Langage de pile d’un automate à pile
Théorème 1
On considère un automate à pile A = (Σ,Γ, Q, δ, γ0, F).
SoitH={γ∈Γ∗ | ∃f ∈Σ∗, ∃q∈Q, (q0, γ0)−→f (q, γ)}le langage de pile deA. AlorsH est rationnel.
Démonstration. On poseAn={a1, . . . , an, a1, . . . , an}et on définit une relation→surA∗n par : w→w′⇔ ∃i, ∃u, v∈A∗n, w=uaiaiv et w′ =uv.
On remarque que la relation → est noetherienne (il n’y a pas de chaîne infinie, car la longueur des mots est strictement décroissante), et confluente (si x→∗y etx→∗y′, alors il existez tel quey→∗z ety′→∗ z).
Donc pour toutw, il existe un unique motρ(w) minimal pour →.
On a alors le lemme :
Lemme 2
{w|ρ(w) =ε}=Dn∗.
Démonstration. "⊆" : Soitw tel queρ(w) =ε, et soitktel que w→kε.
Sik= 0, alorsw=εet doncw∈D∗n.
Soitk∈Ntel que pour toutw,w→kε ⇒w∈Dn∗. Soitw tel quew→k+1ε. Alors il existe w′ de la forme uvde taille 2ktel que w′→k ε, et tel quew=uaiaiv. Alorsw∈D∗n.
"⊇" : Évident par définition de→(une récurrence sur la longueur convaincra les sceptiques).
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On définit maintenant la substitutionσsurA∗n parσ(a) =D∗naDn∗. On a alors le lemme :
Lemme 3
Pour toutw∈A∗n,
σ(w) ={w′ |w′→∗w}.
Démonstration. "⊆" : Soitw=w1. . . wk. Alorsσ(w) =Dn∗w1D∗n. . . D∗nwkDn∗.
Soitw′∈σ(w). Alors, par le lemme précédent,w′ →∗w.
"⊇" : Par récurrence sur la longueur de la réductionw′→pw : Le casp= 0 est trivial.
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Soitptel que tout motw′ vérifiantw′ →pwsoit dansσ(w). Soitw′ tel que w′→p+1w.
Alors il existe ˆwvérifiant – w′→wˆ
– ˆw→pw – ˆw=uv – w′=uaiaiv
Par hypothèse de récurrence, ˆwest de la formed1w1. . . dkwkdk+1, avec lesdi dansD∗n.
Alorsuest de la formed1w1. . . dj(resp.d1w1. . . djwj) etvde la formewj. . . wkdk+1(resp.dj+1. . . wkdk+1).
w′ est donc de la forme
d1w1. . . djaiaiwj. . . wkdk+1 (resp.d1w1. . . djwjaiaidj+1. . . wkdk+1), ce qui conclut la récurrence car djaiai
(resp.aiaidj+1) est dansD∗n.
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Lemme 4
Pour tout rationnelK surA∗n, le langageρ(K) ={ρ(w)|w∈K} est rationnel.
Démonstration. Un motwest dansρ(K) si et seulement si il est irréductible pour→, et si il existew′ ∈K, tel quew′→∗w.
Donc
ρ(K) =σ−1(K)\
n
X
i=1
A∗naiaiA∗n
! .
Par stabilité des langages rationnels,ρ(K) est rationnel. ♦
On va maintenant montrer que le miroir ˜H deH est rationnel, ce qui impliquera queH est rationnel.
On suppose que dans l’automateA, l’alphabet de pile est Γ ={a1, . . . , an}.
Pour une transitionτ=q, γ−→y q′, hdansA, on définitµ(τ) =γh, que l’on étend à˜ δ∗.
On dit que deux transitionsτ et τ′ sontconsécutivessi l’état d’arrivée deτ est le même que l’état de départ de τ′.
On appelleK l’ensemble des suites de transitions deA consécutives.
K est clairement rationnel, car reconnu par l’automateA auquel on enlève la pile.
On a alors
H˜ =ρ(γ0µ(K))∩Γ∗.
Par le lemme précédent, et stabilité des langages rationnels, ˜H est rationnel.
Références : Carton, Langages formels, calculabilité et complexité.
Leçons : 909, 911
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