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L'écologie industrielle et l'économie de la fonctionnalité

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Academic year: 2022

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Ecologie industrielle, économie de la fonctionnalité,

Entreprises et territoires : vers de nouveaux modèles productifs et organisationnels ?

Appel à contributions de la revue Développement durable et territoires (http://developpementdurable.revues.org)

Dossier coordonné par :

Muriel Maillefert (Université Lille 3 et Clersé), Isabelle Robert (Reims Management School et LSMRC) et Paul Schalchli (OREE)

Ecologie industrielle, économie de la fonctionnalité, économie circulaire, sont des concepts de plus en plus mobilisés dans les milieux académiques, économiques, institutionnels et managériaux. Courant de pensée encore en formation, l’écologie industrielle consiste à prendre pour modèle le fonctionnement des écosystèmes naturels et à appréhender les activités industrielles comme des écosystèmes particuliers : le cas idéal de bouclage complet (le système de type III de Graedel et Allenby, 1995) consiste à ne prélever aucune ressource nouvelle sur l’extérieur et à recycler la totalité des rejets ou déchets d’entreprises dans le système. Ce « bio-mimétisme » conduit à renouveler l’approche du système productif en abandonnant la vision linéaire habituelle au profit d’une vision circulaire des ressources. Cette approche remet en question la philosophie « end of pipe », qui consiste à traiter la pollution de façon parcellaire et cloisonnée en fin de processus (Erkman, 2004). La démarche d’écologie industrielle peut se décliner à plusieurs échelles : celle de l’entreprise, de réseaux d’entreprises voire même de territoires. Dans ce dernier cas, elle peut être analysée comme un processus de développement territorial (Brullot et Maillefert, 2009).

Si le concept s’est popularisé ces dernières années, de nombreuses questions subsistent aujourd’hui quant à son contenu et sa traduction dans les organisations et sur des espaces territoriaux. Au-delà de l’aspect métaphorique du terme, ce concept interroge notamment sur son essence-et sa finalité. Si l’écologie industrielle est souvent considérée comme une traduction opérationnelle de la notion de développement durable (Lowe et Evans, 1995), elle peut également être considérée comme une stratégie marginale d’accommodation à des contraintes productives, ou si l’on veut un « nouvel habit » du système productif antérieur.

Certaines critiques sont également formulées sur sa valeur épistémologique. L’idée selon laquelle la nature devient le modèle pour remodeler le système industriel manque de précision et mérite une clarification (Isenmann, 2003). A l’inverse, la métaphore biologique oublie que les processus humains se différencient fondamentalement des processus naturels par la question de l’intentionnalité (Schalchli, coord, 2011). Par ailleurs, même si les pratiques d’écologie industrielle commencent à être de mieux en mieux étudiées, notamment en France où de nombreux appels à projets ont permis de lancer des recherches plus approfondies sur cette thématique, il reste encore de nombreuses zones d’ombre sur les facteurs techniques, organisationnels et humains favorisant la réussite des expérimentations (Boiral et Kabongo, 2004 ; Duret, 2007).

L’économie de la fonctionnalité est, quant à elle, appréhendée comme un nouveau modèle économique reposant sur une règle simple: vendre un usage plutôt qu’un produit. En ce sens, elle peut être elle aussi, un nouveau modèle d’entreprise, voire un nouveau modèle territorial (Du Tertre, 2010). Apparue en 1986 sous les termes anglais service economy ou functional service economy, cette approche au départ déconnectée du concept de développement durable s’inscrit dans une logique de « servicisation » ou encore de dématérialisation (Langeard E et

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al, 1981). Aujourd’hui, l’économie de la fonctionnalité suggère à l’entreprise de modifier sa mission en orientant son activité vers un service de location tout en minimisant les impacts environnementaux. Cette innovation de rupture modifie profondément la dimension relationnelle entre le client et le prestataire de service. Comme le précise F. Cusin (2010),

« l’économie de la fonctionnalité est une économie de la captation du client… ». Mais certaines expériences réussies (Xerox ou Elys) cachent cependant de nombreux écueils, voire des échecs (Bourg et Buclet, 2005). En effet, ce nouveau modèle est surtout adapté en B-to-B car il va dans le sens de l’externalisation et de la sous-traitance des activités n’ayant pas un lien direct avec le cœur de métier de l’entreprise. Par ailleurs, dans de nombreux domaines,

« l’effet rebond » par un accroissement des usages annule les gains environnementaux procurés par l’économie de la fonctionnalité. Au total, ce modèle questionne fondamentalement notre rapport à l’objet, notre rapport à la consommation et plus précisément le lien entre acquisition d’objets et épanouissement.

Ce dossier a pour objectif d’approfondir la compréhension théorique et le contenu conceptuel de l’écologie industrielle d’une part et de l’économie de la fonctionnalité de l’autre, et éventuellement des liens existant entre les deux. Il a également pour objectif d'explorer les niveaux actuels de connaissance et de mise en œuvre de ces deux modèles et de faire un état des lieux des pratiques actuelles et des modalités d’application.

Deux approches sont proposées dans ce dossier :

1) Définition, acceptation et périmètres de l’écologie industrielle et de l’économie de la fonctionnalité

Compte-tenu des débats en cours sur les notions mêmes d’écologie industrielle et d’économie de la fonctionnalité, un certain nombre de pistes peuvent être proposées.

La première concerne la nature des modèles économiques, des modèles d’affaires et des modèles de société sous jacents à ces pratiques. S’agit-il simplement d’un aménagement à la marge de pratiques anciennes, voire d’une visibilisation de ces pratiques (ex. des échanges mutuellement avantageux déjà existants, des relations de sous-traitance etc.) ? Quelle est notamment la relation entre ces pratiques et la notion de développement durable ?

Le second ensemble de questions concerne les liens entre la dimension anthropique ou sociale des modèles et leur dimension éco-systémique. S’agit-il d’une simple métaphore ? Comment faire dialoguer les sciences sociales et les sciences de la nature ?

Le troisième ensemble concerne la dimension territoriale des pratiques. Comment s’articulent les logiques productives, de consommation et les logiques de territoire ? Les modèles peuvent-ils prétendre à compléter, voire concurrencer les logiques actuelles fondées sur la concurrence par les coûts et le nomadisme ?

Enfin, des contributions peuvent s’interroger sur la question plus philosophique de l’acceptabilité des modèles du point de vue du comportement des individus. Comment analyser et éventuellement faire évoluer le lien entre propriété et usage, lien dominant dans l’acte de consommation ? Faut-il repenser également, comme le suggère, à propos des communautés, Godbout (2000), le lien entre production et consommation ?

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2) Expérimentation : retour d’expériences et évaluation

De nombreux travaux ont récemment cherché à faire un état des lieux des expérimentations concrètes en matière d’écologie industrielle ou d’économie de la fonctionnalité.

Un premier ensemble de questions peut revenir sur les démarches nouvellement entreprises, en mettant l’accent sur les enjeux et les difficultés concrètes pour les entreprises et les territoires. On pourra, en particulier, s’interroger sur la question de l’évaluation, ex ante et ex post, des expérimentations.

On pourra également questionner les modèles du point de vue des organisations : quelles valeurs culturelles et sociales soulèvent ces deux concepts? Comment les pratiques d’écologie industrielle et d’économie de la fonctionnalité sont-elles perçues et intégrées à l’intérieur des organisations ? Quelles sont les raisons qui mobilisent les acteurs à expérimenter ces approches ?

Enfin, on pourra s’interroger sur la dimension concrète à l’échelle des territoires. Comment s’institutionnalisent et se pérennisent les réseaux d’acteurs dans une démarche d’écologie industrielle ? Quel est l’apport de la réglementation et du contexte environnemental dans le développement de l’écologie industrielle? Quelle est la contribution effective des techniques d’écologie industrielle et de l’économie de la fonctionnalité dans la réduction de notre empreinte écologique ? Les expériences mobilisées pourront couvrir tous les espaces géographiques, dans les pays en développement comme dans les pays développés.

Bibliographie indicative

Allenby, B., 1992, “Design for environment: implementing industrial ecology”, Thesis Dissertation, University of New Jersey, New Brunswick, 381 p.

Boiral O et Kabongo J, 2004, « Le management des savoirs au service de l’écologie industrielle », Revue française de gestion, n°149, pp. 173-191

Bourg D et Buclet N, 2005, « L’économie de la fonctionnalité », Futuribles, N°313 pp 27-38.

Brullot S. et Maillefert M., 2009, « Propositions méthodologiques pour l’analyse de la stratégie des acteurs et des modes de gouvernance de projets d’écologie industrielle sur des parcs d’activité », Journées de la proximité 14, 15 et 16 octobre 2009, Poitiers.

Cusin F, 2010, « De la fonctionnalité à l’accès. Vers le remplacement des biens matériels par des services en réseau », Futuribles, N°360, pp. 5-20.

Ehrenfeld J. R., 2004, « Industrial Ecology: a new field or only a metaphor? », Journal of Cleaner Production, vol. 12, pp. 825-831.

Du Tertre C., 2010, « Le développement durable: quelles articulations micro-macro? Une approche institutionnaliste », in : Theys J, Du Tertre C et Rauschmayer F, Le développement durable, la seconde étape, Editions de l'Aube, la Tour d’Aigues.

Duret, B., 2007, « Premiers retours d’expériences en écologie industrielle : études de cas en Europe et en Amérique du Nord », Cahiers de la Chaire d’écologie industrielle, UTT, n° 1, juillet, p. 1-60.

Erkman S, 2004, Vers une écologie industrielle, Ed Charles Léopold Mayer, Paris.

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Godbout J.T, 2000, « Coproduction et représentation de l'usager », in M. Chauvrière et J Godbout (sous la dir), Les usagers entre marché et citoyenneté, Paris, L'Harmattan, pp. 291- 305.

Graedel T. et Allenby B., 1995, Industrial Ecology, Englewood Cliffs: N.J., Prentice-Hall, 411 p.

Insenmann R, 2003, “Industrial ecology: shedding more light on its perspective of understanding nature as mode”, Sustainable Development, 11, p. 143-158

Langeard E, Bateson E., Lovelock C, Eiglier P, 1981, Services marketing : new insights from consumers and managers, Marketing Science Institute, Cambridge, MA.

Lowe E, Evans L, 1995, « Industrial Ecology and Industrial Systems », Journal of Cleaner Production, Vol 3, n°1-2, pp. 47-53.

Schalchli P. (coord), 2011, Rapport COMETHE, Mémoire scientifique, Rapport pour l’ANR, 175 p, miméo.

L’analyse des axes de recherche envisagés dans le dossier peut relever de plusieurs disciplines scientifiques, en particulier des branches de la sociologie, de l’économie, de la géographie, de la science politique, de l’histoire, de la philosophie, du droit, de la psychologie des sciences naturelles et des sciences de l’ingénieur. Les réflexions et travaux théoriques devront, dans la mesure du possible, s'appuyer sur des pratiques et des exemples empiriques.

Démarche et calendrier proposés :

1. Envoi d’une proposition sous forme d’un résumé d’une page; pour le 15 décembre 2011 2. Réponse de la revue Développement Durable & Territoires à cette proposition pour la fin janvier 2012.

Envoi du texte complet pour les propositions sélectionnées, pour le 31 Mars 2012.

Les conditions éditoriales sont précisées sur le site de la revue http://developpementdurable.revues.org/ document1269.html

Les propositions (résumés et textes complets) sont à adresser par courrier électronique à l’adresse suivante : ecologie.industrielle@yahoo.fr

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