Analyse de la forme des tiges
pour la construction des tarifs de cubage.
Application
aucèdre du Maroc (Cedrus atlantica Manetti)
O. M’HIRIT Ecole Nationale
J.G. POSTAIRE orestière d’Ingénieu Ecole Nationale T’orestière d’liigéiiieiirs,
B.P. 511, Salé, Maroc
,t, Faculté
des Sciences,
Université Mohamed V, B.P. 1014, Rabat, Maroc(Détaché du Centre
d’Automatique
de l’Université de Lille 1,F 59655
Villeneuve-d’Ascq
Cedex)Résumé
Les
équations
de volumequi
servent à la construction des tarifs de cubage sont essentiellement des relationsstatistiques
qui lient les dimensions des arbres à la forme de leur tige. La construction de tarifs de cubage pour le cèdre du Maroc apermis
demettre en évidence le rôle fondamental que peuvent
jouer
lestechniques
de classification automatique et de reconnaissance des formes dans ce domaine de la foresterie.Une
analyse
multidimensionnelle de la forme des tiges de plus de 2 000 cèdres abattusa d’abord fait
apparaître
trois différents types deprofil
chez cet arbre. L’ensemble des massifs forestiers du Rif a alors été partagé en deux groupes au sein de chacundesquels
ces types de profil présentent une relative stabilité. La
comparaison
des performancesde tarifs
généraux,
valables pour toute l’aire derépartition
du cèdre dans leRif,
à cellesde tarifs
spécifiques,
calculés séparément pour ces deux groupes, a montré l’intérêt de cepartage. La précision des tarifs
spécifiques
a été ensuite sensiblement amélioréegrâce
à un échantillonnage stratifié,
chaque
strate étant exclusivement composée d’arbres repré- sentatifs de l’un des trois types deprofils.
Afin de chiffrer de manière
objective l’apport
de cette nouvelleméthodologie,
lesperformances
des différents tarifs ont été testées sur des lots représentatifs de toutes les cédraies du Rif. Les gains deprécision
et de fiabilité ainsi obtenus pour les tarifs à une et à deux entrées sont très encourageants. Ils montrent l’intérêt de procéder à une analyse multidimensionnelle de la forme des tiges avant de construire tout tarif de cubage, quelle que soit la méthode utilisée.1. Introduction
La construction des tarifs de
cubage
est certainement l’un despremiers problèmes auxquels
les forestiers ont été confrontés(M EN DI BOURE
&P RONIER , 1971).
Pour desraisons
évidentes,
il est en effet exclud’envisager
la mesure directe du volume dechaque
tige
d’unpeuplement.
Pour des forêts àpénétration aisée,
la solutiongénéralement
adoptée
consiste àprélever
unéchantillon,
surlequel
ils’agit
de mettre en évidence lesrelations
statistiques qui
lient le volume destiges
à desgrandeurs
mesurées sur lesarbres,
telles que le diamètre à hauteur d’homme. la hauteur totale etparfois
unemesure de la forme
(B RU cn
rifil.,
1968).L’application
de ces relations aux arbresde tout un
peuplement
doit permettre d’estimer le volume surpied
avecprécision.
Les tarifs de
cubage
sontgénéralement
obtenus parrégression,
àpartir
d’échan-tillons
qui
doivent refléter aussi fidèlement quepossible
lescaractéristiques
dendro-métriques
des arbresauxquels
ils sont destinés (BoucHON,1974).
Une trèsgrande
attention doit donc être
portée
à la manière de conduircl’échantillonnage.
Eneffet,
ilest vain de faire
appel
à des outilsmathématiques sophistiqués
et de mettre en oeuvrede
puissants
moyens de calcul pour construire un tarif decubage
si les arbres del’échantillon utilisé ne
représentent
pas de manière satisfaisante lespropriétés morpho- métriques
des arbres des forêts à cubcr. C’est à cettequestion
fondamentale du choix des arbrcs-échantillons que cet article est consacré car, avec BTŒNAC(1958),
nouspouvons affirmer que « la méthode
statistique
ne saurait fournir uneprécision qui
seraitabsente des données
qu’on
lui proposed’interpréter
».Un tarif de
cubage
doit, en fait, tenir compte des variations naturelles despropriétés morphométriques
destiges
dcspeuplemcnts auxquels
il est destiné. Orl’ensemble des mécanismes et des facteurs
responsables
de la forme de latige
d’unarbre est extrêmement
complexe.
On sait que le contextebioclimatique,
l’environnement del’arbre.
saposition
sociale au sein dupeuplement
et sespossibilités
de nutrition influcncent sa forme (Bouc liON. 1974). Lcs variations de forme sontégalement
liéesaux contraintes
mécaniques
subies par l’arbre.I clles que
lepoids
des branches(HotiErrnm.,
1924), l’effct du vent (JONSON, 191?), de laneige,
etc. Même des variations d’ordregénétique
nc sont pas cxclucs lX4i:;»iBroL:i<t:, I l)7 1 j.Pour tcnir comptc de tous ces facteurs
responsables
de lagrande
variabilité naturelle de la lormc destiges,
de nombreux auteurs ont décrit leprofil
des arbres parajustement
d’unc courbe (FRII;!., b! MATERN. 1965 ; NAst.UND,1980)
ou d’uneéquation analytique
(LARSON. i9()3: inr.m. 19R1 ; KOZAK etfil., 1969).
Mais les retombéespratiques
de ces études sont souvent restéeslimitées,
tout au moins au niveau de la construction des tarifs decubagc.
En effet,t’exploitation
de cetteapproche
se limite
généralement
à la recherche d’une forme moyenne (MENDIBOURE,1971)
etne permet pas, le cas
échéant,
de mettre en évidenceplusieurs
types de forme dans lespeuplements
considérés.Une
approche plus
prometteuse. en ce sensqu’elle
ne masque pas lagrande
varia-bilité des
profils
au sein despeuplements,
consiste à classer les arbres partype
deforme,
sur la base d’un
paramètre
calculé àpartir
de mesuresdendrométriques (B EHRE , 1927 ; N
ASL , UND
,
1980). Leparamètre
iepl,us
utilisé est sans doute le « coefficient de forme » fqui s’exprime par la
formulc :v
f -
où v est le volume exact de la
tige,
g la surface terrière de t’arbre à1,30
m et h sa hauteur totale(P ARDE , 1961).
D’autres auteurspréfèrent
caractériser la forme destiges
par une relation entre les diamètres à deux niveaux différents
(D ECOURT , 1965 ; N
ASLUN
D, 1980).
Cependant,
ilparaît
difficiled’envisager
une étude de la variabilité des formesen se limitant à les enfermer dans un seul
paramètre,
aussireprésentatif
soit-il. Eneffet,
une forme n’est pas un rapportunique :
c’est un ensemble de rapports dont seules lestechniques d’analyse
multidimensionnelle permettent de cerner les variations(B E
rrzscRr, 1978).
Lechamp d’application
de cestechniques, qui
ne cesse des’étendre,
n’a pas encore atteint ce domaine de la
foresterie,
cequi explique
l’absence de résultatsdéterminants dans les études sur les variations
morphométriques
des arbres’(Bouc H Orr, 1974).
Nous pensons
pourtant qu’il
estfondamental,
avant de construire un tarif decubage,
deprocéder
à uneanalyse
aussi fine etprécise
quepossible
de la forme destiges
des arbres considérés. Pour cefaire,
nous proposons unetechnique
de mesurequi permet
de caractériser leprofil
d’un arbre par un ensemble dequatre paramètres (voir
§2.2).
Cette caractérisation
simple
de la forme destiges permet
de faireappel
à destechniques
de classificationautomatique
detype statistique
pouranalyser
les variationsmorphométriques
des arbres despeuplements
étudiés(voir § 2.3).
Ces
techniques d’analyse multidimensionnelle,
nouvellement mises aupoint
par l’un des auteurs, sontappliquées
à l’étude du cèdre du Maroc. Unpolymorphisme
trèsstable et très
marqué
est ainsi découvert chez les cèdresprovenant
de différents massifs forestiers du Rif et duMoyen
Atlas(voir § 3).
Les différences de forme mises en évidence sont suffisamment
importantes
pourqu’il
soit nécessaire de les faire intervenir lors de rétablissement des tarifs decubage.
Un
plan d’échantillonnage
tenant compte des différents types deprofils
rencontrés estproposé.
Son intérêtpratique
est illustré par la construction de différents tarifs decubage
pour les cédraies du Rif
(voir
§4).
L’amélioration sensible de la
précision
et de la fiabilité des tarifs ainsi obtenus constitue un critèreobjectif
pourapprécier l’apport
destechniques
de classificationautomatique
et de reconnaissance des formes dans le domaine de la foresterie.2. Méthode d’étude des
profils
destiges
du cèdre du Maroc2.1. Récolte des données
Les arbres étudiés sont des cèdres
provenant
de huitgrands
massifs forestiersrépartis
entre le Rif et leMoyen
Atlas(cf. fig. 1).
).Les
tiges
deplus
de Z 000 cèdresprovenant
de différentes coupes derégénération
et d’éclaircie ont été cubées par la méthode de Huber au cours de campagnes
d’exploi-
tation dans ces massifs forestiers. Ces
tiges
ontégalement
été soumises à des mesuresprécises
de diamètre et de hauteur.Le arbres retenus,
après rejet
des individusaberrants,
sontrépartis
entre les huitmassifs forestiers comme
indiqué
sur le tableau 1. Les massifs de Tizirène et de Bab Chikerappartiennent
au RifOccidental,
caractérisé par un climat humide et frais et un substrat de schistes et degrès.
Les forêts deGhommara, Tidighine,
Beni Khennouset Jbcl Lerz font
partie
du RifCentral,
humide et froid avec un substrat degrès
et de
quartzite
del’Alho-apticn. Quant
aux massifs duMoyen AtLas,
celuid’Ajdir
estsitué sur une assise de roches calcaires et de dolomies du Lias et du
Jurassique,
alorsque celui de Kcrrouchen est caractérisé par un substrat non
carbonate,
engrande partie
constitué degrès
de !’Autunien. Ces deux massifs bénéficient d’un climat humide et froid.1 !--
2.?. Caractérisation des
pr-ofils
Pour caractériser la forme des
tiges,
nous avonsrepris
une idéedéjà
anciennequi
consistait à classer les arbres par« types dendrométriques » (PARDÉ, 1961).
Laméthode revenait à assimiler
chaque tige
à un solide de révolution constitué deportions
de
cylindres,
deparaboloïcies,
de cônes et de néloïdes. Cetteapproche,
dont la mise enoeuvre très lourde a limité
l’applicat on pratique,
nous asuggéré
d’assimiler lestiges
à un
assemblage
de trois troncs de cône de révolution(cf. fig. 2).
Lepremier représente l’empattement
de l’arbre, c’est-à-dire lapartie
située entre le sol et1,30
m. Le secondpermet
de décrire latige
entre1,30
m et la mi-hauteur h/2. Letroisième, enfin, repré-
sente la moitié
supérieure
de latigc.
Ces trois troncs de cône
permettent
de caractériser directement la forme destiges
àpartir
de mesures couramment utilisées enforesterie,
à savoir :- Le diamètre de la souche
(d,J ;
-!- Le diamètre à hauteur d’hommes
(d) ;
- Le diamètre à mi-hauteur
(d l¡ d ;
- La hauteur totale
(h).
Afin d’éliminer le facteur taille et dans le but d’assurer la reconstitution de la forme
schématique proposée
àpartir
desparamètres qui
ladéfinissent,
nous avons retenu, pour caractériserchaque tige,
les troisparamètres
suivants :- Le coefficient de décroissance :
il =
dl>12/d
d- Le coefficient
d’empattement :
E = dl d s
-
L’angle
de défilement :d—d,,!
il - Arc to __________ (pn ra!iancl
Le coefficient de décroissance (&dquo;’i
Ô, proposé
par SCHIFFEL(1905), renseigne
sur laforme de la moitié inférieure de la
tige,
alors que le coefficientd’empattement indique
la forme de la base de l’arbre. La tangente de
l’angle
0 caractérise la décroissancemétrique
sur le diamètre (*1depuis
la hauteur d’hommejusqu’au
milieu de l’arbre.Pour nuanccr cette schématisation de la forme
qui
peutparaître
un peugrossière,
nous
adjoindrons
à ces troisparamètres
le coefficient de forme f définiprécédemment,
c’cst-à-dire :
4v v
f - -
Ce coefficient donne une indication sur la forme
globale
de latige
de la basejusqu’au
sommet(LoETSCtt
etal., 1973).
Sa détermination nécessite la connaissance du volume exact destiges qui
a été déterminé par la méthode de Huber àpartir
ducubage
de billons successifs.
(&dquo;) Norme : NF B 53017.
Notons finalement que les quatre
paramètres qui
caractérisent la forme dechaque tige peuvent
être obtenus sansdifficulté, puisqu’ils
ne nécessitent que des mesures couramment effectuées sur le terrain. Cette méthode de caractérisation de la forme destiges
va nouspermettre
deprocéder
maintenant à leuranalyse
fine parl’emploi
de
techniques
de reconnaissance des formes.- --
2.3. Mh//Ode (li, la
foi-iiie
dcsprofils
Supposojis
que l’ondispose
d’un éehanti’.ion constitué d’arbres tirés aléatoirement d’unpeuplement
etqu’à
la forme de latige
dechaque
arbre on associe l’observationquadridimensionnclle
constituée par les quatreparamètres
définisprécédemment.
La forme de
chaque tige,
caractérisée par son coefficient de décroissance0,
son coefficient de formef,
sonangle
de défilement 0 et son coefficientd’empattement
F peut alors êtrereprésentée
par unpoint
dans un espace à quatre dimensions.Cette caractérisation de La forme des
tigcs
permet d’aborderl’analyse morpho- métrique
du cèdre par des méthodesd’analysc
multidimensionnelle. Eneffet, l’application
des
techniques
de classificationautomatique
à ces observationsquadridimensionnelles
doit permettre
d’établir,
si elles existent, laprésence
de différentes classes au sein des échantillons extraits des forêtsconsidérées, chaque
classecorrespondant
à untype
de formeparticulier.
On
peut
supposer que les observations collcctéesproviennent
d’une ou deplusieurs
sources aléatoires de telle sorte que le
problème
de leur cLassification se trouveposé
en termes
statistiques.
La distribution des observationspeut
êtreassimilée,
dans cesconditions,
à unmélange pondéré
des fonctions de densité deprobabilité
relatives aux différentes classes enprésence.
Le coefficient depondération
dechaque
fonction de densité n’est alors autre que laprobabilité d’apparition
des individus de la classecorrespondante.
La connaissance du nombre de classes et, pour chacune
d’elles,
de sa fonction de densité deprobabilité
et de saprobabilité
apriori, permet
de classer des observations provenant d’un telmélange
de classes avec le taux d’erreuroptimal,
en dessousduquel
le chevauchement des classes ne permet
théoriquement
pas de descendre(D UDA
&HAI!T, 1973).
Mais dans le contexte de
l’analyse morphométrique
destiges
d’une essence fores-tière,
les données nécessaires pour effectuer cette classification à taux d’crrcuroptimal
ne sont pas directement
disponibles.
Il est toutefoispossible
de compenser ce manque de connaissance sur lemélange
par t’informationapportée
par les observations à classer elles-mêmes. En effet, ensupposant
que les fonctions de densité des différentes classes sont des fonctionsnormales,
leproblème
se trouveposé
en termesd’analyse
desmélanges gaussiens.
Ceproblème
a été récemment résolu enanalysant
la convexité de la fonction de densitésous-jacente
à la distribution des observations. Il a été montré que cette nouvelleapproche permet
de détecter les classes enprésence
et de déterminer des valeursapprochées
de leurs vecteurs moyennes, matrices de covariance etprobabilités a priori,
Ondispose
ainsi de vaieursapprochées
de tous lesparamètres
dumélange analysé,
ce
qui
permetd’envisager
une classificationoptimale
par minimisation du taux d’erreur.Les fondements
théoriques
de cetteapproche
et ses modalitésd’implantation
sur calcu-lateur
numérique
sontexposés
en détail par ailleurs(PosTaiaE
&V ASSEUR , 1981 ; P
OST
A IRE
, 1981 . 1982 ;
PosTnn:r &V ASSEUR , 1982).
Nous allons maintenant montrer comment ces
techniques
de classification auto-matique,
utilisécsconjointement
avec la méthode de caractérisation desprofils
décriteprécédemment,
permettent d’abordert’analyse morphométrique
du cèdre du Maroccomme un
problème
de reconnaissance des formes.3. Mise en évidence de différents
types
deprofil
3.1.
Polymorphisme
dc.s colres <7fchn q ne massif forestier
Les huit massifs forestiers
objets
de cette étude étant bien individualisés sur leplan écologique,
la forme des cèdres est d’abordanalysée
par massif.On
dispose,
pourchaque massif,
d’un échantillon d’observationsquadridimension- nettes, chaque
observationreprésentant
leprofil
de latige
d’un cèdre du massif considéré.Nous supposerons
implicitement
que les observations suivent des lois normales. Commeon
dispose
de très peu d’information apriori
sur lesphénomènes étudiés,
la validité duchoix de ce modèle ne sera
justifiée qu’a p os l eriori,
par le succès de l’utilisationqui
enest faite.
Le
premier résultat, fondamental,
est la mise en évidence d’unpolymorphisme marqué
chez les cèdres étudiés. Eneffet,
trois classes distinctes ont été détectées dans chacun des huitéchantillons,
les arbresassignés
à chacune d’ellesprésentant
le mêmetype
deprofil.
Danschaque
massifforestier,
on met ainsi en évidence troistypes
deprofils
définis par lesprofils
moyens des arbres de chacune des classes(cf. fig. 3).
Mais, présenté
sous cette formebrutc,
cerésultat, qui
fait intervenir 24types
deprofil,
reste d’un intérêtpratique
limité. Il estcependant possible
desynthétiser
lesrésultats obtenus en
analysant
la stabilité destypes
deprofil
mis en évidence dans lesdifférents massifs forestiers.
3.2. Stabilité3 des
profils
dans l’ensemble desmassifs forestiers
Les
types
deprofil
définis parl’analyse
multidimensionnelleprécédente
sont notésF
j
i étant l’indice du type deprofil
au sein du massif forestierd’indice j (i
=1, 2, 3 ; j - 1, 2, .. , 8).
La stabilité du ième type de
profil
dans l’ensemble des massifs considérés peut êtreanalysée
en étudiant larépartition spatiale
despoints F jj , j
=1, 2,
..., 8 dansun espace
quadridimensionnel.
Nous feronsappel,
pour cetteanalyse,
àl’algorithme
de recherche degroupements
du Maximin(B AT C HELOR
&W ILKINS , 1969).
Cetalgorithme
consiste d’abord à rechercher les deux
points
lesplus éloignés
au sens de la distanceeuclidienne. Ceux-ci constituent les centres de deux
premiers
groupements. On affecte ensuite chacun despoints F,,,
restants au groupement dont le centre est leplus proche,
à condition toutefois que la distance de ce centre ne
dépasse
pas un certain seuil. Lecas
échéant,
si unpoint F,.,
est tropéloigné
des deux centresinitiaux,
il constitue lecentre d’un nouveau groupement et la
procédure
est réitérée.La
figure
4indique
le résultat de cette recherche degroupements
sous la forme degraphes
dont les nœudsreprésentent
lespoints F;,!.
Leslongueurs
des branches reliant les centres des groupements ou lespoints
restants au centre leplus proche
sontproportionnelles
aux distances entre cespoints
dansl’espace
à 4 dimensions.Sur la base des groupements des
points F 1. j’ j
=1, 2,
..., 8,représentant
lepremier
type deprofil
dans les huit massifsconsidérés,
on constatequ’il apparaît
deux ensembles de massifs. Lepremier
est constitué par les massifs n&dquo; 1 et n° 2 pourlesquels
lesprofils F 1 .1
etF,,_
sont très voisins. Le second ensemble regroupe tous l.es massifs restants pourlesquels
lesprofils F 1 . . i’ j
= 3, 4, ..., 8 sont trèsproches
les uns des autres(cf. fig. 4 [a]).
Une
analyse
semblable,portant
sur lespoints F.-,,i,
= 1,2, .... 8, représentant
lesecond type de
profil,
conduit aux mêmes regroupements des massifs forestiers(cf.
fig.
4[bJ).
Ces
regroupements
sont finalcment confirmés parl’analyse
de larépartition
despoints représentant
le troisième type deprofil
dans les huit massifs étudiés(cf. fig.
4[c]).
Cette
analyse
multidimensionncllc met en relief une certaine stabilité des troistypes
deprofil
mis en évidence dans chacun des deux ensembles de massifs forestiers définis ci-dessous :r- .. .. , .
On peut ainsi définir des
profils-types
pour l’ensemble A en calculant lesbarycentres F
L
n
des troiscouples
depoints {F u ; Fi.2:’
i =1, 2,
3.De la même
manière,
lesbarycentres Ç
des trois groupements depoints {F;,;; ; F;,! ; Fi r, !i.!, ! «, Fi!7 ; F;,!;,
i -1,
2, 3, définissent troisprofils-types
pour l’ensemble B.La
figure
5représente
les troisprcfils-types
ainsi mis en évidence dans chacun des ensembles A et B de massifs forestiers.Cette
analyse
de la forme des cèdres du Maroc montre que ceux-ciprésentent
un
polymorphisme marqué, qui
nepeut
êtreignoré
lors de la construction des tarifs decubage.
C’est dans ce sens que nous abordons maintenant leproblème
de l’échantillon- nage des arbres cn vue de l’amélioration de laprécision
et de la fiabilité des tarifs decubage
pour les cédraies du Rif.4. Etablissement des tarifs de
cubage
Nous nous proposons d’établir des tarifs de
cubage
à une entrée. le diamètreà hauteur
d’homme,
ainsi que des tarifs à deuxentrées,
le diamètre à hauteur d’homme et la hauteur totale (RONDFUX, 1973). Nous allons construire ces deux types de tarifs pour ]&dquo;ensemble A d’une part et pour l’ensemble B d’autre part. De ce dernier ensemble seront exclus les massifs forestiersd’Ajdir (n&dquo; 7)
et de Kerrouchen(n&dquo; 8) qui appartiennent
auMoyen
Atlas. Nous comparerons lesperformances
de ces tarifsspécifiques
à celles des tarifsgénéraux,
à une et à deuxentrées,
calculés pour toutes les cédraies du Rifregroupées
dans un troisième ensemble forestier : l’ensemble C.4.1.
Tarifs
<staf>li.ç paréchantillonnage simple
Une
première
série de tarifs est établie sur la base de données obtenues par échan-tillonnage
zlé<ttoiresimp t e parmi
les arbresdéjà cubés,
mesurés et utilisés pourl’analyse morphométrique.
Lestirages
sont effectués à l’aide d’un programme degénération
denombres aléatoires. De
p’us,
comme il estd’usage,
lestirages
sont conduits de manière à ce que les distributions des diamètres à hauteur d’homme pour les arbres des échan- tillons soientidentiques
à celles de ces diamètres dans les ensembles forestiers corres-pondants
(BoucHOrv,1974)!
Le nombre de cèdres à tirer pour constituer l’échantillon
représentatif
dechaque
ensemble forestier est
prédéterminé
en fonction de laprécision
souhaitée pour les tarifs.En limitant l’erreur à craindre à ::!::: 10 p. 100 au seuil de
signification
de 95 p.100,
un calcul
simple
permet de déterminer ce nombre àpartir
d’une estimation de ladisper-
bion des volumes dans l’ensemble forestier considéré (COCHRAN,
1963).
4.1.1. Calcul des
tarifs
Notre propos n’étant pas la recherche de
l’équation
laplus appropriée,
nous noussommes arrêtés à la construction des tarifs à une entrée les
plus
utilisés en France(A
BADIE
&A YRAL , 1956),
enAngleterre (HuMMe!_, 1955)
etqui
trouventquelques adeptes
enAllemagne (D ITTMAR , 1958),
à savoir :ç = ail + al d2
Cette
équation, ajustée
parrégression
aux données de chacun des échantillons tirés des ensembles forestiersA,
B et C donnerespectivement
les tarifsT,, A , T i , B
etT i
cdu tableau 2.
Les tarifs à deux
entrées,
la hauteur h et le diamètred,
ont été obtenus sur la base des mêmes échantillons que ceux utilisés pour les tarifs à uneentrée,
enajustant
unpolynôme
du 3’degré
avec ses 9 termes. L’utilisation d’unetechnique
de calcul derégression multiple
pas à pas(DRAPER
&Sn-ttTH, 1966) permet
de sélectionnerparmi
ces 9 termes ceux
qui
apportent leplus
d’information pourexpliquer
le volume v, la variabledépendante.
Les résultats ainsi obtenus donnent les tarifs
T :!.A’ T!,.B
etT.,,c applicables
respec- tivement aux ensembles forestiersA,
B et C(cf.
tabl.2).
4.1.2. Tests des
tarifs
On ne
peut
utiliser les valeurs des coefficients de détermination et des coefficients de variation pour comparer les tarifsgénéraux
aux tarifsspécifiques.
Eneffet,
cetype
de critère deprécision
est bienadapté
à lacomparaison
de tarifsdifférents,
construitssur le même échantillon
représentatif (P ALM
&R ONDEUX , 1976).
Maisici,
les tarifsgénéraux
et les tarifsspécifiques
sont calculés àpartir
d’échantillons différentsqui
n’ont donc pas les mêmes
propriétés statistiques.
Il estpréférable,
dans ce cas, d’utiliserun critère basé sur
l’analyse
des erreurs decubage
résultant del’emploi
des tarifssur des lots constitués d’arbres différents de ceux utilisés pour les construire
(C AZE , 1978).
A cet
effet,
nous avons tiré aléatoirementquatre
lots différents de 100 arbres de chacun des ensembles forestiersA,
B et C. Nous avonsappliqué
àchaque
lot les tarifsgénéraux
et les tarifsspécifiques
à une et à deux entrées. Nous avonsdéterminé,
pourchaque lot,
la moyenne relative des erreurs decubage :
100
avec : ei = Vi - Vi, i =
1, 2,
...100
où vi et vi sontrespectivement
le volumeexact et le volume estimé du ième arbre du lot et où
V désigne
le volume moyen exact des arbres du lot.Nous avons
également
calculé l’écart type relatif de la distribution des erreurs decubage :
ioo
r,. = Y (C: - éle / 99 . V
Pour
chaque
ensemble et pourchaque tarif,
nous avons finalementreporté
dansle tableau 3 Les moyennes de ces valeurs relatives déterminées sur les
quatre
lotscorrespondants.
Pour les tarifs à une
entrée,
comme pour ceux à deuxentrées,
on constate que l’utilisation des tarifsgénéraux
pour les ensembles A et B donne un biais et unedispersion
des erreurs de
cubage toujours plus importants
quelorsqu’on
cube les lotsprovenant
deces ensembles avec les tarifs
spécifiques. Remarquons également
que lescubages
deslots
provenant
des ensembles A et B par les tarifsspécifiques
sont meilleurs que lescubages
des lotsprovenant
de l’ensemble C par les tarifsgénéraux.
Les résultats que nous avons obtenus montrent l’intérêt
pratique
de construiredes tarifs de
cubage spécifiques
aux ensembles de massifs forestiers au seindesquels
lesdifférents types de
profil
de cèdresprésentent
une relative stabilité.Nous allons maintenant montrer
qu’il
est encorepossible
d’améliorer laprécision
des tarifs
spécifiques
en tenantcompte
de larépartition
des cèdres entre les différentstypes
deprofil
mis en évidence dans chacun des ensembles A et B.4.2.
Tarifs
établis paréchantillonnage stratifié
Les tarifs
spécifiques
à une et à deux entrées ont été obtenus sansprendre
encompte
lepolymorphisme
naturel des cèdres. Or on sait quelorsque
les individus d’unepopulation plus
ou moinshétérogène
peuvent êtreregroupés
ensous-ensembles,
ou strates,homogènes,
onpeut
améliorer lareprésentativité
de l’échantillon en utilisantune
technique d’échantillonnage
aléatoire stratifié(S NEDECOR
&CocHRnrr, 1971).
L’échantillonnage
stratifié est couramment utilisé en foresterie. Les distinctions entre les différentes stratess’y
effectuent usuellement en fonction dumilieu,
dutype
de forêt(futaie, taillis, ...)
ou encore de la densité du couvert(P ARDE , 1961 ;
LOETSCHet al., 1973).
4.2.1. Calcul des
tarifs
Nous nous proposons maintenant de stratifier
l’échantillonnage
des cèdres sur labase des trois
profils-types
mis en évidenceprécédemment.
Les tarifs seront établis àpartir
d’échantillons constitués d’arbresreprésentatifs
de troisprofils-types,
propor- tionnellement auxfréquences
observées.Pour
chaque
massifforestier,
l’examen des distributions des diamètres à hauteur d’homme des arbres dechaque type
deprofil
ne fait pasapparaître
de corrélation entre la forme et la grosseur destiges. L’échantiHonnage
est donc conduit de manière à ceque les arbres-échantillons de
chaque type
deprofil
aient des diamètres à hauteur d’homme distribués de la même manière que ceux de tous les arbres de l’ensemble forestiercorrespondant.
Les résultats de
l’ajustement
deséquations
derégression
à une et à deux variablessur les échantillons stratifiés
provenant
des ensembles A et B sont donnés dans le tableau 2.4.2.2. Tests des
tarifs
Les tarifs
spécifiques
obtenus paréchantillonnage
stratifié ont étéappliqués
auxlots
déjà
utilisés pour tester les tarifsprécédemment
calculés. Les résultats de ces testspermettent
d’affirmer que ces nouveaux tarifs sont nettement meilleurs que les tarifs construits paréchantillonnage
aléatoiresimple,
avecpourtant
le même nombre d’arbres- échantillons(cf.
tabl.3).
Cettesupériorité
se manifeste par uneimportante
diminutiondu biais de l’estimation du volume des lots et par une réduction substantielle de la
dispersion
des erreurs decubage.
5. Discussion et conclusions
Le manque de
précision
de tarifs decubage provient
essentiellement desdifficultés,
pour une seule
équation
devolume,
d’êtrereprésentative
de toutes les formes detige qui peuvent
être rencontrées dans unpeuplement
forestier. Il estcependant possible
d’accroître la
précision
des estimations de volume en affinant lestechniques
d’échan-tillonnage.
Eneffet,
nous avons mis aupoint
une nouvelleméthodologie qui,
basée surdes
techniques
de reconnaissance desformes, permet
d’améliorer lareprésentativité
des échantillons servant au calcul des
équations
de volume. Grâce à de nombreux tests, il a étépossible
de chiffrerobjectivement
l’accroissement sensible deprécision
et de fiabilité entraînés parl’application
de cetteméthodologie
à l’inventaire etl’aménagement
des forêts de cèdre du Rif au Maroc.
Nous n’avons pas voulu faire
appel
à des outilsmathématiques sophistiqués
pour modéliser la forme des arbres. Bien aucontraire,
nous avons recherché une caractéri- sation desprofils qui
soit aussisimple
quepossible
etqui
ne fasseappel qu’à
desgrandeurs
couramment utilisées en foresterie. En réduisantchaque tige
à unsimple assemblage
de trois troncs decône,
nous avons ainsi associé une observationquadri-
dimensionnelle au
profil
dechaque
arbre.Nous avons alors concentré nos efforts sur
l’analyse
de la distribution de cesobservations au sein des
peuplements.
De nouvellestechniques
de classification auto-matique,
basées sur uneapproche originale
duproblème
del’analyse
desmélanges,
ontpermis
de mettre en évidence troistypes
deprofils
detige
au sein de toutes lesgrandes
forêts de cèdre du Maroc.
Pour tester la
signification
réelle de cette discrimination entre différents types deprofils,
nous avonsentrepris
la construction de différents tarifs decubage
pour les cédraies du Rif en établissant lesplans d’échantillonnage
en fonction des résultats del’analyse
desprofils.
Nous avonschiffré,
par des tests, legain
deprécision
lié àl’emploi
de
chaque technique d’échantillonnage.
L’amélioration des tarifs de
cubage
a été obtenue en deuxétapes
successives.Dans un
premier temps,
nous avonsregroupé
les forêts en deux ensembles distinctsau sein
desquels
les différents types deprofil
mis en évidenceprésentent
une relativehomogénéité.
Les tarifs decubage spécifiques,
établis pour chacun des ensembles deforêts,
donnent des résultats biensupérieurs
à ceux obtenus avec des tarifsuniques,
valablespour toutes les cédraies du Rif.
Dans un second
temps,
lareprésentativité
des échantillons utilisés pour construire les tarifsspécifiques
a été améliorée par unetechnique
de stratificationrespectant
ladistribution des
tiges
entre les troisprofils-types
mis en évidence. Lesgains
depré-
cision par
rapport
aux résultats obtenus paréchantillonnage
aléatoiresimple
sont déterminants.On
pourrait objecter
quesi,
à laplace
du diamètre à hauteurd’homme,
on avait utilisé un diamètre mesuré à une hauteur relative de latige h/10,
parexemple),
ceparamètre
fondamental aurait été mieux lié à la forme elle-même de l’arbre. Une telle modification dans latechnique
de caractérisation duprofil
destiges
amélioreraitsans doute encore les résultats obtenus.
Cependant,
les difficultéspratiques
rencontréesdans la mesure des diamètres à hauteur relative sont telles que nous avons été contraints à utiliser une mesure à hauteur fixe.
Finalement,
il est trèsimportant
de noter que l’utilisation de nos tarifs decubage
ne nécessite aucune mesure de forme sur le terrain. En ce sens, notre
approche
s,différencie radicalement des méthodes d’inventaire
qui demandent,
enplus
des mesures dediamètre à hauteur d’homme et de hauteur
totale,
la mesure d’unparamètre
caracté-ristique
de la forme destiges (B EHRE , 1927 ; S PURR , 1952 ; AvERY, 1967).
Nous n’avons
présenté,
dans cetarticle,
que des résultats limités à une airegéographique
restreinte et à une seuleespèce
forestière. Il serait souhaitable d’utiliser laméthodologie proposée
pour construire des tarifs decubage
destinés à d’autres essences.Les résultats obtenus
permettent également d’envisager l’application
desprincipes exposés
dans cette étude à l’élaboration d’autres fonctions tarifs. C’est dans cet
esprit
que noustenterons d’améliorcr
l’adéquation
des fonctions de défilementqui permettent
d’estimer les volumes à différentes hauteurs dedécoupe
etprésentent
un intérêt évident pour la définition des assortiments.Il résulte de cette étude que de nouveaux
progrès
dans la construction des tarifs decubage
et, parsuite,
dans l’estimation des ressourcesforestières, peuvent
être obtenus par uneanalyse approfondie
de la forme des arbres. Il nes’agit
nullement deréduire,
comme c’est souvent le cas, l,a forme à un seul
paramètre.
Le forestier se doit de consi-dérer l’architecture de la
tige qui
nepeut
être décrite et étudiée que par destechniques
de reconnaissance des formes. Si la reconnaissance de la forme des
tiges
nepeut
êtreenvisagée
dans lapratique
forestière courante, il n’en reste pas moins vraiqu’au
niveaude la construction des
tarifs,
les méthodesd’analyse
multidimensionnellepeuvent
contri- buer efficacement à l’amélioration duplan d’échantildonnage
et, parconséquent,
àl’adéquation
des fonctions tarifs.Remerciements
Les auteurs voudraient remercier vivement pour leur
appui
et leur soutien dans la réalisation de ce travail :- MM. ZAKI, Directeur des Eaux et Forêts et de la Conservation des Sols du Maroc ;
- VIDAL, Professeur à l’Université de Lille 1, France ;
- VASSEUR, Chercheur au Centre d’Automatique de l’Université de Lille 1, France ;
-
N AJIM ,
Professeur à la Faculté des Sciences,Rabat,
Maroc.Summary
Form
analysis of
treesfor
the constructionof
volume tablesapplied
to Morocco-cedar
(Cedrus
atlanticaManetti)
The volume