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La Meije, un haut lieu alpin

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Academic year: 2022

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Géographie et cultures 

66 | 2008

Le patrimoine naturel entre culture et ressource

La Meije, un haut lieu alpin

Isabelle Lefort

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/gc/3727 DOI : 10.4000/gc.3727

ISSN : 2267-6759 Éditeur

L’Harmattan Édition imprimée

Date de publication : 4 décembre 2008 Pagination : 140-141

ISBN : 978-2-296-08066-9 ISSN : 1165-0354 Référence électronique

Isabelle Lefort, « La Meije, un haut lieu alpin », Géographie et cultures [En ligne], 66 | 2008, mis en ligne le 15 décembre 2015, consulté le 24 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/gc/3727 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gc.3727

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La Meije, un haut lieu alpin

Isabelle Lefort

RÉFÉRENCE

Lionel Laslaz. 2007, La Meije, un haut lieu alpin, Éditions Gap, 104 p.

1 L’ouvrage de Lionel Laslaz, La Meije, un haut lieu alpin est un ouvrage de géographe sur un mythe alpin. Son auteur est également randonneur et alpiniste amateur (c’est la quatrième de couverture qui le précise), il a déjà publié Vanoise, 40 ans de parc national.

Bilan et penpectives (Éditions de l’Harmattan en 2004), il aime et connaît très bien cette montagne et ses montagnards : son texte le dit sans ambages. L’ouvrage qu’il a signé en 2007 aux éditions GAP (104 pages agrémentées d’une fort belle iconographie, en particulier de clichés personnels d’altitude) retrace une histoire de montagne, mais pas n’importe laquelle, celle de la Meije, haut lieu alpin par excellence. Les chapitres, courts dans l’ensemble, en disposent les jalons depuis la prime ascension en 1877 et les prémisses du mythe (introduction), mais s’appesantissent surtout sur la remise en jeu et en question, durant un siècle, d’une « exceptionnalité » alpine. Pour être plus juste, l’histoire qu’il raconte est donc celle des polémiques (parfois physiquement violentes) générées par les projets autour du massif. Le lecteur entre alors dans des arcanes conflictuels, (« la Meije câblée », « la Meije éclairée », « la Meije comme musée d’art »,

« la bataille du refuge de l’Aigle ») pour mieux saisir les enjeux – matériels et forcément symboliques – (« la Meije en partage », « la Meije appropriation identitaire autour d’un haut lieu »). Les informations sont précises et les analyses relatent les événements à des échelles très fines (corpus de presse par exemple). Il s’agit là d’une enquête savante, menée avec passion sur un objet passionnel. On y apprend beaucoup, à des échelles pertinentes et opératoires. Une frustration et un regret cependant, liés sans doute à quelques problèmes « d’accommodation ».

2 La frustration tout d’abord, celle d’un lecteur qui ne serait ni alpin, ni montagnard, ni alpiniste. Lionel Laslaz a beaucoup pratiqué, escaladé, arpenté ces terrains, et territoires, il en connaît les hommes et leur histoire, il s’est approprié leurs mémoires

La Meije, un haut lieu alpin

Géographie et cultures, 66 | 2008

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aussi ... Mais les contraintes de volume et/ou le choix de la maison d’édition et de son lectorat le conduisent à faire bref, trop, sur les références (de personnes - portrait des grandes figures récurrentes ? – comme de contextes – la question du dessein du parc en particulier ?). Son extrême connaissance le mène à des ellipses d’exposition qui pénalisent d’une certaine manière l’entrée pleine et entière d’un lecteur qui n’appartiendrait pas aux happy few de la montagne.

3 Quant au regret, il porte sur un point qui, là, a contrario intéresserait plus sûrement les amateurs savants de fabrication de haut lieu. La difficulté réside dans l’articulation entre l’introduction, qui pose un cadre référentiel théorique de ce qu’est un « haut lieu » (avec convocation à l’appui de bons géographes et sociologues en la matière) et les chapitres suivants qui racontent les moments forts des enjeux sociaux et politique qui ont agité La Meije et ses territoires depuis un siècle. Or ce dispositif démonstratif ne résout pas explicitement, ni surtout continûment la question forte que l’on trouve p. 11 : « La Meije serait-elle devenue ce ’haut lieu’ sans le florilège de conflits qui suit et qui a bâti le mythe ? ». Cette question est essentielle pour saisir l’invention d’un haut lieu, les processus sociaux et culturels qui en alimentent la fabrication identitaire (mais à quelle échelle ?), ses conditions de cristallisation et de pérennisation quand les environnements sociétaux (enjeux d’aménagement et de gestion, mutations des pratiques...) confrontent un géosymbole à des changements historiques (donc politiques et culturels) de regard. L’ouvrage décortique minutieusement (et en cela fournit une véritable mine d’informations) les modalités discursives et événementielles des enjeux, mais minore l’explicitation les réponses à la question initiale. Certes le dernier chapitre et la conclusion rassemblent, la figure 12 et le tableau 4 sont très bienvenus et efficaces, mais in fine, la dialectique des conflits comme marqueurs / opérateurs dans la fabrique d’un haut lieu aurait mérité davantage que ces quelques dernières pages. Ne serait-ce que pour en transférer le principe conclusif de « cercle vertueux » à d’autres hauts lieux.

4 Frustration et regret s’expliquent sans doute par les deux casquettes de l’auteur, montagnard / alpiniste et géographe. Non pas bien sûr qu’il s’agisse d’incompatibilité rédhibitoire, mais plutôt de compatibilité des focales choisies et de leur « mise au point » : entre le personnellement proche et connu et le nécessairement distancié, entre le sensible (quelques lignes de l’introduction et surtout choix : des clichés) et le réflexif (outillage conceptuel, tableau et graphique), entre le travail scientifique et la publication grand public. Mais, à n’en pas douter, l’ouvrage de Lionel Laslaz a démontré la richesse de l’ascension des hauts lieux, par la voie des conflits.

AUTEUR

ISABELLE LEFORT Université de Lyon II

La Meije, un haut lieu alpin

Géographie et cultures, 66 | 2008

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