A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
G. K OENIGS
Résumé d’un mémoire sur les lignes géodésiques
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 6, no4 (1892), p. P1-P34
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P.I . RÉSUMÉ D’UN MÉMOIRE
SUR LES
LIGNES GEODÉSIQUES(1) (1)
PAR M. G.
KOENIGS,
Professeur suppléant au Collège de France.
1. Les ds2 de la forme
que l’on
peut
encore écrireont attiré pour la
première
fois l’attention de Liouville dans son Mémoire célèbre : Surquelques
casparticuliers
où leséquations
du mouvementpeuvent s’intégrer.
M.Sophus
Lie a montréqu’il
y avaitlieu,
dans cer-taines
recherches,
derapprocher
do la forme de Liouville une autreforme,
à savoir .
Supposons
que deux surfaces S et S’ soientreprésentables géodésique-
men1 l’une sur
l’autre,
c’est-à-dire que l’onpuisse
fairecorrespondre
à unpoint
M de S unpoint
M’ deS’,
dans de telles conditions que,lorsque
Mdécrit une
géodésique
surS,
lepoint
M’en décrive aussi une sur S’. M.Dini, qui
a étudié ceproblème,
a trouvé que les ds2 des deux surfaces ont la forme deLiouville ;
le ds2 de S étant( 1 ) Cet écrit est un résumé du Mémoire qui a remporté, en t8g2, le prix Bordin. et dont
l’insertion sera faite au Recueil des Savants étrangers.
celui de S’ a la forme
il suit de là que tous les ds?
compris
dans la formulegénérale (f)
conviennent à des surfaces
géodésiquement représentables
les unes sur lesautres, pourvu
que a, b, a’,
b’désignent
desquantités
constantes.Mais un cas avait
échappé
à M. Dini. La démonstration de son théorème repose, eneffet,
sur ce beau théorème de M. Tissot( 2 ~,
en vertuduquel :
:Si l’on établit une
correspondance ponctuelle
entree deuxsurfaces S, S’,
il y a un réseau
orthogonal
tracé sur S et un seulqui
admet pourimage
suo S’ ma autre réseau
orthogonal.
Ce réseau est celui
qui,
dans les formulesprécédentes,
estreprésenté
par les
équations
"
Or le théorème de M. Tissot
peut
tomber en défaut dans certains cas.Si,
eneffet,
la transformationponctuelle
estconforme,
c’est-à-dire si leslignes
delongueur
nulle dcs deuxfamilles
secorrespondent,
tout ré-seau
orthogonal
tracé sur S a pourimage
sur S’ un réseauorthogonal.
Jedois dire
cependant
que cette circonstance ne suffirait pas pour infirmer le théorème de M. Dini.Mais il se
peut,
et c’est làl’origine
du cas omis par M.Dini,
il sepeut
que la transformation
ponctuelle
soit c’est-à-direqu’une
seule des familles de
lignes
delongueur
nulle tracées sur S ait pourimage
sur S’ une famille
analogue.
Alors le théorème de Dini n’estplus
vrai et aulieu de la forme de
Liouville,
c’est la forme de M. Liequi intervient;
lesdeux ds2
possèdent
la forme de Lie.2. La forme de Liouville et celle de M. Lie interviennent encore dans
( 1 ) Ces ds2 forment ce que j’appelle une famille de Dini.
(2) Pour ce qui concerne ce théorème de M. Tissot, et d’autres questions de la théorie des
géodésiques que je suppose connues du lecteur, on pourra consulter le Mémoire de M. Lie
sur les lignes géodésiques inséré au Tome XX des Math. Annalen, et le Tome III des Le- çons de M. G. Darboux.
un autre
problème
traité pour lapremière
fois par M.Massieu,
le pro-blème des
géodésiques qui possèdent
uneintégrale quadratique
parrapport
aux vitesses.
Supposons
le ds~ donné sous la formeL’équation
dont Jacobi faitdépendre
lesgéodésiques
aura la formeoù p,
q sont les dérivéespartielles
en x, y de la fonction de Jacobi. Soitl’intégrale quadratique
il faut que, p, q étant tirés de
l’équation ( 1 )
et del’équation (2B l’expres-
sion
’
soit une différentielle exacte pour toutes les valeurs de la constante cp. La condition
d’intégrabilité
donneraCette
équation homogène
et du troisièmedegré
en p, q doit avoir lieu .identiquement.
En
égalant
à zéro les coefficients dep3, p2q, ~,3,
on trouveOn a d’abord
et il vient ensuite
d’où
Écrivons
quel’expression
sous lesigne f
est une différentielle exacte etnous trouvons ..
Cette
équation, d’après
une remarque de M. Darboux( t.
II desLeçolls,
p.
20())y exprime, lorsque X,
Y ne sont pasnuls,
que les variablesfont
prendre
au ds2 la forme de Liouville.Si au contraire X
(ou Y)
estnul,
parexemple
X == o, lesvariables
font
prendre
au ds2 la forme de Lie.Si
X,
Y étaient nuls en mêmetemps,
on auraitet ?
ne différerait que par un facteur constant del’intégrale
des forces vivesOn voit donc
que, X
étantdonné,
àchaque couple (X, Y )
de solutionsde
l’équation ( D )
de M. Darbouxcorrespond
uneintégrale quadratique
etmême une
seule,
carajouter
à - une constante, ainsi que lepermet
laquadrature,
revient àajouter
àl’intégrale 03C6 le produit
del’intégrale
desforces vives par une constante, résultat
qu’on pouvait prévoir.
3. M. Darboux a fait la remarque que si
(X, Y)(X% Y° )
sont deuxcouples
de solutions de(D)
il en est de même,du couple
où a, b
sont deux constantes arbitraires. Cela résulte de la forme linéaire del’équation.
Il résulte encore de la forme linéaire des formules
qui
donnentA, B, C,
coefficients de
l’intébrale
03C6, que si l’03C60 désignent
lesintégrales
correspon- dantes auxcouples (X, Y), (X°, Y°), l’intégrale correspondante
aucouple (aX
+ aY + seraL’intégrale qui correspond
à ce nouveaucouple (a X
+bXo,
a Y +n’est donc pas
indépendante
des deuxintégrales
~,~°.
Ceci amène naturellement à
distinguer
entre lescouples
de solutions del’équation (D).
Lescouples
de solutions(X, Y), ( X°, Y ° ), (X’% Y"),
...seront dits
indé~pendants
si l’on nepeut
pas trouver de constantes nonnulles
K, K°, K°°, . , ,
donnant lieu simultanément aux identitésDans le cas
où,
aucontraire,
une telle identité auraitlieu,
undes couples proposés
se déduirait linéairement des autres, etl’intégrale quadratique correspondante
serait une fonction linéaire desintégrales quadratiques qui
se tirent des autres
couples.
Si
(X, Y), ( X°, Y’), (X", Y"), ...
sontindépendants,
lesintégrales
(p,~°, ~o°, . , ,
seront aussi linéairementdistinctes,
car si uneexpression
de laforme
pouvait
se réduire àl’intégrale
des forcesvives,
il faudrait que les coeffi- cients dep2, q2
y fussentnuls,
c’est-à-direqu’on
devrait avoiret les
couples
de solutions ne seraient pasindépendants.
Ainsi à m
couples indépendants
de solutionscorrespondent
mintégrales quadratiques indépendantes
linéairement.Le
problème que j’ai
traité et résolu est le suivant : :Trouver tous les ds2
qui
admettent pour leursgéodésiques plusieurs intégrales quadratiques indépendantes.
Tous les ds2 d’une même famille de Dini admettent le même
problème
des
géodésiques,
c’est-à-dire que les mêmeséquations représentent les géodé- siques
pour tous ces ds2. On voit donc que si un ds2 d’une famille de Dinipossède
exactement mintégrales quadratiques
pour sesgéodésiques,
il enest de même de tous les autres ds2 de la famille.
4. Des calculs
directs,
que l’on trouveradéveloppés
dans le Mémoire queje
résumeici,
m’ontpermis
d’établir les faits suivants.10 Si un ds2 admet pour ses
géodésiques plus
de troisintégrales quadra- tiques
en dehors de celle des forcesvives,
il enpossède
exactementcinq
etsa courbure est constante.
Il
n’y
a donc pas de ds2 dont lesgéodésiques possèdent
exactementquatre intégrales quadratiques.
2° Si un admet pour ses
géodésiques
troisintégrales quadratiques indépendantes
exactement, il convient à des surfaces de révolution.M.
Darboux,
cherchant les ds’J de révolutionqui,
outrel’intégrale
li-néaire
qu’ils possèdent
normalement(comme
ds2 derévolution), possèdent
encore une
intégrale quadratique
pour leursgéodésiques,
a trouvé queces ds2
possèdent
en réalité deuxintégrales quadratiques
en sus de leurintégrale
linéaire. Sil’on joint
le carré de cetteintégrale
linéaire aux deuxintégrales quadratiques,
on voit que les ds2 de révolution de M. Darbouxpossèdent en fait
troisintégrales quadratiques indépendantes.
Nous n’avons donc faitqu’établir
laréciproque
de ce théorème de M.Darboux;
ses ds2sont les seuls
qui
admettent troisintégrales quadratiques
exactement.Ici se
placent plusieurs
remarques.Si un ds2 d’une famille de Dini a sa courbure
constante,
il en est de mêmede tous les autres, car ils admettent tous
cinq intégrales quadratiques.
Si un ds2 d’une famille de Dini convient à une surface de
révolution,
ilen est de même de tous les autres. Raison
analogue.
Lapremière
de cesremarques revient à la célèbre
proposition
deBeltrami, d’après laquelle les
surfaces à courbure constante sont
représentables géodésiquement
les unessur les autres à l’exclusion de toute autre surface.
Les ds2 de révolution de M. Darboux
prêtent
à une remarqueanalogue.
Je prouve, en
effet, qu’ils
conviennent à des surfacesqui
sont toutes re-présentables géodésiquement
les unes sur les autres.En sorte que l’on
peut
dire que, de mêmequ’il n’y
aqu’un
sculproblème
de
géodésiques qui
admettecinq intégrales quadratiques
en dehors decelle des forces vives
( les géodésiques
des surfaces de courbureconstante),
il
n’y
a de mêmequ’un
seulproblème
degéodésiques qui
admette exacte-ment trois
intégrales quadratiques (les géodésiques
des ds~ de révolution de M.Darboux).
Il est fort
remarquable
que, dans son beau Mémoire du tome XX des Ala- thematischeAnnalen,
Lie soitpassé
fortprès
de ce théorème. Il en a démontré toutes lesparties, sauf
une, omissionqui
ne lui a paspermis
d’arriver au théorème
général.
5. Je ne terminerai pas les considérations
qui
concernent ces ds2 de révo- lution sans mentionner la détermination nouvelle extrêmementsimple
deces ds2 au moyen des
principes précédents.
Si l’on suppose que le ds2
proposé
ait la formeet que
(X, Y)
soit uncouple
de solutions del’équation (D),
où l’on faiton voit que, le ds ne
changeant
pas si l’onremplace x,
y par x +fi,
y +~i,
les fonctions
constituent encore un
couple
de solutions de(D).
Doncconstituent aussi un tel
couple
et, parsuite,
en prenant le cas de Il infini-ment
petit,
on reconnaît queX’(x), Y’(y)
constituent un nouveaucouple
de solutions.
On en peut conclure que
sont autant de
couples
de solutions del’équation (D)
dans ce cas. Onconstate aussi que
(i, i)
estégalement
uncouple
de solutions. Mais le dS2ne
possédant
que troisintégrales quadratiques indépendantes,
parhypo- thèse, les couples
ne
peuvent
êtreindépendants.
On a donc deux relations de la forme. La discussion de ces
équations
linéaires àcoefficients
constants est desplus simples
etconduit,
presque sanscalculs,
à la .déterminationcomplète
de toutes les formes de révolution
qui
admettent troisintégrales quadratiques
pour leursgéodésiques.
LeTableau 1 fournit tous les
types
de révolution ainsi obtenus(’ ).
6. Toutes les difficultés du
problème
étaient concentrées sur la déter- mination RIGOUREUSE de tous les dS2qui
admettent pour leursgéodésiques
exactement deux
intégrales quadratiques
en dehors de celle des forces vives. Je disrigoureuse,
car unprincipe simple publié
par moi dans lesComptes
rendus enI889 permettait
de déduire des solutionsdéjà
connuesde nouvelles solutions.
Que
ces solutions fussent les seules solutions duproblème,
onpouvait
leconjecturer, j’oserai
même presque dire lesouhaiter,
tant était considérable lacomplication
des calculsdirects;
maisconjecturer
n’est rien enGéométrie,
prouver y est tout.Si un ds2 admet pour ses
géodésiques
UNE SEULEintégrale quadratique
endehors de celles des forces
vives,
il nepossède
pas forcément la forme deLiouville ;
la forme de Liepeut,
eneflet,
se substituer à cette forme.Mais,
sile nombre des
intégrales quadratiques
est Au MOINS DEUX, desformes de
Liouville sonc alors assurées au ds2. Il était donc naturel de
prendre
pourpoint
dedépart
une de ces formes de Liouvillesupposée
connue.Je
prends
enconséquence
le ds2 sous la forme( 1 ) On trouvera les Tableaux à la fin du présent Mémoire.
où
L’équation
de M. Darbouxacquiert
ainsi la forme suivanteCette
équation
admet normalement lecouple
de solutions(i, i) qui
fournitprécisément l’intégrale quadratique
afférente à toute forme de Liouville.L’existence d’une autre
intégrale quadratique exige
l’existence d’un autrecouple (X, Y)
de solutions del’équation (D).
Lechangement
de variablesfera passer
(’ )
dutype
de Liouville à un autre; pour cemotif, j’appelle X,
Ydes
coefficients
detransformation
du ds2.Il est clair que si
(X, Y ), (X°, Y° ), . , ~.
sont descouples
de coefficients de transformation d’unds2,
lesexpressions
constituent un nouveau
couple
de coefficients de transformation. Si le lls2possède
mintégrales quadratiques, l’équation (D’) admet,
outre lecouple (1, 1), ( m - i)
autrescouples
formantavec(i, i)
unsystème
de IIIcouples indépendants,
et lechangement
de variables leplus général qui
amène laforme de Liouville sera défini par les
quadratures
J’appelle type
essentielletype
de Liouville leplus général
que l’on obtient de la sorte et variables essentielles les variablesx’, y’.
Pour certaines valeurs
particulières
des constantes a,b,
c, ... la forme de Liouville que les variablesx’, y’
fontprendre
au ds1 peut fort bien avoir unaspect analytique
différent dutype
essentiel.J’appelle types
sin-guliers
lestypes
de Liouville que l’on obtient ainsi..( 1 ) Cela ne serait plus vrai si l’une des fonctions X, Y était nulle.
Par
exemple,
dans le Tableau IIqui comprend
toutes les formes deLiouville à courbure constante non
nulle,
lepremier type
est la formeessentielle,
les autres ne sont que des formessingulières.
De même dans le Tableau
III, qui comprend
les formes de Liouville à courbure constantenulle,
lepremier type
est seul essentiel.Nous avons formé dans le Tableau IV tous les
types
essentiels des ds2 de révolution.Le Tableau V offre au contraire tous les
types singuliers
correspon- dants.7. Ici une
remarque s’impose.
Si l’on seplaçait,
nonplus
aupoint
devue du nombre des
intégrales quadratiques indépendantes,
mais aupoint
de vue du nombre des
formes
de Liouville distinctesqu’un
ds2peut
rece-voir,
il est clairqu’on
seplacerait
dans uneposition
entièrement fausse.Voilà,
parexemple,
les ds? de révolution dontIV,
est letype
essen-tiel, qui
ontcinq
formes de Liouville biencomptées d’aspect
tout comme les ds2 de courbure constante non
nulle;
la classification défectueuse dontje parle placerait
donc à côté l’une de l’autre ces deuxespèces
de ds2qui possèdent
despropriétés
si diverses etdisjoindrait
lestypes
derévolution, qui
en fait sont si étroitement unisqu’ils
ont, commeje
l’aidit,
le mêmeproblème
degéodésiques.
La classification laplus
rationnelle est celle
qui
a pour base la considération desintégrales quadra- tiques.
8. J’arrive actuellement au
principe auquel j’ai
faitdéjà
allusion etqui
permet
de déduire des solutions nouvelles d’une solution connue.L’équation (D’)
estsymétrique.
Elleexprime
tout aussi bien queX, Y
est un
couple
de coefficients de transformation du ds2et que
XI, Y
i est uncouple
de coefficients de transformation duJ’appelle réciproques ( i )
ces ds2qui
secorrespondent
d’une manière si curieuse.( ~ ) Cette remarque et toutes ses conséquences ont été publiées par moi en octobre 188g
J’appelle également réciproques
les surfacesqui
admettent deuxréciproques.
’Les surfaces
réciproques jouissent
d’unepropriété remarquable d’après laquelle
lesgéodésiques
de l’une ont pourimages
sur l’autre desconiques géodésiques
au sens que M. Dini a attribué à ce nom(voir DARBOUX, Leçons,
t.III).
Si un ds2 admet des coefficients de transformation
( X, Y ), (X°, yo o ) ~ , , , ~
ilpossède
une infinité de réductions autype
de Liouvillc et, parsuite,
il existe une infinité de ds2 de Liouvillequi
sontréciproques
chacun à une forme de Liouville
équivalente
au ds2proposé.
L’ensemblede tous ces
réciproques
est contenu dans une formuleunique
que leprin- cipe
deréciprocité
suffit à rendreintuitive,
c’est la suivante :Il est naturel
d’appliquer
cette méthode aux ds2 à courbure constantenulle ou non nulle. Il suffit pour
cela,
sans même recourir à la formule que nous venonsd’écrire, d’appliquer
leprincipe
à tous les éléments des Tableaux II et III. Nous avons ainsi formé le Tableau VI desréciproques
des formes à courbure constante nulle et le Tableau VII des
réciproques
des formes à courbure constante non nulle.
La dernière forme
VIs
du Tableau VI est derévolution,
mais les autresn’admettent
généralement
que deuxintégrales quadratiques.
Nous disonsgénéralement,
parce que, pour certaines valeurs des constantes, les formes du TableauVI,
comme aussi celles du TableauVII, reproduisent
des formes des Tableaux
précédents,
c’est-à-dire des formes de révolutionou à courbure constante. Il y a même lieu d’observer que toutes les formes des Tableaux
I, II, III, IV,
V sontcomprises
comme casparticuliers
dansles Tableaux VI ou VII.
Mais,
tant que les constantes n’ont pas ces valeursspéciales,
les ds2 des Tableaux VI(sauf VIo)
et VII n’admettent que deuxintégrales quadra- tiques :
ce sont donc des solutions nouvelles duproblème.
’
aux Comptes rendus de l’Académie des Sciences. Depuis, en janvier I89I, j’ai déposé à
l’Académie un pli cacheté contenant tous les Tableaux qui accompagnent le travail actuel, ainsi que la méthode qui me permet d’établir la généralité des résultats, Par contre,
ce qui a trait au problème de M. Lie n’a été l’objet d’aucune Communication antérieure, sauf
celle du 26 novembre 1892 à la Société Philomathique.
9. La
question qui
se pose naturellement à cet instant est la suivante :Quels
sontparmi
ces nouveauxtypes
ceuxqui
sont essentiels etquels
sontles
types singuliers?
Laréponse
est desplus simples.
Tous les
types
du Tableau VI(on
metVI~
àpart)
sontsinguliers;
tousles
types
du Tableau VII sont essentiels : : ce sont lestypes
essentiels destypes
d u Tableau VI.Nous supposons, bien
entendu, qu’on
établit une concordance entre lesconstantes des du Tableau VI et celles du
type
essentielcorrespondant
du Tableau VII.
Par
exemple,
letype VI" qui
estsingulier
etqui
s’écrit’
admet le
type
essentieloù l’on a
Voici,
du reste,quelle
est lacorrespondance
entre lestypes
des Tableaux VI et VII.Le
type VII,
f admet le seultype singulier VI, .
Le
type VII2
admet deuxtypes singuliers
etVI, .
Le
type VII3
admet le seultype singulier VI3.
Le
type VII4
admet le seultype singulier VI.;.
Enfin le
type VII5
n’admet aucuntype singulier,
fait bien curieuxqui
est à
rapprocher
de ce fait toutopposé
que letype IVf
de révolution pos- sèdequatre types singuliers.
Je ne mentionnerai
qu’en passant
les calculsauxquels
donne lieu la démonstration de ces diversfaits,
calculsqui
offrentd’élégantes applica-
tions des formules de la théorie des fonctions
elliptiques.
Si l’on
applique
aux ds2 de révolution des TableauxIV,
V leprincipe
deréciprocité,
onreproduit
ces ds2eux-mêmes ; cependant,
si l’onenvisage
les
types
du TableauI, lesquels
se trouvent naturellementreproduits
dansle Tableau
V,
on trouve pour leurs inverses des ds2 duplan.
Le
principe
deréciprocité
se trouve doncépuisé
et l’on ne peutplus
rien en attendre.
Mais,
et c’est là laquestion précise qui
constituait toute la difficulté duproblème,
cela n’est pas surprenant : :l’emploi
duprincipe
de
réciprocité
nous a tout donné.10. Avant de passer à l’indication de la méthode
qui
mepermet
d’établirrigoureusement
cetteproposition, je
veuxindiquer
uneapplication
duprin- cipe
deréciprocité.
Nous ne nous sommes pas
préoccupés
des ds2qui
admettent des formes de Lie. Nous avons bien vu que tout dS2qui possède plusieurs intégrales quadratiques
admet des formes deLiouville,
mais rienn’empêche qu’il
admette en même
temps
des formes de Lie. Il faut et il suffit pour celaqu’il
admette une forme(F)
dont un descouples (X, Y)
decoefficients
de transformation contienne une fonctionnulle,
parexemple
Y = o. Maisalors la forme
(F)
seraréciproque
à la forme de révolutionIci deux cas à
distinguer :
Si X
dx dy1
a une courburevariable,
cette forme est l’une de celles du TableauI,
et nous venons de dire que les formes du Tableau 1 ont pourréciproques
des formes de courbure nulle. Nous obtenons donc d’abord pour(F)
toutes les formes à courbure nulle.Si,
aucontraire, X,
dxdy
a une courbure constante, la form eréciproque ( F)
sera l’une de celles des Tableaux VI ou VII.Il faut donc chercher dans
VI,
VII les formes( F) qui
ont uncouple
decoefficients de transformation
comprenant
une fonction nulle. On peut se borner à rechercher lestypes essentiels,
c’est-à-direqu’on peut
se bornerà chercher dans le Tableau VII. Nous trouvons ainsi les
types VII3
etVII,.
Si nous avions cherché dans
VI,
nous n’aurions trouvé queVI~, type
sin-g ulier
deVII3.
..11. J’arrive actuellement à la démonstration de la
proposition qui
consisteen ce que les Tableaux
précédemment
formés contiennent toutes les solu- tionspossibles
de ceproblème :
: Trouver tous les ds2 dont lesgéodésiques possèdent plusieurs intégrales quadratiques.
La
question
se ramène à cettequestion d’Analyse :
: toutes lessolutions de
l’équation
Abel,
dans un Mémoire inséré au tome 1 de ses intitulé : Mé-thode
générale pour trouver
desfonctions
d’une seulequantité variable
,lorsqu’une propriété
de cesfonctions
estexprimée
par uneéquation
entre deux
var~iables,
s’estoccupé
de ce genred’équations.
Etant
donné uneéquation
telle que( D’ ),,
il faudra former suivantAbel,
par voie de différentiation et
d’élimination,
uneéquation
différentielle necontenant
plus
que l’une desfonctions ;
il faudraintégrer
cetteéquation (E), transporter
sonintégrale générale dans ( D’ )
et s’efforcer de déter- miner les constantes arbitrairesqui
yfigurent
de manière àl’adapter
àréquation (D’). Ainsi, après
avoir dû chercherl’intégrale générale
de(E),
on
n’aura,
leplus
souvent, à utiliserqu’une
solutionparticulière
de cetteéquation.
Onrisque,
enconséquence,
decompliquer
leproblème
en s’im-posant l’intégration
de(E).
Il sepeut qu’on
nepuisse
trouverl’intégrale générale
de(E)
et quecependant
laproposée (D’) puisse
êtreintégrée.
Enfin la méthode d’Abel conduit souvent, et c’est ici le cas, à des calculs
compliqués qui
la rendentimpraticable.
Je me suis donc vu forcé de demander à d’autres
principes
les moyens deparvenir
au résultat. La théorie des fonctions m’a été duplus grand
secours. Jedévelopperai
ailleurs la théoriegénérale qui
est sortie de mes recherches(’ ) .
Je me renfermerai ici dans les limites du
problème qui
nous occupe.12. Je prouve d’abord que les fonctions
X, Y, X,, Y,
sont des fonc-tions de leurs
arguments respectifs,
uniformes dans tout leplan, n’ayant
àdistance finie d’autres
singularités possibles
que despôles.
Je prouve ensuite que tout
pôle
de l’unequelconque
de ces fonctions estforcément double et à résidu nul. C’est-à-dire que, dans le domaine d’un
(1) Dans la séance du i3 février 1892, j’ai communiqué à la Société Philomathique une proposition générale concernant les équations fonctionnelles, et j’ai fait connaître la grande
utilité de la théorie générale des fonctions dans ce genre d’équations. C’est dire que dés cette époque les principes essentiels de ma méthode générale n’étaient un mystère pour per-
sonne.
pôle a,
la fonctionX,
parexemple,
est de la formeJe montre aussi que, si a est un
pôle
deX,
les fonctionsX,, Y
vérifientla relation
en sorte que
Il en résulte
aussitôt
que, si a, b sont deuxpôles
deX, (a - b) B/2
estune
période de Xi, Y, .
=Les
pôles
de Ypossèdent
despropriétés analogues,
et enfin lespôles
deX,, Y,
f fournissent des résultatsidentiques
pour lesX,
Y.Signalons
enparticulier
ce fait : si zéro est unpôle
deY,
les fonctionsX, (~ ), Y, (z)
sontégales ; donc,
dans tous les cas où Y aura unpôle,
il suf-fira de
changera en y + k,
cequi
est sansimportance,
pour donner au ds2 la formeMais le fait le
plus
saillant est le suivant :Si
a, b,
c sont troispôles
de l’unequelconque
desquatre
fonctions etsi le
rapport
n’est pas
un nombre réelcommensurable,
les fonctionsX, Y, X,, Y,
t sontdoublement
périodiques.
Il est alors très aisé de trouver la formegénérale
que doivent avoir ces
quatre
fonctions et de reconstituer ainsi les solu- tions doublementpériodiques
que l’on voitfigurer
dans les Tableaux.13. Restent les autres cas, où pour tout
système
depôles
d’une des fonc- tions lerapport
b-a c-a est un nombrecommensurable;
car, pour cequi
estdu cas où
X,
Y auraient moins de troispôles, je
fais voir que tout coefficient de transformation relatif à une forme essentiellepossède
sûrement au moinsun
pôle,
à moins d’être constant; que s’il n’enpossède qu’un
il a laforme .
et que dans tout autre cas il en
possède
au moins trois.Je détermine ensuite la forme
générale
quepeut
avoir dans cettehypo-
thèse le coefficient de transformation d’une forme
essentielle,
etje
trouveque, outre le
type déjà trouvé,
on a seulement le suivantEn
résumé,
tout coefficient de transformation d’untype
essentiel a l’unede ces formes
J’observe d’abord que le cas d’un coefficient de transformation constant
peut
êtreécarté,
car le ds2 est alorsréciproque
d’un ds2 de révolution etnous
possédons
dans les Tableaux tous les ds2 de cette sorte. En cequi
concerne les deux autres cas, on
peut toujours,
enchangeant,
s’il y alieu,
x - a en x, supposer que 03C3 est un
pôle
pour X et pourY ;
le ds2 a alors laforme
et la fonction F est
paire.
..Soient,
dans cesconditions, ~~y)
uncouple
de coefficients de transformation du ds2. Euégard
à laparité
de la fonctionF,
le ds2 nechange
pas si l’onéchange .rety;
donc~ (x)
constituent encore uncouple
de coefficients de transformation d.u ds2.On a
donc,
si l’on écarte les ds2qui
admettraientplus
de deuxintégrales quadratiques,
car on les a déterminés directement(’ ),
c’est-à-dire
ce
qui exige
queLe cas de a = -n ne donne rien.
{1) La méthode s’étendrait aussi aux ds2 de révolution ; mais j’ai cru inutile de revenir
sur leur détermination.
Restent donc le cas de a = 1 et par
suite [3
= o.On a, dans ce cas,
Les deux coefficients de transformation sont alors tous les
deux,
ou bienou bien
Dans le
premier
cas, le ds2 estréciproque
du ds2114
de courbure con-stante ; c’est donc le
type
essentielVII~ ;
dans le second cas, une remarquesimple
prouve que A doit êtrenul ;
le ds2 estréciproque
dutype IL
decourbure constante : c’est donc le
type
essentielVII2.
Le cas laissé de côté où l’un des coefficients de transformation est constant( on peut
direnul ) .
, nous aurait donné évidemment les
types VII3
etVII5, également
essentiels.Nous obtenons donc tous les
types
essentiels du Tableau VII et nousn’obienons
qu’eux ( i ).
14. A
l’égard
dutype VII"
nous ferons remarquerqu’il
ne diffère pas de celui que Nl. Darboux avait fait connaître au Tome II de sesLeçons,
p. 212.
Mais les autres
types
constituent des éléments véritablement nouveaux à côté de celui-là.Cependant,
letype VII, j oue
dans laquestion
un rôleimportant
que faitprévoir
un théorème queje
vais démontrer.Tout ds? du Tableau VII résulte de la réduction au
type (X, -Y,) dx dy
d’une forme
où
F,
G sont deuxpolynômes
duquatrième degré quelconques ;
cette formegarde
sonaspect
si l’on effectue sur u, v une même transformation linéaire( 1 ) Nous ferons observer que, en nous bornant à rechercher les formes essentielles, nous
avons déjà considérablement simplifié le problème.
de la forme
Si
G(u)
a ses racinesdistinctes,
on pourraramener G(u)
à la formecanonique
de Weierstrass et obtenir letype VII, .
On aura letype VII2
si
l’équation
a deux racineségales;
letype VII3
siG(u)
est carréparfait;
letype VII4
siG(u)
a un diviseurcubique,
et enfin letype VII~
siG(u)
estune
puissance quatrième
exacte.J’ajouterai
que, en toutehypothèse,
si F et G ont un diviseur commundu second
degré,
le ds2 convient à une surface derévolution,
et à une sur-face à courbure constante si F et G ont en commun un diviseur
cubique.
Ceci
posé,
il est clair que les ds2 de la famille de Diniont tous le même
problème
degéodésiques
que le ds2proposé
queje représente
parEo,
tandis queEk
sera l’élémentgénéral
de la famille.Or,
si l’on exclut le cas oùG(u)
etF(u)
auraient en commun un facteurcarré
(cas
où le ds2 serait derévolution ),
on voit queG ( u) -I-
k F( u)
auragénéralement
ses racinesinégales,
c’est-à-dire queVII,
sera letype
essentielde
E~.
On a donc ce théorème : :Tout ds2
qui
admet deuxintégrales quadratiques exactement pour
sesgéodésiques
estreprésentable géodésiquement
sur un autrequi
est dansle même cas et
qui
est réductible autype YII,.
.’
On voit même que
VII,
est letype
essentiel de l’élémentgénéral
d’unefamille de Dini de ds2
qui
admettent exactement deuxintégrales quadra- tiques.
On sent encore là se
poursuivre
cette extension du théorème de Beltrami que nous avons constatée dans les ds2 de révolution. Tous les ds2qui
admettent deux
intégrales quadratiques
admettent mêmeproblème
degéodésiques qu’un
ds2 d’untype
déterminéVII, ;
mais ici cetype
contientdes constantes
qui
varient d’untype
à l’autre. ,15. Pour ce motif
j’ai
fait dutype VII,
une étudeparticulière,
etje
suisparvenu en ce
qui
le concerne àquelques
résultatsdignes
d’intérêt.Écri-
vons ainsi ce ds2
où
je fais,
pourabréger,
Les coefficients
A, B, C,
D sont ceque j’appelle
les invariants du ds2.Le ds2 reste
identique
à lui-même si l’on fait varier le module des fonctionselliptiques,
en conservant les invariants.Il reste
identique
à lui-même si l’onpermute
de toutes les manières lesquantités A, B, C, D,
en sortequ’avcc
une mêmefonction elliptique
le ds2peut prendre
devingt-quatre
manières la formeVII, .
Ainsi les ds2
sont autant de formes différentes du même ds2.
Les relations avec le
type singulier
sont extrêmementsimples.
Le
type singulier
est, eneffet,
en conservant àA, B, C,
D leursignifica-
tion
précédente,
Ce
qui,
avec unléger changement
denotation,
s’écrit encoreEn
permutant A, B, C,
D de toutes lesmanières,
le ds2 resteidentique
àlui-même,
en sorteque le type singulier hh peut
être atteint devingt -
quatre
manières comme toute formeelliptique
dans letype VII, .
On doit donc
regarder
comme entièrement défini un ds2 dutype VII, ,
sil’on connaît ses
quatre
invariantsA, B, C, D,
abstraction faite de touterelation d’ordre entre ces
quatre invariants, qui
entrentsymétriquement
dans la
conception
du ds2.Le ds2 étant donné sous la forme
les invariants se calculent sans
peine ; a, b, c, d
étant les racines deG(u)
= o,ils ont pour
expressions
ce
qui permet
d’écrire d’emblée les formesVII,
etVI,
du ds2.Nous avons ainsi le moyen de reconnaître l’identité de deux ds~ donnés chacun par deux
polynômes F,
G.Les invariants interviennent encore dans la forme que NI. Darboux a donnée dans ses au
type
de ds2 que nous considérons.Considérons en effet le dS2
la transformation ce’ =
tang /§/, y’
= tang(
suffira pour le ramener à la formeLe ds2 ci-dessus est donc. réductible au
type VII,
etA, B, C,
D sont sesinvariants. Mais on voit de
plus
que, si dans la formuleon
permute A, B, C,
D de toutes les manièrespossibles,
le ds~ nechangera
pas; on constate aisément que ces
permutations
reviennent à un groupe de substitutions linéaires effectuées sur les variables x, y.Interprétées
sur le typeVII"
ces substitutions fournissent unexemple
des transformations du
premier degré
dans les fonctionselliptiques.
Nous retrouverons un