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QUELQUES DONNÉES HISTOLOGIQUES ET
CYTOLOGIQUES SUR L’ORGANE SENSORIEL DE
LA LIGNE LATÉRALE DU VAIRON : PHOXINUS
LAEVIS (L.), CYPRINIDAE
Bernadette Pomès
To cite this version:
Bernadette Pomès. QUELQUES DONNÉES HISTOLOGIQUES ET CYTOLOGIQUES SUR L’ORGANE SENSORIEL DE LA LIGNE LATÉRALE DU VAIRON : PHOXINUS LAEVIS (L.), CYPRINIDAE. Vie et Milieu , Observatoire Océanologique - Laboratoire Arago, 1961. �hal-02899677�
ET CYTOLOGIQUES SUR L'ORGANE SENSORIEL DE LA LIGNE LATÉRALE DU VAIRON :
PHOXINUS LAEVIS (L.), CYPRINIDAE (i)
par Bernadette POMÈS
La ligne latérale du Vairon est plus ou moins complète dans la partie postérieure du corps suivant les différents échantillons. Elle se continue dans la tête par des canaux sensoriels percés à travers le crâne dermique du poisson (ALLIS, 1889).
Aussi bien dans la tête que dans le thorax ou dans l'abdomen, les organes sensoriels sont situés à l'intérieur d'un canal (fig. 1)
qui traverse les écailles et s'ouvre à l'extérieur par un pore.
Notre étude porte sur la région thoraco-abdominale du Vairon et ce, pour des facilités de technique, mais il nous a été donné de voir que les organes de la tête ont une structure identique. Les fixateurs employés sont le Bouin aqueux pour l'histologie, et le Helly pour la cytologie.
Les organes sensoriels appelés « neuromastes » se présentent sous la forme générale d'une coupe dont la base est élargie par rapport au sommet (fig. 2). Ces neuromastes sont disposés métamé-riquement le long de la ligne latérale, et entre 2 organes, le canal est tapissé par un épithélium typique, qui limite de chaque côté l'organe lui-même. Cet épithélium est composé d'une à deux couches de cellules plates avec en plus des cellules probablement muqueuses se colorant comme les cellules muqueuses de l'épiderme.
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L'organe sensoriel proprement dit est un ensemble de cellules pyriformes à noyau basai plus ou moins allongé. Les cellules sont de petite taille et présentent des limites bien marquées qui se retrouvent sur toutes les coupes observées, avec différents fixateurs, et nous ne pensons pas que cet état soit dû à une rétraction du cyto-plasme provenant d'une fixation imparfaite.
Fig. i. — Coupe transversale dans la région abdominale du Vairon; I, épiderme; 2, écaille; 3, écaille latérale; 4, organe sensoriel; 53 épithélium
de l'organe sensoriel; 6, fibres conjonctives du derme; 7, tissu conjonctif lâche du derme; 8, myotomes.
Les cellules sensorielles reposent sur une couche de cellules basales appartenant vraisemblablement à l'épithélium qui tapisse le canal. Ces cellules sont cubiques et possèdent un noyau sphé-rique, central, assez gros. Elles sont de plus entourées par des élé-ments peu nombreux, à noyau étiré, qui semblent avoir la valeur de cellules de soutien. D'après GROBBEL et HAHN (1958), ces
cellules petites et non ciliées contiendraient des « fibrilles de sou-tien ». Nous n'avons pas remarqué une telle particularité.
Les cellules sensorielles sont ciliées et les cils pénètrent par leur base dans une zone empâtée et sombre sur des coupes colorées à l'hématoxyline. Cette région représente, semble-t-il, la zone des racines ciliaires; en effet sur certaines coupes nous avons noté le
Fig. 2. — L'organe sensoriel (hématoxyline ferrique); i, cellules de
1'épiderme; 2 et 3, écaille latérale; 4, épithélium aplati de l'organe sensoriel 5, cellule basale; 6, cellule sensorielle; 6 bis, cellule de soutien; 7, cupula; 7 bis, cellules à mucus; 8, fibres du nerf latéral; 9, fibres conjonctives du derme; io3 tissu conjonctif lâche; 11, muscle strié3;i2 canal de l'écaillé.
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départ de filaments noirs qui se dirigent vers le noyau, et qui pourraient faire partie de l'appareil ciliaire et être en relation avec le centrosome. Sur les coupes axiales, les cils, longs, se rassemblent vers le centre du canal, et semblent réunis entre eux. En effet, nous savons que sur le vivant, les cils sont groupés dans une sorte de ciment gélatineux ou « cupula » particulièrement bien visible chez les alevins (THOMOPOULOS, 1957) et qui s'agglomère sous
l'effet du fixateur (fig. 3).
De plus, à l'intérieur du canal se trouve un contenu que nous supposons être de nature mucoïde; il est coagulé par le fixateur et serait sécrété par les cellules de Pépithélium. Son rôle serait de transmettre à la cupula par son mouvement, les excitations du milieu extérieur (DIJKGRAFF, 1942, PARKER, 1905, SAND, 1937,
etc.).
Pour terminer cette étude histologique, après une coloration à l'hématoxyline ferrique nous avons pu voir les terminaisons
Fig. 3. —^Chondriome de l'organe sensoriel (coloration à l'Altmann);
1, écaille latérale; 2, cellules basales; 3, cellules sensorielles; 4, mito-chondries; 5, chondriocontes; 6, cils; 7, cupula.
nerveuses au niveau des cellules sensorielles. Ces cellules sont innervées par le nerf latéral, ramification du pneumogastrique. Chaque organe sensoriel reçoit une branche du nerf latéral, sous forme d'une fibre nerveuse, dont les dernières terminaisons forment une sorte d'enveloppe autour de la cellule sensorielle : disposition que l'on appelle « en calice » et viennent au contact de la cellule par un bouton terminal (fig. 4). Des coupes traitées par la méthode de Bodian donnent un résultat identique.
Fig. 4. — Terminaisons nerveuses au niveau des cellules sensorielles (coloration à l'hématoxyline ferrique); 1, écaille latérale; 2, cellules basales; 3, cellules sensorielles; 4, cils sensoriels; 5, cellules de soutien; 6, fibre ramifiée du nerf latéral innervant l'organe sensoriel; 7, terminai-son de cette fibre en calice autour de la cellule sensorielle.
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Sur des coupes fixées au Helly et colorées à l'Altmann, nous avons pu observer un chondriome important, qui, sur une coupe axiale, se présente sous deux aspects (fig. 3). Ce sont, d'une part, des filaments colorés en rouge par la fuchsine, qui se trouvent plus spécialement rassemblés dans la partie supérieure de la cellule, au dessus du noyau, mais nous en trouvons également un petit nombre dans la partie basale, ces chondriocontes ainsi rassemblés, donnent à la cellule un aspect fibrillaire et strié; d'autre part, des mitochondries qui sont situées plus particu-lièrement au pôle inférieur du noyau où elles forment une accumu-lation importante, mais il nous a été donné d'en voir au contact des chondriocontes.
Ainsi que nous venons de le voir, l'organe sensoriel de la ligne latérale du Vairon ne diffère pas sensiblement dans sa constitution des organes sensoriels des autres poissons. Cependant les cellules sensorielles semblent groupées entre elles, et il nous paraît difficile d'après nos coupes, d'imaginer une intercalation de cellules de soutien; tout au plus, les limites cellulaires bien marquées pourraient correspondre à de fins prolongements cyto-plasmiques des cellules basales vers la surface de l'organe comme c'est le cas pour les bourgeons sensoriels intra-épidermiques appelés « neurogemmes » (GÉRARD, 1936). Les cellules de soutien
formeraient une sorte d'enveloppe protectrice autour des cellules sensorielles.
Les organes sensoriels se forment à partir d'un épithélium qui se différencie en neuro-épithélium (BÉARD, 1884). Nous n'avons
pas vu de différenciations cytoplasmiques caractéristiques, mais étant donné la petite taille des cellules, cette étude semble difficile et recevra un appui certain de la microscopie électronique.
Laboratoire d'Évolution des Êtres organisés, Paris
BIBLIOGRAPHIE
ALLIS, 1889. — The anatomy and development of the latéral line System
in Amia calva. J. of Morph., 11, pp. 463-568.
BEARD (J), 1884. — On the segmentai sensé organs of the latéral line and
on the morphology of the vertebrate auditory organs. Zool. Anz., VII, n° 161-162, pp. 123-140.
DIJKGRAAF (S.), 1942. — Uber Druckwahrnehmung bei Fischen. Zeitschr.
fur Vergleich. Physiol., XXX, pp. 39-66.
1952. — Bau und Funktionen der Seitenorgane und des Ohrla-byrinths bei Fischen. Experientia, VIII, p. 205.
GÉRARD (P.), 1936. — Sur Phomologie entre les appareils sensoriels du
système latéral et ceux du système vestibulaire chez les Téléostéens. Bull. Cl. Se. Acad. Roy. Belg., 5e série, XXII, pp. 447.
GROBBEL et HAHN, 1958. — Morphologie und Histologie der
Seiten-organe des augenlosen Hôhlenfishen Anoptichtys jordani im Ver-gleich zu anderen Teleosteern. Z. Morph. und ôkol. der Tiere, XLVII, Heft 3. p. 249.
PARKER, (G.H.), 1905. — The function of the latéral line organs in
Fis-ches. Bull, of the Bureau of Fish. Washington, XXIV, pp. 185-207.
SAND (A.), 1937. — The mecanism of the latéral sensé organs of fishes. Proceed. Roy. Soc. London, Série B, CXXIII, pp. 472-495.
THOMOPOULOS (A.), 1957. — Sur la ligne latérale des Téléostéens. Bull. Soc. Zool. France, LXXXII, pp. 102-107 et pp. 437-442.