Maths discr`etes, 2012-2013 Universit´e Paris-Sud
R´ esum´ e du cours d’arithm´ etique
Les ensemblesNetZ
N={0,1,2,3, . . .}est l’ensemble des entiers naturels (entiers positifs).
Z={. . . ,−2,−1,0,1,2,3, . . .}est l’ensemble des entiers relatifs.
N∗=N\ {0}(entiers strictement positifs) etZ∗=Z\ {0}(entiers relatifs non nuls).
Dans ce qui suit, entier est synonyme d’entier relatif.
1 Divisibilit´ e dans Z
a) Diviseurs et multiples
D´efinition.Soitaetbdeux entiers. On dit queadivisebs’il existe un entierktel queb=ka.
On notea|b. On dit ´egalement queaest undiviseurdebou quebest unmultipledea.
Remarque.Siadiviseb, alorsadivise−b,−adivisebet−adivise−b.
b) Propri´ et´ es
Propri´et´es 1.Soita, b, cdes entiers relatifs.
(1) Sib6= 0 etadivisebalors|a| ≤ |b|. En particulier,b∈Z∗a un nombre fini de diviseurs.
(2) Siadivisebetbdiviseaalorsa=boua=−b.
(3) Siadivisebetbdivisecalorsadivisec.
(4) Siadivisebetc, alors, pour tous entiersnetm,adivisenb+mc.
La propri´et´e (4) se g´en´eralise sans difficult´e `a 3 termes ou plus.
2 Division euclidienne
Th´eor`eme 2 (th´eor`eme de la division euclidienne). Soita∈Zetb∈N∗. Il existe des entiersq etrtels quea=bq+ret 0≤r < b. De plus,qetrsont uniques.
D´efinition.Soita∈Zetb∈N∗. Effectuer ladivision euclidiennedeaparb, c’est trouver les entiersqetrtels quea=bq+ravec 0≤r < b.qest lequotientetrest lerestede la division euclidienne deaparb.
Propri´et´e 3.Le reste de la division euclidienne deaparbest nul si et seulement sibdivisea.
3 PGCD
a) D´ efinition
D´efinition.Soita, b∈ Z∗. Le plus grand entier qui divise `a la foisaet bs’appelle leplus grand commun diviseuroupgcddeaetb. On le notepgcd(a, b).
Remarque.pgcd(a, b) = pgcd(|a|,|b|).
Propri´et´e 4.Soita, b∈Z∗. Siadivisebalors pgcd(a, b) =|a|.
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b) Algorithme d’Euclide
Th´eor`eme 5 (lemme d’Euclide). Soita, b∈Z∗. S’il existe des entiersketsavecs6= 0 tels quea=bk+salors les diviseurs communs `aaetbsont exactement les diviseurs communs `a bets, et pgcd(a, b) = pgcd(b, s).
Algorithme d’Euclide.
Soita∈Z∗ etb∈N∗. On cherched= pgcd(a, b). On noter0=b. On effectue des divisions euclidiennes successives tant que le reste est non nul.
a = r0q1+r1 0< r1< r0
b = r1q2+r2 0< r2< r1
r1 = r2q3+r3 0< r3< r2
...
rn−3 = rn−2qn−1+rn−1 0< rn−1< rn−2
rn−2 = rn−1qn+rn 0< rn< rn−1
rn−1 = rnqn+1+ 0 rn+1= 0
Th´eor`eme 6.Le pgcd deaetbest le dernier reste non nul obtenu par l’algorithme d’Euclide.
Remarque.Sir1= 0, c’est quebdivisea, donc pgcd(a, b) =b=r0. Propri´et´e 7.Soita, b∈Z∗. Siddiviseaetbalorsddivise pgcd(a, b).
Remarque.On peut d´efinir le pgcd de 3 entiers ou plus. La propri´et´e 7 reste valable. Il n’y a pas d’´equivalent de l’agorithme d’Euclide pour calculer le pgcd de 3 entiers. On peut utiliser la propri´et´e suivante : sid= pgcd(a, b) alors pgcd(a, b, c) = pgcd(d, c).
c) Nombres premiers entre eux
D´efinition.Soitaetbdeux entiers non nuls. On dit queaetbsontpremiers entre euxsi pgcd(a, b) = 1. On dit aussi queaest premier avecb.
Propri´et´e 8.Soita, b∈Z∗etd= pgcd(a, b). Alors adet bdsont premiers entre eux.
4 Th´ eor` emes de B´ ezout et de Gauss
a) Th´ eor` eme de B´ ezout
Th´eor`eme 9 (th´eor`eme de B´ezout).Soitaetbdeux entiers non nuls.
1) Il existe des entiers relatifsuetvtels queau+bv= pgcd(a, b).
2) S’il existe des entiersuetvtels queau+bv= 1 alorsaetbsont premiers entre eux
b) Comment trouver une relation de B´ ezout
Trouver une relation de B´ezout pouraetb, c’est trouveruetvtels queau+bv= pgcd(a, b).
On applique l’algorithme d’Euclide `aaetb. Gardons les notations de 3b). On a pgcd(a, b) =rn. On part de l’´egalit´e donnant le pgcd et on ´ecrit :
pgcd(a, b) =rn−2−rn−1qn. (∗)
Puis on utilise la ligne pr´ec´edente dans l’algorithme d’Euclide pour exprimerrn−1(reste avec l’indice le plus ´elev´e dans (∗)) :rn−1=rn−3−rn−2qn−1, on remplacern−1dans (∗), on a :
pgcd(a, b) =rn−2−(rn−3−rn−2qn−1)qn=−rn−3qn+rn−2(1 +qnqn−1). (∗∗) On utilise la ligne pr´ec´edente dans l’algorithme d’Euclide pour exprimerrn−2(reste avec l’indice le plus ´elev´e dans (∗∗)), puis on remplacern−2dans (∗∗). On continue ainsi jusqu’`a ´eliminer les restesrn−1, rn−2, . . . , r2, r1. On a alors le pgcd en fonction deaetb.
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c) Th´ eor` eme de Gauss
Th´eor`eme 10 (th´eor`eme de Gauss). Soita, b, cdes entiers non nuls. Siadivisebcet sia est premier avecb, alorsadivisec.
Th´eor`eme 11 (corollaire du th´eor`eme de Gauss).Soita1, a2, bdes entiers tels quea1et a2sont premiers entre eux. Sia1 eta2 divisentb, alors le produita1a2diviseb.
Remarque.Le th´eor`eme 11 se g´en´eralise `a 3 entiers ou plus : sia1, a2, . . . , ansont deux `a deux premiers entre eux et divisentb, alorsa1a2· · ·an diviseb.
d) R´ esoudre l’´ equation ax + by = c
On veut trouver toutes les solutions enti`eres de l’´equation : ax+by=c (E) o`ua, b, csont des entiers donn´es aveca, bnon nuls, etx, ysont les inconnues.
Th´eor`eme 12.L’´equation (E) admet des solutions si et seulement si pgcd(a, b) divisec.
M´ethode pour r´esoudre l’´equation (E).
•Si pgcd(a, b) ne divise pasc, il n’y a pas de solution (th´eor`eme 12).
•Si pgcd(a, b) divisec, il y a des solutions par le th´eor`eme 12. Voici comment les trouver.
0) Simplifier l’´equation
Si pgcd(a, b) divisec, on divise l’´equation par pgcd(a, b), on trouve que (E) est ´equivalente `a a′x+b′y=c′
o`ua′=a/pgcd(a, b),b′=b/pgcd(a, b) etc′=c/pgcd(a, b) (a′, b′, c′sont des entiers).
1) Solution particuli`ere
Les entiersa′etb′sont premiers entre eux (propri´et´e 8). Par le th´eor`eme de B´ezout, il existe des entiers uet v tels quea′u+b′v = 1. Alors x0 =c′u et y0 = c′v forment une solution particuli`ere de (E) cara′x0+b′y0=c′(au+bv) =c′.
2) Recherche de toutes les solutions
Exprimons les autres solutions en fonction de la solution particuli`ere (x0, y0).
a′x+b′y=c′⇐⇒a′x+b′y=a′x0+b′y0⇐⇒a′(x−x0) +b′(y−y0) = 0 SoitX=x−x0etY =y−y0. Pour r´esoudre (E), il est ´equivalent de r´esoudre
a′X=−b′Y (E′)
a′ etb′ sont premiers entre eux etb′divisea′X, doncb′diviseX par le th´eor`eme de Gauss, autrement dit il existek∈Ztel queX =kb′. On a alorska′b′=−b′Y, et en simplifiant par b′ 6= 0 on trouve Y =−ka′. On vient de montrer que si (X, Y) est solution de (E’) alors il existek∈Ztel queX=kb′, Y =−ka′. On v´erifie facilement l’implication inverse : siX=kb′ etY =−ka′, (X, Y) est bien une solution de (E’) pour tout k ∈ Z. Les deux implications donnent une ´equivalence : (X, Y) solution de (E’)⇐⇒ ∃k∈Z, X=kb′, Y =−ka′.
Par cons´equent, l’ensemble des solutions de (E) est :
S={(x0+kb′, y0−ka′)|k∈Z}aveca′=pgcd(a,b)a etb′=pgcd(a,b)b .
Remarque.Ne pas apprendre par cœur ce r´esultat, mais refaire la m´ethode pr´ec´ed´ente.
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5 Nombres premiers
a) Reconnaˆıtre un nombre premier
D´efinition.Un entiern≥2 estpremiersi ses seuls diviseurs positifs sont 1 etn.
Propri´et´e 13.Si l’entiern≥2 n’est divisible par aucun nombre premierp≤√n, alorsnest un nombre premier.
Th´eor`eme 14 (th´eor`eme d’Euclide). Il existe une infinit´e de nombres premiers.
b) D´ ecomposition en produit de facteurs premiers
Th´eor`eme 15 (d´ecomposition en facteurs premiers).Tout entiern≥2 peut s’´ecrire de fa¸con unique
n=p1p2· · ·pr,
o`ur∈N∗etp1, p2, . . . , prsont des nombres premiers avecp1≤p2≤ · · · ≤pr. D´efinition.Soitn∈N∗etpun nombre premier.
•Sipdivisen, on dit quepest unfacteur premierden
•Le plus grand entierktel quepkdivisens’appellel’exposant depdansn.
Dans le th´eor`eme 15, on peut regrouper les premiers identiques, on obtient l’´enonc´e suivant : Th´eor`eme 15’ (d´ecomposition en facteurs premiers)Tout entiern≥2 peut s’´ecrire de fa¸con unique
n=pα11pα22· · ·pαss
o`up1, . . . , pssont des nombres premiers distincts avecp1< p2<· · ·< ps, etα1, . . . , αs∈N∗. Remarque.Dans le th´eor`eme 15’, l’exposant depi dansn est αi. Si un nombre premierp n’apparaˆıt pas dans la d´ecomposition den, son exposant est 0.
c) Application ` a la divisibilit´ e
Th´eor`eme 16 (application de la d´ecomposition en facteurs premiers `a la divisibi- lit´e). Soitaet bdes entiers strictement positifs. Pour tout nombre premierp, notonsα(p) l’exposant depdansaetβ(p) l’exposant depdansb. Alorsadivisebsi et seulement si pour tout nombre premierpon a :α(p)≤β(p).
Th´eor`eme 17 (application de la d´ecomposition en facteurs premiers au pgcd).Soit a, b ∈N∗ et pun nombre premier. Soitα(p) l’exposant dep dansaet β(p) l’exposant dep dansb. Alors l’exposant depdans pgcd(a, b) est min(α(p), β(p)).
Remarque.Le th´eor`eme 17 reste valable pour calculer le pgcd de 3 entiers ou plus.
6 PPCM
D´efinition.Soitaetbdeux entiers non nuls. Le plus petit entier strictement positif qui est `a la fois multiple deaetbs’appelle leplus petit commun multipleouppcmdeaetb. On le noteppcm(a, b).
Remarque.ppcm(a, b) = ppcm(|a|,|b|).
Propri´et´e 18.Soita, b∈Z∗. Sicest un multiple deaetb, alorscest un multiple de ppcm(a, b).
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Th´eor`eme 19 (application de la d´ecomposition en facteurs premiers au ppcm).Soit a, b∈ N∗ etpun nombre premier. Soit α(p) l’exposant depdansaetβ(p) l’exposant dep dansb. Alors l’exposant depdans ppcm(a, b) est max(α(p), β(p)).
Th´eor`eme 20 (relation entre pgcd et ppcm).Sia, b∈Z∗, pgcd(a, b).ppcm(a, b) =|ab|. Remarque.On peut d´efinir le ppcdm de 3 entiers ou plus. La propri´et´e 18 et le th´eor`eme 19 restent valables, mais le th´eor`eme 20 ne se g´en´eralise pas `a 3 entiers. On peut utiliser la propri´et´e suivante : si ppcm(a, b) =malors ppcm(a, b, c) = ppcm(m, c).
7 Congruences
Dans la suite, on consid`ere un entiern≥2.
a) D´ efinition et propri´ et´ es
D´efinition.Soita, b∈Z. On dit queaest congru `abmodulo nsia−best un multiple den. On dit aussi queaetbsont congrus modulon. On notea≡b(n) oua≡bmodn.
Remarques.
•La relation de congruence est sym´etrique :a≡b(n)⇐⇒b≡a(n).
•a≡b(n)⇐⇒ −a≡ −b(n).
•a≡b(n)⇐⇒ ∃k∈Z, a=b+kn
•a≡0 (n)⇐⇒ndivisea.
Propri´et´e 21.Soita∈Z. Il existe un unique entierrtel quea≡r(n) et 0≤r≤n−1.
rest le reste de la division euclidienne deaparn.
Propri´et´e 22.Sia≡b(n) etb≡c(n) alorsa≡c(n).
b) Compatibilit´ e avec les op´ erations
Propri´et´es 23.Soita, b, c, d∈Ztels quea≡b(n) etc≡d(n). Alors
•a+c≡b+d(n) etac≡bd(n).
•pour tout entierk≥1,ak≡bk(n).
8 Equations de congruence ´
a) Quand simplifier ab ≡ ac (n) ?
Propri´et´e 24.Soita, b, c∈Z. S’il existeu∈Ztel queua≡1 (n) alorsab≡ac(n) implique b≡c(n).
Th´eor`eme 25.Soita∈Z. Il existeu∈Ztel queau≡1 (n) si et seulement si pgcd(a, n) = 1.
M´ethode pour trouverucomme dans le th´eor`eme : siau+nv= 1 est une relation de B´ezout entreaetn, alorsau≡1(n).
b) R´ esoudre l’´ equation ax ≡ c (n)
On veut trouver toutes les solutions enti`eres de l’´equation : ax≡c(n) (E) o`uaetcsont des entiers donn´es avecanon nul, et o`ux∈Zest l’inconnue.
Cas o`uaetnsont premiers entre eux.
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Propri´et´e 26.Soitaetndes entiers premiers entre eux (n≥2) etu∈Ztel queau≡1 (n).
L’´equationax≡c(n) est ´equivalente `ax≡uc(n).
Cas o`uaetnne sont pas premiers entre eux.
xsolution de (E)⇐⇒ ∃k∈Z, ax=c+kn⇐⇒ ∃k∈Z, (x, k) solution deax−kn=c.
La derni`ere ´equation est de la formeax+by=c(avecy=ketb=n), qui a ´et´e vue en 4.d).
Si pgcd(a, n) ne divise pasc, alorsax−kn=cn’a pas de solution. Si pgcd(a, n) divisec, on posea′=a/pgcd(a, n),n′=n/pgcd(a, n) etc′=c/pgcd(a, n). On a donc
xsolution de (E)⇐⇒ ∃k∈Z, a′x−n′k=c′⇐⇒a′x≡c′(n′).
On est ramen´e au cas pr´ec´edent puisquea′etn′sont premiers entre eux.
c) Syst` emes de congruences
Th´eor`eme 27 (th´eor`eme des restes chinois).Sin1, n2, . . . , nksont des entiers positifs 2 `a 2 premiers entre eux, alors, pour tousa1, . . . , ak∈Z, le syst`eme
x ≡ a1(n1) x ≡ a2(n2)
...
x ≡ ak(nk)
a des solutions et, si x0 est une solution particuli`ere, alors l’ensemble des solutions s’´ecrit {x∈Z|x≡x0(n1n2. . . nk)}.
M´ethode pour r´esoudre un syst`eme `a deux ´equations(S)
x ≡ a(n) x ≡ b(m) xsolution de (S) ⇐⇒ ∃k, k′∈Z, x=a+kn=b+k′m
⇐⇒ x=a+knavec (k, k′) solution dekn−k′m=b−a On est ramen´e `a r´esoudre une ´equation de la formeAX+BY =C, avecX=k, Y =k′. On peut se contenter de chercher une solution particuli`ere (k0, k′0), on en d´eduit une solution particuli`ere de (S), puis on applique le th´eor`eme 27 pour avoir toutes les solutions de (S).
M´ethode pour r´esoudre un syst`eme de congruence `a 3 ´equations.
(S3)
x ≡ a(n) x ≡ b(m) x ≡ c(p)
avecn, m, pdes entiers 2 `a 2 premiers entre eux.
1) On r´esout le syst`eme partiel
x ≡ a(n) x ≡ b(m)
Selon le th´eor`eme 27, on trouve les solutions sous la formex≡x0(nm) pour un certainx0∈Z. 2) Le syst`eme (S3) est alors ´equivalent au syst`eme de congruence `a 2 ´equations
x ≡ x0(nm) x ≡ c(p) On r´esout ce syst`eme et on obtient les solutions de (S3).
9 Petit th´ eor` eme de Fermat
Th´eor`eme 28 (th´eor`eme de Fermat). Soitpun nombre premier etxun entier. Alors :
•xp≡x(p),
•sipne divise pasx, alorsxp−1≡1 (p).
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