C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
D. B OURN J. P ENON
Catégorification de structures définies par monade cartésienne
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 46, n
o1 (2005), p. 2-52
<http://www.numdam.org/item?id=CTGDC_2005__46_1_2_0>
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CATEGORIFICATION DE STRUCTURES DEFINIES
PAR MONADE CARTESIENNE
par D. BOURN
etJ. PENON
CAHIERS DE TOPOLOGIE ET
GEOMETRIE DIFFERENTIELLE CATEGORIQUES
Volume XL VI 1 (2005)
Résumé
We
give
here a construction of thecategorification
of structures definedby
cartesian monads. On the contrary to the usual ways, we focus on the iteration process from level n to level n+ 1. Ourstarting point
is apair
ofa functor U : E - B and a cartesian monad
(M, 1],J.l)
on Esatisfying
someconditions. From that
point,
we construct a newpair
of a functorUi : E1
i - E and a cartesian monad(Ml, n1, 03BC1)
ony
whichsatisfy
the same conditions.This new
pair
is defined as thecategorification
of the initialpair. Starting
from E = Ens, B = 1 and
(M, n, 03BC)
theidentity monad,
the n-th step of this iteration processgives
rise to the category of weakn-categories.
The limit[00
of this iteration admits a
comparison
functor towards the category of weakoo-categories
in the sense of Leinster.Introduction
Le
point
dedépart
de ce travail est double. Plusprécisément,
il est à la confluence desconceptions
de ses deux auteurs.Essayons
de les résumer brièvement.Pour le
premier,
contrairement à laplupart
des tentatives pour aborder la définition desn-catégories
nonstrictes,
il esttrop
radical de le faire d’emblée en dimensioninfinie,
mais il est bienpréférable
au contraire deprocéder
par récurrence et d’in- sister sur le passage de la dimension n à la dimensionn+1,
sur lemodèle,
parexemple,
de cequi
est fait pour lesn-groupoïdes stricts,
voir[4]
et aussi[5].
Pour le second auteur, la
préoccupation principale
neporte
pas sur lesoo-categories
non strictes pour
lesquelles
il adéjà proposé
une définition(avec
la notion de pro-lixes,
voir[13]),
mais sur une extension de la méthode "d’affaiblissement structu- ral" à d’autres structuresalgébriques
que lesoo-catégories,
suivant ainsi des sug-gestions déjà
formulées par Batanin[3].
Parailleurs,
il lui semble aussiplus
naturelde
procéder
par sautsélémentaires,
c’ est-à-dire en s’élevant d’une seule dimension pour éffectuer cet affaiblissement.Dans cet article est réalisée la
synthèse
de ces deuxpoints
de vue à travers la notionde
catégorification.
Ce terme de
"catégorification"
a été en fait introduit par Crane dans[8]
et[9], puis systématisé
par Baez et Dolan dans[1].
Ildésigne
leprincipe général
de pas- sage d’une structure à une autre de telle sorte que les axiomeséquationnels
dela
première (qui
sont des identités formelles entre les termes de cettestructure)
soient
remplacés
par des données(en
l’occurrence desisomorphismes
entre cesmêmes
termes).
De nouveauxaxiomes,
dits decohérence,
doivent alors lier ces nouvelles données. Les deuxexemples génériques
sont celui de lacatégorification
des monoïdes
qui produit
lescatégories monoïdales,
et celui de lacatégorification
des
catégories qui produit
lesbicatégories.
Le
premier problème posé
par notre notion decatégorification
a été de choisirla
façon
de définir les structuresalgébriques. L’ exemple
incontournable des nom-breuses définitions des
oo-catégories
non-strictes nous a convaincusqu’il
fallaitraisonner en termes de monade. Monades sur les ensembles pour les structures
classiques,
monades sur lesgraphes
pour les structures detype catégorique (sur
cette
question
voir[7]),
et enfin monades sur les ensemblesglobulaires (ou
encoren-graphes
selon notreterminologie)
en dimensionssupérieures.
Plusprécisément
ladonnée
appropriée,
dite : donnée debase,
s’avère être la donnée de deuxcatégories
et d’un foncteur U:E -> B et d’une monade
( M, n,03BC)
sur E.La
technique
decatégorification, quant
àelle, s’inspire
de laprésentation
desbicatégories
selon Batanin dans lepréambule
de[2].
Ilutilise,
pour cefaire,
lelangage
desopérades non-symétriques.
Ce sont ellesqui
vont nouspermettre
d’ex-primer
l’affaiblissement recherché(dans
sonexemple,
il affaiblit la notion de 2-catégorie qui
estdéjà
elle-même une sorte decatégorification
stricte de celle decatégorie).
Le cas strict estcaractérisé, parmi
les casnon-stricts,
par l’utilisation del’opérade
finale. Mais Batanin constate ensuite que latechnique
desopérades
est insuffisante pour décrire les
tricatégories
etqu’il
fautl’adapter
auproblème
desdimensions
supérieures.
Cequi
l’amène à la notionplus générale
den-opérade
dontles
opérades classiques
deviennent un casparticulier
de dimension 1.Pour notre
projet,
l’outil desn-opérades
s’est révélé bientrop spécifique
aux n-catégories
pourpouvoir
servir dans lacatégorification
de structurequelconque.
Unoutil
plus approprié s’imposait,
que Bataninsuggère
d’ailleurs un peu lui-même dans[3]
où il compare lesprolixes
à ses propresoo-catégories
non-strictes. Il nousapparût
alors clairement que le nouveautype d’opérade
que nous recherchions existaitdéjà, depuis longtemps,
sous le nom deT-catégorie,
selon la définitionde A.Burroni
[6].
Cetoutil,
élémentairement lié auxmonades,
va nouspermettre
degénéraliser
la construction desbicatégories
selonBatanin,
et de mettre définiti-vement au
point
notre processus decatégorification.
Il faut ensuite collecter l’ensemble des
propriétés
de la donnée de basequi permettent
d’unepart
d’effectuer les constructions nécéssaires à lacatégorification
et d’autre
part,
en vue del’itération,
de les retrouver à la fin de ces constructions.Toute cette
partie
du travail est rassemblée auchapitre
1 et la listecomplète
desaxiomes y est établie. La
question
de lacatégorification
étantrèglée,
il faut aborder ensuite celle de l’itération.On montre
d’abord,
que dans le cas de lacatégorification
stricte(=utilisa-
tion de
l’opérade finale),
on retombebien,
enpartant
desensembles,
sur les n-catégories
strictes au sens usuel. On montre ensuitequ’entre
les deux processus decatégorification,
le non-strict et lestrict,
il existe unmorphisme
cartésien de mo-nades
qui
s’avère être contractile au sens de Leinster(voir [12]).
Cettepropriété
se conserve
après
itération etpermet
enpassant
à la limite de faireapparaître
endimension infinie un
morphisme
decomparaison
entre la monade de Leinster[12]
sur les ensemble
globulaires (ou oo-graphes)
et notre monade itérée(notée M(oo)).
Nos
oo-catégories
non-strictes(en
tantqu’algèbres
sur la monadeM(oo))
sont doncaussi des
oo-catégories
non-strictes au sens de Leinster. Toutes cesquestions
sonttraitées au
chapitre
2.Dans la
longue
liste des définitionsexistantes,
notreprésentation
des oo-caté-gories
non-strictes se situedonc,
on le constate,parmi
les définitions dites"expli-
cites" comme celles données par
Batanin,
par Leinster oudéjà
par Penon. Cequi
fait d’abord son intérêt vient de la
simplicité
de la construction de la monadeD1 (ex:»,
toute entière contenue dans
celle,
en uneétape,
de notrecatégorification.
On éviteainsi tout recours aux
computades,
ou à leurséquivalents,
dont lamanipulation
est extrêmement difficile. Une de ses
limites,
enrevanche,
estqu’elle
se cantonne,pour
l’instant,
aux seules théories definissables par des monades cartésiennes.Table des matières
1
Catégorification
51.1 Procédure
générale
... 51.1.1 Les données de
départ
... 61.1.2 Construction de la monade
M(1)
... 71.2
U-opérade
libre ... 91.2.1 La
catégorie
monoïdaleV/M
... 91.2.2
Les opérades de Burroni
... 101.2.3 Monoïdes
gradués
... 121.2.4 Monoïde libre et
opérade
libre ... 141.3
U-catégorie
libre sur unU-graphe
... 201.3.1 Les
catégories
surmonoïdales au dessus d’unecatégorie
donnée ... 20
1.3.2 Limites dans les
catégories
au-dessus d’unecatégorie
donnée 23 1.3.3 Le surmonoïde libre ... 241.4 Cartésianité des monades de la construction ... 26
1.4.1 Cartésianité de la monade Ch ... 26
1.4.2 Loi distributive cartésienne ... 28
1.4.3
Transport
d’une loi distributive cartésienne par uneopérade
30 1.5 Dernières mises aupoint ...
321.5.1
Le foncteur (-) 0 est fibrant
... 331.5.2 Commutations avec les N-limites à droite et les flèches verticales ... 35
1.5.3 Les conditions d’ itération ... 37
2
n-catégorification
39 2.1n-catégorification stricte ...
392.1.1 Position du
problème ...
392.1.2
’Yn
n ... 402.2
n-catégorification
non-stricte ... 432.2.1 Le
morphisme
decomparaison
... 432.2.2 Cartésianité du
morphisme
decomparaison
... 45, 2.2.3 Contractilité du
morphisme
decomparaison
... 472.3
oo-catégorification ...
482.3.1
Les U-oo-graphes
... 482.3.2 La monade
M oo ...
492.3.3 La monade
M(oo)
... 501 Catégorification
1.1 Procédure générale
. On va, dès à
présent,
donner laprocédure générale
decatégorification
d’unestructure définie par une monade cartésienne. Elle se fait en
plusieurs étapes
ens’appuyant
sur une série de théorèmesqui
seront démontrés dans lesparagraphes
suivants afin de ne pas alourdir et surtout
d’allonger l’exposition
de cetteprocédure.
1.1.1 Les données de
départ
e Le but étant de
catégorifier
des structures, nous allons nous donner audépart
une structure à transformer. Cette structure est
présentée
par une monade(cartésien- ne)
sur unecatégorie.
En fait l’itération de laprocédure
decatégorification
montreque la seule donnée d’une
catégorie
poursupporter
la monade ne suffit pas(voir l’introduction).
Defaçon plus précise
on se donne :1. Deux
catégories
B et E et un foncteur U : E -> B 2. Une monade M sur ECette liste de données
(encore appelée
"données debase")
vérifie certaines conditions(appelées
"conditionsd’itération").
- Pour la
catégorie E,
la liste des conditionsqu’elle
doitremplir
sera donnéeau
paragraphe
1.5.3(disons
brièvement que E doitposséder
des limites àgauche
et àdroite, globales
oupartielles, qui
commutent avec U et entreelles).
- Pour la monade M =
(M,zl,,y),
ces conditions sont :- M est
cartésienne,
c’est-à-dire que l’endofoncteur M commute auxproduits
fibrés et les transformations naturelles ri
et y
sont cartésiennes(c’ est-à-dire, qu’en
tant que foncteur E ->E2,
elles envoient une flèche sur un carrécartésien).
- M commute aux N-limites à droite
(où
Ndésigne
l’ensemble ordonné des entiersnaturels,
considéré commecatégorie).
- M commute aux7 flèches U-verticales
(c’est-à-dire
les flèches x : X -> Y de E pourlesquelles U(x)
=Idux)
Une donnée de base
(E 1 B, M)
vérifiant ces conditions estappelée
une structureitérative.
Exemples :
1. Dans le cas des structures ensemblistes
(comme
parexemple
la structure demonoïde ou de
magma ... )
E =Ens,
B = 1(la catégorie finale)
et la monadeM est la monade "monoïde
libre", "magma
libre" ...2. Pour la structures de
catégorie,
on considère : E = Gr(catégorie
desgraphes),
B =
Ens,
U : G HGo (où Go
est l’ensemble desobjets
ou des sommets deG)
et M = Ch(la
monade "des chemins" c’est-à-dire la monade"catégorie
libre sur un
graphe")
O A
partir
d’une structure itérative(E 1 B, M)
on construit une nouvelle struc-ture itérative
(Ei U1 B1, M(1) ) qui
va être lacatégorification
de(E U-> B,M) (l’in-
dex de la notation
M(1)
est là poursouligner
la distinction avec la monadeMi
surlEl
decatégorification
stricte introduite auparagraphe 2.1.1).
En fait
BI
1 = E etEl
1 est lacatégorie U-Gr(E)
desU-graphes
dans E où un U-ao
graphe
dans E est ungraphe
interne à E :G, = Go
où lesmorphismes
domaineet codomaine
ao
et01,
sont U-verticaux(les morphismes
deU-graphes
sont ceuxdes
graphes internes).
Le foncteur est le foncteur d’oubli G ->Go.
Nous allons maintenant construire la monade de
catégorification Mn)
surU-Gr(E)
par
étapes
successives.1.1.2 Construction de la monade
M(1)
1ère
étape (destructuration réglée)
On considère
l’U-opérade
libre00
surM, engendrée
par la collectionpointée :
où une collection est une flèche C-
M( 1 )
et uneU-opérade
est uneopérade
ausens de A.Burroni
(voir [6]))
dont la collectionsous-jacente
est uneU-collection,
c’est-à-dire une collectionC2!:.M(l)
où la flèche 1r est U-verticale(pour plus
dedétails voir le
paragraphe 1.2
où l’on donne des conditionsgénérales
pourqu’une
telle
U-opérade
existe).
Exemple :
Dans le cas où E =Ens, B
=1,
M = lMo(la
monade "monoïdelibre")
l’ensemble
no sous-jacent
àl’opérade no
est l’ensemble des termes d’unlangage
?’ne
possédant qu’une
seule variable libre x et un ensemble dénombrable de lois{*n;
n e N -{1}} où,
pourchaque
n la loi* n
est n-aire. Ces différentes lois n’étant pas reliées entre elles par des axiomes(dans
ce cas, c’est la structure demonoïde
qui
a étédestructurée).
2ème
étape (restructuration cohésive)
Ici vont
apparaître
les cohérences de relâchement.. Partant de la U-collection
Qo 2 M(1) sous-jacente
àl’U-opérade
libreno
précédente,
on considère la relationd’équivalence
nucléaire de la flèche 1ro, ob- tenuegrâce
auproduit
fibré suivant :Elle détermine en fait une
U-catégorie S2 (grâce
aux conditions d’itération onpeut
en effet considérer un
produit
fibréqui
rendra les flèchesôo
etôl
U-verticales voir le1.3.2.)
e
Or,
surU-cat(E)
existe une monade cartésienne notée lM =(M,n, 03BC) qui prolonge
la monade cartésienne M
(ceci
estpossible puisque
M commute auxproduits
fibréset aux flèches
U-verticales).
LaU-catégorie n produit
en fait uneopérade n
sur M(voir
encore le1.5.1 ).
e Enfin
l’opérade fl
surM,
comme touteopérade,
sur une monade cartésienne(voir
le1.2.2), engendre une
nouvelle monadecartésienne fl
surU-Cat(E)
et unmorphisme
cartésien yr : 0 -> MExemple :
Enreprenant l’exemple
de la 1 èreétape,
lacatégorie .0, qui
a pourobjets
les termes delangages ?r,
a pour flèches lescouples (t, t’)
de termes de Tayant
même nombre d’ occurrences en x(i. e. no(t)
=7ro(t’) ).
On a parexemple
lesflèches suivantes :
La monade 0
correspondante
est, surCat, équivalente
à la monade"catégorie
monoïdale libre sur une
catégorie".
3ème
étape (finalisation)
Les conditions d’itération
permettent
au foncteur d’oubliU-Cat(E) -> U-Gr(E)
d’admettre un
adjoint
àgauche (voir
le1.3)
c’estpourquoi,
parcomposition,
lefoncteur d’oubli
composé
suivant :admet lui-même un
adjoint
àgauche.
Ilproduit ainsi,
surU-Gr(E),
une monade.C’est la monade
M(1)
cherchée. On montre deplus
que la donnée de base(El U1->
B1, M(1))
vérifie les conditions d’itération et doncqu’elle
est à nouveau une struc- ture itérative(voir
1.4 et1.5)
Exemple : Toujours
dans le mêmeexemple
que pour les deuxpremières étapes,
on obtient une monade
équivalente
à la monade"catégorie
monoïdale libre sur ungraphe".
1.2 U-opérade libre
e Dans la
première étape
de laprocédure générale,
on construitl’U-opérade
libre sur une collection
pointée.
Il nous faut maintenantpréciser
dequelles opérades
il
s’agit
et établir sousquelles
conditionsgénérales
une telleU-opérade
libre existe.Cela nous conduit à la mise au
point
de théorèmes d’existence de monoides libres dans certainescatégories
monoïdales. Aussi avons nous réservé ceparagraphe
auxcatégories
monoïdales.1.2.1 La
catégorie
mondidaleV/M
e Les
catégories V/M
vont nouspermettre
auparagraphe suivant,
de définirles
opérades
sur une monade donnée.· Donnons nous une
catégorie
monoïdale V munie d’un monoïde M. Lacatégorie V/M
est alors munie d’une structure monoïdalecanonique.
Pour
(X,X£M), (Y,Y 2.M)
ElV/Ml,
leproduit
tensoriel est :(X,x)O(Y,y) = (XOY, z)
où. z :X(g)Y ->
M est la flèchecomposée
suivante :k
désignant
lamultiplication
du monoïde M.L’objet
unité dev/M
est(I, I e -> M)
où e est l’unité du monoïde.
w Les foncteurs suivants sont des
morphismes
stricts decatégories
monoïdales.- Le foncteur
V / M --. V, (X,x)
- X.- Le foncteur
v/M -> V/N
decomposition,
pourchaque morphisme
de mono-ïde M - N.
· Les monoïdes de
V/M
s’identifient à desmorphismes
de monoïdes de but M dans V. Defaçon précise,
on a unisomorphisme canonique :
O On a le cas
particulier important
suivant : dans toutecatégorie
monoïdale Vl’ objet
unité 1 acanoniquement
une structure de monoïde dans V comme dans v°p. Aussi lacatégorie (Vop/I)op
=I/V
a une structurecanonique
decatégorie
monoïdale. Notons la
Pt(V) (ses objets
sontbaptisés
des"points"
deV).
On a :Mon(PtV) = Monv,
car un monoïde de V est aussi trivialement un monoïde de PtV. Cetisomorphisme
fait commuter lediagramme
suivant :où V :
(M,e,k) - (M,e)
et oùplus généralement
U : MonV --+ V est le foncteur d’oubli(M,e,k)
- M.· Enfin
signalons
que si V a des 1-limites àdroite, V/M
en a aussi et que lesmorphismes
strictsV/M - V et V 1 M --+ V/N signalés plus haut,
commutentavec elles. De
plus lorsque,
pour tout X eIVI le
foncteur(-)@X (resp. X@(-))
commute avec les 1-limites à droite dans
V,
il en va de même dans lacatégorie
monoïdale
V/M.
1.2.2 Les
opérades
de Burroni.Soit maintenant E une
catégorie
à limites àgauche
finies. NotonsEnc(E)
lacatégorie qui
a pourobjets
les endofoncteurs de E commutant auxproduits
fibréset pour flèches les transformations naturelles cartésiennes entre ces foncteurs. En
fait,
c’est unesous-catégorie
monoïdale de lacatégorie
monoïdale stricteEnd(E)
des endofoncteurs de E. Les monoïdes de
Enc(E)
sont les monades cartésiennes de E. Pourn’importe quel
M eu1 Enc(E) 1,
le foncteurcanonique
d’évaluation en 1 suivant :est en fait une
équivalence
decatégorie (son pseudo-inverse
se construit par chan-gement
de base lelong
des flèches M ! : MX ->Ml). Lorsque
M est l’endo-foncteur d’une monade cartésienne M =
(M,17,J..l)
la structure monoïdale cano-nique
surEnc(E)/M (voir
leparagraphe précédent)
setransporte àE/M(1).
On noteColl(IE,IM)
lacatégorie
monoïdale obtenue parl’équivalence précédente (ses objets
sont les collections sur
M). Explicitement
leproduit
tensoriel des collections(X,x)
et
(Y,y)
est :(X,x) Q (Y,y) = (Z,z)
où Z est donné par leproduit
fibré suivant :et où z : Z -> M1 est la flèche
composée
suivante :L’ objet
unité deColl(E, M)
est 1 =(1, j7l).
On
appelle opérade
sur M un monoïde dansColl(E,M)
et unmorphisme d’ opérade (sur M)
unmorphisme
de monoïde dansColl(E,M).
NotonsOp(E,M)
lacatégorie
des
opérades
sur M. On a bien évidemmentl’équivalence
decatégories :
Où
Moc(E) = Mon(Enc(E)).
C’est lacatégorie ayant
pourobjets
les monades cartésiennes et pour flèches lesmorphismes
de monadesqui
sont des transforma- tions naturelles cartésiennes(résulte
duparagraphe précédent).
Remarque
A. Burroni dans son article
[6] n’emploie
pas le terme"opérade".
Etant donnée unemonade
T,
uneopérade
sur T selon notre définition coïncide avec cequi,
dans saterminologie,
est uneT-catégorie
dontl’objet
desobjets
est1,
voir aussi[10] . Exemple générique.
On suppose E localement cartésiennes fermées
(i. e.
pour toutobjet
X deE,
lacatégorie E/X
est cartésiennefermée)(Les topos
sont desexemples
decatégories
localement cartésiennes
fermées).
Achaque objet
X de E on associel’opérade E(X)
dont la collectionsous-jacente
est donnée parl’exponentielle
suivante dansE/M(1) :
Dans le cas où E = Ens et M =
lMo,
on aE(X) = (E(X)n)nEN
avecE(X)n - lEns(Xn,X). Lorsque n
est uneopérade
surM,
on a unebijection canonique
entreles
morphismes d’opérades fl
-->E(X)
et les structuresd’algèbre
sur X pour la monade associée à 0(voir [10])
1.2.3 Monoïdes
gradués
e Les deux
exemples
de monoïdes libres donnés dans ceparagraphe (aux
pro-positions
1.2 et1.3)
seprésentent
sous la forme de monoïdesgradués,
il est doncpréférable
de commencer par leurdescription.
. V étant une
catégorie monoïdale,
un monoïdegradué
dans V est la donnée X :1. d’une suite
d’objets (Xn)neN
de V2. d’une suite de flèches
(Xn -> Xn+1)nEN
de V3. d’une suite double de flèches
(Xn @ Xm kn,m-> Xn+m)n,m
vérifiant les conditions suivantes :
(ce
sont lesmorphismes
de cohérence "unité à droite" et "unité àgauche"
de lacatégorie monoïdale)
(c)
pour tout n,m,p e N lediagramme-suivant
commute :(d)
pour tout nn’,
m m’ lediagramme
suivant commute :(où tn,m
est défini pour m n par récurrence sur n enposant : Exemple :
Tout monoïde M =(M,e,k) engendre
un monoïdegradué,
enposant :
et pour Notons
U(M)
ce monoïdegradué engendré
par M.e 1 et X’ étant deux monoïdes
gradués,
unmorphisme
f : x --> Y’ est une suite de flèches( fn : Xn - Xn) nE N
vérifiant les conditions suivantes :2. Pour tout n E N on la commutation suivante :
3. Pour tout n,m E
N,
on a la commutation suivante :e Les monoïdes
gradués
et leursmorphismes
forment unecatégorie
notéeMog(V)
etl’ application
M -->U (M)
seprolonge
en un foncteur U :Mon (V) -->
Mog(V)
Proposition
1.1Lorsque
V a des N -limites à droite et que pour tout XE lVl les foncteurs (-)@X
etXQ(-)
commutent avec ces N -limitesalors,
lefoncteur
d’oubliU :
Mon(V) -> Mog(V)
admet unadjoint
àgauche (noté L)
Preuve : En fait
L(X)
=limn Xn (Notons ln : Xn - L(l)
les flèches du cônelimite).
AlorsL(x)
est un monoïde où e =10
et où lamultiplication
est donnée parla flèche
composée :
La flèche universelle x ->
UL(X)
est donnée pour n>O par lesln.
1.2.4 Monoïde libre et
opérade
libre. Les deux
propositions
suivantes vont nous donner essentiellement 1. l’ existence de laU-catégorie
libre sur unU-graphe (
auparagraphe 1.3)
2.
l’ U-opérade
libre sur une collectionpointée
Proposition
1.2 Soit V unecatégorie
monoidale telle que :1. Elle a des N -limites à droite et pour tout X
E l lVl, (-)@X
etX(8)(-)
commuteavec ces N-limites.
2. Elle a des sommes
(de
deuxobjets)
et pour tout X EIV I, (-)@X
commuteavec ces sommes.
Alors
le foncteur
d’oubli U :Mon(v) -->
V admet unadjoint
àgauche.
Preuve : Soit X E
lVl.
Avant de construireMo(X) (qui
sera le monoïde libre surX)
on construit un monoïdegradué X
par récurrence de lafaçon
suivante : : laco-projection canonique
est la flèche
composée
suivanteoù dist est la flèche de distributivité
canonique
due auxhypothèses
et oùcr2 : X O
Xn+m - Xn+m+
1 eSt laco-projection canonique
et où on note :)x,y( :
X + Y --> Z la flèche universelleprovenant
de deux flèches arbitrairesX À Z et Y À Z.
Il nous reste àmontrer que le monoïde
Mo(X)
=L (X)
vérifie lapropriété
universelle désirée. Pour cela notons qx : X ->Mo(X)
la flèchecomposée :
où les
flèches ln : Xn --> Mo(X)
sont les flèches du cône limite. Montrons que 77X est universelle. Soit N un autre monoïde et x : X - N une flèchequelconque.
Alors(X,X -> N)
EIV/Ni
oùV/N
est unecatégorie
monoïdale vérifiant les conditionsde
l’hypothèse (voir
le1.2.1 ).
Onpeut
donc considérer le monoïdeMo(X,x)
dansV/N.
Comme le foncteur S :V/N -> V, (X,x)
H X commute strictement avec(8), I , Lin ->
et +, on a les commutationsS(Mo(X,x))
=MoS(X,x)
= MoX etSn(X,x) =
i7x. On en déduit que
Mo(X,x) correspond
à unmorphisme
de monoïdeMo(X) h :
N
(voir toujours
le1.2.1)
et quehx.qx
= x. L’unicitéde hx
résulte de l’identité :Mo(X, qx) = (MoX,Id),
dansV/MOX (Pour
cela on montre par récurrence que(X, nX)n
=(Xn, ln)).
En effet si h : MoX -> N est unmorphisme
demonoïde,
on a les identités suivantes :est le foncteur de
composition
par h(
il commute aussistrictement avec
· La
proposition qui
suit est aussi un théorème d’existence de monoïdelibre,
mais cette fois dans un cadre diffèrent. Comme nous l’avonsdéjà dit,
ellepermettra
la construction del’ U-opérade
libre sur une collectionpointée.
e
Plaçons
nous dans le contextegénéral
suivant :On se donne une
catégorie
monoïdale V et unesous-catégorie pleine
W de V.Elles ont en
plus
lespropriétés
suivantes : 1.pour V
(a)
Elle a des N -limites à droite et, pourchaque-objet
X deV,
les endo-foncteurs
Xo(-)
et(-)OX
commutent aux N-limites à droite.(b)
Elle a desco-égalisateurs
et, pourchaque objet
X deV,
l’endofoncteur(-) @X
commute auxco-égalisateurs.
(c) I, l’objet
unité deV,
est unobjet
initial.2. Pour W
(a)
L’ inclusion W ’-+ V admet unadjoint
àgauche (-) (on
note W : Id ->(-)
l’unité de cetteadjonction).
(b)
Pourchaque objet
X deV,
l’ endofoncteur(-)@)X
commute aux flèchesW-denses
(celles qui
sontenvoyées
sur desisomorphismes
par le fonc-teur (-) ).
->
(c)
L’inclusion W -> V commute avec les N -limites à droite- On note
W-Mon(V)
lasous-catégorie pleine
deMon(V) ayant
pourobjets
les monoïdes
(M,e,k)
où M elWl.
Proposition
1.3 Sous leshypothèses précédentes le foncteur
d’oubli :admet un
adjoint
àgauche.
Preuve : Soit X un
objet
de V. Comme dans laproposition précédente,
oncommence par construire un monoïde
gradué
noté x. Pour cela on construit par récurrence la suite desquadruplets :
(Xn, Qn, qn, jn)
oùXn, Qn
ElVl, qn : X @ X Xn -> Qn, jn : Xi - Qn
enposant : Xo
=1, Qo
=X, qo
= ud : X(D 1 :::: X, jo
= i : I - X =Qo
et àl’ ordre n+ 1 :Xn+
1 =Qn
et qn+1 etQn+
sont donnés par leco-égalisateur :
ou
0
etyi
sont les flèchescomposées
suivantes(
oùWn
=WQn ) :
jn+1 Xn+1
i -Qn+
est la flèchecomposée
suivante :Pour achever la construction du monoïde
gradué 1
il reste a construire les flèches : in estsimplement
lecomposé
Quant àkn,m,
on la construit simultanément par récurrence avec une autre flècheK’n,m : Qn @ Xm -> Qn+m
de telle sortequ’elles
vérifient les identités ou les com-mutations
suivantes,
pour n, m E N:Après
la construction du monoïdegradué X,
on pose MoX =L (3c).
La fin de lapreuve se fait alors sur le modèle de la
proposition précédente.
Proposition
1.4(Corollaire) Étant
donné :- une
catégorie
monoïdale Vvérifiant
leshypothèses (1a)
et(1 b)
de la propo- sitionprécédente (la propriété (c)
n’est passupposée ici)
et,- une
sous-catégorie pleine
W de Vvérifiant
lespropriétés (2a), (2b)
et(2c),
Alors le
foncteur
d’oubli V :W-Mon(V) ->
lPtV, (M, e, k)
H(M, e),
admet unadjoint
àgauche.
Preuve :
Moyennant
le1.2.1,
il suffit de vérifier que lecouple (PtV, W’)
vérifieles
hypothèses
de laproposition
1.3(ou W’
est lasous-catégorie pleine
de PtVayant
pourobjets
lescouples (X,I P-> X)
où XEl lWl).
Proposition
1.5[Sous-corollaire]
Soient lE et B descatégories,
U : lE -> B unfoncteur
et gVI une monade sur lEvérifiant
les conditions suivantes : 1. Pour lacatégorie
E :(a)
elle a des limites àgauche finies,
(b)
elle a desco-égalisateurs
stables parchangement
debases, (c)
elle a des N -limites à droite stables parchangement
de base2. pour
le foncteur
U :(a)
c’est uneco-fibration qui vérifie
enplus
les deuxpropriétés
suivantes : i. Si g etg.f
sont co-cartésiensf l’est
aussiii. Les
morphismes
co-cartésiens sont stables parchangement
de base.(b)
il commute aux N -limites àdroite,
3. Pour la monade M :(a)
elle est cartésienne(b)
sonendofoncteur
commute aux N -limites à droite.Alors
le foncteur
d’oubliU-Op(E,M)-> Colp(E, lM)
admet unadjoint
àgauche (où Colp(E, lM)
=PtColl(lE, lM)
etU-Op(E, M)
est lasous-catégorie pleine
deOp(lE, lM) qui
a pourobjets
lesU-opérades
surlM).
Preuve : On
applique
le corollaireprécédent
àV =Coll(E, lM)
et W = U-Coll(E, lM) (c’ est
lasous-catégorie pleine
de Vayant
pourobjets
lesU-collections).
Dans ce cas
e Restons sous la conclusion de la
proposition précédente,
mais dans le casparti-
culier où B = 1. On suppose, en outre, que E est localement cartésienne fermée.
A toute collection
pointée C
comme ci-dessous :c’est-à-dire à tout
objet
dePtColl(E, M) correspond
unobjet
dePt(Enc(E)/M)
noté :
alors pour
chaque
X elEI,
il y unebijection canonique
entre les rétractions dePx :
X-·C (X)
et les structuresd’algèbre
sur X pour la monaden0(C)
induitepar
l’opérade
libreS2o(C) engendrée
par la collectionpointée C (on
utilise la cor-respondance
entre les structuresd’algèbre
sur X pourao(C)
et lesmorphismes d’opérade n0(C) -> E(X)).
Exemple : Plaçons
nous dans E =Gr, M
= Ch. Dans ce cas 1 etCh(l) peuvent
être
représentés
par :Donnons nous maintenant la collection
pointée C = (C, n, p)
où :Co = 101,
Ci
={e,i,k},
po =1 duo =
n0,p1 (1)
= i et n 1 envoierespectivement
e,i, k
sur
0,1, 2.
Alors les structuresd’algèbre
sur ungraphe
G pour la monade.Qo(C) correspondent bijectivement
avec les structures de1-magma
surG,
c’est-à-dire lescouples (j,k) où j : G0 -> G1 et k : G1
1 x GoG1-> G1
sont tels que :pour tout
(x, y)
EGi
X G0G1.
Remarque :
ce résultat a étésignalé
par M.Batanin dans[3]
sans toutefois êtreétayé
par une démonstration.
1.3 U-catégorie libre
sur unU-graphe
e Normalement la
proposition
1.2 duchapitre précédent ajouté
au caractèrefibrant du foncteur d’oubli
U-Cat(1E) --> U-Gr(E)
suffit à montrer que ce foncteur admet unadjoint
àgauche. Cependant
nous voulonsplus.
Il nous faut en effetmontrer que la monade
"U-catégorie
libre sur unU-graphe"
estcartésienne.
Mais alors les outils utilisésjusque
là ne suffisentplus.
C’estpourquoi
nous allons nousplacer
dans un contexte nouveau un peuplus général.
Leproblème
de la cartésianité de la monadeprécédente
sera abordé auparagraphe
suivant.1.3.1 Les
catégories
surmonoïdales au dessus d’unecatégorie
donnée· Soit B une
catégorie. Appelons catégorie
surmonoïdale au-dessus de B la donnée d’unobjet
monoïdal dans la2-catégorie Cat/B
c’est-à-dire la donnée(prin- cipale) :
- d’une
catégorie
E et d’un foncteur U : E -> B- d’un foncteur I B ->
E,
section de U(i. e.
U.I =1dB)
- d’un troisième foncteur
* :
E xB E - E au-dessus de Bpuis
de la donnée(auxiliaire)
de transformations naturelles inversibles au-dessus de 1B:Ces données satisfaisant les "mêmes" conditions de cohérence que les
catégories
monoïdales.
Exemple : -
Lacatégorie
Gr desgraphes
avec son foncteur d’oubli Gr -Ens,
G HGo
a une structurecanonique
decatégorie
surmonoïdale au-dessus de Ens où "l’unité" est I : et "leproduit
tensoriel"* :
Gr x Ens Gr - Gr est lacomposition
des spans :- Nous verrons
plus
loin unegénéralisation
de cetexemple (voir 1.3.3).
e E et E’ étant deux
catégories
surmonoïdales au-dessus de Bet B’,
unmorphisme
strict 1E -> E’ est la donnée d’un
couple
de foncteurs( E F-> lE’,
B1 B’)
tel que :·
Remarquons
que si E est unecatégorie
surmonoïdale au-dessus de Balors,
pour tout B elB’l la
fibre au-dessus deB , EB,
acanoniquement
une structure decatégorie
monoïdale.- Si E est une
catégorie
surmonoïdale au-dessus de B et 1 est unecatégorie
alorslEi
est unecatégorie
surmonoïdale au-dessus deIBI.
.
a)
Un surmonoïde de E est la donnée d’unobjet
M de E et de deux flèchese :
IU(M) ->
M et k :M*M -
M tels que(M,e,k)
soit un monoïde dans la fibreEUM·
b)
M =(M,e,k)
et M’=(M’ ,e’ ,k’ )
étant deux surmonoïdes unmorphisme
84 -M ’ est la donnée d’une flèche h : M - M’ telle que les deux carrés suivants commutent :