Annales deToxicologie Analytique, vol.
XVIII,
n° 1,2006L'abus de Daturas et de Kava en Nouvelle Calédonie : une pratique inquiétante
Addiction involving Daturas and Kava in New Caledonia
Yann BARGUIL1*, Sylvain MERMOND(1), Pascal KINTZ(2), Marion VILLAIN2, Erwan CHOBLET", Vincent CIRIMELE2, Pierre CABALION(3), Daniel DUHET(3),
Jean-Yves CHARLOT4'
(1) CentreHospitalierTerritorialdeNouvelle-Calédonie,LaboratoiredeBiochimieetd'Hémostase,BPJ5 -98849Nouméa (2)ChemTox- 67400 Strasbourg (3)
Institut
de RecherchepourleDéveloppement (4) CentreHospitalierSpécialisé,Nouméa-Nouvelle-Calédonie*Auteur àquiadresserlacorrespondance : Yann
BARGUIL,
CentreHospitalierTerritorial deNouvelle-Calédonie, BPJ 5 -98849Nouméa - Nouvelle-Calédonie (Reçule 20janvier
2006; acceptéle 13février
2006)RESUME
En Nouvelle-Calédonie (N-C), paysfrançais du Pacifique Sud-Ouest,deux tendances inquiétantes émergentet ne doi¬
ventpasêtreignorées: lesconsommationsdedaturas, appe¬
léesHerbe du Diable, etcelle abusive d'une boisson tran¬
quillisante océaniennefaite à
partir
du rhizome d'unpoi¬vrier, le kava, surnomméNarcotic Pepperpar A. Shulgin.
Nous décrivons pour chaque plante une série de cas cli¬
niques et/oumédico-légauxrécents.
Lesdaturas (Daturasp.
&
Brugmensiasp.)sontdessolana¬cées herbacéesou arborescentes. Sixespèces ont étéintro¬
duites enN-C. Toutes lespartiesde la plante sont réputées contenirdesalcaloïdes tropaniquesdontl'atropine,mélange deDetL-hyoscyamine et surtout, lascopolaminequiprédo¬
mine danslesdaturas présentsenN-C. Cesdeuxagentsanti- muscariniques sontresponsables, selonladose, desedation ou de délire hallucinatoire - paifois cauchemardesque - recherchépar les usagers. Le diagnosticdoit pouvoirécar¬
ter un premier épisode de psychose et l'analyse toxicolo¬
giqueprend toute son importance. Surl'année 2005, nous rapportonsles cas de4hommes âgés de20à28ans hospi¬
taliséspourtroublessévèresducomportement aprèspour3
SUMMARY
InNew Caledonia (N-C), French countiy ofSouth Pacific, there are two new emerging problems : consumption of Daturas, so-called "HerbeduDiable"andabuseofa typi¬
calsedative drinkobtainedfromtheroots ofaPeppertree,
"kava", thatisknownas "NarcoticPepper",accordingtoA.
Shulgin.
Foreachplant, wedescribeaseriesofclinical and/orforen¬
siccases.
Daturas(Daturasp. & Brugmensiasp.)arebelongingto the Solanaceasgroup. Sixspecieshavebeenintroduced in N-C.
All thepartsoftheplantcontain tropanicalkaloids,such as atropine,amixtureofD and L-hyoscyamineandmostlysco¬
polamine. These drugs are involved in the hallucinogenic and sedativeeffects.
In2005, wehaveobseived 4casesinvolvingmen, aged 20to 28 years and hospitalized after severe impairment.
HPLC/DADwas usefulfor theidentificationofscopolamine inthepreparations, butdid notreachthe requestedsensiti¬
vityfor biological (blood and urine) specimens. For that, LC/MS-MS appears as the method of choice. Moreover, using this technique, segmentalhair analysis demonstrated
33 Annales deToxicologie Analytique, vol.
XVIII,
n° 1,2006L'abus de Daturas et de Kava en Nouvelle Calédonie : une pratique inquiétante
Addiction involving Daturas and Kava in New Caledonia
Yann BARGUIL1*, Sylvain MERMOND(1), Pascal KINTZ(2), Marion VILLAIN2, Erwan CHOBLET", Vincent CIRIMELE2, Pierre CABALION(3), Daniel DUHET(3),
Jean-Yves CHARLOT4'
(1) CentreHospitalierTerritorialdeNouvelle-Calédonie,LaboratoiredeBiochimieetd'Hémostase,BPJ5 -98849Nouméa (2)ChemTox- 67400 Strasbourg (3)
Institut
de RecherchepourleDéveloppement (4) CentreHospitalierSpécialisé,Nouméa-Nouvelle-Calédonie*Auteur àquiadresserlacorrespondance : Yann
BARGUIL,
CentreHospitalierTerritorial deNouvelle-Calédonie, BPJ 5 -98849Nouméa - Nouvelle-Calédonie (Reçule 20janvier
2006; acceptéle 13février
2006)RESUME
En Nouvelle-Calédonie (N-C), paysfrançais du Pacifique Sud-Ouest,deux tendances inquiétantes émergentet ne doi¬
ventpasêtreignorées: lesconsommationsdedaturas, appe¬
léesHerbe du Diable, etcelle abusive d'une boisson tran¬
quillisante océaniennefaite à
partir
du rhizome d'unpoi¬vrier, le kava, surnomméNarcotic Pepperpar A. Shulgin.
Nous décrivons pour chaque plante une série de cas cli¬
niques et/oumédico-légauxrécents.
Lesdaturas (Daturasp.
&
Brugmensiasp.)sontdessolana¬cées herbacéesou arborescentes. Sixespèces ont étéintro¬
duites enN-C. Toutes lespartiesde la plante sont réputées contenirdesalcaloïdes tropaniquesdontl'atropine,mélange deDetL-hyoscyamine et surtout, lascopolaminequiprédo¬
mine danslesdaturas présentsenN-C. Cesdeuxagentsanti- muscariniques sontresponsables, selonladose, desedation ou de délire hallucinatoire - paifois cauchemardesque - recherchépar les usagers. Le diagnosticdoit pouvoirécar¬
ter un premier épisode de psychose et l'analyse toxicolo¬
giqueprend toute son importance. Surl'année 2005, nous rapportonsles cas de4hommes âgés de20à28ans hospi¬
taliséspourtroublessévèresducomportement aprèspour3
SUMMARY
InNew Caledonia (N-C), French countiy ofSouth Pacific, there are two new emerging problems : consumption of Daturas, so-called "HerbeduDiable"andabuseofa typi¬
calsedative drinkobtainedfromtheroots ofaPeppertree,
"kava", thatisknownas "NarcoticPepper",accordingtoA.
Shulgin.
Foreachplant, wedescribeaseriesofclinical and/orforen¬
siccases.
Daturas(Daturasp. & Brugmensiasp.)arebelongingto the Solanaceasgroup. Sixspecieshavebeenintroduced in N-C.
All thepartsoftheplantcontain tropanicalkaloids,such as atropine,amixtureofD and L-hyoscyamineandmostlysco¬
polamine. These drugs are involved in the hallucinogenic and sedativeeffects.
In2005, wehaveobseived 4casesinvolvingmen, aged 20to 28 years and hospitalized after severe impairment.
HPLC/DADwas usefulfor theidentificationofscopolamine inthepreparations, butdid notreachthe requestedsensiti¬
vityfor biological (blood and urine) specimens. For that, LC/MS-MS appears as the method of choice. Moreover, using this technique, segmentalhair analysis demonstrated
33
AnnalesdeToxicologie Analytique,vol.
XVHt,
n° 1, 2006cas, l'ingestion detisane duDiableetpourle 4'"", la fumi¬
gationdansunshilomdelaplanteassociéeà dela marijua¬
na (dont les teneurs en THC variaient en 2005 de 0,25 à 13,8 %). Les analyses toxicologiques ont été réaliséespar HPLC/DADetparLC/MS-MS.Alorsquel'HPLC/DADmet¬
tait en évidence la scopolamine dans lesparties végétales (feuilles: 0,80à 10,60 pg/mg,fleursentières: 6,30à10,60 pg/mg,poidssec) etdans desdécoctionsdeBrugmensiasp.
(30à37 mg/L), ellenenous ajamaispermisderetrouverles principesactifs dansle sang ou l'urinedessujets. Dansces milieux, seulela LC/MS-MSapermiscette détection. Chez un sujet, la LC/MS-MS a prouvé par analyse capillaire séquentielle la consommation chronique de Datura inoxia.
Parcontre, l'analyse depoilsdebarbed'unconsommateur occasionnels'avéraitnégative.
Piper methysticum, communément appelé kavaestunepipé- racée traditionnelle du Pacifique dont les racines sont importéesen N-C La racine est broyée,puis malaxéedans l'eau, la solution estfiltrée et consommée dans des bars à kavaou nakamals. Les substances activessontdes lactones aux effets benzodiazépines-like. La consommation de cette boisson n'estpas réglementée enN-C. Or, depuis quelques années, on relève desformesd'abusdekavaàtype d'inges¬
tion massive ou depolyusage l'associant à l'alcool et au cannabis, cette dernière défonce étant communémentnom¬
mée « trithérapie » ou « triathlon » par les usagers eux- mêmes. A titre d'exemple, nous rapportons 4 cas médico- légaux survenus durant le seul mois de septembre 2005 concernant2hommesimpliquésdans2rixesdontl'unemor¬
telle, et 2 femmes dont l'une était retrouvée morte à so?i domicile. Leursâgesétaientcomprisentre24 et 30ans. Les analyses toxicologiques étaient réalisées sur le sang par HPLC/DAD. Chez les 2 hommes, le kava était associé au cannabis ; chez lajeunefemme, des kavalactones ont été retrouvéesenassociation àde la cyamémazinequilui était prescrite.
De Vethnomédecine aux nouvelles conduites addictives : sans référencesculturelles,l'usagedesplantes psychotropes estdévoyéetouvre laporte auxabus. Il s'agitsurtoutd'un polyusage associant plantes, alcooletcannabisàbut avoué de défonce parpotentialisation de leurs effets. Leprétexte d'un retour à la tradition ou d'une néo-tradition nepeut excusercesabusquidoiventêtreofficiellementdénoncéspar
les instances gouvernementales. Le « secret-défonce » doit êtrelevéet uneréglementation définie.
MOTS-CLÉS
Datura, kava, tradition, Nouvelle Calédonie.
Introduction
La Nouvelle-Calédonie est un pays français du Pacifique Sud-Ouest où le cannabis connaîtdes condi¬
tions climatiques idéales à sa croissance. La côte Est (auvent) etlesIlesLoyautéainsique
l'Ile
desPinssont particulièrementpropices àlaproduction demarijuanaà teneurs enTHC élevées, approchantpar endroits les 14 % (1).
A
notre connaissance, la production est consommée localement ou vendue sur la capitale - Nouméa - générant d'importantsrevenus pourles pro¬ducteurs.
Il n'y
aurait pas d'exportation à l'heureinonesubjectachronicabuseofDaturainoxia. However, in anothersituation, beardhair ofa chronic abuser remained negative.
Piper methysticum, generally called "kava" isan original plant ofthe Pacific. The root is grinded, mixed with water and afterfiltration, thepreparation is consumed in specific places, such as kava bars ornakamals. Active ingredients are lactones, withbenzodiazepineHikeeffects. Consumption isnotforbidden inN-C, andfrequentlyassociatedwithalco¬
hol andcannabis. Todocumentthis specificabuse,wereport 4forensiccasesobseivedduringSeptember2005. Kavaïne, tested by LC/DAD, was associated with cannabis in two casesandwithcyamémazineinone case.
Thesetwotypicalformsofaddictionappearasanewwayof polydrug abuse, involving traditionalplants, cannabisand alcohol. Deep impairment is obseived, due topotentialisa¬
tion oftheactive compounds. Old traditionscannotsupport thisbehaviourandpoliticsshouldtake itinto consideration toproposeasuitable legislation.
KEY-WORDS
Datura, addiction, kava,New Caledonia.
actuelle. Cetteculturese
fait
auxdépensdel'agricultu¬re vivrière qui est délaissée au
profit
de cette produc¬tion
de drogue, générant une économie parallèle bien plus lucrative.La consommation
d'alcool
est aussi importante.L'ivresseaigùeestresponsabledeviolences diverses et on compte trois fois plus d'accidents mortels en Nouvelle-Calédonie qu'en Métropole. Le Gouver¬
nement local apris lamesure de ces fléaux et « les addictions » sont un des thèmes de santé principaux retenuspour l'année2006.
Cependant, deux tendancesinquiétantes émergent etne doivent pas être ignorées : la consommation de
«Tisane duDiable» àbase dedaturasetcelle, souvent abusive, d'une boissontranquillisante océaniennepré¬
paréeàpartirdurhizome
d'un
poivrier,le«kava», sur¬nommé«NarcoticPepper»parAlexanderShulgin(2).
Afin d'illustrer
notre propos, nous décrivons une série de cas cliniques et/ou médico-légaux récents pour chaqueplante.Les daturas néo-calédoniens
Les daturas sont des solanacées herbacées (Datura spp.) ou arborescentes (Brugmansia spp.). Six espèces ontété introduitesen Nouvelle-Calédonie (3) : D. cor- nigera Hook.,D.
ferox
L.,D. inoxiaMill.,
D. metelL., D. stramonium L., B. suaveolens (Humb.&
Bonpl. exWilld.)
Bercht.&
J.Presl. Deparleurabondancenatu¬relle, quiles rendfacilementaccessibles, deuxespèces sont plusparticulièrementconsomméeslocalement, D.
inoxia etB. suaveolens.
AnnalesdeToxicologie Analytique,vol.
XVHt,
n° 1, 2006cas, l'ingestion detisane duDiableetpourle 4'"", la fumi¬
gationdansunshilomdelaplanteassociéeà dela marijua¬
na (dont les teneurs en THC variaient en 2005 de 0,25 à 13,8 %). Les analyses toxicologiques ont été réaliséespar HPLC/DADetparLC/MS-MS.Alorsquel'HPLC/DADmet¬
tait en évidence la scopolamine dans lesparties végétales (feuilles: 0,80à 10,60 pg/mg,fleursentières: 6,30à10,60 pg/mg,poidssec) etdans desdécoctionsdeBrugmensiasp.
(30à37 mg/L), ellenenous ajamaispermisderetrouverles principesactifs dansle sang ou l'urinedessujets. Dansces milieux, seulela LC/MS-MSapermiscette détection. Chez un sujet, la LC/MS-MS a prouvé par analyse capillaire séquentielle la consommation chronique de Datura inoxia.
Parcontre, l'analyse depoilsdebarbed'unconsommateur occasionnels'avéraitnégative.
Piper methysticum, communément appelé kavaestunepipé- racée traditionnelle du Pacifique dont les racines sont importéesen N-C La racine est broyée,puis malaxéedans l'eau, la solution estfiltrée et consommée dans des bars à kavaou nakamals. Les substances activessontdes lactones aux effets benzodiazépines-like. La consommation de cette boisson n'estpas réglementée enN-C. Or, depuis quelques années, on relève desformesd'abusdekavaàtype d'inges¬
tion massive ou depolyusage l'associant à l'alcool et au cannabis, cette dernière défonce étant communémentnom¬
mée « trithérapie » ou « triathlon » par les usagers eux- mêmes. A titre d'exemple, nous rapportons 4 cas médico- légaux survenus durant le seul mois de septembre 2005 concernant2hommesimpliquésdans2rixesdontl'unemor¬
telle, et 2 femmes dont l'une était retrouvée morte à so?i domicile. Leursâgesétaientcomprisentre24 et 30ans. Les analyses toxicologiques étaient réalisées sur le sang par HPLC/DAD. Chez les 2 hommes, le kava était associé au cannabis ; chez lajeunefemme, des kavalactones ont été retrouvéesenassociation àde la cyamémazinequilui était prescrite.
De Vethnomédecine aux nouvelles conduites addictives : sans référencesculturelles,l'usagedesplantes psychotropes estdévoyéetouvre laporte auxabus. Il s'agitsurtoutd'un polyusage associant plantes, alcooletcannabisàbut avoué de défonce parpotentialisation de leurs effets. Leprétexte d'un retour à la tradition ou d'une néo-tradition nepeut excusercesabusquidoiventêtreofficiellementdénoncéspar
les instances gouvernementales. Le « secret-défonce » doit êtrelevéet uneréglementation définie.
MOTS-CLÉS
Datura, kava, tradition, Nouvelle Calédonie.
Introduction
La Nouvelle-Calédonie est un pays français du Pacifique Sud-Ouest où le cannabis connaîtdes condi¬
tions climatiques idéales à sa croissance. La côte Est (auvent) etlesIlesLoyautéainsique
l'Ile
desPinssont particulièrementpropices àlaproduction demarijuanaà teneurs enTHC élevées, approchantpar endroits les 14 % (1).
A
notre connaissance, la production est consommée localement ou vendue sur la capitale - Nouméa - générant d'importantsrevenus pourles pro¬ducteurs.
Il n'y
aurait pas d'exportation à l'heureinonesubjectachronicabuseofDaturainoxia. However, in anothersituation, beardhair ofa chronic abuser remained negative.
Piper methysticum, generally called "kava" isan original plant ofthe Pacific. The root is grinded, mixed with water and afterfiltration, thepreparation is consumed in specific places, such as kava bars ornakamals. Active ingredients are lactones, withbenzodiazepineHikeeffects. Consumption isnotforbidden inN-C, andfrequentlyassociatedwithalco¬
hol andcannabis. Todocumentthis specificabuse,wereport 4forensiccasesobseivedduringSeptember2005. Kavaïne, tested by LC/DAD, was associated with cannabis in two casesandwithcyamémazineinone case.
Thesetwotypicalformsofaddictionappearasanewwayof polydrug abuse, involving traditionalplants, cannabisand alcohol. Deep impairment is obseived, due topotentialisa¬
tion oftheactive compounds. Old traditionscannotsupport thisbehaviourandpoliticsshouldtake itinto consideration toproposeasuitable legislation.
KEY-WORDS
Datura, addiction, kava,New Caledonia.
actuelle. Cetteculturese
fait
auxdépensdel'agricultu¬re vivrière qui est délaissée au
profit
de cette produc¬tion
de drogue, générant une économie parallèle bien plus lucrative.La consommation
d'alcool
est aussi importante.L'ivresseaigùeestresponsabledeviolences diverses et on compte trois fois plus d'accidents mortels en Nouvelle-Calédonie qu'en Métropole. Le Gouver¬
nement local apris lamesure de ces fléaux et « les addictions » sont un des thèmes de santé principaux retenuspour l'année2006.
Cependant, deux tendancesinquiétantes émergent etne doivent pas être ignorées : la consommation de
«Tisane duDiable» àbase dedaturasetcelle, souvent abusive, d'une boissontranquillisante océaniennepré¬
paréeàpartirdurhizome
d'un
poivrier,le«kava», sur¬nommé«NarcoticPepper»parAlexanderShulgin(2).
Afin d'illustrer
notre propos, nous décrivons une série de cas cliniques et/ou médico-légaux récents pour chaqueplante.Les daturas néo-calédoniens
Les daturas sont des solanacées herbacées (Datura spp.) ou arborescentes (Brugmansia spp.). Six espèces ontété introduitesen Nouvelle-Calédonie (3) : D. cor- nigera Hook.,D.
ferox
L.,D. inoxiaMill.,
D. metelL., D. stramonium L., B. suaveolens (Humb.&
Bonpl. exWilld.)
Bercht.&
J.Presl. Deparleurabondancenatu¬relle, quiles rendfacilementaccessibles, deuxespèces sont plusparticulièrementconsomméeslocalement, D.
inoxia etB. suaveolens.
Annales deToxicologie Analytique, vol.
XVUI,
n° 1,2006Datura inoxia (Figures 1, 2) est une plante herbacée annuelle dressée, robuste et invasive, présentant des poils glandulaires. Ses feuilles matures sontgrossière¬
ment ovoïdes et découpées. La fleur blanche, dressée, possède uncalicede5 à 11 cmde long, 3 à6 lobesde 13 à20mmdelong,quelquefoisincomplètementsépa¬
rés. La corolle,de.12 à 19cmdelong,estblancheavec desveines vertes. Le limbeestondulé etcomporteune dizaine de lobes alternes, grossièrementtriangulaires.
Les étamines ne sontpasexsertes, les anthères ont8 à 10mmdelong.Le
pistil,
de 10à 14cm, estinséréloin
derrière les anthères. Lefruit,
qui est unecapsuleglo¬buleuse et épineuse,
d'où
son nom de « pomme épi¬neuse », contient
jusqu'à
200graines. D. inoxia, assez commune comme mauvaise herbe, n'est jamais culti¬vée etaffectionnelesterrains vaguesensoleillésetaété probablement importée d'Australie, le plus proche continent. Originaire duMexique,
d'Amérique
duSud et desAntilles,
la plante a essaimé dans toutes les régions chaudes du globe.Brugmansia suaveolens (Figures 3, 4, 5) est une sola- nacée arborescente aux magnifiques fleurs pendantes en forme de trompette, au parfum agréable mais très entêtant, notamment le soir lorsque toutes les fleurs sont ouvertes. Lesfeuilles, ovoïdes etpileuses, ne sont pas découpées comme chez les daturas proprement dites.CommeD. inoxia,B. suaveolensesttraditionnel¬
lementutiliséeenAmériqueduSudpoursespropriétés hallucinogènes.
A.
. )-
P
ïY:
''':*'.
-.'/ .
j*>
V
y
\ T
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iè\/*
i
^
Figure3 : B. suaveolensouhybride (photo Y.B.).
/ « .
Figure1 :FleurdeD. inoxia (orig. Internet).
f
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t K
Figure4 : FleurdeB.suaveolensoud'hybride(photoY.B.).
a-'- «
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r'.v,\;':-$$%..,;;*
-V -"iv
?-**.,-
/
it
Figure2 :D. inoxia(orig. Internet). Figure 5 :Intérieurdecette mêmefleur(photo Y.B.).
Annales deToxicologie Analytique, vol.
XVUI,
n° 1,2006Datura inoxia (Figures 1, 2) est une plante herbacée annuelle dressée, robuste et invasive, présentant des poils glandulaires. Ses feuilles matures sontgrossière¬
ment ovoïdes et découpées. La fleur blanche, dressée, possède uncalicede5 à 11 cmde long, 3 à6 lobesde 13 à20mmdelong,quelquefoisincomplètementsépa¬
rés. La corolle,de.12 à 19cmdelong,estblancheavec desveines vertes. Le limbeestondulé etcomporteune dizaine de lobes alternes, grossièrementtriangulaires.
Les étamines ne sontpasexsertes, les anthères ont8 à 10mmdelong.Le
pistil,
de 10à 14cm, estinséréloin
derrière les anthères. Lefruit,
qui est unecapsuleglo¬buleuse et épineuse,
d'où
son nom de « pomme épi¬neuse », contient
jusqu'à
200graines. D. inoxia, assez commune comme mauvaise herbe, n'est jamais culti¬vée etaffectionnelesterrains vaguesensoleillésetaété probablement importée d'Australie, le plus proche continent. Originaire duMexique,
d'Amérique
duSud et desAntilles,
la plante a essaimé dans toutes les régions chaudes du globe.Brugmansia suaveolens (Figures 3, 4, 5) est une sola- nacée arborescente aux magnifiques fleurs pendantes en forme de trompette, au parfum agréable mais très entêtant, notamment le soir lorsque toutes les fleurs sont ouvertes. Lesfeuilles, ovoïdes etpileuses, ne sont pas découpées comme chez les daturas proprement dites.CommeD. inoxia,B. suaveolensesttraditionnel¬
lementutiliséeenAmériqueduSudpoursespropriétés hallucinogènes.
A.
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Figure3 : B. suaveolensouhybride (photo Y.B.).
/ « .
Figure1 :FleurdeD. inoxia (orig. Internet).
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Figure4 : FleurdeB.suaveolensoud'hybride(photoY.B.).
a-'- «
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Figure2 :D. inoxia(orig. Internet). Figure 5 :Intérieurdecette mêmefleur(photo Y.B.).
AnnalesdeToxicologie Analytique, vol.
XVHI,
n° 1,2006Une toxicité connue depuis longtemps
:La toxicité des daturas est connue depuis longtemps des populations amérindiennes d'Amérique du Sud.
Deux médecins portugais : Garcia
d'Orta
(1501-1568) et Cristobald Acosta (vers 1525-1594) ont très bien décritl'intoxication
par le datura et les effetspsycho¬tropes engendrés, letraitementet l'usageparles pros¬
tituées de cetteplante dansun butdesoumettre chimi¬
quement leursclients afindelesdétrousserparlasuite.
Cesrécits ontétéreprisbienplus tardparF. Guerraen 1974sous letitre« SexandDrugs
in
the 16,hCentury» (4). Dans cetexte oùl'ampleur
del'usagedes drogues est mis sur le compted'un
relâchementdes habitudes sexuelles enEurope et en Amérique, mais aussisur le compte du stress lié à la guerre du Vietnam, Guerra relève que l'usage des drogues psychotropes lors de relations sexuelles oupour combattrela fatigue est un phénomène déjà clairement analysé par les médecins portugais et espagnols du 16èmEsiècle.L'utilisation
des daturas nefait
paspartie des pharma¬copées mélanésiennes, ces taxons étant
d'introduction
moderne dans le Pacifique. Traditionnellement, toutes lesparties delaplante sont utilisées, afindeprovoquer une sedation, faire disparaître la fatigue ou plus sim¬plementdansunbutde «défonce »,état oùprédomine un délire hallucinatoire. Les fleurs sont utilisées en décoction. Elles sont aussi fumées en association avec ducannabis.
Les alcaloïdes tropaniques des Daturas
: Les principes actifs responsables des effetspharmaco- logiques sont des alcaloïdes tropaniques. Ces alca¬loïdes possèdent en commun un élément structural
bicyclique
azoté et sont des 8-méthyl-8-azabicy- clo[3,2,l]octanes.L'atropine-mélangedeDetL-hyos-
cyamine-
et la scopolamine sont des esters d'alcools tropaniques (tropanol et scopanol, respectivement) (Figures6 et7). Cesdeux substances actives des datu¬ras ont un intérêt pharmacologique majeur : ces deux agents antimuscariniques ontété lepoint de départ de la synthèse chimique de la plupart des anticholiner- giques utilisés enthérapeutique moderne.
H3C-~N^
^
M M
o l
(-)-hyoscyamine
"^
xî^J
Une nette prédominance de la scopola¬
mine
:Angeretcoll. ontdéterminélesconcentrationsen atro¬
pine et en scopolamine du D. inoxia en Nouvelle- Calédonie (5). Différentes parties de la plante ont été analysées après extraction au dichlorométhane. La phaseorganique concentréepanévaporationaétérepri¬
se par le mélange acétonitrile-eau (50/50) et analysée par CLHP-SM/SM. Dans la fleur, lascopolamine était présente à une concentration de 0,34 pg/mg, le
pistil
0,38 pg/mg et les graines 0,22pg/mg. Parrapport àla sopolamine, les auteurs ont noté quel'atropine
était présenteàdes concentrations 100foismoindresdansla fleur (5).Nous avons analysé les fleurs et les
feuilles
de Brugmdhsia suaveolens poussant à différents endroits de Nouméa, notamment celles d'une plante poussant devantl'entrée del'Université
utilisée éventuellement par des étudiants en quête de sensations fortes. Après séchageàl'étuve,lesvégétaux sont soumisàextraction audichlorométhane.Laphaseorganique concentréeest reprisepar un mélange acétonitrilë-eau (50/50) etana¬lyséepar
CLHP/BD
àl'aide
d'une colonne Symmetry C8 (5 um, 4.6x 250 mmWaters) avec élution en.gra¬dient de concentrations d' acétonitrile/ tampon phos¬
phate pH 3.6. Des décoctions sont réalisées selon les modesdepréparationetdeconsommationlocales etles concentrations en scopolamine sont déterminées par CLHP-BD.
Dans les feuilles, les concentrations en scopolamine varientde0,80 à 10,60 pg/mgdepoids sec, etdansles fleurs entièresde6,30 à 10,60pg/mg. Danslestisanes, les concentrations en scopolamine vont de 30 à 37 mg/1. Ces résultats sonten accord avec des études précédentes quimesuraient detelles concentrations en scopolamine chezlesBrugmansia.
Ainsi
B. sanguinea, reproduite par micropropagation invitro
de clones sélectionnés, est cultivée en Equateur en altitudepour la production de scopolamine. En 1990, laproduction équatorienne était estimée à 400 tonnes de feuilles sèches paran. D'après Bruneton, d'autres BrugmansiaFigure6:Formule chimiquedelahyoscyamine. Figure 7 : Formule chimiquedela scopolamine.
AnnalesdeToxicologie Analytique, vol.
XVHI,
n° 1,2006Une toxicité connue depuis longtemps
:La toxicité des daturas est connue depuis longtemps des populations amérindiennes d'Amérique du Sud.
Deux médecins portugais : Garcia
d'Orta
(1501-1568) et Cristobald Acosta (vers 1525-1594) ont très bien décritl'intoxication
par le datura et les effetspsycho¬tropes engendrés, letraitementet l'usageparles pros¬
tituées de cetteplante dansun butdesoumettre chimi¬
quement leursclients afindelesdétrousserparlasuite.
Cesrécits ontétéreprisbienplus tardparF. Guerraen 1974sous letitre« SexandDrugs
in
the 16,hCentury» (4). Dans cetexte oùl'ampleur
del'usagedes drogues est mis sur le compted'un
relâchementdes habitudes sexuelles enEurope et en Amérique, mais aussisur le compte du stress lié à la guerre du Vietnam, Guerra relève que l'usage des drogues psychotropes lors de relations sexuelles oupour combattrela fatigue est un phénomène déjà clairement analysé par les médecins portugais et espagnols du 16èmEsiècle.L'utilisation
des daturas nefait
paspartie des pharma¬copées mélanésiennes, ces taxons étant
d'introduction
moderne dans le Pacifique. Traditionnellement, toutes lesparties delaplante sont utilisées, afindeprovoquer une sedation, faire disparaître la fatigue ou plus sim¬plementdansunbutde «défonce »,état oùprédomine un délire hallucinatoire. Les fleurs sont utilisées en décoction. Elles sont aussi fumées en association avec ducannabis.
Les alcaloïdes tropaniques des Daturas
: Les principes actifs responsables des effetspharmaco- logiques sont des alcaloïdes tropaniques. Ces alca¬loïdes possèdent en commun un élément structural
bicyclique
azoté et sont des 8-méthyl-8-azabicy- clo[3,2,l]octanes.L'atropine-mélangedeDetL-hyos-
cyamine-
et la scopolamine sont des esters d'alcools tropaniques (tropanol et scopanol, respectivement) (Figures6 et7). Cesdeux substances actives des datu¬ras ont un intérêt pharmacologique majeur : ces deux agents antimuscariniques ontété lepoint de départ de la synthèse chimique de la plupart des anticholiner- giques utilisés enthérapeutique moderne.
H3C-~N^
^
M M
o l
(-)-hyoscyamine
"^
xî^J
Une nette prédominance de la scopola¬
mine
:Angeretcoll. ontdéterminélesconcentrationsen atro¬
pine et en scopolamine du D. inoxia en Nouvelle- Calédonie (5). Différentes parties de la plante ont été analysées après extraction au dichlorométhane. La phaseorganique concentréepanévaporationaétérepri¬
se par le mélange acétonitrile-eau (50/50) et analysée par CLHP-SM/SM. Dans la fleur, lascopolamine était présente à une concentration de 0,34 pg/mg, le
pistil
0,38 pg/mg et les graines 0,22pg/mg. Parrapport àla sopolamine, les auteurs ont noté quel'atropine
était présenteàdes concentrations 100foismoindresdansla fleur (5).Nous avons analysé les fleurs et les
feuilles
de Brugmdhsia suaveolens poussant à différents endroits de Nouméa, notamment celles d'une plante poussant devantl'entrée del'Université
utilisée éventuellement par des étudiants en quête de sensations fortes. Après séchageàl'étuve,lesvégétaux sont soumisàextraction audichlorométhane.Laphaseorganique concentréeest reprisepar un mélange acétonitrilë-eau (50/50) etana¬lyséepar
CLHP/BD
àl'aide
d'une colonne Symmetry C8 (5 um, 4.6x 250 mmWaters) avec élution en.gra¬dient de concentrations d' acétonitrile/ tampon phos¬
phate pH 3.6. Des décoctions sont réalisées selon les modesdepréparationetdeconsommationlocales etles concentrations en scopolamine sont déterminées par CLHP-BD.
Dans les feuilles, les concentrations en scopolamine varientde0,80 à 10,60 pg/mgdepoids sec, etdansles fleurs entièresde6,30 à 10,60pg/mg. Danslestisanes, les concentrations en scopolamine vont de 30 à 37 mg/1. Ces résultats sonten accord avec des études précédentes quimesuraient detelles concentrations en scopolamine chezlesBrugmansia.
Ainsi
B. sanguinea, reproduite par micropropagation invitro
de clones sélectionnés, est cultivée en Equateur en altitudepour la production de scopolamine. En 1990, laproduction équatorienne était estimée à 400 tonnes de feuilles sèches paran. D'après Bruneton, d'autres BrugmansiaFigure6:Formule chimiquedelahyoscyamine. Figure 7 : Formule chimiquedela scopolamine.
Annales deToxicologieAnalytique, vol.
XVHI,
n° 1,2006etleurshybridespourraientêtreutilisésàdesfinsextra¬
ctives (6). On notera cependant que dansnotre région, en Australie, on préfère cultiver une autre solanacée : Duboisia myoporoides (aussi présente en Nouvelle- Calédonie) et D. leichhardtii, un genre quipeutconte¬
nir
plus de3% de scopolaminedanslesfeuilles.Les concentrations importantes de scopolamine des décoctionsde fleurs de brugmansia expliquentque les usagers
n'utiliseraient
qu'une fleur pour réaliser la« Tisane duDiable »
lorsqu'ils
utilisentB. suaveolens ou un hybride, alorsqu'ils
peuventutiliser
plusieurs fleurslorsqu'il
s'agitdeDaturainoxia.Le délirehallu¬cinatoire seraitd'ailleurs rapidement atteint à
l'aide
de décoctionsdebrugmansia, tandis quelasedationpour¬rait
prédomineravecD. inoxia.Par
CLHP/BD,
nous n'avons retrouvé d'atropineni
danslesextraits végétaux ni danslestisanes.
Mécanisme d'action de la scopolamine au niveau central
:La scopolamine est un antagoniste muscarinique à
actioncentralequiinduit,chezlesrongeurs, unehyper- locomotion. En effet, c'est un antagoniste muscari¬
niquemixte bloquantaussibien lesrécepteurs
Ml
queles récepteurs
M2
du nucleus accumbens. Chez la femelle de rat Sprague-Dawley, l'antagonismeMl
entraîne une augmentation
d'activité
mêmeen présen¬ce
d'un
blocage des récepteursM2
responsable d'une libération d' acetylcholine,inhibitrice
du mouvement (7). Dans une autre étude (8), après administration aigùe, la scopolamineinduit
une activation faible àmodéréedetype «
extracellular
signal-regulatedkina¬se » (ERK) (kinase réguléepar un signal extracellulai¬
re) au niveau des noyaux gris centraux : système du striatum (putamen du noyau lenticulaire et noyau caudé), du noyau etdelacoque dunucleus accumbens (undesnoyauxduthalamus), du noyaulatéraldu
lit
de lastria
terminalis, del'amygdalecentrale, des couches profondes du cortex préfrontal, de l'hypothalamus paraventriculaire. La scopolamine ne possède pas unfort
potentiel addictif, 1'activation de cet ensemble étant trop faible, même si une partie du système de récompense (commelenucleus accumbens) eststimu¬lé. Cependant, 1'activation par la scopolamine des zones pré-citées peut expliquer les signes cliniques observés.
Ainsi,
1'activation du lobe temporal (amyg¬dale)
pourrait expliquer
leshallucinations.
Cliniquement, àfaibles doses, la scopolamine est res¬
ponsabledesedationcequipeutenfaireunedroguede soumissionchimique, àplus fortes doses, le syndrome anticholinergiqueest majeur avecun tableau de délire atropiniquemarquépardes hallucinations.
A
ce stade, l'analyse toxicologique apporte une aide indiscutableau
clinicien
quidoit
pouvoirécarter un épisodede psy¬chose, particulièrement
lorsqu'il s'agit d'un
sujet amené aux Urgences del'hôpital
parla Police quil'a
trouvé errant seuldans larue, après avoircommis des violencesettenantdes proposincompréhensibles.Nous rapportons les cas récents de 4 hommes âgés de 20à28 anshospitalisés
pour
troubles ducomportement après consommationde daturas.Cas cliniques
:Cas
N°l
:intoxication parD. inoxia.Nous décrivons
ici
lecasd'un
jeune patientde20 ans admis aux urgencespourun étatd'agitationavechallu¬cinations psychosensorielles survenant après la prise d'uneinfusiondefleurs de
Datura
inoxia.Les antécédentsdecepatientsont marquéspardemul¬
tiples expériences toxicomaniaques avec consomma¬
tion de cannabis etde champignons hallucinogènesen Métropole (amanite tue-mouche) ; on retrouve égale¬
ment une expérience au
Datura
stramonium dont les effets sontdécritscomme proches deceux du cannabis avec enpluslaprésencedepalpitations.A
cepropos,il
estintéressantde noter quedans lapéninsule malaise, D.fastuosa estutilisé pour sespropriétés «Ganja-like»
(9). Les addictions de ce patient ontdébuté avant son arrivée en Nouvelle-Calédonie et s'intègrent dans un contexte socio-familial
difficile
associant échecscolai¬reetrupture avecle
milieu
parental auquels'ajoute un refusdepriseenchargepsychologique.UneprisedeD.inoxia est retrouvée en
juin
2003 : le patient aurait fumé une fleur séchée de datura maisdit n'avoir
res¬senti aucun effet.
Le 10mai2004,lepatientestadmis aux urgencespour un état d'agitation avec hallucinations psychosenso¬
rielles sans agressivité.
Au
momentdelapriseen char¬geinitiale,
l'état
hémodynamique montreune tachycar¬dierégulière associéeàunehypertensionartériellesys- tolique supérieureà 180mmHg.
A
l'admission aux urgences,l'état
hémodynamique s'eststabilisé ;l'examenclinique retrouveunemydria-sebilatéralearéàctive, unesécheresse des muqueuseset lapersistance
d'un
étatd'agitation. Lebilan biologique estremarquableparsanormalitépuisqu'onneretrouve qu'uneaugmentation isoléedela creatinine phosphoki- nasetotaleà763UI/1 (N< 174UI/1).Le traitementini¬tial
associe lavage gastrique et administrationd'un
sédatifparvoieIV
(clorazépate 50 mg).Le patient esttransféréenunité desoins intensifspour surveillance. Le lendemain, on note la persistance d'une mydriaseassociéeà des troublesde l'accommo¬
dation. Fait notable, la mydriase persistera environ 7
jours après laprise du toxique.
L'évolution
est rapide¬ment favorable.
Annales deToxicologieAnalytique, vol.
XVHI,
n° 1,2006etleurshybridespourraientêtreutilisésàdesfinsextra¬
ctives (6). On notera cependant que dansnotre région, en Australie, on préfère cultiver une autre solanacée : Duboisia myoporoides (aussi présente en Nouvelle- Calédonie) et D. leichhardtii, un genre quipeutconte¬
nir
plus de3% de scopolaminedanslesfeuilles.Les concentrations importantes de scopolamine des décoctionsde fleurs de brugmansia expliquentque les usagers
n'utiliseraient
qu'une fleur pour réaliser la« Tisane duDiable »
lorsqu'ils
utilisentB. suaveolens ou un hybride, alorsqu'ils
peuventutiliser
plusieurs fleurslorsqu'il
s'agitdeDaturainoxia.Le délirehallu¬cinatoire seraitd'ailleurs rapidement atteint à
l'aide
de décoctionsdebrugmansia, tandis quelasedationpour¬rait
prédomineravecD. inoxia.Par
CLHP/BD,
nous n'avons retrouvé d'atropineni
danslesextraits végétaux ni danslestisanes.
Mécanisme d'action de la scopolamine au niveau central
:La scopolamine est un antagoniste muscarinique à
actioncentralequiinduit,chezlesrongeurs, unehyper- locomotion. En effet, c'est un antagoniste muscari¬
niquemixte bloquantaussibien lesrécepteurs
Ml
queles récepteurs
M2
du nucleus accumbens. Chez la femelle de rat Sprague-Dawley, l'antagonismeMl
entraîne une augmentation
d'activité
mêmeen présen¬ce
d'un
blocage des récepteursM2
responsable d'une libération d' acetylcholine,inhibitrice
du mouvement (7). Dans une autre étude (8), après administration aigùe, la scopolamineinduit
une activation faible àmodéréedetype «
extracellular
signal-regulatedkina¬se » (ERK) (kinase réguléepar un signal extracellulai¬
re) au niveau des noyaux gris centraux : système du striatum (putamen du noyau lenticulaire et noyau caudé), du noyau etdelacoque dunucleus accumbens (undesnoyauxduthalamus), du noyaulatéraldu
lit
de lastria
terminalis, del'amygdalecentrale, des couches profondes du cortex préfrontal, de l'hypothalamus paraventriculaire. La scopolamine ne possède pas unfort
potentiel addictif, 1'activation de cet ensemble étant trop faible, même si une partie du système de récompense (commelenucleus accumbens) eststimu¬lé. Cependant, 1'activation par la scopolamine des zones pré-citées peut expliquer les signes cliniques observés.
Ainsi,
1'activation du lobe temporal (amyg¬dale)
pourrait expliquer
leshallucinations.
Cliniquement, àfaibles doses, la scopolamine est res¬
ponsabledesedationcequipeutenfaireunedroguede soumissionchimique, àplus fortes doses, le syndrome anticholinergiqueest majeur avecun tableau de délire atropiniquemarquépardes hallucinations.
A
ce stade, l'analyse toxicologique apporte une aide indiscutableau
clinicien
quidoit
pouvoirécarter un épisodede psy¬chose, particulièrement
lorsqu'il s'agit d'un
sujet amené aux Urgences del'hôpital
parla Police quil'a
trouvé errant seuldans larue, après avoircommis des violencesettenantdes proposincompréhensibles.Nous rapportons les cas récents de 4 hommes âgés de 20à28 anshospitalisés
pour
troubles ducomportement après consommationde daturas.Cas cliniques
:Cas
N°l
:intoxication parD. inoxia.Nous décrivons
ici
lecasd'un
jeune patientde20 ans admis aux urgencespourun étatd'agitationavechallu¬cinations psychosensorielles survenant après la prise d'uneinfusiondefleurs de
Datura
inoxia.Les antécédentsdecepatientsont marquéspardemul¬
tiples expériences toxicomaniaques avec consomma¬
tion de cannabis etde champignons hallucinogènesen Métropole (amanite tue-mouche) ; on retrouve égale¬
ment une expérience au
Datura
stramonium dont les effets sontdécritscomme proches deceux du cannabis avec enpluslaprésencedepalpitations.A
cepropos,il
estintéressantde noter quedans lapéninsule malaise, D.fastuosa estutilisé pour sespropriétés «Ganja-like»
(9). Les addictions de ce patient ontdébuté avant son arrivée en Nouvelle-Calédonie et s'intègrent dans un contexte socio-familial
difficile
associant échecscolai¬reetrupture avecle
milieu
parental auquels'ajoute un refusdepriseenchargepsychologique.UneprisedeD.inoxia est retrouvée en
juin
2003 : le patient aurait fumé une fleur séchée de datura maisdit n'avoir
res¬senti aucun effet.
Le 10mai2004,lepatientestadmis aux urgencespour un état d'agitation avec hallucinations psychosenso¬
rielles sans agressivité.
Au
momentdelapriseen char¬geinitiale,
l'état
hémodynamique montreune tachycar¬dierégulière associéeàunehypertensionartériellesys- tolique supérieureà 180mmHg.
A
l'admission aux urgences,l'état
hémodynamique s'eststabilisé ;l'examenclinique retrouveunemydria-sebilatéralearéàctive, unesécheresse des muqueuseset lapersistance
d'un
étatd'agitation. Lebilan biologique estremarquableparsanormalitépuisqu'onneretrouve qu'uneaugmentation isoléedela creatinine phosphoki- nasetotaleà763UI/1 (N< 174UI/1).Le traitementini¬tial
associe lavage gastrique et administrationd'un
sédatifparvoieIV
(clorazépate 50 mg).Le patient esttransféréenunité desoins intensifspour surveillance. Le lendemain, on note la persistance d'une mydriaseassociéeà des troublesde l'accommo¬
dation. Fait notable, la mydriase persistera environ 7
jours après laprise du toxique.
L'évolution
est rapide¬ment favorable.
AnnalesdeToxicologie Analytique, vol.
XVfH,
n° 1,2006Rétrospectivement, àl'interrogatoire, lepatientrecon¬
naîtavoirpréparéetingéré une tisane préparée àpartir de 6fleurs deDatura inoxia séchées.
L'analyse toxicologique
initiale
dans le sang et les urines par CLHP/BD s'avère toutefois négative. La confirmation du diagnostic est apportée par l'analyse enLC-MS/MS
d'un prélèvement capillaire effectué 3 semainesplus tard (4juin
2004) (10). Les tauxdesco¬polamine mis en évidence varient selon le segmentde cheveux analysé etselonl'éloignementparrapportàla zone d'implantation. Nous obtenons ainsi 3 segments de3 cmclassés enfonctiondela distance parrapportà la racine (de 0à3 cm, de3 à 6cmetde6 à 9cm) avec des taux descopolamine de 14 pg/mg, 48pg/mg et43 pg/mgrespectivement. Cestauxde scopolamine etleur distribution tout au long des cheveux sont en faveur d'une prisechroniquedela plante (10)..
Le dosaged'atropineest resténégatifdans les prélève¬
mentscapillaires maisnous savonsquelestaux d'atro¬
pinecontenusdanslesfleursdeDatura,inoxia sontjus¬
qu'à 100foismoindres quelestauxdescopolamine (5).
Ce cas clinique montre
l'intérêt
des recherches de toxiques surlesmatricescapillairespourmettreen évi¬denceuneintoxication chroniqueparlesalcaloïdestro¬
paniques.
CasN°2:intoxication parB. suaveolens.
Patient de 20 ans admis aux urgences le 20/11/2004 poursuspicion
d'intoxication
aucannabis etaudatura.Le Service Médical d'URgence a été appelé parl'en¬
tourage dupatientà lasuitedes troubles du comporte¬
ment, avec notammentdes difficultés àreconnaîtreles membres de sa famille, ainsique des troubles circula¬
toires (irrégularitédupouls).
Dans les antécédents de ce jeune étudiant en lettres nousretrouvonsdesconduitesaddictivesmultiplesplus ou moins chroniquesavec consommation de cannabis, d'alcool, de tabac ; à noter également une réaction allergique au kava
(Piper
methysticum) le 08/04/2004 avec malaise vagal et manifestations oedémateuses ayant nécessité unehospitalisationet untraitementpar corticoïdes avecoxygénothérapie.Lorsque samère,infirmière, découvre sonfils lematin du 20/11/2004,
il
présente unerougeur facialeet cervi¬cale,
il
estincapable de la reconnaître et semble avoir unpouls irrégulier.Il
reconnaîtrapidementavoirfumé dans la nuit, entre23h et 6h du matin, du cannabis et des fleurs séchées debrugmansia.A
l'admission aux urgences vers lOh du matin, le patient présente un état de conscience normal sans désorientation ni agitationmais avec amnésie complè¬te desfaits. L'examen retrouveun syndromeanticholi- nergique : pupillesen semi-mydriase, réactives, séche
resse buccale etrougeur cervico-faciale. L'étathémo¬
dynamique est stable avec une légère tachycardie de repos à 90 battementsparminute, sinusale ;
l'électro-
cardiogrammeestnormalpar ailleurs.Les examens complémentaires sont normaux et une analyse toxicologique est demandée sur le sang etles urines.
i
L'analyse en
LC/MS-MS
retrouve dans le plasma un tauxde scopolamineà0,4ng/ml ; aucunetraced'atro¬pinen'est identifiée. Danslesurines,de
l'atropine
etde la scopolamine sont trouvées (3,9 ng/ml et 8,5 ng/ml, respectivement).Le dosage urinaire des dérivés cannabinoïdes par méthodeimmunoenzymatique
(AxSYM®,
Abbott) est égalementpositif.Le traitementmisenplace est unesimpleréhydratation parentérale associée àune surveillance.L'amélioration rapide de
l'état
dupatientlui
permetde quitter l'hôpi¬tal lesoirmême.
CasN°3:
Patient de 28 ans admis aux urgences pour une pro¬
bableintoxicationau datura.
Ce patient est amené le 01/02/2004 à 4 h 20 par des amisquidéclarent
qu'il
auraitbulaveilledansl'après-midi
de la«tisaneàclochettes », préparéepar unusa¬ger chronique qui en avait bu lui-même. Le patient auraitobservé lepréparateurde tisanemarcherentitu¬
bant et en se cognant aux murs avant de tomber par terre etde s'endormir.
A
l'examen cliniqueon note un syndrome atropinique avec délire hallucinatoire - le patientparlait avec des interlocuteurs absents - excitation psychomotrice, et obnubilationassociés àunemydriasebilatérale, symé¬triqueetréactive.L'état hémodynamiquedupatientest stable etlebilan para-clinique strictement normal.
Après administrationdecharbon activé,
il
esttransféré enpsychiatriepoursurveillance.L'évolution
estsimple avec récupérationcomplète et rapidelui
permettantde quitterl'hôpital
le03/02/2004.Il
estrevu 15joursplus tardpourprélèvementcapillaireàviséetoxicologique. L'analyse effectuéeenLC-MS/MS reviendra négative ce qui montrerait les limites de ce dosage encasdepriseuniquedeDatura auquel
il
faudrait préférerunprélèvementimmédiatdesangetd'urine.Cas
N°4
:Patient de 22 ans admis aux urgences le 12/01/2005 à la suite d'une agression, dans un contexte de troubles du comportement d'apparition récente. Ce patient inconnu des services psychiatriques ne présentait aucun antécédent médical notable en dehors d'une consommation de cannabis et de datura en décoction (consommation supposée chronique).
AnnalesdeToxicologie Analytique, vol.
XVfH,
n° 1,2006Rétrospectivement, àl'interrogatoire, lepatientrecon¬
naîtavoirpréparéetingéré une tisane préparée àpartir de 6fleurs deDatura inoxia séchées.
L'analyse toxicologique
initiale
dans le sang et les urines par CLHP/BD s'avère toutefois négative. La confirmation du diagnostic est apportée par l'analyse enLC-MS/MS
d'un prélèvement capillaire effectué 3 semainesplus tard (4juin
2004) (10). Les tauxdesco¬polamine mis en évidence varient selon le segmentde cheveux analysé etselonl'éloignementparrapportàla zone d'implantation. Nous obtenons ainsi 3 segments de3 cmclassés enfonctiondela distance parrapportà la racine (de 0à3 cm, de3 à 6cmetde6 à 9cm) avec des taux descopolamine de 14 pg/mg, 48pg/mg et43 pg/mgrespectivement. Cestauxde scopolamine etleur distribution tout au long des cheveux sont en faveur d'une prisechroniquedela plante (10)..
Le dosaged'atropineest resténégatifdans les prélève¬
mentscapillaires maisnous savonsquelestaux d'atro¬
pinecontenusdanslesfleursdeDatura,inoxia sontjus¬
qu'à 100foismoindres quelestauxdescopolamine (5).
Ce cas clinique montre
l'intérêt
des recherches de toxiques surlesmatricescapillairespourmettreen évi¬denceuneintoxication chroniqueparlesalcaloïdestro¬
paniques.
CasN°2:intoxication parB. suaveolens.
Patient de 20 ans admis aux urgences le 20/11/2004 poursuspicion
d'intoxication
aucannabis etaudatura.Le Service Médical d'URgence a été appelé parl'en¬
tourage dupatientà lasuitedes troubles du comporte¬
ment, avec notammentdes difficultés àreconnaîtreles membres de sa famille, ainsique des troubles circula¬
toires (irrégularitédupouls).
Dans les antécédents de ce jeune étudiant en lettres nousretrouvonsdesconduitesaddictivesmultiplesplus ou moins chroniquesavec consommation de cannabis, d'alcool, de tabac ; à noter également une réaction allergique au kava
(Piper
methysticum) le 08/04/2004 avec malaise vagal et manifestations oedémateuses ayant nécessité unehospitalisationet untraitementpar corticoïdes avecoxygénothérapie.Lorsque samère,infirmière, découvre sonfils lematin du 20/11/2004,
il
présente unerougeur facialeet cervi¬cale,
il
estincapable de la reconnaître et semble avoir unpouls irrégulier.Il
reconnaîtrapidementavoirfumé dans la nuit, entre23h et 6h du matin, du cannabis et des fleurs séchées debrugmansia.A
l'admission aux urgences vers lOh du matin, le patient présente un état de conscience normal sans désorientation ni agitationmais avec amnésie complè¬te desfaits. L'examen retrouveun syndromeanticholi- nergique : pupillesen semi-mydriase, réactives, séche
resse buccale etrougeur cervico-faciale. L'étathémo¬
dynamique est stable avec une légère tachycardie de repos à 90 battementsparminute, sinusale ;
l'électro-
cardiogrammeestnormalpar ailleurs.Les examens complémentaires sont normaux et une analyse toxicologique est demandée sur le sang etles urines.
i
L'analyse en
LC/MS-MS
retrouve dans le plasma un tauxde scopolamineà0,4ng/ml ; aucunetraced'atro¬pinen'est identifiée. Danslesurines,de
l'atropine
etde la scopolamine sont trouvées (3,9 ng/ml et 8,5 ng/ml, respectivement).Le dosage urinaire des dérivés cannabinoïdes par méthodeimmunoenzymatique
(AxSYM®,
Abbott) est égalementpositif.Le traitementmisenplace est unesimpleréhydratation parentérale associée àune surveillance.L'amélioration rapide de
l'état
dupatientlui
permetde quitter l'hôpi¬tal lesoirmême.
CasN°3:
Patient de 28 ans admis aux urgences pour une pro¬
bableintoxicationau datura.
Ce patient est amené le 01/02/2004 à 4 h 20 par des amisquidéclarent
qu'il
auraitbulaveilledansl'après-midi
de la«tisaneàclochettes », préparéepar unusa¬ger chronique qui en avait bu lui-même. Le patient auraitobservé lepréparateurde tisanemarcherentitu¬
bant et en se cognant aux murs avant de tomber par terre etde s'endormir.
A
l'examen cliniqueon note un syndrome atropinique avec délire hallucinatoire - le patientparlait avec des interlocuteurs absents - excitation psychomotrice, et obnubilationassociés àunemydriasebilatérale, symé¬triqueetréactive.L'état hémodynamiquedupatientest stable etlebilan para-clinique strictement normal.
Après administrationdecharbon activé,
il
esttransféré enpsychiatriepoursurveillance.L'évolution
estsimple avec récupérationcomplète et rapidelui
permettantde quitterl'hôpital
le03/02/2004.Il
estrevu 15joursplus tardpourprélèvementcapillaireàviséetoxicologique. L'analyse effectuéeenLC-MS/MS reviendra négative ce qui montrerait les limites de ce dosage encasdepriseuniquedeDatura auquel
il
faudrait préférerunprélèvementimmédiatdesangetd'urine.Cas
N°4
:Patient de 22 ans admis aux urgences le 12/01/2005 à la suite d'une agression, dans un contexte de troubles du comportement d'apparition récente. Ce patient inconnu des services psychiatriques ne présentait aucun antécédent médical notable en dehors d'une consommation de cannabis et de datura en décoction (consommation supposée chronique).