Le dépérissement du hêtre
aude Luxembourg
E. LIES
Ingénieur Principal des Eaux et Forêts 16, rue Rochefort-Luxembourg.
Le hêtre constitue l’essence la
plus répandue
au Grand-Duché deLuxembourg.
Ainsi
plus
de la moitié de la forêtluxembourgeoise
se compose de hêtres.Longtemps
cette
précieuse
essence neposait
pas deproblèmes
dupoint
de vue sanitaire.Certes,
ledépérissement
du hêtre existe au Grand-Duchédepuis
des dizaines d’annéesdéjà. Mais,
il nes’agissait
engénéral
que dequelques sujets dispersés qui
venaient à sécher et dont le
repérage
etl’exploitation
s’avéraientparticulièrement
onéreux.
Ce fut en 1976 que la maladie est
passée
au stade del’épidémie
avec une intensitévariable selon les
régions. Ainsi, l’Oesling,
lapartie luxembourgeoise
des Ardennes(altitude
400-600 mNN)
a étéépargnée
defaçon générale,
mais le reste du pays(et
surtout larégion mosellane)
a été touchégravement.
Pour cette
partie
du Grand-Duché où la maladie s’est manifestéeessentiellement,
les donnéesécologiques
sont les suivantes :mvr;1.<nm+nrrR«
Quelles
ont été lesconséquences
de cette maladie ?Et
bien,
les coupes ont dû être concentrées dans lespeuplements attaqués
et levolume abattu à la suite du
dépérissement
du hêtre apris
desproportions impres-
sionnantes.
Ainsi,
il s’est élevé :- en 1977 à 15 000 m3soit 10 p. 100 de la coupe annuelle
totale,
- en 1978 à 45 000 m3 soit 25 p. 100 de la coupe annuelle
totale,
pour
retomber en 1979 à 25 000 m3 soit 15 p. 100 de la coupe annuelle totale.Exprimés
parrapport
au volumeexploité
enhêtre,
ces chiffres s’élèvent resp.à
20,50
et 30 p. 100 de la coupe totale en bois de hêtre.Pour le moment, il semble que la situation soit devenue moins alarmante étant donné que les
attaques toujours
actuelles sont de moindre envergure etplus dispersées.
Mais les interventions
parfois
excessives ont laissé leurs traces. Par endroit les coupes sanitaires nous ontobligé
àexploiter
un nombre d’arbres anormalement élevé de sorte que lagestion
normale de cespeuplements
n’estplus
assurée etqu’il
fautprocéder
à unerégénération
naturelle ou artificielle avant le termed’exploitabilité.
,Souvent la
qualité
des boisabattus,
surtout des individusgravement
atteints, nepermet plus
leur usage comme bois desciage.
Ils doivent être cédés comme bois de trituration avec une moins-value certaine.Quels
sont maintenant lespeuplements
lesplus éprouvés ?
Si la maladie sévit un peu
partout,
onpeut distinguer
deuxtypes
de forêtsparti-
culièrement touchées :- les
peuplements mélangés
de hêtre et de chêne croissant sur les marnes dusystème jurassique (Lias).
Dans des conditionsnormales,
la croissance du hêtredépasse
sur ces stations celle du chêne de sorte que le chêne
disparaît
s’il n’est paslargement
favorisé lors des éclaircies. Faute d’interventions en faveur du
chêne,
le hêtre finit par dominerlargement
et en cas de maladie une telle forêtrisque
d’être anéantiecomplètement.
Ceci vautégalement
pour letype
de forêt suivant ;- les
peuplements mélangés
dechêne,
charme et hêtre croissant sur les marnesdu
système triasique (Keuper, Muschelkalk).
Dans cespeuplements
lapart
du hêtreest normalement moins
importante (sol
souvent maldrainé)
de sorte que le nombre de chênes et de charmes est presquetoujours
suffisant pour assurer le maintien dupeuplement
même en cas dedépérissement
du hêtre.Si la maladie semble
apparaître
sur toutes les formationsgéologique
etpédolo- gique
du pays, une certaine concentration a pu être constatée sur les solslourds,
maiségalement
sur les solslégers superficiels (p.
ex. où la rocheaffleure),
donc sur dessols où
l’approvisionnement
en eau n’était pas assuré lors des années sèches telles que les années 1975 et 1976.Il en est de même des
expositions.
Si la maladie se manifeste sur toutes lesexpositions,
ce sont surtout lesexpositions
chaudes(et sèches) qui
sont lesplus
touchées.
Sont
également gravement
touchés lespeuplements qui
ont subi une insolationmassive à la suite d’une
percée (p.
ex. traversée d’unegrande
route, conduite d’eau oud’énergie)
ou à la suite de la mise à blanc dupeuplement adjacent.
Quant
àl’âge
despeuplements touchés,
il faut reconnaître que tous les stades sont touchés(du perchis
au vieuxbois). Certes,
laplupart
desfoyers
ont été constatésdans les vieux
peuplements. Mais,
il faut savoir que la trèsgrande majorité
de nospeuplements
de hêtre sontâgés
de 100 à 150 ans. Donc forcément laplupart
des peu-plements
touchésfigurent
dans ces classesd’âge.
Cequ’on peut dire,
c’est que dans lespeuplements âgés
lesfoyers
sontparfois
très étendus alors que dans lesjeunes peuple-
ments il ne
s’agit
engénéral
que dequelques
individus isolés. Cequi également peut
être grave s’il
s’agit
des arbres d’élite.Quant
auxjeunes peuplements touchés,
il fautajouter qu’il s’agit
surtout depeuplements
à l’état très serré.Que faut-il faire
pour venir à bout de cette maladie ?Certainement il faut
procéder
aux coupes sanitaires. Faut-ilégalement
éliminerrégulièrement
les rémanents de ces coupes pour réduire lesfoyers
de contamination àpartir desquels
se propage lapourriture
blanche ? Par ailleurs il ne nous restequ’à espérer
que les recherches aboutissentrapidement
à mieux connaîtrel’étiologie
decette
maladie
afin depouvoir
mettre en oeuvre une luttechimique
oubiologique
appro-priée
etéconomiquement supportable.
Enfin ne faut-il pas tâcher à mieux connaître