Suivez le CESE sur www.lecese.fr
Le Conseil économique, social et environnemental
CESE ©Katrin Baumann
est la troisième assemblée constitutionnelle de la République avec l’Assemblée nationale et le Sénat. Le CESE favorise le dialogue entre les différentes composantes de la société civile organisée en assurant l’interface avec les décideuses et décideurs politiques.
Représentant des dizaines de millions de Françaises et de Français, les membres
du CESE sont immergés au cœur des problématiques de notre société. En fondant
leur travail sur le dialogue, l’écoute et la recherche de l’accord le plus large, ils
proposent des solutions pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain.
©Mar c Melki
VOUS ? C’ÉTAIT ET SI
« Grande pauvreté », présidée par Martine Vignau, s’est saisie du sujet des personnes vivant dans la rue.
Le 12 décembre 2018, le CESE consacre sa séance plénière à la présentation de l’avis « Les personnes vivant dans la rue : l’urgence d’agir » rapporté par Marie-Hélène Boidin-Dubrule et Stéphane Junique.
A cette occasion, le CESE expose les travaux du photographe Marc Melki :
EXILS INTRA-MUROS, reportage au long cours dans Paris, ET SI C’ÉTAIT VOUS ?, une action photographique, collective et solidaire qui mobilise de nombreuses personnalités sur la question de l’hébergement des sans-abri, devenue un livre publié par les éditions Actes Sud. Tous les bénéfices de la vente de cet ouvrage (10€) sont reversés à l’association Droits d’urgence.
Le CESE s’est engagé de longue date dans la lutte contre la grande pauvreté, à travers de nombreux travaux.
Interpellée par un nombre important de pétitions citoyennes, la commission
MUROS
INTRA
EXILS
En 2012, Exils Intra-Muros est un objet.
L’objet d’un mail d’alerte envoyé à mes contacts presse.A Paris des familles, roms pour la plupart (mais qu’importe), vivent et dorment dans la rue. La Mairie de Paris paraît débordée, l’Etat aux bonnés absents. Dans les faits, aucune prise en charge concrète, des mini campements s’installent ici ou là, une saison puis deux …
Les enfants ne sont pas scolarisés, s’abritent avec leurs parents dans des cabines téléphoniques qui font office de chambres …
Aujourd’hui 150 000 sans-abri sont recensés en France, au moins 20 000 vivent dans des bidonvilles, 3 000 en situation de rue chaque soir rien qu’à Paris, dont 500 enfants.
Un cauchemar républicain, le triptyque égalité, liberté, fraternité, est terriblement mis à mal. C’est une faillite morale, sociétale, sanitaire et économique. De 2012 à 2014 je photographie, publie dans la presse et sur les réseaux sociaux, je témoigne quotidiennement de l’insupportable, de l’indifférence, de l’insuffisante action publique.
A bout de souffle, usé par la répétition des mêmes images de détresse dans la ville ou à ses portes, je travaille sur ma colère et passe à l’action en juin 2014. Je décide d’inverser les rôles.
Et si c’était nous, un jour, qui nous retrouvions à la rue, désoeuvrés, en fuite ou persécutés ? Depuis 2015, les vagues migratoires se succèdent, à Paris l’extrême pauvreté est palpable à tous les coins de rue, dans le métro, à sa périphérie.
Pour sensibiliser l’opinion, mais surtout les pouvoirs publics, des personnalités (près de 100 aujourd’hui !) ont accepté d’expérimenter ce sentiment d’invisibilité qui touche tous les sans-abri : migrants intra ou extra-communautaires qui ont fui la guerre, les discriminations ou la misère, comme ceux qui ici trébuchent et se retrouvent à la rue. Exils Intra-Muros devient Et si c’était vous ? Je fabrique des remakes photographiques à partir des images de reportages que j’ai moi-même réalisées. Pour ces portraits, pas de pose ni de maquillage. Juste de vieilles couvertures et quelques cartons. Une photographie accompagnée d’un texte écrit par le sujet photographié, toujours porteur du même
message : « Nous demandons un hébergement digne pour toutes les personnes sans-abri et leurs enfants »
Et si c’était vous ? est une action photographique, collective et solidaire.
Faire dormir les uns afin de réveiller les autres.
Empathie, fraternité, humanité.
Une photographie comme une urgence de fraternité, comme une lettre ouverte à nos élus, à notre gouvernement, à notre président de la République. En France en 2018, des personnes seules, des mineurs isolés, des familles vivent et dorment dans la rue ou dans des bidonvilles. Des associations, des bénévoles, des citoyens indignés font ce qu’ils peuvent pour leur venir en aide. Le 115 du Samu Social est débordé, les centres d’hébergement sont saturés, et les évacuations à répétition ne font que jeter à nouveau à la rue des personnes sans-abri, les renvoyer dans d’autres bidonvilles ou à l’hôtel. Les enfants sont à nouveau déscolarisés. Ces solutions précaires coûtent extrêmement cher à l’État, mais ne règlent rien sur le fond. Il est temps que l’extrême pauvreté soit la priorité des politiques en France comme en Europe et qu’un vrai projet politique humaniste voit le jour.
Marc Melki photographié par Olivier Culmann
VOUS ? C’ÉTAIT ET SI MUROS
INTRA EXILS
Nous le répétons haut et fort : laisser des personnes vivre dans la rue ou dans des bidonvilles non seulement les prive de leurs droits fondamentaux, mais renforce la stigmatisation à leur égard, les expose aux manifestations de rejet et favorise la montée des populismes. Il est inadmissible que dans notre pays des enfants dorment sur les trottoirs, dans des bidonvilles et ne soient pas scolarisés.
Marc Melki fondateur du collectif Exils Intra-Muros et de l’action de sensibilisation Et si c’était vous ?
Le livre du même nom est publié aux éditions Actes Sud, tous les bénéfices sont reversés à l’association Droits d’Urgence, 10€.