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depuis
j -juer le
(
j:d’Or- r gt-cinq rdépar* ,
qu’ils U rem-*'
t ,
&
ils'choix.
-’Assem- aiteBar e ter- re de lité.
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) îroces- iges ds
Port-au-Prince, le
3 mai 1791.
Mon/ieur le général,
Nous
allons vous entretenir d’unévénement
extraordinaire , mais dont la fin a été aiiffi heureiife que pacifique.En deux
mots ,on
a défarmé hier le régimentdu
Port-au-Prince dans fes cafernes ,on Vy
a configné ,&
demainon
le dif-tribue fur des bâtimens marchands
, pour î’expédier pour France , ainfi que vous le defirez
&
que vous l’avez or-donné. Voici les détails de cet événement.
Depuis quelques jours il régnoit au Port-au-Prince une fermentation fourde , qui excitoit des alarmes. Les perfon- nes connues pour être les partifans de l’ancien régime , les
ennemis déclarés de la révolution , tenoisiit des aficmblées fecrètes , ils faifoient répandre dans la ville qu’ils étoient sûrs
du
régimentdu
Port-au-Princê, qu’au premier jour
on
verroit fe renouveler la fcène cruelle delà nuit
du
2.9 au 30juillet. Cette fermentation étoit entretenue par les écrits
du
fieurGaterau , qu’on aficéloit de faire circuler parmi les troupes , pour les exciter à la révolte
&
à la fédkion.Nous
lavons bien que le profond mépris eft le leui fentiment que l’on doive à fesproduéHons ; mais tous les
hommes
ne font pas alTez froidspour levoirainfi.
Les alarmies que ces
mouvemens
répandorent dans la ville&
parmi lestroupes , nous faifoient craindre à jufietitredes évé- neffiens que nouscherchions à prévenir par des moj^ens de fur- veillance, lorfqu’un fait qui ne paroiffoit certainement pas de- voir entraîner de pareilles conféquences , les a fait éclater.
4
.i :
-Y n
' d
<!>f,
i ]
Avant-hier matin
, quelqu’un dont nous ignorons le
nom
>indigné des calomnies
&
des atrocitésque
fe permet tous lesjours au
Cap
le heur Gaterau dans Ton courrier politique , à l’égard de tous les citoyensdu
Port-au-Prince, afScha à la porte de i’églife une caricature , dans laquelleétoit repréfentée notamentl’edigiedu
heur Gaterau.Quelquesfoldats de
Normandie &
d’Artois étoient occupés à l’examiner, lorfqu’un chaiTeurdu
régimentdu
Port-au-Prince palTa , enleva l’affiche&
infulta grièvement les foldats deNor-
mandie
8i d’Artois qui s’étoient arrêtéspour la voir j ceux-ci fe faihrent à i’inftant de cethomme &
le conduihrent à la prifondu
çorps-de-garde.Les ehaffeurs
du
régimentdu
Port - au - Prince voulurent prendre la défenfe de leur camarade , ceux deNormandie &
d’Artois fe difposèrent également à foutenir les leurs ,
&
cettequerelle étoit prête à entraîner
une
affaire générale , lorfque la municipalité inftruite desévénemens
interpola fa médiation, de aidée des chefs desdiffiérenscorps,parvintàappaifer cetteémeute, à réconcilier les efprits,&
obtint la parole de tous les foldatsqu’ilsrentreroientdansledevoir
&
ne fe livreroient à aucuiiexcès-Tout
fut tranquille le relie dela journée de pendantla nuit.Hier matin la querelle
recommença
de la part des foldatsdu
Port-au-Prince, quiprovoquèrent denouveau
ceux de Norman-,die
&
d’Artoisj déjàpluheurs affairesparticulières s’étoient enga-gées fur leshuitheures
du
matinentrcquelques foldats d’Artois&
du
Port-au-Prince; lemajor
général de la gardenationale, ac-compagné
de pluheursofficiers, étoitparvenuàlesappaifer5cha-cun
fe retira. Maisfur lesonze
heures ily
eut de nouvelles pro-vocations,
&
l’on avoitlieu decraindrequeces rixes particulières n’occahonnaffent dans!emoment même une
affaire générale.Le
y^âT»
majorgénéra! de la garde
nationale
& fe
officiersy
accoururent denouveau, &
ils avoient tout appaifé lorfqueM.
le maire&
plufieurs officiers
municipaux s’y rendirent.
La
municipalité en- gagea lesfoldats de chaque régimentà rentrer dansleur quartier • ceux de
Normandie &
d’Artois fe retiroient paifiblement en ac-compagnant
la municipaiiîé, lorfqu’onentendit rapeler dansles cafernesdu
régimentdu
Port-au-Prince; quelques perfonnes
y
fuient
&
rapportèrent que le régiment Idu Port-au-Prince char^geoit
fe
armes&
paroiffoitfedifpoferàdesaaeshofliles. Auffiiôï
aux haiaillons de
Normandie & d’Irt^s^;!^;:::™
batailledevant le corps-de-garde national, en criant d’une voixdl unanime
q« d
falloit défarmer le régimentdu
Port-au-PrinceLa
municipalité fe réunit à tous les chefs de corpspour
d^i-bw.er fur cet objet important : elle arrêta defe tranfpLter
aux
tafernes pour connoître la fituation
du
régimentdu
Port-aü-?rince,
&
1inviter al’ordre&
à la paix ; elle avoir réuffi dans difpofitKins ,elle avoir obtenu de touslesfoldats
du
réni- nentdu
Port-au-Prince la promefTe de ne fe livrer àaucun
lefordre ; elle revint faire part de cet engagement aux gardes
lationales
&
aux bataillons deNormandie &
d’Artois • mais•U
meme
iniîant,on
vient rendre co.mpteque
les foldatsdu
egiment
du
Port-au-Prmce,loin detenir leurs promeffes, étoien, U contraire tous occupés à charger
leurs armes.
Le
P-n- iment demehanca
qui règne contre le régimentdu Porfau-
rmce , la violation qu’il a fi fouvent faite de
fe
ferments, le
imin
ff*"50
juillet, qui ne peute acer e 1eiprit des citoyens ; tous ces motifs
empê-
erent fans doute qu’on ne prît confiance dans
fe
promeffes:9
011 psrfîftci clans la rérolutioii dele dciarmer i la îTir.îiîcipaiice
annonça
cependant de la manière la plus formelle ç|u elle ne Youloit point expofer lefang des citoyens nidesfolaatSj&quelie ne donneroit jamais l’ordre de defarmer lerégimentdu
Poit-au- Prince.Le vœu
des troupes patriotiques des troupes deligne fut priscompagnie
par compagnie ^&
ilfutunanimement
ré-pondu
défaffPX.
. . . defarTuc ....
Des
lors ionfeüiiî enmarche pour
exécuter cette réfolution 5 la garde nationale étant alatetc fous les ordres deM.
le Breton de Viilandry, major général , en rabfence deM.
lecommandant
général.La
municipaliténe balança pasun
inllafità devancer lamarchedes troupes patriotiques
^
des troupes de ligne ,&
a fe rendiede
nouveau
aux cazernesdu
régimentdu
Lort-au-Piince.M.
hmajor général s’y étoît déjà rendu
&
avoitprévenuM.
Deprillcjcommandant
de ce régiment, de l’intention destroupes patrio- tiques&
des troupes de ligne ; la municipalité sadreffa alor*aux folclats
eux-mêmes
,&
les invita à partir de fuite poui France , ainfî que vousl’aviez ordonné ; elle regarda cemoyer comme
le feul propre à éviter le choc qu’elle redoutoit.Déjà
les foldats des troupes patriotiques&
de ligne avoienenvironné les cafernes , les canons étoient poftés, tout étoi prêt pour l’attaque, lorfque
M.
Caradeux,commandant
générade la garde nationale, qu’on avoit fait prévenir, arriva,
&
vintûmettre à la tête de fatroupe. Il entra aux cafernes , accompagni de
MM.
de Montalet,Roberjotdu Défert,&Grand
de la Salinefesaides de camp.
Là
il fitpart au foldatsdu
régiment duPort-au Prince de ce qu’exigeoient d’eux les troupes patriotiques, le bataillons deNormandie &
d’Artois, 6c les corps dartilleriroyale
&
nationale ;&
après avoir écouté leurs repréfentatîon à cetégard, il leur dit qu’il ne leur donnoiî qu’un quart d’heur. d\"•-,
? T
1
^
pour remettre leurs armes ,
&
qu’il les invitoit à épargner le!ang qui pourroit le répandre.
Cet
aâe
de vigueur les détermina ; ils remirentàFinftant leurs îiTnes,&
fur lechamp
elles furent tranfportées à la rnaifoncom- .mtne ;on
plaça des troupes patriotiques&
des faldats'des ba-:ailious de
Normandie &
d’Artois à tous lespohes qui étoientd-
evant gardés par les foldatsdu
régimentdu
Port - au - Prince ;tn détachement de cent vingt
hommes
refiaaux cafernes pour;ontenir tout dans l’ordre,
&
le rèftede la troupe fe retira.Ainh
fetermina cette journée
mémorable
fans qu’elle ait été fouilléeL>ar
aucun événement
fâcheux.Demain
les foldatsdu
régimentdu Port-au-Princeferontd’aprèsvosordresembarquésfurdesbâti- nens qui les conduironten France.
Nous
avons rédigéun
procèsk^erbal de tous les faits,qui vous fera adreffé par le premier Cour-
ier,
Nous
avons cru néanmoins de notre devoir d’expédier des îxprèspour vousinformer,ainlique toutelacolonie,decesévéne- nens,afinque perfonne ne feit abufé par les relations faulies qui pourroient en être données.Nous
nedevons
pas taire les éloges&
les remerciemens dus àM.
deGrimouard
,commandant
de la ftation j dès qu’il fur nftriüt des événemens qui fe paffoient dans la ville, ilenvoya un
de fes officiers auprès de la municijsalité pour lui ofiHr tous les fecours
&
toutesles forces qui étoient à fa difpofition.Les officiers de
Normandie &
d’Artois&
ceux d’artillerie royale&
nationale onraiiffi des droits à notre reconnoiffarice , ils ont contribué de tout leur pouvoirà contenir l’ardeur de leurs bldats dans dejufies bornes,&
ce n’efi: pas moins à la prudencedes officiers qu’au courage des troupes que nous devons le fuc-
cès de cette journée.
Les officiers
&
foldats de la garde nationale ont tenu dans6
cette occafion
,
h
conduite ia plus digne d’ëloges ;&
l’on n’oubijera jamais que c’ed: la fermeté de leurcommandant
gé- néral qui a déterminé la rernife des armes, qu’il eût peut- être fallu acheter au prix
du
fang. C’eftlà que nous avonsvu
i’enfemble&
l’accord qui régnoit entre tous les bons ci-toyens. Prefque tous ont pris les armes j ils ont prouvé dans cette circonilance que s’ils connoifToient leurs droits ^
&
s’ilsfavoient les défendre , ils connoiffoient auffi robéüTance due aux lois ,le refpeâ:
du
aux propriétés, laliberté qu’avoit chaquehomme
de fon opinionj car au milieude tous cesévénemens Une
s’efl pas paiTé
un
feui afie préjudiciable pour qui que ce foit.Nous
ne devons pas oublier de configner ici ledévouement
patriotique delamarine nationale
&
marchande, qui s’eftempref- fée defe joindre aux citoyens&
de réunir fes forces aux leurs.La
cpuceur&
la modération des oiEciersdu
régiment du Port-au-Prince, Sz particuliérementM.
Deprille,commandant,
qui n’a cefTé d’inviter fes foidats àla paix , abeaucoup
c-ontri-bué à éviter
un
choc , qui eût néceffairementoccahonné
des malheurs.Enfin,
M.
le général, nous avons l'avantage devous
annoncer que tout eft rentré dans Tordre ;&
qu’avec les mefures queTon
a pnfes ,Ton
eft alTuré de le maintenir ; nous croyons fermement que le défarmementdu
régimentdu Port-au-
Prince affure la tranquillité dans la ville en déconcertant les cntreprifes des ennemis
du
bien public qui paroilfoient toujourscompter
fur fon fecours,X
La
municipalitéfe rend es témoignage de fatisfaflion, qu’elle a fait fon devoir ; elle a épargné le fang
&
évité le défordre,
&
elle a l’avantage inaprédable d’avoir pour témoins& pour
juges de fes a£Hons ceux dont Teftime eft le prix qu’elle attache à fes travaux.
Permettez,
M.
le general, que nous terminions par cette r4- üexion : nous avons 1opinionque
tant que vous vous tiendrezi foixante lieues de la refidence que vous afiigne la loi , tant îue vous aurez de la défiance
pour
les repréfentans de lacom-
mune
&
que vouspréférerezaux témoignages qu’ils vousrendent:eux des perfonnes étrangères
, ifolées
&
intéreiféés , tantque
^ous donnerez des oiores a foixante lieues de l’endroit
où
"ils loivent être executes, fans avoirpu
vérifier parvous-même
ni a vente des pofitions , ni la facilité de l’exécution, les mefores
[ue nous prenons pourmaintenir l’ordre
&
la paix ne pourrontlas avoir toutle fuccès que nous devrons ,
Sc\ui\
dépend deous feui de leuralTurer : mais fi vous daignez venir ici occu-
>er le lieu qui
vous
appartient ,&
prendre de laconfiance enes perfonnes qui sen croient dignes, nous oferions affurer
que
3US les pouvoirsrelieront en ordre
&
en aaivité d’unema-
ière sûre, fixe
&
ftable ,&
que vousvous
applaudirez avoir pris cette réfolution.Nous
vous fupplions de ne point rendre enmal
cette obfervation ; elleeû
didée par laforce de otre devoir.Dans
tous les tems nous ferons jaloux de vous onner des témoignages de notre déférence&
de notre refpea.C’efé avec ces fentimens que nous avons l’honneur d’être
,
Monheur
legénéral,
Vos
très humbles&
trèsobéiiTans ferviteurs ,
Les officiers municipaux
du
Port-an- Prince.,
Leremboure
père, maire ;
& Malahar
, ûiregreffier. ’
ecre-