Rémy Gauzit
Equipe Mobile d’Infectiologie Unité de réanimation thoracique
CHU Cochin - Paris V
Aminosides
Bon usage et suivi thérapeutique
Aminosides
• Avènement début des années 70
• Famille homogène : Pk et Pd
• Index thérapeutique étroit (toxicité rénale et auditive)
• Inhibition de la synthèse protéique des bactéries par fixation sur le ribosome S30
• Large spectre, bactéricides
• Pas beaucoup de littérature récente
• Utilisation pas toujours optimale
• Gentamicine
• Nétilmicine
• Tobramycine
• Amikacine
• Tous les principes qui permettent d’optimiser leur
modalités d’administration (et donc leur efficacité) sont les mêmes en pédiatrie et chez l’adulte
• Juste quelques particularités pédiatriques et en néonatologie
Ami-SPA : résultats
• 251 centres participants
• 3 323 patients
o Dans les 3 mois avant le traitement par aminosides : - hospitalisation : 43 %
- antibiotiques : 27 %
o Antibiotiques depuis admission et avant aminoside : 42 %
o En association : 97%
o Traitement probabiliste : 77%
o Présence d’un choc septique : 13%
o Amikacine : 60%, Gentamicine : 38%
EJCMID 2017
Spa
Posologie de l’aminoside (mg/kg/j)
Aminoside Dose médiane journalière (mg/kg)
Total Sans choc Avec choc
Amikacine 15 15 (2-54) 20 (5-56)
Gentamicine 3 3 (0,3-14) 4 (1-14)
Amikacine : 15 à 30 mg/kg/j Gentamicine : 3 à 8 mg/kg/j
Posologies les plus élevées : situations sévères ou CMI élevées
Référentiel
Spa
Mode d’administration
Une seule injection / jour : 92 %
Voie d’administration N %
IV 30 min 2185 65,8 %
IV 60 min 820 24,7 %
IM / Sous-cutanée 91 2,7 %
Inconnue 227 6,8 %
DU journalière (+/- endocardite)
Voie intra-veineuse en perfusion de 30 min SC et IM doivent être évitées
Référentiel
Spa
Durée du traitement
o Motifs de traitement > 72 h (n = 614)
• Site de l’infection 40 %
• Type de bactérie 21 %
• Sévérité de la maladie 31 %
• Bactériémie 14 %
• Autres 19 %
o Durée (1 to 64 j)
• > 3 j 18 %
• > 5 j 10 %
• > 8 j 5%
Dans la majorité des cas : Arrêt à 48-72 h
Éventuellement < 5 jours
Référentiel
Spa
Conclusion
Houot M Eur J Pediatr 2016
Résultats quasi superposables
Classification des aminosides
Pharmacocinétique
• Molécules polarisées,
Très hydrosolubles, peu lipophiles
• Non absorbés par voie orale (gentamicine et DDS)
• Evolution des concentrations plasmatiques
Pharmacocinétique
• Liaison proteique : de l’ordre de 20 %
• Pas de métabolisme
Pas de sécrétion biliaire
• Vd faible : 0,4 à 0,5 l/kg
• Diffusion médiocre dans de nbx tissus
(SNC, sécrétions bronchiques, humeur aqueuse)
• Elimination rénale par F. glomérulaire
Clairance corrélée à celle de la créatinine
Particularités pédiatriques
• Grande variabilité Pk en fonction de l’âge : o gestationnel
o postnatal
• Conjonction de 2 facteurs :
o plus le poids de naissance est faible plus le Vd est
o achèvement néphrogénèse à 32-33 semaines o clearance aminosides avec âge gestationnel
et âge postnatal (modifiant la T1/2ß)
âge post conceptionnel
14
Beta-lactamines
(dont Carbapénèmes, Ceftaroline, Témocilline) Fosfomycine
Glycopeptides
Colistine
Daptomycine
Aminosides Macrolides
Tetracyclines (Tigécycline) Acide Fucidique
Linezolide
Quinolones ARN polymérase : Rifampicine, Fidaxomicine
Acide folique: Sulfamides, Triméthoprime 123bio.net
Pharmacodynamie
Spectre
• Bactéricidie à large spectre
• Activité in vitro :
- BGN : entérobactéries, P. aeruginosa, Acinetobacter spp
- CG+ : staphylocoques entérocoques streptocoques
• Activité en anaérobiose si pH acide
présence de débris cellulaires (pus ++)
• Gardent une activité bactéricide sur les bactéries quiescentes
Résistance naturelle de bas niveau
Break-points (EUCAST)
(CMI critiques) – 2020
Staphylocoques
• Gentamicine, tobramycine S si CMI ≤ 1 mg/l - R si CMI > 1 mg/l
Entérobactéries
• Gentamicine, tobramycine S si CMI ≤ 2 mg/l - R si CMI > 2 mg/l
• Amikacine S si CMI ≤ 8 mg/ - R si CMI > 8 mg/l
Pseudomonas aeruginosa
• Tobramycine S si CMI ≤ 2 mg/l - R si CMI > 2 mg/l
• Amikacine S si CMI ≤ 16 mg/l - R si CMI > 16 mg/l
Acinetobacter spp
• Gentamicine, tobramycine S si CMI ≤ 4 mg/l - R si CMI > 4 mg/l
• Amikacine S si CMI ≤ 8 mg/l - R si CMI > 8 mg/l
Pharmacodynamie
Existence de quelques différences
Amikacine : CMI plus élevées MAIS compensées par une meilleure pharmacocinétique
Cocci à Gram +
• Genta/nétilmicine les + régulièrement actives
• Entérocoques et streptocoques : association synergique si pas haut niveau de résistance
• R-acquises élevées Entérobactéries
• Même activité pour les 4 molécules
• SAUF : AMK seul actif sur Providencia spp
tobramycine : activité sur S. marcescens
• Souches BLSE : conservation sensibilité globale à la genta et à AMK de l’ordre de 50 à 60 %
Pharmacodynamie
P. aeruginosa
• Tobramycine : le + bactéricide et % de résistance le + bas, MAIS résistance le + souvent de haut niveau (résistance enzymatique), non accessible à de posologie
• AMK : résistance + fréquente, MAIS souvent de bas niveau (efflux) utilisation possible à fortes posologies
• Genta/nétilmicine : les moins actifs sur P. aeruginosa A. Baumannii
• Tobramycine et AMK restent les + actifs, avec fréquence élevée de résistances acquises
S. maltophilia et B. cepacia
• Naturellement résistant à tous les aminosides
Résistances acquises
• Mécanismes très variés
Touchent les aminosides de façon variable
• Les + fréquents : origine plasmidique
Gènes codant des enzymes modifiant leur structure Résistance d’emblée de haut niveau
• Efflux
• Imperméabilité
• Mutation des protéines ribosomales
• Enzyme AAC(6’)-Ib-cr : acétylation aminosides et FQ
• Voie IV : sélection dans la flore intestinale négligeable (pas d’élimination par digestive)
21
A quoi sert la relation Pk/Pd ?
Personnaliser les modalité d’administration des ATB dans le but d’atteindre ces objectifs
pour optimiser l’efficacité
Définir des objectifs Pk/Pd « cibles »
Que pouvons nous mesurer pour faire du Pk/Pd ?
• Pharmacocinétique
Ce que l’hôte fait avec le médicament….
- absorption Cmax
- métabolisme AUC
- élimination demi-vie, C. résiduelle
• Pharmacodynamie
Ce que le médicament fait au micro-organisme….
- effets directs CMI, CMB, vitesse de bactéricidie
- effets post-exposition EPA…
- sélection / induction résistance
Dosages
Relation Pk/Pd : efficacité vs temps
Paramètres PK/PD corrélés avec l’activité in vivo des ATB
Cmax/CMI (ou Pic/CMI)
ASC 24h/CMI
Temps de contact à C > CMI [T (%24h) >CMI]
Bacterial killing : concentration-dependent vs independent
Time-kill curves of Pseudomonas aeruginosa ATCC 27 27853 with exposures to tobramycin, ciprofloxacin and ticarcillin at 0.25 to 64-times Graig 1991
1/4 CMI
16 CMI 4 CMI
64 CMI
2 3 4 5 6 7 8 9
Log10 cfu/mL
1 CMI Contrôle
0 2 4 6 0 2 4 6 0 2 4 6
Tobramycin Ciprofloxacin Ticarcillin
8
Quels objectifs Pk/Pd pour les aminosides ?
• Bactéricidie conc-dépendante (même sur pyo en croissance lente) pic/CMI = 8 à 10
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
<2 2 à <4 4 à <6 6 à <8 8 à <10 >10
Aminosides : relation Cmax/CMI et guérison clinique
RR de guérison clinique
Cmax/CMI
Moore JID 1987; 155 : 93-99
Quels objectifs Pk/Pd pour les aminosides ?
• Bactéricidie conc-dépendante (même sur pyo en croissance lente) pic/CMI = 8 à 10
• EPA (temps entre le moment ou Cser devient inférieure à la CMI et la recroissance bactérienne)
2 à 4 h in vitro, x 2 à 10 in vivo
Quels objectifs Pk/Pd pour les aminosides ?
• Bactéricidie conc-dépendante (même sur pyo en croissance lente) pic/CMI = 8 à 10
• EPA (temps entre le moment ou Cser devient inférieure à la CMI et la recroissance bactérienne)
2 à 4 h in vitro, x 2 à 10 in vivo
• Phénomène de résistance adaptative à la 1ère dose (réduction vitesse de bactéricidie et EPA)
Résistance adaptative et aminoside
(effet 1
èredose)
« Down régulation » du transport entre l’aminoside et sa cible ribosomiale chez les bactéries
survivantes aprés la 1ère dose d’aminoside
Conséquences
• CMI augmente
• vitesse de la bactéricidie et de l’EPA
• Réversible après 24h
• Implique principalement Pyocyanique et E coli
Karlowsky JAC 1994; 33 : 937
0 2 4 6
1ère dose 2ème dose
3ème dose
24 mg/24 h 8 mg/8 h
Quels objectifs Pk/Pd pour les aminosides ?
• Bactéricidie conc-dépendante (même sur pyo en croissance lente) pic/CMI = 8 à 10
• EPA (temps entre le moment ou Cser devient inférieure à la CMI et la recroissance bactérienne)
2 à 4 h in vitro, x 2 à 10 in vivo
• Phénomène de résistance adaptative à la 1ère dose (réduction vitesse de bactéricidie et EPA)
• Risque +++ de mutants-R pic/CMI = 8 à 10
Nilsson JAC 1987, Blaser AAC 1987
Relation Pk/Pd : efficacité vs temps
Passer le moins de temps possible dans FSM
• Pour la plupart des ATB CPM = 5 à 10 x CMI
• Pour certains ATB
CPM avec inoculum (carbapénem +++)
Comment administrer un aminoside ?
• Bactéricidie concentration-dépendante
• Effet post-antibiotique
• Phénomène de résistance adaptative
Arguments en faveur de :
Posologies élevées Dose unique journalière
9 méta-analyses entre 95 et 97
•
réponses clinique et microbiologique avec DUJ Aucune ne soutient le concept de la DMJ
•
Tolérance :
néphrotoxicité avec la DUJ (7 méta-analyses/9) Pas d’influence DUJ sur toxicité cochléaire ?
• Absence d’informations sur la mortalité et la
toxicité vestibulaire
Tolérance
Toxicité auditive (souvent irréversible) et rénale
• Facteurs de risque multiples - âge > 75 ans
- diabète
- néphropathie préexistante ou concomitante
- AINS, vancomycine, ampho B, produits iodés…
- déshydratation, hypoalbuminémie, états de choc - hypovolémie + diurétique (situation courante) - IVG
- cirrhose (doit être considéré comme CI)
- si ins rénale chronique : surveiller audiogramme - durée de traitement
Toxicité rénale
Liée au stockage rénal des aminosides
De Broe Kidney Int 1984, Drusano CID 2007 Rea Semin Respir Crit Care Med 2007
• Fixation sur recepteurs de la bordure en brosse de l’épithélium tubulaire proximal
Capacité de fixation +++
• Dans 2ème temps : transfert intra cellulaire (phénomène saturable) avec séquestration intra-lysosomiale
(concentration peuvant devenir +++)
• Entre 1er et 6ème jour : altération progressive des fonctions lysosomiales, avec lyse et relargage d’enzyme dans le cytoplasme
• A partir 7ème jour : dégénérescence et nécrose des cellules tubulaires
• Secondairement : régénération tubulaire
Durée de traitement et toxicité
•
En terme de toxicité rénale et auditive : durée de 6 à 7 jours, au grand maximum
Bertino JID 1993, Maller JAC 1994, Prins JAC 94
•
Maller JAC 1994 - 316 patients
- durée traitement = risque de néphrotoxicité RR = 3.6 (IC95 1.3-9.7)
Cut-off à 7 jours
•
Prins JAC 1994
Traitement par gentamicine plus long pour les pts développant une néphrotoxicité
12 versus 5,9 jours ; p<0,01)
Tolérance
• Rénale
Toxicité indépendante de la Cmax
• Auditive et vestibulaire Pas de preuve d’une corrélation à la Cmax
Durée traitement > 5-7 jours
Bertino JID 1993, Maller JAC 1994, Prins JAC 1994
Spécificités pédiatriques
• Toxicité rénale et auditive rares chez nouveau-nés et enfants
• Grossesse : indications limitées aux tableaux cliniques sévères en l’absence d’alternative
Evaluer la fonction auditive du nouveau-né (oto- émissions)
• Allaitement : possible avec gentamicine ou tobramycine
Pas de donnée sur amikacine
39
Indications
• Pyélonéphrite
• Infection respiratoire
• IIA
• Endocardite à CG+
• Infection peau et tissus mous
• Neutropénie fébrile
• Infection à P.aeruginosa
Acinetobacter sp Enterobacter sp Serratia sp
Citrobacter sp
• Prophylaxie chirurgicale et endocardite
Indications : libellés d’AMM et littérature
• Choc septique
• Infection ostéo articulaire
• Infection/matériel étranger
• Cellulite nécrosante
• Septicémie à BGN
• Méningite purulente
• Sinusite
• Mycobactérioses
• Listériose
• Tularémie, peste
• Nocardiose
• Neutropénie fébriles…
Dans la quasi totalité des situations, utilisation dans le cadre d’une association
Pourquoi associer ?
Elargir le spectre
Obtenir une synergie
Diminuer
l‘emergence de souches
résistantes Diminuer la toxicité du traitement
4 « raisons »
Pourquoi associer ?
Elargir le spectre
Obtenir une synergie
Diminuer
l‘emergence de souches
résistantes Diminuer la toxicité du traitement
Clairement en faveur monothérapie
•Addition des EI de chaque molécule
- néphrotoxicité - ototoxicité
- inf C. difficile
•Interactions
médicamenteuses
•Potentialisation de leur toxicité possible
Pourquoi associer ?
Elargir le spectre
Obtenir une synergie
Diminuer
l‘emergence de souches
résistantes Diminuer la toxicité du traitement Oui en probabiliste
(peur de l’impasse thérapeutique)
Essentiellement démontrée in vitro et sur CG+
Intérêt des associations ?
Safdar, LID 2004
Marcus, IJAA 2011 Paul, BMJ 2004
Paul, 2006
Paul, 2014
Toutes concluent à l’absence d’intérêt de la
bithérapie sur la guérison et la mortalité
2014
176 pages
….Problème pas aussi simple que ça
Deux situations différentes
• Antibiothérapie secondaire à J3 « documentée » toujours adéquate
• Antibiothérapie initiale « probabiliste éclairée » potentiellement inadéquate
Pb de l’ATB probabiliste des infections graves Peur de l’impasse microbiologique
En pratique
• Choc septique
47
CCM 2010; 38: 1773
• Etude rétrospective; 4 662 chocs septiques 2 948 : monothérapie 1 714 : association
• Appariement sur un score de propension permettant d’éliminer les ≠ entre les 2 groupes
ATB initiale adaptée
48
CCM 2010; 38: 1773
• Etude rétrospective; 4 662 chocs septiques 2 948 : monothérapie 1 714 : association
• Appariement sur un score de propension permettant d’éliminer les ≠ entre les 2 groupes
Mortalité 29 vs 36 %
ATB initiale adaptée
Association ATB probabiliste βL + AG/FQ si
sepsis sévère/choc septique/SDRA avec suspicion de BMR (BLSE, Pyo, Acineto, Entérobactéries du Gr 3...)
ICM 2017
Timotëus Deeleen CMI 2020 in press
• Cohorte prospective hollandaise, (n=626)
• Hémoculture positive à BGN
• ATB probabiliste
o Bêta-lactamine seule (n=470) 7,2 % % de choc septique
o Bêta-lactamine + aminosides ≤ 48 h (n=156) 20 % de choc septique
8 fois moins de risque d’ATB inappropriée
• Mortalité à J30 : monoT 13,6 % vs biT 17,3 % (OR 1,33)
• MAIS :
o Posologies utilisées sont faibles
o Hétérogénéïté +++ des situations cliniques
o ATB non homogène : C2G, C3G… carbapénèmes o Durée ATB inapproprié variable (test rapides)
o Délai « d’application » des sepsis guidelines ? Nécessité d’une étude randomisée pour conclure
En pratique
• Choc septique
• Dans la majorité des autres cas, ils ne sont indiqué qu’en début de traitement
- inoculum potentiellement élevé - incertitudes Pk/Pd
sur la « diffusion » tissulaire - nature et CMI du (ou des) germe inconnue
(peur de l’impasse microbiologique)
Incertitudes sur l’efficacité du traitement
Pas d’indication chez le neutropénique ….
sauf si choc septique
Administration
• Dose unique journalière (IV 30 minutes) - Pk/Pd : objectif 8 x CMI
- Gradient tissulaire
- Toxicité comparable voire inférieure (saturation de la mégaline)
- Emergence de résistance
• Posologies variables (gravité du tableau clinique, du terrain et du germe identifié ou suspecté)
Gentamicine/tobramycine/netilmicine 3-5 mg/kg/j 7-8 mg/kg/j
Amikacine
15-20 mg/kg/j 25-30 mg/kg/j
Particularités pédiatriques
Attention +++ à la dilution et à la quantité administrée
• Toute erreur, même faible retentissement majeur o C. sériques obtenues
o Explique en partie Ies variations inter et intra- individuelles observées en pratique courante
• Nécessité +++ de rincer la tubulure après chaque administration ( des risques de sous-dosage et de suivis thérapeutiques d’aspect chaotique)
Optimisation Pk/Pd
• Diffusion tissulaire altérée
• Modifications Pk
- Vd (x 2 à 4) Cmax diminuée
- demie-vie (x 2 à 3) Crésiduelle augmentée - clearance rénale si sepsis ou si ins rénale
Risque de sous dosage
Réanimation, hématologie : conditions défavorables
• Risque d’infections avec souches de sensibilité
• Patients « particuliers »
- sepsis, choc, ventilation mécanique, oedèmes
- dysfonction rénale, hépatique, hypo albuminémie - interactions médicamenteuses…
Variabilités +++
- inter patients
- intra patient au cours du temps, suivant l’évolution clinique
. . .
. . .
. .
. . .
. .
.
. .
.
VD = 0.02 AP II + 0.14 (r = 0.70 ; p < 0.001)
MARIK Anaesth Intens Care, 1993
.
. .
.
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
0 4 8 12 16 20 24
Score APACHE II
Vd (l/kg)
VD de l’AMK : proportionnel à la gravité
Pk chez les patients de réanimation
PK amikacine chez le traumatisé
0 0,1 0,2 0,3 0,4
0 1 2 3
Jours après trauma
Vd (l/kg)
0,501 1,52 2,53 3,5
0 1 2 3
Jours après trauma
demi-vie (h)
Reed RD et al, J Trauma 1992
World Congress
Probabilité de réponse thérapeutique en fonction du premier Cmax/CMI
Kashuba AAC; 1999; 43: 623 Succès à J7 90% de
si 1er Pic/CMI ≥ 10 Succès à J7 60%
si 1er Pic/CMI = 5
Objectifs de concentration
• Probabiliste : germe et a fortiori CMI inconnus
Pour atteindre objectif Pk/Pd (Pic = 8 x CMI)
Prendre les CMI90
(Genta tobra, netil : 4 mg/l , AMK : 8 mg/l)
• Si CMI connu objectif : Pic = 8 x CMI
Pic (mg/L) Résiduelle (mg/L) Genta, Tobra, Netil
30-40 <0.5
Amikacine 60-80 <2.5
En pratique
• Grande majorité des prescriptions = probabiliste (germe et a fortiori CMI inconnus)
• Dans toutes les situations où existe un risque de : - augmentation du Vd
- souche avec une CMI augmentée
Utilisation des posologies les plus élevées
Gentamicine/tobramycine/netilmicine : 7-8 mg/kg/j Amikacine : 25-30 mg/kg/j
de Montmillon E ICM 2014; 40: 998
• 181 prescriptions chez 146 pts
• Posologie sur le poids réel
• 33 % des patients sous-dosés
• Mortalité ICU et hospitalière : pas de différence significative
FR identifiés
•BMI < 25 kg/m2
OR 15;95 [3;68 - 69.29]
•Bilan entées sorties des 24 h positif OR 1.06 [1.01 – 1.11]/ 250 ml
Roger C JAC 2015; 40: 998
• ICU, sepsis graves
• AMK 30 mg/kg, genta 8 mg/kg
• Poids total si BMI < 30 Poids corrigé si BMI > 30
• AMK : Pic > 60 mg/l dans 77 % des cas Genta : Pic > 30 mg/ dans 6 % des cas
• Résiduelle à J1
oAMK > 2,5 mg/l : 50 % oGenta > 0,5 mg/l : 56 %
Conduisant a repousser 2ème injection ou stop traitement
Particularités pédiatriques
• DUJ reste la règle
• Posologies nourrisson et enfant : idem adulte
• Mucoviscidose : variabilité Pk +++ (le + souvent Vd et T1/2ß)
posologies journalières
(Tobra 10 -12 mg/kg, AMK 30-35 mg/kg) Suivi concentrations plasmatiques +++
(si non mesurable à 12 h : poso journalière/12 h)
Spécificités pédiatriques
Utilisation les plus fréquentes en pédiatrie
• IU : cible E. coli (CMI50 et CMI90 le plus souvent basses)
• inf. néonatales : cible streptocoques B (pour rechercher une synergie) et E. coli
Pic 15 à 20 mg/l (permet obtenir Pic/CMI ≥ 8-10)
• En cas de risque de BMR (P. aeruginosa, Serratia spp...) : même objectif que chez l’adulte
Particularités pédiatriques
Posologies et rythme d’administration/âge gestationnel
Age post conceptionnel (semaines) ≥ 37 34-36 30-33 < 30
- Gentamicine 5,5 mg/kg 6 mg/kg 6,5 mg/kg 7 mg/kg
Intervalle entre 2 injections (4 x T1/2b) 24 h 24-36 h 36 h 48 h
- Tobramycine 5,5 mg/kg 6 mg/kg 6,5 mg/kg 7 mg/kg
Intervalle entre 2 injections (4 x T1/2b) 36 h 48 h 48-60 h 72 h
- Amikacine 27,5 mg/kg 30 mg/kg 32,5 mg/kg 35 mg/kg
Intervalle entre 2 injections (4 x T1/2b) 24-36 h 36 h 48 h 60 h
1
T1/2 β (en h) = 21,832 – 0,397 x âge gestationnel (sem) intervalle entre 2 injections chez le prématuré :
o petit poids pour l’âge ( clearance rénale < de 15 à 20 %) o AINS associé ( T1/2 β de 30 à 40 %)
65
Quelle durée de traitement ?
• Rationnel pharmacodynamique
Bactéricidie concentration-dépendante +++
Pas d ’ effet inoculum, EPA prolongé
• Réduction de l ’ inoculum bactérien rapide
Amélioration de la situation clinique
• Après 2-3 j: restauration bactéricidie AB associé
• Rationnel toxicologique
Corrélation durée de traitement et toxicité
(« cut-off » à 7-10 jours)
Quelle durée de traitement ?
Dans la plupart des situations, arrêt au retour de l’antibiogramme après 48 à 72 h
• En absence de documentation microbiologique et selon évolution clinique, poursuite max 5 j
Quand doser les aminosides ?
Pic (Cmax)
• Témoigne du potentiel d’efficacité
• Si insuffisant : de la dose
Résiduelle (Cmin)
• Témoigne du potentiel toxique
• Donne des indications pour l'intervalle entre deux administrations
Surveillance non systématique
à réserver à certaines circonstances
Surveillance
• Durée ≤ 3 jours
Aucun dosage même si insuffisance rénale
modérée
• Patient sévère
Dosage du 1er pic plasmatique
• Durée > 5 jours
Dosage de résiduelle après 48h puis deux fois/semaine
Surveillance fonction rénale
Posologie et insuffisance rénale
• Utilisation que s’ils sont absolument nécessaires
• Les objectifs Pk/Pd restent les mêmes
La posologie de la 1ère injection est identique à celle
du sujet avec une fonction rénale normale, quel que soit le degré d’insuffisance rénale
• Si plusieurs injections:
- toutes les réinjections sont faites avec la même posologie que celle de la 1ère injection
- dosages de résiduelle pour ajuster les intervalles entre les injections
• Surveillance fonctions auditives
Posologie et insuffisance rénale
HD intermittente ou DP
• Traditionnellement injection en fin de dialyse
• Alternative : injection et réinjections (en fonction de la résiduelle) 2 à 4 h avant la séance
(permet pour un même pic de exposition et donc le risque d’accumulation) Veinstein A AAC 2013
Venisse N JAC 2015
EER continue
• Techniques, générateurs, membranes très variables
• Réinjections quand résiduelle < seuil de toxicité
Autres adaptations posologiques
• Patients > 75 ans
- pas de schéma posologique particulier
- adaptation à la fonction rénale (pré-requis) sous-estimée par formule de Cockroft sur-estimée par MDMR simplifié
Fraisse T Age Ageing 2014
• 184 pts, 75 à 101 ans
• 127 avec autres traitements néphrotoxiques
• Poso moyenne : genta 3, 5 mg/kg, AMK 13,5 mg/kg
• FR néphrotoxicité ( créat > 25 %) en multivarié
o Traitement ≥ 3 j OR 5,2 o Autres néphrotoxiques OR 5,7
(IEC, diurétique)
Autres adaptations posologiques
• Patients > 75 ans
- pas de schéma posologique particulier
- adaptation à la fonction rénale (pré-requis) sous-estimée par formule de Cockroft sur-estimée par MDMR simplifié
• Obésité
- aminosides : hydrosolubles et peu liposolubles
Vd rapporté au poids est - posologie à calculer sur la masse maigre
Poids corrigé = poids idéal + 0,43 x surcharge pondérale Suffisant si choc septique ou sepsis sévère ???
(Taccone Crit Care 2010; Roger C JAC 2015)
Les raisons pour ne pas s’en priver !
• Bactéricidie très rapide (1ère heure), indépendante de la densité bactérienne (pas d’effet inoculum)
• Le plus souvent en association - émergence de résistance - élargissement du spectre
• Modalités d’utilisation standardisées - forte posologie
- dose unique journalière, en 30 min
- durée courte ≤ 5 jours (24-72 h le + souvent)
• Dans ces conditions, la toxicité n’est plus vraiment un problème