ACTA
MVSEI NAPOCENSIS
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1995
LES CALCAIRES U TILISÉS À LA CONSTRUCTION DES CITADELLES DACIQUES DES MONTS D ’ORÀSTIE
ET LES CARRIÈRES ANTIQUES
D échiffrer correctem ent le passé hi
storique de n ’im porte quelle nation est u n desideratum de ses succes
seurs, chargé d ’u n profond contenu éthique et de responsabilité vis-à- vis des peuples (L’A u teur).
T outes les citadelles daciques des M onts d ’O răştie sont em placées s u r des schistes cristallins — les m ésom étam orphites du groupe de Sebeş- L otru, po u r la p lu p a rt des gneiss e t des m icaschistes et de façon sub
ordonnée des q u artzites, des am phibolites e t des pegm atites — qui don
n en t, p a r érosion différenciée, des form es de relie! positives, bordées en p a rtie de p entes ab ru p tes, se p rê ta n t à la construction de forteresses (B lidaru, C etăţuie, P ia tra Roşie), D ans les form ations m étam orphiques a p p a rte n a n t à l’un ité m entionnée il se trouve des terrain s abrités, diffi
cilem ent accessibles, su rto u t dans les bassins su p érieurs des vallées; des lieux qui se dérobent à la vue sont aussi ceux de Valea A lbă où est empl-aeé l’établissem ent dacique F eţele A lbe ainsi que de la vallée G odeanu où a été érigée la capitale de l’E ta t dacique, Sarm izegetusa Regia.
C aractérisation p étro graphique-faciale des calcaires
qui com posent les blocs de p ie rre dont ont été co n struites les citadelles daciques des M onts d ’O răştie
N otre investigation a visé les citadelles daciques de la zone de S a r
m izegetusa Regia (C osteşti-C etăţuie, C osteşti-B lidaru et G răd iştea de M unte-D ealul Grădiştei)*, y e ffe c tu a n t d ’attentives observations m acro
scopiques su r les roches (blocs de pierre), dont elles sont construites.
E ta n t donné q u ’il n ’existe pas de différences p étro graphiques dignes d ’ê tre prises en ligne de com pte e n tre les blocs de roches qui compo
s e n t les m urailles de ces citadelles, nous en donnerons une description com m une, valable p o u r toutes les citadelles en question. La ressem blance, alla n t ju sq u ’à l ’identité, des roches qui com posent les m urailles des citadelles s’explique p ar une source géologique com m une.
* N o u s a d re s s o n s n o s re m e r c ie m e n ts a u x co llè g u e s: P ro f. clr. I. G lo d a riu e t A ssist. G. F lorea p o u r le s é c la irc is s e m e n ts arch éologiq u es q u ’ils n o u s o n t o ffe rts a v e c c o m p é te n c e e t a m a b ilité .
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D escription m acroscopique. Les calcaires de blocs de p ierre sont de couleur blanche, tira n t su r le ja u n â tre faible, ils sont m assifs ou strati
fiés et p rése n ten t fréq u em m en t une te x tu re vacruolaire due au x vides de dissolution superfène. Il y prédom ine les blocs à s tru c tu re oolithique et à caractère organogène, im prim é p a r la ten eu r en m icroorganism es (Miliolidae, Wonionidae, E lphidiaœ ae, .petits G astéropodes, etc.), en la m ellibranches (Ervilia, Cardiurn), bryozoaires, etc.; il y a p p a ra ît aussi des blocs de calcaires en faciès microconglomératique, gréseux, qui con
tien n en t des frag m en ts de quartz (quartzites), des lam elles de muscovite, concentrées quelquefois su r les surfaces de stratification, et tém oignant de l’origine m étam orphique de la source (les M onts de Sebeş).
D ans certains cas ap p araissent dans la roche des „pseudofilons"
(d’o rdinaire de 1 à 3 cm en épaisseur), constitués du m êm e m atériel que la roche-hôte; ceux-ci rep ré sen te n t des fissures, des fra c tu re s colm a
tées (de façon diagénétique) après la sédim entation, avec du m atériel carb o n atiq u e-p u artzeu x , cim enté. Ils sont reconnaissables aussi dans les couches de calcaires des affleurem ents de la colline Măgura (Călan) et constituent un arg u m en t en plus pour la source des bo-les de roches des citadelles daciques exam inées.
D escription m icroscopique. En v e rtu des analyses m acroscopiques e t m icroscopiques effectuées, on a déterm iné les espèces pétrographiques suivantes:
— Des calcaires oolithiques — roches de couleur b lancho-jaunâtre.
Les oolites à stru c tu re concentrique continuent u n noyan de m inéral terrig èn e (quartz, plagioclases, orthose-m icrocline, m uscovite-biotite, plus rarem en t, g ren at, épidote-zoïzite, staurolite, titani te, oxydes de fer, e tc .)
et quelquefois des lithoclastes (quartzites, gneiss); sont égalem ent présents des plagioclases p ro v e n a n t d ’une roche à stru c tu re ophitique, rep résen ta n t à l ’origine des m étahasites. La calci te corrode p a rtielle m e n t les m in érau x q u ’elle eoncrétionne. Des restes organiques (foramïnifères) pi, accidentellem ent, des pellets ap p a ra isse n t dans la m asse de la roche. Le liant des oolites est calcitique* m fcritique-sparitique (recristallisé). L’ap
parition d ’oolites privées de cen tre de concrétion es;t sporadique. La form e des oolites: sp h ériq u e (0,030—0,50 m m 0 ) , ellipsoïdale ou allongée (0,25 X 0,40—0,50 X 1,00 mm 0 ) dépend de la m orphologie des gra
nules support.
— Calcaires gréseux-suboolithiques. Ce sont des roches compactes do couleur b lan ch e-jau n âtre, parfois grises,, à lia n t micritique. Le con- crétionnem ent des cristalloclastes e t des lithoclastes est plus faiblem ent exprim é,
—· Des grès (par endroits, à l ’aspect m icroconglom ératique) apparais
sent sporadiquem ent (Cosleşti-Cetăţuie) et sont eonstitutés d ’un liant c a rto n a tiq u e qui cimente les cristalloclastes et les lithoclastes provenus du cristallin m ésom étam orphique de la série Sebeş-Lotru. On observe fréquem m ent des pellicules de calci te a u to u r des fragm ents de quartz, de feldspaths, de mica, etc. Com pte te n u de la ten e u r paléontologique, to u tes ces roches a p p a rtie n n e n t au Sarm atien in fé rie u r (au Volhynien).
Les caractéristiques litho-faciales des roches des m urailles des citadelles daciques (Monts d ’Oràstie) sont consignées aux Pl. I—III.
LES C A L C A IR E S U T IL IS É S À LA C O N S T R U C T IO N DES CITA D ELLES
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Il se dégage certaines p a rticu la rité s concernant les roches incorpo
rées aux m u rs des citadelles daciques explorées, telles que:
— Dans le cas de la citadelle de C osteşti-B lidaru, les m u rs p é ri
p h é riq u e s sont b âtis avec des blocs de calcaire façonnés (de différentes tailles, fréq u em m en t a u to u r des v a le u rs 78/45 X 60 cm), e t les m u rs in té rie u rs sont form és de blocs des m êm es calcaires, e n tre lesquels ont été placés, en quise de rem plissage, des fragm ents de roches cristallines du situ (m icaschistes, gneiss, migmatites,, quartzites).
—■ A Cos'teşti-Cetăţuie, le p a re m e n t e x té rie u r du m u r à contrefort e t du san ctu aire est form é de blocs de calcaires oolithiques organogènes;
dans certain s de ces blocs a p p a ra isse n t des élém ents de q u a rtz roulé (blanc, gris), qui confèrent à la roche u n caractère m icroconglom ératique.
D ans le p a re m en t e x té rie u r de La to u r à hab itats (No. 1), clans le m u r n o rd -e st (jartie est, 2-a rangée), le bloc No. 5 est fo rm - de grès gris q u a rtz itiq u e à lia n t carbonatique, ce qui co n stitue une exception. A C etă- ţu ie aussi to u tes les constructions sont em placées s u r des roches c rista l
lines (m icaschistes, gneiss).
— La citadelle S arm izegetusa Regia qui coiffe la colline G rădişte (la construction dacique) est in té g rale m e n t b âtie e n calcaires sarm atiens (différents faciès), provenant de la colline M ăgura (localité V alea S ân- georgiului —■ Călan). P a r contre, dans les m urs rom ains, érigés en vue de dé-fen d re la citadelle après la conquête, se tro u v e n t à la fois des blocs de calcaires sarm atien s et, plus rare m e n t, des andésites (fragm ents de tam bours et de pilastres), p ro v en a n t de l’ensem ble de constructions daci
ques d é tru ite s p a r les Romains.
— Les blocs de roches u tilisés p o u r toutes les citadelles daciques de la zone Sarm izegetusa Regia sont rep résen tés p étro g rap h iq u e m e n t p a r des calcaires oolithiques sarm atien s (volhyniens) e t des v a rié té s de ceux-ci (calcaires oolithiques — biogènes, calcaires oolithiques gréseux
—■ m icroconglom ératiques; très rarem ent, des grès à cim ent carbonatique et à stru c tu re oolithïque faiblem ent exprim ée).
Investigations géologiques et d ’identification des c a rriè res daciques d ’où a été exploité le calcaire utilisé à la construction
des citatelles des M onts d’O răştie
B re f historique. Le géologue Gy. H alavâts1 affirm e q u e la p ierre dont e st co n stru ite la citadelle de Căpâlna es;t la m êm e que celle utilisée pour d ’au tre s citadelles des M onts d ’O răştie. Une idée sim ilaire a été e xprim ée p a r Fr. Schafarzik2 (cité d ’ap rès V. W ollm ann)3. Conform é
m ent à l ’affirm ation de l’archéologue G. F in â iv 4, le géologue A. Koch définit la roche en cause comm e é ta n t ‘„un calcaire sa rm a tien avec C erithium , C. p ictum “ et suppose q u ’il p ro v ien t de la colline M ăgura à proxim ité de Călan.
E n ce qui concerne les blocs de calcaires de la citadelle de Căpâlna, E. Stoicovici confirm e leu r provenance de la colline M ăgura (d’après
1 G y. H a la v ä ts , d a n s A r c h lir t, X X V I, 1, 1906, p. 355.
2 F r. S c h a fa rz ik , D e ta illie rte M itte ilu n g e n ü b e r d ie a u f d e m G e b ie t d es u n g a r is c h e n R e ic h e s b e fin d lic h e n S te in b r ü c k e , B u d a p e s t, 1900, p . 240.
3 V, W o llm a n n , d a n s S a rg e tia, X , 1973, p. 12, no. 12.
4 G. F in ä ly , d a n s A r c h ß r t, X X X V I, 1916, p. 42.
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I G lodariu0). La données ci-dessus ont été adoptées sans équivoque ou avec certaines réserves p a r les archéoloques (D. M. Teodorescu6; H. D ai- coviciu7; C. Daicoviciu et Al. Ferenczi8; I. G lodariu9) en raiso n de l ’ab sence d ’une étu d e spéciale consacrée à ce sujet.
C onsidérations géologiques générales. La région investiguée, où se trouve la colline M ăgura Calanului, a p p a rtie n t géologiquem ent au golf sédim entaire H aţeg, d ’âge m iocène, ram ifié du couloir d u M ureş et délim ité par les localités Deva — S im eria — O răştie au N ord, e t H aţeg au Sud. Les form ations géologiques du bassin sont rep résen tées p a r des dépôts badénaiens (roches d étritiques, carbonatiques) e t sarm atiens in férieurs, volhyniens respectivem ent (calcaires oolithiques, calcaires orga- nogènes, calcaires gréseux à m icroorganism es, m inces intercalations de m arno-caloaires e t de m arnes).
Géologie clu secteur Dealul M ăgura (Călan). Les form ations géolo
giques qui co n stitu e n t la colline M ăgura sont représentées p a r une suc
cession de couches d ’une épaisseur de 80 à 100 m environ, qui affleu re n t tout au long du v e rsa n t m éridional m ais aussi ailleurs. A la base s u r v ien n e n t des calcaires gréseux, parfois avec des n iveaux riches en m us- covite, tra h issa n t de la sorte une source m étam orphique, suivis p a r des calcaires oolithiques et organogènes; tous sont disposés en couches dis
tinctes de 30 à 40 cm d ’épaisseur à la p a rtie in férieu re et de 0,50 à 1 m (tout au plus 2 m) d ’épaisseur à la partie supérieure; la disposition des calcaires en couches distinctes a eu u n e im portance p articulière, tel q u ’on le v e rra , dans le processus d ’exploitation. À la p a rtie in férieu re apparaissent des intercalations de sables ou de grès carbonatiques faible
m en t cim entés, tandis que dans la zone su p érieu re on rem arq u e des niveaux m inces de m arnocalcaires, quelquefois des sables riches en fossi
les (gastéropodes). Les fossiles présents dans ces intercalations sont surtout· de p etits gastéropodes, la fréquence la plus grande é ta n t celle de C erithium ru biginosus (Eichwald), aux côtés duquel apparaissent des form es de Carclium obsoletum (Eichw.), E rvilia podolica (Eichw.), M urex sp., B ulla sp.; à la loupe binoculaire e t en sections m inces au m icro
scope on décèle: des M iliolidae, Nonionidae, Elphidiaceae, des Bryozoai
res, des O stracodes, etc., association cara c té ristiq u e du S arm atien infé
rie u r (du V olhynien).
Localisation des carrières antiques (daciques). C’est avec satisfaction et ém otion que nous avons visité les carrières daciques, actives voici 2 m ille ans, identifiées dans la colline M ăgura (Calanului). Les carrières sont situées su r la surface stru c tu ra le de la colline, é ta n t rép a rtie s sur une aire qui occupe plus d ’un kilom ètre en longueur (Est-Ouest) et 500 à 800 m en larg e u r (Nord-Sud).
Q uique le degré de boisem ent soit avancé, le contour ou la form e des carrières se conservent très bien à plus d ’un endroit. En réalité, des carrières plus p etites ou plus développées sont présentes su r la presque
3 I. G lo d a riu , d a n s A d a M N , X X I I —X X II I, 1985— 1986, p. 100.
0 D. M. T e o d o re sc u , d a n s A C M IT , II, 1929, p. 5—9.
7 H , D a ico v iciu , D e la B u r e b is ta la c u c e rire a ro m a n ă , C lu j-N a p o c a , p .; 51.
8 C. D aico v ic iu , A i. F e re n c z i, A ş e z ă r ile d a cice d in M u n ţii O ră ştiei, B u c u re şti, 1951.
9 I. G lo d a riu , d an s N £ H , V I, 1, 1980, p. 41—43.
LES C A L C A IR E S U T IL IS É S À LA C O N S T R U C T IO N DES CITA D ELLES
to ta lité de la colline M ăgura, tra h ie s p a r des excavations et des parois v erticales d ’excavation, à une h a u te u r v a ria b le de 1 à 4 m et, rarem en t, davantage. Le fro n t des carrières est différem m ent orienté: il est fré q uem m ent dirigé vers le sud, parce que les couches sont inclinées vers le nord et re n d e n t possible u n dégagem ent (une exploitation) plus aisé des blocs de roche, m ais on re n c o n tre aussi des fro n ts d ’exploitation à direction est e t ouest (en ra p p o rt avec la configuration d u terrain ), p lu s p a rticu liè re m e n t à l’ex trém ité occidentale de la colline M ăgura (Pl. VU).
Caractérisation pétrographique-faciale des calcaires des carrières (da- ciques) de la colline M ăgura (Colanului). L’analyse m icroscopique des échantillons de roches a p p a rte n a n t aux carrières a débouché su r la d é
term in atio n des types p étro g raphiques suivants:
— Calcaires biosparitiques — constitués d ’un cim ent calcitique m i
crogranulaire, qui englobe u n e g ran d e q u a rtité de m icro-organism es (M iliolidae, Elphidideae, N onionidae, fragm ents de B ryozoaires, d e L a
m ellibranches et de Gastéropodes), le plus souvent diagnénisés; plus rare s sont les pellets e t le oolites. Les élém ents m in érau x terrig è n e s font défaut.
—■Calcaires biom icritiques ■— pelm icritiques de façon subordonnée, constitués d ’une m asse ealcitiqiie m ieritique, avec des m icro-organism es e t des pellets; p a r endroits, le carbonate e st taché (ferrugineux).
—. Calcaires gréseux-suboolithiques —■ roches com pactes de couleur blanche, riches en lam elles d e musoovite et de quartz. L ’analyse a u m icroscope rév èle le lia n t micritique-calcitique,, qui englobe des fra g m ents allogènes de form e angulaire, rep résentés p a r du q u a rtz à e x tin ction ondulatoire, de l’orthose, du m icrocline, des m icas (partiellem ent rem placés p a r de la calci te), de l’épidote ét d u dîsthène. La roche pro v ien t de la p a rtie in fé rie u re de la couche de calcaires de la colline M ăgura (au dehors d u p érim ètre des carrières).
—. Calcaires oolithiques —- roches de tein te blanche, faiblem ent ja u n â tre , p lu s rare m e n t grise, ou faiblem ent ferrugineuse. Du point de vue pétro g rap h iq u e, elles re p ré se n te n t des calcaire oolithiques typiques;
certaines intercalations fo n t la tra n sitio n vers les calcaires oolithiques- organogènes (m icro-organism es: M iliolidae, E lphidideae, N onionidae, p e
tits Gastéropodes,, restes de B ryozoaires et d ’Ostracodes, etc.), avec ou sans la particip atio n des pellets. Elles ren fe rm e n t aussi des m acrofossi
les (C ardium , E rvilia et C erithium ). Les oolites incorporées d a n s u n lian t calcitique, m ieritique o u m icritiq u e-sp aritiq u e (diagénétiquem ent recristallisé) ont des dim ensions com prises d ’ord in aire e n tre 0,50—
0,80 mm, donc en-dessous de 1 mm. Les oolites ré su lte n t du dépôt con
cen triq u e de la calcite pelliculaire a u to u r des cristalloclastes de quartz, plagiocLases orthose, m icrocline, m uscovite (habituellem ent), m ais aussi au to u r de m in érau x rares (épidote, m onazite, zircon, titan ite, ilm énite, m agnétite, etc.); .plus rare m e n t ap p araissen t aussi des corpuscules oolithiques privés de centre de concrétionnem ent.
D ans certains cas, le m icroscope révèle l’effacem ent p a rtiel de la stru c tu re oolithique à cause de la recristallisatio n diagéné,tique de la roche (spariticisation), qui d ev ien t m assive-com pacte. Les cristalloclastes et n o tam m ent le quartz, m anifesten t fréq u em m en t des phénom ènes de corrosion de contact avec la calcite pelliculaire.
2 0 4 I O AN MARZX
Les caractéristiques stru c tu ra le s-te x tu ra le s et la com position p étro - graphicjue de ces roches sont illustrées au m oyen de m icrophotographies a la PL IV.
Considérations sur l’exploitation. Le dégagem ent des blocs de p ierre p ar un personnel spécialisé se réalisait en suivant les niveaux ou les bancs de calcaires e t les fissures n aturelles; le détachem ent linéaire des blocs au m oyen d ’un coin e t le découpage au ciseau é ta it p ratiq u é avec h a b i
leté; c’est dans la c a rriè re que les blocs é ta ien t am enés à la taille exigée et q u ’éta it réalisé le finissage. Des traces de découpage au ciseau se conservent encore de nos jours (il ap p araît souvent des form es ou des sillons réalisés au ciseau, qui rap p ellen t les branches d ’u n sapin penchées des d eux côtés), éton n am m en t distinctes, su r u n e des parois de la façade est, d ’une grande carrière (à la paroi n a tu re lle de calcaire, h aute de 4 m environ) située à l ’e x tré m ite ouest de la colline M ăgura.
P lus rares sont les carrières à exploitation en p etits paliers (env. 2 à 8 m). A l'em placem ent de la construction envisagée —· tel que nous l ’apprend I. G lodariu — se faisaient seulem ent les aju stem en ts nécessai
res des blocs, y com pris certaines opérations spéciales (niches pour les cram pons en bois, cannelures, etc.).
D ans la p ierre gravée d ’une carrière est conservée, p arfaitem en t lisible, une le ttre grecque (çp), creusée dans la p ierre e t encadrée d ’un carré réalisé au ciseau. Des blocs de calcaire à l ’é ta t n a tu re l ou p a rtielle m ent façonnés se tro u v e n t dans les carrières m ais aussi à la base de la pen te sud de la colline M ăgura en-dessous de la ro u te conduisant au faîte de la colline. Ce sont des preuves supplém entaires concernant les exploitations antiques de ces lieux.
L ’exploitation p a r petites carrières, su r le v e rsa n t su d de la colline M ăgura est in certaine; en u n seul en d ro it on p e u t soupçonner l ’exis
tence d ’une carrière, ce dont p o u rra ien t tém oigner des m arches qui sem blent ne pas ê tre naturelles.
C ertaines constructions rom anes de la région de Călan (telles les établissem ents de bains publics) ont été réalisées égalem ent av ec des calcaires p ro v en an t de la colline M ăgura (Călanului), d ’où découle la conclusion que les R om ains ont continué à exploiter les carrières daci- ques m entionnées.
Le transport. La question d u tra n sp o rt des blocs de p ierre, p a r les Daces, depuis la colline M ăgura ju sq u ’aux citadelles des M onts d ’Orăş- tie, a préoccupé les antécesseurs à la fois sous l’aspect de la m odalité de tra n sp o rt p ro p re m en t d ite e t d u tracé su r leq u el celui-ci a été effec
tué. L aissant a u x archéologues le privilège de répondre à c ette question, nous nous bornerons de rap p e ler avec satisfaction que, lors de n o tre péri
ple en com pagnie du Prof. I, G lodariu, nous avons identifié pour la prem ière fois u n chem in qui se trouve e n contrebas de la colline M ă
gura (côté sud), de 8 à 10 m environ en largeur, qui conduit, en direc
tion ouest, v ers les citadelles daciques des M onts d ’O răştie. M orpholo
giquem ent, le tra c é de ce chem in est bien conservé e t épouse approxi
m ativem ent la courbe de niveau en-dessous de la colline M ăgura, de Pouest à l ’esţ. U n deuxièm e chem in an tiq u e descend du som m et (dans la p a rtie e st de la colline) e t rejo in t le chem in évoqué ci-dessus (Pl. VII);
c’est su r ces chem ins que l’on c h a rria it les blocs de p ie rre e x tra its des
L E S C A L C A I R E S U T I L I S E S A LA. C O N S T R U C T I O N D E S C I T A D E L L E S
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carrières daciques. Il est probable qu’il y av ait aussi d ’a u tres voies de tra n sp o rt vers le nord-est, ju sq u ’à la vallée d’Orăştie, secteur que nous n ’avons pas exploré. Il est fo rt possible que le chem in de tra n sp o rt daci que a it suivi le faîte (chem in de faîte), du m oins pour la construc
tion. des citadelles les plus proches, tel q u ’est le cas des citadelles Cos- i eşti—B lid aru et C osteşti— C etăţuie. Le chem in de faîte év itait les pentes ab ru p tes et abrégeait la distance e n tre le lieu d ’exploitation e t celui de construction.
Conclusions
Nous avons procédé à l’exam en pétrographique-facial, du point de vue m acroscopique (à pied d ’oeuvre) et m icroscopique (dans le lab o ratoire) des blocs de calcaires au m oyen desquels ont été construites les citadelles daciques de Costeşti (Blidaru, C etăţuie), S arm izegetusa Regia, (Dealul G rădiştii) et avons effectué des investigations géologi
ques à pied d ’oeuvre dans la région Călan—Valea Sângeorgiului et D âncu M are, G rid, en v u e d’id en tifier la source de provenance de ces roches.
Les résu lta ts o n t été couronnés de succès en ce .sens q u ’ il a été établi de î aÇOn indubitable: la form ation géologique d ’origine des blocs do calcaires —· dépôts carbonatiques sarm atiens basaux (valhyniens) utilisés p a r les co n structeurs daces à l’édification des citadelles m o n u
m entales des M onts d ’Orăştie, y com pris le lieu d ’occurrence de ceux-ci (la colline M ăgura, proche des localités Valea S ângeorgiului— Grid), et les carrières qui se tro u v e n t à la surface de la colline, s ’é te n d a n t sur une aire de 1 km 2 environ. Nous avons égalem ent identifié la m éthode d'axploitation em ployée dans la carrière, ainsi que, p artiellem en t, le chem in p a r où s ’est effectué le tra n s p o rt des blocs de p ierre vers les chantiers de construction des citadelles.
L ’id en tité litho-faciale des blocs de calcaires incorporés aux cita
delles daciques et des calcaires volhyniens de la colline M ăgura est illu s
tré e aussi dans les Pl. 1 1, 2, 3; 11/1— 3; 111/1— 3; IV /1 — 3.
Recom m andations
— A près Roşia M ontană (les collines C etate et Cârnic), qui se sig
nale p a r ses exploitations a u rifè re s rom aines, la colline M ăgura Căla- nului est le plus grandiose m o n u m en t antique ra tta c h é aux ex p loita
tions, de no tre passé m illénaire. C’est la raison p o u r laquelle il doit d ev en ir u n p an th éo n n a tu re l d u peuple roum ain: u n m o n u m e n t histori
que-géologique qui devra être p réserv é avec vén ératio n (au m oyen d ’une .surveillance organisée).
—■ Il s ’im pose de poursuivre l ’étude afin d ’iden tifier avec précision d ’a u tres roches que les calcaires (leur source y com pris), utilisées par les Daces (et, plus tard, par les Rom ains) à la construction des cita
delles des M onts d ’Orăştie, etc., ou d ’autres édifices (sanctuaires, m urs de terrasse, constructions civiles) ainsi que de divers objets d'usage m énager.
— Il e st recom m andable que les citadelles daciques, y com pris les carrières a n tiq u es décrites soit in tro d u ites dans un circuit in tern atio n al
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d ’excursions scientifiques, du fait q u ’elles rep ré sen te n t des objectifs his
to riques e t géologiques (les carrières) uniques en Europe. A cet effet»
il s ’im pose de m o derniser la ro u te qui conduit de Càlan à la colline Măgura e t d ’am énager l’enceinte des carrières dans u n but touristique.
Il convient aussi d’interdire toute exploitation des calcaires oolithiques de cette m êm e colline (le secteur aux carrières daciques). En outre, en vue de la restauration des m urailles et des citadelles daciques, nous plaidons p o u r q u e d ’a u tres carrières soient ouvertes dans les m êm es form ations (couches) géologiques, m ais dans d ’au tres secteurs.
10A N Mâ R Z A
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Planche I , M icrophotographies de blocs de calciaxe ; Sarinizegetnsa R eg ia;
1 Calcaire oolithique a y a n t pour rentres de concrétionnem ent des frag m en ts de q u a rtz (C), feld sp ath (X'p), h io tiie (lîi), zircon (Zr), épidote (Bp). IN ; . 55 X . Bloc de la dixièm e terasse, pilastre du S anctuaire en calcaire, 2 Calcaire oolithique au cim ent recrïstalissé. 1N ; 55 X . .Bloc du m u r de la
c ita d jü e .
3. Calcaire oolithique ; les oolites sont cofttourées p a r u n m anchon de ca’c 'ic recristallisée e t les noyaux de concietionnem exit so n t constitués de ti- . ta n ite (Ti), q u a rtz (C). 1N ; 110 x . Bloc d u u n ir de la cita d e lle (partie sep-
ten trio n ale).
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. P l a n c h e Ï I . M ic r o p h o t o g r a p h i e s d e b l o c s d e c a l c a i r e « ; C o s t c ç t i — B l i d a r u : 1 C a l c a i r e o o l i t l i i q u e ( le s o o l i t e s o n t u n e b o r d u r e d e c a l c i t e r e c r i s t a l l i e é e ) . 1 N ;
5 5 X . B l o c d u m u r s e p t e n t r i o n a l d ’e n c ic n t e d e l a d e u x iè m e c i t a d e l l e ( p a r e m e n t e x t é r i e u r ) .
2 C a l c a i r e o o l i t l i i q u e — m ic r o f o s ilif è r e a u c im e n t r c c r t e t a U is é . Î K ; 50 XU B l o c d e c a l c a i r e d u m u r a i l l e d e l a c i t a d e l l e , p a r t i e s u d .
3 C a l c a i r e o o l i t l i i q u e à f o r a m i n i f è r c s e t a u c im e n t r e c r i s t a l l i s é . 1N ; 110 Xi*
.B lo c d e c a l c a i r e d u p o r t a i l d e l a c i t a d e l l e .
Planche I I I . M icrophotographies de blocs de calcaire ; C o stesti—
C etatu ie :
1 C alcaire oolithique. 1N ; 55 X . Bloc de calcaire gréseux d u pa
rem en t ex térieu r de la to u r d h a b ita tio n No. I pénultièm e assies 2-e rangée, bloc 6 (p artie ouest).
.2 Calacire oolithique, au n o y au des oolites constitué de q u a rtz ite
•(Q), q u a rtz (C)· m icroline (M). N + ; 60 x . Bloc de calcaire du parem ent extérieur de la to u r d ’ h a b ita tio n No. 1.
3 C alcaire oolithique avec des centres de concrétionnem ent re~
présen tés p ar : q u a rtz ite (Q), q u a rtz (C), plagioclases (PI). I ,e c im en t calcitique est p artiellem en t recristallisé. N-|- ; 55 x . Bloc de calca
ire de la to u r d ’ h a b ita tio n No. 2.
Planche I V . M icrophotographies de calcaires oo'ithiques p ro v en an t des carrières daciques de la C olline M ăgura, Sângeorgiu (Călan).
1 Calcaire oolithique avec des centres de concrétionnem ent consti- tu és de q u a rtz (C), feldspaths (Fp), zoïsite (Z) ; on rem arque la recristallisatio n p artielle de la m atrice calcitiqne. 1N ; 55 x . E c h an tillo n de calcaire oolithique d ’une carrière antique de la
p a rtie ouest de la colline M ăgura.
2 Calcaire oolithique avec des centres de concrétionnem ent con
stitu é s de q u a rtz ite (Q), q u a rtz (C), feld sp ath s (Fp) e t m uscovite- (Mv). IISÎ ; 50 X . E ch an tillo n d ’une carrière antique située à la
p a rtie ouest de la colline M ăgura.
3 Calcaire oolithique a u cim ent recristallisé ; on rem arque la frag m en tatio n de plusieurs oolithes calcitiques, sous l ’e ffe t d u tra n s p o rt m a rin dans la zone côtière. 1JST ; 110 X. Bloc de cal
caire oolithique, p artiellem en t ta illé , d ’une carrière an tiq u e à l ’ouest de la colline M ăgura.
Planche F. / La colline Măgura (Sângeorgiu—C ălan), constituée de calcaires sarm atiens, dans laquelle se tro u v e n t les ca
rrières daciques — vue générale. 2 Blocs de calcaire sarm atien façonnés en partie (abandonnés), près d'une carrière. 3 C arrière dacique eu calcaire sarm atien (la colline M ăgura, la p artie occidentale).
Planche V I. 4 C arrière dacique en calcaire sarm atien e t blocs de calcaire partiellem ent façonnés (abandonnés; la colline Magura). 5 C arrière dacique en calcaire sarm atien s tr a tifié (vm p artielle). 6 Bloss de calcaire sarm atien p artiellem en t façonnés e t abandonnes (la colline Mâgtira). 7 Traces d ï ciséleinent de ciseau dans le niur d'une carrière dacique (la co
llin e M âgura, la p a rtie occidentale).
Planche V I I . Esquisse re p résen tan t la colline M ăgura (entre 1er localités V alea Sângeorgiului a n sud-ouest e t G rid au nord-ouest), avec l’em placem ent des carrières antiques.
LES CALCAIRES UTILISÉSÀ LACONSTRUCTIONDESCITADELLES