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La pandémie du coronavirus et l enseignement à distance au Maroc

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Academic year: 2022

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La pandémie du coronavirus et l’enseignement à distance au Maroc

Abdelaziz Berdi

Doctorant à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès, Maroc. abdelazizberdi@gmail.com Abdellah Sebbar

Doctorant à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès, Maroc.

Sara El Hadri

Doctorante à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès, Maroc

Résumé :

La crise sanitaire mondiale qui a touché le Maroc a poussé les autorités compétentes à prendre des mesures de prévention pour éviter la propagation de la pandémie. Les établissements scolaires, secondaires et supérieurs, les centres de formation et les universités sont alors fermés.

Depuis, l'enseignement se fait à distance tout au long de la période de confinement pour assurer la continuité pédagogique.

Ce texte discute la problématique de l’enseignement à distance (EAD) à travers l’analyse des différentes contraintes entravant sa mise en place dans le système éducatif marocain ainsi que les principaux leviers de son développement. Si le Covid 19 a accéléré l’adoption d’une telle pratique, l’EAD ne doit pas être une réponse conjoncturelle à une circonstance exceptionnelle mais pourra faire l’objet d’une stratégie globale et intégrée pour promouvoir notre système éducatif. Ce chantier implique un travail sur plusieurs fronts pour asseoir les piliers d’un enseignement solide basé sur les Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE).

Mots clés : Coronavirus ; enseignement à distance ; système éducatif marocain ; perspectives de développement ; TICE.

The coronavirus pandemic and distance education in Morocco

Abdelaziz Berdi

PhD student,, University of Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès, Morocco. abdelazizberdi@gmail.com Abdellah Sebbar

PhD student,, University of Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès, Morocco

Sara El Hadri

PhD student, Faculty of Legal, Economic and Social Sciences, University of Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès, Morocco

Abstract:

The global health crisis that has affected Morocco has prompted the authorities to take preventive measures to prevent the spread of the pandemic. Schools, secondary and higher education establishments, training centers and universities are then closed. Since then, teaching has been done remotely throughout the confinement period to ensure educational continuity.

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This text discusses the problem of distance education through the analysis of the various constraints hingering its establishment in the Moroccan education system as well as the main levers of its development. If Covid 19 has accelerated the adoption of this practice, distance education should not be a cyclical response to exceptional circumstances but may be the subject of comprehensive and integrated strategy to promote our education system. This project involves work on several fronts in order to establish the pillars of a solid education based on Information and Communication Technologies for Education (ICTE).

Keywords: Coronavirus; distance education; Moroccan education system; development prospects; ICTE.

Introduction

« La réussite d’un changement d’envergure repose pour 20% sur les aspects techniques et 80% sur les aspects humains ». Olivier d’Herbemont, 2012.

Dans la période contemporaine où « la science et la technologie jouent un rôle important dans l’économie de la connaissance » (Foray, 2000), le monde se digitalise de plus en plus. Ce processus se renforce davantage aujourd’hui avec les décisions de confinement suite à la pandémie du coronavirus. Du coup et depuis l’annonce de la propagation du Covid 19 au Maroc, le ministère de l’Education Nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MEN) a décidé l’arrêt des cours présentiels dans l’ensemble des cycles d’enseignements à partir du 16 mars 2020 et le lancement de l’EAD1.

L’objectif visé était de protéger les étudiants de cette pandémie et d’assurer la continuité pédagogique. La mise en place de plates-formes électroniques de l’EAD s’avère par conséquent nécessaire (télé, sites web, vidéo, etc.). Les enseignants et les administratifs sont alors mobilisés pour donner un nouveau souffle à cette pratique au sein de notre pays. Une démarche qui avait pour but l’enseignement scolaire sur deux plateformes : une digitale, intitulée « TelmidTICE » et l’autre audiovisuelle sur les chaînes TV (Athaqafia, Tamazight, Arriadya, Aloyounne) qui fournissent des leçons regroupées selon le niveau, la branche d’étude et la matière souhaitée.

Cette nouvelle donne nous a laissé réfléchir à traiter cette problématique, tout en nous posant la question principale suivante : « Dans quelle mesure l’EAD pourrait-il contribuer au développement du système éducatif marocain ? ». Répondre à cette question implique la détermination des contraintes et des conditions de promotion de ce nouveau mode d’apprentissage dans notre pays. D’autres questions subsidiaires sont posées à ce niveau : Quelle place occupent les TIC dans le développent de l’EAD au Maroc ? Sous quelles conditions, ces technologies assureront le succès d’un projet de l’EAD ? L’EAD constitue aujourd’hui un choix stratégique ou une simple alternative en réponse aux contraintes accompagnant le contexte du Covid 19 ? N’a-t-on pas besoin aujourd’hui de faire des TICE2 la pierre angulaire pour la modernisation de notre système éducatif ? Quels rôles doivent jouer les différents acteurs (enseignants, familles, apprenants, etc.) dans la promotion de l’EAD ? La

1Enseignement à Distance

2Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement

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période du Covid 19 constituera-t-elle une opportunité pour asseoir et renforcer les bases de cette pratique dans le système éducatif marocain ?

Tout en espérant apporter quelques éléments de réponses à ces différentes questions, en adoptant une approche qualitative (les sources documentaires et l’observation), ce texte tend à réaliser les deux principaux objectifs suivants :

- attirer l’attention des décideurs (et des opérationnels) sur la nécessité et l’intérêt de l’intégration des TICE dans le système éducatif marocain ;

- contribuer à la valorisation du chantier de l’EAD en s’arrêtant sur les principales contraintes empêchant sa mise en place ainsi que les principales perspectives de son développement au Maroc.

Pour ce faire, ce texte s’organise de manière à se pencher, en premier lieu, sur la revue de littérature traitant des concepts clés de l’investigation et, en deuxième lieu, nous analysons les différentes contraintes ainsi que les leviers de développement de l’EAD au Maroc, pour terminer en dernier lieu par les principales conclusions tirées ainsi que les perspectives de la recherche.

1. Revue de littérature

Nous avons jugé utile d’éclairer certains concepts ayant évolué avec l’intégration des TIC dans le domaine de l’enseignement et qui seront utilisés dans ce texte afin de bien définir notre champ d’étude. Ensuite, et après un bref historique sur l’évolution de l’EAD, nous relevons la nécessité pour le Maroc d’exploiter le secteur des TIC au niveau de son système éducatif en vue d’une éventuelle modernisation du secteur.

1.1. Concepts: EAD, e-Learning et Blended learning

Différents concepts ont évolué avec la forte croissance des TIC et leur intégration dans le domaine de l’enseignement. Nous distinguons, entre autres :

-L’Enseignement à distance (EAD) : L’enseignement en ligne se définit par le fait que

« l’apprentissage des apprenants est accessible à n’importe quel moment, à partir de n’importe quel endroit et en dehors de l’établissement éducatif, c’est à travers des moyens et outils électroniques accessibles à distance » (Riyami, 2018, p.22).

« L’enseignement à distance se compose de situations d’apprentissage durant lesquelles le mode de transmission des connaissances s’effectue autrement qu’en relation directe, de face à face entre le formateur et la personne formée et où l’accompagnement s’effectue le plus souvent sous forme de corrections des devoirs » (Http : //foad.arifor.fr).

Nous retenons que l’EAD est une approche pédagogique qui élimine les contraintes de temps et de l’espace de l’établissement d’enseignement. Elle présente beaucoup d’avantages aux apprenants, aux enseignants et aux établissements éducatifs. Elle permet en outre, aux apprenants un accès permanent à l’information et à la connaissance en temps réel et en temps différé.

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-Le e-learning ou la formation en ligne : La notion de e-learning fait l’objet de plusieurs discussions au niveau académique. C’est un outil qui intervient dans beaucoup de secteurs (administrations, entreprises, etc.). Selon sa traduction directe, le e-learning est un processus d’apprentissage par lequel les individus acquièrent de nouvelles compétences ou connaissances grâce aux technologies de l’information et de la communication (Baujard, 2006).

Pour Favier et al, le e-learning est : « un réseau permettant de mettre à jour, stocker, rechercher, distribuer et partager conjointement des informations/connaissances […]

accessibles aux utilisateurs via un ordinateur, utilisant les standards de la technologie internet et, de façon plus générale, les TIC interactives [supports multimédia, cédéroms, DVD, groupware, intranet, extranet, vidéoconférences], orienté vers des solutions d’apprentissage qui dépassent les paradigmes traditionnels de l’apprentissage [disparition des unités de temps, de lieu et d’action entre les apprenants et les enseignants » (Favier et al., 2004).

La définition du LabSET3 considère que l’e-learning est : « un apprentissage en ligne centré sur le développement de compétences par l'apprenant et structuré par les interactions avec le tuteur et les pairs » ().

Nous considérons de manière générale que le e-learning consiste en l’utilisation des TIC pour assurer des formations en ligne ou à distance (le e-learning réfère le plus souvent à la formation continue en entreprise), de façon synchrone (intranet, ...) ou asynchrone (visioconférences, …) au profit de personnes déterminées.

-La Formation mixte (blended learning) : Il s’agit d’une formation mixte entre en présence et à distance au profit d’étudiants marocains (Burton et al., 2011 ; Cisel & Bruillard, 2012). Le blended learning est une parmi d’autres applications en ligne pour le e-learning ayant permis de concilier entre digitalisation et enseignement traditionnel. L’accès aux ressources numériques via les outils de communication à distance du Web ont développé des modes d'enseignement s'appuyant fortement sur des cours, des ressources numériques ou des discussions à distance (Burton et al., 2011).

Le modèle de « formation hybride » s'est développé dans le but de profiter à la fois d’une formation présentielle et à distance pour développer les interactions apprenants/professeurs, et apprenants/apprenants. Ce dispositif propose aux étudiants des ressources à utiliser, ou des activités à réaliser à distance (en dehors des salles de cours), ou en présence (dans les salles de cours) ». La formation hybride regroupe des éléments et des ressources bien adaptés aux dimensions pédagogiques innovantes.

Ceci dit, ce type de formation est dispensé selon plusieurs modalités d’apprentissage.

Les principales sont :

*Le distanciel asynchrone, c’est-à-dire par l’intermédiaire d’un contenu de formation e-learning ;

*Le présentiel, qui se fait en présence d’un professeur dans une salle de classe, c’est-à-dire entre deux personnes physiquement présentes au même endroit, et ;

3 Laboratoire de soutien aux synergies éducation_ technologies, https://archive.awt.be/web/edu/index.aspx?page=edu,fr,gui,080,010 (Consulté le 25/09/2021)

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*Le distanciel synchrone, c'est-à-dire par le biais d’une visioconférence Les avantages d’une telle solution d’apprentissage mixte sont essentiellement :

1. Une meilleure acquisition pédagogique,

2. Une meilleure implication des apprenants, auto-évaluation, autonomie, 3. Une meilleure mobilisation des acteurs (Depover & Marchand, 2002).

Notons que les concepts d’e-learning et d’EAD se confondent, bien que l’EAD peut concerner, en plus des apprentissages en ligne, une mise à disposition des cours par courrier, par exemple. Dans ce travail, nous utilisons le terme « enseignement à distance » et nous limitons donc notre étude à l’enseignement purement en ligne via l’utilisation des technologies, sans pour autant s’intéresser aux autres aspects de la formation (distribution de cours, courriers, etc.).

1.2. L’évolution historique de l’EAD

La formation à distance n’est pas un phénomène récent puisqu’elle existe depuis plus d’un siècle. En effet, ce mode d’apprentissage qui a fait son apparition vers le milieu du 19ème siècle, faisait alors référence aux études par correspondance. Cette dernière a cependant connu une évolution marquée au fil des années depuis le papier (la version la plus simple) acheminé par poste ou par fax, passant par les cassettes audio et vidéo, la diffusion hertzienne via la radio et les émissions spécialisées de chaînes de télévision arrivant à l’enseignement assisté par ordinateur (E.A.O.).

Les trois générations représentant l’évolution de la formation à distance sont les suivantes (http://www.ipm.ucl.ac.be/multimedia/MARC/3_A_DISTANCE.PDF ) :

* 1ère génération : enseignement par correspondance :

Le premier cours par correspondance fut créé en 1840 en Angleterre et marque le début de l’enseignement à distance qui s’est largement développé en Europe, puis dans le reste du monde. Il s’agissait surtout d’un enseignement de « seconde chance » pour les adultes n’ayant pas pu achever leur enseignement secondaire ou supérieur.

Des tuteurs leur apportent une assistance par correspondance (généralement limitée à la correction des travaux), puis parfois aussi par téléphone ; en général, l’interaction est faible et les abandons nombreux. A partir de 1920, des programmes éducatifs-notamment universitaires- sont radiodiffusés en Europe. En 1939, le Gouvernement français crée le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED), dont la plupart des cours sont encore donnés par correspondance actuellement.

*2ème génération : enseignement télévisé et modèle industriel :

En 1970, le Gouvernement espagnol crée l’Universidad Nacional de Educacion a Distancia (UNED) et le Gouvernement britannique l’Open University. Dès ces débuts, celle-ci encadra ses étudiants par un tutorat personnalisé et fit le meilleur usage de la télévision, puis aussi des bandes vidéo ; elle est l’exemple typique de l’enseignement à distance de la seconde

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génération: rationalisation, industrialisation, planification, économies d’échelle, avec division des fonctions d’enseignant en différents rôles confiés à des personnes différentes : experts académiques auteurs de cours, pédagogues et techniciens réalisateurs de cours, tuteurs facilitant les progrès des apprenants, examinateurs évaluant leurs connaissances et compétences.

Cette deuxième génération de l’enseignement à distance s’est développée dans un contexte dominé par les conceptions « behavioristes » de l’enseignement. L’imprimé reste le média de base, mais l’audiovisuel joue un rôle pédagogique croissant. L’interaction reste limitée à la correction des travaux par correspondance et parfois le téléphone entre apprenant(s) et tuteur.

Le CNED dépassa les 100.000 étudiants en 1971, et il en compte 380.000 actuellement, dont 180.000 au niveau supérieur. L’Open University a atteint récemment 250.000 étudiants et l’UNED 100.000.

*3ème génération : enseignement à distance interactif :

L’évolution réalisée grâce au développement des technologies éducatives et l’intégration de l’outil informatique a permis d’introduire un potentiel éducatif illimité par le biais des cours interactifs. En effet, les premiers systèmes d’enseignement assistés par ordinateur sont apparus dans les années 1970. L’objectif était d’abord l’apprentissage en tant que transfert de connaissances. Une multitude de programmes éducatifs furent développés, mais vite délaissés car leur contenu était limité et leur utilisation rigide. L’aspect cognitif a été totalement ignoré avec peu de recherches, de diagnostic et d’adaptation de stratégies. Les connaissances et les décisions étaient préétablies, sans souci du comportement de l’usager. Mais malgré leur application limitée, ces systèmes ont eu des retombées signifiantes dans le domaine de l’éducation. Les systèmes d’entraînement au diagnostic médical ont été largement utilisés dans certaines universités (Illinois, Washington) ainsi que les systèmes de simulation à la navigation spatiale.

En outre, les capacités de raisonnement offertes par l’intelligence artificielle et les systèmes experts ont permis des innovations en introduisant un niveau d’interaction plus élevé entre l’apprenant et le système. C’est ce qui a donné naissance aux systèmes d’enseignement intelligemment assistés par ordinateur (E.I.A.O.) qui pallient les nombreux inconvénients des systèmes précédents. Les recherches effectuées afin d’adapter l’apprentissage au niveau de l’apprenant et par rapport à son niveau de connaissances a donné lieu à une nouvelle génération de systèmes appelés : Tutoriels Intelligents.

Les systèmes tutoriels intelligents sont des systèmes d’apprentissage un à un (tuteur - apprenant). Ces systèmes ont pour but de reproduire le comportement d’un tuteur intelligent afin de dispenser un enseignement personnalisé à l’utilisateur. Ces systèmes offrent une possibilité de génération dynamique d’exercices, des adaptations au niveau de difficultés selon les performances de l’étudiant ainsi que l’analyse de l’interprétation du comportement de l’étudiant. En effet, les systèmes tutoriels intelligents sont capables de réaliser des inférences sur des connaissances de l’étudiant, et peuvent interagir intelligemment avec lui en adaptant dynamiquement les sujets à présenter en fonction des résultats acquis et du mode d’apprentissage qui lui convient le mieux.

Les moyens de communication et d’interaction entre apprenants et formateurs ont également progressé : chaque apprenant dialogue avec son tuteur et ses pairs par

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visioconférence, par e-mail et dans des discussions sur le Web ; il exploite aussi les ressources pédagogiques du Net, s’y auto évalue et devient très autonome. Ces interactions réduisent d’une manière considérable les taux d’abandon. De plus, les technologies éducatives se diversifient : supports imprimés, audiovisuels, multimédias, interaction par téléphone, e-mail, Web, visioconférence…

Cette troisième génération de l’enseignement à distance est apparue dans un contexte influencé par les conceptions « constructivistes » de l’enseignement et permet d’exploiter les technologies interactives pour l’apprentissage collaboratif, la reformulation des notions étudiées par l’apprenant, des auto-évaluations anonymes et instantanées, etc.

Par ailleurs, la globalisation permet aux apprenants de choisir des formations dans le monde entier et de créer des groupes d’étudiants répartis dans différents pays ou continents : pour les étudiants, c’est très enrichissant, pour les institutions enseignantes, c’est le défi de la concurrence.

Enfin, les prix modérés des nouvelles technologies de l’information les mettent à la portée de toutes les institutions, et notamment d’universités conventionnelles qui les utilisent pour enrichir leur enseignement présentiel et parfois aussi pour offrir des programmes à distance : on assiste ainsi à un phénomène très important de convergence des enseignements présentiel et à distance dans le monde.

L’enseignement à distance de la troisième génération est donc caractérisé par : - des technologies éducatives interactives,

- une convergence des modes d’enseignement présentiel et à distance,

- une concurrence des institutions d’enseignement à distance à l’échelle mondiale.

Les enseignements à distance des différentes générations coexistent dans le monde et même au sein d’une même institution, vu notamment le délai nécessaire à la reconversion des enseignements. Les institutions offrant à la fois des programmes présentiels et des programmes à distance sont dites « duales ». Il peut s’agir de versions présentielles et à distance d’un même programme ou non. Un programme présentiel peut comprendre des cours à distance, et il est alors dit « mixte ».

En somme, l’évolution à grande vitesse des technologies dédiées à l’enseignement appelle le Maroc à intégrer ces outils dans son système éducatif pour, d’une part suivre les évolutions en cours et d’autre part, asseoir les bases d’un enseignement compétitif et ouvert sur son environnement en pleine mutation.

1.3. Nécessité d’intégration des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Education (TICE) dans l’enseignement au Maroc

Les TIC constituent la pierre angulaire de la société numérique. Aujourd’hui, la situation actuelle de l’enseignement au Maroc (scolaire et supérieur) nécessite une modernisation et beaucoup d’amélioration en faisant appel à des approches pédagogiques innovantes. La forte propagation des TIC dans tous les secteurs, couvre la nécessité de l’intégration de ces outils dans les approches pédagogiques, et que l’enseignement doit être orienté vers l’apprentissage à

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distance…. Plusieurs travaux ont été réalisés dans ce sens pour mettre en place des Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain (EIAH) (IHEP, 1999).

Les TICE évoluent d’une manière très rapide dans plusieurs pays. Au Maroc, l’application de des technologies dans l’enseignement par toutes les entités pédagogiques est encore à son stade embryonnaire, bien que l’Etat a mis en place plusieurs projets pour sensibiliser le système d’éducation sur l’usage des TICE : le projet Injaz, le projet Marwan (Maroc Wide Area Network), le projet Génie (Généralisation des TIC dans l’Enseignement 2009-2013) et le financement des projets d’intégration des TICE dans les établissements d’enseignement marocains.

Cette évolution permanente des TICE doit être suivie par des recherches pour appréhender un processus de compréhension et d’analyse des pratiques d’enseignement et d’apprentissage, justifiant ainsi la nécessité des recherches sur les expérimentations en cours dans des « contextes instrumentaux en évolution ». C’est donc un défi permanent que la recherche doit s’efforcer de relever. Nous nous arrêtons sur un exemple de ces recherches lancées dans ce sens. Une première contribution a essayé d’utiliser le Maroc comme terrain d’expérimentation. Elle aborde la question de l’appropriation des TICE par les étudiants marocains. Sur la base d’une enquête quantitative assez conséquente, mais dans une perspective exploratoire, elle mène une analyse détaillée sur les comportements d’usage des TICE par les étudiants marocains. Les résultats attestent une appropriation limitée de ces outils par les étudiants, et ce malgré les efforts substantiels fournis par l’État marocain (Ait Kaikai, 2014).

Une deuxième approche s’attache à analyser les obstacles de l’intégration des TICE dans le système éducatif marocain du primaire et du secondaire. Cette approche méthodologique est fondée sur des entretiens d’un échantillon de 33 personnes, responsables des établissements (publics et privés) du primaire, du collège et du lycée, aussi bien du milieu urbain que rural. L’analyse du discours de ces acteurs mène à identifier cinq obstacles majeurs (des obstacles généraux liés au système éducatif marocain lui-même, des obstacles relatifs à la politique et à la stratégie de mise en œuvre des TICE, des obstacles relatifs au soutien et au développement professionnel, des obstacles culturels et linguistiques et des obstacles relatifs à l’infrastructure des technologies entravant l’intégration des TICE dans le système éducatif du pays (Mastafi, 2014).

Une troisième approche porte sur l’intégration des TICE dans le module de communication au sein de l’université marocaine, malgré le décalage noté dans la préparation à la professionnalisation des étudiants, et les pratiques réelles du recrutement à l’heure actuelle au sein des entreprises. Les enseignants peinent à utiliser les TICE dans leur pédagogie. Ceci est dû d’une part, au manque de formations dans ce domaine, et d’autre part à la méconnaissance de la pertinence des TICE dans l’enseignement de la communication (Bezzari, 2013).

De manière générale, l’environnement technologique appelle l’intégration des TIC dans le système éducatif. Relever ce défi consiste à vaincre les différentes contraintes qui s’imposent à ce niveau.

2. Les contraintes et les perspectives de développement de l’EAD au Maroc

Si les résultats sont encourageants en matière de l’EAD au Maroc en cette période de confinement, le développement d’un tel projet implique l’abolition des différents obstacles qui accompagnent sa mise en place.

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125 2.1. L’EAD : bilan

Le tableau qui suit résume les principaux résultats réalisés en matière de l’EAD dans la période de confinement au Maroc, jusqu’au 26 mai 2020 :

Secteur Réalisations

L’éducation nationale

*Utilisation de la plateforme « TelmidTICE » ;

*Mise en place de ressources pédagogiques électroniques pour les apprentis (6200 ressources électroniques couvrant tous les niveaux (primaire, collégial et secondaire) ;

600.000 élèves fréquentent cette plateforme par jours à titre gratuit. 7500 personnes chargées de recevoir les appels téléphoniques, soit 450 h sur différentes questions concernant les méthodes d’accès aux différentes plates-formes électroniques

*Diffusion de cours sur les chaines de télévision (Attaqafya, al Auyoynne, Tamazight, etc.) pour des élèves n’ayant pas de PC ou connexion internet.

3441 cours diffusés depuis le début de l’opération à ce jour ;

*Formation e-learning pour les cadres administratifs ;

*Plateforme e-takwine : 23.290 bénéficiaires ;

*Classes virtuelles : Mise en place d’un service « Teams » pour permettre une interaction des formateurs avec les formé (e)s. Le taux de couverture dans l’enseignement public = 96% et de 71% dans l’enseignement privé.

Cette opération concerne 85000 professeurs et 300.000 élèves ;

*Diffusion des séances sur la chaîne Attaqafya concernant l’éducation physique :

L’objectif est de lutter contre les effets psychologiques des élèves et le stress pour suivre l’EAD ;

*Diffusion de cours pour le niveau élémentaire et prise en compte des situations des personnes à besoins spécifiques ;

*Diffusion de séances d’orientation (éducatif, professionnel et universitaire) sur la chaîne Al Auyoune, et ;

*Plateforme d’apprentissage à distance pour les étudiants des classes préparatoires en collaboration avec le ministère et l’université Mohamed VI poly disciplinaire à spécialités techniques.

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Secteur Réalisations

La formation professionnelle

*Mise en place de plateformes électroniques, courriers électronique et des applications de réseaux sociaux ;

*Mise à la disposition des stagiaires différents supports référentiels électroniques couvrant les différentes spécialités ;

*Plateforme électroniques pour l’apprentissage des langues étrangères : 280.000 bénéficiaires ;

*Formations dans différentes spécialités : 270.000 séances de formations (800000 heures de formations) ;

*Service interactif « Teams » : 85000 stagiaires bénéficiaires du service.

*576 stagiaires étrangers de pays africains bénéficiant de l’EAD et l’hébergement dès la déclaration du confinement au Maroc, et ;

*25000 stagiaires ont bénéficié de l’EAD et du courriel dans le domaine agricole, artisanal, jeunesse et sport, logistiques, énergie et mines, entraide nationale, santé et instituts gérés par délégation.

L’enseignement supérieur

*Production de plus de 115000 ressources électroniques dans différents domaines, (entre 80% et 100% concernent les contenus pédagogiques programmés) et mises en ligne de contenus sur les sites web des universités et les établissements qui leur sont affiliés ;

*Diffusion de cours sur la chaîne Arryadiya concernant les établissements à accès ouvert. 13 cours diffusés avec une moyenne de 8h/jours, pour arriver aujourd’hui à 372000 cours dans 6 cycles pour les sciences et techniques et 3 cycles pour les sciences juridiques économiques et sociales et 14 cycles pour les sciences humaines et lettres ;

*23 tables rondes et conférences sur COVID 19 sont diffusées par la chaîne Arryadiya ;

*Pour les établissements à accès limité, 100% des étudiants ont bénéficié des contenus intégrés dans les programmes de formations ;

*Diffusion d’une émission « world on street » sur l’apprentissage de la langue anglaise en collaboration avec le Conseil Culturel Britannique (CCB) ;

*Ouverture de la bibliothèque digitale internationale « EBSCO » de façon gratuite au profit des étudiants, professeurs et chercheurs à côté d’autres plate formes : Al Manahil, Cairn, Dalloz, et ;

*En recherche scientifiques, le ministère a diffusé un programme de financement de projets dans des domaines en relation avec la pandémie

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du coronavirus avec une enveloppe de 10 millions de Dh. 400 projets ont été reçus par le CNR dont 53 projets ont été retenus et bénéficieront du financement approprié.

Tableau 1 : Bilan de l’EAD par secteur au Maroc jusqu’au 26 mai 2020.

Source : Tableau élaboré par les auteurs à partir du site : men.gov.ma

Des efforts colossaux ont été fournis par toutes les parties concernées (ministère, administrations, parents d’élèves, professeurs, etc.) pour mener à bien le projet de l’EAD durant la période de confinement. Le bilan actuel de l'intégration des TICE ne permet peut-être pas d'assurer efficacement la continuité des cours, mais il nous a sûrement permis d'échapper à un scénario pessimiste d’une année blanche. Il faut donc travailler davantage pour promouvoir cette pratique au sein de notre pays.

2.2. Les contraintes de développement de l’EAD au Maroc

Plusieurs contraintes empêchent le développement de l’EAD au Maroc. Ces dernières tournent autour des principaux éléments suivants :

-Absence d’une vision et d’une stratégie claires en matière de développement de l’enseignement (numérisation, évaluation, langues…). D’ailleurs, le Maroc est déjà engagé dans une réforme globale de son système éducatif. Une stratégie (loi-cadre n°51.17 relative au système de l’éducation, de l’enseignement, de la formation et de la recherche scientifique) est ainsi mise en place. Ceci étant, les TIC doivent avoir une place centrale à tous les niveaux pour permettre aux lauréats de développer les compétences technologiques demandées et delà accéder de façon aisée au marché d’emploi (Berdi, 2018, p.300).

-L’équipement des unités scolaires en outils informatiques (ordinateurs, connexion internet) est encore limité surtout dans les zones rurales (se pose ici la question de la fracture numérique entre le rural et l’urbain).

-L’équipement faible des ménages en connexion internet dans le monde rural, ce qui contraint les élèves y habitant à bénéficier des cours en ligne. En outre, le faible pouvoir d’achat des familles en charge des enfants empêche l’adoption et l’appropriation de ces outils. A noter qu’une dizaine de familles rurales ne disposent pas encore de télévisions pour permettre à leurs enfants de suivre les émissions réservées à l’apprentissage à distance.

-Les zones rurales et fragiles au niveau des quartiers populaires dans les villes sont incapables d’investir et d’exploiter les opportunités énormes d’apportent les TIC à l’enseignement en raison du sous équipement constaté en ces outils (tablettes, micro-ordinateurs, téléphones intelligents, connexion faible débit, …).

-Le taux aussi élevé de l’analphabétisme des parents d’élèves dans les compagnes et les zones marginalisées ne permet pas un accompagnement de l’élève au cours de ce processus. Ce dernier se trouve alors « unique » devant un nouveau mode d’apprentissage à propos duquel il ne détient pas assez de connaissances. A vrai dire, la famille en tant que responsable direct sur l’enseignement de son (ses) enfant (s) ne détient pas les compétences technologiques nécessaires pour promouvoir et réussir l’EAD.

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-Les conditions de l’enseignement à domicile sont parfois moins favorables dans la mesure où les informations qui circulent en familles, spécifiquement en cette période du « Covid 19 » influent les comportements des élèves ce qui risque de perturber la marche normale de l’opération d’apprentissage.

-Les disparités territoriales (urbain-rural/rural-rural/urbain-urbain) influencent une mise en œuvre homogène de programmes (cours, modules, …) entre les différentes régions, ce qui pourra remettre en cause le principe d’égalité des chances surtout, pour les niveaux diplômants.

-La résistance à l’utilisation des TIC par rapport aux procédés classiques (problème de domestication et d’appropriation des TIC, question de sécurité, risques technologiques, méfiance en TIC, etc.).

Nous pouvons résumer les principales contraintes du développement de l’EAD au Maroc selon le tableau ci-après :

Contrainte Exemples

stratégique -Manque de vision globale et intégrée, absence de stratégies (langues, gestion du temps de scolaire, etc.).

géographique Disparités territoriales (rural-rural ; rural-urbain ; urbain- urbain).

technique et institutionnelle

-logistique, infrastructures technologiques (connexion, réseau, ordinateurs, etc.) ; secteur privé-secteur public, etc.

humaine Analphabétisme, pauvreté, manque de compétences technologique nécessaires, handicap, problème d’appropriation des TIC, etc.

culturelle -Résistances à l’utilisation des technologies, etc.

Tableau 2 : Typologies de contraintes de développement de l’EAD au Maroc Source : Auteurs

Pour dépasser ces contraintes et contribuer au développement de l’EAD, des efforts colossaux doivent être fournis pour promouvoir cette pratique au niveau du système éducatif marocain.

2.2. Les perspectives du développement de l’EAD au Maroc

Développer l’EAD dans le système de l’enseignement marocain consiste à amener un nombre non moins important d’actions :

-La problématique de l’EAD appelle une évaluation des projets antérieurs : Maroc numérique, programme « Génie », etc. Cette opération permettra de s’arrêter sur les réalisations et les lacunes enregistrées, ainsi que les objectifs poursuivis pour une éventuelle correction des faiblesses.

-Doter les écoles dans les compagnes marocaines en ordinateurs et en connexion internet.

Cependant, les outils à eux seuls ne suffissent pas faute de la mise en place des outils à qualité acceptable (son, de l’image, vidéo, etc.) et choisir les approches pédagogiques à adopter

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(scénarios interactifs et activités avec feedbacks immédiats, devoirs déposés et corrigés en ligne ; des scénarios reposant sur la seule livraison des cours, etc.).

-L’intégration des modules (cours) de l’informatique est primordiale dès les premiers niveaux (primaire) pour permettre aux élèves de s’approprier les notions fondamentales de l’utilisation des technologies. Ainsi, l’EAD est une opportunité pour répondre de façon spécifique aux besoins variés des apprenants et ainsi s’adapter à la demande de chacun. Pour une utilisation optimale des outils, il faudrait une plus grande immersion des technologies dans le système éducatif avec une plus grande accessibilité et qualité de service (https://www.rekrute.com/files- press-media/e-lerning_2014.pdf

-N’est-il pas nécessaire de produire des milliers de capsules éducatives (tutoriels), des documentaires et des cours sur internet à accès libre en plusieurs langues : arabe, français, anglais, espagnols, … pour permettre aux élèves/ étudiants d’en profiter et de travailler leurs capacités linguistiques.

-Les médias et les réseaux sociaux sont appelés à contribuer à la sensibilisation des élèves (et leurs familles) sur la pandémie qui envahit le monde et les modes d’usage des technologies pour recevoir des cours en ligne.

-En classe, l’opération d’enseignement est limitée à la relation professeur-élève/ étudiant. Or, pour l’EAD, cette relation s’élargit pour impliquer d’autres parties : les parents d’élèves, les enseignants, etc. Des séances d’accompagnement et de sensibilisation s’imposent pour inciter ces acteurs (nouveaux arrivés) à contribuer activement à la réussite (sinon l’échec) de ce projet.

-La reconnaissance, la motivation et la considération des efforts du corps professoral et administratif et les inciter à innover et promouvoir le projet de l’EAD, bien que la responsabilité du succès ou de l’échec de ce chantier est partagée par l’école, la famille, les enseignants, les médias et toute la société.

-L’EAD n’est pas que des outils et des techniques. Il s’agit d’un nouveau mode de formation basé sur la connaissance et l’appropriation des méthodes et logiques d’apprentissages. Les familles se sont trouvées devant une pratique aussi nouvelle en l’absence d’une conscience éducative. Normalement, deux types actions auraient à être mises en place pour accompagner cette pratique : d’une part, il faut satisfaire les conditions techniques/ technologiques (ordinateurs, connexions, etc.) et d’autre part, il faut instaurer une campagne de sensibilisation et d’orientation en ce qui concerne les modes d’usages des TIC en question auprès des élèves et leurs familles.

-La formation des formateurs en technologies est aussi indispensable car l’EAD est aussi une pédagogie, pour produire des cours et vidéos de qualité appréciable. Il ne faut pas perdre de vue que pour l’enseignement, l’enjeu est celui d’une nouvelle forme de pédagogie dans l’économie numérique. En effet, la capacité immense de diffusion des cours par internet doit s’accompagner d’une stratégie pédagogique dans le sens où l’enseignant n’est désormais plus seulement celui qui dispense le savoir, il est aussi un médiateur de l’acquisition des savoirs4

-Les différents acteurs (entreprises, administrations, universités, …) peuvent contribuer au développement de l’EAD à travers l’instauration d’une nouvelle culture portant sur la manière

4https://www.rekrute.com/files-press-media/e-lerning_2014.pdf (Consulté le 27/09/2021)

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de se comporter avec les nouveaux contenus électroniques. Ainsi, ces institutions peuvent promouvoir le capital culturel des populations démunies pour consolider les bases d’un nouveau modèle de solidarité (comme c’est le cas pour la création d’un fonds spécial dédié à supporter les frais de la pandémie du coronavirus).

-Adopter l’EAD ne veut pas dire négliger la formation classique. À l’heure actuelle, l’EAD sert plutôt de support complémentaire à l’enseignement dit présentiel (qui nécessite la présence de l’étudiant), mais il peut aussi servir à l’auto-formation. Dans les universités par exemple, avec des amphithéâtres totalement surchargés, cette forme de pédagogie pourrait constituer à l’avenir une solution au problème du sureffectif des étudiants, en raison de sa souplesse et de sa flexibilité qui attirent de plus en plus une large part d’utilisateurs.

-Le problème de suivi, de continuité et d’encadrement des formations continues des enseignants se pose. Dans ce sens, un plan d’encadrement efficace pour les formations continues des enseignants, avec un suivi homogène annuel, selon les besoins réels des enseignants et par pôle de compétence sera d’une grande valeur.

-Les efforts déployés et les stratégies mises en œuvre par l’université (dans le domaine de la numérisation) permettent une avancée certaine, mais il reste encore de nombreux défis à relever pour assurer un fonctionnement plus harmonieux et responsable avec toutes ses parties prenantes dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Le partage de l’information entre les différentes institutions et un meilleur usage des infrastructures existantes demeure un challenge de taille pour l’université (Neggadi Alami, 2019, p.100).

- La mise en place de l’EAD doit prendre en considération la situation des personnes ayant des besoins spéciaux. Toute stratégie à mettre en action pourra intégrer les nouveautés de la décision ministérielle n°19.047 du 24 juin 2019 relative à l’éducation inclusive, pour assurer une égalité des chances aux élèves / étudiants en situation d’handicap.

Au total, développer la pratique de l’EAD dans le système éducatif marocain impose un travail sur plusieurs fronts : technologique, linguistique, culturel, motivationnel, etc.

Conclusion

En définitive, l’apprentissage accessible à tous est devenu l’un des défis majeurs du siècle.

Adultes, habitants de zones rurales, recalés, détenus, personnes âgées méritent que nous leur accordions une chance d’apprendre, de connaître et de comprendre le monde qui les entoure, la population du monde entier plus que jamais sensibilisée est consciente et a soif de culture (Djebbari, 2013).

Dans ce cadre, bien que le Covid 19 a généré une crise à tous les niveaux (économique, social, ...) il a aussi amené le secteur de l’enseignement à prendre une nouvelle tournure : renforcer, intensifier et promouvoir l’EAD. L’adoption de cette nouvelle méthode pourra être une solution à plusieurs problèmes qui se posent au niveau de notre système éducatif (sureffectifs des étudiants, etc.). La pandémie du coronavirus est donc une occasion à saisir pour mettre le train de ce chantier sur ses rails et donc asseoir les piliers d’un système éducatif performant et compétitif.

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Au terme de ce travail nous avons pu tirer les conclusions générales suivantes :

*En période de coronavirus, les personnes, voire les institutions, se trouvent réellement face à l’obligation d’utiliser les technologies à plusieurs niveaux : EAD, e-services, e-shopping, etc.

Nous pouvons affirmer que nous assistons à une digitalisation forcée de la société ;

* L’intégration des TICE dans le système d’éducation n’est pas aujourd’hui un choix mais une obligation pour asseoir les bases d’un enseignement moderne ;

*Le covid 19 a poussé les autorités publiques marocaines à réfléchir avec le sérieux qu’il faut pour l’adoption de la formation en ligne pour assurer la continuité pédagogique. Des résultats encourageants ont été réalisés à ce niveau (ce qui n’est pas fait dans des décennies est fait dans quelques mois de confinement) ce qui pourra aider à accumuler une grande expérience pour la consolidation de cette pratique dans les années à venir.

Même si cette pratique est toujours à son stade embryonnaire, le Maroc a toutes les potentialités pour développer ce nouveau mode d’apprentissage dans la période post covid 19.

*Développer l’EAD au Maroc ne sera à la portée sans une démolition des contraintes qui entravent le projet, mais aussi à travers l’instauration d’une approche participative intégrant toutes les parties dans le processus (familles, enseignants, élèves, syndicats, associations des parents et mamans d’élèves, etc.).

* La valorisation de la recherche scientifique constitue la base de développement de l’EAD. On souligne les perspectives de la recherche scientifique au Maroc suivantes : une forte implication du secteur privé dans le financement des activités de recherche, la forte sensibilisation à l’entrepreneuriat innovant, la multiplication des partenariats et la volonté des pouvoirs publics à encourager les activités innovantes au sein de l'entreprise (El azzaoui, 2019).

Ceci dit, plusieurs thématiques à développer pourront rafraîchir la recherche sur l’EAD et constitueront des pistes de réflexions, entre autres :

-Faut-il développer l’enseignement pour promouvoir l’EAD ou le contraire ? une réponse potentielle à cette question pourra être de développer notre enseignement (méthodes de travail, pédagogies, cadres, …) nous permettra de gagner la bataille de l’EAD.

- L’EAD est-il une simple réaction à une conjoncture spécifique ou doit-il se placer au centre de la stratégie de développement de notre système d’enseignement ?

Quoiqu’il en soit, tout le monde s’accorde aujourd’hui sur le fait que la période d’après le coronavirus ne sera jamais comme celle d’avant le coronavirus. Le retour en force de la responsabilité sociale de l’Etat prime pour promouvoir les secteurs sociaux, dont l’enseignement. Ce dernier, avec le processus de la digitalisation qui s’intensifie davantage avec le temps, n’a de choix que de se digitaliser progressivement.

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132 Bibliographie/ Webographie:

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