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Article pp.483-492 du Vol.32 n°3-4 (2013)

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GDR ESARS : Esthétique, Arts & Sciences

Zoï Kapoula, Louis José Lestocart

Groupe IRIS, centre d’Etudes Sensori-motrice UMR 8154

Institut des Neurosciences et de la Cognition, CNRS Université Paris Descartes 45 Rue des Saints-Pères

F-75006 Paris

Historique

La création du groupement de recherche (GDR) ESARS fait suite à un certain nombre d’actions entreprises pour structurer la recherche en France sur le thème

« Esthétique, Arts et Sciences ». En 2007, un programme de recherche et d’animation proposé par Z. Kapoula, L. J. Lestocart et G. Sifianos a été financé via un appel à idées lancé par l’Institut des Systèmes Complexes Paris-Île-de-France (ISC-PIF). La thématique était « Esthétique, Complexité, Expérimentation, Modélisation ». L’objectif de ce groupe d’animation était d’offrir un espace de discussion et de réflexion sur le rapport entre art et sciences.

Destiné à tous les esprits ouverts, cette démarche d’ouverture d’essence pluridisciplinaire visait à classifier les positions esthétiques contemporaines et dresser un paysage de la création artistique actuelle. L’animation a consisté en un cycle de conférences, des tables rondes et des projections, séances tenues à l’Institut des Systèmes Complexes (voir la page http://iscpif.fr/ecem).

Le contenu de ces séminaires vient d’être publié dans un ouvrage collectif, Esthétique et complexité : création, expérimentation et neurosciences, sous la direction de Z. Kapoula et L. J. Lestocart aux Editions CNRS. L’ouvrage s’articule autour de trois grands axes : Complexité/Intelligence dans la création, Exemples de créations artistiques dans différentes expressions artistiques, et enfin Expérimentation et neurosciences. Le scientifique y trouvera des problèmes artistiques susceptibles d’être soumis à l’expérimentation, l’homme d’art, professionnel ou amateur, des éléments de réflexion pour une approche empirique.

Par la suite, ce cycle de conférences s’est ouvert vers la philosophie, les neurosciences et toujours l’art contemporain. Ce contenu fera l’objet d’un autre ouvrage. Cette politique d’édition d’ouvrages sera poursuivie et amplifiée par le GDR.

Toujours dans le cadre de l’Institut des Systèmes Complexes, des études pionnières ont été entreprises, certaines en laboratoire, d’autres dans des musées

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(comme par exemple lors de l’exposition Francis Bacon, musée Maillol ou l’exposition Richard Serra, Monumenta, La Promenade, Grand Palais, 2008).

Un ancrage important pour l’émergence de cette nouvelle communauté est l’Association Internationale de l’Esthétique Empirique et sa revue « Empirical Studies of Art » (www.science-of-aesthetics.org). François Molnar (directeur de recherche CNRS) fut l’un des animateurs de l’association, fondée en 1965 à Paris, et dont Robert Frances fut le premier président. Des congrès internationaux réguliers sont organisés sur cette thématique, le vingt et unième étant à Dresde, en août, 2010. La participation à ce congrès a été un déclencheur pour développer en France, pays de l’Art, cette action d’organisation de la recherche sur l’Esthétique, Arts & Sciences.

Un élément-clé dans l’émergence de cette nouvelle thématique arts et sciences est sans aucun doute le travail pionnier réalisé par l’équipe VIDA Virtualité, Interaction, Design et Art, coordonnée par Nathalie Delprat et Christian Jacquemin au LIMSI- CNRS (http://vida.limsi.fr). Depuis 2003, cette équipe mène une activité d’animation et de recherche sur des thématiques interdisciplinaires Arts et Sciences en collaboration avec des artistes, principalement issus du spectacle vivant ou des arts visuels. Le travail collaboratif ainsi réalisé a toujours fait l’objet d’une double valorisation artistique, via des expositions, spectacles, performances... et scientifique, via des publications. Ces projets de recherche se poursuivent autour d’actions d’animation, comme la liste de distribution art-science (artsciedu@limsi.fr), l’organisation de séminaires et d’ateliers itinérants autour de thématiques telles que la captation des signaux physiologiques pour le spectacle vivant.

Ces rencontres fort heureuses, par delà les frontières interdisciplinaires, venaient au bon moment pour permettre de rassembler, croiser les mondes jusque-là parallèles, des sciences humaines, des sciences du vivant, de l’informatique, de la physique mathématique, et de l’ingénierie.

Motivations

Le but premier du GDR ESARS est de promouvoir la pluridisciplinarité, la transdisciplinarité et la jonction entre Sciences et Arts. En dehors de quelques UMR (telle l’UMR STMS 9912 – IRCAM et UPMC), de nombreux chercheurs dans des laboratoires CNRS, des Universités et autres lieux, partant de leur discipline propre, développent des recherches se situant à la charnière entre Arts et Sciences ou portant sur l’esthétique. Le but de ce GDR est de développer une structure d’échange scientifique pour ces chercheurs « pionniers », de contribuer à ce que leur activité innovante soit reconnue dans toute sa richesse par les instances, et aussi, d’œuvrer à la création de postes de recherche et d’enseignement sur des projets Esthétique, Arts & Sciences. De tels projets ayant existé et existant encore dans d’autres pays que la France, y compris aux USA, il s’agit pour nous d’explorer et de remettre en évidence l’imbrication naturelle de l’Esthétique, des Arts et des Sciences. L’histoire de ce lien qui est fondateur des sciences classiques et modernes

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est un des thèmes que Louis José Lestocart, épistémologue, critique d’Art et chercheur, développera au sein du GDR.

Le GDR est une première étape pour une reconnaissance institutionnelle des créativités artistiques et scientifiques ; les deux étant inextricablement liées. Le GDR œuvrera pour décloisonner les différentes disciplines et ménager un accès plus important à l’information, une étape incontournable de nos jours, afin par exemple que le chercheur (médical, physicien, chimiste, mathématicien etc.), puisse accéder plus facilement aux banques de données constituées par des savoirs provenant des activités artistiques ou encore relevant des sciences humaines et sociales. Et inversement que l’artiste, le créateur, puisse embrasser comme il le souhaite le monde de la recherche scientifique, la dimension esthétique des images scientifiques (biologie, imagerie médicale, astrophysique) pouvant être, par exemple, une source d’inspiration pour l’artiste.

La création dans ce GDR d’un module d’enseignement sur l’actualité de la recherche en Arts & Sciences est une autre action qui peut ancrer cette ouverture.

Une opération « labos ouverts » est d’ailleurs prévue afin de favoriser ces croisements. Le partenariat artiste/scientifique est d’une complexité particulière, les deux étant créatifs. Forts des expériences (positives ou négatives des chercheurs ayant travaillé avec des artistes) apparues au cours de ce GDR, nous viserons à mieux définir le cadre de ce partenariat pour un épanouissement réciproque.

Ce GDR doit développer ses activités au plan national. Les journées, les rencontres, les ateliers, les installations se dérouleront partout en France, là où des animateurs auront à cœur de les accueillir. En 2013 nous espérons pouvoir organiser trois événements, à Paris, Lille et à Marseille. Le GDR, via le réseau qu’il mettra en place et les échanges scientifiques/artistiques qui s’en suivront, pourra contribuer à la réussite de projets complémentaires (ex. ANR, PICRI, projets régionaux, européens ou internationaux), comme il pourra développer aussi des liens entre des équipes de recherches déjà constituées dont certaines appartenant au monde de l’entreprise et de la finance.

L’activité du GDR est suivie par trois instituts du CNRS (Institut des Sciences Biologiques, Institut de Sciences Humaines, Institut des Sciences de l’Ingénieur, sections disciplinaires et pluridisciplinaires 26, 07, 35, 52, 53) ; ce choix découle de l’importance du cerveau, de la cognition et de l’informatique dans les recherches sur l’Esthétique, Art et Sciences.

Ci-après sont présentées de façon synthétique les dimensions principales du projet – informatique, mathématiques et physique, épistémologie artistique – complexité – neuro-esthétique.

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Recherche en informatique et arts

La recherche en art et informatique porte sur de nombreux champs disciplinaires artistiques et de nombreux domaines de la recherche en informatique. Cette diversité a eu des répercussions tant en art par l’ouverture à de nouvelles créations qui n’auraient pas pu émerger sans ce contact avec la science, qu’en informatique où des problématiques de recherche nouvelles se sont développées et ont été validées au contact avec le monde artistique. Les recherches croisées entre informatique et art s’étendent depuis des domaines théoriques tels que ceux de la logique et de la combinatoire, jusqu’à des applications technologiques de l’informatique telles que la réalité virtuelle ou augmentée. Ces recherches convoquent fréquemment d’autres champs scientifiques tels que la psychologie (pour les études de l’humain dans les systèmes informatiques), les mathématiques (pour les parties théoriques de l’informatique), la linguistique (pour l’analyse automatique des langues écrites ou parlées, voire des langages musicaux), la physique (pour la modélisation de systèmes physiques complexes)...

Parmi les recherches à la croisée de l’art et de l’informatique, on trouve les thèmes suivants que nous illustrons à chaque fois par un exemple pris dans une équipe française :

– art, algorithmique et combinatoire (art génératif (graphisme, texte, musique...), systèmes évolutifs en art) (Jean-Paul Allouche, Équipe Combinatoire et optimisation UPMC) ;

– art et linguistique computationnelle (traduction et littérature, sémiotique du geste, analyse et synthèse de la parole pour la musique ou le théâtre) (Danièle Dubois, LAM) ;

– art et langages (art et code, live coding) ;

– art et nouveaux medias (transmédiation et remédiation des œuvres artistiques, streaming et compression des contenus culturels) (Jean-Louis Weissberg, Université Paris 13) ;

– art et mondes virtuels (expositions et performances dans les metaverses, art et réalité virtuelle ou augmentée, œuvres virtuelles, art et simulation) (Nathalie Delprat et Christian Jacquemin, LIMSI-CNRS) ;

– art et/en réseau (web art, médiation culturelle et artistique sur le web, poésie en réseau, performance dansée ou musicale en réseau) ;

– art et modélisation de systèmes complexes tels que les systèmes physiques en dynamique des fluides ou en mécanique (Annie Luciani, LIG) ;

– art et interaction (captation et performance, œuvres numériques interactives, analyse des émotions) (Samuel Bianchini, Université de Valenciennes) ;

– art et intelligence artificielle (création automatique d’œuvres musicales ou littéraires, modélisation des processus créatifs, art et déduction formelle) (Myriam Desainte-Catherine, LaBRI) ;

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– art et humains virtuels (performeurs virtuels, œuvres conversationnelles, marionnettes virtuelles) (Catherine Pélachaud, ENST) ;

– art et robotique (robots pour le spectacle vivant, hacking de robots humanoïdes, art et animatronique) (Nicolas Bredèche, LRI) ;

– art et informatique graphique (analyse structurelle des œuvres d’art visuelles, analyse ou synthèse d’image temps réel et art interactif, design numérique) ;

– art et geste (analyse du geste expert ou virtuose, œuvres interactives et captation gestuelle, interfaces tangibles en art) (Frédéric Bevilacqua, IRCAM) ;

– informatique musicale (Andrew Gerzso et Philippe Esling, IRCAM) ;

– histoire de la collaboration art et informatique (compilation des œuvres numériques 3D animées par Pierre Hénon, ENSAD).

Épistémologie artistique - pour un cognitivisme et une esthétique non linéaires

Il semblerait qu’en France dans les années 1980-90, un certain « retard » ait été enregistré par rapport aux études sur les systèmes dynamiques et leurs applications effectuées aux USA en particulier. En France on a beaucoup favorisé les neurosciences dans une acception réductionniste qui prévaut encore, ainsi que les enseignements de l’intelligence artificielle, alors même que cette dernière avait commencé à être remise en question dès le début des années 1970. Dès cette époque et les suivantes aux USA et d’autres pays que la France, on a commencé à s’intéresser à ce qu’on a appelé une « hypothèse dynamique » (Dynamical Systems Hypothesis) dans les neurosciences et plus généralement dans les sciences cognitives. Cette culture non linéaire, caractérisée en particulier par les notions de cognition située, distribuée et incarnée, a touché aussi bien la sociologie, la biologie, la robotique, la psychologie développementale et comportementale que les neurosciences (neurodynamique). En particulier des études ont vu le jour qui privilégiaient l’hypothèse dynamique portant sur la perception y compris celle des œuvres d’art et le comportement. Dans des expériences réalisées pour étudier la dynamique des bistabilités et des multistabilités dans la perception de certaines œuvres d’art, on a alors eu recours à des notions appartenant en propre à la terminologie dynamique ; à savoir les caractéristiques fondamentales de l’auto- organisation et les modèles des systèmes dynamiques avec leurs notions d’attracteur, cycle limite, stabilité, bifurcation ou transition de phase, hystérésis. Modèles dynamiques qui, dès les années 1940, avaient été employés en biologie et en embryologie (Waddington) et qui par la suite dans les années 1990 seront utilisés pour explorer par exemple le développement et l’apprentissage chez les enfants (Thelen et Smith).

Si le retard tend de plus en plus à être rattrapé, il apparaît néanmoins qu’une telle approche doit rentrer en jeu dans l’étude des œuvres d’art (peintures, vidéos, installations interactives, cinéma, cinéma expérimental, etc.). Non seulement dans les phénomènes neuronaux pouvant être observés lors de la perception avec peut-

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être des techniques d’imagerie cérébrale, mais plus certainement, et c’est ce qui serait un des objectifs de ce GDR, à l’intérieur ou dans l’espace même des œuvres.

Nombre d’entre elles présentent en effet des caractères appartenant en propre aux lois dynamiques non linéaires et donc ont des formes reconnaissables, intelligibles (phase, espace de phase, structures dissipatives, multistabilité, transitions de phases, boucles d’hystérésis, bifurcation, attracteur, etc.). Formes dont quelquefois certains artistes se revendiquent (ex : installations interactives à base de systèmes multi- agents). Des études pionnières sur de telles formes (non encore appelées

« dynamiques ») présentes dans des œuvres d’art, ont d’ailleurs été entreprises particulièrement dans les années 1920 dans des centres d’enseignements et de recherches de la Russie soviétique (particulièrement au GINKHUK de Malevitch) à la fois dans une visée de création, d’interprétation et de théorisation. De même, un théoricien des systèmes dynamiques, G. Birkhoff a développé en 1928 dans Aesthetic Measure la notion de mesure esthétique, définie comme le rapport entre l’ordre et la complexité. Bien souvent, ce qui émerge dans la perception et donc dans l’entendement lors d’une perception, se fait par « actions » non dirigées (rupture de symétrie, catastrophe, attracteur, etc.). Ces actions non dirigées fondent ce qu’on appelle le « sentiment esthétique ».

Une deuxième étape sera aussi de tenter de déterminer s’il y a lieu de créer de nouveaux cadres d’enseignements de l’histoire de l’art et des pratiques de l’art à la lumière des résultats obtenus. Enseignements comprenant aussi nécessairement une connaissance plus ou moins poussée des systèmes dynamiques et des recherches les plus contemporaines en neurosciences.

Neuro-esthétique et complexité

L’œuvre d’art est par excellence un objet complexe par rapport à la perception de l’observateur et son impact sur celui-ci. La psychologie de l’esthétique est maintenant une discipline à part entière, de nombreux laboratoires développent des activités de recherche liées à l’art. D’autres équipes développent des recherches en neuro- esthétique, en particulier dans les pays anglo-saxons. Ces recherches utilisent l’imagerie cérébrale pour capter l’activation cérébrale provoquée par des œuvres d’art.

Notre intérêt porte sur la perception des œuvres d’art, mais aussi sur le processus de création. Depuis 2007, à l’Institut des Systèmes Complexes, nous avons lancé une thématique sur la neuro-esthétique et les sciences des systèmes complexes. Dans le cadre du GDR cet axe sera développé, avec de nouveaux groupes de recherche, et des liens à établir avec des instances de la culture et de l’éducation.

Impact de l’œuvre : corrélats physiologiques

Il s’agit d’étudier les corrélats physiologiques de la perception active d’une œuvre d’art ; de tenter de déterminer comment les corrélats moteurs de l’observateur

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(ex. ses mouvements des yeux) correspondraient à la physiologie motrice de l’artiste lors du processus de création. Voir une œuvre d’art implique une immersion, et sans doute une action. La construction spatiale d’une œuvre d’art, sa géométrie, son mouvement, l’impact de ses dimensions à l’observateur, qu’il soit naïf ou entraîné sont des thèmes de recherche intéressants de plusieurs disciplines (psychologie, neurosciences, philosophie, ingénierie). La sensation primaire provoquée par l’œuvre peut être étudiée par des eye-trackers captant les mouvements du regard, par des capteurs des accélérations et des oscillations du corps, par des capteurs émotionnels (cardiaques et réponses épidermiques). Enfin des techniques de pointe en neuroscience cognitive comme la stimulation transcrânienne magnétique (TMS) peuvent être utilisées pour investiguer l’impact des œuvres d’art, par exemple des images bistables induisant différentes perceptions.

Des projets en cours innovants comme le projet Kôdô, partenariat entre la philosophie (Chantale Jaquet) et la neurobiologie de l’olfaction (Roland Salesse INRA & Didier Trotier CNRS, FRC 2118), portant sur la place de l’olfaction dans les pratiques artistiques, illustrent l’approche neuro-esthétique. La considération des aspects neurobiologiques dans la mise en corps en en jeu d’acteur est un autre sujet passionnant, faisant l’objet des conférences internationales. Des séminaires couplés avec des animations voire même des expérimentations pourront être réalisés au cours de ce GDR, réunissant les acteurs de différents horizons.

L’esthétique de la création verbale, des voix déformées est un autre projet à la charnière des multiples disciplines qui relève également de la neuro-esthétique (Barkat-Defradas, CNRS, UMR5267).

Enfin, la biologie évolutionnaire et l’esthétique est un axe nouveau. Les travaux de Michel Raymond (CNRS, UMR554) sur l’attractivité des visages, l’évolution humaine, l’identification de traits de féminité et l’évolution de leur perception liés aussi à la neuro-esthétique, sont inspirants pour d’autres chercheurs et artistes.

Bases neurales de la créativité

Comprendre les mécanismes de la créativité et ses bases neurales est un autre sujet passionnant. Les expressions comme « flou artistique », « art et folie » existent depuis des siècles, s’agit-il d’idées toutes faites ou bien existe-t-il un fondement objectif ? On ne crée certainement pas dans la stabilité et l’équilibre ; la rupture avec des normes, le mouvement, sont les bases de la création. Rappelons le dicton grec « Πєυία Τεχνας Κατεργαζεται » : le manque est à l’origine de la créativité et des inventions.

Dans le cadre du GDR nous espérons mettre en réseau des groupes menant des recherches pionnières sur ces questions. Nous avons en France des spécialistes s’intéressant à la créativité artistique dans le cas de démence chez l’homme (professeur Richard Lévy, Université Paris V).

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D’autres équipes s’intéressent au développement cognitif de l’enfant, au développement du jugement esthétique (S. Rossi) et aux troubles d’apprentissage comme la dyslexie (Z. Kapoula).

Sandrine Rossi (UMR 6232, Centre Cyceron, Caen) travaille sur le développement cognitif et neurocognitif du jugement esthétique : étude de la contribution des processus exécutifs d’inhibition. Elle contribuera à l’animation des actions sur cette thématique passionnante.

L’équipe de Z. Kapoula, après avoir étudié de façon approfondie les différentes formes de microdyspraxie (ex. déficit de coordination motrice binoculaire) sans doute liées à un dysfonctionnement du circuit magnocellulaire, développe maintenant des recherches sur la créativité de l’enfant dyslexique. L’idée, lancée par des neurologues spécialistes de la dyslexie (le professeur Stein à Oxford), est qu’il y a un déficit de la voie visuelle magnocellulaire qui serait compensé par un

« hyperfonctionnement » de la voie parvocellulaire. Il en résulterait une capacité d’appréhension visuelle et d’expression spatiale artistique différente chez les dyslexiques. En d’autres mots une forte connectivité de la voie parvocellulaire serait donc présente chez les dyslexiques compensant ainsi la faiblesse de la voie magnocellulaire. Cette supériorité du système parvocellulaire pourrait expliquer le talent artistique des dyslexiques, en particulier un traitement visuel holistique.

Corroborant cette hypothèse, il est établi qu’une grande majorité des élèves dans les écoles d’art et d’architecture sont dyslexiques.

Il y aurait donc un substrat neural de la créativité basé sur un déséquilibre des sous-systèmes neuronaux. Une autre hypothèse proposée par le neurologue Chakravarty (Artistics talents in dyslexia, 2009, Elsevier), est que le retard du développement de l’hémisphère gauche traitant le langage chez l’enfant dyslexique aurait comme conséquence de désinhiber l’hémisphère non dominant du lobe pariétal (droit) et de faire ainsi développer des talents créatifs et artistiques chez la personne dyslexique.

Ces recherches peuvent avoir des répercussions pour les actions pédagogiques renforçant la créativité et non pas seulement la rééducation des déficits, mais aussi pour le recrutement et l’avenir professionnel de ces enfants.

Structuration et actions du GDR

Le GDR ESARS est doté d’un comité de pilotage comprenant les porteurs des thématiques et les membres fondateurs du projet. Il est doté également d’un conseil scientifique, composé principalement de chercheurs et d’un conseil artistique composé des artistes et des personnalités ayant des responsabilités à la fois scientifiques et artistiques (voir Annexe). La liste des membres déclarés est appelée à s’élargir au cours des années à venir. Le comité de pilotage se réunira régulièrement (tous les deux mois) et le conseil plénier (scientifique + artistique) au

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moins une fois par an. La composition du comité de pilotage et de conseil est aussi amenée à évoluer.

En guise de conclusion nous présentons ci-après la liste des thèmes et des opérations tels qu’ils ont été proposés par l’ensemble des membres réunis au moment de la préparation du GDR. Nous donnons aussi la liste des principaux contacts du GDR : n’hésitez pas à leur demander des informations.

Liste de thèmes entrant dans le périmètre du GDR ESARS

– Écriture du temps et de l’espace (informatique, musique, spectacle vivant, philosophie, physique, biologie…)

– Continuité perceptive et immersion (informatique, lettres, philosophie, psychologie, neurosciences, spectacles vivants, arts plastiques…)

– Esthétique et pathologie, bases neurales de la créativité (médecine, linguistique, psychologie, histoire de l’art, santé philosophie)

– Analyse des processus créatifs (sociologie, psychologie, neurosciences, philosophie, lettres, mathématiques, anthropologie…)

– Méthodologie, médiation, rémédiation arts/sciences (tous domaines)

– Emotions en esthétique et en sciences (informatique, psychologie, philosophie, linguistique, spectacle vivant, neurosciences, arts visuels, musique…)

– Recherche versus Technologie, Création versus Invention (tous domaines) – Biologie évolutionnaire et esthétique

– Contre un certain réductionnisme dans l’approche art/sciences. L’hypothèse dynamique appliquée aux sciences cognitives et à l’art. Pour un cognitivisme non linéaire.

Liste des opérations – Groupe de travail

– Les Sciences dans l’Art – Enseignement, formation par la recherche (groupe de travail, organisation d’une journée).

– L’Art dans les Sciences – Enseignement, formation par la recherche (groupe de travail, organisation d’une journée).

– Groupe de travail sur la création de modules d’enseignement inter-universitaire et inter-école, esthétique, science et art.

– Groupe de travail pour l’organisation d’un colloque annuel « langages croisés » : philosophie – histoire de l’art – épistémologie - phénoménologie – neuro esthétique - ingénierie et science.

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– Groupe de réflexion sur la propriété scientifique et artistique. Création d’une liste de laboratoires ouverts aux artistes ; liste de lieux de créations ouverts aux chercheurs.

– Groupe de réflexion sur la terminologie : art - esthétique - sciences – paradigme scientifique vs artistique.

– Groupe de travail sur l’évaluation de l’activité artistique des chercheurs en sciences – accès aux journaux artistiques – fléchage de poste recherche ou enseignement, sciences et arts.

Annexes

Comité de pilotage et Conseils

Prénom Nom

Jean-Paul Allouche CNRS, UMR 7586

Moreno Andreatta CNRS, STMS, UMR 9912, IRCAM

Melissa Barka T-Defradas CNRS, UMR 5267 Catherine Beaugrand ENSBA (Ecole Nationale

Supérieure des Beaux Arts)

Pierre Cubaud CNAM, CEDRIC

Myriam Desainte-Catherine CNRS, UMR 5800

Don Foresta Artiste

Georges Gagneré Didascalie.net

Catherine Garbay CNRS, LIG, UMR 5217

Hugues Genevois CNRS, LAM, UMR 7190

Andrew Gerzso IRCAM, CNRS, UMR 9912

Zoi Kapoula CNRS, UMR 8194

Olga Kisseleva CNRS, UMR 8153 et Artiste

Claire Leroux ESIEA, Laboratoire ARNUM

Louis-José Lestocart CNRS, UMR 8194

Richard Levy INSERM-CNRS, CRICM, UMRS

975/UMR 7225

Annie Luciani ACROE, Computer Arts

Laboratory, Ministère de la Culuture et de la

Communication

Sophie Pene ENSCI (Ecole Nationale Supérieure

de Création Industrielle)

Michel Raymond CNRS, UMR 5554

Rémi Ronfard INRIA, Perception

Georges Sifianos ENSAD, Artiste

Bruno Trentini Laboratoire d’esthétique Théorique et Appliquée, Univ. Paris I

Références

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