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La psychiatrie selon feu Félix Guattari (1)

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Revue Médicale Suisse

www.revmed.ch

18 avril 2012

actualité, info

en marge

Un livre est imprimé, des souve- nirs émergent. Ceux d’un temps où des journalistes pouvaient accom pagner un instant des phi- losophes sur le chemin de la psy- chiatrie ; pour le plaisir, ou presque. On exagère bien sûr. On le fait comme doivent, dit-on, le faire les journalistes ; faute de quoi ils ne le restent guère. A dire le vrai, plus que d’exagération, c’est d’angle qu’il s’agit : montrer sous un angle donné pour (tenter de) mieux faire comprendre. Pos- tuler que tout ne peut être dit ; et dès lors accepter l’idée que rap- porter comme le font les reporters, c’est choisir parmi le réel l’histoire qui dira ce réel. C’est traduire, tout simplement.

Pour ce qui nous importe au- jourd’hui le livre qui sort des presses1 est publié par les Nou- velles Editions lignes en partenariat avec l’Institut Mémoires de l’édi- tion contemporaine. Les souvenirs que ce livre réveille sont ceux de faits datant d’un quart de siècle.

Un beau jour on prend place dans la voiture automobile de Félix Guattari sans très bien savoir qui il est ; sinon qu’il a un nom et une œuvre. Philosophe donc, mais aussi psychanalyste, militant à l’extrême, écologiste. Guattari a alors, avec Gilles Deleuze, tous les attributs de la star intellec- tuelle. En rit-il ? Ce jour-là on l’aura it juré, ou presque.

Départ du siège du Monde, rue des Italiens. Les Grands Boulevards.

Le périphérique. Direction le sud- ouest vers le riant Loir-et-Cher, commune de Cour-Cheverny, clini que de La Borde. Arrêt-buffet sur l’autoroute avant Orléans. On

rit, il dévore. On bavarde, il pense. Une jeune femme, char- mante, accompagne Félix, vorace et rêveur. Une partie de campagne, ou presque.

Qui se souvient aujourd’hui de ce qu’était La Borde, dans le monde des années 1980 et celui de la psy- chiatrie ? Ou plus précisément qui serait aujourd’hui capable de dire simplement ce que pouvait être cet espace ? Une grosse bâtisse du XIXe siècle, ses dépendances, un poulailler et des chevaux, des coch ons sans grilles, une lingerie sans blouses blanches. Le tout sur

quelques hectares de bois cam- pant sur les frontières de la Tou- raine et de la Sologne ; le tout im- mergé dans une folie qui pouvait prendre d’autres visages. On par- lait alors avec passion, à l’endroit de La Borde, d’une psychiatrie dif- férente et non d’une antipsychia- trie comme la mode, déjà, l’aurait voulu. Ainsi, au risque de déce- voir, il faut rappeler que La Borde ne fit jamais une croix sur les mé-

dicaments psychotropes ou sur la pratique des électrochocs.

L’aventure hors les murs de cette communauté thérapeutique a démar ré, ici, en 1953 lorsque le domaine fut acquis (à crédit) par le Dr Jean Oury. Expliquer La Borde ? Beaucoup s’y sont essayés.

Souvent sans se faire bien com- prendre. «Depuis sa création, résu mait volontiers Jean Oury, la clinique de La Borde s’inspire des mêmes principes, ceux de la psy- chothérapie institutionnelle.

L’établissement psychiatrique, qu’il soit dans ou hors des murs, est malade. Malade de sa dépen- dance financière vis-à-vis des sec- teurs étatiques ; malade du fait des nécessités inhérentes à sa ges- tion ; mala de du fait de la fonction qu’il assure pour la société (un lieu pour la… ségrégation) mais malade aussi de par son impré-

gnation par l’ensemble des "idées reçues" de cette société. Tout groupe – ou regroupe- ment – est "malade", traversé des phéno- mènes de contagion, de rivalités, terrain propice à la persécution, à la formation de "clans" ou à l’isolat défensif. Que peut alors devenir un malade psychotique ou simplement "fragile"

ballotté dans cette ma- ladie du groupe ? La psychothérapie institu- tionnelle refu se de faire l’économie de cette dou ble pro- blématique. Non qu’elle puisse la supprimer. Mais il est nécessaire d’en tenir compte et de la travail- ler pour s’adresser à un sujet. En ce sens, on peut la comparer dans son rapport avec la thérapie des psychoses, à ce qu’est l’asepsie à la chirurgie.»

Traduire un tel discours ? A La Borde, on trouvait des structures en perpétuel remaniement avec

néanmoins quelques invariants structurants : la liberté de circula- tion des malades et l’importance accordée aux clubs thérapeu- tiques et aux réunions de tous ordres (pour lutter contre le clas- sement, la hiérarchie massive, la ségrégation et l’uniformisation).

Rien d’autre ? Bien peu. Mais parce qu’elle bouleversait la pra- tique psychiatrique traditionnelle (soignants et soignés peuvent parfois échanger leurs rôles), parce qu’elle correspondait à une pas- sion intellectuelle pour la maladie mentale, parce qu’elle avait pris en charge des malades célè bres et parce qu’on y retrouvait M. Guat- tari parmi les soignants La Borde nourrissait un mythe bien vivace.

En ce début du printemps de 1987, le prétexte du reportage pour Le Monde n’avait rien de bien prestigieux : un différend budgé- taire avec la Sécurité sociale. De très graves difficultés pouvaient remettre en cause l’existence de l’établissement et le journal pari- sien avait été appelé à la res- cousse, La Nouvelle République du Centre-Ouest ne pouvant plus grand-chose pour faire entendre la raison. Car clinique privée mondialement célèbre, La Borde était aussi une clinique conven- tionnée, c’est-à-dire assujettie à un prix de journée par malade, fixé par la convention de la Sécu- rité sociale. Et les comptables d’Orléans entendaient que l’effec- tif ne dépasse pas 95 malades (contre 113). Soit, au prix de jour- née d’alors (moins de 400 francs français), la faillite assurée.

Le papier qui parut dans Le Monde eut-il un quelconque effet ? On peut raisonnablement en douter.

En novembre de la même année, on assista toutefois à un événe- ment sans précédent dans le pay- sage psychiatrique français : un groupe de quatre cents médecins

La psychiatrie selon feu Félix Guattari (1)

Caisse EGK :

68 000 assurés sont partis

Près de 68 000 assurés ont quitté la caisse maladie EGK. La caisse, sise dans le canton de Bâle-Campagne, a publié jeudi ce chiffre sur son site internet. EGK avait annoncé fin fé- vrier une augmentation de 11% de ses pri mes au 1er mai en raison du

manque de réserves.

Des dizaines de milliers d’assurés ont été surpris par l’annonce de cette hausse, qui touche 195 000 des 224 000 affiliés. Ces «ajustements de primes» sont les plus prononcés dans les cantons de Vaud, du Jura et de Genève. (...)

Plusieurs cantons se sont insurgés contre ce procédé avalisé par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Le Conseil fédéral a également an- noncé qu’il allait se pencher sur les

problèmes liés à l’annonce de haus- ses parfois très fortes. Il décidera dans les prochains mois si des me- sures concrètes doivent être prises en sus du renforcement de la surveil- lance.

Le PDG de la caisse EGK, Reto Flury, ignore encore quelles seront les con- séquences du départ des 68 000 assurés, a-t-il indiqué.

Le Temps du 7 avril 2012

Formation continue en infectiologie du CHUV pour médecins de premier recours

Ce programme est organisé par le Service des maladies infectieuses, en collaboration avec l’Association des médecins de famille (ex-AMOV) Lausanne, CHUV, Auditoire Auguste Tissot

Jeudi 3 mai 2012, de 9 h 00 à 12 h 00

agenda

CC BY twbuckner

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Revue Médicale Suisse

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1 Guattari F. De Leros à La Borde. Pré- face de Marie Depuissé. Photographies de Joséphine Guattari. Nouvelles Edi- tions lignes en partenariat avec l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine, 2012.

Le Conseil de la Fondation Asile des aveugles (FAA), la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l’Université de Lausanne et le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), mettent au concours le poste de

Professeur ordinaire d’ophtalmologie de l’Université de Lausanne

et

Directeur médical et médecin-chef de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin

Le poste est à repourvoir au 1er août 2013, après la retraite du titulaire, le Prof. Leonidas Zografos.

L’Hôpital ophtalmique fait partie de la Fondation Asile des aveugles (www.asile­

aveugles. ch), une institution privée qui assure le diagnostic, le traitement ainsi que les soins pour les affections ophtalmologiques, et comprend également des unités médico­sociales spécialisées pour les adultes et les enfants malvoyants. L’Hôpital, avec les consultations ambulatoires et les hospitalisations, est affilié au Centre hospitalier universitaire vaudois et à la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne. La recherche se concentre sur le développement des cellules souches et des thérapies géniques pour les maladies de la rétine et de la cornée, ainsi que sur les bases génétiques et cellulaires des maladies oculaires, en collaboration avec l’Institut de recherche en ophtalmologie (IRO) à Sion (www.irovision.ch).

Le titulaire du poste aura pour mission de coordonner et de superviser les activités médicales et chirurgicales, de développer sa propre activité clinique, d’organiser et de participer à l’enseignement aux niveaux pré­ et post­gradués, de promouvoir et déve­

lopper la recherche clinique et translationnelle, et de poursuivre une ligne de recher che indépendante. Il/elle collaborera étroitement avec le Directeur général et le Conseil de la Fondation afin d’établir les objectifs stratégiques et financiers de l’Hôpital et de les mener à bien.

Les candidats doivent :

• posséder un titre FMH en médecine/chirurgie ophtalmologique ou équivalent

• être au bénéfice d’une expérience confirmée en médecine/chirurgie ophtalmologi­

que et faire preuve d’excellence dans l’une des sous­spécialités

• posséder des compétences étendues dans la conduite de recherches cliniques et/ou fondamentales en ophtalmologie, sur la base de fonds externes

• faire preuve d’expérience dans l’enseignement pré­ et post­gradué et dans la for­

mation continue pour les ophtalmologues

• avoir une expérience réussie en management, y compris la gouvernance clinique, les ressources humaines, et les aspects financiers

• posséder une bonne connaissance du français – ou la capacité à l’acquérir rapide­

ment – et de l’anglais.

Le cahier des charges est disponible sur le site internet www.unil.ch/fbm/page64812.

html. De plus amples renseignements peuvent être obtenus auprès du Prof. Andrea Superti­Furga (asuperti@unil.ch), président de la commission de présentation.

Les dossiers de postulation, intégralement rédigés en anglais, comprendront le curri­

culum vitae, la liste des publications avec une copie des cinq articles les plus significatifs, une brève description du programme de recherche et de l’expérience d’enseignement ainsi que la copie des diplômes. Ils doivent être adressés jusqu’au 15 juin 2012, par courrier postal, au Prof. Patrick Francioli, Doyen de la Faculté de biologie et de méde­

cine, rue du Bugnon 21, CH­1011 Lausanne.

Des lettres de référence sont les bienvenues.

Soucieuse de promouvoir l’accès des femmes à la carrière académique, l’Université encourage les candidatures féminines.

psychiatres des hôpitaux publics lançait un appel pour tenter de sauver cette clinique. La Borde survécut.

«Félix est mort subitement à La Borde dans la nuit du 28 au 29 août 1992, il avait 62 ans, écrit Jean Oury dans le post-scriptum de l’ouvrage dont nous parlons. Il y a quinze jours, nous étions assis, l’un à côté de l’autre, et nous regar- dions une pièce de théâtre longue- ment travaillée par une vingtaine de «pensionnaires» ; il faisait beau, très beau, cette fin d’après- midi, sur la pelouse. Entourés de tout un monde bigarré, plein de passions subtiles. Je lui disais que ce serait bien de «retenir tout ça, pour enfin mieux articuler ce dont nous parlions depuis trente ans et que nous appelions, entre nous, sur sa proposition, un "objet institutionnel". C’est toute une histoire. J’en avais parlé à Lacan à l’époque ; peut-être pas l’objet "a", mais peut-être l’objet "b"… Pour- quoi pas m’avait-il répondu, en soulignant l’extrême difficulté…»

Trois ans avant de mourir, Félix Guattari nous avait accordé un entretien. Il fut publié dans Le Monde du 6 septembre 1989 – deux cents ans après la prise de La Bastille, ou presque – sous le titre «Il faut casser le caractère uniformément étatique de la psy- chiatrie française». Franco Basaglia était mort en 1980, David Cooper en 1986 et Ronald Laing le 23 août de cette année-là.

(A suivre)

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

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