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TIC et expression démocratique en Afrique : mirage ou virage ? Essai d’analyse wébométrique de l’espace public numérique sénégalais

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public numérique sénégalais

Djibril Diakhaté

École de Bibliothécaires Archivistes et Documentalistes, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, BP 3252 Dakar (Sénégal)

E-mail :djibril.diakhate@ucad.edu.sn http://www.ebad.ucad.sn

Résumé. Au Sénégal, malgré un taux de pénétration d’internet assez faible le

monde politique n’est pas insensible aux opportunités qu’offrent les TIC. À l’occasion des élections présidentielles de 2012, les partis politiques ont investi des moyens humains et financiers dans le but de créer une interactivité numérique avec le public. Pendant ce temps se développe un e-engagement citoyen qui se révèle à travers l’utilisation des médias sociaux. Par une analyse wébométrique, cet article se propose de mesurer l’impact de cette « nouvelle forme de communication » en s’interrogeant sur : 1) l’audience et la popularité des actions de communication électronique mises en place par les partis politiques. 2) l’organisation des mouvements de la société civile à travers Internet. 3) l’e-engagement citoyen des Sénégalais pour la transparence et le respect des règles démocratiques.

1 Introduction

Les technologies de l’information et de la communication n’ont pas encore fini de faire entrer les sociétés africaines dans cette ère nouvelle de l’information et voilà qu’elles contribuent déjà à changer leurs relations avec la politique. Les « révolutions » qui ont secoué le monde arabe au printemps 2011 ont été révélatrices de cette relation qu’entretient désormais le militant africain engagé dans la lutte pour son bien-être, la démocratie et le respect de ses droits.

Autant il est évident que l’impact des TIC dans ces changements st à relativiser, autant il est clair que les élites africaines représentées dans les partis politiques, organisations de la société civile et mouvements citoyens, sont de plus en plus imbues d’une volonté de s’exprimer à travers des outils technologiques. L’espace public tel que Habermas l’avait défini « un espace de médiation entre l’État et la société permettant, entre autres, une discussion publique, la confrontation d’opinions et d’idées éclairées » (Habermas et al., 1978), serait-il, avec l’immixtion de la communication multimédia dans nos sociétés, sauvé de la manipulation politique ?

Au Sénégal, malgré un taux de pénétration d’internet assez faible le monde politique n’est pas insensible aux opportunités qu’offrent les TIC en termes de visibilité, de communication, d’influence ou de manipulation. Ceci n’a rien d’un paradoxe du fait de la particularité de l’utilisation de l’internet en Afrique où une connexion équivaut à une

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communauté. Cette particularité africaine n’est pas prise en compte dans les méthodes de calcul des usages de l’Internet en Afrique.

À l’occasion des élections présidentielles 2012 âprement disputées et médiatisées, les partis politiques ont investi en termes de création de site web, de présences dans les réseaux sociaux pensant toucher le maximum de citoyens possibles par la création d’une certaine interactivité numérique. Pendant ce temps se développe de façon marginale, mais efficace un

e-engagement de citoyens qui se révèle à la fois à travers des outils notamment les blogs, les

réseaux sociaux et une philosophie : la collaboration, le partage, la mutualisation. Une façon moderne pour le citoyen, de participer dans le débat politique et de peser sur les décisions concernant son avenir. Cette participation active des individus et du public dans la gestion de la « chose publique » via le nouveau média n’annonce-t-elle pas l’émergence d’un espace public numérique sénégalais ? Au cas il existerait, comment se caractérise-t-il ? S’agit-il d’un vrai espace au sens Habermassiens du terme où les individus s’approprient la sphère publique contrôlée par l’autorité et la transforment en une sphère où la critique s’exerce contre le pouvoir ? (Pailliart et Chambat, 1995) Que vaudrait réellement cet espace dont le médium principal, Internet est inaccessible à plus de la moitié de la société ? Nous postulons l’hypothèse selon laquelle l’inégale répartition des moyens des différents acteurs de l’espace public sénégalais, la faible présence d’internet dans leurs stratégies de communication…, etc. constituent un frein à une montée en puissance qualitative et quantitative d’un espace public numérique sénégalais. Nous proposons, à travers cet article, de contribuer à la caractérisation de ce nouvel espace par une analyse wébométrique des liens existants entre les différents acteurs notamment les politiques, l’État, les médias et les mouvements citoyens et de la société civile. Auparavant nous essayerons d’appréhender l’appropriation des technologies de l’information et de la communication et leur impact dans la politique au Sénégal.

2 Espace numérique au Sénégal

2.1 La révolution numérique : du discours à la réalité

Avec un taux de pénétration de 17,5 % (Internet World Stats, juin 2012), la population sénégalaise reste sous connectés à internet. La faiblesse de ce taux, quoique décriée du fait d’un manque de recul dans son élaboration contraste avec l’euphorie des dirigeants sénégalais qui ont attribué aux TIC un rôle hypertrophié (Sylla, 2012). Faut-il rappeler, à juste titre, que les TIC ne génèrent pas de « révolution » ni dans le sens sociologique du terme ni dans le sens énoncé par Dominique Wolton selon lequel « une véritable révolution existe quand il y a rencontre entre une innovation technique et des mutations culturelles et sociales dans les modèles de communication, ce qui est rare » (Wolton, 1999). Cette euphorie dans le discours est inhérente à l’apparition de toute nouvelle technologie. De la radio, à la télévision, du vidéotex à Internet, les technophiles ont toujours présenté l’invention comme « la plus capable d’assurer l’échange et la coopération sociale. ». L’avenir a fini par démontrer qu’il n’eut été rien de ces prévisions (Wolton, 2003). Il en fut de même avec le projet d’ « autoroute de l’information » d’Al Gore porteur d’une grande révolution dans les usages et pratiques sociales (Flichy, 2012). L’apparition de nouveaux concepts notamment « ville câblée », « nation câblée », « télédémocratie » donne

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l’impression que le fonctionnement social quotidien va être confié à la technique comme le laissait penser Norbert Wiener avec sa cybernétique.

Le développement fulgurant de l’internet dans les années 90 a, ainsi, suscité assez de controverses. Au-delà des oppositions entre « technophiles » et « technophobes » des interrogations légitimes ont été exprimées. L’Internet serait à la base d’une nouvelle cohésion sociale pour les uns. Et les autres, moins enflammés, plus réalistes, y voyaient un moyen de favoriser la fragmentation sociale qui pourrait créer, selon Thandika Mkandawire, Directeur de l’Institut de Recherche des Nations unies pour le développement social (UNRISD),une « division de l’information » (Momar-Coumba, 2003). Repenser les TIC dans le contexte africain est donc la voie qui mène vers leur arrimage parfait dans la société africaine. Les discours servis, dans les pays développés, constituent, certes, des portes d’entrée, des moyens de comparaison, mais ne peuvent nullement constituer de kits prêts à être assemblés dans un environnement aux réalités différentes. Convaincu de ce fait, l’UNRISD a appuyé, au début des années 2000, une recherche relative aux conséquences des TIC dans la société sénégalaise.

2.2 Internet, un outil élitiste ?

Dénoncer l’« ethnocentrisme » occidental regardant toujours la fracture numérique par une opposition Nord/Sud est insuffisant pour mesurer les inégalités d’accès à l’internet à l’intérieur d’un même pays. La « fracture numérique interne » est plus visible entre les capitales et les régions, les zones urbaines et les villages. Au Sénégal, l’accès aux TIC a été toujours inégal selon qu’on soit dans la capitale Dakar ou dans les régions ou selon d’autres raisons sur lesquelles nous reviendrons. Cette inégale répartition a été toujours remarquée dans l’accès à la technologie. En 2002, par rapport aux régions, la capitale sénégalaise avait, en effet, la plus grande concentration de Télécentres (54 %), des lignes téléphoniques fixes (66%) et des cyberespaces (60%)(Guignard, 2002). En 2009 l’étude de l’ARTP sur la pénétration de la téléphonie fixe confirme, encore une fois de plus cette disparité entre la capitale Dakar, les capitales régionales et zones rurales. Dakar dispose de la majorité des lignes fixes avec 48 % contre 15,2 % dans les zones urbaines à l’intérieur du pays et 36,3% dans les villages. L’arrivée de l’opérateur SUDATEL dans le marché de la téléphonie fixe a boosté le secteur (Oxford Business Group, 2011). L’internet suit cette même logique. Comme l’a souligné Ibrahima Sylla, la géographie des réseaux et des systèmes de communication au Sénégal épouse plus ou moins fidèlement le tracé des autres réseaux d’infrastructures déjà déployés dans l’espace, comme celui de distribution de l’électricité ou encore celui de téléphone filaire, pour lesquels Dakar se démarque nettement de toutes les autres zones du pays (Sylla, 2012). Malgré le fait que les infrastructures de télécommunication sont plus développées au Sénégal que dans la sous-région ouest-africaine, la pénétration de l’internet reste très basse. La faiblesse du réseau de distribution de Dakar vers le reste du pays, l’absence d’installations physiques au-delà des zones urbaines…constituent les obstacles à la démocratisation de l’accès à l’internet. À ceux-là s’ajoute l’absence de réformes profondes accélérant la compétitivité dans le secteur des télécommunications. L’amélioration de la qualité des services et la réduction des couts d’accès passent par une large ouverture du marché. Il ne faudrait pas toutefois sous-estimer les raisons liées au sous-développement de nos pays notamment la pauvreté des ménages, l’exode rural vers les capitales régionales, le taux élevé d’analphabétisme, etc.

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Ces différents facteurs expliqueraient le déséquilibre dans l’utilisation des TIC entre Dakar et le reste du pays. L’accès à l’ordinateur et à l’internet n’échappe pas non plus à la règle. Il reste un phénomène urbain.(ANSD, 2009)

2.3 La « révolution » mobile pour résorber le gap numérique ?

Avec le mobile, l’Afrique n’a jamais été aussi à l’aise à l’utilisation d’une technologie. Elle est en train de s’approprier l’outil en l’adaptant à ses réalités. Les fonctionnalités basiques du mobile notamment l’émission et la réception d’appels s’incrustent naturellement dans le quotidien des populations analphabètes dans leur majorité. Mais ce serait un peu réducteur, de vouloir lier cette percée de la téléphonie mobile en Afrique, au contexte de société de tradition orale (Kibora, 2009). La communication, cette nécessité de transmettre, d’interagir n’est pas qu’africaine, elle est universelle. Le succès actuel du mobile dans le monde entier serait-il différent s’il n’y avait pas la technologie d’envoi et de réception d’appels qui représente l’essence même du téléphone ? La faible diversification ses usages en Afrique notamment, l’envoi de SMS, la connexion à internet, aurait pour causes:

- l’analphabétisme caractéristique des sociétés en voie de développement ;

- le manque de ressources permettant d’acquérir des téléphones nouvelle génération, disposant de fonctionnalités avancées (Smartphones).

- l’existence d’infrastructures facilitant la communication numérique.

Au Sénégal, par exemple, malgré cette culture de l’oralité, l’usage du SMS (24,4%) est en perpétuelle progression à côté des appels vocaux (48%). Et le taux d’utilisation du mobile, en général, est corrélé positivement avec le niveau d’instruction des individus. Il est de 40,3% chez les personnes sans instruction. Il passe du simple au double (88,9%) chez leurs homologues de niveau secondaire. Tandis que la quasi-totalité des individus de niveau supérieur (98,5%) s’offre les services du mobile. Concernant les personnes de niveau primaire, le taux d’utilisation correspond à la moyenne nationale (48,0%) (ANSD, 2009).

En Afrique, la progression de la téléphonie mobile dépasse les prévisions initiales et suscite l’intérêt des opérateurs qui espèrent profiter des 735 millions de connexions mobiles. La forte concurrence sur le marché booste l’innovation et permet aux opérateurs d’offrir de nouveaux services et surtout de baisser les prix. Au Sénégal, les services prépayés des différents fournisseurs ont eu raison des Télécentres et généralisé l’usage du mobile. L’apparition sur le marché de double SIM et de terminaux « low cost », souvent, en bas de gamme (GSMA, 2012), rend les téléphones accessibles à la majorité de la population. Ce qui explique le taux exceptionnel de pénétration du mobile au Sénégal (85%). Des usages spécifiques ont ainsi vu le jour dépassant des fonctions initiales d’envoi et de réception de messages ou de connexions à internet. La téléphonie mobile permet aux Africains et indépendamment de leur niveau social, économique, de leurs lieux d’habitations d’améliorer leur quotidien :

- Transaction financière avec le mobile banking

- Échanges et consultations d’information sur le prix des matières premières - Etc.

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3 Le numérique, un prolongement de l’espace politique ?

3.1 Le politique sénégalais, un homo-numericus ?

En Afrique on est très loin des discours utopiques des partisans du tout internet lui prêtant des capacités à révolutionner le monde, la démocratie et s’ériger en un nouvel espace public (Lévy, 2002). Les inégalités d’accès et d’usage aux TIC font que les discours sur la possibilité d’une pratique démocratique supposée plus égalitaire par la mise en place de dispositifs techniques susceptibles de rapprocher les administrés de l’élaboration des politiques publiques et de redonner une « citoyenneté active » restent controversée (Munoz, 2005).

Autant il est prématuré de donner à internet un rôle politique majeur en Afrique, autant il est nécessaire d’analyser les effets de son utilisation même si elle est marginale. Au lendemain des élections présidentielles, les non-initiés à la politique sénégalaise découvrent un homme, contre toute attente, sorti en tête parmi ceux qui affrontaient le président sortant Abdoulaye Wade. Ce succès, il le doit, sans nul doute, à sa popularité, mais surtout à un travail de proximité commencé depuis qu’il a quitté le parti présidentiel pour fonder sa propre formation politique. Macky Sall est loin d’appartenir à la catégorie des homo-numericus, hyperconnectés entretenant des relations avec les internautes. Heureusement pour lui d’ailleurs car au Sénégal et plus généralement en Afrique ce n’est pas encore les plus connectés qui entretiennent leur réputation électronique qui gagnent les élections. Dans certains pays occidentaux, par contre, une stratégie de conquête du pouvoir politique ne saurait ignorer ce média. Les illustrations les plus remarquables sont celles de Barack Obama aux Etats-Unis, considéré comme le premier président à avoir construit son élection autour de l’internet et de Nicolas Sarkozy, en France, qui commence sa campagne 2012 par Twitter et Facebook. Cette différence est liée au fait que le Sénégal reste un pays faiblement connecté. Et l’internaute africain n’est pas encore assez militant. Ce manque d’engagement à travers le web dissuade surement les politiques à investir fortement dans la communication numérique. Toutefois, les différentes formations politiques à l’occasion des élections présidentielles 2012 ont mis sur pied des dispositifs de communication numérique assez diversifiés. Une prise de conscience timide de l’utilité de l’internet dans les stratégies de communication. Et, ceci se manifeste par :

- La mise en ligne de sites web de campagne qui coexistaient avec celui de leur parti. - La mise en place de Fan Pages officiels sur Facebook

- La création de comptes Twitter

- Les chaines YouTube pour partager les vidéos de campagne.

3.2 L’e-engagement citoyen

Les associations de la société civile, le citoyen, par la facilité d’appropriation des outils, ont eux aussi, investi le web avec la mise en place de plateformes d’information qui veillent au respect de la transparence, de l’équité et de la légalité des élections :

- La création des hastag #Sunu2012 et de #kebetu qui permettent de suivre toute l’actualité sur le déroulement des élections.

- L’avènement du dispositif Sn2Twitter permettant d’envoyer des Tweets via SMS. - La plateforme Samabaat (ma voix en Wolof) avec Ushahidi initiée par la société

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civile pour suivre les incidences au cours de l’élection. Ushahidi est un projet open source développé en 2007 au Kenya qui permet une collecte collaborative de données sur les situations de crise (les élections par exemple) via le SMS, le mail, etc. et les représenter sur GoogleMap.

La mesure de l’activité des Sénégalais dans Twitter pendant les élections présidentielles de 2012 marque un certain intérêt des citoyens à peser dans le débat. Même s’il faut relativiser son impact, on peut considérer une prise de conscience des Sénégalais à l’importance de l’utilisation des médias sociaux pour s’informer et partager. L’adoption de cet outil est plus importante parmi les Sénégalais de l’extérieur. À l’intérieur du pays, l’utilisation de Twitter reste circonscrite dans la région de Dakar et de Ziguinchor.

L’impact plus au moins important des médias sociaux dans les révolutions arabes qui ont précédé l’élection présidentielle au Sénégal a certainement influencé cette subite prise de conscience. Les confluences médiatiques (Guaabess, 2012), l’imbrication des médias traditionnels et numériques a commencé à devenir une réalité pendant ces élections avec la brusque apparition de Twitter et de Facebook dans les chaines de télévisions locales. Une façon pour le citoyen d’exister et de contribuer à la transparence des élections par la remontée instantanée d’informations.

Ainsi, au-delà d’a priori d’ordre idéologique qui sous-tend généralement les discours sur les TIC, nous pouvons considérer un enrichissement de l’espace public sénégalais d’outils dont l’utilité dans l’expression démocratique est certaine. Néanmoins, il est nécessaire de relativiser cette exploitation des potentialités d’internet qui reste assujettie à l’expansion à travers le pays des infrastructures de télécommunication, au niveau d’instruction des Sénégalais, à la forte pauvreté. La systématisation des usages par les différentes catégories de la population est loin d’être une réalité. Ce qui rend prématurée, voire prétentieuse, toute tentative de donner à Internet un rôle déterminant dans l’éclosion de la «démocratie électronique ».

4 Méthodologie

Pour mesurer la visibilité des actions de communications politiques en ligne, nous avons porté notre choix sur une étude wébométrique. La wébométrie, webometrics en anglais, a été utilisée la première fois en 1997 par Almind and Ingwersen pour nommer l’étude du Web. Elle est définie comme étant « l'étude des aspects quantitatifs de la construction et de l'utilisation des ressources d'information, des structures et technologies sur le Web par des approches bibliométriques et infométriques » (Björneborn et Ingwersen, 2004). La bibliométrie est l'application des méthodes statistiques aux livres, articles et autres moyens de communication (Rostaing, 1996). La scientométrie est de la bibliométrie spécialisée, appliquée à l’Information scientifique et technique. L’infométrie désigne l'ensemble des activités métriques relatives à l'information, couvrant aussi bien la Bibliométrie que la scientométrie (Le Coadic, Y et CNAM, 2002).

L’application des techniques bibliométriques au Web est motivée par des analogies qui existent entre les ressources du web et les publications électroniques (Chellouli, 2007). Les notions de citation et de références utilisées dans le langage bibliométrique correspondent respectivement aux notions d’Inlink, liens internes (un hyperlien issu d’une page quelconque et pointant sur une page du site à mesurer) et de Outlink, liens externes (un hyperlien partant du site à mesurer vers une page externes) dans le langage wébométrique.

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Ces deux notions d’Inlink et d’Outlink nous permettront de mesurer l’impact des sites web sélectionnés dans l’espace public numérique sénégalais. Elles seront mises en contribution pour le calcul du Web Impact Factor (WIF), inventé par Ingwerson et qui fait référence dans l’analyse de liens en wébométrie. Le WIF est dérivé du Citation Index Factor (CIF) introduit par Eugene Garfield en 1969 pour mesurer l’importance et la qualité d’une revue scientifique à travers le nombre de citations dont font l’objet les articles qu’elle publie. Le WIF se décline en trois types (Ingwersen, 1998) :

- Le WIF Global : nombre de liens (internes et externes)

- Le WIF externe : le nombre de liens externes (pointant sur le site web) - Le WIF interne : nombre de liens internes (self-liens), les auto-liens.

Le calcul de chaque WIF doit se rapporter aux nombres de pages que contient chaque site.

A= Nombre des liens (internes, externes) D= nombre de pages indexées WIF= A/D = Web Impact Factor

Le WIF nous aidera à classer les sites politiques sénégalais selon leur impact. Plus le résultat est grand, plus on peut considérer le site prestigieux et visible. Afin de donner plus d’objectivité à l’analyse, les auto-liens (liens internes à un site) ne seront pas pris en compte dans le calcul du WIF. À l’image du Page Rank de Google qui privilégie les liens externes pour classer les résultats de recherche, nous utiliserons le WIF externe qui a l’avantage d’être produit par des sites tiers.

4.1 Constitution du corpus

L’analyse de l’espace public numérique sénégalais exige une identification préalable des entités qui composent ce nouvel espace de communication. L’espace public tel que décrit par Habermas, un espace de légitimation du pouvoir politique, de discussion et de critique correspond sur le web aux sites des différents acteurs qui le composent : les politiques, les organes de presse, les mouvements citoyens et organisations de la société civile. À ceux-là s’ajoutent les sites de l’État et de ses démembrements. Par une recherche d’informations à travers le moteur de recherche Google, nous avons identifié les sites suivants :

TAB. 1 - Acteurs de l’Espace public sénégalais

L’utilisation des options de recherche avancées a permis de trouver le corpus susmentionné :

Les sites du gouvernement sénégalais et de ses démembrements ont été retrouvés à partir du STLD (Second Top Level Domain Name, Nom de domaine de second niveau) [gouv.sn]. Par la syntaxe de recherche : [site :gouv.sn] une grande partie a été retrouvée. Une

Entités Nombre de sites trouvés

États et ses démembrements 40 Politiques (partis et hommes politiques) 14 Société civile (ONG, mouvements citoyens) 39

Presse 35

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consolidation de cette liste a été faite par la même technique de recherche sur TLD (Top

Level Domain Name, Nom de domaine de premier niveau) [.sn], dont les résultats ont permis

d’identifier les institutions de l’État, les agences gouvernementales les plus représentatives. Les sites politiques ont fait l’objet d’une recherche manuelle sur la base de la liste des partis politiques existants (sites officiels de partis, sites de campagne). Ces derniers malgré leur nombre exorbitant (près de deux cents) n’ont pas toujours une présence en ligne. Ce qui explique le peu d’URL de sites web retrouvés.

En ce qui concerne les acteurs de la société civile sénégalaise, une partie a été identifiée par l’intermédiaire du site du CONGAD, Conseil des ONGs d’Appui au Développement. Une recherche de pages similaires [related :site de l’ONG] sur Google à partir des sites des ONG a permis d’enrichir le corpus. Enfin, notre corpus a pu être complété par une recherche restreinte géographiquement sur le Sénégal avec une équation de recherche contenant les mots clés : démocratie, liberté d’expression, bonne gouvernance, société civile.

La dernière entité du corpus représente les médias. Elle est constituée par les sites des quotidiens nationaux et ceux de la presse électronique.

4.2 Outils wébométriques utilisés

4.2.1 Bing Webmaster Tools

La suppression de Yahoo Explorer et de l’opérateur de recherche « Linkdomain » qui permettait un recensement assez exhaustif des liens internes (Inlinks), des liens externes (Outlinks) et des auto-liens (self-links), a réduit fortement les possibilités dans l’analyse de liens. L’opérateur « Link » de Google retourne des résultats inconsistants « intentionnellement » biaisés, par le moteur lui-même pour des raisons commerciales. Le moteur Bing, a récemment mis à la disposition des webmestres un ensemble d’outils d’analyse de trafic des sites web. Parmi ceux-là, un outil diagnostic offrant la possibilité de collecter les inlinks et les self-links d’une URL ou d’un domaine. Nous avons mis à profit cette opportunité pour récolter manuellement les différents liens des sites politiques identifiés. Le décompte du nombre de liens est d’une importance capitale dans la mesure où il permet de calculer le WIF des différents sites et de juger de leur visibilité dans le réseau.

Pour l’obtention du nombre de pages de chaque site qui doit constituer le dénominateur dans le calcul du WIF, nous avons utilisé l’opérateur « site » de Bing qui permet de ressortir l’ensemble des pages web indexées par le moteur. Un souci de parallélisme de forme nous impose d’utiliser le même outil vu que Google aussi utilise la même syntaxe « site ». La taille des index étant différente d’un moteur à un moteur, il était judicieux de s’en tenir alors à Bing déjà utilisé pour la récolte des autres données.

4.2.2 Webometrics Analyst

Mesurer la popularité numérique des personnalités politiques peut signifier le recensement du nombre de fois que le nom ou les références d’un homme politique ou de son parti sont mentionnés sur le web. L’offre des moteurs de recherche est intéressante pour disposer d’une vision brute sur les personnalités en question mais reste inefficace en matière de traitement des résultats. Les résultats redondants, les spams, la publicité …y sont pris en compte à côté des résultats pertinents. Ce qui explique généralement la quantité impressionnante de données collectées. Webometrics Analyst qui utilise l’API de Bing

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apporte une valeur ajoutée aux résultats. À partir d’une équation de recherche, il présente comparativement les résultats après un travail de traitement intéressant. Une fonctionnalité qui a été assez déterminante dans le recensement de pages web mentionnant les identités des différentes personnalités politiques qu’on se propose d’étudier dans cet article

4.2.3 SocScibot

SocScibot est un logiciel développé par l’équipe de Mike Thelwall du Groupe de Recherche en Statistique Cybermétrique de l’Université de Wolverhampton qui permet de parcourir un groupe de sites web, les analyse pour produire des statistiques standard en termes d’interliens (Interlinks) entre les éléments d’un même corpus. Son utilité dans notre étude réside dans le fait qu’il nous permet d’analyser les rapports entre les différents acteurs de l’espace public sénégalais. Pajek, un outil de cartographie de liens dans SocSciBot réalise, à la suite, une topographie des liens entre les différents sites web.

5 Résultats et discussions

5.1 Visibilité et influence des personnalités politiques sénégalaises

Sites des partis

politiques Taille

External inlinks Self inlinks WIF interne WIF Externe WIF Global

afp-senegal.org 309 2 7146 0,47 0,23 72,5 ps-senegal.com 232 7 3190 0,82 0,16 37,8 pds.sn 197 1 3130 0,66 0,16 31,7 tanor-dieng.com 113 6 2195 1,73 0,23 27,7 ibrahimafall.com 50 5 2 65 1,30 0,50 26,3 niassepresident.com 10 7 2 0,20 1,70 17,2 ldmpt.sn 16 2 36 2,25 0,75 14,3 macky2012.com 1 3 0 0,00 13,00 13,0 fsdbj.com 143 6 42 0,29 0,04 6,3 mpcjotna.com 43 4 48 1,12 0,09 5,1 abdoulaye-wade.com 18 3 33 1,83 0,17 4,8 gadiopresident.com 36 1 53 1,47 0,03 2,5 abdoulayebalde.org 23 1 33 1,43 0,04 2,4 mrds2012.com 17 1 22 1,29 0,06 2,3 TAB. 2 - Web Impact Factor des sites politiques au Sénégal

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L’analyse de visibilité a concerné les partis et personnalités politiques disposant d’une certaine présence en ligne. Difficile, la tâche de vouloir faire figurer, dans l’étude, toutes les représentations politiques compte tenu de l’inexistence, pour la plupart, d’une présence web (sites internet). Nous sommes partis, des sites web des candidats aux dernières élections présidentielles sénégalaises et ceux des formations politiques référencés par Google. L’enseignement qu’il est intéressant de tirer de ce tableau est que le rôle des sites web dans la communication politique ne semble pas assez pris en compte au Sénégal à l’exception des grands partis, tels que le Parti Socialiste (PS), l’Alliance des Forces du Progrès (AFP), le Parti Démocratique Sénégalais (PDS). Ces derniers, ont mis sur pieds de sites bien structurés comme en témoignent leur taille et le nombre important de liens internes (self-inlinks). Le calcul des facteurs d’Impact Web renseigne sur la faible visibilité électronique des hommes politiques sénégalais. L’analyse comparative des WIF Global nous conforte dans l’idée que la visibilité électronique en politique est dans une certaine mesure en corrélation avec la notoriété publique. Cela suppose qu’il y ait au sein des partis des stratégies de communication politiques qui considèrent Internet comme un support important au même titre que les médias classiques.

5.2 Popularité électronique des personnalités politiques

Par une simple requête par les moteurs de recherche commerciaux, il est possible d’avoir une idée de la popularité des personnalités politiques sénégalaises. Malheureusement, un traitement objectif peut s’avérer difficile à cause des redondances, de la publicité, etc. Webometrics analyst est une alternative qui propose un rendu intéressant. Par popularité, nous entendons ici le nombre de fois qu’une personnalité politique est mentionnée sur l’ensemble du réseau internet. La différence avec la visibilité est qu’on ne s’intéresse pas aux liens hypertextes, mais au terme, au mot-clé, ou la phrase qui peut être constitué dans notre étude :

- au nom du leader politique, - à son slogan de campagne, etc.

- à tout autre terme suffisamment pertinent faisant références exclusivement à la personnalité politique ou à son parti

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(13)

FIG.3-Cartographie des liens entre les différents acteurs de l’espace public numérique

sénégalais (taille des sites en fonction du nombre de liens émis ou reçus des autres sites de l’espace public numérique)

(14)

5.4 Sectarisme dans l’espace public numérique

La maturité des technologies de l’information et de la communication et leur facilité d’utilisation font qu’elles ont un impact de plus en plus sur les façons des citoyens et des politiques de communiquer, et de contribuer aux débats démocratiques. Cette observation, en cours dans les pays développés avec une forte utilisation des technologies, est loin d’être généralisée. À l’issue de l’analyse wébométrique, force est de constater que les pouvoirs qu’on prête aux TIC semblent exagérés surtout dans les pays en développement, notamment au Sénégal. L’expression de la démocratie en vigueur, sous une forme traditionnelle, dans la société sénégalaise ne peut ainsi se transposer parfaitement sur les réseaux pour plusieurs raisons :

- La présence des acteurs ne reflète pas leur impact réel dans la société. Les partis politiques (en bleu) par exemple, malgré leur importance dans la vie démocratique sont à la périphérie de l’espace public numérique.

- La quasi-inexistence d’interactions entre les différentes entités de l’espace public. L’État (en jaune) interagit avec ces démembrements, la presse en ligne (en jaune) par le système de reprise « sauvage » d’articles « parle » aux autres sites de presse. Les associations de la société civile, à travers des plateformes fédératrices, se référencent entre elles. Alors que les sites de partis politiques, s’ils n’ont pas des intérêts communs, s’ignorent le plus souvent. Le Parti socialiste (ps-senegal.com), par exemple, est en relation avec le site du candidat (tanor-dieng.com).

Cette forme de sectarisme dans l’espace public dénote, soit d’un manque de culture numérique des acteurs de la société, soit du mépris des TIC. L’investissement dans une présence sérieuse en ligne ne serait pas rentable politiquement, en tout cas dans l’immédiat, vu le faible taux de connectivité dans nos pays. Que reste-t-il, alors, du besoin de transparence, principe fondamental dans l’expression démocratique ? Les TIC offrent une tribune pour les politiques, les acteurs de la société civile, le gouvernement pour rendre compte de leurs activités. Les citoyens, par une appropriation intelligente des outils 2.0, peuvent participer activement au débat démocratique. Des possibilités pour les citoyens que n’offrent pas les médias classiques. Ainsi, la manipulation politique a moins de chance de passer avec l’internet, et la pluralité des opinions s’exprime plus aisément. Les politiques fuiraient-ils cet équilibre démocratique assuré par le nouveau média ?

6 Conclusion

À la suite de cette étude, il est possible d’affirmer que le Sénégal ne dispose pas encore d’un espace public numérique dynamique. Les interactions entre les différentes entités de l’espace public à travers internet ne reflètent pas encore la densité de leurs vrais rapports. Cependant, si nous observons le dynamisme et la taille (liens entrants et sortants) des sites d’informations en ligne vers les autres sites de notre corpus, on peut supposer que les médias jouent le rôle relayeur dans l’espace public numérique. Ils assurent le rôle de trait d’union entre l’État, les Politiques, les ONG et les citoyens. Comme dans l’espace public classique, les acteurs de l’espace public numérique sénégalais se « parlent » par médias interposés.

(15)

Cette situation complexe qui consiste, d’un côté, à encenser internet et chanter son utilité dans l’expression démocratique, et de l’autre à le négliger complètement ou à y avoir recours ponctuellement lors des campagnes électorales, renseigne sur une montée en puissance assez difficile d’un espace public numérique sénégalais. Son caractère épisodique au gré des échéances électorales est dû à l’inexistence au niveau des états-majors politiques de stratégies de communication sur le long terme. Pour le citoyen, l’effervescence des débats sur les problèmes de sociétés lors des périodes électorales représente une source de motivation à un e-engagement. Les organisations de la société civile, peu nombreuses sur le web, mais très actives dans la société souffrent d’un manque de visibilité. Et enfin, les médias, seuls, pour des raisons commerciales (captation de la publicité en ligne) occupent le terrain et de ce fait rend possible le « débat » dans l’espace public numérique. Cependant, il serait assez réducteur d’expliquer, par ces seuls faits, le manque de représentativité de cet espace public numérique. Les causes principales sont liées :

- au faible taux de pénétration de l’internet dans la société sénégalaise, - au manque de culture numérique (l’illecrtonisme)

- à l’accès non démocratisé à la technologie et les disparités existantes entre zones urbaines et villages,

- etc.

L’impact surestimé de l’internet dans la politique au Sénégal est, sous ces conditions, un paradoxe. L’apport réel ou supposé des réseaux sociaux dans la chute de dictatures du monde arabe a poussé certains analystes et journalistes vers ces raccourcis. Toutefois, il y a lieu de reconnaître que l’émergence d’une certaine utilisation des réseaux sociaux par les citoyens sénégalais, les médias, les politiques lors de la campagne de 2012 comme une conséquence des printemps arabes dont il est difficile d’évaluer son efficacité. Ces pratiques sont-elles opportunes ? Ou, découlent-elles d’un mimétisme technologique ? (Lambert, 1979). Cette tendance dans les pays en développement à s’identifier à des pratiques et réalisations de prestige abandonnant du coup les voies les plus accessibles ?

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Summary

In Senegal, despite low Internet Penetration Rate politicians is not insensitive to the opportunities offered by ICT. During the 2012 presidential elections, political parties have invested human and financial resources in order to create a digital interactivity with citizens. At the same time a digital political commitment of Senegalese citizens is revealed through the use of social media. By webometrics analysis, this paper proposes to measure the impact of this "new form of communication" by inquiring about: 1) The audience and the popularity of digital communication actions implemented by the political parties. 2) The civil society movements’ organization through the Internet. 3) The Senegalese digital commitment for transparency and respect for democratic rules.

Figure

TAB. 1 -    Acteurs de l’Espace public sénégalais
TAB. 2 -    Web Impact Factor des sites politiques au Sénégal

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