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LE HASARD
CORRIGÉ PAR L'AMOUR,
O U
LA FILLE EN LOTERIE,
ARLEqUINADE
En un Acte
eten Vaudevilles
;Représentée, pour
lapremière
foisyà
Paris,sur
leThéâtre des Jeunes
'Artistes, le11 Nivôse an g
;Par J.-A. JACOUELIN
etPIIILIDOR
R...A PARIS,
Chez FAGES,
Libraire,rue Meslé,
n®.25,
& boulevard
St.-Martiii, n^.26,
vis à-vis leThéâtre
desJeunes
-Artistes.AN
I X.-—
J 8 I.PERSONNAGES. Artistes.
CASSANDRE, Marchand
de draps, Le
peintre.COLOMBINE,sa
fdie,
W^ Lamaie.
ARLEQUIN,
Peintre,amant
deCoîombine, Deschamps.
GILLES,
rivald'Arlequin, Lévesque.
La Scène
sepasse à
Paris ,rue
St.-Denis.
Le
Théâtre représente une salle basse du Magasin de Draperie deMr. Cassandre, table, papier, etc.Celle Pièceesljouée pardes
Enfans
de six aseptmis:.COUPLET
D'ANNONCE.
Air: Du VaudevilledeCommentfaire.
Vousverrezdans quelquesinstans
UnepetiteCou.édie, Quejouci'outdepetitsEnfaas, Quide vousplaticontgrandeenviej Toutestcoriinéjiarl'Amour, Iwui résister seroit folio, Ilveut corrigerencejour Lehasarddelaloterie; L'Auteurs'osiime cequ'ilvaut
,
C'estàpeineàl'extrait qu'ilvise, (
S'iln'obtient pasluémecelot ,
Ali!du moinssauvez-lui sa mise.
,
ANECDOTE.
Après h
première Représentation , ondemanda
au petit Cassandre: Quel âgeas-tu ?—
Six ans.—
Et taiille?
—
Sept ans, répondit-il trancjuillement.LE HASARD
CORRIGÉ PAR L'AMOUR, ARLEQUINADE.
SCENE PREMIERE.
CASSANDRE
seul, en rohe-de -chambre.-/a. H! ah! c'est aujourd'hui le i5, allons, Monsieur Gilles,et toi,
mon
cher Arlequin, invoquez le Dieudu
hasard.C'estpeut-êtrc aujourd'hui que
mon
gendre, que l'époux deGblombine sortira dela roue de fortune.Plaisant projet que j'ai conçu là! ne vouloir donner
ma
fille qu'à celui des deux qui obtiendra un terne à la loterie. Gilles est vilain et fluet, Arlequin au contraire est un beau garçon joliment bâti, aussima
fille fait-elleen secret dts
vœux
pour ce dernier.Pourvu
quela for- tune ne trompe pas son espoir.. . oh,non
!Air: Lafoi(fiievous m'avezpromise. ' '
Elledoitseconderin.ifille,
Lui faireépouser Ar'equin,
Jol'aime mieux(lan>mafamille, Ilestsémillantetiiinlin.
Ilestaiméde Colonibine,
Decejeuneamantijui luiplaît, t.llepeutespérerun quine,
itdel'autre àpeine unextrait.
Attendons l'événement. J'ai là sur
ma
table lecontrat tout prêt, j'y mets lenom
de celui qui gagne, nous signons, et tout est dit.— De mon
côté, j'ai mis à la loterie,maisce n'est pointpourgagner unefemme,
c'estpour gagner de l'argent, et j'en ai grand besoin: les faillites, les banqueroutes frauduleuses
me
ruinent ;iln'y apas encore trois niois..
.
Air: Regards-vifsetjolimaintien^
On vientm'empiuniercentéciis,
Moije les prêtesurparole.
Mondébiteurne paroît plus,
Avecluimon argent s'envole;
Ah! poLTseconduireàprésent
j
L'argentestl'uniqueboussole.
Combien d'hommesàtoutmoment, Pour ne jamaismanquerd'argent, Manquent,s'illefaut{.bis), deparole.
Aujourd'hui
même,
s'il plaît au sort, je tiendrai lamienne; mais j'apperçois
ma
fille.(
4)
SCENE IL
CAS SANDRE, COLOMBINE.
CASSANDRE.
Eh
bien!ma
fille, l'heure s'avance; tu n'es pas Iran- quille, je parie ?COLOMBINE,
Vous
avez gagné,mon
père.CASSANDRE.
Avoue
que j'ai eu làune idée bien ingénieuse tiete mettre en loterie, c'est tout Paris qui va-doter l'un ou Vautre de ces prétendus.COLOMBINE.
Ah!
je préférerois Arlequin sans fortune, à Gilles avec tousles trésors du inonde.CASSANDRE.
Quel blasphème,
ma
fille!l'argent!eh! cen'estqu'avec luiquenous nousprocurons1aisance et lesdouceursdelà vie.—
Ecoute le quatrainquej'aicomposé ily
aquelques•jours sur ce sujets depuisque tout le
monde
semêle de fairedes \ers, unmarchand
de draps peut bien aussi en fabriquer,L'A
E.6 E N T
, Quatrain philosophique.Sansl'argentl'onn'est rien,avecluil'onest tout
,
Obtenir uneplace,unefeiBineàsongoût.
Posséderdes vertus,passerpourunVoltaire; Oui,voilàcequ'onfaitavecdu numéraire.
Après toi5 ce quatrain est ce que j'ai fait de mieux.
^Franchement,
ma
fille,comment
le trouves-tu?COLOMBINE.
Poétique, c'est-à-direexagéré.
CASSANDRE,
Air: ^insijadisuns^rnndProphète, Ceoiscequete distonvieuxpère AParis, sur- toutmaintenant
,
Mafille,l'onnous considère Lortjuenous avons del'argent;
Jesaisbien que dans uneElle^
Lasanesse vaut des écus
,
Maisj'aime à voirdansmafamille Beaucoupd'aigentetde vertus.
Médite profondément,
Colombine
, surcettemaxime
intéressante: je:te laisse à tesréflexions, je
monte
à inachambre
faire un bout de toilette et passer un habit décent: il faut qu'unMarchand
de draps aussi célèljreque monsieur Cassandre, se tienne toujours sur son pro]re pour faire honneur à son magasin. (// so;/).
(5)
S CE N E III.
COLOMBINE,
seule.J'AI fait cette nuit, au sujet de
mon
Arlequin, un heureux songe: j*ai rêvé que ses trois numéros éloient sortisautiraged'aujourd'hui, etqu'aussi-tôtjedevenois safemme;
mais puis-je ajouter foi aux douces illusions du sumuieil! tout lemonde
nefait-ilpas des rêves?Ah!
puisse lemien seréaliser! je n'aiquecem03'en d'épouser
mon
cher Arlequin; il est peintre,comme
tous les ar- tistes ilest mal partagé du côté de la fortune, etmon
]>ere n'entendpas raison Ik-dessus. ^\\q ne pense -t-il
comme
moi !Air: Ja'unes Fillescjuonmarie. (Rondeaud'AdoIpliceiClara).
EhIqu'importeàlatendresse Qu'unaicantaitbeaucoupd'or,
L'jrtdeplaire estsarichrsse, Son amourestsontrésor.
Femmedélicateettendre
Nese laissepoint surprendre ParlesattraitsdePlutus;
Oui,c'esten vainqu'uncrésus '
Pjodigue cadeaux,écus,
aj)us!
—
(bis) îe%effort/sont superflus.Ah!quandsoncœurse laisseprendre, Non, non, jamaislesainouis
K'ontbesoinde secours.
'
Eh! qu'importe,etc.
Jedis à celuiquej'aime:
Je net'aimeq;iepourtoi, Ilne.m'aimeque pourmoi
,
Voilàlebonheursuprême\ Onne.sauroitsans cela Eire heureuseenmariage,
Quipense autremsiun'estpas sage.
Démentequivoudra Cequeje dis là.
Pour moi
je diraitoujours : Eh! qu'importe,etc.SCENE IV.
COLOMBINE, ARLEQUIN.
ARLEQUIN.
Bon
augure! le premier objet qui s'offre à raoi c'estma
Colombine, les premiers numérus qui frapperontmes yeux
, ce seront les miens.COLOMBINE.
Que
laDéesse t'entende !ARLEQUIN.
Il est nécessaire qu'elle
me
favorise ; car dansmon
.
(6
)étatJe peintre, Colombine est la seule
femme
quime
convienne.
COLOMB IN
E.Pourquoi donc cela ?
ARLEQUIN.
Air: Du Vaudeville d'Jrletfuin Jfficheur, QuAKDjesaisirai monpinceau
Pourrtpiéseiiterles troi'iGrâces, Quandjepeindraidansce tableau L'Amourfolafiant sur leurs traces,
Quandjevoudraipeindre Palias, Juno'iet Vénuslaplus belle, Colombinedeleursappas
M'offriralemodèle.
COLOMBINE.
Ke
pourrois-tu l'exprimer un peu moinsmvthoîo-
gîquemenL?
arlequin.
Ah!
tu veux encore des coinplimens!Tu
m'entends bien, friponne ; car tu es aussi spirituelle que jolie: je vais donc parler plus rlairemenl. Je gagnece malin un terneà laloterie, je l'épouse ce soirmême,
et demain dansmon
attelier ...Air:Du Vaudaville deChampagnacetSuzette.
Sijeveuxpeindredeux beaux yeux, Jepeinslesyeux deColombine,
Pourpeindreunriregracieux
^^ Jelerai rireColomb;ne;
Faut-ilpeindredeux|olisbras?
Je peiuîlesbrasdeColombine.
Qued'attraitsquejenepeinspas, Sontàpeindre chezColombine!
COLOMBINE.
Simalheureusement le hasardalloitcomblerles
vœux
de ce vilain Gilles ?
ARLEQUIN.
Jel'ai déjà dit queje gagnerai le terne aujourd'hui.
COLOMBINE.
Tu, arranges cela au gré detes désirs.
ARLEQUIN.
Sois tranquille,tedis-je, j'aiun mo^^ensiar degagner.
COLOMBINE.
Si cela est, tu dois avoir beaucoup d'amis. Mais badinage àpart, sice
magot
de Gilles allait attrape!- le terne, (lesimbécillessontaussiadroitsàlaloteriequelesgens d'esprit), que ferions-nous?
ARLEQUIN.
Eh
bien!voyons que feras-tu?COLOMBINE.
Lia foi.' je crois que malgré la volonté de
mon
pure,(7
)e ne consentirais point k l'épouser, caril m'est aussi odieux que tu m'es cher.
ARLEQUIN.
Ah! ma
Colombinette!—
Mais j'entends lavoix du papa Cassandre.SCENE V.
Les Précédens,
CASSANDRE.
CASSAN DR
E',en habitetperrutjue. \Air: Quandun Tendron,etc.
J'aimonhabit debouracaa Etmavestetlepluche
,
Delatêteauxpiedsmaintenant, Jepermets qu'on m'épluche;
Duplusloinquel'onmeverra, Chacunmecomplimentera,là,là<
ARLEQUIN.
JeTOUSfélicitedéjà.
CASSANDRE.
Moncher Arlequin,vousvoilà,là,là ?
Mêmeair.
Vonssavez,monami, quec'est Aujourd'huiqu'oùlalire.
ARLEQUIN.
Puis-jel'oublier,eneffet?
COLOMBINE,
Ah!mon coeurensoupire! .
CASSANDRE.
Je voudrois bien savoir déjà Lequel de noustroisgagnera, là,là,
ARLEQUIN.
Ho!ho! ho!ho\haî ha!ha!ha! Ilfaut être sorcierpourçà^là,là.
Et si je l'étois sorcier, je serois biensûr de posséder aujourd'hui
ma
Golotnbine.CASSANDRE.
Je ne puis vous nier que vous avez
un
concurrent redoutable dans Gilles, car ilsympathise desnuméros.COLOMBINE.
Pour
moi, je ne sympathisegutres aveclui.CASSANDRE.
Je conviens ,
ma
fille, qu'auprfmer
i;borJ,ma
con- duite peut te paroîtra extravagante , mais pourquoi voudrais-tu que ton mariage titexieption à cequi arrive journellement? toutne dépendil pasdu hasard?( 8 )
Air: Aucoindufeu.
Vishouletjetteà terre
Unbravemilitaire C'estpar hasard. ,
Ausomtnet du Parnasse
Unauteur asaplace, C'estpar hajard.
Onestconstant, volage,
Onestfou, l'on estsage, C'estparIiasanj. ^
Qu'onsoitrichemoderne» Ouquel'ongagne unterne,
C'est parhasard.
EU crois moi,Colombiae, le hasard noussertsouvent mi';uxen itmourque ne leferoit notre choix.
ARLEQUIN.
Ah!
cependant,papaGassandre,ily
adansceque vousdites duhnsard, du pour et du contre.
Vous
avez narié'^pour, et moi je \ais chanter contre.
Ait: delapipedetabuc.
Toutnesefaitpasdanslemonde Par1(!Scapricesdu hasard,
Souventl'adreiisenous seconde, Mieuxque neferoitlehasard,
Allez-vous dansuuebouillote Autrementdit,jeudehasard, Lors((u'un fiiponvousescanioife Certes,cen'estpoint parhasard.
COLOMBINE.
Ah, Mr.
Arlequin.' vousquiparlez desjeux de hasard, n'allez pas prendre goiit à la rouge etnoire, non plus qu'à la rouktte, j'aimemieux
de temps en temps vous faire faireavec moi unepartie depasse-dix.ARLEQUIN.
Avec
plaisir; tu nele désireras jaznais vainement.CASSANDRE.
Ilne fautpas compter sans son hôte,Gilles pourroit fort fjien l'aire la partie, Mais levoici qui vient.
s'c E NE vT
Les Précédens,
GILLES.
(//occnurt^ un papieretuncrayon àlamain, avecunair joyeux et parlant 7, g, t^o, /e premier sur /acuisse droite,/csecondsurlagaucheet ledernier surla poitrine.
GIL L ES.
Ils
sortiront mes numéros,7,9,
90. Ils sortirontmes
numéros,ils sortiront.CASSANDRE.
Quivous Fadit.
GILLES.
Eh!
c'estId veuvePerdue,ma
^oisine du quatrièmequi
(9)
nuia faitgagnerdes millions à des millions de personnes, elle est si sûre de son fait qu'elle a voulu coudre elle
même
d'avance le terne que js gagnerai ce matin, sur2uon habit,
comme
unmonument
de sa gloiie.C A s s A N D R E.
Celte
femme
est sans doute ri',hc?GILLES.
Et voilàce qui vous trompe, elle ne peut mettre à la loterie puisqu'elle n'apas le sou ; ellen'est bonne que pourle conseil.
La
nuit dernière elle a rêvé mariage et révolution,donc il fautprendre 7, (y, et 90.; CAS s AND RE,
Je ne vois pas quelrapport.
GILLES.
Grenouille et fusée, veulent dire i5, 20; j'en veux
faire
un
almanach; si j'avois connu cettefemme
là.plutôt, elle Ui'auroit épargné bien»de l'argent ; ah! je le diraitoujours, elle est étonnante pourle conseil.
A R L E
Q
UINi-Jevois ce que c'est, c'est qu'elleest vieille; mais il se faittard,je m^en vais à l'instant.
GILLES.
Un moment,
nous partirons ensemble.ARLEQUIN.
jN'on pas, vous n'iriez point aussi vîte que moi; je suis dans l'attente, et je cours rue neuve des Petits- Champs^, c'est aujourd'hui le séjour de l'espérance; ( Il lui.déiacheun coup debatte.) Adieu, cher rival. (//sort.')
SCENE VII. ~
Les trois Précédens.
GILLES.
O H
! je lerejoindrai à tems. (A
Cassandve) j'ai àvous parler des combinaisons les plus lumineuses que j'ai fjites d'après celle de Cagliostro, en six mois detemsjeveux faire sauter la banque de la Loterie Nationale de France , et cela pcrle
moyen
de lacabale.C AS s A
N
D R E.Je vous approuve; c'est un fort
bon moyen
que la cabalb.COLOMBINE.
Comment
!mon
père, la cabale? Maisj'en aitoujours entendu diredu mal.I
C JO ) I
C A. s s A
N
D R E. 1Il y a là-dessus,
comme
dans presque tout, du pourei du contre.
Air: du.KnudeviUed'Abuz'ard.
Silacabale afaitgagner, ÇjC ne' furjamaisclirz Tli.ilie,
DuiliéàtieonveutL'éloiijner ,
Ons'en sert à ia loterie,
Deloterieunamateur, Aimeàconsulterlacabale;
Mais autiiéâtreuu pauvreauteur N'aime pasdutoutlacabale.
GILLES.
Enfin
me
voilà sorti des routes vulgaires, jeme
livretout entier à l'art cabalistique , je vais donc le fixer, ô volace femelle! Je tus assez lonsr-tems malheureux, et;
pourquoi ^ parce que je ne connoissois pas la veuve Perdue,les combinaisons de Cai^liostroet queje n'avois pas consulté la cabale ég3r{)tienne; je veux, petit papa CassanJre,vous initierdanssesplusgrands m3'^stères ....
Mais
l'heure dutirage s'avance, jecours voirsi laloterie nationale sera aveuglepour moi dansce jour.CASS ANDRE.
Allez, allez, je vous attendsainsi qu'Arlequin.
C O LO
M
BIN
E.Je VOUS attends aussi tous deuxavec impatience.
CASSANDRE.
Mais allez donc, vous savez qu'àprésent onla tire à
neufheures du matin au lieu de onze.
GILLES.
Air:Du. VaudevilledeCommuntfaire.
Oui,grâceàmacombinaison
,
Soy'iZ sùiequ'ilm'estfacile
Devousfaiieporterlenom.
LebeaunomdemailaineGille.
Jete br'nis, Caj^liostro,
Surmonbillet,])ai tascience, Jevaisvoir cliaquenuméro Comblerenfinmonespérance.
COL
M
BIN
E. EnDuo.CILLES.
Malcbi:voirecombinaison, Oui,gmce.'imaconibinaison, ]lne voussera pasfacile S ycii sîlre qu'ilmV-stfa;>ile
Demefaireporterlenom, Devousi'aiieporterlenom,
Lebeaun.înrde m.ldameGille. Lebeaunom demadameGille, (CillesensortantveutbaiserlamaindeColonibine(juiluidétache
unsoufflet),
SCENE VI IL
CASSAN DUE, COLOMBINE.
c
o
L oM
cI N E.Je
doutequ'il réussisse» laiurtuneestfemme,
Ilfauttire aiujable nonrlui plaire.
( ÎI ) C A s s AN D R E.
Eh
Lien! si Arlequin gagne le terne, en luidonnant tamain je lui cède
mon
fonds,et quel fonds!Air:Ilfaut quitdrceque
f
adore.Drapsde Loiivifis,de Scgovie,
DrapdeYi:;o!;nesupeilin, Diaps deSéJan, deSilésie Setrouventdansmonmagasin;
Chez moidesdeuxboutsdelaville
Onvientpourfairedesacliats,
Amesconcitoyensutile,
Jelesjuets tousdansdebeauxdiaps.
COLOMBINE.
Mais,
mon
père,y
pensez-vous, arlequinde peintre devenir marchand de Jraps?CASSANDRE.
On
a vu de notretems desmétamorphoses pluséton- nantes, et je saurai bientôtle mettre au fait du métier.COLOMBINE.
Vous
devez en connoître le fort et le faible depuis letems quevous l'exercezavec honneur.
CASSANDRE.
Oui,
ma
fille, avec honneur, et chacun depuis dixans n'en pourroit pas dire autant dans son état; tiens, pour contenter tout lemonde,
voici à peu-prèscomme
jem'arrange.
Air:Nev^làt-ilpas que
f
aime.Arrivenn faiseurd'embarras, Cequibrille lefl.itte,
Jemedi«: c'esticilecas D'offrirdel'écailate.
Air: Vivele -via, i/\'el'amour.
Atout subalterneCommis Jeprésentedugrosdrapgris.
Oùl'onnevoitpaslapoussièra.
Aceluiqui toujours espèic,
Jedonneundrapveitsanséî»a1 ,
Jevends dudrap noirpourliabitsdebal, (àjiart) Etdu drap jauneàplusd'un père.
COLOMBINE.
En
donnant ainsi à chacun ce qui lui convient, Arle- quin fera comm.e vous,mon
père, ilgagnera beaucoup d'argent; mais levoici^ ilparoît bien joyeux.SCENE IX.
Les Prccédens,
ARLEQUIN,
accourant un billetde loterie ala main.
Air:alleztousdanscejardin.
Quelplaisir!queldouxmoment!
(12)
Je vaÎ5époiwermamaîtresse , Jotieus ieterne.
CASSANDRE.
Commentî
Vousletenez?
ARLEQUIN.
Assurément
,
Mevoilàdansla rirliesse, Je m'enréjouisttès-fort.
CarJ'arf^ent à lalendresse
Nef-iitpastort.
Quelplaisir, etc.
Je viens dela maison où l'on tire la loterie nationale;
TOUS savez , rue!...
COLOMBINE,
ETCASSANDRE.
Oui, oui nous savous cela,après ?
ARLEQUIN.
Eh
bien! j'ai assisté à l'opération.Aix:heureuxen/ansdugoûtetdugénie. (DeRabelais.)
D
E ce côtél'unsaute d'allégresse,
Voyantsortir lesnuméros,
L'autreestplonoé danslatristesse,
QuandPlutusluitourneledos.
Un,sur mille,obtientlequateine^
Pour moijefns bi^-n satislair, Lorsque,soudainje visun terne Numérotésurmonbiilet.
CASSANDRE.
Vojons-le, (z7 /// ) 26, 40, 20. Diable! c'est bien heureux pour vous, maisquelssontlesautres
numéros
?ARLEQUIN,
àpart.Pestesoit des questions. ( Haut) à quoi bon vous les dire, papa Cassandre, j'ai gagné leterne, le contrat est, là, vous vous rappeliez votre promesse, voilà tout ce qu'il faut.
CASSANDRE.
Oui, pour vous, mais pour nioi il
y
a encore deux numéros, et vous savez qu»^ j'aimis aubsi à laloterie.ARLEQUIN,
a-vec ru'tesse.tn
ce cas, écoutez-moi:Air:tun'auraspaspetitpolisson.
DecetJieuieuxévénement, JevaisvousFaire
Lerécitsifiièie,
Autirag"!sévcrciDCUt
OupioréileueuK heures sonnant
,
D'abordle viiiot-six,
l'uisaprèsledix.
Tousdeuxsont liicnuk.suivisdu quarante,
Odcouiinua,
( 13 )
Lfi vinj^t spmontra, EuQnlesoi»Hnt«,
Touttinit là.
C O LO
M
BIN
E.Seroil-il vrai ?
ARLEQUIN.
C'est
comme
jel'ai dit.CASSANDRE,
à Arlequin.Quand
vous auriez été devin, vous n'auriez pas faitunemiseplus sûre.
ARLEQUI^',
àpart.Tout
lemonde
peut gagnercomme moi
, maismotus!(Haut ) oui, beau-pere, 4600 francs, tc^ls sont les dons que
me
faitaujourd'hui lafortune: vous êteshomme
de j^arole,voicima
futureet le contrat, signons-le.CASSANDRE.
C'est très-bien... Mais enfin....,si .. dois-je croire
. aveuglément ce que vous
me
diles? Je dois m'assi^irer auparavant.ARLEQUIN,
àpart.Oh
! si pendantces débats, Gilles arrivoit, tout geroit perdu. ( Haut. ) Je voudrois entendre crier la liste;\ous seriez bientôt convaincu de la vérité. (A
pari. ) Gilles a de mauvaises jambes, je suis parti avant le tirage, ainsi il n'arrivera pasavant un quart-d'heure.(Onentendcrier:voilà laliste,voyezlaliste, quiveutvoirIhliste!')
C O L O
M
BIN E.Eh
justement,mon
petit piipa, j'entends un crieur.ARLEQUIN.
Pourvu
que ce soit le mien! ( Allant à ht croisée et regardant.) C'estlui, holà crieur, ici laliste.COLOMBINE.
Eh
quoi!mon
père,,vous avez desdoutes surarkquin?seriez vous fâché de
me
voir unie à lui?CASSANDRE.
Je nedispas cela,
ma
fille, mais dela régularité dans tout fut toujoursmon
principe, je ne veux pas queGilles puisse
me
reprocher quelque chose.ARLEQUIN,
jettantde Vargeut aucrieur.Tiens,voilà deux sous, ce n'est pas cher quand on gagne. (
A
Cassandre. ) \oytz si je vous en imposois.CASSANDRE,
mettantseslunettesetlisant.C'est'-rai, il a gagné. Allonf,
mon
cher Arlequin, plus d'obstacles à Ion bonh-jur, js signe le contrat, fais demême.
(H
signele contrat. )( 14 )
ARLEQUIN,
présentantlaplumeà Colomhine.Tiens,
ma
chère Colomhine.( Culombine hiqne ).Je signe aussi avecbien du plaisir et avecma
pataraphe.CASSANDRE.
Embrasse-moi,
mon
gendre, je teremets le contrat.(ArlequinLemet danssa poche.)J'entends dubruit.
Ah!
c'est Gilles.
ARLEQUIN,
àpatt.Aye
,33^6,ddns quel embarras jeme
Irouve !SCENE X.
"
Les Précédens,GILLES,
accourant.GILLES.
Air: Unefille estunoiseau,.
CeluicjuIn'ypense pas,
Souventattrapeun quaternc,
!\Ioiquinevise qis'auterne Jen'y puis attcindie,hélas!
Toujoursi.iiortiincinj^anibe Pardessusmatèteenjambe,
TropLeurcuxd'avoirunambc.
Leternenevientjamais, Lapestesoitduniarouitle,
Depuisquinze ansjem'essouffle
Atoujouis courir apics.
(à
Cassandre. ) Mais vous ,vousl'avez attrapé sans courir.CASSAND RE.
Moi?
\ous voulez parler d'Arlequin?GILLES.
D'Arlequin? laissez-donc,ilestlogéà la
même
enseigne que moi, ila zéro.COLOMBINE.
Vous
plaisantez sansdoule, monsieur Gilles?GILLES.
Non
parbleu! je ne plaisante pas, vous seul de noustrois, papa Cassandre, avez gagné.
CASSANDRE.
Et que pron\e donc cette liste?
GILLES,
après l'avoir regardée.Ah!
an! qu'est-ce qui a fabriqué une pareille liste?ces numéros la sontencore au tond de la roue.
ARLEQUIN.
Avez-vous
perdu la Itte?GILLES.
Je n'ai pas perdu la
mémoire
du moins, et j'étois au tirage, voici lesnuméros
sortis: 7, i5, i3, 67 et 29.CASSANDRE,
Est-il possible? il
y
ena trois des miens, neme
faitespas des peurs
comme
cà, au moins.GILLES.
Je ne vous ments pas.
( I5 )
Arlequin
etcolombine.
C'estun fou.
GILLES.
• J'enrage ? heureusement quejepourrai bientôtprouver ce quej'dNiince; je vouJroio entendre crierla liste, celle Id nestroit peutêtre pas fausse.
{On
en/endcrier: l'oilà /«/^.s/^,rojct !aliste.) hh! justement, je m'en vais vous convaincre. {Parla croisée.) Holà!l'ami, parici la liste.Ah!
nous allons tionc voir !.A R L E Q U I N.
MauditCrieur!
Que
faire ?Tu
vas voir.C O L O
M
IJINE.ARLEQUIN,
SCENE XL
Les Précédens, u^n
CRIEUR.
LE CRIEUR.
Voirez la liste; voilà la- liste, {il en donne une
à
Qassundre.)Vous
avez gagné unterne,Mr. Cassandre,
etc'est moi qui vous ai vendu votre billet.
GILLES.
• Tiens voiià un sou, c'est celade plus deperdu quand onne gagnepas.
cassandre.
Moi
quigagne,jeveuxme
montrerlibéral, {auQrieiir.)monte
au m:>gasin,tu diras àmadame
Cassandre dete couper àTinstaiti.de c[uol faire une culotte, tu en asun
bonbesoin.LE CRIEUR,
en sortant.Bienobligé, monsieurCassandre.
'
SCENE XII
et dernière.~"
Les Précédens,
GILLES,
à Cassandre.A
H ! ail!me
croirez-vous enlin!CASSAND RE, mettantseslunetteset lisant.
En
effet, j'ai gagné; monsieur Arlequin que signifie ceci,m'auriez-voustrompé pouravoirlamaindema
fille?ARLEQUIN
Il estvrai que lepremier Crieur étoit de
ma
façon.Air:Labonnechosequelevin.
Alaluseilf.iutrecourir.
Souvent euamourcommeenguerre, Jel'employaipourréussir.
Çtjevoisen vousmoubeau-pere;
Papa,vousêtes legagnanC', Mais enm'accordantvotrefiJIo, Sivousmedonnezvotreargent
.
Ilnesortpas dela famille.
CASSANDRE,
à Arlequin.Ail! peLitcoquin, tues adroit. (^V t'un-iiàQolomline.)
( I^ )
GILLES.
Monsi'eiirCassandre , ;on1-ce ]à nos conditions?
CAS SANDRE.
.
Qu'y
faire,mon
cher Giiles? tuétois seul contre deux;l'amour et l'adresse, cesont deux maîtree bien puissans ,
ils ont gagné la partie; l'espiègled'ArMqîiin a le contrjt signéde moidans sa poche,ilnevoudrapass'en dessaisir, etilpeut le l'airevaloir.
GILLES.
Je vois que vous avez toujours penché en faveur dece niaiiricode Venise, et que je n'obtienu'rairiennide vous ni de lui,ilfjut m'en consoler: puisse la fortune au prochain tirage
me
venger del'amour!ARLEQUIN,
caressantColombine.Pour moi
je n'ai pius rien ^ iésirer.A:r: dujaloux malgrélui.
D.;nsu'ibuieaa Jelotori'?, Foursixfrancsjeprendstinbillet
,
Hélas! 1.1ioiti.iieennemie Nem'accordepasiiucxirnit;
Adroitement tournantlachance Jesuiiimaî'reJe(esappas,
Jamaisonn'auravu,jepense Tâjitgagner en ne gagnantpas.
CA SSANDRE.
Mais
NOUS,mon
cher Gilles, quene présentez-vousvoshommages
à la veuve Perdue, c'est un mariage k faire,
il\oub deux NOUSferez sauter la loterie,
ARLEQUIN,
à Golombine.Pour
moi, voilàmon
groslot.V A U D
EV
IL L
F..Air; Deceluide l'Opéra-comique.
Del'hyménée,en cebeaujoui.
Qu'ilm'estdouxde poiter les cliaînes,
Nouslesseiuiionsde l'amour Tmislesplaisirs,jamaislespeines;
Esprit, talens, tœurrcitueux, Caractère querienn'attiiste,
IviâIjojme5delesdons heureux, Voilàquelleestlaliste.
G O L O iM liI NE.
C'estl'amourqui dictamonchoix
,
Letien aussi futson ouvrage, Jesciaisoumiseàses loix Dansles liensdu mariage ; ii'ilest fidèleàmesattraits,
Monépoux,sansqu'ici j'insiste,
Des épouxmalheureux,jamais N'ira grossirlaliste.
GILLES,
auPublic.Decette blueiie,l'Auteur Selivre àpeineàl'espérance,
Jugezquel serason bonheur
,
.S'ilméritevotre indulgence;
I\laisauxspectateursassemblés
JSisonouvrageparoiltriste,
Je ciainsquedes ,\utcurssiiflos
Iln'au^iuentalalisto.