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La Barmaz sur Collombey : nécropole préhistorique

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Academic year: 2022

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La Barmaz sur Collombey : nécropole préhistorique

SAUTER, Marc-Rodolphe

SAUTER, Marc-Rodolphe. La Barmaz sur Collombey : nécropole préhistorique. Pages montheysannes , 1948, vol. 1, p. 17-21

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:95804

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LA BARMAZ SUR COLLOMBEY

nécropole préhistorique

La pente montagneuse qui domine les alluvions de la plaine rhodanienne un peu au nord-ouest de Collombey s' éta- ge en quelques croupes boisées avant de tomber abruptement au-dessus de la route qui mène à Muraz. C'est autour de la plus basse de ces croupes que les Néolithiques, puis les hom- me·s de l'âge du Bronze, ont creusé et, pour les premiers, cons- truit les tombes où ils ont enseveli leurs morts.

Ce sont surtout les cimetières du Néolithique qui présentent, en cet endroit, un vif intérêt. La rareté des vestiges de cette pé- riode (qu'on qualifie aussi d'âge de la pierre polie) en terre valaisanne, explique l'écho que les fouilles effectuées au site de la Barmaz ont suscité dans le monde des préhistoriens et des a.rchéologues. En effet, le Néolithique n'est représenté en gros, que par une petite série de tombes - tout à fait analo- gues à celles de Collombey - trouvées à Glis (Brigue) à la fin du siècle dernier, peut-être par une autre série de tombes - malheureusement détruites avant toute constatation scien- tifique - à Granges, par la nécropole de la Barmaz, enfin par une collection de haches en pierre polie et de quelques lames en silex retouchées (Monthey, Salvan, Sembrancher, Vollèges, Saxon, Fully, Saillon, Chamoson, Sion, Chermignon, Sierre, Plan-de-Bertol sur Arolla, Saas-Balen, Bettihorn). Mais ces derniers documents n'ont qu'une valeur restreinte, indica- tive, car on ne sait en général rien de leur position dans le sol, par rapport à d'autres restes archéologiques éventuels;

et comme les haches en pierre polie et les lames de silex ont continué à être utilisées après le Néolithique, on voit que nos certitudes sur cette période si bien connue en d'autres régions de la Suisse (qu'on pense aux stations lacustres) sont res- treintes.

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Le site de la Barmaz était connu dans la littérature ar- chéologique depuis les fouilles rapides qu'y avait pratiquées Mr H. Bosshardt, de Lucerne, en 1900 ; on savait qu'il y avait là des tombes courtes en dalles où le cadavre se trouvait en

Le début des fouines à La Bœrmaz I. On voit trois tombes néolithiques (1, 2 et 4) et Le crâne d·'wne sépulture de _L'âge du Bronze (3)

position repliée, et d'autres sépultures consistant en squelettes étendus sur le dos en pleine terre. Mais Bosshardt n'avait pas su observer que ces deux types de tombes n'appartenaient ni au même niveau du sol, ni donc à la même époque.

Les fouilles 1 que j'ai eu le plaisir de pratiquer dès le prin- temps 1947 (elles continueront) ont permis d'accroître consi- dérablement nos connaissances sur ce coin de terre surchargé d'histoire.

Il y a en réalité deux nécropoles, que nous avons bap- tisées : Barmaz I et II. Le site de la Barmaz I où, après les

1 Ces fouilles ont été organisées pour le compte du Musée de Valère à: Sion, grâce à: la compréhension de son conservateur, M. A. Wolff, et avec l'appui des auto- rités et de la population de la commune de Collombey ; nous tenons à: exprimer à tous nos sentiments de reconnaissance.

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fouilles de 1900, les carriers exploiteurs du granit mormmque avaient continué à trouver des tombes (détruites) et où M. de Lavallaz retrouva en mars 1947 une nouvelle tombe, se pré- sente sous l'aspect d'une sorte de petit col resserré entre la pente couverte de moraine à gros blocs granitiques et la paroi abrupte du ressaut rocheux dont nous avons déjà parlé. Les tombes néolithiques ont été logées dans un cône d'éboulis ter- reux rougeâtre. Après la campagne de Pâques 1948, on en avait exhumé 17, étagées sur plus de 2 mètres de hauteur et sur plus de 10 mètres de largeur, tout le long du rocher.

La terre rouge qui les contient a été recouverte, peu après leur construction, et probablement à la faveur d'une légère modification du climat, donc de la végétation, par une épaisse couche de terre noire encombrée de blocs éboulés.

On y a trouvé trois squelettes allongés, sans appareil de pierres, et ornés - deux d'entre eux féminins - d'anneaux spi- ralés en bronze, probablement destinés à tenir des cheveux, et d'une épingle en bronze aussi. La terre noire qu'on peut dater de l'âg,e du Bronze, et peut-être pour la partie mo,ins profonde, de l'âge du Fer, a: livré de nombreux tessons de céramique 1 et des instruments en silex (pointes de flèche), en pierre dure (er- minette, petits tranchoirs). et en os (marteaux perforés).

La nécropole de la Barmaz II est située à 150-200 mètres à l'est du premier site. Elle a été découverte par l'exploitation de la carrière de calcaire F. Bianchi en février 1948, qui a mis à jour deux tombes. Les fouilles que j'y ai commencées en mars m'ont permis de porter le nombre de sépultures à six, ce qui fait donc, avec la Barmaz I, un total de 23 tombes néolithi- ques, que les prochaines campagnes augmenteront certaine- ment. Les tombes de la Barmaz II sont aussi adossées à un pan rocheux, beaucoup plus modeste qu'à Barmaz I. Il n'y a là rien que du Néolithique, dans l'état actuel des fouilles en tout cas.

Les tombes sont, aux deux endroits, du type connu ail- leurs, en cistes, c'est-à-dire en caissons rectangulaires formés de quatre dalles calcaires ou schisteuses et recouverts d'une

1 Constatation amusante : un bon fragment de gros vase à bandes horizon- tales en relief, que j'ai pu reconstituer, s'est trouvé correspondre exactement à un tesson trouvé en 1900 et conservé au Musée national suisse à Zurich !

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cinquième dalle formant couvercle. Les dimensions du rectan- gle intérieur, donc de la place offerte au cadavre, sont petites : la longueur oscille (pour les adultes) de 0.80 à 1 m. 05, la lar- geur de 0.45 à 0.55 m. Comme souvent les dalles latérales dé-

Tombes néolithiques de La Barmaz I. A gauche, une jeune femme en position très repliée. A droite, une sépulture d'enfant repose sur La dalle de couverture

d'une autre tombe d'enfant

passent la longueur des dalles de tête et de pied, il est évident que cette réduction de grandeur est voulue et que la position repliée du squelette, obtenue en général par ligotage du ca- davre, correspond à une obligation rituelle (crainte de l'esprit du mort, qu'on lie ?).

Contrairement à ce qu'on pouvait attendre, sur la foi de ce qu'on a constaté dans des nécropoles du même type, il ne s'est trouvé aucun objet dans ces tombes. Aucun, si ce n'est, à

1 Le Paléolithique, qu'on appelle aussi l'âge de la pierre taillée, précède le Néolithique.

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la Barmaz II, devant la face d'une femme, un morceau d'ocre rouge. Or dans d'autres tombes de la même époque (comme dans les sépultures plus anciennes, du Paléolithique 1) , l'ocre rouge joue un rôle soit sous forme de fragments dépo,sés au- près du cadavre, soit réparti sur le squelette ; le mort aurait été saupoudré de rouge. Là encore on aurait affaire à un rite funé- raire (rouge couleur de sang et de la vie).

La terre rouge de Barmaz I a racheté l'absence de tout mobilier funéraire en livrant quelques objets : deux lames de beau silex, d'une longueur de 17,5 cm. ; un éclat de silex ; une petite pointe en os ; et une petite série de tessons de vases en céramique plutôt fine, qu'on peut dater d'un Néolithique assez ancien.

Mais la nécropole ne semble pas être la seule manifes- tation du passage à la Barmaz des hommes préhistoriques. La petite croupe rocheuse qui domine d'une part la Barmaz I, d'autre part la plaine du Rhône, se présente comme un petit plateau auquel on ne peut accéder que par un côté en pente douce. Un ou deux sondages rapides sur ce plateau, au-dessus de la Barmaz I, a permis d'y trouver de la céramique de l'âge du Bronze et du Fer, très fragmentaire mais suffisante pour at- tester la présence d'un habitat humain à un moment de la pro- tohistoire. Il faudra de nouvelles recherches pour préciser les conditions et l'âge exact de cet habitat.

Le site préhistorique de Collombey-la-Barmaz mérite donc qu'on y consacre une exploration détaillée. Le·s lumières que celle-ci permettra de projeter sur le passé le plus lointain de la région montheysanne et valaisanne en général (en atten- dant de trouver des vestiges paléolithiques !) et sur ses rap- ports avec la préhistoire suisse, française et italienne, font dé- sirer que la Barmaz continue, longtemps encore, à susciter la recherche, pour ·le plus grand bien de la science et de l'instruc- tion, et pour la légitime fierté des descendants actuels des Néolithiques ensevelis au pied du rocher 1.

Mai 1948. Marc-R. Sauter.

1 Au moment de mettre sous presse, nous pouvons ajouter que les fouilles de la campagne en cours à la Barmaz I ont livré déjà trois tombes néolithiques et cinq squelettes de l'ô:ge du Bronze (21 juillet 1948).

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