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Conclusions de recherches géologiques dans le Val d'Aoste:
pétrographie
AMSTUTZ, André
AMSTUTZ, André. Conclusions de recherches géologiques dans le Val d'Aoste: pétrographie.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, 1961, vol.
253, p. 2552-2554
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:150890
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GÉOLOGIE. Conclusions de recherches géologique dans
le
Val d'Aoste;pétrographie. Note (*) de M. ANDRÉ AMSTUTZ, présentée
par
M. Pierre
Pruvost.
1. Le Paléozoïque Saint-Bernard de la vallée de Cogne (Arch., I95I) et le Paléozoïque Saint-Bernard du large secteur médian Etroubles-Liddes (Arch., ig5g) doivent tous deux être considérés comme des éléments d'une
« couverture postorogénique hercynienne, permocarbonifère» et sont essen- tiellement faits de
x. gneiss albitiques à grain fin (gn. minuti)
dérivant
de volcanites acides,en
.
majeure partie rhyodacitiques, tufsmicaschistes,quartzites,
arkoses, conglomérats, phyllades,ou ignimbrites, remaniéesetc. prove-ou non;nant
de la désagrégation des volcanites précédentes ou du socle antécar- bonifère, dans des conditions postorogéniques continentales quemontrent
aussi les intercalations charbonneuses ou
graphiteuses;
Y. granodiorites plus ou moins diaphtorisées en gneiss albitiques non minuti restes de cheminées d'appareils volcaniques permocarbonifèresou restes de foyers subvolcaniques connexes des montées diapiriques de magmas acides
résultant
de la fusion du bourreletinfracrustal
à la fin de la tectogenèse hercynienne (la grande masse de Cogne-Valsavaranche notamment).Lorsqu'en
ig5i
pour le Val d'Aoste et en I954 pour l'Ossola,j'ai
envisagéles gneiss albitiques minuti comme des roches volcaniques diaphtorisées, en
basant
cette notion sur une série de raisons d'ordre minéralogique,chimique, lithologique, paléogéographique et tectonique, on a pu se rendre compte, d'unepart,
de la grande extension du volcanisme permocarbonifère dansles zones Saint-Bernard, Mont-Rose et Sesia, et l'on a pu,
d'autre part,
comprendrequ'on s'était
longtemps égaré enattribuant
les gneiss albi- tiques des Alpes à un métamorphisme allochimique, à des venues sodiques, alpines ou hercyniennes. Iln'y
a là aucun allochimisme; iln'y
a qu'une simple diaphtorèse épi- ou mésozonale de roches volcaniques.2. Le Paléozoïque de la coupole Grand-Paradis, jumelle de la coupole Mont-Rose, est
fait
de ces deux complexesa. un ensemble de roches plus ou moins migmatisées
pendant
l'hercynien et diaphtoriséespendant
l'alpin,dérivant
probablement de sédiments dévoniens ou siluriens; avecpeut-être
quelques restes de cycles orogéniques antérieurs6.
sur les bords de la coupole, une « couverture postorogénique hercy- nienne, permocarbonifère » analogue à celle de la zone Saint-Bernard.On est donc loin de la « série cristallophyllienne formant une
unité
géologique homogène » édifiée
par
R. Michel dans sa grande étude du Grand-Paradis.3. Ce qu'on connaissait des roches de la nappe Emilius se
limitait
àces deux lignes de la carte au 100 oooe gneiss minuti varii anche prasinitici, micascisti, nzicascistz eclogitici a granato ed omfacite, gneiss psamitici grigi et ces deux lignes d'Argand,
I9II micaschistes
ou gneiss grenati fères à amphibole sodique avec noyaux éclogitiques souvent riches en omphazite.De leur âge, on ne connaissait rien.
Il importe donc de savoir
maintenant
que laplupart
des roches Emilius sonttout
àfait
analogues à celles du Permocarbonifère des zones Mont Rose et Saint-Bernard, et qu'elles proviennent aussi de la « couverture postorogénique hercynienne ». Elles n'en diffèrent quepar
une proportion plus grande de roches à faciès glaucophanique, qui les rend plus proches de l'ensemble pétrographique Sesia.Dans leurs gneiss albitiques minuti, prédominants, les projections volca- niques indiquées ci-dessous confirment pleinement ce que
j'ai
dit plushaut quant
dans les Alpesà l'origine des gneiss albitiques, qui occupent un tel espace.
xénolithefait
d'une roche métamorphique plissotée antécarbonifère, inclus dans un gneiss albitique à grain findérivant
d'une cinéri-te etprésentant
encore, au point de chute, sous l'ancienne base du bloc, uneincurvation .
fragmentsdes delits;
bloc projeté, inclus dans un gneiss albitique à grainfin et formés de lave pantelleritique, encore vacuolaire, qu'A.
Rittmann
a étudiée
d'une
manière, très complète;y. autres xénolithes; lapilli;
s. projections de lave dans cendres,
ayant
créé lesstructures
piper-noïdes qui sont discernables
aujourd'hui
encore dans quelques gneiss albitiques minuti.De même, le morcellement et la dispersion d'ophiolites dans ce Permo- carbonifère confirment ce qui a été dit plus
haut;
car, dès les premiers diastrophismes, les dykes basaltiques alpins ont dû se briser, se morceller, et leurs fragments ont dû se disperser facilement dans le milieuambiant
peu cohérent queconstituaient
les tufs permocarbonifères pas encore métamorphosés en gneissalbitiques.
4. Dans les Alpes, la schistosité résulte essentiellement, à mon sens, de laminages effectués au-dessous des surfaces principales de cisaillement
pendant
les subductions (phénomène primordial) ou de laminages opéréspendant
les glissements ou écoulements consécutifs (phénomène complé- mentaire et amplificateur).Autour
de Cogne et Valsavaranche, les condi- tions de gisementnepermettent
pasd'analyser
et de comprendre les causes premières de la schistosité d'une manière aussi complète que dans l'airedes nappes et racines simploniques; mais dans la nappe Emilius il y a de remarquables exemples de roches
ayant
ététransportées
en paquets, sansou presque sans déformations lors de l'écoulement,
et
setrouvant
aujourd'hui
dans un proche voisinage de roches trèsfortement
laminées (').Pour le métamorphisme épi- ou mésozonal effectué
pendant
les deux premières phases tectogènes, avec le rôle siimportant qu'ont tenu
alors le mouvement et latrituration
des roches, et pour les nombreux cas de méta- morphisme decontact
faits antérieurement entre marnes mésozoïques et basaltes ou péridotites, toutes les paragenèses décrites dans la Notice sont typiques et significatives.5.
Dans le glaciaire de la vallée de Cogne, quin'avait auparavant
jamais élé étudié et analysé,j'ai
fait les distinctions suivantes, avec toutes les indications cartographiques nécessaires et suffisantes.
restes de surface wûrmienne avec résidus de moraines lessivées.
phase de Gimillian, correspondant peut-être au Buhl;.
phase de Champlong, correspondant peut-être au Gschnitz;E. phase de Valnontey, correspondant peut-être au Daun.
Quant aux nombreuses masses écroulées, glissées, affaissées, des vallées de Cogne
et
Valsavaranche (environ une centaine sur la carte), elles sontde genres très divers et quelques-unes
d'entre
ellesauraient
pu servir determes de comparaison lors des décisions pour l'emplacement du barrage
de Valgrisanche.
6. La curieuse moraine de Gressan, près d'Aoste, dérive
d'un
glacier descendant de la crête Valetta-Drinc et comporte, à la suite l'une del'autre,
une crête morainique originelle et une crête résiduelle d'érosion.Elle ne
provient
pas, comme onl'a
cru, d'une phase Gschnitz des glaciers réunis du Grand-Paradis et du Mont-Blanc.Telles sont les principalesconclusions et notions nouvelles qui se dégagent
de mon
travail
dans le Val d'Aoste. Onpourrait
leur adjoindre beaucoupde réflexions découlant de toutes les
particularités
localesqu'indiquent
la carte, les profils et la Notice; mais cecisortirait
du cadred'un
accompa- gnement de la carte. Je termine donc ici, en espérant que beaucoup d'obser- vations seront faitespar
les géologues quiparcourront
leterritoire
quej'ai
cartographie, car, bien qu'une connaissance complète des choses ne soit pour ainsi dire jamais
atteinte,
en géologiesurtout, j'ai hâte
de voir un certain nombre destructures
précisées, de lacunes comblées, et,partant,
d'éprouver mieux encore la joie de comprendre. Je l'espèred'autant
plus que lesentiment
s'allie souvent à la possibilité de comprendre et que mes très nombreux séjours dans le Val d'Aostem'ont
beaucoupattaché
aux montagnes et vallées de ce magnifique pays, dontl'architecture
et lerelief donnent une telle impression de grandeur et d'équilibre.
(*) Séance du 20 novembre 1961.
(1) Dans un prochain travail je chercherai des rapports entre ceci et les nombreux travaux de M. Fourmarier sur la schistosité.