Fiche de Synthèes du projet CogiTo Access : Cognition et réseau d'information : Une condition du niveau de service du système de mobilité mutimodale pour tous
Durée de la recherche : 24 mois
Coût de la recherche : - Budget Total : 195 192 €
- Subvention demandée : 92 138 €
Equipe de recherche : CEREMH, ERA Mobilité (CETE Nord Picardie/IFSTTAR/DEST), CRIDUP Partenariat : CG 78, CG 59
Responsables scientifiques : Claude DUMAS (CEREMH), Sylvie Mathon (CETE Nord Picardie), Virginie Dejoux (CRIDUP).
Problématique et objet de la recherche.
La loi 2005 sur l'accessibilité des personnes à mobilité réduite (PMR) évoque la chaîne de déplacement comme étant composée « du bâti, des voiries et espaces publics, des transports et de leur intermodalité ». Elle place l'usager au cœur de ses préoccupations en fixant comme objectifs à atteindre pour 2015, de permettre à tout individu quelles que soient ses caractéristiques propres, de pouvoir se rendre d'un endroit à un autre dans les mêmes conditions que n'importe quel autre individu. Davantage que la conséquence d'une situation individuelle, la mobilité dite « réduite » serait donc la conséquence d’une impossibilité d’interaction entre les capacités individuelles et l’environnement de vie de la personne qui entrainerait pour elle, un effort supplémentaire voire une impossibilité de se déplacer (non-mobilité).
Cependant, il semble que les personnes ayant des incapacités intellectuelles (PAII) fassent partie des oubliés des prescriptions réglementaires qui ont suivi la mise en place de loi du 11 février 2005, principalement par manque de connaissance sur leurs besoins en situation de déplacement.
L’objectif du projet est donc :
- de définir les besoins des gestionnaires quant à leur besoin des connaissances quant à la prise en compte des personnes ayant des incapacités intellectuelles,
- d’approfondir la connaissance des besoins de ces derniers quant à leur besoins informationnelles au cours de leur déplacement
- de fournir aux gestionnaires un ensemble de recommandations afin de mieux prendre en compte les PAII dans le traitement de la chaîne d’information
Méthodologie
Le besoin des gestionnaires a été étudié à partir d’une cinquantaine d'entretiens semi-directifs et en face à face, menés auprès de cinq familles distinctes d’acteurs ayant des logiques différentes :
• gestionnaires d'immeubles de logements (co-propriétés, bailleurs sociaux, maisons de retraite...)
• gestionnaires d'Etablissements Recevant du Public publics et privés (ex : établissements
d’enseignement, grandes entreprises, commerces/services, gares/pôles d’échange…)
• gestionnaires de voirie et espaces publics
• gestionnaires de services de transports (dont les parkings)
• gestionnaires de zones d’entreprises/activités, de zones de loisirs/tourisme, d’espaces naturels etc.
L’approfondissement des connaissances des besoins des personnes ayant des incapacités intellectuelles s’est fait, dans un premier temps, par des entretiens semi-directif menés dans 3 structures accompagnant les PAII dans leurs déplacements. Ce premier travail a permis de préciser les hypothèses de recherche, et d’ainsi mettre en place un protocole expérimental basé sur la réalisation de parcours commentés. Nous avons réalisé des passations avec 8 PAII (4 femmes, 4 hommes), sur un parcours multimodal qui leur était inconnu.
A partir des adresses de départ et d’arrivée, il était demandé à chaque sujet de se constituer un itinéraire, sans contrainte sur celui-ci ni les moyens utilisés afin d’étudier la phase de préparation.
Une fois le trajet débuté, les sujets étaient accompagnés par l’expérimentateur et par un accompagnant, afin d’approcher au plus près les stratégies élaborées, les éléments facilitateur de l’environnement, les obstacles et l’utilisation faite des interfaces.
Un retour sur le trajet était effectué avec chaque sujet.
Principaux résultats
Les entretiens et expérimentation menés ont fait apparaître de nombreux axes d’amélioration.
Tout d’abord, il est nécessaire de favoriser l’émergence de repères stables et continus, permettant de rassurer, faciliter le cheminement. En effet, il apparaît que tout changement par rapport aux conditions habituelles induit une perturbation conséquente dans le suivi de l’itinéraire.
Il apparaît également important de mettre à disposition des outils de calculs d’itinéraires plus simples à utiliser (meilleure tolérance à l’erreur) et offrant des restitutions d’itinéraires permettant de facilement faire le lien avec le réel : pas d’information non lié au guidage, pas de repère absolu qui ne sont pas utilisables par les PAII (nord-sud), cohérence de forme avec la signalétique utilisée dans l’environnement…
En termes d’aménagement du territoire, il faut éviter l’approche trop « marketing » des territoires qui peut nuire à la lisibilité de l’information ; le design poussé pour mettre en avant le caractère « exemplaire » et innovant de la collectivité conduisant parfois à une multitude de dispositifs sans cohérence entre eux.
D’autre part, il est important de ne pas surcharger l’environnement d’informations non- pertinentes amenant une distraction de la personne dans son activité de suivi d’itinéraire. Il serait par exemple souhaitable d’éviter les panneaux publicitaires aux endroits de prise de décision. De même, il faut éviter les messages sonores non informationnels.
Enfin, il faut ouvrir les signaux en faisant appel aux dimensions visuelles, auditives, sensorielles, olfactives, émotionnelles. En effet, il est pertinent d’utiliser différents canaux perceptifs (pour l’instant, seuls l’ouïe et la vue sont généralement sollicités) pour une même information, ce qui agit comme un renforçateur. Par exemple, l’intérêt des annonces sonores dans les transports publics est évident.
L’apport possible d’autres canaux sensoriels dans la chaîne informationnelle semble constituer un champ de recherche à part entière.
