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Le 17 août 1916,

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Texte intégral

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Le 17 août 1916,

La guerre est horrible. Si ce n’est la pire chose au monde, c’est l’une des plus affreuses et des plus destructrices. Elle ronge votre corps et votre âme.

Cela fait un moment que je songe à devenir infirmière à l’hôpital, tous les

matins on entend les ambulances rapatrier les blessés. Aujourd’hui j’y suis allée avec Anne. Nous avons reçu hier la lettre de Jean ; il prétend qu’il va de mieux en mieux, que depuis que les médecins lui ont amputé la jambe gauche la semaine dernière, il souffre moins.

Nous savons qu’il dit cela pour ne pas nous inquiéter. Notre Jean, nous le connaissons. Nous l’avons vu grandir à nos côtés, et depuis qu’il a dix-sept ans, il est parti au front. C’est terrible, après seulement quelques mois de combats, il était déjà blessé. Il n’a pas le droit de rentrer.

Cette lettre, c’est la raison pour laquelle nous sommes allées nous présenter à l’hôpital ce matin, Anne et moi. Nous sommes passées au guichet, moi la première, pour donner les informations nécessaires à mettre sur la carte d’infirmière, et suite à cela, ils nous ont prises en photo. Ils ont dit que l’on commencerait à travailler très tôt dès demain matin. Ils nous attendent à quatre heures trente au plus tard.

Nous y serons bien en avance car nous sommes motivées.

Le 18 août 1916,

Ce matin, à trois heures précises, nous étions toutes deux à l’hôpital militaire de Lagny sur Marne, ma sœur Anne et moi. Au début, nous étions un peu perdues, mais très vite, nous avons été débordées. J’ai eu beaucoup de mal à m’habituer à l’ambiance qui y règne, et à ce qu’on y voit aussi.

Rien que ce matin, trois camions ont déposé les blessés chez nous, et la plupart hurlaient de douleur. Ils avaient des plaies béantes partout, toutes infectées.

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Leurs membres saignaient, pour ceux qui en avaient encore, certains avaient le crâne fêlé, d’autres des éclats d’obus dans le bras ou la jambe.

Nous prîmes en charge deux soldats grièvement blessés, que nous conduisîmes dans une salle minuscule où déjà quatre mutilés s’entassaient. Cinq infirmières par soldat, dont trois pour leur tenir les membres afin d’éviter de recevoir trop de coups. J’ai failli m’évanouir en m’occupant de mon premier patient.

Je ne sais pas si je serais capable de tenir le coup encore longtemps. J’ai pleuré ce soir. Pratiquement tous les blessés dans nos hôpitaux finissent par

succomber à leurs blessures, et les médecins amputent une quinzaine de personnes par jour, souvent plus. C’est infernal. C’est trop horrible.

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