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RAPPORT MENSUEL CONJOINT AU SAHEL Janvier 2002 LE SAHEL : PERSPECTIVES D EVOLUTION DES OUTILS D EVALUATION DE LA SITUATION ALIMENTAIRE.

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RAPPORT MENSUEL CONJOINT AU SAHEL

Janvier 2002

LE SAHEL : PERSPECTIVES D’EVOLUTION DES OUTILS D’EVALUATION DE LA SITUATION ALIMENTAIRE.

I. INTRODUCTION

Depuis la sécheresse des années 1973/1974 et 1983-85 qui ont entraîné des crises alimentaires généralisées dans le Sahel, les Etats sahéliens, le CILSS1 et la communauté internationale ont énormément investi pour disposer de dispositifs et d’outils performants capables de les aider à prévenir et gérer les crises alimentaires éventuelles et surmonter les problèmes structurels de 1’insécurité alimentaire.

Plus de vingt ans après l’espace CILSS vit encore dans la hantise de crises alimentaires et plus encore, d’autres dimensions se sont ajoutées aux causes écologiques pour rendre plus complexe le suivi de la situation alimentaire au Sahel. En effet, la région accuse une croissance démographique totale et urbaine importante. Actuellement, la population dépasse 55 millions d'habitants dont plus de 30 % vivent dans les grands centres urbains et les villes secondaires. Aussi, les prospectives démographiques s’accordent sur une population de plus de 100 millions dont au moins la moitié sera urbaine en 2025.

Sur le plan macroéconomique, on note l'instauration' d'un système économique de type libéral ayant favorisé la libéralisation du commerce et l'accès au marché international.

Ces situations conjuguées ont engendré des bouleversements dans le comportement alimentaire des populations sahéliennes, particulièrement en milieu urbain, avec des répercussions sur les disponibilités et l'accessibilité

1 Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel regroupant neuf pays.

CILSS

RESEAU DE SYSTEME D’ALERTE PRECOCE CONTRE LA FAMINE DE L’USAID

USAID FAMINE EARLY WARNING SYSTEM NETWORK

COMITE PERMANENT INTER-ETATS DE LUTTE CONTRE LA SECHERESSE DANS LE SAHEL PERMANENT INTERSTATES COMMITTEE FOR DROUGHT CONTROL IN THE SAHEL

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alimentaires. Le bilan céréalier, utilisé jusqu’ici comme principal outil d’analyse de la situation alimentaire s’avère de plus en plus limité pour appréhender les différents phénomènes en présence et permettre aux décideurs d’intervenir efficacement. Conséquemment, les acteurs de la sécurité alimentaire au Sahel ont alors entrepris une réflexion sous la direction du Centre Régional Agrhymet du CILSS sur la faisabilité2 du bilan alimentaire et sa généralisation comme outil d'analyse de la situation alimentaire pour remplacer le bilan céréalier jusque là utilisé. Ce rapport est une synthèse de ces réflexions et de leurs conclusions menées par le CILSS et ses partenaires à travers des ateliers et des études sur les limites du bilan céréalier et la faisabilité du bilan alimentaire dans les pays Sahéliens.

II. CONTEXTE

Dans les Etats sahéliens, la réflexion sur la sécurité alimentaire a toujours privilégié la question des disponibilités en céréales du fait que ces denrées occupent une place prépondérante dans l'alimentation des familles. Le développement de ces productions a constitué pendant longtemps la priorité des politiques d'autosuffisance et de sécurité alimentaire.

Cependant, il ressort aujourd'hui que l'amélioration des disponibilités céréalières dans de nombreuses régions ne s'est pas nécessairement traduite par une embellie de la situation alimentaire des ménages et particulièrement les plus vulnérables d'entre eux.

En milieu rural, l'insécurité alimentaire est un problème complexe imbriquant beaucoup plus la production agricole, l'économique, le social, et le culturel. De ce fait, les causes de l'insécurité alimentaire vont de l'insuffisance de la production agricole, de la limite des disponibilités alimentaires, de la faiblesse du pouvoir d'achat, de l'inaccessibilité en passant par la gestion des aliments disponibles.

En milieu urbain, du fait de l'existence d'une frange importante de la population disposant d'un revenu monétaire assuré le problème de la sécurité alimentaire repose de plus en plus sur la capacité à acheter les aliments sur les marchés.

Par ailleurs, les ménages aux revenus substantiels diversifient d'avantage leur alimentation (avec une part plus importante de produits alimentaires importés et de viande), les autres, victimes de la montée de la pauvreté urbaine se

2 Atelier Régional sur la Faisabilité du bilan alimentaire dans les pays membres du CILSS, Ouagadougou (Burkina Faso) 09-13 Juillet 2001.

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contentent d'une alimentation de « survie » qui en absolue reste très peu différente de celle du milieu rural.

Enfin, le libéralisme économique engagé par les Etats a engendré une autre dimension de l’insécurité alimentaire. En effet, le commerce des produits alimentaire est de plus en plus orienté vers les demandes solvables plongeant ainsi dans l’insécurité alimentaire les zones marginales et les populations à faible pouvoir d’achat. Les prix des produits agricoles peuvent connaître des hausses importantes en cas d’exportations massives et l’investissement et les productions agricoles peuvent être orientés davantage vers les productions les plus rentables au détriment des céréales sèches.

III. BILAN CEREALIER AU SAHEL: AVANTAGES ET LIMITES

Dans le cadre de l'évaluation de la situation alimentaire, les pays du CILSS utilisent le bilan céréalier comme principal outil permettant cette évaluation. La raison de son utilisation est que les céréales occupent 50 à 70 % des terres cultivables et contribuent pour 65 à 90% des apports énergétiques dans la ration alimentaire des sahéliens. Dans son approche, le bilan céréalier repose sur une analyse quantitative des disponibilités en céréales. Les outils utilisés dans chaque pays pour son élaboration sont principalement: l'enquête agricole, l'enquête stocks paysans, le suivi des importations et exportations, le suivi de l'aide alimentaire en céréales et les normes de consommation en céréales. C’est un outil relativement facile à manipuler et qui permet très rapidement de définir les niveaux moyens de consommation apparente dans un pays donné. Ainsi, depuis 1987, les pays du CILSS ont adopté le bilan céréalier comme outil d’estimation des besoins alimentaires.

Cependant, face aux nouvelles réalités de la question alimentaire dans les pays du Sahel, il serait incohérent de ne pas reconnaître que le bilan céréalier dans son contenu présente de graves lacunes. En effet, la rapidité de l'urbanisation, les mutations des systèmes et modèles de consommation alimentaires

enregistrés sont autant d'éléments qu'il convient d'intégrer dans la quête d'une sécurité alimentaire à long terme dans les pays sahéliens. En plus de ce manque d'intégration des nouvelles réalités alimentaires des populations suite aux

évolutions décrites plus haut, le bilan céréalier dans son approche et son contenu ne tient pas compte de la diversité agro-écologique des régions et des autres productions agricoles potentiellement comestibles (protéagineux,

tubercules et racines, légumes, produits animaux et halieutiques ... ). Ainsi, pour certains, parier de déficit en céréales ou de crise céréalière (sur la base du bilan

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céréalier) ne préjuge pas forcement une situation de pénurie ou de catastrophe alimentaire pour les populations sahéliennes. Dès qu’il est unanimement reconnu que les produits alimentaires non céréaliers (produits d’élevage, de pêche, de maraîchage et de forêt, et tubercules) jouent un rôle important et croissant dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations sahéliennes.

III. DU BILAN CEREALIER VERS LE BILAN ALIMENTAIRE

Même si la production totale de céréales au Sahel marque une tendance évolutive à la hausse au fur des années, la production par habitant tend à stagner où à baisser même en année de bonne pluviométrie (Graphique 1). L’aide alimentaire en céréales devient de plus en plus insignifiantes même en année de grand déficit céréalier.

D’un niveau régional atteignant 6 à 10 kg/habitant dans les années 80, l’aide alimentaire se situe aujourd’hui entre 2 et 4 kg/habitant quelle que soit l’année.

En cas de déficit, les donateurs et certains gouvernements interviennent de plus en plus dans le renforcement des productions alternatives qui constituent un gage plus structuré d’amélioration de la sécurité alimentaire pour les populations affectées. Faute d’aide alimentaire suffisante, les pays sont obligés d’acheter chaque année des quantités importantes de céréales pour couvrir leurs besoins.

Avec l’évolution démographique galopante et l’urbanisation de plus en plus accrue des populations, les besoins en importation augmentent chaque année.

Cependant, grâce aux développements des échanges et de stratégies alternatives en cas de pénurie, les produits alimentaires non céréaliers jouent un rôle important dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations. Ces échanges sont nécessaires aujourd’hui pour le développement des avantages comparatifs et l’amélioration des revenus qui deviennent de plus en plus une composante essentielle de la sécurité alimentaire au Sahel et cela au fur et à mesure que les villes se développent et que l’autoconsommation recule en milieu rural. Il est nécessaire d’orienter la consommation vers d’autres produits comme

87 88 89 90 91 92 9394 95 96 97 98 9900 S1 0

50 100 150 200 250

Année

Graphique 1: Evolution de la production céréalière par habitant dans les pays du CILSS (kg/hbt)

Source : CILSS/AGRHYMET

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les tubercules, les produits animaux et les légumes qui répondent mieux à l’intensification et dont le cycle de production peut se répéter plusieurs fois dans l’année. Ceci permettra, grâce à l’entrée de produits autres que les céréales de diminuer les besoins individuels en céréales et de faire moins de pression sur les terres et les devises. Compte tenu de tous ces paramètres, il devient impératif de trouver de nouveaux outils d'évaluation de la situation alimentaire globale qui appréhendent mieux les enjeux actuels et qui tiennent compte beaucoup plus des réalités des populations: d'où la nécessité de passer du bilan céréalier au bilan alimentaire.

IV. FAISABILITE DU BILAN ALIMENTAIRE DANS LES PAYS DU CILSS

Le bilan alimentaire sera un outil plus complet s'inspirant du bilan céréalier dans son approche tout en intégrant les principaux aliments produits et ou effectivement consommés par les populations. De par son contenu (statistiques alimentaires et agricoles), il permettra un examen détaillé de la situation agricole et alimentaire intérieure. De même, en considérant tous les aspects de la production agricole (production végétale et animale, pertes après récoltes, stocks, circuits de commercialisation...) et alimentaires (disponibilités et utilisations), le bilan alimentaire sera un bon outil des politiques agroalimentaires, nutritionnelles et de développement des échanges.

Au vu de l’évolution du contexte et de la complexité de la situation, le CILSS, à travers le Programme Majeur Information du Centre Régional Agrhymet a entrepris des études dans les pays afin de mieux investiguer la faisabilité du bilan alimentaire dans chaque pays.

Malgré la pertinence et l'efficacité du bilan alimentaire reconnues par les réflexions, il convient de souligner que la capacité des dispositifs actuels conçus pour gérer le court terme ne permettent pas pour des raisons de conception, de priorité et de fortes contraintes financières d'envisager dans l'immédiat un bilan alimentaire prévisionnel qui prend en compte tous les aliments potentiellement comestibles par les Sahéliens. L’adoption du bilan alimentaire qui consiste à adjoindre au bilan céréalier deux ou trois groupes de produits non céréaliers mais importants dans la sécurité alimentaire des populations fût recommandée.

Les produits recommandés sont les tubercules, les légumineuses alimentaires, les fruits et légumes et les produits animaux.

Pour que le bilan alimentaire soit faisable dans les différents pays et pour qu'il remplace efficacement le bilan céréalier, il faut:

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¾ Renforcer et mieux penser les dispositifs existants pour leur permettre de mieux répondre aux nouveaux besoins pour une sécurité alimentaire dépassant la seule question des disponibilités céréalières. Que chaque Etat initie des outils de collecte de données élargis aussi bien aux produits végétaux non céréaliers qu'à certains produits animaux selon leur importance en terme de disponibilités intérieures.

¾ Que chaque Etat fasse périodiquement des enquêtes de consommation alimentaire (par exemple tous les cinq ans) en vue de mieux connaître la contribution des filières non céréalières dans la production agricole et les systèmes alimentaires des différents groupes sociaux. Ceci Permettrait en outre, de mieux suivre, l'évolution de la consommation des populations dans le temps.

¾ Que la méthodologie d'élaboration du bilan alimentaire, soit pensée de manière concertée par les experts du Centre Régional Agrhymet et leurs partenaires nationaux et régionaux.

PROGRAMME DE MISSIONS CONJONTES D’ANALYSE DE LA SITUATION ALIMENTAIRE CILSS/FEWS NET, FAO, PAM

Durant la période du 09 au 11 janvier 2002 la sous région a enregistré de fortes pluies hors saison occasionnant des dégâts (pertes humaines, de récoltes et de cheptel) au Sénégal, en Gambie, en Mauritanie et au Cap Vert. Cette situation préoccupante nécessite une

évaluation rapide, un suivi permanent et une sensibilisation des acteurs de la sécurité alimentaire pour éviter que des situations de crises ne se développent dans ces pays durant la période de soudure 2002. A cet effet, dans le cadre du dispositif de veille, le CILSS et ses partenaires régionaux (FEWS NET, FAO, PAM) conduiront une mission circulaire au Sénégal (11-13 février), en Gambie (14-16 février), au Cap Vert (18-20 février) et en Mauritanie (09-13 mars). Cette mission a comme buts:

¾ De collecter et analyser en rapport avec les acteurs nationaux (administrations, ONGs, dispositifs) les informations disponibles;

¾ De faire le bilan de la situation alimentaire dans le pays, particulièrement dans les zones à risque;

¾ Dégager les besoins d’assistance les plus pressants en faveur des populations vulnérables.

Références

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