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Littérature, géographie et patrimoine: le cas des villes

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Conference Presentation

Reference

Littérature, géographie et patrimoine: le cas des villes

LÉVY, Bertrand

Abstract

Cette conférence d'ouverture d'un congrès dédié à la construction littéraire du territoire met d'abord l'accent sur l'intersection géographie/littérature, puis apporfondit deux courants interprétatifs, le courant phénoménologique et existentiel et le courant de la cartographie littéraire. Il présente Genève comme exemple de construction littéraire d'un territoire.

LÉVY, Bertrand. Littérature, géographie et patrimoine: le cas des villes. In: I Congrés internacional sobre literatura i corrents territorials: La construcció literària del territori, Gérone (Espagne), 8-9 octobre, 2015, p. 1-34

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:77629

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Littérature, géographie et patrimoine: le cas des villes”

Bertrand Lévy, dpt de géographie, Université de Genève

Retour aux fondamentaux : Géographie et littérature :

- un auteur, une voix singulière qui me parle, un texte que je lis avec passion - une mode de communication intime, une conversation secrète avec l’auteur.

- L’interprétation du texte : le fait de rendre public une partie de cette conversation, donc, le non-dit peut-être aussi important que le dit.

Mon premier auteur avec qui j’ai eu cette conversation privée

publique : Hermann Hesse, ca 1927 Source des images :

© Fondazione Hermann Hesse, Montagnola

© Volker Michels Editionsarchiv, Offenbach H. Hesse, Village, 1922, aquarelle am Main

Il n’est pas un auteur de la ville, sauf dans le cas du Steppenwolf, mais plutôt un poète de la nature. Il m’a donné accès à la nature, m’a transmis des codes

- mieux comprendre la nature, mieux l’apprécier mieux la vivre.

I Congrés internacional sobre literatura i corrents territorials: La construcció literària del territori Université de Gérone, 8-9 octobre 2015

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On pourrait trouver des auteurs qui ont eu le même rôle pour la ville :

Flaubert de l’Education sentimentale, Luc Dietrich de l’Apprentissage de la ville, et un livre d’adolescence : Jean qui rit et Jean qui pleure, qui m’introduisait à la complexité des rapports humains dans la ville (un café sur le bd des Capucines à Paris)

Puis le Saint-Pétersbourg de Dostoïevski, Le Los Angeles de John Fante, le Barcelone de Francisco Ledesma (Les rues de Barcelone)

La découverte de Genève dans la littérature ne se fit pas à travers une compilation ou une anthologie littéraire, mais à travers un 1er auteur : Georges Haldas,

Georges Haldas, 1917-2010 Source :

Blog littéraire de Jean-Louis Kuffer, « Grand écrivain de la relation » 29.10.2010

auteur très territorialisé, attaché à des quartiers populaires, à des lieux comme les cafés qui me livrait une histoire secrète, clandestine, obscure de ma ville. Café « Chez Saïd »bd Carl-Vogt, Genève, n’existe plus (quartier en voie de gentrification). Patrimoine littéraire genevois.

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LA THEORIE : LA PHENOMENOLOGIE, UNE PHILOSOPHIE RELATIONNELLE, EXISTENTIELLE ETUDE DU MONDE VECU, DE

L’ESPACE SENSIBLE

CONCRET

ESPACE PERÇU

ESPACE VECU

ESPACE REPRESENTÉ ESPACE CONÇU

ABSTRAIT

(Henri Poincaré, «L’espace sensible», Des fondements de la géométrie, The Monist, 1898) :

L’espace du géomètre est pris dans les 3 axes de coordonnées X, Y, Z,

alors que l’espace sensible est appréhendé par autant de fibres nerveuses que nous avons.

Il n’est pas seulement plus complexe, il est plus intéressant de rendre compte de l’espace vécu, connu et imaginé.

LA CARTE N’EST PAS LE PAYSAGE

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GEOGRAPHIE HUMANISTE : L’ETRE HUMAIN AU CENTRE D’ENVELOPPES SUCCESSIVES

LES RELATIONS ENTRE LE MOI ET LE MONDE, ET ENTRE LE MONDE ET LE MOT

LA GEOGRAPHIE HUMANISTE MET L’ACCENT SUR LES EXISTENCES INDIVIDUELLES DANS L’ESPACE, SUR LEURS CONNAISSANCES ET LEURS EXPÉRIENCES, ET SUR LA RECHERCHE DU SENS, SUBJECTIF, SOCIAL ET SYMBOLIQUE, DES LIEUX ET DES PAYSAGE.

RETOUR A LA METHODE BIOGRAPHIQUE ET EXISTENTIELLE

RECHERCHES SUR LES POSSIBILITES D’EPANOUISSEMENT PERSONNEL DANS L’ESPACE- TEMPS ET LA SOCIETE

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Humanisme de la Renaissance : on étudie d’abord les vitae florentines d’hommes célèbres (14e), puis viennent les premières peintures (15e) et les premières cartes régionales (16e s.)

Dans l’Humanisme contemporain, on étudie surtout l’homme et la femme dans leur quotidien (espace vécu), mais la notion de « modèle » reste présente, afin de tendre

vers un idéal de vie, de pensée…

« La topographie naît en parallèle de la biographie » (Jakob Burckhardt, La Civilisation de la Renaissance en Italie)

Retour au paysage ; « conquête du visible » (15e-16e)

Dante Alighieri, par Domenico di Michelino, Florence, 1465 (fragment, Dôme de Florence). Source : Wikipedia

Première biographie : Vita di Dante par Boccace, 1364

Rapport du global (Tour de Babel) au local (1er livre en italien).

Un livre, une ville, Florence

Inventer la langue, c’est inventer un paysage visible, lisible.

Fierté identitaire, dans l’écriture, l’architecture, le paysage urbain.

Le livre, instrument de liberté et de création, s’oppose à la babelisation, (forme d’esclavage)

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LA GEOGRAPHIE HUMANISTE NE PART PAS D’UN DECOUPAGE SPATIAL (LA VILLE, LA REGION…) MAIS D’OPERATIONS MENTALES, DONC D’UN RAPPORT A L’ESPACE.

LA GEOPOETIQUE : UN RAPPORT A LA TERRE

UNE GEOGRAPHIE DE L’EXPERIENCE :

QUATRE OPERATIONS MENTALES DIRIGEES VERS L’ESPACE

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LA PERCEPTION DES 5 SENS ET L’ESPACE

Aperception synesthésique :

sensations multiples et effet d’entraînement

LA GEOGRAPHIE HUMANISTE S’INTERESSE EN PARTICULIER AUX PHENOMENES « INTERNES » A L’HOMME : LES SENSATIONS, LES EMOTIONS, LES SENTIMENTS, LES ATTITUDES, LES

COMPORTEMENTS, LES VALEURS (+ LA MÉMOIRE).

CES PHENOMENES HUMAINS QUI EMERGENT LORS DE LA RENCONTRE ENTRE LE MOI ET LE MONDE, ENTRE L’INDIVIDU ET LE PAYSAGE, ENTRE LA PERSONNE ET LA COMMUNAUTE HUMAINE.

Source : Paul Rodaway, Sensuous Geographies : Body, Sense, and Place, Routledge, London, 1994, p. 27

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QUELQUES TRAVAUX DE GEOGRAPHES CONTEMPORAINS SUR GEOGRAPHIE, VILLE ET LITTÉRATURE

Marc BROSSEAU : a travaillé sur la perception olfactive de la ville dans la littérature (perception non visuelle). Thèse de doctorat : Le Parfum de Patrick Süsskind, in Des romans-géographes, 1996

BROSSEAU, Marc (2006) « Los Angeles vue d'en bas : représentations de la ville dans l'œuvre de Charles Bukowski ». Revue des sciences humaines (284) Octobre-Décembre 2006

BROSSEAU, Marc (2008) « L'espace littéraire en l'absence de description : Un défi pour

l'interprétation géographique de la littérature ». Cahiers de géographie du Québec, 52(146) : 419-437.

Théorie littéraire (critique). Montre qu’il existe des romans écrits par des personnes sous forte contrainte du milieu (des « marginaux ») qui n’ont pas le loisir, ou qui font le choix, de réduire au minimum la description des lieux et surtout de paysage. Parfois aussi, il peut s’agir d’une

absence de talent pour l’art paysager, qui est un art bourgeois (Claude Reichler).

BROSSEAU, Marc (2002) "It isn't the place that does the writing: lieux et écriture chez Bukowski". Géographie et cultures. (44) : 5-32. (provocateur)

En fait, il y a des atmosphères, des micro-lieux, le plus souvent intérieurs chez B.

M. Brosseau montre que la littérature est parfois une « anti-géographie ».

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Donc le lieu et le paysage peuvent être réduits à leur portion congrue :

Blaise Cendrars : Trop de géographie nuit à la géographie. Sous-entendu à l’imagination du lecteur. Géographie indicielle, minimale, parfois très efficace, comme dans le polar, ou le haïku.

(Paulo Coelho, dans Onze minutes, relate la perception de l’espace et de la société par une prostituée brésilienne à Genève, procède de cette manière. La narratrice ne s’intéresse guère à l’espace (paysage). C’est plutôt une scène, un théâtre de la géographie du pouvoir (Claude Raffestin). Des relations de pouvoir dissymétriques créent une perception très déformée de la ville (anamorphose).

Laurent MATTHEY, « Quand la forme témoigne : réflexions autour du statut du texte littéraire en géographie », Cahiers de géographie du Québec, vol. 52, n° 147, 2008, p. 401-417.

Questions de méthode - Trois approches ( BL, quatre) :

1) questionner le texte littéraire à des fins documentaires, c’est-à-dire, rechercher au sein du texte des renseignements ou des indices qui permettent de mieux documenter l’espace de la ville, son histoire. C’est l’approche qui favorise le réalisme topographique ou historique et qui permet d’aller à la rencontre du réel sous la plume de l’auteur Cartographie littéraire

2) la deuxième approche méthodologique consiste à approcher le texte comme le recueil d’une

« expérience humaine du monde », donc d’en déceler l’épaisseur existentielle. En quoi un espace vécu dans la littérature reflète-t-il les aspirations d’un auteur (géographie humaniste) : 1) +2), l’aspect documentaire et existentiel.

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Derrière un texte se cache un auteur, avec ses doutes, ses espoirs, ses exaltations, et les marques de son existence se projettent, d’une manière ou d’une autre, dans son écriture.

(Ce n’est évidemment pas l’avis des structuralistes pour qui le texte doit être analysé pour lui-même.)

3) Une troisième approche : le texte littéraire se voit attribuer un rôle de souffleur. Le dialogue que le chercheur noue avec l’espace littéraire, spécifiquement l’espace

romanesque, permet d’entrer dans des dimensions que « seul le roman peut découvrir » (Kundera, cité par Brosseau, 1996 : 98). J’aime assez cette expression de souffleur ; l’auteur (ou le narrateur) peut « souffler » au lecteur des comportements, des expériences possibles de l’espace. L’auteur souffle aussi des mots, il agit comme un révélateur. Ex. : entrer dans la rade Genève comme dans un tableau classique (Gonzague de Reynold) Rôle

«visionnaire» de la littérature.

4) Une quatrième approche est celle de la géopoétique, inaugurée par Kenneth White et des auteurs tels Rachel Bouvet, Georges Amar, Alexandre Gillet… Le texte littéraire fait partie d’une poétique du monde qu’il s’agit de déchiffrer et d’amplifier sous l’angle du rapport à la Terre. Par exemple, ce qui, dans la ville, nous rappelle à ce rapport à la Terre (plutôt qu’à la « nature » - trop sentimental) : certains lieux, éléments, objets, personnes : parcs, bords de fleuve, marchés aux poissons ou aux fruits et légumes, une boutique de miel, de fleurs… mais aussi des lieux qui invitent au voyage, comme une gare, un port de mer, un cimetière. Ou une jeune fille en sari bleu (Kenneth White).

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QUESTION : UNE METHODOLOGIE GENERALE ET UNIVERSELLE EST-ELLE POSSIBLE ? Julien Gracq, En lisant, en écrivant (José Corti, 1988, pp. 179-180)

« En cartographie, le problème insoluble des projections naît de l’impossibilité où l’on se trouve de représenter sur un plan, sans la déformer, une surface courbe. Sur toute carte de quelque étendue, une distorsion se manifestera par rapport au réel, soit dans les

proportions entre les surfaces, soit dans le dessin des contours. Il n’y a pas à cela de

remède, mais il existe un palliatif ; à condition que la surface représentée soit très petite, en deçà d’un certain seuil de grandeur la déformation pourra être tenue pour négligeable.

J’ai tendance à croire, pour un domaine d’étude objective, qui m’est accessible comme la littérature, qu’un problème analogue se pose, un problème lui aussi insoluble. Seules,

presque toujours, en matière d’analyse littéraire, me convainquent par leur justesse immédiate les remarques qui naissent d’une observation presque ponctuelle

(les remarques de Proust sur l’emploi de l’imparfait chez Flaubert, précises quant à leur objet, limitées quant à leur portée, en seraient un bon exemple). Tout ce qui théorise, tout ce qui généralise par trop dans la « science de la littérature », et même dans la simple

critique, me paraît sujet à caution. Un impressionnisme à multiples facettes, analogue à ces fragments de cartes à très grande échelle, impossibles à assembler exactement entre eux, mais aussi, pris un à un, presque rigoureusement fidèles, c’est peut-être la meilleure carte qu’on puisse dresser des voies et moyens, des provinces et chemins de la

littérature. »

Métaphore (borgésienne ?) et qui pose la question suivante, grave : 11

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les études les plus systématiques, celles qui cartographient méthodiquement les plus vastes zones de la littérature n’introduisent-elles pas le plus de distorsion ?

D’où, je pense, la nécessité, de travailler sur des sujets à périmètres bien circonscrits, comme la littérature d’une ville ou d’une région, ou le rapport d’un roman d’un auteur à une ou deux villes, etc…

Là, nous bénéficierons non seulement de points d’appui mais de ce qu’on appelle en cartographie, des points ou des lignes de tangence entre le plan et la sphère.

C’est en s’appuyant sur ces centres ou sur ces lignes de projection qu’on peut ensuite tisser une toile d’araignée.

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Mon travail :

Géographie humaniste

Rencontre auteur/lecteur : intersubjectivité +intercompréhension mutuelle caractéristique de la littérature. Expérience intime du lieu ; comment vit, voyage et se déplace l’auteur ; son rapport vécu à la ville; topophilie / topophobie (Yi Fu Tuan).

Géographie culturelle, urbaine, historique…

Comment la ville apparaît sous divers éclairages,

comment elle est décrite, expliquée, ressentie, rêvée. Quartiers parcourus, lieux et paysages décrits ou évoqués. Approche pluri-focale sur un espace.

Méthode comparative (comparaison ou confrontation) de points de vue d’auteurs.

Commentaire critique, une interprétation

Méthode herméneutique (Gadamer). J’essaie de poser les questions pertinentes / texte.

Approche non structurale, mais « capter l’essence du mot » (Pocock, Humanistic Geography and Literature, 1981). Parfois s’arrêter sur un mot ou une expression.

Travail sur le langage : métaphores spatiales, géographiques, comparaisons, simile (Yi-Fu Tuan, « Sign & Metaphor », AAAG, v. 68, 3, 1978, 363-372).

Intertextualité.

Dans le cas d’un récit de voyage, j’applique les 4 fonctions du récit de voyage (Claude Reichler) : 1 ) épistémique, 2) testimoniale, 3) esthétique, 4) (pratique – guide de voyage)

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Préface, pp. 7-25

Famille spirituelle d’auteurs (échos)

Auteurs français qui découvrent Genève : proximité géographique/

distance mentale

Codes nationalo-

linguistiques proches mais différents

(France/Genève) : questions d’identités

Texte prototype : noyau Stendhal (Mémoires d’un touriste, 1837)

Approche pluri-focale des lieux (urbanisme, mœurs, religion, traditions…)

1e éd. 1994, 2e éd. augm. 1997, 3e éd. 2000.

TEXTES INTEGRAUX : OUVRAGE OU CHAPITRE EN ENTIER

+ TABLE DES SOURCES 14

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PROBLEMATIQUE (THEORIE, METHODE, MODELE D’ANALYSE, INTENTIONNALITE)

THEORIE : humaniste et culturelle. Existentielle (Espace de vie de l’auteur/Espace vécu des personnage). Culturelle : une aire géographique (le Grand Genève). Regards croisés d’auteur ; approche multi-focale. Postulat : La littérature exprime les tendances lourdes de la territorialité (Piveteau).

METHODE ET MODELE D’ANALYSE :

Délimiter le corpus des auteurs : autour d’un noyau, Borges (intertextualité avec autres auteurs latino-américains ou hispanophones), italophone, francophone. Préférences personnelles.

Commentaire, conversation avec les textes en m’appuyant sur le rapport au lieu de chaque auteur. Nécessite : étude biographie de chaque auteur + observation des lieux décrits.

Pas de carte, mais cartographie, topographie mentale reconstituée. Axes d’interprétation

d’ordre culturel : Genève, ville carrefour Nord/Sud, culture latine/germanique – celtique anglo- saxonne (Borges)

INTENTIONNALITE : saisir les 1) rapports des auteurs du Sud/Genève et 2) les rapports des auteurs genevois Sud, en particulier à la latinité. Détecter les racines culturelles de la

méridionalisation de Genève.

http://www.rts.ch/archives/tv/information/hommages/4199590-hommage-a-borges.html

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2002, 400 p.

MANDAT DE RECHERCHE FNRS

Image de la ville comparée dans 3 sources documentaires : - littérature, guides de voyage, promotion touristique

Fonctions de la littérature / paralittérature touristique : critique, dénonciatrice, révèle la face obscure de la ville pas nécessairement des lieux obscurs, mais voit

différemment les lieux, leur ombre autant que leur lumière.

Choix d’auteurs locaux et étrangers (50/50).

Lieux parcourus : pas très différents de ceux du public, mais éclairage original, poétique, métaphysique…

Axes d’observation et d’interprétation des auteurs étrangers:

- la ville autochtone / la ville touristique - la ville autochtone/la ville internationale - ville haute/ ville basse (quais, lac…)

Critiques des auteurs : ville aseptisée (quais), neutre,

conformiste, ennuyeuse ; quais monotones, trop rectilignes ; ville internationale coupée de la vie autochtone.

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APPLICATIONS D’UNE ETUDE GEO-LITTERAIRE :

Effets sur le réel

1. Polémique avec l’Office du tourisme, pressions politiques, économiques (des hôteliers)…

2. « Digestion » des critiques par milieux touristiques (2-3 ans) 3. Amélioration de la situation : efforts sur

- l’accueil : « Accueil chaleureux, visiteurs heureux »

- aménagement des quais (moins rigides et rectilignes ; meilleur rapport à l’eau : projet de plage)

- rapport plus festif avec l’espace

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Rosa Regàs Genève. Portrait de Ville par une Méditerranéenne, 1e éd. Ediciones Destino, Barcelona, 1988,

Colección Las Ciudades.

Trad. en français en 1997, éd. Metropolis, Genève.

rééd. Seix Barral. Barcelona, 2002.

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Rosa Regàs Genève. Portrait de Ville par une Méditerranéenne, 1997

Comment vivent les Genevois

Bien que les habitants de cette ville soient pratiquement tous des étrangers d'origines diverses, récentes ou anciennes, ils ont un comportement extrêmement uniforme, une échelle de priorités identique, et des buts absolument similaires, comme s'il y avait un modèle de Genevois parfait, qui se reconnaît par le simple fait d'arriver dans la ville et de vivre sous ses cieux, et qu'il faille s'accommoder et s'adapter de manière rigoureuse pour accéder au « statut » de Genevois.

Il est intéressant d'observer le comportement des uns et des autres dans les relations les plus superficielles. Il existe une certaine amabilité formelle qui fixe les limites dans la manière d'appréhender une relation. Elles sont définies au préalable, et en aucun cas il ne faut interpréter cette amabilité comme un début d'amitié, ni un désir de relation, ni

encore moins un type d'intimité, c'est-à-dire que cela commence et se termine en même temps. Les manières de dire au revoir ou bonjour du Genevois sont infinies. « Bon après- midi », « bonne fin d'après-midi », « bon soir », « bonne fin de soirée », « bon week-end »,

« bonne fin de week-end », « bonne fin de dimanche », et jusqu'à « bonne fin

d'ascenseur », comme disait cette Espagnole en sortant d'un ascenseur au deuxième étage à ceux qui restaient, ce qui lui parut le plus naturel du monde.

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« Pareillement », « vous aussi », « de même pour vous », répond l'intéressé, précédé de l'éternel « merci » qui peut s'utiliser constamment, c’est-à-dire à la place de toute autre expression. « Merci » en sortant ou en entrant dans n'importe quel endroit, en recevant un billet, en le montrant, en achetant des bonbons, quand on reçoit un coup, quand on en donne un, et en plus c'est un mot qui est interchangeable avec « pardon ». On peut dire soit l'un soit l'autre. Il faut simplement choisir l'un ou l'autre. C'est une habitude si enracinée qu'une Genevoise madrilène rentrant dans ses terres en vacances donna au conducteur d'autobus son billet et lui dit : « Merci beaucoup. » « Merde !, répondit le conducteur, comme Madame est raffinée aujourd'hui… »

Les Genevois prononcent toutes ces formules avec l'accent chantant caractéristique du français genevois qu'on peut imiter jusqu'à la parodie et choisir l'expression la plus insolite, sans que ni l'un ni l'autre ne provoque aucun étonnement.

Ceci dit, l'amabilité se termine et le sourire stéréotypé se convertit en horrible

grimace quand il arrive à quelqu'un la malencontreuse idée de poser une question. Il ne faut pas poser de questions. Jamais, parce que tout est indiqué, jusqu'au détail le plus minime. Aussi bien dans la rue que dans les magasins, les restaurants, les autobus, les églises, les terrains de football, les routes, les capsules des bouteilles ou les emballages des boîtes. Si vous ne trouvez pas ou ne savez pas un prix, ou si vous ouvrez mal une boîte de lait, ou si vous avez perdu je ne sais quoi, la faute vous en incombe, et à vous seul, pour ne pas avoir fait attention aux indications.

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Et ainsi, si en plus de ne pas être attentif à ce que vous faites, vous vous permettez de déranger des citoyens malgré des indications tellement évidentes, vous recevrez une réponse tranchante et précise accompagnée d'un rictus de mauvaise humeur et de

mépris qui vous donnera une information sur la faute que vous venez de commettre plus que sur ce que vous désiriez savoir.

Un jour j'ai apporté à une blanchisserie six chemises à laver et repasser et quand je suis allée les chercher elles n'étaient pas prêtes. La femme était si agacée de ce qu'elle

considérait comme une faute évidente qu'elle me traita comme si j'en étais responsable.

Je lui dis qu'elle ne devait pas s'en faire et que je reviendrais le jour suivant. Mais elle continua de grogner parce qu'elle n'arrivait pas à se mettre en tête que, si le reçu

marquait tel jour et telle heure pour venir reprendre le linge, les chemises n'étaient pas prêtes. Quand le jour suivant, avec un air gentil et compréhensif, et sûre de moi pour une fois, je suis retournée les chercher, la femme me reçut comme une furie :

— Qu'est-ce que j'avais cru ! « Ce n'étaient pas des chemises. C'étaient des blouses. C'est pour ça qu'elles n'étaient pas là. C'était pas ma faute. C'était la vôtre. Vous avez menti.

Les blouses on ne les met pas dans la machine à repasser. Ça va vous coûter beaucoup plus cher, et en plus j'ai perdu mon temps et il y a beaucoup de travail. Comme si je n'avais pas autre chose à faire que de regarder si ce sont des chemises ou des blouses.

C'étaient des blouses, pas des chemises. Vous n'avez pas le droit de les mettre avec les chemises… »

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— « Madame – lui ai-je dit d'une voix timide –, ne me grondez plus. S'il vous plaît, Madame, j'ai besoin d'amour. »

À partir de ce moment, j'ai utilisé cette réponse de temps en temps : « J'ai besoin d'amour », dis-je en les interrompant, et les gens se taisent, étonnés. Ils croient que je suis folle et me laissent en paix.

La blanchisserie était pleine de monde qui écoutait patiemment une réprimande qui, à leur avis – s'ils en avaient un –, était complètement justifiée. Leur visage était indéchiffrable, et j'avais beau chercher un geste amical d'un côté ou d'un autre, un sourire complice face à cette avalanche d'invectives, je ne parvins pas à rencontrer un seul regard. Les yeux fixés sur un point éloigné, tous paraissaient s'être immobilisés, sauf la femme qui continuait à gronder, vociférer et gesticuler.

J'étais sur le point de hurler : « Allez, ça suffit ! » Mais finalement j'ai trouvé quelque chose de mieux :

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Les quais de Genève (Rive gauche), vers 1850

Source : Hendrick Johannes Knip, Vue de Genève depuis le quai de Cologny,

in Barbara et Roland de Loës, Genève par la gravure et l’aquarelle, Galerie de Loës, Genève, 1988, pp. 256-257.

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Baby Plage, Rive gauche

Source : Genève Tourisme Source : photo Sébastien COLSON, Le Dauphiné (en ligne), 07/07/2013

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Rive gauche, Genève, Projet de Plage

des Eaux-Vives,

Ouverture prévue : 2019 - casse la linéarité du quai ; - remblais du RER (CEVA) - renaturation ("lagon")

Source :

Etat de Genève, 2015

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Switching the Scale

Posted by Anneka Weber on Friday, January 27, 2012 Source : http://www.literaturatlas.eu/

Espace euclidien + cartographie qualitative :

montrer l'intensité d’une action littéraire dans l’espace

CARTOGRAPHIE LITTERAIRE : comment cartographier "la diversité prodigieuse" de la vie ou du roman ? EXEMPLE DE L'ATLAS LITTERAIRE DE L’EUROPE

Courant : « Mapping literature »

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Critique : typologie des sentiments (réductionnisme)

Dreams, Longings, Memories – Visualising the Dimension of Projected Spaces in Fiction Posted by Anneka Weber on Thursday, January 9, 2014 · Leave a Comment

Source : http://www.literaturatlas.eu/

Essais de nouvelle légende de symbolisation graphique de lieux littéraires, ici selon leur valeur sentimentale

(lieux du rêve, du désir, du souvenir) et selon l’échelle géographique

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Représenter des parcours (d’écrivains, de

personnages

romanesques) ici celui de Raskolnikov dans

Crime et Châtiment de Dostoïevski.

Travail scientifique (anglais). Texte sur

l’ambiguïté de représenter cartographiquement des lieux littéraires.

Parcours alternatifs/

guides officiels russes, moins créatifs, et répercutant l’image de mythes anciens sur Dostoïevski.

Source : Sarah J. Young, project leader on Mapping St Petersburg, lecturer in Russian at UCL SSEES,

John Levin,technical leader for Mapping St Petersburg, University College, London

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Typologie des lieux littéraires dans Crime et châtiment de Dostoïevski

Source : Sarah J. Young, project leader on Mapping St Petersburg, lecturer in Russian at UCL SSEES,

John Levin,technical leader for Mapping St Petersburg, University College, London

Source :

http://www.mappingpetersburg.org/site 30

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PATRIMOINE URBAIN/LITTERAIRE

Problème de l’authenticité des lieux actuels/lieux du passé. Maison où a vécu Dostoïevski, de 1847 à 1849 Saint-Pétersbourg. Positif : découvrir les transformation de l’aménagement des lieux de manière détournée. Le patrimoine littéraire sert à redécouvrir le patrimoine urbain, voire dans le meilleur cas à le protéger (classement de maisons d’écrivains, de cafés littéraires…)

Source : photo Maria Gal, Saint-

Pétersbourg, 17.11.2011

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ITINERAIRE SUGGERE DES ECRIVAINS SCANDINAVES DE LA MODERNITE A PARIS 1880-1905 (HAMSUN, STRINDSBERG, IBSEN…) par Sylvain Briens, thèse de doctorat

Ici, le langage subjectif n’entre pas en conflit avec le langage objectif.

Source : Sylvain Briens, Paris, laboratoire de la littérature scandinave moderne 1880-1905, L'Harmattan, 2010. 32

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https://www.youtube.com/watch?v=Ivx-6kYjtNQ Découverte récente :

Atlas littéraire des terres de Gérone, Université de Gérone, 2007

http://www.atlesliterari.cat/atlesWeb/faces/index.jsp J'ai découvert que Mercè Rodereda a vécu à Genève de 1954-1972.

" L'any 1954, Mercè Rodoreda i Armand Obiols es traslladaren a un apartament al número 19 del carrer de Violet (Vidollet), en un barri burgès de la ciutat de Ginebra. En aquesta ciutat, sempre s'hi sentí exiliada i, fins i tot, reconegué que Ginebra «és una ciutat molt avorrida, apta per escriure».[38][39] (…)"

"Visc en un estudi molt bonic, damunt d'un parc, amb una casa de set pisos al davant, però bastant lluny. Per un costat un tros de llac, i per l'altre, el Salève. Vista des de la meva terrassa, és una muntanya bastant lletja, perquè té molts trossos pelats i sembla que estigui malalta.

Quan el dia és clar, veig l'acabament del Mont Blanc.[39]"

— Mercè Rodoreda, Entrevista per Baltasar Porcel a Mercè Rodoreda (1972) (Wikipedia)

Mariàngela Vilallonga

Revista de Girona F núm. 247 març - abril 2008 E [187] 71-77

« L’eclosió literària Ginebra » (sur Mercè Rodereda)

Ferdinand Hodler, La rade de Genève et le Salève (1878). Source : MutualArt.com

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CONCLUSION

Grande peine à lier la dimension existentielle (individuelle) de l’espace à la dimension sociale du territoire, car beaucoup de contradictions et d’ambiguïtés. Mais essais très créatifs qui

donnent à réfléchir.

L’auteur vit le plus souvent en marge et parfois en opposition avec les pratiques sociales dominantes qui ont lieu sur le territoire. Il y a tout un jeu de décalage, de décentrement, d’éloignement, d’aller et retour entre un auteur et un territoire.

Donc, si on cherche cartographier la vie et l’œuvre d’un écrivain, on superpose des

conceptions différentes, plusieurs niveaux de l’appréhension de l’espace (un espace euclidien, isomorphe), un territorial (social), et un espace existentiel (individuel).

Dans cette superposition peuvent naître de nouvelles sources de compréhension entre un auteur et un territoire, des discussions aussi, des contradictions : mais n’est-ce pas un trait de la science que d’émettre des propositions, parfois audacieuses et réfutables, mais qui nous éclairent toujours d’une manière ou d’une autre sur le sujet qui fait l’objet de notre Colloque ? Je vous remercie.

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