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La personne et la société

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La personne et la société

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C O L L E C T I O N DIRIGÉE PAR GEORGES BALANDIER

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L E S O C I O L O G U E

La personne et la société

J E A N C A Z E N E U V E de l'Institut

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE

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ISBN 2 1 3 0 4 7 3 3 6 9

D é p ô t légal — 1 é d i t i o n : 1 9 9 5 , o c t o b r e

© P r e s s e s U n i v e r s i t a i r e s d e F r a n c e , 1 9 9 5 108, b o u l e v a r d S a i n t - G e r m a i n , 7 5 0 0 6 P a r i s

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A v a n t - p r o p o s

La psychologie, la sociologie et la psychologie sociale sont directement concernées par un problème qui définit les rap- ports entre elles et qui les déborde à la fois séparément ou en bloc. C'est celui non seulement de la place de la personne humaine mais même de son existence, de sa réalité au sein de la société.

On sait que certaines espèces animales, notamment les hyménoptères, ne vivent vraiment qu'à l'état de groupes, et qu'un individu isolé ne tarde pas à mourir. Déjà au XVIII siècle, les encyclopédistes avaient attiré l'attention sur le fait que, dans ces conditions, on ne sait plus très bien si l'unité vivante est l'abeille ou bien l'essaim dans la ruche.

Si l'on se reporte au contexte de l'humanité, la notion de personne ne semble pas souffrir des mêmes ambiguïtés.

Pourtant, plusieurs ethnologues et anthropologues ont noté que, chez les peuples que l'on appelait naguère sauvages et que l'on préfère nommer primitifs ou archaïques, les mem- bres de la tribu ou du clan ne se conçoivent pas eux-mêmes comme des entités séparées de ce groupe. Par exemple, ils se confondent avec le totem qui symbolise le clan. On a pu entendre des Indiens Bororo déclarant : « Je suis un arara », un perroquet. Ailleurs, on trouve des gens qui se prétendent kangourous parce que cet animal est le totem de leur groupe.

Certes, il ne faut peut-être pas prendre trop à la lettre de telles affirmations. Mais elles sont significatives d'un état d'esprit.

Dans nos civilisations modernes, la personne ne se confond plus avec la cellule sociale. On n'a même pas attendu

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l'avènement d'une philosophie dite personnaliste pour en arriver là.

Et pourtant, d'autres philosophies tout aussi modernes nous conduisent à poser de nouveau la question : Qu'est-ce que la personne humaine en dehors de la cellule sociale ? Le marxisme place nettement le destin de la société au-dessus de celui des individus dans la marche vers le paradis commu- niste.

Sans aller jusqu'à ces extrémités, un certain courant de pensée qui atteint parfois les sphères dirigeantes tendrait à diluer la responsabilité des citoyens en faisant porter sur leur entourage, leur environnement, leur éducation, les fautes qu'ils peuvent commettre. En tout cas, dans les procès pour divers crimes, les avocats mettent souvent l'accent sur l'en- tourage social et principalement familial de leurs clients pour obtenir l'indulgence du jury.

Il serait utile, avant de pénétrer plus avant dans les dis- cussions ainsi amorcées, de bien définir les termes employés. Ne commet-on pas une erreur si l'on confond, comme c'est souvent le cas, la notion d'individu avec celle de personne ?

On peut, pour rester proche de l'usage à la fois courant et scientifique, reprendre les définitions proposées par André Lalande dans son dictionnaire philosophique Le mot « indi- vidu » s'applique à une unité considérée comme indivisible.

Selon les classifications logiques, c'est le terme le plus bas dans la série des cercles concentriques après le genre et l'es- pèce. Pour la biologie, l'individu, comme être vivant, se caractérise par le fait que ses parties coopèrent entre elles, de sorte que la cessation de cette union entraîne la mort.

Pour la psychologie, l'individu est autre chose que la per- sonne morale qui repose plutôt sur une identité intérieure.

L'individualisation est l'action de se rendre individuel, et

1. A. Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, PUF, 1947.

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l'individualisme est une théorie qui voit dans l'individu le plus haut degré des valeurs. A ce titre, cette théorie peut s'opposer au sociologisme ou à l'étatisme.

Quant au mot « personne », il dérive du latin persona qui désignait d'abord le masque de théâtre, de sorte que, par une telle origine, cette notion évoque surtout le rôle social, conformément d'ailleurs à la conception stoïcienne et à l'usage juridique. On peut aussi établir une distinction entre la personne physique, manifestation visible de la personne morale, et d'autre part la personne morale elle-même, qui est

« l'être individuel en tant qu'il possède les caractères lui per- mettant de participer à la société des esprits ». Plus générale- ment et selon la définition de Littré, la personne est l'indi- vidu humain au sens le plus large.

Dans le contexte juridique, la personne est l'être qui pos- sède des droits ou des devoirs déterminés par la loi. C'est ainsi que, dans l'antique droit romain, l'esclave n'avait pas le titre de personne, puisqu'il n'avait aucun droit.

En définitive, si la personne humaine est autre chose que l'individu, il est clair cependant que cette notion s'applique nécessairement à un individu. Mais on voit aussi qu'elle plonge davantage dans l'environnement social de celui-ci.

C'est pourquoi tout naturellement la conception même de la personne pose le problème de ses rapports avec la société, ce qui met en jeu la psychologie sociale, la sociologie, l'anthro- pologie, et aussi la philosophie. C'est dans ce dernier contexte que se situe la doctrine appelée personnalisme. On peut en attribuer la paternité à Renouvier qui faisait de la personne la catégorie suprême, dans une perspective chré- tienne. Cependant, c'est plus encore Emmanuel Mounier (1905-1950) qui a fait largement connaître le personnalisme, notamment par ses articles dans la revue Esprit, d'inspiration catholique et réunis en un volume intitulé Révolution person- naliste et communautaire. Pendant la guerre de 1939-1945, Mounier avait fait de la revue Esprit un organe de la résis- tance spirituelle contre l'occupation nazie. Parmi les œuvres

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de Mounier, on peut citer : Qu'est-ce que le personnalisme ? Introduction aux existentialismes. Le personnalisme !

Pour ce philosophe chrétien très engagé dans un combat contre les tendances qu'il appelle réactionnaires et contre le libéralisme égoïste, le monde moderne doit inciter l'individu à manifester partout sa « personne ». S'inspirant parfois des doctrines existentialistes, Mounier considère la personne non pas comme une évidence première, mais comme une « certi- tude difficile » et une affirmation, de la « suprématie de l'es- prit ». Il allait même jusqu'à considérer le marxisme comme

« la plus puissante réaction moderne contre la décadence de la pensée », sans pour autant abandonner ou voiler sa référence à la « transcendance chrétienne ». Il affirmait d'ailleurs que le marxisme est sans doute optimiste en ce qui concerne l'hu- manité, mais très pessimiste par rapport à l'homme. Le per- sonnalisme de Mounier voulait principalement s'opposer à l'individualisme considéré comme une tendance dangereuse dans la civilisation moderne et technicienne.

La notion de personne a été placée au centre d'une idéo- logie nouvelle résolument humaniste par A. Leroux

Le rappel de ces théories fait bien voir comment et pour- quoi le concept de personne est au centre de discussions importantes qui mettent en jeu son rôle dans la vie sociale. La notion d'individu peut, dans certains cas, avoir un sens presque opposé. Il est même remarquable que Mounier ait pu, dans cet esprit, trouver des coïncidences entre le marxisme matérialiste et la doctrine chrétienne. C'est dire que l'on est ici sur un terrain où se jouent des rapproche- ments et des oppositions de grande portée, à la fois dans le domaine des idées, des valeurs, et même de la pratique quotidienne.

Il va de soi, malgré les distinctions établies par les dic- tionnaires et les oppositions dans les théories, que l'on ne

1. Alain Leroux, Retour à l'idéologie, Ed. PUF, 1995.

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peut guère parler de la personne sans empiéter sur la sphère de la personnalité qui est en somme la prise de conscience de la personne, et sur celle de l'individu. Mais quand il s'agit d'envisager les rapports avec le milieu social, c'est la notion de personne qui s'impose et c'est par son intermédiaire que l'individu est immergé dans les groupes auxquels il appartient.

Pour faire, si possible, le tour de la question, il semble indiqué de commencer par un rappel des grandes théories s'efforçant de délimiter la place et l'importance, dans ce débat de la psychologie et de la sociologie. Ensuite, il s'agira de savoir quel rôle peut jouer dans la prise de conscience de la personne, la façon d'appréhender autrui.

Un troisième chapitre sera consacré aux conditions dans lesquelles se constitue la personne, notamment sous l'in- fluence de ses rôles dans la société.

Quatrièmement, on étudiera la personne et son impré- gnation sociale dans ses diverses fonctions et l'on posera le problème des mentalités.

Le cinquième chapitre tentera d'analyser les rapports entre personnalité et culture.

Puis seront plus particulièrement examinés le contrôle social et surtout les effets de la société moderne, avec la pres- sion des communications de masse, dans l'affirmation ou le déclin de la personne humaine.

Enfin, le dernier chapitre examinera les limites de la res- ponsabilité personnelle.

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CHAPITRE PREMIER

P s y c h o l o g i e e t s o c i o l o g i e

Chacun de nous peut se concevoir par rapport aux autres de trois façons différentes.

Il peut d'abord se considérer comme semblable à tous, étant un membre de l'espèce humaine, un représentant de la nature humaine. Il peut aussi se représenter comme sem- blable à quelques-uns seulement, par exemple ceux de sa famille, de sa nation, de son groupe professionnel.

Troisièmement, il peut se sentir comme semblable à nul autre, en se posant comme un moi.

Ces trois perspectives ne sont pas exclusives l'une de l'autre. Elles renvoient à trois disciplines différentes. Pour la psychologie, l'homme est à la fois semblable à tous et plus encore à nul autre. La psychologie sociale l'envisage dans son rapport avec quelques-uns. L'anthropologie le situe au sein de l'espèce humaine. Enfin, la sociologie le pose comme insé- parable des groupes auxquels il se rattache et même comme défini par eux.

On peut alors se poser la question de savoir, entre les deux extrémités de cet éventail, à savoir la psychologie et la sociologie, quelle est la science qui sert de fondement à l'autre. C'est là un débat classique qui fut illustré par deux points de vue, celui de Gabriel Tarde et celui d'Emile Dur- kheim. On pourrait croire que ce problème est aussi artificiel que celui de l'œuf et de la poule. Quel est celui de ces deux

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éléments qui est primordial ? Pas de poule sans l'œuf dont elle est sortie. Pas d'œuf sans la poule qui l'a pondu. Mais, entre la psychologie et la sociologie, la querelle de préséance n'est pas aussi puérile malgré les apparences. Elle est aussi actuelle que classique.

Il ne faut pas oublier qu'Auguste Comte, l'un des fonda- teurs de la sociologie, ne citait même pas la psychologie dans sa célèbre classification des sciences. Selon le père du positi- visme, l'étude de l'homme ne peut être entreprise que par la physiologie et la sociologie. L'étude des phénomènes humains ne peut, dit-il, être envisagée scientifiquement que dans leurs manifestations extérieures.

Dans ce domaine, « tout ce qui n'est pas physiologique est social ».

C'est un peu dans la lignée du positivisme que Durkheim prône la priorité de la sociologie. D'après lui, la majeure par- tie des états de conscience d'une personne dépend de la nature du groupe auquel elle appartient. C'est pourquoi, il faut étudier d'abord la société, qui n'est pas une simple col- lection d'individus, mais un tout original.

A de telles conceptions très représentatives d'une sorte d'impérialisme sociologique, Gabriel Tarde, auteur d'un livre célèbre intitulé Les lois de l'imitation, déclare fortement que « l'individu écarté, le social n'est rien ». C'est donc à l'in- térieur de la psychologie qu'il faut tenir compte des relations entre les personnes. Les activités de l'homme relèvent soit de l'imitation, soit de l'invention. Celle-ci appartient au domaine de la psychologie individuelle. L'imitation fait par- tie de ce que Tarde appelle l'interpsychologie.

Ce point de vue, tout à fait opposé au sociologisme, a été repris avec différentes nuances par d'autres auteurs. Ainsi, pour Lester Ward, la vie sociale est une projection des ten- dances individuelles. Ross établit une classification des désirs et des impulsions qui seraient à l'origine de la vie sociale. Un autre psychologue, Wundt, a repris la théorie de l'imitation pour expliquer le rapport entre individu et société.

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Contre ces théories, et surtout contre celle de Tarde, Durkheim a réagi en s'efforçant de montrer que les phéno- mènes de la vie collective ne s'expliquent pas uniquement par l'imitation, et que la vie sociale ne se réduit pas à des phéno- mènes psychologiques.

Il reconnaît bien que les réalités sociales n'existent que dans des consciences individuelles. Mais, ajoute-t-il, ces états de conscience sont des produits de la vie de groupe et ne peu- vent s'expliquer que par elle. « La société, écrit-il, n'est pas une somme d'individus, et le système formé par leur associa- tion représente une réalité spécifique. En se fusionnant, les consciences individuelles donnent naissance à un être psy- chique d'un genre nouveau. » « Le groupe, écrit encore Dur- kheim, pense et agit tout autrement que ne le feraient ses membres s'ils étaient isolés. » C'est en ce sens que l'on peut parler d'une conscience collective.

Il apparaît que les théories de Tarde ramenant tout à la psychologie et celle de Durkheim diluant la personnalité dans son cadre social sont excessives dans leur antagonisme.

Mais il faut aussi faire état d'autres prises de position méthodologique sur les rapports entre la personne et la société qui s'efforcent d'être à égale distance entre ces extrêmes. Il s'agit alors de répondre à la question suivante : comment la société peut-elle créer une conscience col- lective ?

Les théories de Gustave Le Bon ont eu leur heure de gloire et ont même été exploitées, pas toujours dans le meil- leur sens par des chefs ou des doctrinaires politiques. Il cons- tatait que, dans une foule, les sentiments et les passions se renforcent au détriment de l'intelligence et du jugement. Il y a donc une variation du psychisme de la personne lorsqu'elle est intégrée dans une masse d'individus. Elaborant une psy- chologie des foules à partir de cette observation, Le Bon pro- posait de reconnaître l'existence d'une « âme collective », rejoignant certaines indications de Hegel parlant de « l'esprit du peuple ». Ainsi, d'une part, la psychologie explique les

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Riesman ajoute que l'homme des sociétés modernes et futures éprouve un besoin constant d'approbation. C'est pour cela qu'il cherche à se fondre dans la masse. D'où le titre donné à son livre : La foule solitaire.

Riesman reconnaît que la personne, telle qu'elle était for- mée dans la deuxième phase, celle de l'introdétermination et du gyroscope intérieur, était également soucieuse d'être approuvée et ne cherchait pas systématiquement à se singulari- ser, à heurter ses compatriotes. Mais cette tendance à se fondre dans la foule venait de son for intérieur. Au contraire, la per- sonnalité extrodéterminée, celle qui fonctionne au radar, est assimilée à autrui par une influence extérieure, ce qui n'em- pêche pas que le confonnisme soit intériorisé. Riesman attribue ces caractéristiques du citoyen moderne d'abord aux communications de masse, mais aussi aux conditions nouvelles de la vie professionnelle. En effet, remarque-t-il, la carrière et l'avancement dans les métiers administratifs et culturels semble dépendre beaucoup moins des résultats objectifs que des jugements d'autrui, de l'influence qu'on peut exercer sur les autres, et même, éventuellement, des qualités « médiati- ques ». Ainsi, les normes de la réussite, qui font partie de l'édu- cation, se trouvent liées à la communication.

Enfin, notre société de consommation a besoin d'indivi- dus ayant à peu près les mêmes goûts et les mêmes compor- tements, ce qui simplifie la publicité, la production en série et la distribution.

Dans ces conditions, le modèle de l'homme extrodéterminé ressemble plus ou moins à ce qu'on nomme le manager, l'homme au contact aisé, aux multiples relations. La descrip- tion de cet individu extrodéterminé est assez détaillée. Ries- man le voit éloigné de tout parti pris affirmé, décidé à paraître semblable à tous, ce qui ne l'empêche pas de se tenir au cou- rant. « Ses opinions ne sont pour lui qu'une marque sociale parmi d'autres qui lui permet de jouer son rôle de consomma- teur de nouvelles au sein de son groupe de relations. »

On peut admettre en gros la description faite par Riesman

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de l'évolution sociale, encore que la distinction entre les trois étapes mériterait d'être plus nuancée, et surtout moins étroi- tement liée aux facteurs démographiques. Mac Luhan, qui a repris en partie le même schéma est sans doute plus crédible lorsqu'il accorde le rôle de facteur déterminant aux modes de communication, c'est-à-dire à la succession de la communi- cation orale, puis écrite et enfin électronique. Riesman lui- même, d'ailleurs, bien après la publication de La foule soli- taire avait presque fait amende honorable en reconnaissant qu'il avait exagéré l'importance des variations dans la densité de population, et en insistant comme Mac Luhan sur les sys- tèmes de communication.

Mais cette rectification étant faite et admise, il faut tout de même rappeler que la diffusion audiovisuelle n'aboutit pas nécessairement, rappelons-le encore, à l'uniformisation et au conditionnement des personnes. En d'autres termes, l'ouver- ture aux communications de masse, qui est certes une carac- téristique de la personne moderne peut sans doute favoriser le type extrodéterminé, mais la variété croissante des sources de messages ne conduit pas nécessairement au conformisme total. Il est même possible que, par une sorte de réaction, ce soient les personnalités les plus originales, les plus atypiques qui intéressent les responsables des émissions à la radio et à la télévision, de sorte que l'homme vraiment médiatique n'est pas, en général, Monsieur tout le monde, mais celui dont la personne intéresse par ce qu'elle se détache de la grisaille.

Pour devenir une vedette du petit écran, pour « crever l'écran », comme l'on dit aujourd'hui, il est bon, le plus sou- vent, d'être original, surprenant, voire même inquiétant.

Les mass medias peuvent aussi bien diversifier qu'homo- généiser les goûts. Et la société moderne n'innove pas en ouvrant l'homme sur l'extérieur.

Que les individus aient été sensibles au jugement d'autrui depuis les temps les plus reculés, Riesman, comme on l'a vu, ne le nie pas et les existentialistes l'ont fortement rappelé. Dans ces conditions, on ne voit pas que, de ce point de vue, la situa-

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tion présente et future, puisse modifier considérablement la pénétration des influences extérieures sur les individus.

Ce qui change, c'est le mode de transmission et de diffu- sion, et c'est l'élargissement de l'horizon culturel. Le cadre de la cité, du village, est dépassé. Cela ne signifie pas d'ail- leurs que la cellule familiale perde son autorité. Mais, sur- tout, cela n'entraîne pas nécessairement un amoindrissement ou un affaiblissement de la personnalité par rapport à son environnement même si celui-ci se trouve transformé, et pour ainsi dire éclaté. La personne des XX et XXI siècles est peut-être, et même certainement, plus extrodétenninée que celle du temps antérieur aux « mass medias », et de cela il faut rendre justice à Riesman. Mais elle n'en est pas moins auto- nome, car l'individu est toujours et sera toujours partagé entre sa volonté personnelle et le poids de la société, de façon différente, selon la force de son caractère.

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CHAPITRE VII

L a r e s p o n s a b i l i t é p e r s o n n e l l e

La personne, certes, c'est bien l'individu, mais c'est à la fois plus ou moins que cela. Chez les animaux, il y a des indi- vidus, mais point des personnes. Pourtant chez ceux qui vivent en société, on pourrait déceler une tendance vers ce qui est recouvert par une telle dénomination. Par exemple, dans une colonie de babouins, il y a un chef qui n'est pas un simple numéro dans le nombre. N'est-il pas quelque peu une personne ? S'il en est ainsi c'est parce qu'il a un statut dans le groupe et qu'il y joue un rôle particulier.

Il semble donc que la personne se définisse par rapport à la société, et qu'elle ne puisse exister vraiment que dans une société plus ou moins organisée.

Faut-il en conclure que la personne humaine est le pro- duit de la collectivité ? La réponse à cette question est fort complexe. L'examen des différentes théories citées dans les précédents chapitres en est la démonstration. Entre les excès de l'individualisme et ceux du sociologisme, on voit se dessi- ner une sorte de typologie des circonstances et des individua- lités mettant en évidence les degrés de l'influence exercée par le milieu culturel sur tous ceux qu'il imprègne.

D'abord, ces nuances font ressortir l'importance du caractère inné de chacun de nous et de sa volonté. Il ne faut pas croire que l'individu conformiste est dénué de person- nalité ou qu'inversement le marginal, l'hurluberlu, l'irrécu-

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pérable sont les vraies personnes, les plus indépendantes de la pression et du contrôle social. Car réagir contre le groupe, dire, faire et penser le contraire de ce qu'il attend de nous, c'est d'une certaine façon dépendre de lui. Inver- sement, celui qui se forge une personnalité forte et qui marque son entourage par son caractère est peut-être un conformiste qui est à l'aise dans son rôle pour mieux se rendre indépendant.

On pourrait ici présenter une galerie de portraits, et même aller jusqu'à mettre des noms connus sur chacun d'eux pour montrer combien chaque cas particulier présente une illustration différente et parfois surprenante des relations qui font l'objet de ce livre.

Lorsqu'on récapitule l'histoire de la notion qui est en cause ici, à partir du masque (persona) qui, chez les Romains, l'incarnait tout en la désignant comme extérieure et artificielle, jusqu'aux polémiques actuelles aussi bien politi- ques que métaphysiques, on constate d'abord sa plasticité et surtout son évolution dans un sens de plus en plus moral. Il est évident que la religion chrétienne, après la philosophie stoïcienne, a beaucoup contribué à faire de la personne humaine non pas seulement une instance spirituelle, mais surtout un idéal. Dans cette perspective, chaque homme, chaque femme doit aspirer à devenir vraiment une personne.

La société se doit de reconnaître l'autonomie de celui ou celle qui se présente ainsi comme responsable de ses actes.

Finalement, c'est bien la responsabilité qui, dans la pra- tique, est mise en cause par les rapports entre personne et société.

En effet, si l'on considère que tout individu est, dans ses actions et ses pensées, déterminé entièrement par son éduca- tion, son milieu social, alors il ne peut pas être jugé pour son comportement. Au contraire, il doit être récompensé ou sanctionné pour sa conduite à l'égard d'autrui si l'on pense que c'est en définitive sa volonté qui en aura ainsi décidé.

Du point de vue religieux, on peut proposer une troi-

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sième interprétation, en estimant que seul Dieu peut faire le départ entre ce qui nous est imputable et ce qui ne l'est pas.

Mais, en tout cas, dans cet éclairage, chacun de nous sera jugé pour lui-même, après sa mort.

Que peut faire, que doit faire la personne humaine ? Il est difficile de récuser l'existence de facteurs sociaux en ce qui concerne la délinquance et le crime, qui lui-même, se définit juridiquement comme ce qui est interdit par les règles sociales, notamment par le Code pénal. Quant aux significa- tions morales, elles s'appliquent plutôt au péché qu'au crime.

Contrairement à une interprétation erronée mais assez répandue, la délinquance et le crime ne se distinguent pas par la gravité de l'acte.

Le crime est chose relative, puisqu'il varie selon les règles en usage dans tel ou tel pays. C'est par exemple le cas de l'al- coolisme, de l'avortement. Aux îles Fidji, le parricide autre- fois n'était pas un acte criminel. On considérait en effet qu'il n'est pas bon d'être vieux. En outre, certains délits, comme la fraude fiscale, ne sont pas considérés comme blâmable dans certains milieux.

On a cherché à définir les caractères généraux congéni- taux ou sociaux du criminel, ce qui est une façon de diminuer sa responsabilité. Lombroso s'est attaché à décrire les traits physiques du délinquant. Ce sont par exemple le progna- thisme, les cheveux crépus, la tête pointue, les yeux obliques, les grandes oreilles, la sexualité incertaine, l'asymétrie du visage. Mais ces affirmations n'ont pas été vérifiées statisti- quement. Un autre criminologue, sans plus de succès, tenta de mettre en cause les glandes endocrines.

Beaucoup plus influentes furent les tentatives pour expli- quer la criminalité par des déterminismes sociaux. Par exemple, l'enfance dans des familles éclatées, l'éducation trop laxiste, les mauvaises fréquentations, les échecs amoureux, le chômage, la pression de camarades toxicomanes peuvent favoriser des névroses, des déséquilibres mentaux qui ren- dent le sujet insensible aux règles de la société. Une étude

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importante fut conduite à Chicago par Shaw sur la délin- quance juvénile. Il a constaté que cette grande ville pouvait être divisée en un certain nombre de zones concentriques, la délinquance allant en décroissant du centre vers les quartiers périphériques résidentiels. Au cours de cette longue étude, la population de la zone centrale changea complètement, sans que le rapport entre les diverses zones en fût modifié, en dépit des vagues d'immigrants européens, mexicains, afri- cains. Il est vrai que dans d'autres villes c'est plutôt dans la périphérie, dans les banlieues et non dans le centre que la cri- minalité est plus importante. Mais cela ne change rien au fait que les quartiers résidentiels sont moins criminogènes que les quartiers populaires. On a fait de telles constatations à Los Angeles, à Paris et dans beaucoup d'autres métropoles.

En général, on déduit de telles observations que ce sont les circonstances économiques et sociales qui poussent surtout les jeunes à des conduites asociales. A Londres, B u r t a voulu démontrer l'existence d'une forte corrélation entre la crimi- nalité et d'autre part la densité de la population ainsi que la pauvreté. En outre, on a pu établir un lien entre la délin- quance et les périodes de crise économique. De même, le chômage semble bien aggraver le sentiment de frustration et l'agressivité.

Aux Etats-Unis et dans plusieurs pays européens, on a noté que le pourcentage des personnes condamnées pour divers délits était particulièrement élevé chez les individus nés de parents étrangers. Or on ne saurait incriminer la race ou trouver d'autres explications biologiques, car ce taux élevé de criminalité ne concerne pas les parents nés à l'étranger, mais leurs descendants. On a cherché l'explica- tion dans le « conflit des cultures » évoqué dans un précé- dent chapitre de ce livre. Les jeunes, dans ce cas, se trou- vent déchirés entre les façons de vivre de leurs pères et

1. Shaw, Deliquency areas.

2. Burt, The young delinquent.

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mères et celles des autres jeunes qu'ils voient autour d'eux.

Ainsi, étant nés dans un contexte social divisé, désorganisé, ils se sentent libérés des contraintes venant des deux côtés.

En définitive, on peut, avec Klineberg, admettre que l'ac- tion du groupe, ou de l'environnement sur la délinquance s'exerce par le truchement de plusieurs types de causalité.

C'est à une conclusion de ce genre que conduit aussi une recherche dirigée par S. et E. T. Gluck sur la comparaison entre deux groupes de 500 jeunes garçons de Boston ou des environs, l'un de 500 normaux et l'autre de 500 détenus dans des établissements de redressement. Cet auteur est ainsi conduit à énumérer cinq caractéristiques par lesquelles les délinquants se distinguent des autres personnes :

1 / Physiquement par une forte musculature ;

2 / Par un tempérament agité, impulsif, extraverti, agressif ; 3 / Par une attitude hostile, méfiante, vindicative, obstinée,

aventureuse, revendicatrice, rebelle à l'autorité ;

4 / Psychologiquement par un penchant pour l'expression directe et concrète plutôt qu'intellectuelle ;

5 / Du point de vue socio-culturel par l'enfance dans un foyer manquant de compréhension et d'affection.

La délinquance serait le plus souvent l'effet conjugué de plusieurs ou même de l'ensemble de ces cinq facteurs.

Il est du moins généralement admis que les individus coupables de tels ou tels forfaits peuvent bénéficier de cir- constances atténuantes soit à cause d'anomalies psychiques ou psychosomatiques, telles que la névrose, la folie, un désé- quilibre grave, soit en raison de leur environnement social.

Mais ce qui est une atténuation de la culpabilité n'est pas pour autant la négation de la responsabilité.

On touche ici à un problème qui pourrait être considéré comme métaphysique. C'est l'éternelle discussion sur la liberté humaine qui est en jeu.

Les Pères de l'Eglise se sont souvent interrogés sur les rapports entre l'omniscience divine et la possibilité pour

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l'homme d'échapper à un destin donné par avance, de toute éternité. Judas pouvait-il agir autrement qu'en trahissant le Christ, étant donné qu'il fallait « accomplir » les Ecritures, et que le Seigneur devait être livré aux soldats venus pour l'ar- rêter. De la même façon, le plus fidèle des apôtres devait renier Jésus trois fois avant que le coq n'ait chanté. Même en ayant été prévenu, il ne pouvait se dérober à cette terrible faute qui, d'ailleurs, lui était d'avance pardonnée. En d'autres termes, ces attitudes coupables étaient inscrites dans leur personne. La théorie de la prédestination a longtemps divisé, sur une interprétation de saint Augustin, les jansénistes et leurs frères chrétiens plus proches de l'orthodoxie romaine.

Pour le sociologue et pour le psychologue, l'interrogation n'est évidemment pas formulée dans les mêmes termes, mais il s'agit toujours de savoir si l'homme est libre de ses actes ou s'il est déterminé. La différence est cependant que pour les jansénistes, la créature même prédestinée reste responsable et sera, après sa mort, jugée selon ses actions.

Il importe cependant, même sur un plan purement laïque, de savoir si nous sommes comptables de nous-mêmes ou si nous sommes une sorte d'objet flottant sur les flots de l'histoire collective au gré des courants.

Dans les chapitres précédents, plusieurs théories ont été examinées qui tentent de faire la part entre l'autonomie de la personne et ce qu'elle doit à l'éducation, à la culture, au milieu social. Les stoïciens, autrefois, établissaient une nette distinction entre ce qui vient de nous et ce qui ne vient pas de nous. D'ailleurs, ces philosophes, après les socratiques, mar- quèrent bien l'évolution qui fit émerger la notion de per- sonne après la confusion entre l'individu et le groupe, carac- téristique des tribus primitives.

Mais il a fallu le message du christianisme pour que la personne soit un apanage de tout être humain, indépendam- ment des subordinations sociales, puisque la promesse du salut dans l'éternité conférait à chacun la maîtrise de son des- tin véritable. Ainsi était désigné comme essentiel et inalié-

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nable le choix du sens personnel que nous donnons à notre vie. Puis les révolutionnaires, inspirés par la philosophie des lumières, proclamèrent dans la déclaration des droits de l'homme, présentés comme sacrés, le fait que les hommes naissent libres et égaux en droit.

Il ne restait plus aux métaphysiciens et aux psychologues qu'à disserter sur cette entité, appelée personne humaine et à la fonder sur l'expérience ou sur la raison.

Si la personne est une réalité, sa raison d'être est de témoigner que l'homme n'est pas seulement le lieu géomé- trique des fonctions qu'il assume à l'égard des autres.

En même temps que la personne est une limite à la pres- sion sociale, elle peut être aussi le moteur de la société. C'est par son autonomie qu'elle se présente comme source de renouvellement, de progrès. Sans elle, la collectivité tourne- rait en rond. C'est aussi dans la reconnaissance et le respect d'autrui comme personne que le sujet se reconnaît comme être original et comme membre d'un ensemble.

La société moderne n'a pas pour autant estompé l'em- prise de la société sur la personne. Les brassages de civilisa- tions ont même créé des problèmes nouveaux et parfois dra- matiques. L'immigration ne conduit pas toujours à une intégration facile, et encore moins à une assimilation, mais elle met en évidence l'enracinement de l'individu dans sa culture.

D'autre part, dans nos sociétés industrielles, on a pu parfois dénoncer ou simplement craindre une tendance à l'uniformisa- tion des mentalités et même à ce qu'on nomme une « massifica- tion ». En seraient responsables non seulement les systèmes de communication et tout particulièrement la télévision, mais aussi la production industrielle en grande série, la publicité qui rend plus homogènes les goûts des consommateurs.

Or, il semble que le conformisme unificateur soit en train de s'estomper. Les prétendues mass medias se diversifient et cherchent souvent le succès dans la provocation, le refus des tabous. La production d'objets standardisés est battue en

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brèche par la recherche de clientèles spécifiques. La civilisa- tion qu'on a parfois qualifiée de postindustrielle, sans revenir à l'individualisme, paraît plus respectueuse de la personne humaine, ne serait-ce que par intérêt mercantile bien com- pris. Les mentalités, les tendances, les goûts ne sont plus coulés dans le même moule. Par exemple, un sociologue fai- sait remarquer que, sur un parc de stationnement on aurait quelque peine à trouver deux automobiles exactement sem- blables. L'industrie, après avoir franchi un certain seuil de son développement, ne peut plus trouver ses débouchés dans la satisfaction des besoins élémentaires déjà comblés. Il lui faut renoncer à séduire une clientèle massive pour aller au- devant des préférences et faire au moins semblant de person- naliser certains de ses produits. De la même façon, la télévi- sion n'a plus affaire à un public subjugué par sa nouveauté.

Les observateurs et les publicistes comprennent, s'ils sont avisés, que la personne humaine, un moment écrasée par une technicité sauvage, est en train de renaître. Le monde super- automatisé qui nous attend sera celui des différences, du choix, des possibilités, des initiatives que les nouvelles géné- rations d'ordinateurs prendront en charge. On s'étonne que des théoriciens attardés proposent de subordonner la destinée de chacun au pouvoir collectif.

Ce qui est vrai, en même temps, c'est que l'idéologie indivi- dualiste ne peut plus renaître de ses cendres. A moins d'arrêter le progrès pour retourner à l'archaïsme ou pour stagner dans la phase expirante de la standardisation, nous allons voir les nou- veaux développements de la science et de la technique charger la créature humaine de responsabilité encore insoupçonnées.

Déjà la personne ne se confond plus exactement avec l'in- dividu, car chacun de ses choix engage d'une certaine manière l'humanité. Toute cette puissance matérielle qui échoit à l'homme chaque jour plus grande, c'est lui qui, en définitive, l'orientera pour son bonheur ou son malheur, puisqu'elle est maintenant assez élaborée pour épouser ses préférences personnelles.

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Contrairement à ce qu'on pouvait penser au début du XX siècle, la personne est de plus en plus un sujet respon- sable. Elle est autre chose qu'un individu quand elle assume cette responsabilité. Cela n'exclut évidemment pas qu'elle dépende de la société, qu'elle y joue son rôle, et ce n'est cer- tainement pas en se montrant asociale, qu'elle peut s'affir- mer. C'est plutôt en s'insérant dans son environnement pour y apporter sa marque, même si elle n'est que minime.

L'homme n'est pas le simple jouet des séries de causes et d'effets. Il est obligé, souvent, de les subir. Mais sa finalité, comme aussi sa grandeur, est d'y ajouter sa marque, ne serait-ce que dans un petit cadre familial, professionnel, asso- ciatif ou local. C'est à ce titre qu'il est vraiment une per- sonne. Dans ses relations avec autrui, il n'est plus le porteur de masques, il ne réduit pas les autres à des statuts, il ne les classe pas dans des catégories stéréotypées. La société en marche tend plutôt à démasquer ceux qui la composent et qui lui apportent l'élan, plus ou moins original de leur personna- lité. La sociologie, dans l'avenir prévisible, n'aura plus à choisir entre personne et société comme entre deux concepts contradictoires, mais son rôle sera plutôt de constater, voire même d'encourager leur collaboration

Comme l'a bien montré Alain Peyrefitte si certaines sociétés sont passées de l'archaïsme à la modernité, c'est parce qu'il s'y est produit un changement de mentalité, grâce évidemment à l'influence de fortes personnalités. Ce sont des personnes qui, plus généralement, font l'histoire des sociétés.

1. De nombreux sociologues ont insisté sur le fait que l'individu est amené aujourd'hui à assumer des responsabilités croissantes. Voir en parti- culier Alain Ehrenberg, L'individu incertain, Calmann-Lévy, 1995.

2. A. Peyrefïtte, Du miracle en économie, op. cit. (1995).

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Imprimé en France

Imprimerie des Presses Universitaires de France 73, avenue Ronsard, 41100 Vendôme

Octobre 1995 — N° 41 931

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D U M Ê M E A U T E U R

La psychologie du prisonnier de guerre (Prix de l'Académie française et de la Société des gens de lettres), PUF, 1945.

C'est mourir beaucoup (roman), Fleur, 1946.

La psychologie de la joie, PUF, 1957.

Cabanis (thèse, en collaboration avec C. Lehec, 2 vol.), PUF, 1956.

Les rites et la condition humaine (Prix Teissonnière de l'Académie française), PUF, 1957.

La philosophie médicale de Ravaisson, PUF, 1957.

La mentalité archaïque (Prix de l'Académie des sciences morales), Armand Colin, 1961.

La sociologie de la radio-télévision, PUF, 1963, 1980 (5 éd.).

Lévy-Bruhl, PUF, 1963.

La grande chance de la télévision (en collaboration avec J. Oulif), Calmann- Lévy, 1963.

Les mythologies à travers le monde, Hachette, 1966.

Bonheur et civilisation, Gallimard, 1966.

L'ethnologie (Prix de l'Académie française), Larousse, 1967.

L'anglais dans le premier cycle, Armand Colin, 1967.

La sociologie de Marcel Mauss, PUF, 1968.

Mauss, PUF, 1968.

La sociologie (en collaboration avec D. Victoroff), Denoël, 1972.

Les pouvoirs de la télévision, Gallimard, 1970.

Sociologie du rite, PUF, 1971.

Guide de l'étudiant en sociologie, 1971.

La société de l'ubiquité, Denoël, 1972.

L'homme téléspectateur, Denoël, 1974.

La sociologie et les sciences de la société, Retz, 1974.

Dix grandes notions de la sociologie, Seuil, 1976.

La communication de masse, Denoël, 1976.

Aimer la vie, Le Centurion, 1977.

Des métiers pour un sociologue, France-Empire, 1978.

La raison d'être, Albin Michel, 1981.

La vie dans la société moderne, Gallimard, 1982.

Le mot pour rire, La Table Ronde, 1985.

De l'optimisme, Fayard, 1987.

Les hasards d'une vie, (Grand prix de l'essai de l'Académie française) Buchet-Chastel, 1989.

Et si plus rien n'était sacré..., Perrin, 1991.

La télévision en sept procès, Buchet-Chastel, 1992.

Les Indiens Zuñis (Ed. du Rocher, 1993).

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Quand l'individu se présente comme une personne, au sens juridique, psychologique et philosophique du mot, est-il un produit de la société ? Sa responsabilité n'est-elle pas atténuée, diluée dans ce que son entourage a fait de lui ? Le problème est important. Pour l'aborder, on étudie ici l'histoire même de la notion de personne, la façon dont chaque individu connaît et conçoit autrui.

L'ethnologie, l'anthropologie, la sociologie aident à préciser ce que la personne doit à sa culture. En ce qui concerne la société moderne, on étudie l'influence des relations publiques, celle de la télévision, et les problèmes de l'insertion sociale. De nombreux points de vue sont ici rappelés, avec les enseignements qu'on en peut tirer pour situer la personne dans sa relation avec les cadres sociaux.

Normalien, agrégé de philosophie, docteur, J e a n Caze- neuve a enseigné la sociologie à la Sorbonne, avant d'être PDG de TF1, puis ambassadeur, et il a dirigé le haut comité de la langue française. Il est membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques), auteur de nombreux livres et collaborateur de plusieurs journaux.

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