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Mucopolysaccharidose de type I au Maroc: Manifestations cliniques et profil genetique

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(1)

Arch Wdiatr 2000 ; 7 : 597-604

0 2000 fiditions scientifiques et mCdicales Elsevier SAS. Tous droits r&en&

MCmoire original

Mucopolysaccharidose de type I au Maroc : manifestations cliniques et profil gkn6tique

N. Alif l* 2, K. Hess.2, J. Straczekz, S. Sebbar3, Y. Belahsenl, N. Mouane4, A. Abkari5, P. Nabet2, M.A. Gelot2*

‘Dkppartement de biologic, faculti des sciences, BP 28/S, Agadir ; JhGpital Hassan It, Agadir ; 4h6pital d’enfants Ibn Sina, Rabat ; 5hdpital d’enfants Ibn Rochd, Casablanca, Mamc ; 2laboratoire de biochimie, CHU de Nancy, 29, avenue du Marekhal-de-L.attre-de-Tassigny, CO no 34, 54035 Nancy cede& France

(Rey le 22 octobre 1998 ; accept6 le 4 mars 2000)

R&urn6

Les mucopolysaccharidoses (MPS) sont des maladies genetiques dues a des deficits d’enzymes lysosomiales se traduisant par I’accumulation dans les lysosomes de differents tissus de mucopolysaccharides acides. Le but de cette etude etait de caracteriser le type de MPS, difficile a differencier a partir des signes cliniques, en s’attachant plus particulierement a la MPS de type I.

Patients et m&hodes. - Sur une periode de trois ans (ruin 1996 a mai 1999), 16 patients marocains ages de trois a 20 ans et atteints d’une MPS ont ete etudies. Parmi ceux-ci, 12 sont originaires de la region du Souss. Chez les sujets ayant une MPS I ou II suspectee cliniquement, la confirmation du diagnostic a fait appel a I’exploration biochimique, comprenant le dosage des glycosaminoglycanes urinaires totaux et leur identification ainsi que le dosage de I’a-L-iduronidase dans les leucocytes. Une etude moleculaire a ete realisee en parallele, afin d’apporter la preuve genetique du diagnostic.

R&u/tats. - Les 16 patients appartiennent a 12 familles dont neuf sont consanguines (75 %).

Douze patients atteints ont un syndrome de Hurler, trois ont un syndrome de HurlerScheie et aucun syndrome de Scheie n’a ete rencontre. Le retard staturoponderal, la dysmorphie faciale, I’organomegalie, les hernies, les problemes cardiaques, le retard mental et la dysostose sont retrouves a des degres variables. Les opacites corneennes, de valeur diagnostique pour la MPS I, ne sont pas retrouvees chez trois patients. Sur le plan biologique, nous avons constate, chez les sujets etudies, une augmentation de I’elimination urinaire des glycosaminoglycanes totaux, identifies par chromatographie en couche mince comme etant du dermatane sulfate et de I’heparane sulfate, et un deficit total de I’a-L-iduronidase. Au niveau moleculaire, la mutation P533R est retrouvee dans 24 des 26 alleles etudies.

Conclusion. - Le depistage precis du type de MPS I et II est maintenant possible au Maroc, grace a I’analyse des observations cliniques et radiologiques et a I’exploration biologique. La predominance de la mutation P533R, pourrait servir pour le depistage de sujets heterozygotes sains et pour le conseil genetique dans les familles d’origine marocaine. 0 2000 Editions scientifiques et medicales Elsevier SAS

mucopolysaccharidose de type I I glycosaminoglycanes I iduronidase

*Correspondonce et tirks c? part : M.A. Gelot, m&me adresse.

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Summary - Mucopolysaccharidose type I in Morocco: clinical features and genetic profile.

Background. - Mucopolysaccharidoses (MPS) are inherited metabolic disorders due to lysosomal enzyme deficiencies, leading to glycosaminoglycan accumulation in lysosomes of different tissues.

The aim of this study was to characterize MPS types, particulary MPS I, which are difficult to differentiate by clinical features.

Patients and methods. - Over a period of three years (June 1996 - May 1999) 16 Moroccan patients (3-20 years old) with MPS were investigated. Twelve of them came from the Souss region.

In subjects with suspected clinical MPS I or II, the diagnosis was confirmed by biochemical investigations, which included the quantification of total glycosaminoglycans (GAGS) released in urine, their identification, and the assay of a-L-iduronidase activity in leucocytes. A molecular analysis was performed in parallel, to provide the genetic proof of the diagnosis.

Results. - These 16 patients belonged to 12 families, nine of which were consanguineous (75%).

Twelve patients had Hurler syndrome and three had Hurler/Scheie’s syndrome: no case of Scheie’s syndrome was observed. Short stature, coarse face, organomegaly, hernia, cardiac disease, mental delay and dysostosis were observed in variable degrees. We report three cases without cornea/

clouding. Increased total urinary GAGS, identified as dermatan sulfate and heparan sulfate by thin- layer chromatography and total deficiency of a-L-iduronidase activity, were noted in studied subjects.

At the molecular level the P533R mutation was detected in 24 among 26 alleles studied.

Conclusion. - It is now possible to perform the screening of MPS I and II in Morocco by analysis of clinical, radiologic observations and biological investigation. The predominance of P533R mutation could permit the screening of healthy heterozygotes and genetic counselling for families of Moroccan descent. 0 2000 Editions scientifiques et medicales Elsevier SAS

mucopolysaccharidose I I Hurler’s syndrome I Hurler-Scheie syndrome I glycosaminoglycans I iduronidase

Les mucopolysaccharidoses (MPS) sont des affections dues a un defaut de d&gradation des mucopolysaccha- rides ou glycosaminoglycanes [ 1, 21, aboutissant a une accumulation de ces molecules dans les lysosomes de differents tissus et a une augmentation de leur excre- tion dans les urines [3], d’ou le nom de maladie de surcharge.

Parmi les differents types de mucopolysaccharido- ses, un des plus frequent est la MPS de type I. La MPS I est subdivisee en trois phenotypes d’apres McKusick et al. [4]. La forme grave de la maladie (syndrome de Hurler [5]) est caracteride par un syn- drome dysmorphique (avec traits grossiers, sca- phocephalie, cou court et tete paraissant collee au corps, langue volumineuse, oreilles implantees bas), des deformations squelettiques, des opacites corneen- nes, une hCpatosplCnomCgalie et un retard mental et statural. Les complications cardiorespiratoires sont en general responsables de la mort avant la dixibme annee. Dans la forme moderee (syndrome de Scheie [6]), I’aspect physique et les dystrophies osseuses rappellent de facon moins marquee la MPS I de Hurler, mais il n’y a pas de dysmorphie faciale ni de retard statural, et les problbmes sont essentiellement oculai- res et cardiaques. 11 n’y a pas, non plus, d’aldration intellectuelle et pas ou peu de diminution de l’espt-

rance de vie. Le troisieme phenotype qui a CtC d&it (syndrome de Hurler/Scheie), est de gravite interme- diaire entre la maladie de Hurler et la maladie de Scheie. Ces trois formes de MPS I sont dues au deficit d’une seule enzyme, l’a-L-iduronidase qui normale- ment degrade le dermatane sulfate et l’heparane sulfate au niveau d’un acide a-L-iduronique.

La MPS de type II ou maladie de Hunter ressemble a la MPS I. Elle est like au chromosome X et n’atteint done que les garcons. L’enzyme deficitaire est la L- iduronate-2-sulfatase, qui degrade le dermatane sulfate et l’heparane sulfate, aboutissant a leur accumulation dans les lysosomes des differents tissus, comme dans le cas de la MPS I. 11 existe Cgalement une forme severe et une forme moderee de la maladie.

Lorsque le diagnostic de MPS 1 ou II est Cvoque, il est necessaire non seulement de le confirmer mais de differencier le type I du type II. 11 est done important d’identifier avec certitude le type de MPS et d’identi- fier l’enzyme deficitaire, en vue d’etablir un arbre decisionnel pour le conseil genetique et le diagnostic antenatal.

Nous rapportons dans cette etude la mise en place,

pour la premiere fois au Maroc, de methodes biologi-

ques de diagnostic et d’identification du type de MPS

ainsi que les resultats d’une etude preliminaire.

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Mucopolysaccharidose de type I

PATIENTSETMkTHODES

Patients

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I&SULTATS

R&ultats cliniques Notre etude realiste du mois de juin 1996 au mois

de mai 1999, portait sur 16 sujets ages de trois a 20 ans, dont deux Ctaient suivis a l’hopital d’enfants Ibn Sina de Rabat (service des maladies metaboliques), deux a l’hopital d’enfants Ibn Rochd a Casablanca (un en chirurgie et un en maladies metaboliques) et 12 a l’hopital Hassan II a Agadir (service de pediatric). Dans la majorite des cas, les motifs de consultation Ctaient : retard statural, hernie ombilicale ou inguinale ou parfois volumineuse protuberance de l’abdomen, et c’est a partir de signes cliniques Cvocateurs d’une muco- polysaccharidose qu’a CtC entreprise l’investigation biochimique.

Mkthodes

Chaque patient a subi un examen clinique complet, une radiographie du squelette, un examen ophtalmologique (a la lampe a fente et fond d’ceil), une Cchocardiogra- phie et un examen psychologique.

Les urines ont CtC recueillies sans adjonction de conservateur et traitees dans la journee ou congelees jusqu’au moment de l’analyse. Le dosage des glyco- saminoglycanes totaux a Cte effect& selon la methode d&rite par Piraud et al. [7], et leur identifi- cation par chromatographie sur couche mince reali- see selon la methode de Humbel et Chamoles [8].

Lorsque le volume d’urine Ctait insuffisant pour l’ensemble des analyses, seules les chromatogra- phies ont CtC realistes.

Les dosages de l’a-L-iduronidase et de la P-glucuronidase ont CtC effectues, le jour mCme du prelbvement, sur 10 mL de sang preleve sur tube heparine chez les patients et des temoins ne presen- tant pas de maladie. L’activite de l’a-L-iduronidase a CtC mesuree par incubation des leucocytes en presence d’un substrat specifique de l’enzyme, le 4-mCthylumbellifery1 a-L-iduronide [9], et les proteines ont Cte do&es par la mtthode de Hartree [lo].

La fluorescence de la 4-mtthylumbelliferone libe- rCe a 6tC mesuree et les resultats sont exprimes en nmol/h/mg de proteine. L’activite de la /I-glucuro- nidase a tte determinCe a titre d’activitb temoin. Le substrat utilise Ctait le 4-mCthylumbellif&yl P-D- glucuronide [ 111.

Ces etudes biologiques ont Cte complttees par des analyses moleculaires, par la technique jluorescence assisted mismatch analysis (FAMA) [12], afin de preciser les anomalies intervenues sur le gene de l’a- L-iduronidase.

Sur une p&ode de trois ans, 16 patients marocains habitant des zones geographiques differentes (Marra- kech, Sale, Casablanca, Agadir, Taroudant, Tiznit, Ouarzazate et Ifni) et provenant de differents services de pediatric et/au de chirurgie ont CtC inclus. Les donnees cliniques concemant ces patients sont resu- mees dans le tableau I. Les signes cliniques present&

par les patients (figures 1, 2 et 3) sont t&s Cvocateurs d’une MPS I ou II.

Tous les patients presentaient, a des degres varia- bles, des anomalies osseuses, avec un syndrome dys- morphique Cvocateur (100 % des cas). Les troubles cardiaques et l’hepatomegalie Ctaient retrouves dans 87 % des cas, les opacites comeennes dans 80 %, les hernies ombilicales ou inguinoscrotales et le retard mental dans 94 % des cas.

L’examen ophtalmologique, chez deux f&es (YM, YL) et leur sceur (YS) ne montrait pas d’opacites corneennes. YM et YS Ctaient scolarists dans une Ccole publique et ne memorisaient ni les lettres ni les chiffres. 11s souffraient, par ailleurs, d’une surdite de perception et leur quotient intellectuel (QI) a CtC estime respectivement a 55 et a 56. Le QI de leur frbre cadet a aussi CtC estime a 55. Chez le frbe aint, les signes cliniques Ctaient plus prononces.

Pour OM, age de six ans, le motif d’inquietude a ttC une hernie inguinoscrotale recidivante, pour laquelle il a CtC opere deux fois, a un an puis a quatre ans.

Actuellement, malgre une nouvelle recidive (figure I), cette hernie n’a pu &tre operee, en raison d’une surcharge myocardique accompagnee d’une hypertrophie du ventricule gauche, d’une fuite mitrale et aortique et d’une stenose pulmonaire valvu- laire mod&e. L’enfant n’est pas scolarise, son QI a CtC estime a 53. Sa scour agee de 11 ans n’a acquis la marche qu’a l’bge de trois ans. Elle est obese, a une petite taille, une tres importante hepatosplenomegalie et a CtC exclue de l’ecole a l’age de neuf ans ; son QI a CtC estime a 50.

Chez la patiente TY, agte de neuf ans, et surtout chez la patiente AM, agee de sept ans, la dysmorphie faciale Ctait moins marquee (figure 2). Elles avaient une voix Claire, n’ttaient pas scolaristes et leur QI a CtC estime respectivement a 50 et a 55. La patiente TY avait une hemie ombilicale recidivante.

Le patient EL est de&de a l’bge de dix ans dans un tableau de d&compensation cardiaque et son examen clinique ttmoignait de l’existence d’une forme grave : une t&s importante hepatosplenomegalie avec ascite.

Son frere jumeau, toujours en vie, presentait aussi un

tableau severe.

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Tableau I. Donnees cliniques des patients. Patierrts Age Sex8 De& de Retard Taille Anomalies squelettiques* Hht/HSM Hernie OpacMs Pmblhes cardiaques lnnr I cnnrnnor.inita monml /rm 1 rnmdonnrr SM 3 F 2 + 9O(-2ET) f HM + + f SR 3 M 1 90(-2ET) +, toit des cotyles horizon- - - + Souffle systolique mitral talise, protrusion du thorax IM 3 M 1 + 9062ET1 c HM + t + YL’ 4 M OMa 6 M 1 + 100 (- 3 ET) +, extremi I& des mkacafpiens, toit des cotyles horizontalis6, coxa valea GG 7 F AM 7 F 2 I rn-5 IL,OT\ .I. ULK I I

+ &j(-;$o +, diaphyse des OS longs HM + Souffle systolique mitral minime trmne et tlargie tk proximale effi- HM + + Souffle systolique laterostemal 1 m- + 108 (- 2 ET) + HM + + Souffle systolique mitral YSI TY

I”_ \-‘Y’, 1 x1.1 +

103 (- 3 ET) +, extremiti proximale effi- HM ’ + - Souffle systolique mitral mod&e I(- J <. . 8 F - lee oes meracapens 9 F + 105 (- 4 ET) Extremite proximaleeffil&e HSM des metacarpiens, sca-

EL3 EH3 OF2 YM’ AN AS EM 10 M 10 M 10.5 F 12 M 15 M 17 M 20 F

- 1 1 1 -

phocephalie + 107 (- 4 ET) + HSM + 107 (- 4 ET) +, t&e femorale nkrosee, HSM co1 femoral trapu + 106 (- 4 ET) + HSM + 115 (-4ET) + NM + Souftle systolique mitral et aortique + 139(-4ETj -I. HM + + Sclerose des sigmoides, ministe- nose aortique + 133(-4ET) + HM + + Sonffle systolique minime + 132 (- 4 ET) +, spondylolisthesis lom- + ? bosacr6, cyphose cervicale * Signes constamment trouves : allongement de la selle turcique en w ou en J, hypoplasie ant&opost&ienre du corps vertebral, souvent de L2, c&es en rame, petit bassin, scaphocephalie et scoliose ou cyphoscoliose ; tdeux frees et une soeur ; kn f&e et une smur ; ajumeaux dizygotes ; ET : &art-type ; M : masculin ; F : feminin ; HM : hepatomegalie ; HSM : h&atospl&omegalie.

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Mucopolysaccharidose de type I 601

Figure 2. Patientes MPS I H (syndrome de Hurler) avec dysmorphie

Figure 1. Patients atteints de MPS I H (syndrome de Hurler), scaphodphalie, dysmorphie faciale, rhinorrhee, macroglossie, cyphoscoliose, raideur des articulations, retard statural, hernie ombi- licale et/au inguinoscrotale, hCpatosplCnomCgalie.

Le patient AN, age de 15 ans, avait une raideur des articulations, des opacites corneennes, une microgna- thie et une hepatomegalie. I1 avait un souffle de type aortique isole sans signe organique, et l’echo Doppler montrait un Cpaississement de la valve septale, avec une insuffisance mitrale de grade 2. L’examen de l’aorte a trouve une ministenose avec une sclerose des sigmdides. Ce patient avait aussi une hernie ombilicale et une rhinorrhee. 11 souffrait d’une surdite de percep- tion bilaterale depuis l’age de sept ans et a tte exclu de l’ecole a l’age de dix ans. Les parents parlaient de la presence de trois autres enfants cousins de AN dont le phenotype est similaire.

Le patient AS, age de 17 ans, exclu de l’ecole a l’age de 11 ans, avait un phenotype similaire a celui de AN

(‘gure 3). Ces deux patients sont originaires d’une

m&me region, a une distance de 16 km l’un de l’autre.

La patiente EM, agee de 20 ans, avait une hernie ombilicale depuis la naissance et des infections respi- ratoires depuis l’age d’un an. Elle a presente une hyperlaxite ligamentaire, ayant entraine une disloca- tion cervicale a l’lge de huit ans et a subi deux

Figure 3. Patients MPS I H/S (syndrome de HurlerBcheie), micro- gnatisme, opacites corneennes, rhinorrhee, raideur des articulations, hernie ombilicale. hepatomegalie.

arthrodeses vertebrales, a l’age de 13 ans. Elle a eu un spondylolisthesis recidivant lombosacre a 18 ans, mais n’a ni anomalie cardiaque ni hepatosplenomegalie.

Ces trois patients sont atteints de la forme interme- diaire, MPS I HurlerBcheie.

A l’exception du patient AS dont l’hypoplasie des corps vertebraux et la scaphocephalie n’etaient pas t&s

evidentes, tous les patients avaient une selle turcique profonde et allongte en << J B ou en << CL) >>, des &es en rame, une hypoplasie anteroposdrieure des corps ver-

tebraux, surtout au niveau de la derniere vertebre

dorsale et /ou des deux premieres vertebres lombaires,

un bassin Ctroit, une scaphocephalie, et une scoliose ou

une cyphoscoliose. La diaphyse des OS longs et

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Figure 4. Chromatographie des glycosaminoglycanes urinaires. cs : chondrditine sulfate ; hs : hkparane sulfate ; ds : dermatane sulfate ; MPSI patient atteint de MPS I ; Tm : tkmoin.

I’aspect effile ou conique de l’extremite proximale des metacarpiens n’etaient pas retrouves chez tous les patients de notre serie.

RCsultats biologiques

Nous avons mis en evidence, dans tous les cas, une augmentation des glycosaminoglycanes urinaires totaux (tableau ZZ). Par chromatographie, nous avons montrt que cette augmentation Ctait due a une Climina- tion accrue de dermatane sulfate et d’heparane sulfate, et le profil chromatographique urinaire de tous les patients etait analogue a celui prtsente dans 1aJigure 4.

L’augmentation de l’elimination de dermatane sul- fate et d’heparane sulfate est caracttristique du deficit en a-L-iduronidase ou en L-iduronate sulfatase.

L’activitt a-L-iduronidase mesurte chez 15 patients Ctait nulle par rapport aux temoins (tableau III).

L’activite de la Pglucuronidase Ctait normale, ce qui rend compte de la validite du prelevement et du dosage. Les resultats biologiques ont permis d’affirmer le diagnostic de mucopolysaccharidose de type I dans tous les cas.

L’analyse moleculaire, realisee en parallble chez 13 patients et leurs familles, a mot&C que 11 patients sont homozygotes pour l’allele P533R, mutation qui substitue un radical proline en un radical arginine, en position 533 de l’enzyme ; leurs parents sont h&&o- zygotes et leurs freres ou sceurs, sains, sont selon les cas homozygotes normaux ou heterozygotes [ 131. Deux cas (SR et AN) sont htterozygotes composites. La fre- quence de cet allele mutant (24/26) est done de 92 %.

DISCUSSION

A notre connaissance, aucune etude complete sur la

MPS I au Maroc n’a fait l’objet de publication. Nos

resultats montrent que 12 patients ont un tableau clini-

que Cvocateur de MPS I ou MPS II (forme grave) ; il

s’agit rarement d’une forme intermediaire (patients

AS, AN et EM). Le patient SR, age de trois ans et

n’ayant ni hemie, ni htpatosplenomegalie, ni retard

psychomoteur, pourrait aussi Ctre atteint de la forme

intermtdiaire. L’absence de sujet ayant la forme mode-

rCe pourrait etre due a un biais de recrutement. En

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Mucopolysaccharidose de type I 603 effet, si les symptomes sont moins s&&es, les patients

consultent rarement un medecin. Aucun cas de MPS II,

tion de moelle osseuse, deja pratiqute en Europe et aux Etats-Unis [17, 181, regle les problbmes visctraux, maladie moins frequente que la MPS I, n’a 6tC rencon- ameliore l’audition mais pas les problbmes oculaires et tre. Nous n’avons identifie aucun cas de syndrome de osseux ; elle n’a un effet neurologique favorable que si Sanfilippo (MPS III), maladie aussi frequente que la elle est pratiquee suffisamment tot, c’est-a-dire avant MPS I, durant notre periode d’etude. Les symptomes que le retard mental ne soit present. Le traitement cliniques, moins Cvidents, font que cette maladie reste substitutif par enzyme recombinante n’en est qu’au encore probablement sous-estimee au Maroc. stade des premiers essais cliniques.

L’absence d’opacites corneennes chez trois patients, membres d’une meme frame, est surprenante, quand on considere que ce critere est chez les enfants, au moins a partir de deux ans, un Clement important du diagnostic differentiel avec la MPS II. La presence d’un patient de sexe feminin, parmi cette fratrie, tlimine d’emblee l’hypothbse de la maladie de Hunter. Bien qu’excep- tionnel, ce n’est cependant pas la premiere fois que l’on rencontre un patient MPS I saris ce cat-act&e. En effet, Gardner et Hay [14] rapportent aussi, en 1974, un cas de MPS I saris opacites corneennes.

Par ailleurs, certaines de ces familles desirent avoir d’autres enfants tout en Ctant conscientes du risque.

Leur participation et collaboration a cette etude mon- trent leur interet pour l’etablissement d’un diagnostic p&is et ce, si possible, par des methodes biologiques rapides, simples et peu ontreuses.

Les QI de nos patients sont plus bas que ceux rapport& dans la litterature [ 151. Nous pensons que l’absence d’institutions specialisees de prise en charge fait que la plupart de ces patients sont exclus des ecoles publiques a un age precoce et ne reqoivent pas d’edu- cation adaptee.

Cette etude montre que 56 % des patients (9/16) sont issus d’une union consanguine (premier ou deuxibme degre). Les parents des patients YL, YS et YM ont Cgalement un autre enfant exempt de toute maladie et sont issus du m&me village. 11s ignorent leur consan- guinite, mais on peut supposer que, si elle existe, elle est superieure au second degre. Quant aux parents des patients EL et EH, ils sont aussi issus d’un meme village mais ne font pas &at de notion de consangui- nite.

Etant donne que, chez les patients marocains, la lesion gtnetique responsable du trait mucopolysaccharidique est engendree par l’allele P533R (92 %), on pourrait utiliser celle-ci comme outil pour le diagnostic prenatal, le depistage dans les familles des malades de sujets porteurs de la mutation et pour le conseil genetique. Toutefois, l’approche du diagnostic prenatal n’est pas encore possible au Maroc, car il n’y a pas de cadre juridique qui autorise la mere a interrompre sa grossesse quand elle est enceinte d’un enfant atteint genetiquement d’un handicap. En effet, l’article 453 du Code penal ne considere l’avortement comme legal que lorsqu’il constitue une menace pour la Sante de la mere.

Devant cette situation, et en l’absence de tout traite- ment de la MPS I, nous avons explique aux familles, au tours des enquetes familiales a domicile ou a l’hopital, les notions d’heredite, d’homozygotie et d’heterozygotie, et nous avons conseille a celles qui ont deja plusieurs enfants de ne plus en avoir, et a leurs enfants non atteints d’eviter, a l’age adulte, les maria- ges consanguins.

En trois ans seulement, le diagnostic de MPS I a ttt porte 12 fois a l’hopital Hassan II d’Agadir qui reGoit les patients de la region du Souss. Une telle prevalence de la MPS I pourrait, en partie, resulter d’unions consanguines, tradition encore fortement pratiquee au Maroc, surtout en zone rurale, mais la frequence reste encore indeterminee dans cette region comme darts l’ensemble du Maroc. Selon Lowry et Renwick [ 161, la frequence de la maladie dans la population g&ret-ale serait de l/100 000, l/500 000 et l/l 15 000 respective- ment pour les maladies de Hurler, de Scheie et de Hurler/Scheie.

RkFtiRENCES

Jusqu’a present, aucun traitement sptcifique de la MPS I n’est disponible au Maroc. Les patients sont gtneralement hospitalises pour le traitement de leurs hernies ou pour des infections bronchopulmonaires. A cette occasion, il est important de souligner que les familles des patients demandent a &tre informees et s’indressent beaucoup a l’tvolution de la recherche dans l’espoir d’un traitement curatif. La transplanta-

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n kpidbmiologie des convulsions nConatales d’une province canadienne L’incidence annuelle des convulsions neonatales varie suivant les series de

I,8 a 8,6 pour 1 000. Cette incertitude est like aux divergences dans les crite- res de selection des patients ainsi qu’aux difficult&s a specifier la popu- lation de reference. Pour les m&mes raisons, la frequence relative des dif- ferentes causes n’est pas connue pre- cisement. A partir de criteres diagnos- tiques stricts et d’une population bien definie, une etude canadienne a per- mis d’affiner l’tpidemiologie descrip- tive de cette maladie. L’observation a CtC poursuivie de maniere prospective entre janvier 1990 et decembre 1994 sur tous les nouveau-n& de la pro- vince du Newfoundland au Canada.

Parmi les 34 615 enfants nes vivants durant cette periode, 90 ont eu des

convulsions dans les 28 jours suivant sont plus precises que les registres leur naissance (ou jusqu’a 44 semai- hospitaliers sur lesquels Ctaient fon- nes de gestation pour les prtmatures). d&es la plupart des publications ante- L’incidence annuelle des convulsions rieures. Cette etude livre done une neonatales est done de 2,6/l 000 nais- bonne photographie de l’incidence, sances vivantes ; elle est de 8,6/l 000 des causes et de l’evolution des pour les enfants prematures et de 1,9/ convulsions neonatales. Elle confirme 1 000 chez les nouveau-n& a terme. I’importance de la prematurite, de Pour 64 % des enfants, les convul- l’hypoxie perinatale, des infections et sions sont survenues dans les deux de l’hypoglycemie/hypocalc&mie a premiers jours de vie. Trois causes l’origine de la maladie. A l’inverse, sont a l’origine de la majorite des les syndromes Cpileptiques, les mal- cas : encephalopathie anoxo-ischemi- formations cerebrales, les maladies que (40 %), infection neonatale metaboliques ou les accidents vascu- (20 %) et desordres metaboliaues laires cerebraux restent des causes simples (hypoglycemic, hypocaice- classiques mais rares de convulsions mie ou hvoomaantstmie. 19 %). du nouveau-n&

Dans settler&t 5 % des cas, les con- vulsions durent plus de 30 minutes.

Le taux de mortalite est de 9 % parmi les nouveau-n& ayant eu des convul- sions. Au plan descriptif, du fait de biais de recrutement lies aux criteres d’hospitalisation qui varient d’un lieu a l’autre. les etudes de populations

Nouvelles britves

Ronen GM, Penney S. Andrews W. The epidemiology of clinical neonatal seizures in Newfoundland: a population-based study. J Pediatr 1999 ; 134 : 71-5.

S. Chabrier

Hopital Nord, Saint-fitienne

Références

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