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Se réaliser dans le collectif. La construction de soi au sein de la construction du collectif dans les pratiques de conseils de classe d’écoles primaires genevoises

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Se réaliser dans le collectif. La construction de soi au sein de la construction du collectif dans les pratiques de conseils de classe

d'écoles primaires genevoises

MORISOD, Chloé, BONVALLAT, Marie, CAPITANESCU BENETTI, Andreea

Abstract

Cet article donne des exemples sur comment les élèves se développent au sein de la classe et comment se met en place la construction de soi au sein de la construction du collectif dans les pratiques de conseils de classe d'écoles primaires genevoises.

MORISOD, Chloé, BONVALLAT, Marie, CAPITANESCU BENETTI, Andreea. Se réaliser dans le collectif. La construction de soi au sein de la construction du collectif dans les pratiques de conseils de classe d'écoles primaires genevoises. Cahiers pédagogiques , 2016, vol. 530, p.

18-19

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:85048

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18 I Les Cahiers pédagogiques I N° 530I JUIN 2016

DOSSIER

FORMER LES FUTURS CITOYENS 1. Pratiquer la citoyenneté à l’école

L’enfant qui ne disait jamais rien en classe

Une élève, que l’enseignante croyait mutique, se met à participer lors d’un conseil de classe com- mence à parler, mais impossible pour l’enseignante de la com- prendre. Ses parents lui parlent cha- cun une langue différente, entre eux ils parlent anglais et à l’école nous échangeons en français. À partir de ces éléments, l’équipe pluridiscipli- naire d’encadrement suppose que cette élève s’est inventée une langue afin de pouvoir communiquer.

Dans la phase du conseil « ça va ou ça va pas », elle ne disait jamais rien, au point que même ses cama- rades se sont habitués et veulent sauter son tour de parole. L’ensei- gnante lui a toujours donné un espace de parole, même si elle ne l’utilisait pas. Un jour, elle s’est affir- mée et a pu livrer un ressenti non seulement par le mime, mais aussi par la parole. L’enseignante consi- dère que ce moment de prise de parole dans le conseil a permis à l’enfant de « poser les premiers mots et de continuer à parler ».

Dans cette situation, les rituels mis en place (on se réunit en cercle, on ouvre et on ferme le conseil avec un geste, on utilise le bâton de parole pour animer la séance, etc.) ont permis à Amélie de se sentir en sécurité et petit à petit de se sentir à l’aise pour oser s’exprimer.

Les compétences visées qui res- sortent dans cette situation : l’appar- tenance à un groupe par l’appropria- tion des codes (notamment la langue commune) ; la confiance en soi exercée dans un cadre contenant rituels et règles permettant de sécu- riser l’enfant ; la collaboration, la connaissance de soi et la prise en compte de l’autre.

Les premiers pas d’une classe grâce au conseil En tout début d’année, la première semaine d’école, l’enseignante a introduit le conseil afin de créer le groupe et son entité. Elle explique que le conseil est un lieu de propo- sition où chacun a la même voix.

Une semaine après, on récolte dans la boite à idées plus de vingt propo- sitions de la part des élèves. Les

La construction de soi au sein de la construction du

collectif dans les pratiques de conseils de classe d’écoles primaires genevoises.

N

ous nous posons souvent la question de savoir si les élèves sont déjà des citoyens en herbe, et si nous avons réellement à les former aux principes de citoyenneté et notamment au cours de leur scola- rité ; si l’enfant est un acteur à part entière face à la loi.

Apprendre à devenir citoyen est prescrit par le plan d’étude romand[1]. Au programme, nous trou- vons la construction de la citoyen- neté, par la connaissance de l’orga- nisation sociale de la démocratie en Suisse et de ses institutions : la com- mune, le canton, et au niveau fédé- ral. Mais aussi une démocratie, une citoyenneté à construire dans le cadre de la vie scolaire, à partir des situations vécues par les élèves dans le quotidien de l’école.

C’est pourquoi dans les classes, nous mettons en place un conseil de classe, avec les élèves et non pas contre eux ou imposé aux élèves. Le conseil de classe peut être un excellent outil pour faire participer les élèves à l’organisation du travail scolaire. C’est là qu’ils peuvent proposer et gérer des projets. C’est aussi le lieu propice pour la construction de la citoyenneté chez l’élève. Afin que le conseil ne soit pas un simulacre de la démocratie en classe, les enseignants sont garants de son bon fonctionnement et du cadre scolaire. Les élèves apprennent ainsi à construire des règles de vie et de travail, ou, du moins, à com- prendre leur sens. Ils apprennent donc les droits et les devoirs du citoyen, à leur niveau, dans une classe et dans un établissement scolaire.

Des enseignantes ont glané dans leurs journaux de bord quelques histoires, des situations, des obser- 1 Pour plus de détails :

http://www.plandetudes.ch/web/guest/SHS_34/

vations ou des anecdotes qui montrent comment les élèves se forment individuellement et collec- tivement à une posture citoyenne d’une manière dynamique.

DES APPRENTISSAGES DIFFÉRENTS

Pour les enseignantes, l’enjeu est de placer l’élève dans une posture réflexive et d’émancipation par rap- port à la construction de la loi et des règles. Le conseil a un fonctionne-

ment, des règles que les élèves doivent respecter. Ils apprennent à s’y exprimer, à écouter, à se position- ner, à respecter les autres élèves aussi.

L’apprentissage est différent pour chacun d’entre eux : pour certains il faudra apprendre à s’exprimer, à oser, à ordonner des idées, et pour d’autres, il faudra apprendre à écouter, à ne pas toujours se mettre en avant. Le processus de construction est long, les enseignantes, parfois, peuvent percevoir des évolutions des enfants, de leur progression, de leurs postures.

Devenir soi mais avec l’autre, c’est aussi apprendre à faire confiance au groupe, qui construit ou non une certaine expérience formatrice.

Les enseignantes ont le rôle d’écouter ce qui se dit dans le conseil et font souvent des stop- cadre sur l’image, pour rebondir sur les savoirs qui devraient être mobi- lisés à partir des dires des élèves.

Dans les situations suivantes, nous ressortirons quelques-uns des objec- tifs d’apprentissage principaux, tout en sachant qu’il ne s’agit là que de quelques exemples d’apprentissages réellement faits par les élèves.

Se réaliser dans le collectif

Chloé Morisod, Marie Bonvallat et Andreea Capitanescu Benetti, enseignantes à l’école primaire genevoise

et chargée d’enseignement dans la formation des enseignants primaires (université de Genève, faculté de psychologie et des sciences de l'éducation)

Devenir soi mais avec l’autre,

c’est aussi apprendre à faire

confiance au groupe.

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JUIN 2016 I N° 530I Les Cahiers pédagogiques I 19

FORMER LES FUTURS CITOYENS

DOSSIER

1. Pratiquer la citoyenneté à l’école

Lorsque la règle est transgressée

Plusieurs élèves se plaignent d’un camarade qui peine à se taire (chante, marmonne, etc.) lors des leçons, et ceci malgré les répri- mandes de l’adulte. La classe constate alors qu’il est en transgres- sion avec les règles de la classe et qu’il faut l’aider. Donc les élèves ont tenté de trouver une solution en amont d’une sanction plus lourde.

Ils ont décidé, après l’aval de l’ensei- gnante, de l’aider afin qu’il puisse mieux se concentrer, mais aussi que les autres élèves puissent apprendre.

Après plusieurs idées des pairs, il est décidé d’essayer de réguler en déposant un Post-it sur le bureau de l’élève en question avec le rappel de se taire. Cette démarche n’a certes pas été efficace à long terme, mais cela a permis à l’élève en question de prendre conscience qu’au-delà des règles, ce sont ses camarades qui se retrouvaient pénalisés dans leur droit d’apprendre.

Compétences visées qui ressortent dans cette situation : collaborer acti- vement en prenant en compte les compétences de chacun ; établir des liens entre la loi et les droits de chacun.

Pour nous, le conseil est à intro- duire progressivement dans les usages de la classe. Chacun des élèves doit apprendre à endosser les différents rôles, ces derniers étant introduits aussi au fur et à mesure de la pratique du conseil (rôles pos- sibles : président, secrétaire, gardien du temps, gardien du silence, etc.).

Il ne faut pas minimiser le rôle de l’enseignant, qui reste le garant de ce genre de dispositif, afin qu’il soit le lieu de construction de la pensée du groupe, dans une démarche démocratique.

enfants ne doivent pas forcément présenter une idée, mais ils prennent le droit de s’exprimer et avancer des propositions. Cela fait un effet boule de neige dans la classe, car chacun des élèves y contribue et enchaine les idées.

Il est important de discuter des propositions, de les choisir et ensuite aller au bout de l’engagement. C’est là que l’enseignant intervient, car les élèves doivent expérimenter des situations en tant que citoyens en herbe dans la classe qui aboutissent et dont les engagements sont tenus.

Le crédit que l’on donne à un fonc- tionnement démocratique est en jeu ; si on ne respecte pas les propositions et nos engagements, les propositions des élèves n’auront pas de sens. Ce n’est pas des élèves découragés d’avance ou blasés que l’on veut former. Et c’est pour cela qu’il est important que les élèves puissent vivre des situations dans lesquelles les projets se réalisent.

Compétences visées par le plan d’études romand qui ressortent dans cette situation : l’appartenance à un groupe, se reconnaitre au sein de celui-ci et y prendre sa place ; déve- lopper la connaissance de soi et apprendre au contact des autres en construisant une identité de groupe au sein de la classe ; responsabilisa- tion de soi par rapport aux membres et aux projets.

Seul contre tous!!

Lorsqu’un objet est voté, il se peut qu’un seul enfant se trouve à porter une opinion qui n’est pas du tout partagée par tout le monde. Il faut donc avoir du courage pour être dans cette posture, seul. L’ensei- gnante valorise donc aussi l’opinion du celui qui est seul contre tous.

Ceci, dans le but que chacun apprenne à assumer son opinion (sans suivre) sans avoir peur d’être l’objet de moqueries de la part des autres élèves. Le message de l’impor- tance et la richesse des opinions est ainsi transmis à la classe, au-delà des effets de groupe et de vouloir absolument être intégré pour ses idées.

Compétences visées qui ressortent dans cette situation : participer au débat en acceptant les divergences d’opinion et en prenant position ;

repérer des liens entre les règles de civilité et le respect dû à chacun ; reconnaitre et accepter ses idées et gouts personnels dans ses choix.

Le système démocratique mis à l’épreuve de la classe Lors d’un conseil, les élèves expé- rimentent les différents rôles et ainsi la vie du citoyen : en votant, en éli- sant, en se présentant, en prenant conscience de leurs responsabilités, de leurs difficultés. Mais aussi de ce qu’une votation entraine : soit les conséquences et les frustrations.

Pouvoir assumer une décision et continuer à exister dans la vie de la classe sans avoir honte d’avoir perdu ou en étant humble de la victoire fait aussi partie des apprentissages.

Pour les enseignantes, il est égale- ment important que, lorsque les élèves font des propositions, ils puissent les signer et les assumer.

Toutes propositions anonymes, inté- ressantes ou non, sont écartées du conseil et pas lues aux autres élèves de la classe.

Compétences visées qui ressortent dans cette situation : assumer sa part de responsabilité dans la réalisation de projets collectifs en collaborant activant et en prenant en compte les compétences de chacun ; reconnaitre l’altérité, assumer l’un des différents rôles des acteurs de la gestion démo- cratique de la classe ; participer au débat en acceptant les divergences d’opinion et en prenant position ; repérer des liens entre les règles de civilité et le respect dû à chacun ; négocier des prises de décision dans le cadre de l’école et en y pratiquant le débat démocratique.

Modalités du conseil!:

Période : selon la dynamique de la classe, par exemple une heure trente toutes les deux semaines pour avoir le temps de tout traiter sans stress, ou environ quarante-cinq minutes par semaine pour les plus jeunes.

Rituels de fonctionnement : de commencement, de fin, de prise de parole (bâton de parole ou autre).

Définition possible de rôles : président, secrétaire, gardien du temps, gardien du silence.

EN COMPLÉMENT

Pouvoir assumer une décision

et continuer à exister dans la

vie de la classe sans avoir

honte d’avoir perdu.

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