FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNEE 1895 — 1896 N° 38
R
CONTRIBUTION A L'ETUDE
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PRONOSTIC
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EN ELECTRO-DIAGNOSTIC
THÈSE
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POUR LE DOCTORAT EN
MÉDECINE
Présentée et soutenue
publiquement
le 6Décembre
1895PAR
Marcel MARCHAND
ÉLÈVE DU SERVICE DE SANTÉ DE LA MARINE
INé le 31 INlai 1872 à O-ADCENNE (Guyane Française)
Examinateurs de la Thèse..<
MM. BERGONIÉ PITRES SIGALAS LE DANTEC
professeur Président professe»r
aSrégé
\
Juges agrégéLe Candidat répondra àtoutesles questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'enseignement médical
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU
MIDI, P. CASSIGNOL
91, RUE PORTE-DIJEAUX, 91 1895
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
Professèurs honoraires
M. PITRES Doyen
PROFESSEURS
M. MICÉ
AZAM
Messieurs
pr • ■ . v
PICOT.
Cliniqueinterne I PITRES.
DEMONS.
\ DEMONS.
Cliniqueexterne
j
LANELONGUE.Pathologie interne
DUPUV
.Pathologieet thérapeutique générales
VERGELY.
Thérapeutique
ARNOZAN.
Médecine opératoire
MASSE.
Clinique d'accouchements
MOUSSOUS.
Anatomie pathologique
COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et Histologie
VIAULT.
Physiologie
JOLYET.
Hygiène
LAYET.
Médecine légale
MORACHE.
Physique
BERGONIE.
Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale de NABIAS
Médecine expérimentale
FERRE.
Clinique ophtalmologique
BADAL.
Clinique des mnladii-s chirurgicales des enfants
PIECHAUD.
Clinique gynécologique
BOURSIER.
AGREGES EN EXERCICE
MESNARD.
CASSAET.
AUCHE.
SABHAZÈS.
LE DANTEC.
VILLAR.
Pathologie externe
) ! ! î ^
.,rnBRAQOEHAYE.
SECTION DE MEDECINE
Pathologie interne et Médecine légale.
SKCriO I DE CHIRURGIE El' ACCOUCHEMENTS
Accoiichements
1 RIVIÈRE.
) CHAMBRELENT.
Anatomie
SECTION DES SCIENCES ANAT0M1QUES ET PHYSIOLOGIQUES
| PRINCETEAU.
) CANNIEU.
Physiologie
PACHON.
Histoire naturelle BEILLE.
SECTION DES SCIENCES PHYSIQUES
Physique S1GALAS.
ChimieetToxicologie DENIGES.
Pharmacie BARTHE.
COURS COMPLÉMENTAIRES
Clinique iut. des
enf. MM. MOUSSOUS
Clinique desmaladies
cutanéeset
syphilitiques DUBREUILH
Uiniq.des maladies desvoies urin. POUSSON
Mal. dularynx, desoreillesetdunez MOURE
LeSecrétaire de laFaculté : LEMAIRE.
Maladies mentales..
Pathologieexterne..
Accouchements Chimie
MM. REGIS.
DENUCE IUVIËRE DENIGÈS
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans
les Thèses qui lui sont présentées, doivent être considérées comme propres à leurs
auteurs et qu'ellen'entend leur donner ni approbation ni improbation.
A LA MÉMOIRE DE MON ONCLE E. MARTINIE
OFFICIER D'ARTILLERIE EN RETRAITE CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
Témoignage de ma profonde gratitude
pour leur amouret leurs sacrifices.
A MA TANTE I. MARTINIE
A MON FRÈRE ET A MES SŒURS
A MON BEAU-FRERE G. PIERRET
MAGISTRAT
CHEF DU SERVICE JUDICIAIRE A LIBREVILLE (GABON)
OFFICIER D'ACADÉMIE
A MON BEAU-FRÈRE E. LE RAY
MÉDECIN DE Ire CLASSE DU CORPS DE SANTÉ DES COLONIES
A TOUS MES AMIS
ET
AMES COMPATRIOTES
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR BERGONIÉ
PROFESSEUR AGRÉGÉ
A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
CHEF DU SERVICE ÉLECTROTIIÉRAPIQUE DE L'HOPITAL SAINT-ANDRÉ
MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
OFi-ICIER D'ACADÉMIE
AVANT-PROPOS
L'idée de traiter cette
importante question du pronostic de
la réaction
de dégénérescence
nous aété donnée par M. le professeur Bergonié. Certes, elle n'est pas nouvelle, mais
pas un
des nouveaux travaux exécutés sur ce sujet ne l'envi¬
sage en
général. C'est le but que nous nous sommes proposé
en exécutant ce
travail
;peut-être, et
nousle craignons
fort,
sommes-nousresté
audessous de notre tâche, mais
nousaurons
du moins l'espoir d'avoir apporté quelques docu¬
ments et
quelques observations nouvelles qui pourront servir
plus tard à
uneétude plus approfondie sur ce sujet. Notre
plus grand regret sera de n'avoir pu, par suite de circons¬
tances
indépendantes de notre volonté, consacrer plus de
temps à notre thèse inaugurale.
Nous
aurions,
enePfet, voulu suivre la plupart de
nos maladesjusqu'à la fin de leur traitement quelle qu'en eût dû
être
l'issue,
nosconclusions
enauraient'été plus fermes et plus assurées. Mais nous nous empressons de dire que ces
conclusions ne sont pas
basées
surles seules observations
rapportées ici, mais sur toutes celles qui ont été prises à la
Clinique électrothérapique depuis plusieurs années; celles
que nous
donnons sont citées uniquement
commetypes de dégénérescence. Il existe,
eneffet, ici à Bordeaux,
uneCli¬
nique électrothérapique admirablement bien organisée
aupoind de
vuede l'étude de l'électro-diagnostic. Il
yvient
non seulement des malades deshôpitaux, mais
ungrand nombre
de personnes
delà ville
oudes environs qui
ysont adressées
par
leurs médecins; grâce à
cefait, il
nous aété permis de
recueillir dans les
registres de la Clinique de précieux
ren¬seignements.
Nous sommes heureux de
pouvoir présenter ici à notre
maître,M. le professeur Bergonié, tous
nosremerciements
pour
les conseils et le bienveillant appui qu'il n'a cessé de
nous
prodiguer;
nouslui
sommesaussi profondément
recon¬naissant de l'honneur
qu'il
abien voulu
nousfaire
en accep¬tantla
présidence de notre thèse.
Qu'il
noussoit permis de faire part de toute notre gratitude
pour
les avis éclairés qu'ils ont bien voulu
nousprodiguer, à
MM. les docteurs
Debedat, aide de la Clinique électrothéra¬
pique, et O'Zoux, chef de clinique chirurgicale à l'hôpital des
Enfants.
PLAN
No-us avons divisé ce
travail
enquatre parties
:1° Dans le
premier chapitre,
noustâchons de donner une
définition exacte dela réaction de dégénérescence telle qu'on
la
comprend maintenant,
avec unbref aperçu historique de
cette réaction.
2° Dans
le chapitre second,
nous passonsrapidement en
revue les affections
dans lesquelles
onrencontre la R. D. (1)
et nous
envisageons
sonpronostic à
unpoint de vue
général.
3° Nous reprenons
dans le troisième chapitre ces diffé¬
rentes
affections, soit séparément, soit
en groupes,et nous
en donnonsd'une
façon plus particulière le pronostic
ennous
basant sur la
présence de la R. D.
4° Le
chapitre IV est entièrement consacré à
noscon¬
clusions.
(1) Pour no pas tomber trop souvent dans des répétitions
fâcheuses
nous repré¬senterons dans le cours de cet ouvrage la réaction de dégénérescence par les
lettres lî. I).
Marchand 2
CHAPITRE PREMIER
Définition
etHistorique de la Réaction de Dégénérescence
Avant
d'étudier le pronostic de la réaction de dégéné¬
rescence il nous
semble bon d'en donner la définition. Nous l'emprunterons à Erb, qui a créé ce terme, en nous réser¬
vant s'il est
besoin d'en modifier plus loin le
sens :(( Par réaction
de dégénérescence, dit-il,
oncomprend tout
33 un
cycle de variations d'excitabilité quantitative ou qualita-
»
tive, lequel
sedéroule, sous des circonstances pathologi-
» ques
dans les nerfs et les muscles-. Cette dégénérescence,
»
ajoute-il,
secaractérise en fait par la diminution et la perte
» de l'excitabilité
faradique des muscles, tandis que l'excita-
y> bilité
galvanique de
cesderniers reste slationnaire, qu'elle
3) est
augmentée parfois notablement et varie toujours quali-
3> tativement
d'une façon déterminée.
»Depuis fort longtemps, on avait remarqué que certains
muscles ou groupes
de muscles frappés d'affections paraly¬
santes,
restaient insensibles
non pas aucourant faradique, qui était encore inconnu, mais à l'étincelle produite à l'aide
d'une source
d'électricité statique, machine électrique
oubouteille de Leyde
;d'après Onimus et Legros,
cefut Hallé
— 12 —
qui le premier à la fin du siècle dernier relata
cefait. Cet expérimentateur aurait
eneffet constaté chez
unmalade
atteint de
paralysie faciale,
unehyperexcitabilité des muscles
du
visage, provoquée
parl'action d'une simple pile de Volta,
tandis
qu'ils restaient insensibles à l'action d'étincelles
pro¬venant d'une machine
statique
oud'un accumulateur. Après
Hallé il faut passer
immédiatement à Duchenne de Boulogne.
Cet habile observateur remarque que
certains muscles
ma¬lades ou
paralysés restaient insensibles à l'action de
cou¬rants
faradiques môme très intenses. Prévoyant l'importance
de ce
phénomène, il sut même
entirer des conséquences
très
importantes
aupoint de
vuedu pronostic des affections
dans
lesquelles il le rencontrait. Malheureusement il n'usait
que
très
peudu courant galvanique et il n'eut
pasl'idée de
faire
agir
surles muscles qu'il trouvait inexcitables
au cou¬rant
faradique, le courant permanent d'une pile.
En
1859, Baierlacher produisit
unevéritable révolution
enélectrothérapie,
enpubliant
un casde paralysie faciale dans lequel les muscles du visage
ne secontractaient point quand
on les excitait à l'aide d'un courant
provenant d'une Bobine d'induction, mais
enrevanche réagissaient d'une façon
exa¬gérée contre le courant galvanique. Indépendamment de l'importance de cette découverte
aupoint de
vuede l'élec- tro-diagnostic,
unede
sesconséquences les plus importantes
fut l'introduction en
électrothérapeutique du courant galva¬
nique.
Après Baierlacher, l'esprit de nombreux observateurs fut
mis en éveil et de nombreuses observations
analogues à
celle
qu'il avait faite furent immédiatement communiquées
au monde savant. Ce sont
Brenner, Neumann, Shulz de Vienne, Mor Meyer, Grûnewaldt, Ziemssen, Erb, etc. Dans
leurs nombreuses observations
critiques,
cesauteurs confir-
mèrent. les résultats de la découverte
de Baierlacher
en cequi
concerneles paralysies faciales quelles que fussent leur origine, mais
encoreils montrèrent que ces réactions spé¬
ciales des muscles
paralysés pouvaient
serencontrer dans
toutle corps
et dans
ungrand norfibre d'affections diverses.
Poussant
plus loin
sesrecherches, à l'aide d'explorations
et d'observations
méthodiques, Erb sut parfaitement établir
la connexion
qui existait entre les lésions des organes malades, nerfs
oumuscles,
avecleurs modifications d'exci¬
tabilité
quantitative et qualitative. Ses expériences et ses
conclusions furent d'ailleurs
plus tard contrôlées et confir¬
mées par
Ziemssen et Weiss. A ces travaux vinrent se joindre dans la suite de nombreuses observations cliniques qui apportèrent la lumière sur l'apparition et la nature de la
réaction de
dégénérescence dans les affections les plus di¬
verses. Nous pouvons
ici citer les noms de Brenner, Ber- nardt, Erb, Remak, Vierordt et Leegard. Ces derniers surent plus particulièrement montrer comment la réaction de dé¬
générescence
selocalisait à un muscle ou à un groupe de
muscles, frappant ceux-ci plus que les nerfs.
Ces nombreuxtravaux,ces
observations multiples devaient
avoir nécessairement pour
résultat de modifier la première
définition
qu'avait donné Erb de la réaction de dégéné¬
rescence. En 1874 elle était
déjà détournée de
son sens,quand Bernart et Erb trouvèrent en même temps pour les
paralysies faciales rhumatismales que, malgré la conserva¬
tion de l'excitabilité
du nerf
etl'excitabilité faradiquo du
muscle
(celui-ci n'avait donc pas subi de dégénérescence) on pouvait cependant observer sur les muscles les variations typiques de l'excitabilité pour l'excitation galvanique. La
même année Erb
vit le
mômefait
sereproduire dans
uneatrophie musculaire spinale progressive et donna à ce nou-
— 14 —
veau mode de réaction le nom de réaction de
dégénérescence partielle. Friedereich démontra d'ailleurs
pardes recherches histologiques savantes qu'il existait dans
ce cas unedégéné¬
rescence du muscle ; cette
dégénérescence fut d'ailleurs
ex¬périmentalement reproduite
parZiemssen et Weiss, puis
parStintzing dans leurs travaux
surl'ôlongation des nerfs. Ces
derniers vinrent ainsi démontrer cette loi
qu'avait posée Erb
et
prévue Duchenne
: quela réaction de dégénérescence n'ap¬
paraît jamais
sur unmuscle normal
aupoint de
vuehistolo- gique. C'est
envain
queShaffer récemment voulut montrer
qu'il existait
uneréaction de dégénérescence fonctionnelle
sans lésions chez les
hystériques, il fut aussitôt réfuté
par Jendrassik. Les indications deSouques
surle même sujet
eurent le même insuccès
quelques années plus tard. On peut
donc soutenir
qu'anatomiquement
onn'a jamais
encore cons¬taté pour un
muscle normal
uneréaction de dégénérescence clinique.
Si nous voulons maintenant donnerune
description exacte
de la réaction de
dégénérescence telle
que nousla connais¬
sons
aujourd'hui,
nousdistinguerons d'abord la différence
du processus
de cette réaction suivant
quel'on excite
unnerf
ou un muscle atteints d'une lésion
paralysante.
En ce
qui
concernele nerf moteur,
onconstate parfois et
presque
immédiatement après la lésion,
unehyperexcita-
bilité aux courants
galvanique et faradique, mais de très
courte
durée,
àlaquelle succède très vite,
aucontraire,
unediminution notable de l'excitabilité du nerf aux deux sortes de courants. Mais le fait
important à signaler ici, c'est
que cette diminution de l'excitabilité dunerfva enprogressant de plus
enplus, et
semanifeste toujours également
pourles
deux genres
d'excitation.
Elle se manifeste enoutre tout
simplement
par unretard de
— 15 —
la contraction du muscle innervé par
le nerf
surlequel
sefait l'expérience, et,
enpartie,
par unaffaiblissement du maxi¬
mum de contraction que
l'on puisse obtenir de
cemuscle à
l'aide de forts courants. L'excitabilité
décroît ainsi
peuà
peujusqu'à
ce que, aubout d'un certain temps (dix à quinze jours), elle arrive à disparaître complètement. « En résumé,
dit
Erb, les inexcitabilités faradique et galvanique progres¬
sent
proportionnellement et synchroniquement, sans nulle
traces de variations
qualitatives.
»Le nerfresteainsi danscet état
d'inexcitabilité pendant
untemps variable, puis il redevient excitable et les faits repren¬
nent l'ordre
inverse, jusqu'à
ce quel'excitabilité soit rede¬
venue normale. Dans lescas
légers,
cepoint est
assezvite
retrouvé,
dans les
cas gravesil faut
untemps parfois très long, la hauteur normale n'est même souvent, dans ces der¬
niers, jamais atteinte. Quelquefois, si la dégénérescence du
nerf a
continué,
sesréactions l'ont suivie, et le nerf n'est
irrémédiablement
plus excitable.
11
importe ici de faire une importante remarque : il arrive
très souvent que
les mouvements volontaires soient parfaite¬
ment recouvrés, même avec
toute leur amplitude, chez
l'individu mis en
expérience, et cependant il n'est pas rare
de constater que
les nerfs qui commandent ces mouvements présentent
encore unaffaiblissement de leur excitabilité à
l'action des courants
faradique
ougalvanique. Ce fait, qui se
rencontre la
plupart du temps dans les paralysies trauma- tiques, avait été vu et signalé par Duchenne de Boulogne.
Erb en donne
l'explication suivante
:c'est
que,à une époque déterminée, le nerf est meilleur conducteur des excitations
volontaires émanant
de l'organe central
quedes excitations électriques.
Dans,
le muscle frappé de paralysie, la réaction de dégé-
nérescence se
présente d'une façon bien différente de celle
que nous
montre le nerf placé dans les mêmes conditions.
En
effet,
nous avons vu que pourle nerf lésé, les actions des
deux sortes de courants avaient une marche
synergique et
diminuaient ou
augmentaient
enmême temps et à
peuprès symétriquement. Dans le muscle il
enest tout autrement.
Cependant si
onle soumet à l'action du courant faradique,
le muscle
paralysé présentera dans
sesréactions la même
manière d'être quele nerf placé dans les mêmes conditions.
Ses contractions seront de moins en moins
fortes,
seprodui¬
ront de
plus
enplus lentement
pouraller jusqu'à l'extinction complète. Celle-ci peut persister
pourle muscle
comme pour lenerf,
uncertain temps, et
comme pour cedernier la régé¬
nération du muscle se
signalera
par uneascension croissante,
de la courbe des
contractions, jusqu'à
ce quecette courbe
serapproche
peuà
peuet progressivement de la normale. La
séule différence
qui
seproduira dans
ce casest
que ceretour
se
produit
un peuplus tard
que pourle nerf, et vient
presquetoujours après le recouvrement du mouvement volontaire.
Là,
encore,la régénération est dans
unrapport direct
avec lagravité de la paralysie.
En
présence dii courant galvanique, les faits
sepassent
d'une (out autre manière. Onsignale d'abord
unediminu¬
tion de l'excitabilité
galvanique, puis cette diminution fait place
versla deuxième semaine,
aucontraire,
à une aug¬mentation de cette même excitabilité
qui peut atteindre alors
un
degré très élevé. Elle est liée
àdes modifications qualitatives de la contraction, qui prennent alors
unetrès grande importance. Celles-ci sont caractérisées
:1° Par la lenteur et la paresse
de la contraction
;2° Elle est
plus forte
aumoment de la fermeture, le pôle
positif étant appliqué
surle muscle
enexpérience,
quequand,
aucontraire, c'est le pôle négatif qui est appliqué sur
ce même muscle.
Or,
àl'état physiologique, c'est le phéno¬
mène inverse,
qui
seproduit.
Pour rendre
plus simple l'énoncé de
cesdifférentes lois qui régissent les modes de réaction des muscles à l'état phy¬
siologique
oupathologique, quand
onles excite à l'aide d'un
courant
électrique,
aumoment de l'ouverture
oude la ferme¬
ture de ce courant, ou en en
faisant varier l'intensité,
on a eu l'idée de lesreprésenter à l'aide d'une notation spéciale.
Cette notation a
malheureusement le désavantage de
ne pas être la même pourtous les expérimentateurs. En Allemagne,
où l'on en eut la
première idée,
onreprésentera
parexemple
une secousse au
pôle négatif à la fermeture
par : Ka SZKa pour kathode
S pour Schliessung
(fermeture)
Z pour Zuckung
(secousse)
l)e même pour une secousse au
pôle positif à l'ouverture,
on écrira :
An OZ
A pour Anode
0 pour Œffnung
(ouverture)
Z pourZuckung.
Comme on
le voit, le principe de cette notation est fort simple.
Une
première modification
yfut apportée
enFrance,
en ce queles initiales des mots allemands furent remplacées par
celles des motsfrançais correspondants, si bien
quel'on
écrit pour
la
secousse aupôle négatif Ka FS
ouKFZ
pourKaSZ;
aupôle positif, la représentation des
secoussesMarchand 3
entraînera moins de confusion
grâce à la similitude des ini¬
tiales des mots
œffnung et ouverture.
M. le
professeur Bergonié, à qui
nousempruntons
cesdétails, fait
à cettenotation,
outre cettepremière critique,
une deuxième fort
juste
ausujet du mode de désignation
de la
grandeur relative des
secousses.Ce mode de nota¬
tion varie encore
davantage
avecles expérimentateurs,
chacun d'eux
employant
unsigne particulier
pourindiquer
les variations de l'intensité de la contraction musculaire.
Ainsi,
pour unelégère
secousseà la Kathode et à la ferme¬
ture les uns écrivent : Ka sz ou Ka
Sz,
etles
secousses pro¬gressivement plus fortes Ka SZ, Ka S Te (Te
=Tétanos),
d'autres pour
représenter les mêmes variations dans les
secousses,
les traduiront
parKa SS, Ka SS', Ka SS", etc.,
ou bien KaSS, Ka SsS, Ka SSSS,
etc. ; cesexemples seuls
mon¬trent la
complexité de
ce genrede notation.
De
plus, argument plus
grave,cette notation
nelient
aucuncompte de l'intensité des courants employés
pourproduire
ces secousses.
Aussi, les
auteurssont-ils obligés, la plupart
du
temps, d'écrire
enface de la formule de chaque
secoussel'équation I.
= nMA.
Dans le but de
simplifier la notation de l'intensité, Erb
avait
imaginé de diviser les courants
enfaibles,
moyenset
forts.
Mais,
outrele
caractère peuscientifique
queprésente
cette
notation,
onvoit immédiatement qu'elle doit être insuf¬
fisante pour
des variations d'intensités allant de 5
en 5milliampères, de 0 à 30.
«
Or, dit M. le professeur Bergonié, il faut, dans
un examen»
électrique, faire croître progressivement l'intensité du
cou-» rant et noter les réactions au moment où elles se montrent
» avec les intensités
correspondantes. Plus
onprendra d'in-
» termédiaires entre les intensités minima et maxima que
»
peut supporter le malade, plus l'examen
seracomplet, et
» les
renseignements nombreux qu'on
pourra entirer
au»
point de
vuedu diagnostic et du pronostic.
»Pour remédier aux inconvénients que
présentait l'ancienne
notation de la loi des secousses de
Brenner, M. le professeur Bergonié
a eul'ingénieuse idée de créer
unenouvelle
ma¬nière d'écrire ses
résultats, basée
surles procédés employés
dans les méthodes
graphiques. Ce procédé fort simple
con¬siste à
porter
surdeux
axesrectangulaires de coordonnées,
en abcisses les intensités du courant excitateur et en ordonnées lagrandeur relative des
secousses.Les courbes du pôle négatif sont formées
pardes signes
—,les courbes du pôle positif
pardes signes +,
cequi supprime la nécessité de
pos- séderune clef pourlire
un examenélectrique aussi compliqué
soit-il
(1)
;enfin, cette notation graphique traduit objective¬
ment par un
changement dans l'arrangement des courbes la
réaction de
dégénérescence, supprimant du môme
couples signes (>), (<)
ou(=) dont
on sesert dans la notation
par lettres(2). Tel est le procédé de M. le professeur Bergonié,
on voit
qu'il réunit
cestrois importantes conditions
:il
est
scientifique, il est simple, et
enoutre, il n'est
pas besoin de clefspéciale
pourlire
sesrésultats. La seule objection qu'on puisse lui
opposer, encorequ'elle existe
pour
les autres procédés, est
quela valeur de l'ampli¬
tude des secousses musculaires est
appréciée
parl'expéri¬
mentation à l'aide de lavue
seule, mais il serait facile
àl'aide
d'unappareil inscripteur de Marey, si cela
nedemandait trop
(!). Voir planche I.
(2)Voir planche 11.
— 2(1 —
de
temps dans la pratique courante, d'inscrire les contrac¬
tions à l'aide d'un
appareil graphique de cet auteur.
3° La troisième modification
qualificative de l'excitabilité
du
muscle, frappé de paralysie
aucourant galvanique, est
que
quand il
y aréaction de dégénérescence, surtout quand
celle-ci a atteint 1111 certain
degré, il suffit de courants très
faibles
(4, 6, 8 MA)
pourl'obtenir d'une façon très nette.
Ces modifications de l'excitabilité
électrique peuvent
per¬sister un certain
temps (3, 6, 8 semaines) puis apparaît
un affaiblissementgraduel de la contraction, et il est nécessaire
pour
l'obtenir d'augmenter l'intensité du courant. La courbe
des contractions s'abaisse ainsi peu
à
peu,jusqu'à devenir
nulle, le muscle peut-être alors considéré
commeperdu
pour la vie.Il en est ainsi dans les cas incurables. Mais dans les cas
moins graves
les faits suivent l'ordre inverse. Cependant les phénomènes
normaux serétablissent
avec uneextrême len¬
teur. La marche vers la
guérison
sesignale
parle retour
vers la-normale en franchissant toutes les
étapes qu'a pré¬
sentées la réaction de
dégénérescence. On
remarqued'abord
une diminution de la An
FS, la lenteur
etla
paressedes
secousses cesse et tout ainsi
peut revenir à la normale. Mais
ce retour se
produit
engénéral
avec uneextrême lenteur, et,
la
plupart du temps, alors
quel'excitabilité à l'aide de la
volonté ou du courant par
l'intermédiaire des nerfs est rede¬
venue
normale, le muscle présente
encorela réaction de dégénérescence. Il importe de signaler ici
unemanifestation remarquable qui
accompagnela réaction de dégénérescence,
nous voulons
parler de l'excitabilité mécanique du muscle qu'ont signalée Herb et Hitzig. Ce phénomène est
carac¬térisé par une
contraction rapide du muscle
sousl'action
d'une
percussion même parfois très légère, à l'aide du doigt,
du marteau à
percuter,
ousimplement eu éloignant brusque¬
ment un corps
déprimant (1).
Tel est
exposé le plus brièvement possible ce que l'on
entend par
réaction de dégénérescence. 11 est évident que
dans lapratique
onrencontre de fréquents exemples qui
s'éloignent plus
oumoins de ce type, cependant ils n'en
présentent
pasmoins la même marche, se rapprochant jus¬
qu'à
uncertain point de notre description.
Cependant ils ont permis d'imaginer plusieurs espèces de
réactions de
dégénérescence, mais
nouscroyons devoir les
rattachertoutes au même
phénomène dont elles
nesont que
les diversdegrés. Néanmoins
nousen retiendrons trois dont
on a donné ainsi
la définition
:1° La R. D.
partielle qui présente une excitabilité normale
au courant
faradique
avecmodification qualitative de l'exci¬
tabilité
galvanique An FS>Ka FS par exemple.
2° La R. D.
ambiguë qui présente
uneréaction normale
ou
supprimée
aucourant fara lique avec An FS
=KaFSau
courant
galvanique.
3° La R. D.
complète,
ouabolition de l'excitabilité
au cou¬rant
faradique
avecréactions inverses au courant galvanique
c'est-à-dire An FS>Ka
FS.
(l)Nous rapprocherons de cette
contraction
provoquée àl'aide d'une excitation
mécanique des muscles en
dégénéralion,
une contractionque l'on rencontrefré¬
quemment enexcitant les muscles à
l'aide d'une étincelle statique
oud'un fort
courant d'induction. Ce fait a été parfaitement décrit par M. le docteur Debédat au dernierCongrès pourl'avancement des sciences tenu à Bordeaux en 1895.
Il avait
d'ailleurs été signalé par Dubois et Jolly en 18S3. Cette contraction
lente
etparesseuse ne peut être
produite
que pardes excitations très éloignées, d'après
Dubois ellesnedoiventpas être répétéesplus de 10 ou 15 fois par minute.
- 22 —
On nous
pardonnera d'avoir insisté si longuement dans
ce
chapitre
surla définition et la marche de la réaction de dégénérescence. Mais cette étude est la base même de
notre
sujet,
on verra que nosconclusions seront
enpartie
tirées sur cette marche même de la réaction de
dégénéres¬
cence.
PLANCHE I
Représentation des réactions physiologiques d'un nerf à l'état
sain àl'aide de la méthode de M. le
professeur Bergonié.
Les cliilïrcs5, 10, 15, 20 représententdes milliampères.
VÉRIFICATION
DE LA LOI DE BRENNE II
Ka ES > An ES. I. = An OS > Ka OS. I. =
n MA
n MA
- 24 -
PLANCHE II
Représentation d'un
cascomplexe de R. D. d'après Erb,
par la méthode de M. leprofesseur Bergonié.
NOTATION DE GE CAS A L'AIDE DE L'ANCIENNE MÉTHODE (Onsupposel'intensité proportionnelle aunombre d'éléments.)
Avec 10 éléments An FS Ea F—
— 12 — An ES' > Ka FS
— 14 — An FS' > Ka FS
— 16 — An FS' = Ka FS'
— 18 — An FS', An OS < Ka FS"
— 20 — An FS', An OS, Ka OS > Ka FS"
Les chiffres 5, 10, 15, 20 représententdes railliampères.
J. Bergonié. EtudesElectrothérapiques(op. cit.).
CHAPITRE II
Comment
onrencontre la R. D.
—Son Pronostic
engénéral
Nous allons maintenant passer
rapidement
en revueles
différentes affections
dans le
coursdesquelles
seprésente la
R. D. En
première ligne
nousciterons les paralysies trauma- tiques. A priori
eneffet, on peut affirmer qu'on rencontre la
R. I). dans toutes les
variétés de paralysies dues à des lésions traumaliques des nerfs, qu'il
yait eu section, compression
ou
simple pression et quelle
quesoit la région ou les nerfs qui ont subi le traumatisme.
Il est évident que
si
cesmêmes lésions proviennent de l'organisme, clans le
casde tumeur par exemple, les effets
seront
toujours les mêmes. Si nous joignons à ces lésions traumatiqucs des nerfs, les paralysies consécutives aux né¬
vrites,
àquelque ordre que
cesdernières appartiennent, clans lesquelles
onrencontre aussi la R. I). nous voyons que cette
réaction existe
chaque fois qu'il
y a untrouble dans la
con¬ductibilité nerveuse. Les
traumatismes des muscles,
comme ceux desnerfs, quand ils sont suivis de paralysie, entraînent
aussi chez eux la R. D.
Mais
commelà aussi il
y ale plus
souvent
névrite, les deux affections
seconfondent et il est
Marchand 4
— 26 —
difficile de limiter la
part qui revient à chacune d'elles des
troubles
apportés à leur manière de réagir contre l'excitation électrique.
Parmi les autres affections dans
lesquelles
ontrouve la
R.D. il faut citer les
paralysies rhumatismales, principalement
celles
qui frappent la face. Nous
avons vu que cefut dans
uncas semblable que
cette réaction fut découverte
etétudiée
pour
la première fois. Elle
se rencontre avec toute sagravité
dans les maladies
médullaires,
surtoutcelles qui atteignent
les colonnes
grises antérieures
; nousla
trouvons eneffet,
dans la
paralysie infantile
soustoutes
sesformes, aiguë, subaiguë
ouchronique, dans l'atrophie musculaire
progres¬sive, dans la sclérose
latéraleamyotrophique, ainsi
quedans
toutes les affections du même genre.
On la trouve parfois
dans les
paralysies
survenuesà la suite d'une hémorrhagie
ou d'une tumeur de l'axe médullaire.
Dans ces affections
chroniques, la R. I).
ne se rencontre pas leplus souvent, (il
enest ainsi
surtout pourla paralysie infantile), dans
tousles muscles
d'un membreatrophié,
mais la
plupart du temps elle
semanifeste
pour unseul,
ouun groupe
de muscles,
et,dans
cedernier
cas,elle peut mieux
encore se
présenter
sous sesdiverses formes
et àdifférents
degrés.
La R. D. se rencontre
fréquemment dans les paralysies d'origine toxique; elle constitue
unphénomène
constantde
la
paralysie saturnine
et se trouve mômeparfois chez les
saturnins dans des muscles
qui
neprésentent
aucun symp¬tôme de
paralysie. Avec le saturnisme
ungrand nombre d'intoxications provoquant des paralysies peuvent permettre
d'observercette réaction. Lancereauxsignale chez plusieurs
de ses malades
frappés de paralysie alcoolique l'abolition de
l'excitabilité
faradique des muscles paralysés
avecréaction
— 27 —
de
dégénérescence. Aux paralysies dues
auxintoxications se
rattachent cellesqui sont dues
auxauto-intoxications; dans
celles-ci nous n'avons
point trouvé d'observation où il soit
fait mention
de
la réactionde dégénérescence. Dans les
para¬lysies dues à l'infection de l'organisme par dés toxines mi¬
crobiennes,
dans
lesparalysies diphtéritiques
parexemple, quand elles ont atteint un certain degré, on peut affirmer que
la réaction de
dégénérescence
enconstitue
unphénomène
constant. Rivière
l'a
constatée mêmedans les paralysies du
voile du
palais.
Enfin, la réaction de dégénérescence
serencontre dans
toutesles
paralysies qui suivent les maladies aiguës (névrites, hémorrhagies, polyomyélites, etc.), ainsi
quedans certaines
maladies
chroniques affaiblissant l'organisme et entraînant
des
paralysies, la syphilis par exemple.
Malgré les nombreuses recherches qui ont été faites à ce
sujet,
onn'a jamais rencontré la R. D. dans les paralysies
provenant rie lésions de l'encéphale au-dessus des noyaux
gris bulbaires. On
nel'a jamais rencontrée non plus dans les paralysies
parlésions des cordons blancs médullaires (à l'ex¬
ception cependant des racines antérieures). Elle ne se pro¬
duit
jamais dans les paralysies hystériques. On ne la voit
non
plus jamais dans les affections musculaires primitives,
nous voulons ici faire
allusion
auxmyosites
ou auxparésies
des muscles au
voisinage des articulations malades,
pasplus
que
dans les atrophies provenant d'un repos ou d'une inacti¬
vité
prolongés d'un membre placé dans un appareil, même quand
cesatrophies sont poussées au plus haut degré.
Par cette
rapide énumération des affections où
onla ren¬
contre, on
voit
quela réaction de dégénérescence
semani¬
feste dans
les formes de troubles les plus divers. Elle
nefacilitera
donc
pasdans tous les
casle diagnostic étiologique
— 28 -
de la
lésion, mais elle permettra souvent d'en déterminer le diagnostic anatomique D'une façon certaine elle indiquera
toujours,
commede nombreuses recherches histologiques
l'ont montré,
qu'il existe dans les nerfs ou dans les muscles
des altérations
trophiques d'une certaine gravité, et ce qu'il y
a de très
important, le siège même de ces lésions d'une
façon précise. Par cela même
onvoit immédiatement l'im¬
portance
quedoit avoir cette réaction au point de vue du pro¬
nosticde ces affections.
Avant d'aborder l'étude de ce
pronostic
nous nouspermet¬
trons de
rappeler cette loi fort juste formulée par Erb qui
nous servira de
guide
: «Toutes circonstances étant égales,
c'est-à-dire dans une seule et même
forme
et causede mala¬
die, la lésion
estd'autant plus
grave,la durée de la maladie
est d'autant
plus longue,
quela réaction de dégénérescence
est
plus développée et plus complète et se trouve à une période plus avancée.
»Les nombreuses études auxquelles nous nous
sommes
livré, les observations variées
que nous avons eula
bonne fortune de
pouvoir réunir,
nousont montré la jus¬
tesse ettoute la
portée de cette loi. Nous
nouspermettons d'y insister. On peut dire
eneffet, d'une façon générale, que
la réaction dedégénérescence est
unsymptôme d'autant plus
grave
qu'elle est plus complète. Au point de vue du pronos¬
tic, la R. D. partielle est plus favorable
quela R. D. dite ambiguë, et celle-ci elle-même est moins
grave quela R. D.
complète. Cette façon d'envisager le pronostic
en nousbasant
sur le
degré de la R. D.
sera pour nous unerègle, et peut
faire dès maintenant
prévoir
nosconclusions.
Nous allons maintenant essayer
de
grouper nosobserva¬
tions de réactions de
dégénérescence
parentités morbides, et
nous baserons notre
pronostic
pourchaque affection où nous
aurons rencontré ces
réactions,
surla longueur
oul'issue du
- 29 —
traitement
qui
auraété institué
pournosmalades, nous essaie¬
rons ensuite de tirer de notretravail
quelques conclusions générales.
Toutes ou presque
toutes
nosobservations ont été prises h
la
Clinique de M. le professeur Bergonié. Nos malades y ont
tous suivi un traitement
électrothéranique régulier. En géné¬
ral,
cetraitement consistait
encourantsgalvaniques rythmés, essayés
pourla première fois à Bordeaux, ou continus
d'après la méthode instituée
parRemak, les seuls vraiment
efficaces, quand il
y aréaction de dégénérescence.
CHAPITRE III
Examen en
particulier du pronostic de la R. D.
Nous allons maintenant
aborder l'étude du pronostic de la
réaction
de dégénérescence dans les différents groupes d'af¬
fections où 011
la
rencontrehabituellement,
en nousbasant
sur les
observations
que nous aurons purecueillir de cette
réaction. Nous
prions
nosjuges et nos lecteurs de ne point
attacher une
trop grande importance dans la façon dont nous
nous avons
classé
cesobservations. Nous les
avonsréunies
dans l'ordre
suivant
:Paralysies traumatiques, paralysies provenant de névrites périphériques, paralysies rhumatis¬
males, paralysies provenant d'altérations médullaires (para¬
lysie infantile, atrophie musculaire progressive, sclérose
amyotrophique latérale, hémorrhagies de la moelle épinière,
tumeur de
la moelle), paralysies toxiques (saturnineet alcoo¬
lique), paralysies diphtéritiques et enfin paralysies syphiliti¬
ques.
I.
Paralysies traumatiques.
Une
paralysie qui survient à la suite d'un traumatisme
n'est pas une
chose rare. Ce que l'on ignore davantage,
c'est que
la gravité de la paralysie n'est pas en rapport direct
- 32 —
avec
l'importance du traumatisme. En effet, si nous prenons
deux lésions
traumatiques distinctes du bras par exemple
et dont
le pronostic semble au premier abord bien différent,
la fracture et
la contusion, la première semblera beaucoup plus
graveque la seconde. Cependant la fracture de l'humé¬
rus
peut très bien ne pas être suivie de paralysie grave tan¬
dis que
la seconde peut être accompagnée d'une atrophie'
musculaire
qui persistera fort longtemps. Nous savons en
effet
qu'il suffit d'une pression plus ou moins forte exercée
sur un
nerf
pourentraîner une paralysie avec dégénéres¬
cence
du nerf
etdes muscles qu'il innerve
;or, en cette région, si le nerf cubital ou surtout le nerf radial, ce qui se
voit dans la
plupart des cas, sont contusionnés, il peut
s'ensuivre une
paralysie grave. De même, entre deux con¬
tusions dont
l'une
estplus violente que l'autre, il ne
s'ensuit pas quela plus forte entraînera forcément la para¬
lysie la plus grave. Nous avons en effet dans deux de nos
observations
les exemples différents d'un cas de contusion
de
l'épaule à la suite d'une chute de bicyclette suivie de
paralysie grave du deltoïde, et une contusion de l'avant-
bras
produite par le choc d'un marteau-pilon pesant plus
d'une tonne
qui n'entraîna qu'une paralysie légère.
Quand il
y aparalysie post-traumatiquc, c'est aux réactions
électriques qu'on devra demander d'en fixer le pronostic, et parmi
cesréactions, la plus importante, celle qu'on devra
chercher avec
le plus de soin, sera la présence ou l'absence
de la
réaction de dégénérescence. Dans le premier cas on
pourra
affirmer a priori que la paralysie est peu grave, et
que
les muscles recouvreront rapidement leur contractilité ;
dans ce cas
de simples badigeonnages faradiques suffiront
pour
arriver à la complète guérison ; dans le second cas, au
contraire, le pronostic devra être fort réservé, les courants
galvaniques constants
ourythmés devront être employés,
c'est le meilleur traitement que nous ayons vu
réussir. On
verra dans nos observations que
la guérison,
oumême
unesimple amélioration, sont très difficiles et très longues à
obtenir.
Observation I
(Recueilliedans lo service de M. le piofesseur Bekgonié).
Paralysie radiale
parcompression. Pas de R. D. Pronostic favorable.
Pierre M...,
pâtissier à bord du Brésil, Agé de trente-trois
ans, adressé par M. ledocteur Auché. S'endormit la tète appuyée
surle
bras droit. En se réveillant il sentit des fourmillements douloureux tout lelong du
bras et de la main.
Enmême temps le membre était frappé
d'uneimpotence fonctionnelle absolue.
Vient
quinzejours après à hi Clinique électrothérapique,le22 août 1894.
On ne constate pas
d'atrophie du bras, mais
unesimple parésie. Les
réactions
électriques des muscles sont nombreuses.Dynamomètre
:à
droite,5 kilogrammes;à gauche, 35 kilogrammes.
Traitement. — Gourants faradiques
rythmés.
G
septembre.
—Le malade
arecouvré des forces d'une façon éton¬
nante.
Dyamomètre
:10 kilogrammes à droite et 21 kilogrammes
pen¬dantl'excitation du radial à l'aide de faradiques.
7
septembre. —Dynamomètre
:12 kilogrammes.
20
septembre.
—Dynamomètre: 25 kilogrammes. On peut dès lors
considérer la
guérison
commeétant
enbonne voie et l'observation
cesse d'êtreprise.
Marchand 5
Observation II
(Personnelle)
(Recueillie dans le service
de M. le professeur Bergonié)
Paralysie faciale traumatique légère. Pas de R. IJ. Pronostic
favorable.
Joseph
S..charretier,âgé de vingt-cinq
ans,afait, le 28octobre 1895,
une chutesur latête en conduisant un tombereau.
A la suite de cette
chuteS...
perdit connaissance pendant vingt minutes environ, et quand
il revintàlui, il s'aperçut
qu'il avait
unécoulement de
sang parle
conduit auditif à droite. Sauf cette hémorrhagie il
n'eut tout d'abord
aucun autre accident
provoqué
parcette chute.Ce
nefut
quele lende¬
main qu'il remarqua
qu'il lui était impossible de fermer complètement
l'oeildroit etunecertaine gêne des
muscles de la face du même côté.
Il avait un début de paralysie
faciale. Mis
entraitement dans le service
de M. le docteur Beaudrimont àl'hôpital
Saint-André, celui-ci l'envoie
se faire examiner à la Clinique
électrothérapique'le 7 novembre 1895.
Nous constatonsalors chezlui, tousles
symptômes d'une paralysie du
facial droit. Difficulté pour
fermer l'œil, abaissement de la commis¬
sure labiale, effacement du
pli qui joint cette commissure à l'aile du
nez, en outre le
malade siffle et rit de travers.
Réactions électriques: Pour tous
les muscles paralysés,l'excitabilité
faradique est
conservée, mais
unpeuaffaiblie. Au courant galvanique
on ne constate pas
de réaction de dégénérescence.
Traitement. — Courant
galvanique chaque jour, T.
=10'
; I.= 10 MA.Nous avons revuce malade le 17 novembre 1895. La
paralysie avait
disparu,il était absolument guéri.
— 35 —
Observation III
(Personnelle).
(Recueillie dans le service
de M. le professeur Bergonié.)
Parésie, suite de
contusion de Vavant-bras. Pas de R. D.
Pronostic
favorable.
CharlesL...,
âgé de vingt-neuf
ans,frappeur,
seprésente à la Cli¬
nique le
6 novembre 1895, adressé
parM. le docteur Peyre. Le 12
octobre 1895, le malade
travaillait
auxateliers de Bacalan, où il est employé, lorsque
parle fait d'une chute inattendue d'un marteau-
pilon,
il reçut
unchoc violent
surl'avant-bras. Immédiatement, le
membre fut
frappé
d'uneimpotence absolue, la main restant
enprona¬tion forcée. Le malade fut immédiatement
soigné
auxAmbulances
urbaines. On ne constatachez lui ni fracture, ni luxation.
A la Clinique
électrothérapique,
nousconstatons chez
cemalade,
sur lebord interne de l'avant-bras droit, une large
ecchymose, de
couleur jaunâtre,
s'étendant du coude à 5 centimètres environ du
poignet. Elle
est
peudouloureuse à la pression, les téguments à ce
niveau sont
empâtés, d'une consistance plus dure
quela normale.
Réactions électriques :
Elles sont absolument normales, l'excita¬
bilitéfaradique est
parfaitement conservée. Pas de R. D.
Traitement. —Courants
galvaniques rythmés. I.= 10 MA; T.
=15'.
Ce malade sort de la Clinique le
16 novembre 1895 absolument guéri. L'ecchymose qu'il présentait à l'avant-bras n'a presque pas
laissé de traces. Il déclare
pouvoir maintenant reprendre
sontravail.
I
— 36
Observation IV
(Personnelle).
(Recueillie dans le service de M. le professeur
Bekgonié.)
Paralysie traumatique {suite de luxation de l'épaule).
Pierre G..., serrurier, quaranteans,
vient à ia Clinique électrothé-
rapique le
17 mai 1895, envoyé
parM. le professeur Démons. Le 21
avril1895, cet hommese luxa
l'épaule
enallant
sebuter contre
unmurétant à bicyclette.
D'après le diagnostic porté
parM. le profes¬
seur Démons, ilse serait fait une
luxation sous-coracoïdienne, qui fut
réduite dès lelendemain même de l'accident. Le traumatisme ne se serait
signalé
parrien de particulier, sauf
unretour très lent des
mouvements volontaires, pour lequel le
malade vient à la consulta¬
tion de 51. le professeur
Bergonié, vingt-six jours après l'accident.
A l'examen, on constate alors chez ce
malade,
unelarge ecchymose
en voie de
régression s'étendant
surtoute la région antérieure
du bras droit, recouvranten partie la
saillie du deltoïde et le tendon
du grand
pectoral jusqu'à la partie
moyennede
cemuscle. Le membre
semble
légèrement atrophié, cette atrophie semble porter particulière¬
mentsur le deltoïde. La palpation ne
révèle rien de particulier du
côté de l'articulation de l'épaule. La
tête humérale roule parfaitement
dans lacavité
glénoïde,
etil
nesemble point
yavoir de traces éviden¬
tes d'ankylose. Cependant, si
l'on
veutfaire exécuter de lui-même quelques
mouvementsde
sonarticulation, le malade
nepeut
y par¬venir. Les mouvements d'avant en arrière sont seuls
possibles
avec quelquesmouvements d'abduction d'une très faible étendue.
Lasensibilitécutanée semble normale surtoute lasurfaceecchymo- tique,
ainsi
que surtoutes les autres parties du bras.
Réactions
électriques.
Gourantfaradique
:avant-bras,
normale;bras, normalepour
le biceps, le long supinateur, le triceps brachial
le grand pectoral; le
deltoïde
estabsolument inexcitable
au courant faradique, tous les autresmuscles de l'épaule
ontdes réactions
nor¬males. Gourantgalvanique : tous ces
muscles, sauf le deltoïde,
se contractent d'une façon normale, c'est-à-dire avecprédominance
de IaKaFS; le deltoïde présente uneréaction de dégénérescence très
nette pour ses
trois faisceaux (An FS
>Ka FS); de plus,
sescontrac¬
tions sont excessivement lentes.
Traitement. — Gourant
galvanique rythmé
avecI.
=10 MA
; T. =15'.Nous revoyons le 15 juin notre
malade, il
n'apasfait de grands
pro¬grès,
lesmouvements d'élévation de l'épaule sont impossibles quand
on fixe l'omoplate et la
clavicule. Le deltoïde présente toujours
la R. D.
20
juillet.
— Lesprogrès sont plus sensibles, les mouvements d'ab¬
duction sont
possibles dans
unecertaine étendue. Mêmes réactions.
Ensuite nous
perdons de
vuele malade pendant le congé scolaire.
Nous l'avons revu au mois d'octobre, il se plaint toujours d'une cer¬
taine faiblesse du bras. Le deltoïde n'a pas encore recouvré son volumenormal.
Observation Y
(Personnelle)
(Recueillie dans le serviceaie M. le professeurBergonié.)
Paralysie traumatique de l'avant-bras et de la main. R. I).
pour lesmuscles de Vavant-bras et de la main. Pronosticgrave.AlbertG..., charretier,
âgé de vingtlsept
ans,habitant Rordeaux,
vient à la Clinique