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Notice sur la conservation des blocs erratiques et sur les anciens glaciers du revers septentrional des Alpes
FAVRE, Alphonse
FAVRE, Alphonse. Notice sur la conservation des blocs erratiques et sur les anciens glaciers du revers septentrional des Alpes. Archives des sciences de la bibliothèque universelle , 1876, vol. 57
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CON$ilRIIATIOII DA$ BTOC$ ilRRATIOIJil$
SUR LA
ET SUR
LES ANCIENS
GLACIERSREVERS SEPTENTRIONAL DES ALPES
NOTICE a4z\
M. ALPH. FAVRE
TIRÉ Dtrs ARcilIvEs DEs scrENcEs DE LÀ BIBLT0TIIùQUE uNrvERSttr,LE Novernbre i876, t. LVII.
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Auec l'autorisation de la Direction,GENEVE
IMPRIMERIB RAMBOZ ET SCHUCHARDT { 876
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OC GENÊVE LA B0RAT0 REDTG 0 0Bâtimentd'HYgièno Qual de. Éoolo dc Médocinc
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Ouai de l'École dr: Méclecine
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SUR I,À
CONSERYÀTION DES BLOCS ERRÀTIOUES
XT SUR I,ES
ÀI{CIIN$ ûI,ATIBR$ DU NNV$NS SIPTTNTRIONÀL D[$ ATPN$ $UIS$[S PÂR
M. Alph. FAVRE
Depuis plus d'un siècle, on se plaint de la destruction des blocs erratiques. Déjà les Gessner, les Lang, les de Saussure l'ont déplorée et tous les naturalistes modernes qui se sont occupés du terrain quaternaire en ont parlé, entre autres Studer, de Charpentier, Guyot, Bacbmann, Mùhlberg, etc., etc.
Uue partie de la population de la Suisse s'associe à ces
regrets; on aime à voir ces blocs qui embellissent le pay- sage et auxquels se rattachent souvent des légendes, des histoiros curicuscs, dcs souvcnirs d'enfance et qui ont été
l'objet cle cliscussions scientifiques devenues populaires;1 mais cette sorte d'attachement n'empêche pas beaucoup de communes et de particuliers de vendre encore main- tenant de beaux blocs à vil prix.
Depuis quelques années on a cherché à protéger et à conserver, parmi ces blocs, ceux
qui
sont remarquables par leur volume, par leur position pittoresque ou par leur importance scientifique.En mars '1866, M. Louis Soret proposa à
la
section I-182
LEs Blocs ERRATIQUESgenevoise du Club alpin suisse de chercher
à
sauver de la clestruction un certain nombre de blocs situés en Suisseet dans la partie de la France voisine de Genève.
Nous frimes chargés, M. Soret et moi, de nous entendre avec la Société géologique de France; elle accueillit favo- rablernent les idées que nous
lui
présentâmesu[,
par'I'influence cle MM. Lartct
ct
Bclgrand, présidentsde
laSociété, elle nous fit obtenir l'autorisation de choisir sur les terrains communâux français lesblocs que nous désirions faire conserver. M. Soret en a désigné un certain nombre surtout dans la vallée de l'Arve et au mont Salève ; ils y sont maintenant marqués d'un F, initiale du mot France, ce qui signifie qu'ils sont rangés parmi les monuments nationaux français el, sous la surveillance cle l'administra- tion des Ponts et Chaussées.
En Suisse, nous nous adressàmes à la Société lielvéti' que des sciences naturelles, réunie à Neuchâtel en '1866, pour lui demander de s'intéresser à l'æuvre dont nous nous occupions. La proposition
fut
renvoyée àla
commissiongéologique de la Suisse qui me chargea, ainsi que M. B.
Studer, de rédiger ttn Appel
aun
Suisses pour la conser-vation des blocs erratiques. Nous y joignÎmes, M. Soret
et moi, un projet relatif à une carte des blocs. Cet Appel fut présenté à la Sociél,é heh,étique des sciences naturelles réunio à Rheinfelden en
1867;
avec l'approbation de la Sociétéil
fut imprimé à un grand nombre d'exemplaires;plusieurs journaux
le reproduisirent; le
Conseil fé-déral voulut bien
le
recommander aux gouvernentents cantonanx, quelques-unsde ceux-ci s'en
occupèrenttrès-sérieusement; les uns décidèrent que l'exploitation des blocs serait interdite dans les forêts de I'Etat, d'au- tres donnèrent des ordres aux forestiers
et
aux ingé-IIT LES GLACIERS DES ÀLPIJS
SUISSIS.
'I 83nieurs pour conserver lss blocs
les
plus beaux. D'itu- tres entore demanclèrentaux
régents des écoles dissé- minéessur
toul,ela
surfacedu
canton d'indiquer sur une carte les blocs les plus remarquables. [,es régents tle quelques localités se servirenI de leurs élèves pour aller à la recherche des blocs. Ils leur apprirent d'abord à rlis- tinguer les roches cristallines des roches calcaires 0Il ar- gileuses, puisils
leur dirent:
u Chaque fois que voLlsu
trouverez un bloc cle roche cristalline, remarquez bic'nn
l'endroil ; nous irons plus tarcl y Îàire une promenade,)
vOus me servirez de guicle.> Et
l'essaim des jeunesgens sortant de l'école penclant les vacances de l'été fouillait les endroits les plus sauvages des montagnes, les ravins, les forèts, dans leurs parties de plaisir, clans
la
récolledes noisettes et souvenI en gardant le bétail au pâturage.
Beaucoup de blocs ilinsi découverts furent 'Jéclarés inuio- lables.
Cette campagne
qui
continue encore aujourd'trui a eud'heureur résultats"
0n
peut signaler, par exemple, la rlécision clu Conseii d'administration de la vilte de So-leure qui a voté la conservation cle 230 blocs cle granit du Nlont-lllanc clisséminés sur la colline du Riedholz près de Ia ville; ils lui donnenI un aspect des plus pitloresques eI un intérêt scientifique t0ut particulier. Dans les can- tons de l,'ribourg et d'Argovie, i[ est défendu maintettant d'exploiter les blocs situés clans les forêts cle l'État, e[, dans
le
clernierdo
ces cantons, plus d'une trentaine d'autres blocsont été mis à l'abri de
I'exploitation par des décisions spéciales. Dansle
canton de Vaud,on en
compteune
dizaine,si je ne
me trompe,qui
seront conservés;et la
municipalitéde la
com-rnune
de
Premiera, parait-il,
défendu I'exploitation,I84
LES BLOCSERRATIQUES
des blocs sur les terrains qui lui appartiennent oir ils sont grands
et
nombreux. Dans d'autres cantons, quelque.s municipalités ontpris
de semblables décisions. Dans le canton cle Neuchàtel, beauconp de blocs ont été cléclartis inuiolables.l[ en est cle même dans les cantons de Zuriclr, de Berne et surtout cle St.-Gall. La plupart de ces blocsont
cloncété
protégéspar voic
administrative. Desparticuliers a,ussi
ont
sonvent voulu conserver ces té- moins du dernier des grands phénomènes géologiques rlela Suisse en les donnant soit
à
des Sociétés canlonales, soit à la Société helvétique des sciences naturelles. C'es[ainsi que le bloc d'arhésine clu Steinhof, canton de So- leure, de 60000 pieds cubes, a été acheté par les soins t'le NI. le prcifesseur Lang et donné à
la
Société helvétique ;le
bloc de granit rouge cle 300000à 400000
pieds cubes du Luegiboden, vallée d'Ilabhern près d'Interlal<en, esI maintenant la propriété du Musée d'histoire naturelle tle Berne. QuelclLres blocs cles environs de Bulle (Fribonrg) appartiennent au Musée de cette ville;
dans d'autres can-[ons, tels que St.-Gall, Lucerne, Argovie, Zurich,les So- ciétés d'histoire naturelle, certa,ines corporations nom- mées Bourgeoisies et des sections cantonales du Club al- pin srrisse en possèdent plusieurs. Yoilà quelques-uns des résultats de la publication cle I'Appel au,n Suisses.
Cet Altpel
â er
encore I'avantage de rendre plus po- pulairel'étude de
I'ancienne extensiondes
glaciers.Les circulaires des gouvernements aux régents, forestiers eL ingénieurs ont mis
à
I'ordre du jour toutes les clues- tions relalives aux terrains quaternaires. Plusieurs tra- vaux importants ont été publiés; tels sont ceux de NINI.Mûhlberg à Aaran, Bachmann à Berne, Gulzwiller à St.- Gall, Desor
à
Neuchàtel, Rùtimeyerà
llàle,
V,iegler àÊ
ET LES GLACIERS DES ALPES
SUISS!]S.
'T 85Winterthur,
I(inhelin à Zofingen,
Merl<leinà
SchatT'house, etc.
Des notes peu cléveloppées
et
d'excellents mémoireson[
\'ule
jorir dans différents recueils; les principattx sont ceux de ÛlNl. les prof'csseurs Kaufinann de Lucerne, ilIæsch de Zurich, Gilliéron de Bàle e[ de feu NlM. Théo- baltl el, Gerhch.Dans le voisinage cle la SLrisse, notre Apltet a procluit cle bons résultats. M. le professeur Steudel a publié pltt- sieurs notices sur les terrains quaternaires de Souabe, et
NII{. Fatsan et Chantre ont fait un grand eI beau travail sur la portion drr bassin du RhÔne qui s'étend cle la fron- tiere de la Suisse jusqu'aux enrirons de Lyon e[ dans le haut Danphiné. On ne peut douter que I' Appel au'n Suisses n'ait, eu de l'influence sur MNtr. Falsan
et
Chantre, lors- qu'on alu
les pages bienveillantes pourla
Suisse, quiforment une partie de
la
préface de cette l[on'ograythie géologirpte des anciens glaciers dela
partie moyenne du' bassin, du, Rhône. Si notre Appel n'auaif eu d'atttre effet, que de provoquer les belles recherches des savants [yon' nais, nous pourrions encore nous estimer heureux d'ttn scmblable résultat.L'Apytel a eu unc influence d'un autre genre : un grand nornbre de personnes (70 ou 80), ingénieurs, forestiers, botanisles, méclecins, membres du Club alpin, minéralo- gistes, géomètres, etc., se sont mis à faire des observations sur les blocs et sur les terrains quaternaires; isolées, ces observations n'avaienI s0ttvent pas assez d'imporl,ance pour être publiées, mais elles pout'aient prendre de la valeur en étant rapprochées les unes des autres. Elles m'ont été aclressées et
j'aipu
les utiliser r. Je remercie ces messieurs1 i\1. Soret et moi, nous avons présenté aux réunions de la Société helvôtique deÉ Scienccs natulelles à Einsiedeln en 1868, à Solculc en
{86
LES Blocs ERRATTQUESde leur obligeance, je les prie de ne pas se lasser et de vouloir bien me tenir
au
couranI cle leurs n0nvelles re-cherches.
Ce n'est pas tout de réunir
un
grancl nombre dedo- cuments, il faut encore en déduire des conséquences. C,est.ce que
j'ai
essay{ tle faire, mais l'éturJe clu terrain glaciaire est hérissée cle dif{icultésqui
nc poilrronl probablement jamais être surmontées, et qui,je [e
reconnais, jettenI quelques doutes sur les résultats obtenus. Est-on sfir, par exemple, que les diverses considérationsqui
clécou- lent de la distribution des blocs erratiques, telle que nous la connaissorrs mainl,enant, soient les mêmes que celles auxquelles on serail arriré par une é[uc]e faiteil y a
un siècle ? C'est assez probable, mais ce n'est pas certain, parce que le rappont nunrérique entre les clifférentes es- pèces de roches a changé; les grani[s, par exemple, qui sont bonspour
la construct,ion,ont
été exploités tlans certaines localités, tandis que ce sont les pierres à chauxqui ont été détruites dans d'autres. Un autre point, sur lequel on peut avoir cles doutes est celui
ile
la hauteur a[leintepar
les anciens glaciers. Elle nous est donnée pzrr les blocs erratiques et par les roches m,oul,ttrmëes. Ces dernières se trouvent à la lrase des Aiguiltes et cle la por- tion dentelée du sommeI des montagnes, à une élévation quelquefois plus grande que celle des blocs erratiques.Dans les montagnes de roches cristallines, elles présentent des formes bien caractérisées et d'origine non clouteuse,
mlis dans les montagnes formées cle terrains calcaires plus ou moins argileux, ces formes, d'un caracl,ère moins évi- dent, peuvent avoir été produites soit par le frottement de j869, à Frauenfeld en ,1871, à Fr.ihourg en 1872, des rapports qui r'ésumaient brièvenrent les progrès dc ces études.
ET LES GLACIERS DES ÀI,PES
SUISSES.
I87l'ancien glacier soit aussi par la décomposition des roches sous I'influence des agents atmosphériques. Les observa- tions deviennent très-délicates; elles offrent peu de pré- cision, et I'imagination ainsi que les iclées préconçues peu- vent tbrtement les influencer.
Malgré ces clilficultés, nous croyons
qu'il
est urgent d'étuelier le phénomène glaciaire, car pluson
ajournera les travaux sur ce sujet, plus les traces en seront effacées' Je vais exposer quelques-unsdes
résultats de cetteétude'
I
J'ai intliqné par des couleurs l'extension cles anciens glaciers du revers septentrional des Alpes sur une carte au
,*t,*n.
Ce genre de travail n'est pas nouveau' car N{NI' A. Escher cle la Linth, Ramsay, Heer, I(inkelin, etc', ont cléjà clonné des cartes, mais elles sont à une échelle beatt- coup plus petite quel. z#n--, et j'ai
pu employer pour iracer les limites des anciens glaciers des observations et cles clocuments imprimés ou inérlils qui n'avaient pas été àla
clisposition cle mes prédécesseurs. Sur cette carte, qui est presque achevée, j'ai cherché à représenter deux ctroses très-tlifférentes.L'une
est l'ancien état glaciaire de Ia Suisse, ['autre, les vestiges qui nous en restent'A. État ancien de la Suisse pendant la grande
éPoqueglaciaire'
Pour donner une idée de cet état
j'ai
figurésur
la carte :'lo Les contours des
cinq
glaciers principaux de la Suisse clanstout leur
développement.Le'glacier
du188
LEs Blocs ERRATTQUESRhône ou
du
Valais s'étendait au nord jusque sur lesbords
du
Rhin en suivant une partie dela
vallée del'Aar
et en envahissant une partiedu Jura; à
I'ouestil
s'étendait jusqu'à Lyon, mais cette région est en de- hors du cadre de ma carte.-
Le glacùer de I'Aat n'a ât-Teint qu'une faible extension;
il
s'est arrêté aux environs de Berne oùla
lutte qu'ila
soutenue avecle
puissantglacier
du
Rhône est nettement attestéepar le
mé- lange des roches dela
vallée del'Aar
avec celles du Valais.-
Le glacier dela
Reuss était en contact avecle
glacierdu
Rhône dansles
environs d'Aarau et s'étendait jusquesur
les borcls clu Rhin.-
Le glacierde la
Linth
qu'on pourrait considérer comme une partiedu
glacierdu
Rhin, tant était consiclérablela
branchequ'i[
recevait de ce r]ernier au travers du lac cle Wal- lenstadt, se prolongeait jusque sur les bords de ce fleuve non loin de l'embouchure de l'Aar.-
Enfin /e glacierrlu Rhin
a
laissé d'immenses dépôts jusquesur
la rive gauche du Danube.Les limites de tous ces glaciers
ont
été tracées avec soin etj'ai
tout lieu de les croire exactes, quoiqu'il y ait quelques localités dans lesquellesil
serait clésirable defaire de nouvelles recherches, par exemple clans les mon- tagnes de la rive droite du Rhin entre Sargans
et
le lac de Constanceou la
limite supérieuredu
grancl glacier n'est pas connue, et en Thurgorie ou la ligne de jonction du glacierdu
Rhin proprementclit et de
celuide
la Linth reste encore à déterminer.Les limites extrêmes des anciens glaciers, que ce soit celle cle hauteur ou celle de longueur sont toujours diffi- ciles à découvrir; 0n ne les retrouve que par hasarcl ou par cle persévérantes recherches, qui ne peuvent guère être
ET J,IIS GLACIERS DES ALPES SLIISSES. ,I 89 faites que par des gens habitant sur les lieux. Je me per- mets dono d'attirer sur
ce
point l'attention des hommes quis'intéressent à ce sujet et de leur demander de vouloir bien me communiqner ou publier leurs observations pour qu'elles puissent être u[ilisées.2o Les névés de l'époque glaciaire sont figurés sur ma
carte par une nuance plus pâle que celle qui représente les glaciers auxquels
ils
donnent naissance. Ces névés couvraient toutes les sommités et descendaient font bas, la ligne cles neiges dites éternelles étirnt moins liaute à cette époque que maintenant. On en a pour preuve des mo- raines provenantde
montagnesqui n'ont quc
'[800, '1500et
même '1400 mètres d'élévation au-dessus duniveau de la mer. Ces montagnes onI dù être couverles de névés assez grancls pour former des glaciers.
Ils
des-cendaient probablement de 400 ou
200
mètres au-des- sous de la cime, ce qui portaitla
limite inférieure des neiges éternellesà
'1200 mè[res;je
crois même que cechiffre est
trop fort. Les
glaciers s'élevant très-haut, comme nousle
dirons plus loin, étaient donc en con- tact avec les névés sur presque toute Ieur longrteur. Ce n'est guère que dans les régions les plus éloignées deleur source qu'i[ put
y
avoir entre les glaciers et les né' vésun
espace dans lequella
végétation se développa plus ou moins durant I'été.B. Distribution actuelle du terrain glaciaire.
J'ai représenté sur la carte: par des points d'une cou- leur vive, les blocs isolés
et
les groupes de blocs errati- ques;-par
des traits, les morairres;-par des traits plus llns holizontaux, les terrains glaciaires en nappes. C'cst au'190
LES Blocs ERRATIQUITsmoyen de I'observation de ces [rois éléments qu'on peut rétablir l'état de la Suisse à l'époque glaciaire.
iI.
0n peut distinguer dans les anciens glaciers deux par- ties
qui
se voienl encore dans les glaciers actuels:
leglacier
de
montagne équivalentde ce
qu'on nomme nainl,enant glacier réserr,oir, contenu dansla
partiemontagneuse du bassin, et le glacier de plaine correspon- dant au glacier d'écoulement.
Dans le glacier du Valais on du Rhône, le glacier de montagne s'étendait du fond du glacier du Rhône actuel à l'extrémité orientale
du
lac Lémanet
comprenait lesglaciers de toutes les vallées dont les eaux se jetlent maintenant dans le Rlrône en amont de ce point, des val- lées de la Sarine (canton de Fribourg), de laDranse et de
I'Arve (Hte-Savoie), etc. Le glacier: de plaine s'étendait à
partir tle l'extrémité supérieure du lac Lérnan dans tout le
bassin de
ce lac;
en atteignantle
lac de Neuchàtel, ilpassait dans
le
bassin del'Aar
etil
Ie suivait jusquevers I'embouchure
de
cetterivière
dansle
Rhin;
ils'avançai[ égalernent des environs
de
Genève à ceux de Lyon.Dans le glacier du Rhin, auquel it faut joindre celui cle
la Linth, le glacier de montagne s'étendait dans les nom- breuses vallées clu bassin ac[uel du Rhin et cle la Linth jusqu'à une ligne qui passait au pied des montagnes voi- sines d'Einsiedeln, à Wesen (extrémité occidentale du lac de Wallenstadt), au pied occidental et septentrional dn massif du Sentis et à la base des montagnes situées à l'est dti lac de Constance.
ET LES GLACIERS DES ALPIIS
SUISSES. I9'I
Les bassins des anciens glaciers du RhÔne et tlu Rhin étant ainsi divisés en cleux parties, on trouve clans chacun
d'eux que la surface
du
glacier de montagne est égale àla
surfacedu
glacierde
plaine. Cette observation s0 vérifiera-t-elle pour d'autres glaciers?
0'esI ce que nonsne
savons pOint encore. Cette égalité que nous âvons trouvée sans irlée préconçue ponr les bassins des deux plus grands glaciers de [a Suisse ne nolts semble cepen- clant pas nécessaire parce que le volrrme dela
glace de-vrait, dans la comparaison clu glacier de montagne aYec
le glacier do plaine, avoir plus d'importance que
la
me-sure de la superficie des glaciers.
ilI.
J'ai encore cherché à étudier l'épaisseur cles anciens glaciers, qrri est donnée par l'élévation au-dessus du thal- u'eg des traces qu'ils ont laissies, ct la pcnte deleur sut'- face supérieure, qui se déduit des hattteurs relatives de ceî Irates.
Dans le tableau suivant j'ai réuni quelqtres faits relatifs arr glacier du Rhône.
t92
LOCÀÏ,I'IES
Schneestock Furkahorn Eggishorn 3 Illhorn a.
Arpille 6 Nlorcles 8
Morcles .
Chasseron 13.
Chasseral 16.
Burenberg r8 Buschberg 20 Kaisterberg eg
BorLintze |
1390to IBodenevas
rr. |
1156rr IGnrnigel...Itrrot,I
814 829 758
En dehors du Valais
I.
Riue droiteIL
Se d,irigeant au JuraLES BLOCS ERITATIQUES
TABLEAU I
Ancien glacier du
Rhône.Dans le Valais
Fl
â
ôa)
22 29 mèh'es
3550 2B0q 1 2700 2100 5 2082 7 1650 0
nètres 25052?
r020 600 475 440
mèlr€s 295?
1680 1500 1607 1210
kilorn.
715 29rb 42 48 15
mètles 750 100 600 18 432 260 2L0 0
100 ? ô
I4 o'3 29
576 321 392
8
0
1650 1352r4 1306 17
r22lre
7002 1 47023
78 57 16 57 7 440
436r5 435 430 aat24415
1210 917 871
79t
285 136
29E 46 B5
52r 230
11
4 0,8 5
I
33?
1 D'après NI. Gosset.
- z Niveau actuel du glacier.
- 3 Rive droite clu Rhône près tlu glacier d'Aletsch.
- aRive gauche clu Rhône au sud de Louôche.
- 5D'après Gerlach.
- 6À I'ouest de r\{artigny.
z D'apr'ès Gerlach. -
- a Sur le llanc ouest de la rnontagne de ce nom.-
eD'après MM. Desor', Jlenevier etÀ, Favre.
- t0Chalet situé entre la Dent de Lys et les Corbebtes, canton de Fribourg; d'après M. Nein- haus.- 11 Ohalet voisin de Bulle, canton de Fribourg.- 1eD'après 1\[. Gil- liéron. '_ 13Au nord-ouest d'Yverdon, canton de Yaud. .- 1aD'apr'ès lI. Schussler.
- lsNiveau du lac de Neuchâtel.
- 16 À I'est de Bienne,
carrton deBerne,
- lTCarte fédérale.
- 18Àu-dessus de Grange, pre- mière chaine du Jula à I'oue.st de Soleure.
- 1eD'après M. le profes-
seur Lang. - coPr'ès de Wittnau, au norcl d'Aarau.
- l2lD'apr.ès MM. Mùhlberg, Theiler et lravre.- 22 Bntre Flick et le Rhin (Àrgovie).
- 23D'après \{ù[. Miihlberg, Tlleiler et A. Favre.
- 2a À Oeschgen.
BryÉd
€Ë
H!
o
H
o9i Êr
-!l F; oo
'ffe
o
s
-
ÉX 6
z
ET LES GLATIERS D!]S ALPES
SUISSES.
{ 93 La premiere colonne renferme les noms des localités ou les tracesilu
glacier (rorlhes polies, frottées ott blocs erratiques) ont été observées. Leur bauteur au-dessus du niveau de lamer se voit dans la seconde. Dans la troisième,j'ai
inscrit l'élévation au-dessus du niveau de la mer des points du thalweg les plus voisins des localités indiquées.La différence entre les chiffres de
la
seconcleet
cle le troisième colonne représente l'épaisseur de la glace; elle est inscrite dans la quatrième.Il est évident que ces chif- fres ne donnent pas des mesures rigoureuses. Dans la cinquièrne col0nne, onlit
les distances qui séparent cha- que localité de la suivante;
dans la sixième, la différence de leurs niveaux et clans la seplième, la pente du glacier.J'ai eu soin de faire connaîlre dans les notes la position géographique des localités et les noms des observateurs.
Dans ce tableau, on voit en premier lieu les localités situées en Valais, puis celles qui en sont dehors; parmi ces dernières, i'indique les localités de
la
rive droite du glacier jusqu'au Gurnigel (près Berne) au delà duquelil
a été en lutte avec le glacier de ['Aar e[ n'a plus ren- contré de montagnes. Sous le nolI
je suis le glacier danssa marche directe des Àlpes au Jura, puis sttr
le
flanc oriental decette chaîne jusque dans les environs d'r\arau d'oule
glacier s'est dirigé vers le Rhin, au travers du Frichthal (Argovie).Le tableau suivanI construit sur le mème plan que le précédent, concernc l'ancien glacier du Rhin.
ÎAtsL}'AU II Ancien glacier du Rhin
mètres
7842 2 7r3 4 5b2
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Rhin antérieur
sconi .. . li;iô.'l
Piz'Muntlaun.lzoooul
Calancla...
l2o7o6l3i70 2000 2000
nèlrcs 1358 7287 151 u
1070 904 r 300 1358 15r8
kilom 43 31
mètres 1200 0?e
27?
0
Oberhalbstein et Rhin postérieur
Piz Lnngen 6 Alpe Lafoppa . Mutten Alpetta .
Alpe de Danis.
Calanda. .
Gæbris Gælirenberg Engelwies.
2000 2070
2100 ? 1096
700 642 552
28 26 7
2I
24 55
1170 0 0 0re
42 0 0 0
30 4r5
8 0
10
Rhin proprement dittt
Olierhaus...l13501'l
4Bb|
865Branclre passalxt par Wallenstadt et La riae ga'uche clu glacier d,ela Li,nth
Etzel ....11t00131
370141 730 IIo}e Rhonen.I
rozo"I gzo I
zoolml(nolten. I 9tor6l
B7oI
stoMême g'lncier passant pa,r l,e lac d,e Zurich 6 b
720 250
250 50 30 130
5
26?
Etzel
... r1100
IUetliberg. I
Bbo17 lLægeln. ..1
800'8 1370 409 360
730 44t
440
Suite du Rhin proprement dit Oberlraus
.. I
t3501ct485 I
865Itæhrrclen. lrgro'ol aao I
groGæbris
...lrzoo,'l azo I
zeoPartie cli,riylëe au NO.
Hohentrviel
.. |
700221 430Hausen,
. . . |
874231 500 Partie cli,ri,gée au NNO,270 L74
. I 120024 I 420 |
. I
Boo,bI
4zo I. I
69610I
6s7 I780 370 39
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30 6,5 82
1 1,5
40 40
91 0 150 500
0 23 6
Pa'ti,e d,i,t'igée au NNE.
Gæbris
...11200271
420I
780Waltlrausen.
I
b2b28l bzî |
o26
400 104
675
,
10 2r5
7r5 lVoisin du passage du Lukmanier.
- 2 A Santa-Maria.
-3 Piz
Mundaun ou Piz Grond au sud-ouest d'Ilanz; d'après M, F. de Satis.
Loclr,rrÉs
LES GLACIERS DES ALPES SUISSES. ,195
En tête du tableau
I
se trouvele
Schneestock, mon- tagne qui est à la partie supérieure tlu glacier du Rtrôneactuel; les névés qui servent de source à ce glacier s'élè- vent maintenant à 3550 mètres, et
j'ai
pris également cechiflre
pour
indiquerle
maximum clela
hauteur des névés de l'époque glaciaire.Il
est certainement trop faible, mais jen'ai
su commentle
modificr sans tomber dansl'arbitraire.
Il
en est de mène pour les névés du Scopi(3200',
tabl. trl) ou j'ai placé la source dc l'ancien glacier du Rhin antérieur. Ce chiffre esltrop
petit pnisqu'il est moins fort clue celui des névésdu
glacierdu
Rhône et que probablemenI les anciens névés étaient.à
peu prèsan
même niveau clans tout le cent,re clc [a Suisse.Il
ne- Rhin au al,e Rhin antérieul nord-ouest de Coire: un per en amont d'Ilanz, d'après NINLThéobald, J. - sRive Coaz gauche duet F. de Salis.
- 6Àu sud du passage du Julier. - ?En amont de Bual, pas- sage dtr Julier'.
- sAu-dessus de Salnx, r.ive gauche de ia vallée de I'Oberhalbstein; d'après 1\I. F. de Salis.
- e Pr'ès du conlluent de I'A1-
bula et du Rhin postérieur; d'après l\{. F. de Salis.- 1ol'Alpetta est sur la live gauche du Rhin postérieur, I'Alpe de Danis est sur la rive droite, ces deux localités sont en face l'une de l'autre.
- 1lle Rhin
proplement dit commence ri Reichenau pr'ès de I'extr'émité sud ctu Calanda.
- 12I'Iameau un peu all nord de Sargans I d'ayrrès X[. le pro- fesseur: Nlcesch.
- 13Àu sucl cle la presqu'ile de Hurden qui sépare le lacde Zurich en deux parties; d'après nI. Guyot.
-14 Foncl du lac de
Zurich pr"ès Pfæffikon,
- 15Au nord-ouest d'Einsiedeln, au nord-est du lac d'Dgeri; d'après M. le plofesseur Guyot.
- 10 Au nor.d du lac
d'Egeri; d'après NI. le professeur Kaufmann,
- 1?Au sud-ouest de Zu-
lich.- 18 Al'est de Baden en Algovie ; d'après NI\I. Escher, I\[æsch, etc.
- leVoir la note 12.
-20 Au sud-est d'Appenzell 1d'après NII\I. Deike et Gutzrviller'. ._ 2lAn nord-est d'Àppenzell; d'après I\{N{. Wanner. et Gutz'rviller. * 22Près cle Singen, à l'ouest du lac de Constance; d'après i\Il\I. Escher et N{cesch. - 234 l'ouest de Bngen, gr.and-duché de Ba- deul d'apr'ès I\I. I\Ierklein. - 2aVoir la note 21. - 25A Glashutte, au nord de N{arhdorf, grand-duché de Barlen; d'apr'ès l{. Gervrig.
26Entle Mæsslçirch et Sigmaringen; d'après NL Gerlvig. -
- r?Voir la
note9'1. - 28Au nord de Biberach en Souabe. - 2eL'enplication de ces zér'os se trouler.a dans le texte,
196
LBs Blocs ERRA'nQUESfaut
rlonc pas attaclter d'importanceaux
chitfres{00
'*'n
tr1(tabl.I)
et27 (tabl.It) qui
représentent les pentes des anciens glaciers en amont duFurkab, , rt du
Piz Mun-daun.
Le chiffre
2505'
qui indique l'élévation du glacier du Rhône au pied clu Furlcalrorn est dansla
même condi- tion.Il
devrait être remplacé par l'indication de la hau- teur du thahveg dela
vallée;0r
0n nela
connaît pas, l'épaisseur dn glacier du Rbône n'ayant point été mesu- rée;le
chiffre de295'
(4n colonne) devrait être aug- menté detout ce
qu'on devrait retrancherau
chiffre 2505^.Dans les localités suivantes, ce ne sont plus les névés actuels que n0us avons pris comme point de repères. Au Furhahorn
(2800',
tabl.I) la
marquedu
passage du glacier a été con.ôtatée par M. Gosset dans ses beaux tra- vaux sur le glacier du Rhône; au Piz Mundaun(2000',
tabl.
II)
c'est un bloc erratique qui al,l,esle l'élévation de I'ancien glacier d'après M. de Salis.La pente de la surface supérieure du glacier étant en général assez faible
et la
surface inférieure de celui-ci reposantsur lln sol
très-accidenté,il en
résulte que I'épaisseur varie considérablement. Par exemple, on voibc1u'au-dessous
de
l'Eggishorn (tabl.I), le
thalweg du Valais est à '1020'n, mais les blocs sont fort élevés puis- qu'ils m'ont paru atteindre2700''; i[
en résulte que l'épaisseur du glacier a été de '1680*. Cette puissance a 1Il
est difficile de dislinguer dans cette localité les blocs quiont été transportés par le glacier du Rhône proprement dit de ceux que l'énorme glacier d'Aletsch a pu déposer iors de sa glande ertensionl cependant je ne pense pas avoir fait une gt'ande en'eur di ns cette évaluation.
ET LES GLACIERS DES AI,PES
SUISSES, Ig7
été à peu près la même à l'Arpille près de Martigny, ou clle atieint
4ûQ fabl. I). La
pentedu
gtacierétant /
relatilemenI
rapi.
r-,oit, cle29 pour
,1000, entre l'Ar- pille et Morcles,et
la vallée ayant une pente très-douce, la puissance du glacier n'a plus été quede
,12,10'prèsde Morcles. L'épaisseur cle la glace a notablement diminué encore lorsque le glacier
a dri
remonter /+00* environen
s'avançant hors dela
valléedu
Rhône (41r.0' aupied de la Dent de Morcles,
375'
au borddu
lac Lé-man');
à Borbintze, chalet situé an-dessus de Châtel-St- Denis (8,14'), la glace n'avait plus que576'
d'épais-seur, à Bodenevas
32{'
et au Gurnigel 392..Ce glacier, en s'avançant au travers de la plaine suisse jusqu'au Chasseron (tabl. I), en se déversant sur un large espace au nord dans
le
bassin deI'Aar et
au sud du côté de Lyon, avait par places une grande puissance.Au
Chasseron, Ies blocs sontà {352*
d'après les re- cherches faitespar M.
Schussler_.ce qni
confirme le chiffre de | 3/+4' donné par L. de Iluch en { 806, mais cequi n'est d'accord ni avec celui de l,/+42^ indiqué par le savant berlinois en
{81{,
ni avec celui de1202'
clonnéplus tard par M. Guyot. Malgré
la
hauteur atteinle par le glacier,l'épaisseur n'en est que deg{7'parce
que lasurface du lac de Neuchâtel est à
435'. Il
est vrai que sion comptait l'épaisseur de la glace à
partir
du fond du lac elle serait augmentée de 1.44^'.1 L'épaisseur du glacier n'était pas constante dans sa Iargeur, il a dû remplir le bassin du lac Léman dont Ia profonderrr est de 334m entre Lausanne et Évian.
2 Pendant la rédaction de ce travail, la Sociétê d'Histoire naturelle de Neuchâtel a publié Ie 3-n cahier, t. X, de son Bulletin. 0n y voit, p. 357, que M. Otz signale au mont d'Amin (au nord de Neuchâtel) un petit bloc de gneiss à 1400- au-clessus du niveau de la mer.
q
Go/,*
/"*",
'198
LES Blocs ERRÀIIQUEs0n peut suivre sur le tableau la marche décroissante clu glacier: à mesure qu'il
s'avancç
'16 norcl, on voit que les blocs clu Valais sont encorê â une hauteur éton- nante au Chasseral au-dessus de Bienne et au Bùrenberg au-clessus cle Grange ; Ia hauteur du glacier et son épais- seur vont en diminnant jusque sur les bt-rrds du Rhin oitil semble s'ètrc terminé par unc ponte de 33 pour mille ;
ce chiffre n'est peut-êlre pas fort exact, les conditions nor- males
de la
marchedu
glacier ayantpu être
alté- rées par sa rencontre avec le glacier du Rhin.Lorsqu'on considère l'élér'ation atteinte
par le
glacierclu Valais le long du Jura entre Vallorbe (13'14''") ou le Chasseron
('I352*) et
le Buschberg (700"') e[ qu'on la compareà la
hauteur des principaux cols du Jura, on comprenci cornment les glaces alpinesont pu
aisément franchir cette chaîne et porter des roches du Valais jus- qu'à vingt 0u trente hilomètresau
nord cle Pontarlier, aux environs cl'Ornans oùr Deluc en a constatéla
pré-sence en L782, et jnsqtre sttr les bords du Dessoubre qui
se jette dans le Doubs à St.-IIippolyte. En effet, entre Pon- tarlier et le nord clu Jura, les principaux cols ou passages présenteni les hauteurs suivantes: le col de Jougne, en- tre Vatlorbe
et
Pontarliern,à 14
liilomètresau
sud-ouest clu Chasseron,
ne
clépasse pas '1000n',-
ls 6'01des Étroits, près Ste.-Croix, à côté du Chasseron,
{030*,
-
le col cle Provence, entrele
Chasseronet le
Creux-1 Au sucl-ouest cle Vallorbe les deux passages plincipaux sont celui de St.-Cergues aux Rousses, qui s'élève à 1236'", et celui de la Fau-
cille à 1 323. Les blocs alpins sont lat'es dans la partie ilu Jura située '\
l'ouest tle ces cols; ils sont un peu plus nombreux à quelque distance tle Salins, cl'apr'ès ù1. Choffat.
Il
semble donc qu'il n'y a eu qu'uu bien petit noutltre tle blocs qui aient franchi les deux cols indiqrrés ci-tlr:ssus,
DT LES GLACI!]RS DES ALPI'S
SUISSES.
'I 99 du-Vent, '1152'n,-
le col au nord du Val-de-Ruz, can- ton de Neuchâtel,ll24^,
-
Pierre-Pertuis, au nord de Bienne, 792-,-
le passage au norcl de Langenbrr.rck, canton de Bâle, 603*,-
la Staffelegg, aunord
d'Aa- rau,623*.
[,es glacicrs alpins ont donc pu franchir le Jura parla
plupart des cols e[ par les montagncs qui ]es avoisinent; leur grande puissance leur a donné une force suffisante pour faire rebrousscr les g^laciers jurassiens qui sans eux seraient descendus du côté cle la Suisse. Les glaces alpines, dominant les glaces jurassiennes, ont pu leurlivrer
des blocs valaisans qu'ellesont
transportés, el ces deux glaces d'origine différente se sont associées et ont cheminé sur la pente occiclentale du Jura. Commo l'a ditM.Benoît,les glaces cle cetie cbaîne ont servi clerelai,s
alx
glaces des .A.lpesn.Revenons à l'étude de notre tableau. Les pentes de
l'ancien glacier du Rliône sont remarquablemenl faibles.
Dans trois localités seulement elles atteignent un chiffre quelque peu élevé
:
entrele
Schneestoclcet le
Furl<a-horn,
j'ai
déjàdit
qu'on nedoit
pas attacher d'impor- tanceau
chiflre '100; entre le Buschberg et le l(aister- berg,le cbilfre 33
n'est pas non plus certain, commeje l'ai dit;
entre l'Arpille (Martigny) ct Morcles l'incli- naisonétait de 29 poull000.
Cela peut s'expliquerpar le fait
quela
vailéequi
s'étend entre ces deux localités est étroite relativement aux autres parties de -Ia
vallée principale du Yalaiset
que,à
Martigny, les glaciers des vallées latérales de Bagne, d'Entremont, deFerret, de Trient et de
la
partie supérieure de la vallée de Chamonix se joignaient au glacier principal du Va-L Bullet. Soc. Gë,01. de France, 1863, XX, 351.