Espèces exotiques envahissantes marines
Risques et défis pour les collectivités françaises d’outre-mer
Doriane Blottière et Yohann Soubeyran Comité français de l’UICN
Initiative Outre-mer sur les EEE
doriane.blottiere@uicn.fret yohann.soubeyran@uicn.fr www.especes-envahissantes-outremer.fr
Avec le soutient de
Les milieux insulaires d’outre-mer sont particulièrement
vulnérables. En milieux terrestres, les espèces sont de mieux en mieux connues et des stratégies sont développées pour prévenir leur introduction, limiter leur dispersion et leurs impacts.
Mais quelle est la situation en mer?
Un état des lieux mené pendant 2 ans dans le cadre de l’Initiative Outre-mer
Plus de 40 contributeurs (chercheurs et gestionnaires) Avec le soutient du MTES, du MOM, de l’AFB et de l’IFRECOR
Une organisation entre 3 chapitres :
• Points clés sur les EEE marines
• La situation en outre-mer : constats, défis et recommandations
• Synthèses par régions et collectivités
L’outre-mer français
ZEE : + de 10 millions de km2, 97 % de l’espace maritime national
10 % des récifs coralliens et 20 % des atolls de la planète
Services écosystémiques des récifs coralliens en outre-mer évalués entre 950 millions et 1,3 milliards d’euros (Pascal et al., 2016)
61 espèces non-indigènes identifiées
Quelles sont les voies et vecteurs d’introduction ?
Le cas emblématique : le Poisson-lion dans les Caraïbes
Pterois volitans/miles
Origine: Océans Pacifique et Indien Voie d’introduction : aquarium
Date d’introduction: 1985 – 1992 ?
Première observation dans les Antilles françaises : juillet 2010
Impact écologique Prédation
Compétition
Déséquilibre de la chaine alimentaire Modification de la structure de
l’écosystème
Impact économique
Réduction des stocks de pêche
Dégradation du materiel de pêche et temps de manipulation Impact Sanitaire
Epines venimeuses
10 millions €/an
Pour les Antilles françaises (Binet et Smidt, 2015)
Le Poisson-lion dans les Caraïbes
Mais aussi…
Tubastraea coccinea
Origine : Océans Indien et Pacifique Introduction pathway : biofouling
Date de première introduction inconnue
Impacts : compétition avec les espèces locales
(coraux et éponges), biofouling sur les infrastructures
Carcinus maenas
Origine : Europe
Première observation : 2013 Impacts : prédation and compétition
Membranipora membranacea
Origine : Europe et Pacifique est
Impacts : fragilise les laminaires, diminue l’absorption de nutriments et la
photosynthèse
Halophila stipulacea
Origine : Océan Indien et mer rouge
Première observation en Martinique en 2006
Voie d’introduction : eaux de ballast et biofouling?
Impacts : compétition avec les espèces locales, modification de la structure de l’habitat
Dans les Caraïbes
A Saint-Pierre-et-Miquelon
La mangrove en Polynésie française, un écosystème introduit
Palétuvier Rhizophora stylosa
Origine : Nouvelle-Calédonie
Introduction intentionnelle entre 1930 et 1935
Introduction à Moorea mais dispersion au reste des îles de la Société
Controverse
Protection contre la houle et l’érosion, refuge de juvéniles, améliore la qualité des eaux
Déclin des espèces indigènes (graminée Paspalum vaginatum, grande fougère Acrostrichum aureum), zones d’eau stagnantes favorables aux moustiques et habitat favorable au rat noir (Rattus rattus)
Le cas d’Acanthaster planci
Etoile de mer corallivore Origine non connue avec
certitude : espèce cryptogène Episodes d’explosion
démographiques encore mal compris : enrichissement des eaux en nutriments ?
réchauffement climatique ? diminution des prédateurs des larves?
En 1979, perte de 70 % des coraux de la pente externe des récifs de Moorea (Adjeroud, 2012)
De 2002 à 2010, un autre
épisode dévastateur (Kayal et al., 2012)
Des territoires encore relativement préservés….
La Guyane française
3 espèces exotiques identifiées
Pas d’habitat favorable pour le Poisson-lion Pas de site d’aquaculture
Un projet de plateforme offshore
9 espèces exotiques envahissantes identifiées au Brésil
La Réunion
5 espèces exotiques identifiées Un ancien site d’aquaculture
Un traffic de plaisance limité mais un hub régional 35 espèces exotiques envahissantes identifiées en Afrique du Sud
Un manque de connaissances et de prise en compte du risque
Seuls 24.6 % des groupes
taxonomiques marins dans les territoires d’outre-mer
bénéficient d’un référentiel
relativement complet au regard des connaissances actuelles
(UMS Patrinat, 2016)
Au niveau mondial, seuls 2,5% des plans de gestion des AMP prennent en compte les EEE (Giakoumi et al. 2016)
Les directives européennes
Directive cadre sur l’eau, DCE : pas d’indicateurs sur les EEE
Directive cadre stratégie milieu marin, DSCMM : ne s’applique pas aux territoires d’outre-mer