE STATIONNAIRE Le processus des arrivées et des services demandés est décrit par un
processus
ponctuel marqué, simple,
stationnaire(on
exclut donc les arrivéesgroupées).
Pour le construire on se donne l’ensemble des mesuresponctuelles
de la forme m== ~ ~
i~Zdésigne
la mesure de Dirac aupoint t,
la suitedes ti
étant strictement croissante et telle que 0 ti . On munit de la tribuengendrée
par la familled’applications
m -~
m(B)
où B décrit la tribu des boréliens de (~.Chaque
arrivéeest
marquée
par unpoint f~ + représentant
le service demandé.L’espace
d’états sera donc SZ= x
(~+)z
muni de la tribu~~(~)
x(~~ +)z.
On définit sur Q le flot par
et Tt
désigne
la translationLe processus N des arrivées est la
projection
de(Qd)
sur Ceprocessus est stationnaire par construction. On écrit
On pose
On
désigne
par8
la restriction âSZ
del’opérateur
cc~ --~ Apartir
des lois
(données)
des délais inter-arrivées et des services on construit surS2
Poincaré-Section B
193
DISCIPLINES DE SERVICE DES FILES D’ATTENTE G/G/1 1
...
l’unique
mesure P invariante par 03B8 et telle que = l . On en déduit..
alors la
probabilité
P sur S2 dont P est la mesure de Palm par la formule :Pour
plus
de détails sur cesquestions
consulter Neveu[7].
La construction du vecteur d’état en
régime
stationnaire repose de manière essentielle sur le fait que lacharge
r du serveur estindépendante
de la
discipline
de service et s’annule sur un ensemble de mesure strictementpositive.
Nous commencerons donc par construire r surQ.
Considérons la suite définie par récurrence sur
Q
pardésigne
le service demandé par le client arrivant àTo
et i l’intervalle de tempsTl - To.
Pour toutentier n, rn représente
lapartie
de lacharge
duserveur dûe aux n derniers clients arrivés.
On
pose ~
= 7 2014 i et on vérifie immédiatement quece
qui
prouve la croissance en n de la suiter~.
Soit r la limite
croissante,
éventuellement infinie de la suiteTn.
r vérifiel’équation :
Dans tout ce
qui
suit nous supposons(Q, P, 0) ergodique
cequi
estvalent
(Q, P, { 03B8t }t~R) ergodique]
etÊ(a)
1. On a alorsPROPOSITION 1. -
L’équation (1)
admet sur(Q, P)
une solutionunique, P
p. s. finie. Cette solution vérifie enplus P(r
=0)
> 0. Lacharge
station-naire du serveur d’une file
G/G/1
est cetteunique
solution.Démonstration. 2014 Prouvons d’abord l’existence d’une solution
P
p. s.p
finie de
l’équation (1).
r = limf sup j
o~-~
vérifie(1)
etd’après
le théorèmeergodique - /
~-i iÊ(03BE)
0. Les variables Vol. XVII, n° 2-1981.P
03A303BE° Ô - k
sont doncP
p. s.négatives
àpartir
d’un certain rang et donc r est finieP
p. s.Toute
solution 1]
de(1)
est soitP
p. s.infinie,
soitP
p. s. finie : en effet l’événement est0 invariant,
etê
estergodique.
Toute solutionP
p. s. finie vérifie =0)
> 0. En effet supposons que =0)
soit nulle.L’équation (1)
s’écritalors ~ ~ Ô
= r~+ ç P
p. s. etE [(~l + ~) n A - ~f n A ] = 0
Mais la variable
(~ + ~) n A - ~ n A
tendvers ç P
p. s.lorsque
A --~ + oo
(~
ooP
p.s.), et ( (~ + ~) n A - ~ n A ( ~ ~ ~ , donc d’après
le théorème de
Lebesgue E [(~
+ç)
AA - ~
AA ] Ê(ç)
0 cequi
contredit
(a).
Prouvons maintenant l’unicité de la solution de
(1), soit 1]
une solutionP
p. s. finie de( 1 ).
On a 1] > r. Eneffet 1]
> 0 =ro P
p. s.rP implique (rp
+~) + -
oê
ou encore 1] > 1P
p. s. Par passage à la limite croissante onobtient 1]
> rP
p. s. Surl’ensemble { ~
=0 }
de mesure>
0 ~
et rcoïncident,
etl’ensemble { ~
=0393 }
est invariant.Donc 1]
= TP
p. s.Remarque.
Dans le casE(6)
> 1 et8 ergodique
on a T --- oofi
p. s.d’après
le théorèmeergodique
et toute solution de(1) vérifie 1]
>_ r donc(1)
n’admet que la solution
triviale 1]
--_ ooP
p. s.L’étude du cas
Ê(cr)
= 1 avecê ergodique
est faite dans Borovkov[l ].
On trouvera des conditions nécessaires et suffisantes d’existence et d’unicité de
l’équation (1)
sanshypothèse d’ergodicité de
dans Sznitman[10 ].
DÉFINITION 2. - Sur
Q
on pose =inf ~
nE1 r 0
=0 ~
ou+ oo . Ô
étantergodique
laproposition
1implique
que v est finieP
p. s.Définissons maintenant les notions de vecteurs d’état et de
discipline
de service. On
appellera
vecteur d’état et on notera engénéral
Stout
vecteur de
((~ + )~
dont les 1premières
composantes sont strictementposi- tives,
et dont toutes les suivantes sont nulles. Un tel vecteurreprésentera
à un instant donné la liste des services résiduels à
accomplir
par le serveurdans l’ordre inverse des indices : le service en cours
correspond
à la der-~ indice
nière composante non nulle de S
(
1),
le suivant à celle d’indice I - 1, etc.On note 6 l’ensemble des vecteurs d’état.
Une
discipline
de service sera définie commeapplication ~)
deQ
dansl’ensemble des
permutations
del l, 2, ...,1
+1 }.
SiS
est le vecteurDISCIPLINES DE SERVICE DES FILES D’ATTENTE G/G/l 195
d’état
juste
avant l’arrivée d’un client réclamant un service (7, ce vecteurdevient
juste après
l’arrivéeS + = ~(S
+ 6éI+ 1)~
Sur l’ensembleon
pose 03A6
= id.Donnons les
expressions
de 03A6 pourquelques disciplines
usuelles. Onse
place sur {03C9~| ~ 0 } .
.
Discipline
FIFO(First in,
Firstout),
c’est-à-dire service dans l’ordre des arrivées : 03A6 =(1, 2, ... , I, I
+1).
.
Discipline
LIFO(Last in,
Firstout),
c’est-à-dire service dans l’ordre inverse des arrivées sanspréemption : 03A6 = (I, I
+1).
. Une variante de LI FO est 03A6 =
id, discipline qui correspond
au servicedans l’ordre inverse des arrivées avec
remplacement systématique
duclient en service par le nouvel arrivant.
.
Discipline
SRPT(Shortest Remaining Processing Time),
ils’agit
d’unediscipline
avecpréemption qui
serttoujours
enpriorité
le client dont le reste de service est leplus
faible.Dans ce cas
Pour cette
discipline
les composantes de S sonttoujours
ordonnéespar ordre décroissant.
.
Discipline
SPT(Shortest Processing Time),
variante sanspréemption
de SRPT :
Pour cette
discipline
lescomposantes
de S sont encore ordonnées par ordre décroissant àl’exception
de la dernière composante non nulle.Dans tous les
exemples qui précèdent ©
est uncycle
de la formeoù .i
nedépend
que deS
et de a. Le faitque C
soit uncycle signifie
queVol. XVII,n°2-1981.
l’arrivée d’un nouveau client ne remet pas en cause l’ordre de service établi
entre les
précédents
et que l’on se contente de classer le nouveauparmi
eux.On peut
cependant imaginer
desdisciplines plus générales,
comme parexemple
une variante de SRPTqui
ferait servir immédiatement tout client ayant vu k autres clients passer devant lui(k fixé).
On atténuerait ainsi l’attente des clients réclamant unlong
service. Le 03A6correspondant
n’estplus toujours
uncycle
etdépend
deplusieurs
termes de la suite(S o
On est amené à poser la définition suivante.
DÉFINITION 3. - On
appellera discipline
admissible touteapplication ~
de
Q
dans l’ensemble despermutations de {1,2,
..., 1 +1 } (1
= indice dela dernière composante non nulle de
S), qui
nedépend
que des v + 1premiers
termes de la suiteIntuitivement une
discipline
admissible est unediscipline qui
nedépend
que du
présent
et de tout lepassé jusqu’au
dernier passage de r(ou
deS)
par 0. La variante de SPRT
envisagée
ci-dessus est admissible. On notera~ l’ensemble des
disciplines
admissibles.~’ l’ensemble des
disciplines
admissibles sanspréemption
c’est-à-dire l’ensemble despermutations
de ~ laissant l’indice I + 1 invariant.~o
l’ensemble desdisciplines
de % nedépendant
de la suite(3)
que par 1(c’est
le cas desdisciplines FIFO, LIFO, 0
=id, etc.).
rc
1 l’ensemble desdisciplines
de ~ nedépendant
que dupremier
terme((7, S)
de la suite(3).
On peut combiner ces définitions et
parler
de~ô
= ~’ n de~i - ~’ n ~1.
Remarque.
Toutes lesdisciplines
de la classe ~ interdisent au serveurde se reposer tant
qu’un
client au moins reste demandeur de service.L’existence du vecteur d’état stationnaire
S~
défini surQ pour ~
E ~découle immédiatement de
l’ergodicité de
et du fait queP { 0393 = 0 } > 0.
On pose
03A6
= 0sur {
r =0 } .
Les formules(4)
et(5)
suivantes suffisentalors à définir
03A6 P
p. s. :comme
Sk =r,
on a encore 03B803BD’ = 0~
DISCIPLINES DE SERVICE DES FILES D’ATTENTE 1 197
où
I(. )
est l’indice de la dernière composante non nulle deS( . ).
Les compo- santes deS ~ 0( . )
sont alors données parLa
suite {
S oÔ -
est ainsi définieP
p. s.sur Q
et en seplaçant
sur
chaque
sousensemble {
v= n ~
deS2
on obtient l’existence d’un vecteurd’état stationnaire
S,
fini et vérifiant(4)
et(5) P
p. s. surQ.
A
partir
de on définit P p. s. une fonction aléatoiret)
surQ,
sta- tionnaire par leflot { 0~ (c’est-à-dire
vérifianten posant
_
Remarque.
Les affirmations faitesprécédemment
sur la décroissance des composantes de S pour lesdisciplines
SRPT et SPT découlent immé- diatement des formules(4)
et(5).
Prouvons maintenant l’unicité des solutions des
équations (4)
et(5).
.
Pour toute solution
S
de(4)
et(5)
lasomme S~
vérifiel’équation (1)
oc j= 1
et
d’après
l’unicité des solutions de(1)
ona
j= 1S~
= r. Ainsi sur l’ensemble{
r =0 }
de mesure strictementpositive
deux solutionsquelconques
de(4)
et
(5)
coïncident.L’ensemble { S
=’ }
étantê
invariantet
étant ergo-dique
on aS
=S’ fi
p. s.Étudions
maintenant lesphénomènes
transitoires. Partant d’un état nonstationnaire défini sur
Q
par donné on construit la suiteS n
définiepar
(7)
et(8) :
Vol. XVII, n° 2-1981.
où
In
est la dernière composante non nulle deSn.
Pour étudier la convergence de la suite
8 - n
vers S stationnaire00
solution de
(4)
et(5)
posonsG~, = S~
et prouvons l’existence d’une v. a.j= 1
entière 03BD
1 P p. s. finie telle que =0. { Gn } qui
estindépendante
vérine
soit encore
!C = V
n- 1 n- 1
Lorsque
n ~~~c -
k=0~ ~ 8k P~ Ê(~)
0 etGo
+~ ~
k=08k
devientnégatif
àpartir
d’un indiceP
p. s. finiPosons v 1 =
inf ~ p > 0 } (v
1 ooP
p.s.),
comme la suiteTn
croît vers r on a
Gv
= 0~ = 0P
p. s. et on vérifie par récurrence quece
qui
établit la convergence p. s. de la suiteSn c
versS.
On a ainsidémontré la
PROPOSITION 4. -- On
suppose 8 ergodique
etÊ((ï)
1. Pour toutediscipline C
E Ct il existe uneunique
v. a. E ~ définie surQ
et vérifiant(4)
et
(5)
et ununique
processusSI>(OJ, t)
définie sur Q et stationnaire par leflot {
vérifiant(4)
et(6).
De
plus
il existe une v. a. vlfi
p. s. finie telle que la suiteSn
construite par(7)
et
(8)
àpartir
d’un vecteurS o quelconque
de ~ vérifie =S P
p. s.pour tout n > Vi.
l’Institut Henri Poincaré-Section B
DISCIPLINES DE SERVICE DES FILES D’ATTENTE 1 199
La donnée de
S
surQ,
et det)
sur Q fournit toutes lescaractéristiques
de la file
G/G/1
enrégime
stationnaire :- Le nombre de clients
présents (en
attente ou enservice) juste
avantl’arrivée d’un client est le nombre 1 de composantes strictement
positives
de S.
- Le nombre de clients en attente au même instant est L =
(I
-1)~.
- Le temps d’attente W du client arrivant à
To
= 0 se déduit immédia- tement deS
dans le cas où ladiscipline
est FIFO :WFIFO
=Sk
k= 1 = r.Dans le cas
général
W n’est pas connu à l’instantTo
= 0puisqu’il
peutdépendre
des services demandés par certains clients arrivésaprès To.
Pour
p ~ N
on note l’indice de la composante de+ 8p
correspon-dant au reste de service du client arrivé à
To
= 0. Plusprécisément
lasuite
Np
est définie par récurrence : +1)
On pose = sup
Np x ~
Il est
P
p. s. finie car Il S v’ où v’ =inf { n
>1 ~ 0" == 0 } qui
est ellemême finie
P
p. s.(0
estergodique
etP(r
=0)
>0).
On a alorsRemarquons
que W 1 ooP
p. s. pour toutediscipline ~
de ’~.- Le processus des sorties se déduit
également
de S :l’instant de sortie du client arrivé à
To
= 0 estT~ ==
W + a. Le processus des sorties sera notéN’ =
avec 0T;.
On remarquera queT~
iEZ
ne coïncide pas en
général
avec l’instant de sortie du client arrivé àTn
ceci même si la
discipline
est FIFO.Rappelons
les formules liant P etP
dans le cas d’un processusponctuel
stationnaire
simple
N== ~
lEZ Vol. XVII, n° 2-1981.PROPOSITION 5. -
a)
Pour toute fonction mesurablepositive
b)
Pour toute fonction mesurablepositive
g : S~ --~!R+
Démonstration. Voir Neveu
[7 ] Théorèmes
II . 4 et II .13.Une
application
immédiate de(10)
donne les formules de Little :PROPOSITION 6. Si
I(t)
etL(t) désignent respectivement
le nombre declients
présents (en
attente ou enservice)
et lalongueur
de la file d’attente(nombre
de clients enattente)
àl’instant t,
on a pour toutediscipline 03A6
de %(égalités
dansf~)
Démonstration.
d’après (10)
La seconde formule se démontre de la même
façon.
Outre les espaces Q et
Q,
il est intéressant d’introduireet
P
la mesure de Palm du processus des arrivées de clients trouvant leserveur
inoccupé.
Si onapplique
la formule(11)
au passage deP
àP
onobtient pour toute fonction mesurable
positive
h :Q -~ !R+.
Henri Poincaré-Section B
201 DISCIPLINES DE SERVICE DES FILES D’ATTENTE 1
où
~,(cc~)
est le nombre de clients arrivantpendant
unepériode d’occupation ininterrompue
du serveur.En
particulier
si h = W on a2.
OPTIMALITÉ
DE LA DISCIPLINE SRPTDANS LA CLASSE
L’ordre
partiel
sur S défini ci-dessous est une variante de l’ordre introduitpar D.
Smith[9].
DÉFINITION ET PROPOSITION 7. - Soit la relation d’ordre définie sur E par
V(A,
La
discipline ~
= SRPT estoptimale
dans % au sens suivant :On remarquera que
(17) implique
Parmi toutes les
disciplines de %,
SRPT minimise donc à la fois le nombre de clientsprésents
avant unearrivée,
le nombre de clientsprésents
à uninstant t
quelconque
etl’espérance
du temps d’attente.Démonstration. Soit
~
le vecteur réordonné deS
par ordre décroissant des composantes 1 est laplus grande).
Pour prouver que
S,~ ~ S~ P
p. s. il suffit de montrer que~,~ ~ P
p. s.en effet =
Sp
et E ~~~~ ~
Montrons que
~,~ ~ P
p. s. Cet événement contenant{ r
=0 ~
deVol. XVII, n° 2-1981.
mesure strictement
positive,
il suffit de prouver son invariance parê.
Ord’après (5),
oc oC
et
pour j = 1, ~~ _ ~~ = I’.
k=1 i k=1 iCeci prouve
que ~ ~~ ~ © -~ ~~ ~ 8 j ~ ~ ~,~ ~
et termine la démons-tration de
(17).
Les
égalités (18)
et(19)
se déduisent immédiatement de(17),
et(20)
découle de
(19)
et(12).
3. RECHERCHE D’UNE DISCIPLINE OPTIMALE DANS LA CLASSE ~’ DES DISCIPLINES
SANS
PRÉEMPTION
On considère maintenant la classe ~’ des
disciplines
sanspréemption (un
service commencé ne peut êtreinterrompu
avant safin).
On se
place
sur(Q,P)
cf.(14).
Soient ai, 62, ..., 6~ et i 1, i2, ..., i~les services demandés et les délais interarrivées : ai 1 arrive à t =
0,
62 à... + 6~ > 21 + ... + 2n et 61 + ... +C~Ti+...+T~
par définition de la
période d’occupation.
On définit une
permutation
pde { 1,2,
...,a ~
enappelant p(n)
l’indiced’arrivée du client servi en
position :
pour tout ncompris
entre 1 et Àle client d’indice
p(n)
arrive àl’instant 03A303C4j,
voit son service commencerà
V~
l’instant ¿
~(~, et subit donc une attentekn
(22)
kn
l’Institut Henri Poincaré-Section B
203
DISCIPLINES DE SERVICE DES FILES D’ATTENTE 1
On notera que les seules
permutations
pcorrespondant
à desdisciplines C
admissibles sont celles
qui
vérifient>_ 0 dn E ~ 1, 2, ... , ~, ~ (en parti-
culier on a
toujours p(l)
=1 )
mais queréciproquement
à unepermutation
p satisfaisant à ces contraintes necorrespond
pas nécessairement à unediscipline
admissible.On calcule ensuite
On
et en utilisant
(22) :
_ ___ __ __ _ __
_
Le seul terme
qui dépende
de ladiscipline C
dans(23) est
k= 1 - .On
pourrait
croirequ’il
suffit pour minimiser cette somme(et
donc aussiÊ(BB~)
etd’après (16))
de servir enpriorité
les clients réclamant les services lesplus
courts c’est-à-dired’appliquer
ladiscipline
SPT. Iln’en est rien comme le montrent les deux
exemples
suivants :Exemple
1. Onprend
pourS2
un espace à 4points (
03C91, 03C92, 03C93,03C94 } .
est l’application qui
à i associemodule
4. 03C4 est la v. a. constanteet
égale
à 1 surQ,
etP
est alors laprobabilité
uniforme surQ (P
estinvariante
par et Ê(i) = 1 ).
On définit ensuite (T surQ :
6
39
1.d’où E(a) = -
1.Dans ce cas
Q = { 03C91 }
etP(Q)
=1/4.
Iln’y
a que 3disciplines
sanspréemption
satisfaisant aux contraintes Vn > 0 :SPT =
FIFO : p
=(1, 2, 3, 4)
LIFO
: p = ( 1, 3, 4, 2)
et la
discipline :
p =(1, 3, 2, 4).
Elles sont toutes les trois admissibles. Les 3 v. a. sont données par le tableau suivant :
Vol. XVII, n° 2-1981. ’
La
discipline
LIFO est doncpréférable
à SPT.Remarques. 1)
Les valeurs choisies pour les variables 6 et i ne sont pascritiques :
Sur un espaceQ
à 4points
LIFO estpréférable
à SPTchaque
fois que les
inégalités
suivantes sont satisfaites :î~
En effet la
somme
k= 1(~ -
vaut2)
Ladiscipline
consistant à servir dans l’ordre ai, 62puis
attendre0,
1sans rien
faire, puis
servir 4 et enfin 3(discipline
excluepuisqu’elle
laissele serveur se reposer p
pendant
p que q le client 3attend) )
conduit àÊ W - 23 ( )
40cequi
est meilleur que LIFO. Ainsi on peut diminuer l’attente moyenne des clients en laissant le serveurprendre
les vacancesauxquelles
il aura fina-lement droit
(0, 1 ici),
avant d’avoir servi tous les clients en attente. Maispour
prendre
ses vacances au meilleur moment le serveur doit connaître d’avance tout cequi
se passera dans lapériode d’occupation
en cours.Exemple
2. Même dans le casindépendant GI/GI/1,
SPT n’est pas nécessairementoptimale
au sens du critère MinÊ(W03A6).
Le délai inter-arrivées est la v. a. constante
égale
à 1.Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section
205
DISCIPLINES DE SERVICE DES FILES D’ATTENTE 1
La loi des services est uniforme sur les quatre valeurs
où 8 est un réel
compris
strictement entre 0 et- .
40
Ê((r)
vaut dans ce casÊ((7)
=0,875 - - e
1.A la
discipline
SPT onoppose 03A6 qui
coïncide avec SPT sauf dans le cassuivant :
chaque
fois que le serveur initie unepériode
d’activité en assurantun service si et que les deux clients arrivant
pendant
ce temps demandent desservices s2
et s3(dans
un ordre oul’autre),
le serveur effectue en deuxièmelieu le service s3
(alors
que s’il suivait ladiscipline
SPT il devrait choisirs2).
Ensuite comme s i + s3 = 3 + 8le serveur a à choisir entre s2 et le service (7
demandé par le
quatrième
client. Trois cas sont àenvisager :
- si o- = S4 le serveur effectue s4
puis s2
et lapériode
d’activité estterminée car si 1 + s3 + S4 + s2 =
3,5 - 8
4.= s3
(ou s2)
le serveureffectue s2 puis
s3(ou s2)
et sapériode
d’activité est terminée car
si -i-S3 + S2 -i-S3 == 4 2014 s 4 et SI -i-S3
-~-S2-f-S2=4-SE4.
- si o- = si le serveur
effectue s2 puis si
et il se retrouve ensuite dans la même situation que s’il avait suivi ladiscipline
SPT(qui
a effectué dans l’ordre s3, et iladopte
ensuite ladiscipline SPT jusqu’à
la fin desa
période
d’activité. ~D est nulle sauf si les trois
premiers
services demandés sont dans l’ordre(si,
s2,s3)
ou(si,
S3,s2)
et dans ce cas elle vautd’après (22)
Soit encore
D’où
Donc
Vol. XVII, n° 2-1981.
Remarquons
enfin que cetexemple
peut être modifié pour que les lois du service et du délai inter-arrivéespossèdent
des densités. La valeur deÊ(D)
n’est pas modifiée si on donne à i une densitésymétrique
autourde 1
portée
par l’intervalle1 - E , 8
1+ ~ 8]
et à a une densitéchargeant
chaque intervalle [si - ~ , si + - (i
=1, 2, 3, 4)
d’uneprobabilité -,
laL
8 8 4
restriction de cette densité à
chaque
intervalle étantsymétrique
autour de si.Remarque
surl’intégrabilité
de W : Kiefer et Wolfowitz ont montrédans
[5 ] théorème
2 que pour toute fileGI/GI/1, WFIFO
estP-intégrable
[resp.
de carréintégrable ] dès
queÊ( ç2)
oo[resp. Ê(~+)3 oo ]. Kingman
donne dans
[6 ] une majoration
del’espérance
deWFIFO
en fonction deÊ(ç2).
Sznitman a montré dans
[10] ]
que les résultats de Kiefer et Wolfowitzne s’étendent pas au cas
G/G/1.
Donnons maintenant deux résultats
positifs
surl’optimalité
de la disci-pline
SPT dans le casG/G/1.
PROPOSITION 8. - Dans le cas
G/G/1,
ladiscipline
SPT estpréférable
à FIFO au sens de la relation
d’ordre ~
introduite dans laproposition
7 :Démonstration. - Posons 03A8 = SPT et 03A6 = FIFO.
Compte
tenu del’ergodicité
deê
et du fait que l’événementS’II
-SI>
est réalisésur {
r = 0}
de mesure strictement
positive
il suffit de montrer queOr
pour
= SPT :et
pour C
= FIFOAnnales de l’Institut Poincaré-Section
DISCIPLINES DE SERVICE DES FILES D’ATTENTE G/G/1 1 207
Remarquons
quesur { r
=0 ~ ~
et ~’ coïncident et supposons doncI~
>_ 1. Lacomparaison
des formules(24)
et(25)
dans les 2 cas( j
=h~
+ 1>_ 2)
et
( j
~I,~
+1)
montrent immédiatement queÉtudions
maintenant la loi du nombre de clientsprésents juste
avantl’arrivée d’un client pour les
disciplines
de la classeRappelons
que1)
=P(r
>0)
estindépendante
de C. Deplus
ladiscipline
SPT minimise la
probabilité
d’avoirplus
de deux clients enprésence :
PROPOSITION 9. - Dans le cas
G/G/1
on aDémonstration.
Appelons
le vecteur obtenu en réordonnant par ordre décroissant lesI~ - 1 premières
composantes de et en laissant dans laligne
la dernière composante non nulle de et remarquons que pour W = SPT03A8
=03A8.
Posons ensuite
Fk03A6.
k=2
Juste
après
l’arrivée d’un client on aet juste
avant l’arrivée suivanteet dans le cas de la
discipline
’~’ = SPTl’inégalité
devient uneégalité.
On en déduit que
d’où l’inclusion :
Jol. XVII, n° 2-1981.
soit en utilisant l’invariance de
P
par0
soit
ou encore en
ajoutant
aux deux membres
ce
qui
établit laproposition
9.On
pourrait espérer généraliser
le résultat de laproposition
9 et montrerque
L’exemple
suivant montre que cetteinégalité
peut devenir fausse dès k = 3 et que l’on n’a pas nonplus
Exemple
3. ---- Onprend
pourSZ
un espace à 7points SZ
ê
estl’application qui
à cvi associemodule
7. La valeur descouples (cr, ï)
est donnée par le tableau suivantqui précise également
les valeursde W et 1 pour les
disciplines
= SPT et Cqui
coïncide avec SPT saufsur W3 où
~(cc~3) _ (2, 3)
alors que~(cc~3) _ (1, 2, 3).
Comme
0 P
=P
etÊ(03C4)
= 1,...,7} P(Wi)
= 1 14.Annales de l’Institut Poincaré-Section B
209
DISCIPLINES DE SERVICE DES FILES D’ATTENTE G/G/1 1 Pour la
discipline 03A8
= SPT on atandis que pour la
discipline C
4. APPLICATION AUX FILES A
PRIORITÉS
Pour
simplifier l’exposé
nous nous limiterons à deux classes depriorités,
le cas de n classes de traitant de la même manière.
Le processus N de toutes les arrivées
prioritaires
ou non est un processusponctuel simple marqué supposé
stationnaire.Chaque
arrivée estmarquée
par un
couple (a, 7)
où a vaut 1 si le client estprioritaire
et 0sinon,
et 03C3 estun
point
de[R* représentant
le service demandé. On ne fait aucunehypo-
thèse
d’indépendance.
On noteNo
etNi respectivement
les sous processus des arrivées ordinaires etprioritaires.
On construit comme au
paragraphe
1l’espace (Q, ©, P). (Qo, Oo, Po)
et(Qi, 81, P 1 ) désignent
les espaces associésrespectivement
aux processus des arrivées ordinaires etprioritaires :
Do
est la restriction àQo
del’opérateur 03BD
où vdésigne
l’instant du pre- mier retour àQo.
La mesure de Palm
Po
du processusNo
est la restriction àQo de la
mesureP
du processusglobal.
Ceci se vérifie immédiatement enappliquant
laproposition
II-16 de Neveu[7].
On définit de même
fii, Ô
et1.
Dans toute la suite on suppose
(Q Ô P) ergodique ((Qo Bo Po)
et(1 1 Pi)
le sont alors
également)
etÊ(a)
1. Laproposition
1 reste valable : lacharge
stationnaire r du serveur est finieP
p. s. et vérifieP(I-’
=0)
> 0.On peut donc construire sur
Q
comme auparagraphe
1 un vecteur station-naire
S
de((~+)’~
dont lesIo premières
composantesreprésentent
les restesde service
(strictement positifs)
des clients nonprioritaires juste
avantl’instant
To
=0,
et lesIl
suivantes les restes de services des clientspriori- taires,
toutes les autres étant nulles. On convient deplacer provisoirement
le client
qui arrive,
soit à laligne Io
+Il
+ 1 s’il estprioritaire,
soit à laligne Io
+ 1 s’il est ordinaire et dans ce cas on décale tous les services desVol. XVII, n° 2-198I.
clients
prioritaires
d’uneligne
vers le bas. Onopère
ensuite unepermutation qui place
ce client selon ladiscipline
choisie :DÉFINITION 10. - On
appelle discipline
admissible touteapplication
de
Q
dans l’ensemble despermutations de {1,2,
...,Io
+Ii
1 +1 } qui : a)
nedépend
que des v + 1premiers
termes de la suiteoù v est la v. a. de la définition 2.
b)
peut s’écrire 03A6 = 03A60 ° 03A6 1 o03A60
où sontrespecti-
vement des
permutations de {1,2,
...,Io ~ et {Io
+1,
...,Io
+I
1 +1 } lorsque 03C9~
1 et despermutations
delorsque Qo
On notera que pour toute
discipline
admissible l’arrivée d’un clientprioritaire interrompt
tout service ordinaire en cours.PROPOSITION 11. - Pour toute
discipline
admissible 03A6 il existe surQ
un vecteur d’état stationnaire solution des
équations (4)
et(5)
et un pro-cessus
t)
défini sur Q stationnairepar { (Jt
et solution deséquations (4)
et(6).
Deplus
la suiteSn
construite par(7)
et(8)
àpartir
d’un vecteur Squelconque
de ~ vérifie 0"" =S P
p. s. pour tout n > Vi 1 où ~i 1 est une v. a.P
p. s. finie.La démonstration est
identique
à celle de laproposition
4.On peut maintenant chercher comme au
§
2 unediscipline
de serviceoptimale
au sens de la relation d’ordre ~ .Si on
appelle
S o etSi les
vecteurs d’étatscorrespondant respectivement
aux clients ordinaires et
prioritaires.
on a le résultat suivant
Poincaré-Section B
DISCIPLINES DE SERVICE DES FILES D’ATTENTE G/G/1 1 211
PROPOSITION 12. - Le vecteur
S o [respectivement S 1 J
estindépendant
de
[resp. Co].
Toutediscipline 03A81 [resp. qui
réalise SRPT pour les clientsprioritaires [resp. ordinaires est optimale
au sens suivant :VC admissible
S1(~1) ~ S1(~) P
p. s.[resp. P
p.s. ].
Démonstration. Sur
l’ensemble (
r =0 ~ S o
etS
1 sont nuls donc indé-pendants
de C. Onappelle
v la v. a. p. s. finieon vérifie facilement que si
S o o
estindépendant
dele même résultat est vrai à l’ordre n + 1. En se
plaçant
surchaque
ensemble{
v= n ~
on obtient queSo
nedépend
pasCi.
Onprocède
de même pourSi
1et 03A60.
Notons
g1
etgo les réordonnements,
par ordre décroissant des compo- santes des vecteursS
1 etSo.
Pour terminer la démonstration de la propo- sition12,
il suffit comme au§ 2
de prouver l’invariance par0
des événements~ ~1 (‘l’ 1 )
-~1 (~) ~
etf ~o(~) ~ ,
invariancequi
découle immédia- tement des formulesliant!/, yt
et0 [resp.
etâ ] :
Pourtoute
discipline C
admissible et pour toutentier j >_
1 on aP
p. s. :avec
égalité pour ~ _ ~1 .
De même
et en
appelant r1
lacharge (indépendante
de~)
due aux clientsprioritaires
avec
égalité
Vol. XVII, n° 2-1981.