QUESTION. ^ l
À/?.t
P y Faut-il des Assignats-Monnoie ou
des Quittances de Financepour
'la liquidation de la Dette pu-
blique"?
Par M. DELANDINE, Député de
Forez.. r % \
Imprimée PAR ORDRE de l'Assemblée Nation ale;
Q U E S T I O N..
Faut -il des Assignats-Monnoie ou des
Quittances
'de Finances pour la liquidation de la Dette publique
?Par M. DEL ANDINE
ODéputé de
Forez.Imprimé par
'ordre
de^Assemblée Nationale.
A '
^ -1- - f•*r
 -A r . X
AI ESSIEU R s,
: > ri,)
Le problème
préfenré à la difcuflion de cetteA Sem-
blée, ce
problème
important fur la liquidation de la'dette publique, peut changer dans Tes effets la face
du R.oyaume &
les deftinées de la France.Doit
-on rem-
bourfer les Créanciers de l’Etat parune
émifîjon confi- dérable d’AlIignats, ayant,comme monnoie
,un
cours forcé ?Doit-on
,au
contraire,fe garantir d’unerefîôurce(î violente ,
&
lui en lubftituerune
plusmodérée
,en
créant des quittances de Finance?L’une
ôc l’autreOpi-
nion a fes partifans l’une ôc l’autre trouve des adver-faires, C’^eti: dans vos
m?jns que
la balance politique fucA
cette queftion conferve encore fon équilibre ;
mon
fen- timent ne peut yêtre d’un grand poids imais
je viensy
dépofermon
foiWe grain,comme un
tributque
jèvous
dois,
comme un
tribut demon
defir d’éviter toutchoc
trop violent dans les rouages
du Gouvernement
,&
demon amour
fincèrepour
la paix&
la vérité.Deux
milliards d’AllIgnats-monnoie
jetésen
cemo- ment au
milieu de toutes les clalTes delEtat, mont
paru
le plus grand desmaux;
jeviensdonc en
combattreTémiffion.
Deux
milliards de papiers-nationaux,ou
quittances definance, diftribués
aux
feuls Créanciers de l’Etat ,me
paroilTent fatisfeire à-la-fois la juftice
&
l’intérêt public;je viens
donc en
foutenii les avantages.Loin
de détruireun
fyftêmepour
ne le remplacer paraucun
autre, j'aiexaminé
fucceffivement lesdeux
pro- politionsdu Comité
j j’ai faitmon
choix entrelles, ôcc’eft ce choix qu’il eft de
mon
devoir de vous dé-clarer.
L’Etat
va
fe trouver grévé d’une dette exigiblemon-
tant à 19 cents millions : il faut la liquiderj il faut la folder.
Sera
-ce au moyen
d’uns :.reation de deux milliardsd’alTignats, repréfentant , dans leur valeur particulière
,
depuis
une fomme
coiihdérable jufquà la plusmodique
J Confidérons dès-lors quel effet leur coursva
produire,&
dans lemoment. aduel
, ,&
dans letemps
qui doitle fuivre*
Embrafïons
,pour un
inftanty par la penfée>ce qui doit être, ce qui feraj ofons enfin déchirer le
;
mafque trompeur du
préfent,
pour
découvrir les horti- bles traitsque
Tavenir peutnous
préfenter.En
éloignant les froids calculs de l’agiotage,&
tout raifonnement fubtil de labanque
, il fauten reveniraux
idées fimples , qui font les idées vraies.Pourquoi
lespeuples fe font-ils accordes à
donner une
valeur r&pré- Tentativeaux métaux
? Quelle eft cetteconvention tacite, mais générale, qui les rend les lignes réels des denrées
,
des marchandifes , les
moyens
certains Sc invariables de fè procurer le néceffaire , l’aifance&
les plaifirsi de fa-
vouier toutes les produétions de la nature ,
comme
toutes les jouifîances des arts
j de s’approprier, enfin,
tout ce qui eft grand, tout ce qui eft
beau
, tout ce quieft Utile?
Pourquoi
,au
lieu de ces lignes métalliques , le papier plus léger, plus
commode
à tranfporter, plus
expeditif
pour
les échangés , n’a-t-il pas été univerfelle-ment
préféré ? Quelle puilTante raifon, enfin , adonc
alîis inébranlablement l’empire de l’or
&
del’argent, ôc a fait fuccelîîvement difparoître,comme
ufurpatrices ,comme
indignes de crédit&
de confiance, cesmonnoies
de cuir , de vélin, de papier , qui, dans desépoques
défaftreufes , en ontéphémèrement
tenu lieu ? Cette préférence s’eO: établie furdeux
bafes qu’il eft très -im-
portant de ne pa.s perdre devue
j i°. la rareté desmé-
taux> df 1
abondance
des autres matièresqu’on
auroitvoulu
leur fubftituer-, le travail confidérable
que
lespiemieis exigent. ,
pour
fe transformer enmonnoie. De-
puis 1inftant
où
1efclave descend dans les minesdu Ivouveau
-Monde
,ou
il fonde dhorribles-abymes pour
en retirer le mobile de toutes les entreprifes , de toutesA
5O
les
efpéranœs humaines
, jufquà celuioù
le métal ,devenu monnoie
, peut les réalifer ,que d
efforts,que
de peines,que
de dangers!Ceft
en conftdérantun ecu
de fix livresque
le Légiflateur doit fe dire ;Cet
objet,
dans
un
petit elpace , renferme réellementla valeur e
hx
journéesd’hommes
j il a falluréellement fix journées de fon travail confiant,pour en
faire ce figne unie:on
peutdonc
en payer aufll le labeur de fix journéesi car
celui qui le recevra, aura
échange
fon travail de 1 ,«aine contre la repréfentation réelle , intrinsèque& nma
fiaive , d’une femaine de travaux. Si la vraie uchefle i pofe
uniquement
fur le bras de 1homme,
fi elle eft leproduitfeul de l’emploi de fon
temps,
ceftun veutab
«éfor
que
celui qui a concentré le produit debeaucoup
de travaux . dansun
figne dont la peine&
le daire dela fabrication égalent la peine
&
le falaireque Ion
veutpayer. Quelle autre
monnoie
offre lameme
raretedans
fa matière , la
même
valeur dans fa fabrication,&
parconibquent la
même
valeur dans fon échange !La
con- fiance générale accordéeaux métaux
neftdonc
pasfoire vaine ! Elle doit
donc
l’êtrepour
tout autre^^D’après
cette réflexiondont
vos lumières. Meilleurs,
-feront dériver toutes les conféquences, j’en reviens di- reftement à la queftion, c’eft-à-dire, à influence
que
cet autre figne, cesaffignats doivent avoir fur le
moment
^*^Des créanciers qui ont conttafté avec l’Etat, sen
em-
parent, maispour
les verfer àWr
tour fur leurs çtean- ciers.Lès
premierss redôuralit à-la-fois 8c d’éprom^erune
biiiiîè iur le numéraire fidif, dont
Tabondance
doit avi- lir la valeur, Ôc de l’employer à des acquifîrions qui leur paroîtront d’autant plus onéreufes qu’elles feror.t urgentes , Ôc portées par la concurrence de la crainte au-delà de leur prix, chercherontune
ilfuepour
Ce dé- barraiîèrdes allignats , taris acquérirj ôc ils la trouveront ailément cette fatale ilfue ^ puifque l’alîignat auraun
cours forcé Ôc iera itionnoie*Toute
dette particulière fera payée en affignats; tout débiteurteliquidera^ tout créancier debonne
foi fe verrarembourfei\en
papier le produit de l’économie de (es pères5&
des travaux de fa vie.Ainh
, ces papiersviem
dront refluer fur les véritables familles de l’Etat, fürles propriétaires. Ceux-ci, déjà furchargés deterres ôc d’im- pôts, perdantnéanmoins
le revenu en argent , qui feûl leur permettoit dé ferriliicr les unes ôc de payer lesau-
tres, le verront encorecontraints d’ajouter des
domaines
à leursdomaines
, ôc deschamps
infertiles à deschamps
ingrats.
Dans
la terreur de perdre , ils accroîtront leurs propriétésen
voyant s’évanouir les feulsmoyens
de les faire valoir. Pauvres,au
milieu des biens, ils aurontdes terres , ôc point de bras Ils récolterontpeu
, ôc l’Etac leurdemandera
beaucoup.Mais
s’ils lont ruinés , c’eft:TErat qui fupporteraleurspercesi il n’eft riche
que
de la richeiïe publique-, iln’efl;florilfantque
parlajulle divilîon des héritages , les fuccès de l’agriculturejune
ilnpolirion facile à retirer -, enun mot
, par les bienfaits de fapro- pre admiiiiftration.Quel
bouleverfement dansles fortunes !Que
d’échanges<A4
; \
I
8
que
a’aûes,que
de procès ,que
de troubles !Au
mi-lieu de tous les Citoyens en agitation, fe flatte-t-on
que
laFrance
refte tranquille ?Les
convulfions des indi- vidus alLureront-elles le repos public îA
peine for-tis d’une crife heureufe ,
&
feulement obfcurcie patquelques déiaftres particuliers , voulons
-nous
l’échanger contreune
crife terrible&
funefte, foiblement adoucieparles avantages
que
fauront bien en retirer quelquesin- ' dividus ifolés.Là
, ce futune
vaftemer
ofi lecalme
a.
repofé fur l’ondulation légère
&
la mutinerie de quelquesflots-, ici, ce fera
une
tempête générale produite par le gonflement detoutes les vagues , leurchoc
eftrayant&
continuel, le chaos de leurs
mouveraens tumultueux, &
dont le bruit finiftre s’augmentera encore par les crisdes oifeaux de proie, fe réjouilTant toujours
au
milieu des orages&
des ténèbres de l’horifon.Tel
fera , je le redoute, lemoment
préfent : 1avenir,
du moins
,nous
offrira-t-il quelqu’efpoir plus confola- teur>Non
, Meflieurs,&
voicimes
preuves.L
émifliondes papiers
pour deux
milliards, double le numérairedu Royaume, &
dès -lors les denrées doublent de prix,il eft, vous ne l’ignorez pas ,
une
proportion invincib e qui tend fans celTe à mettreun
parfait niveau entre la raretéou
l’abondance des efpèces,&
la chertéou
la di-minution du
prix des fruits de la terre.Pour
toutes lesNations
,cette proportioneftfucceffive&
graduelle ipour
nous
, elle s’établiroit par fecouife,&
prefque toiu-a-coup.
D'un
autre côté , le falaire de l’ouvrier&
de ar-tifan doit fe
combiner
, fpit avec la circulation plusou
moins
facile de l’argent, foit avec l’abondance plusou
moins
9 9
moins
grandedes denrées:pour nous
, l’avarice de celui quioccupe
, viendra lurter contre lademande
de celui quieftoccupé
jTun voudra
alfujétir l’autre par lebefoin>au
taux qu’ilvoudra
fixer, celui-ci,combattra
par l’iner- tie, par le tableau de Tes foufFrances , <3^ peut-être par cet effrayantremède aux maux
extrêmes , l’infurreétion.Pour nous
, cette gradationque
letemps amène
infeiiii-blcment
entre les richefiès publiques&
les travaux par- ticuliers ,ne
pourra plus exifter-, tout échelon ferarompu.
Si les denrées enchérifîent, fi leur prix accroît indif- j^enfablement celui des falaires , alors nos manufaétures périfîènt; l’Etat eft ruiné. C’eft la modicité de la valeur des comeftibles ,qui
permet au
fabricant de travaillerpouf une
rétributionmodique.
L’objet fabriqué paffe dès-lors àbon compte
dans les magafinsdu
manufaéturier.Audi-
rôt, ce dernier éteinttoute concurrence avec l’Etranger*
La
perfeébionde famain-d’œuvre
, le fini de l’ouvrage fonprixavantageux luifontaccorderlapréférencedanstous
les
marchés:
dès-lors, les commiftions aftîuent*, lenumé*
raire des Etats volfins s’en
échappe pour
fe répandreau
milieu denous
*, lesmers
fecouvrentdes navires de notrenégoce
j les foires s’embelliftent par le luxe de nos pro- duétions*, nos ateliers fe peuplent d’ouvriers ; lamendi-
cité ceffe-, l’indigence fuit ,
&
lecommerce
national s’é- lève , s’accroît&
propage fa fplendeur. Alors, maisfeu-lement alors , cette branche de la profpérité publique fe couvre de fruits
pour
celui qui la cultive ,&
de fleurspour
les jouilfances des autres peuples,&
l’avantagode
l’univers.
Qiiejlionfur
Us
AJfignacs,M, D
dandiné,A
jMais
lecommerce
national,quin
efcque
leproduitd un
échangemutuel que
faitlaFrance
aveclesNations
voiiînes, ne peut exifter fans le numéraire réel.Nul
autre n’enpeut tenir lieu. Sans ce numéraire , le
commerce
, lointle
nous
erre utile,va nous
appauvrir-,&
l’Etat verrafe convertir en poifon funefte, cet aliment qui lui eft
cependant fi nécelTaire.
Des
affignats naîtront la perte .du
crédit , de nos ateliers , de notre population , de notremarine marchande
, Sc tous lesmaux que
doit en- traîner la privation d’objets deluxe, dont 1ufage eft de-venu
inhérent à notre bonheur. Il ne faut pas reneenirlong-temps pour
reconnoîtreque nous
nerecueillonspointau
milieu denous
lesdeux
matières premières de notre principalnégoce
; la laine&
la foie.Dune nous
eftfournie, en grande partie , par les Etats feptencrionaux*, j'autre> par les régions
du
midi.Nos
plusbeaux
draps,
'îios plus riches étoffes , ont reçu de nos
mains
lemérite de leur fabrication*, mais ce font nos voifîns qui
nous
ont fourni ce qui les compofe.Pour me
borner àun
feulexemple
,chaque
année lesmanufaclures
deLyon
retirent ,pour
plufieurs millions,
les foies fines
&
l’organfindu Piémont
, d\xroyaume
deNaples
Sc des contrées de Tltalie.Ces
foies font achetéesavec
def
argent ,ou
enéchange
de marchandifes qui le repréfentenr.Ces
foies,pour
obtenir les diverfes nuances ôc les couleursdu
goût , ont».'befoin de drogues de de bois de teintureque
l’Inde&
l’Amériquenous
cèdentparles
mains
de laborieuxnavigateurs, dontlaplupart font encore étrangers^&
de toutes partsalors1argentfortde nos comptoirspour
alleralimenterlesleurs»Sitôtque
lemplette1 1
desfoies efl:faite,
que
l’art les apréparées, ceft Tiiiftant oii rinduftrie nationale s’enempare
,
pour
rendre à fon tour tributaires les autres Nations.Les mains
del’artifanfont- guidées, Sc tracent ces delfeins rians Sc voluptueux qui aifurent à nos fabriques le tributdu
luxe&
de la vanitéeuropéenne.
Les
commifTions s’expédient*, l’Efpagnolenr voie en retour fes piaftres ,&
leRufle
fes roubles : lechange s’en effeétue , mais ces
Nations
vont bientôt trouver lemoyen
de le rendre avantageux.C
eftdu pa-
pier qu’elles achèteront; c’eft avec des aftignats
qu
ellesfatisferontà leurs créances : plus de retour en numéraire:
par-tout
un
difcréditfur le papier de nos principalesvilles decommerce
jun
échangeonéreux
les fiétrit: dès-lôrs,tandis
qu’un
fleuve d’or fortant de nos frontières, sétendchaque
jour fur des plaines étrangèresqu
il fertilife,une
aridité dévorante, de vains papiers, de ftérilesaftignats
,
tariflent les fources de la profpérité publique -, dès-lors , l’argent difparoîtra entièrement.
Sa
raretéen
accroîtra la rareté,comme
la terreur double le péril&
mukiplie lesfantômes.
Plus d’échange, plus d’arts
, plus de
commerce. Nos
richeffes réelles
au
loin ; des richslTes imaginaires dans nos foyers. Plus d’or, maisdu
papier*, des biens àvendre*3c tant d’incultes j mille
domaines
,&
pasun écu pour
les faire cultiver^ l’Etat gonflé fur-le-champ d’un
em-
bonpoint funefte, mais qui difparoît
pour montrer
l’iioLv^rible m.aigreur ôc fon entière dlifolution.
Tel
peur être- le fruit d’unremède extrême,
créant,pour un
inftant,'une
efpérancemenfongèrè
&cun
réveiltrompeur
,^que^doit fuivre
un
.inévitable ôc mortel engourdiflemeut^Il
Ainfi , 1
opium émeut d abord
^ enivre enfuite , éteint peu-à-peu lavie, ôc produit enfin dliorribles convulfions&
TafFreux reposdu
néant.Non
, cen
eft pointune
fidion défordonnéeque
celle quinous
faitpréfogerqu en augmentant
les caufesdu
mal,on ne
peutlefairecelfer.Mais
,nous
a-t-ondit, lacréation de400
millions d’affignats a ététrès-utile à la province,
puifque celle-cia retiré de lacapitale cent millions qu'elle devoit,
&
qu’il auroit été impoiîîble de payer par lerefïèrrement
du
numéraire.Ce
n'eft point tant à lapro- vince qu’aux banquiers , qu'aux faifeurs d'affairesque
cette émilîiona été utile.
Eux
feulsfont parvenus àfe li-bérer ,
en
rejetant le déficit des papiers lur leurs créan- ciers.Eux
feuls, après avoir reçu des efpècesmonnoyées ou
des marchandifes , les ont acquittées avecun
prix d'opinion. Jene
faispourquoi on
fe refuferoit à propo-£er,
au
lieudu bonheur
fantahique de pofféder tant de papierspour moyens
d’échange, ceproblème
arithmétique plus fimple,&
dont la lolution pourroit être bien plus utile. Sil'émifîîon de400
millions d’aiîignats aaugmenté
la valeur de l'argent, fi les premiers éprouvent
une
perte de 5 à 6pour 100
, quelle fera lavàkur
del'argent, <Sele taux de la perte fur lepapier, lorfqu'il
y en aura
en
circulation cinq foisdavantage Certes,ce feravraiment,
comme on vous
l'a dit dansun
autre fens, une décifion.hîen
hardU
que celle qui nousfartant de l'étatoù nous nous trouvons, feroitprendre40 pour
100 aux
capitaliftes,aux commerçans & aux
propriétaireslJefaisqu'avantl'émilîion.des afîîgnats, les billets, depuis l'embarrasde la Caille
d'Efcompte
, éprouvoient déjàune
perte confidérable,puifqu^on
puirquon ne
pouvoit les changer àhmple
préleiitation contre de Targentj mais, je ledemande
, ces alhgnats i profpères qui ont remplacé les billets , ont-ilsdiminue
cette perte > ont -ils
change
cette penuiiedeCpcces*
ce difcrédit de tout papier forcé , cette
augmentation du
prix dans les ventes, parceque
levendeur
calcule toujours la pertedu
change&
le déficit réeldu
paie-ment. Lorfqu’il y aura
pour deux
milliards de plus^d’adignats circulans , je le
demande,
trouvera-1-on un
changeplus facile,
&
la confiance, le crédit,de fcendrontils fur
nous
parune
miraculeufe&
fûbite infpiration Jeconfuke, pour
répondre ,&
lesterreurs des provinces,&
les cailfes d échangés d’afiîgnats contre le numéraire,
que
le patriotifme a été forcé d’y établir -,&
cet effroipublic
&
général dene
voir entre fesmains
,pour
gagede fa vie , de fa fubfiftance,de fapropriété,
que du pa-
pier.
Voyez
les Provinces&
Parisen
regorger :voyez
tous les impôts payés en cette
monnoie
,&
leGouver-
nement
haletantdebefoinavec cettechimérique
richeîle.Xous
lesmarchés
feront faits à perte, toutes fes opera- tions coûteufes&
pénibles. Il faudraqu
il fubdïe la loid’un
échangeénorme
,
pour
fournir la folde des troupes deterre&
demer.
Il faudra qu’il arrête rémigration des ouvriers, qu’ilmodère
en plufieurs lieux la cherté des denrées , qu’il adouciilè les peines , qu’il confole des fa- crifices,&
qu’ilcalme
le défefpoir.Il faut s’arrêterj car vos lumières, Meffieurs, devan- cent ce
que
j’aurois à ajouter, ceque
d’autres opinans préfenteront , fans doute , fur cette matière *, maisen
me réfumant
, je dis qu’en créantpour une femme
exorbitante d’alfignats , ce/l avilir notre
numéraire
&:I
diminuer notre véritable richefTe
; je dis
que
jamais le papier ne peut repréfenter lor,&
foutenir faconcur- rence; je dis
que
celuique
vous croirez attacher à 1acqui- fitiondes BiensNationaux, n
acquerra point, ôcqu
ilfera paffer à fes légitimes créanciers le produit de Votre émif- lîon*, je disque
ces créanciers, propriétaires
économes
,
véritables foi-tiens de l'Etat, iupporteronr prefque feuls lefardeau de 1emploides papiers, Sc
que
ceux-ci,comme
ime
lèpre politique, viendront frapper leurscœurs d
acca-blement
âc leurschamps
de frériliré. J’aipenféqu’un mou- vement
auiîî rapide , auiîi général , s’uniifantaux
étin- cellesd
infubordination particulière, pourroitmalheureu-
frementalumer un
incendie dévorant&
funelJeque
la prévoyance légiflatrice doit prévenir. J’ai penféque
l’ac- croiffementdu numéraire augmentant
le prix desden-
rées, le richene
deviendra pas plus opulent, tandisque
le
Peuple
deviendra plus malheureux. J’ai penfé qu’à la cherté des denrées tenoit celle des marchandifes, Scque
le
Commerce,
cette grande reirource des Etatsmoder-
nes, sanéantitpour nous,
fr l’ouvrier nepeut,
àbon compte
, vivre&
travailler. Je dis enfinque chaque Na-
tion voiiine s
armant
dun fyphon
funefre, épuifera notre or, fouillera dans le feindu
corps politique , le delTé- chera,&
en produira l’anéantiiremenr. C’efi:au nom
de la Patrie, qu’on vous ademandé
, Meilleurs,
pour deux
milliards d’alfign atsy cefi: en fcnnom
encoreque
jevous demande
de les repouiîerloind
elle.Une
pareillereiîource couvre trop de dangers; ôcCi fesennemis
avcientpu
con- cevoirun vœu
contre fa liberté ôc fa future fplendeur,cefi: peurêrre celui-ci qu’ils auroient formé.
15
Si la pretniète propofition
du Comité
de LiquidatioH„>e pat-oîr inadmiffible, il n’en eft pas de
même
de la fécondé.Les
quittances de financeen
effet prcfaitentun moyen
plusdoux, &
par conféquent préférable.LLtat
eft débiteur de dix-neuf cents millions de créances ecbues
ou
qui vont être exigibles. Il doit d’abord a fes créan- ciersune prompte
liquidation de leursp
èts , de leurs avances ;&
auf.îtôtune
reconnoiffance legale de leur valeur. L’Etat relfemble, en cemoment,
àun nom
reinfini de fes Citoyens qui ,
quoique
riches en propriétés foncières ,manquent
de numéraire ,&
qui , ans rienfaire perdre à leurs créanciers , leur offrent des chainps
pour
fe libérer,ou
s’engagent k leur déléguer leproduit certain de leur vente.Celui qui préfente plus de'reffources
que
de dettes, plus de biens territoriauxque
de charges a acquitter, e dansune
pofition gênée, maisnon
pérdleufe.Le ctéM
ciet-hypothécaire n’a pas droit de fe plaindre, lorlqueii lui confervant les droits,
on
luidonne
le caoix,ou
el’acquifition
du
fonds, dontune
partie de lapropriété lui a delà été aliénée par fouhypotheque
,ou
de la délé- gationdu
prix quiva
fe trouver entre lesmains
de lac- quéreur.Cette opérationeft celle
que
doivent produireles quit- tances d’Etat , les reconnoiffances liquidées de la dette publique.Chaque
porteur de ces quittances devient dèslors
un
créancier-hypothécaire des biens rnis en vente pat la Nation.Dans
le court intervalle&
de la liquidation Ôc de la vente,un
intérêt attaché à ces quittances témoi- gneroit le refpeétdu Corps
LégillatiFpour
les revenu^de la propriété.
Mon
defir feroitque
cet intérêt Fut dei6
trois
pour
cent,&
à-peu-près égalau
produit des terres._ II ne feroit point a(fez
modique pour
priver defecours ceux qui, ayant toute leur fortune dans les créances
du Gouvernement,
ne trouveroient pas de relTource ailleurs.Il
ne
feroit point allez confidérablepour
engager le créan- cier à préférer fon titre à 1acquiiîtion des propriétés na- tionales.Tout
paroit plus jufte alors, Sc tout devient plus aifé; car le crédit des Etats fè fonde fur la facilité de fes opérations,&
la juHice de ceux quiordonnent,
confoleceiîii qui font fournis, Sc alfureleur obéilfance.
Plus d’inquiétudes dans toutes les clalfes
; ôc les nuages nébuleux
abandonnent
notre atmofphère.Les
quittances ce financen
étant piusun papier-monnoie
, mais deve- nant réellementune
obligation foncière, ôc par conféquent levraipapier territorial, necirculent plus dans les condi- tions^les-moins
aifées, ôc n’yemportent
pointtoute efpê- raiîCe.Ces
quittances, divifées encoupons
de valeur di- verle, rendroient tout échange,toute acquifition plus fa- cile; mais sil étoit pofîible, ceque
jene puispréfumer^
que
ce papier garanti parle tauxmodéré
de fes intérêts, parune hypothèque
fpéciale ôc certaine , par l’honneur de laNation
; fi ce papier pouvoir encore éprouver la fiiiéèiiationde 1agiotage,pourquoi
cette alternatived
ac- croilTènientou
de diminution dans fa valeur,ne
frappe- toit-elle pas plutôt les créanciers de l’Etatque
les fimpîes cultivateurs; plutôt ceux qui ont fait avec l’Etat des opérations lucratives
,
que
les Citoyens tranquillesqui P
ontconnu du Gouvernement que
les charges Ôc les impoiidons; plutôt enfin ceux qui ont brillé dans le luxe profits de la finance,
que
ceux qui, obfcurs> pau~'vres
&
trop oubriés desRois,
desGrands &
desAdmi-
niftrateurs, ont cependant fabriqué
ou
cesvêtemens
faf- tueux qui les couvrent,ou
fait naître les denrées bien- faifantes qui les nourrUÎent.Avec un
papier-monnoie lePeuple
doiten fupponer
le difcrédit
ou du moins en
partager les dangers ^ avec des quittancesdefinance, leshommes
deCour,
leshommes de banque
, leshommes
de loi relient attachésau
fort de TEtat.Le
titrequ
ils onten main
les avertir fans ceifequ
ils doivent être Citoyens.Ce
n’eft pointau Peuple
,
ce
n
efi: pointau
propriétairequ
il faut apprendre àai-mer
la Patrie-, tout les y attache",&
leurs travauxcom
tinus,
&
leurs jouilPances firares, Sc leur efpoir toujours renailfant.Ceft pour
leshommes
qui ont concentré tou- tes leurs vues, tout leurbonheur
dansun
porte- feuilleque vous
devez créerune
Patrie. Il efttemps qu
ils con- noifiènt&
le défitde la fervir généreufementôcpoun
elle-même
, ôc ladouceur d en
avoir une.Forcés
par leur propre intérêt,à devenircitoyens,ceft alorsque
cesnombreux
créanciers s’efforcerontd’échanger leur papierterritorialcontreles fondsqu’il repi-éfenre. «On
parle de vendre, a dit
mon
éloquent confrèreM. de Mirabeau
, ôc l’onne
fourniroitau
publicaucun mcycn
d’acheter I Ignoreroit-t-on qu’avec rien
on ne
fait rien? «Les
quittances de finance font lesmoyens
jufies Scmc^
dérés d’acheter, Sc de faire tout ce qui efc avantageus d’exécuter.
En
vain les poirelfeurs de ces quittancesvou-
droient-ilsles faire circulerdans les ateliers Sc -les
manu-
faéturesj ils n’y ont pascours. L’agriculture feule les fol- licitei l’agriculture feule leur offre des cliamps, Sc fes
travaux , de touslesplus naturels àl’homme*,ellefeuleles appelle
pour
leur rendre le repos , des fentimens patrio.tiques
&
peut-erreun
cœur.Ceft
alors, Melfienrs,que
loin de vous èire égarés dans votre route, vous êtes ar- rivésau
but. Divifez les pclfeflions , multipliez les pro- priétaires , créez denouveaux
fujetsàTEtat , attachez cous leshomm.es
aufol qui les a vus naître^ c'eft lemoyen
derégénérerles moeurs publiques,&
c’ed la régénération_des mœurs
publiques, qui peut feule affurer la gloire 6c le
bonheur
de votre CoriHtution.Ucmifiion
des quittances de finance,mais non
celle desafiîgnats ayantun
cours forcé, peut fixer le véritablè point-de-vue
du
tableauque vous
acfiertM.
deMirabeau*
C
eiî: alorsque
vous pourrez réellementy confidérer le
civhme
fe reveillant tout-à-coup dans de certaines clalfes, aprèsune
profonde léthargie.Mais pour
faciliter ce ré-veil*, mais
pour que
TEtat foit à-Ia-fois bienfaifanc Scjufie, il peut ailurer
un
avantage à fes créanciers, ilpeut leur accorder
une
faveur dans lesacquifirionsàfaire.Que
celui qui iolderafes achats avec le papier natio- nal , obtienne, à enchères égales , la préférence fur Targent. Dès-lors la vadeurde ce papierne pourra qu'ac- croître ;du moins
fon émi'lion, quelque cenfidérabîe qu'cîleioit, circonferite danserheureufeslimites, &cbornée par des rives opulentes , ne viendra pas
comme deux
milliards d'rlïîgnats, c'efi:-à-dire ,comme un
torrent dè- vafiareiir, entraîner dans fon cours, de les comptoirsde^villes de les cabannes des laboureurs.
Sans doute ,les befoins urgens de nos finances
pour
la fin
de
cetteannée
, 6e le coiT>mencement de la pro-19
chaîne, exigerontencore
une
nouvelleémi
(14:11mais
du moins qu
elle Toit de p..ud
etendue , ôc limple-ment
propordcnnelieau
défieu
Ju
tieior publicj maisdu moins
cu’elle (oit rans cet inréiêt qui doit la dilcréaiter, qu’elleloirannoncée
invariablementcemme
ladernière.Pre-nons
alorslesmoyens
les plusprompts
d’accélérerlapercep- tiondesimpôts,demettreleniveauentreladepenle qui ucil:point encore parfairemeiir
connue
, la recette à exiger desccmribuables.Augmentons
d’efForrs,doublonsletemps
, s’iled
pcüible,&
travaillons, la nuit&
le jour, à cet imperrant objet.C’ed
lePalladium
de la Ccnilitution; c’eft le falutdu
peuple: c’ed la loi daprême.Par
cette double émiiîion , Sc d’affignars très-limités,
Ôc dequittances de finance, nulle çonvulfion,
aucun
dé- chirement déplorable.Ah
1 nedevenons
pas , je vousen
conjure , femblables à cesempyriques
qui , Icrfquon
auroitpu
guérir fans froUremenr,fans (épararion cruelle, avec des cahnansSc lebaume du temps
, prennent har-diment
le fer&
le feu, Sc viennent , inconfidérément,
porter les angoilfès
&
la douleur fur des êtres d’autant plus refpeétables, qu’ilsfont malades&
fennbles.PROJET DE DÉCRET.
L’Airemblée Nationale, oui le rapport de fon
Comité
des Finances., a décrété ce qui fuit :
1®. îl fera
inceiramment
procédé à la liquidation dela dette publique , à cet effet , il fera adjoint trente
nouveaux Membres
àchacun
des comités de liquidation,
de de judicarure ,
pour
reconnoitrechaque
partie des créances exigibles de arriérées.ISI
20
2^.
Immédiatement
après, il fera délivré àchaque
créancier, dont la créance aura été liquidée,une
quit- tance definance,ou
reconnoiirance de fa valeur, fuivant laforme
qui fera déterminée.3®.
Les
quittances definanceferontdiviféesen coupons
delooo
,500, 300 & 200
livres *,&
il leur fera fixéun
intérêt annuel de troispour
cent, décroilîànt, d*annéen année
, dedemi pour
cent.' 4®.
Tout
porteur de quittancesde finance feraadmis
/ à Tacquifitiondes biensnationaux ,
&
celui quien
verferapour une fomme
plus confidérable, aura, à enchères égales, la préférence furl’argent.5®.